AVAUX
pur
«
2
ANT
CONDUCTEUR
QUE
MINÉRALOGIE
HÊ
LT
il D,
Ja a ru
v , Va
1 Ga. « à \ | A %
‘ à À à \, ts > b . * j ) NP , Fh
Li? V À 4 + ë à T [ | & ! Lt.
) , €//. 1 | £ 7 : | | % ‘ . , AA ARC Ja à
? Œ L à \v , J À Le, g : . + F7 E
à - | s : } À j S , 1h ; ÿ
à HA È JE “ |
4 r \ Ls A ' |
LA y va % È UN
* VE Fe à v
x À. Ce 2, À LA e
VAR “a É re T4 De À
ù.
Q e \I x : “ j h
à L É r # \ À
A ?
tn VAN # nl d ‘
PEL.) p ») Le LOU
le | © r , à
+ NS | ai
CAR" Vas ç CAANE AMD OO
POLE PES EE END EEE
0 rs È h é + à x
Le \E \ ! NF (
4 à a We re k = AVE£ .
; $ Le PN # g ) à + “à
Ÿ * \ Q .
V } » €
(| à EY f, \\ : À
Ù | AL | ‘ $ e J À ;
f PS \ ” F ;
N Lei
ET à 1 LEA }
« ae
ù
1%
“
FÀ. \A
y 4 SA
EPA
4)
j
f 5) ‘
L]
tre & k
PI PART CRE \
{
Liens nn NT ete
SAN RUN A
ie e NAS
| \ il
7 & 4 :
A) JA PA ei 4)
El) : LR DE , à K «
NP 7) INR) AN TE
VAR ENS TR PREND '” N
aol. A tin | L he. © » À se noie
: LS
£ 21 Le ER F; LE
Ho REONEO SANG
#2 \EPE de Ne Cù 1e) \RE
AE ©
A]
02
2
Lé
LA
GÉOLOGIE
MINÉRALOGIE APPLIQUÉES
PT. |
ES À 2
| a . - BIBLIOTHÈQUE DU CONDUCTEUR DE TRAVAUX PUBUES — ,
À
A Cr
pan at A
_… GÉOLOGIE
ET
MINÉRALOGIE APPLIQUÉES
LES MINÉRAUX UTILES & LEURS GISEMENTS
PAR
MENRI CHARPENTIER
INGÉNIEUR CIVIL DES MINES 3
DIPLÔMÉ DE L'ÉCOLE SUPÉRIEURE DES MINES DE PARIS
PARIS
V® CH. DUNOD, ÉDITEUR
LIBRAIRE DES PONTS ET CHAUSSÉES, DES MINES
ET DES CHEMINS DE FER
49, Quai des Grands-Augustins, 49
1900
BIBLIOTHÈQUE DU CONDUCTEUR DE TRAVAUX PUBLICS
PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES
DE MESSIEURS LES MINISTRES DES TRAVAUX PUBLICS
DE L'AGRICULTURE
DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
DU COMMERCE ET DE L'INDUSTRIE
DE L'INTÉRIEUR, DES COLONIES
BECHMANN
BOREUX
BOSRAMIER
BOUQUET
BOURRAT
BOUVARD
COLSON
COMTE (J.)
DEBAUVE
DEFRANCE
DELECROIX
DE LA JUSTICE
Comité de patronage
Ingénieur en chef, directeur des eaux et de l’assai-
nissement de la ville de Paris, professeur à l'Ecole
des Ponts et Chaussées.
Inspecteur général, directeur de la voie publique et
de l'éclairage de la ville de Paris.
Conducteur principal des Ponts et Chaussées en
retraite.
Directeur du personnel et de l’enseignement technique
au Ministère du Commerce.
Conducteur des Ponts et Chaussées, membre de la
Chambre des Députés.
Directeur administratif des services d'architecture,
des promenades et plantations de la ville de Paris.
Conseiller d’État, Professeur à l'Ecole des Ponts et
Chaussées.
Ancien directeur des Bâtiments civils et des Palais
nationaux.
Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Agent
voyer en chef de l'Oise, auteur du Manuel de
l'Ingénieur des Ponts et Chaussées.
Directeur administratif des travaux de Paris.»
Avocat, Docteur en droit, Directeur de la Revue de
la Législation des Mines.
Le Directeur de l'Eole nationale des Ponts et Chaussées.
DONIOL
BOUSQUET (du)
FLAMANT
GRILLOT
GUILLAIN
Inspecteur général des Ponts et Chaussées en retraite.
Ingénieur en chef du matériel et de la traction à la
Cie des Chemins de fer du Nord. E
Inspecteur général des Ponts et Chaussées de l’Algérie,
Président honoraire de la Société des Conducteurs,
Contrôleurs et Commis des Ponts et Chaussées et
des Mines.
Directeur honoraire des Routes, de la Navigation et
des Mines, ancien ministre des Colonies,
VI COMITÉ DE PATRONAGE
HATON DE LA Membre de l'Institut, Inspecteur général des Mines,
GOUPILLIÈRE Directeur de l'Ecole nationale supérieure des Mines.
HENRY (E.) Inspecteur général des Ponts et Chaussées.
HUET Inspecteur général des Ponts et Chaussées en retraite,
ancien Directeur administratif des Travaux de la vile
de Paris.
LAUSSEDAT {le Colonel) Membre de l’Institut, Directeur du Conservatoire
_ national des Arts et Métiers.
M: LE BERQUIER Avocat à la Cour d'appel de Paris.
MARTINIE Contrôleur général de l'Administration de l'Araes
Ancien président de la Société de Topographie de
France.
METZGER Inspecteur général des Ponts et Chaussées, Directeur
des Chemins de fer de l'Etat.
MICHEL (J.) Ingénieur en chef au Chemin de fer de Paris à
Lyon et à la Méditerranée.
NICOLAS Conseiller d'Etat, Directeur de l'Industrie au Minis-
tère du Commerce, de l'Industrie et des Postes et
Télégraphes.
PHILIPPE Inspecteur général des Ponts et Chaussées, Direc-
| teur de l’Hydraulique agricole au Ministère de
l'Agriculture.
PILLET Professeur au Conservatoire national des Arts et
Métiers.
Le Président de l'Association philotechnique.
Le Président de l'Association polytechnique.
Le Président de la Société des Anciens Elèves des Écoles nationales d'Arts
et Métiers.
Le Président de la Société des Conducteurs, Contrôleurs et Commis des Ponts
et Chaussées et des Mines.
Le Président de la Société des Ingénieurs civils de France.
Le Président de la Société de Topographie de France.
QUENNEC Directeur du Personnel de la Préfecture de la
Seine. |
RÉSAL Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Professeur
à l'Ecole nationale des Ponts et Chaussées.
ROUCHÉ Professeur au Conservatoire national des Arts et
’ Métiers.
SANGUET Président de la Société de Topographie parcellaire de
France.
TISSERAND Conseiller maïtre à la Cour des Comptes.
BIBLIOTHÈQUE DU CONDUCTEUR DE TRAVAUX PUBLICS
Comité de rédaction
SIÈGE : 46, QUAI DE L’HÔTEL-DE-VILLE
Bureau
PRESIDENT :
JOLIBOIS Conducteur des Ponts et Chaussées, Agent voyer cantonay
(Service ordinaire et vicinal de la Seine), ancien Président
de la Société des Conducteurs , Contrôleurs et Commis des
Ponts et Chaussées et des Mines, Membre des Sociétés des
Ingénieurs civils de France, des Ingénieurs coloniaux,
des anciens élèves des Ecoles d'Arts et Métiers, de
Topographie de France, etc., Professeur à l'Association
philotechnique.
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL :
BONNAL Ingénieur civil, dessinateur industriel,
VICE-PRÉSIDENTS :
DACREMONT Conducteur des Ponts et Chaussées, Sous-inspecteur de
l’Assainissement, Service municipal.
FALCOU Chef de bureau à la Préfecture de la Seine, Chef du cabi-
net du Directeur administratif des services d'architec-
ture, des promenades et plantations.
LAYE Ancien commis des Ponts et Chaussées, Ingénieur des Arts
et Manufactures (Cie du Chemin de fer du Nord).
VIDAL Conducteur des Ponts et Chaussées (Contrôle du Chemin de
fer du Midi).
SECRÉTAIRES :
CANAL Conducteur des Ponts et Chaussées, Contrôleur Comptable
des Chemins de fer (Orléans).
DEJUST Conducteur municipal (Service des Eaux), Ingénieur des
Arts et Manufactures, Répétiteur à l'École centrale des
: Arts et Manufactures.
DIEBOLD Conducteur des Ponts et Chaussées, Sous-inspecteur de
< l’Assainissement, Service Municipal.
MARTIN Avocat, professeur libre de droit.
VIIL
AUCAMUS
CUVILLIER
DARDART
DARIÈS
DECRESSAIN
EYROLLES
HABY
HALLOUIN
COMITÉ DE RÉDACTION
Membres du Comité :
‘Ingénieur des Arts et Manufactures, chef d'atelier aux
chemins de fer du Nord.
Contrôleur principal des Mines (Contrôle des chemins de fer
de l'Ouest). |
Conducteur principal des Ponts et Chaussées (Service ordi-
paire et vicinal de la Seine).
Conducteur Municipal (Service des Eaux), Licencié ès
Sciences, Professeur à l'Association philotechnique et
à l'École spéciale des Travaux publics.
Contrôleur principal des Mines (Service des appareils à
vapeur), Professeur à l’École d'Horlogerie.
Conducteur des Ponts et Chaussées, Membre de la Société
des Ingénieurs civils de France, Directeur-Fondateur
de l'École spéciale des Travaux publics.
Ancien conducteur des Ponts et Chaussées, Rédacteur au
Ministère des Travaux Publies, Professeur à l'Association
philotechnique.
Ancien Conducteur des Ponts et Chaussées, Inspecteur prin-
cipal de l’Exploitation commerciale des Chemins de fer
de l'État.
LÉVY-SALVADOR Ingénieur du Service technique de l’'Hydraulique agricole.
MALETTE (G.)
PRADÈES
PRÉVOT
REBOUL
ROUX
SIMONET
SAINT-PAUL
WÉRY
Conducteur des Ponts et Chaussées, Agent voyer can-
tonal (Service ordinaire et vicinal de la Seine).
Ancien conducteur de l'Hydraulique agricole, Rédacteur au
Ministère de l'Agriculture, Professeur à l'Association
philotechnique.
Conducteur des Ponts et Chaussées (Service du nivellement
général de la France).
Contrôleur principal des Mines (Service des appareils à
vapeur). 2
Conducteur des Ponts et Chaussées (Service ordinaire ef
vicinal de la Haute-Vienne).
Conducteur des Ponts et Chaussées, Service municipal
(Métropolitain).
Conducteur Municipal, Chef du Service de l’Eclairage de
la {re section de Paris, Secrétaire adjoint de la Société
de Topographie de France, Professeur à l'Association
polytechnique, Vice-Président de l'Association amicale
et de prévoyance des Employés municipaux de la Direc-
tion des Travaux de Paris.
Conducteur municipal, Chef de bureau de section.
A M. H. CHARPENTIER.
Caer Moxsreur,
En souvenir de notre collaboration à l'étude de la
topographie souterraine du bassin houiller du Pas-de-
Calais, vous avez bien voulu me demander de présenter
au public votre Traité de Geologie et de Minéralogie
appliquées.
Je viens de lire avec beaucoup d'intérêt cette étude
sur les gisements des minéraux utiles, que vous avez fait
précéder d'un résumé succinct, mais fort substantiel, des
connaissances de géologie générale utiles à l'ingénieur. .
J'ai reconnu, dans votre ouvrage, la trace des leçons des
maîtres éminents dont vous avez suivi l’enseignement
à l'Ecole supérieure des Mines; mais j'y ai surtout
retrouvé avec plaisir en maints endroits, la marque des
observations personnelles que vous avez recueillies et
notées, lors des nombreux voyages d'étude et de mis-
sion que vous fites en ces dernières années, tant en France
qu'à l'Étranger, notamment pour prospecter ou pour
mettre en exploitation les pétroles des Carpathes et des
Apennins, les lignites de l’Autriche-Hongrie et de la val-
lée du Rhin, les gisements manganésifères des Pyrénées,
les lits ardoisiers des Ardennes belges, et divers autres
gites houillers et métallifères.
En lisant votre ouvrage, j'ai été heureux de constater
que vous aviez su adopter une classification réellement
pratique reposant sur l'importance industrielle des
divers minéraux que vous étudiez : c’est ainsi que vous
ox PRÉFACE
passez en revue, en première ligne, les matériaux utili-
sés pour la construction, puis les minerais employés
dans la métallurgie; vous abordez ensuite le chapitre
des combustibles minéraux, qui jouent un rôle si impor-
tant dans l'industrie, et, à ce sujet, j'ai remarqué le soin
que vous avez mis à décrire notre beau bassin houiller
du nord de la France; vous terminez ce chapitre si
intéressant par une étude des plus soignées sur les hydro-
carbures, pétroles, asphaltes, etc., dont l'exploitation a
pris, depuis quelques années, tant de développement.
Après cette description très documentée des composés
du carbone et de leurs gisements, vient celle des miné-
raux utilisés par l’agriculture, les industries chimiques et
diverses industries d'importance secondaire, et votre
travail se clôt enfin par l'examen des minerais des
métaux rares et des pierres précieuses.
Pour chaque minéral étudié, vous donnez des indica-
tions détaillées sur ses propriétés, sur son emploi indus-
triel, sur son mode d'exploitation, sur le tonnage pro-
duit et sur le prix de vente, ainsi que sur la situation
géologique des divers gisements où on le rencontre.
Vous faites ressortir en première ligne, dans l'étude
des gisements de chaque minéral, les richesses que ren-
ferme la France, richesses qui sont, en général, assez mal
connues ; puis vous examinez successivement les autres
gisements de l'Europe et enfin ceux que présente le
reste du monde.
Vous terminez chacune de ces descriptions conscien-
cieuses par une bibliographie fort complète, qui évitera
de longues et fastidieuses recherches à ceux de vos
lecteurs qui voudront approfondir l'étude d'un minéral
déterminé.
En résumé, j'ai constaté avec grand plaisir, dans tout
votre ouvrage, beaucoup de méthode et de clarté; vous
avez su éviter d’encombrer vos descriptions, de termes
PRÉFACE XÉ
scientifiques qui, sans utilité réelle, en auraient rendu
la lecture moins attrayante.
Dans de telles conditions, il est certain que votre
Traité de Géologie et de Mineralogie appliquées, si riche
en renseignements de toutes sortes, rendra de grands
services non seulement à l'ingénieur et au conducteur
- de travaux publics, mais encore à toute personne qui,
sans avoir de réelles connaissances techniques, s’in-
téresse pourtant aux entreprises minières et aux indus-
itries qui en dérivent. À l’heure actuelle, ces personnes.
sont nombreuses, en raison de l'énorme développement
qu'ont pris, en ces derniers temps, les charbonnages, la
métallurgie et les travaux publics et du haut degré de
prospérité que l'industrie a atteint.
Votre ouvrage sera sûrement fort bien accueilli et
hautement apprécié, grâce à ses qualités que j'ai indi-
quées bien sommairement, il est vrai, et grâce aussi au
caractère personnel qui le distingue.
Pour ma part, je tiens à vous remercier d’avoir songé:
à me demander de le présenter à vos lecteurs.
Votre bien dévoué,
A. SOUBEIRAN,
Ingénieur en chef des Mines.
TRAITÉ
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
PREMIÈRE PARTIE
PRÉCIS DE GÉOLOGIE GÉNÉRALE
AVEC ÉLÉMENTS
DE MINÉRALOGIE ET DE PALÉONTOLOGIE
Définition. — La géologie est la science qui a pour but
d'étudier la structure de la croûte terrestre.
Cette étude conduit à constater la trace des transforma-
tions successives des terrains et à rechercher quelles ont été
ces transformations et dans quel ordre elles se sont succédé.
La géologie traitera donc à la fois de la description des
matériaux qui composent notre globe et de la formation de
leur gisement. Ces matériaux se divisent en substances mi-
nérales et en substances organisées, dont l'étude appartient
à des sciences particulières qui peuvent être considérées
comme des chapitres de la géologie générale et qui sont : la
minéralogie aidée de la cristallographie et de la pétrographie ;
la paléontologie éclairée par la botanique et la zoologie.
La géologie proprement dite n’est, par suite, que l’histoire
des matériaux qui constituent le globe terrestre.
Ce précis de géologie comprendra les éléments de minéra-
logie et de paléontologie nécessaires pour définir et classer
les terrains et les substances minérales rencontrées et pour
déterminer leur âge.
GÉOLOGIE. 1
CHAPITRE I
PHÉNOMÈNES ACTUELS
La terre a été le théâtre d’une série de révolutions dont les
traces sont facilement reconnues par le géologue. Aujour-
d’hui encore sa forme n'a qu'une stabilité apparente ; conti-
nuellement les agents mécaniques ou chimiques en modi-
fient l'écorce.
On conçoit que les forces actuellement en jeu sont encore
celles qui ont présidé au bouleversement géologique avec
parfois un redoublement de puissance.
L'étude des agents naturels qui continuent à modifier la
surface de la terre doit donc être le premier objet de la géo-
logie.
De ces agents, les uns sont externes, les autres internes.
Les premiers (atmosphère, eaux courantes, eaux de la mer,
eau solide, êtres animés) ont leur principe dans la chaleur
solaire ; à la faveur de cette chaleur, ils font perdre à l'écorce
terrestre sa cohésion, et les matériaux qui résultent de cette
désagrégation tombent, sous l'action de la pesanteur, jusqu'à
ce qu'ils aient trouvé une meilleure situation d'équilibre.
Les agents internes ont leur siège dans les profondeurs de
l'écorce, et leur source dans l'énergie calorifique propre du
globe ; leur action se traduit par les phénomènes thermiques,
volcaniques et séismiques.
> 1. — AGENTS GÉOLOGIQUES EXTERNES
1. ACTION DE L'ATMOSPHÈRE. — L'atmosphère agit par les
variations de température et surtout par les alternances de
sécheresse et d'humidité ; elle peut ainsi modifier la surface
PHÉNOMÈNES ACTUELS 3
du sol et même désagréger les roches complètement. Le gra-
nite en fournit un exemple : il est formé de quartz, de mica
et de feldspath ; sous l'influence de la vapeur d’eau et de
l'acide carbonique de l'atmosphère, le feldspath, facilement
attaquable, se décompose en silicate alcalin soluble, qui est
éliminé, et en silicate alumineux insoluble, qui persiste;
. l’altération de cet élément suffit pour causer lentement la
désagrégation de la roche en menus fragments.
L'atmosphère agit, en outre, par sa force vive : les vents
transportent ces fragments et font naître les dunes, monti-
cules de sables qui atteignent jusqu’à 180 mètres de hauteur
(Sahara); les dunes se forment sur les continents (dunes
continentales) et sur les rivages de la mer (dunes maritimes).
L'atmosphère peut encore avoir, sur le sol, une action chi-
mique, soit par son oxygène, soit par son acide carbonique.
2. ACTION DE LA MER. — Les eaux de la mer couvrent lés
trois quarts de la surface du globe; poussées constamment
par les marées et les courants, elles produisent, sur les côtes,
des érosions puissantes, variables avec la nature des roches,
avec leur situation et la forme de leur talus; la puissance
destructive des vagues dépend aussi beaucoup de l'intensité
du vent. |
Avec le temps, certaines côtes, minées par la vague, re-
culent peu à peu ; c'est ce qui arrive sur les rivages francais
et anglais de la Manche, où le recul des falaises a pour effet
d'élargir de plus ep plus le Pas-de-Calais.
Parmi les matériaux provenant de l'érosion des falaises,
les uns, plus durs, demeurent sur le rivage, s’arrondissent
par le frottement continuel et deviennent des galets; d’autres,
moins cohérents, forment des graviers en avant des galets,
puis des sables fins; enfin les matières les plus fines ne
peuvent se déposer qu'au large, là où la vague est moins agi-
tée ; elles forment ainsi, assez loin en avant des côtes, des
dépôts de boues ou vases, tantôt vertes, tantôt bleuâtres.
Les galets et les sables restés près du rivage sont sans
cesse en mouvement sous l'action des flots et peuvent che-
miner assez loin de leur point d'origine. Dans les anses des
rivages, où la mer est peu profonde et peu agitée, les sables
el les galets s'arrêtent au pied des promontoires qui ter-
DNS LAN LE SITE Es
4 __ PRÉCIS DE GÉOLOGIE + TES
minent les anses, et forment à l'entrée de la baie deux jetées
ou flèches qui finissent quelquefois par se réunir, formant
ainsi un cordon littoral et transformant la baie en une
lagune ou un étang. Re.
3. ACTION DES EAUX D'INFILTRATION. — L'air se charge de L-
vapeur d'eau au voisinage des océans et des grands lacs, sur-
tout du côté des mers tropicales; entrainé par les courants a
atmosphériques vers les pôles, il subit un refroidissement, et
une partie de la vapeur d'eau quil contient se précipite sur
le sol à l’état de pluie ou de neige. (En Europe, la proportion
d'eau de pluie tombée s'élève, en moyenne, chaque année,
à la hauteur de 0,55.)
Si la pente du sol est faible, ou si le sol est perméable,
l'eau de pluie s'infiltre promptement. Les terrains per-
méables sont les terrains meubles (sables et graviers) et les
terrains fissurés (calcaires solides et grès).
Dans les terrains meubles il y a imbibition progressive et
Puits artésien
Couche mmpermeable < e-
TPE + f” Nappe Jaillissante 7e = 2 < ET
LEA TEE te
production de nappes d’eau, qui s'écoulent par des sources
dans le fond des vallées et des ravins qui les entament.
Si, par exemple, on suppose un plateau dont la surface est
formée de sables supportés par un lit d'argile, l’eau qui
s'est infiltrée à travers la couche de sable est arrêtée par l'im-
perméabilité de la couche d'argile ; des sources apparaissent
alors sur les flancs de la vallée aux points les plus bas des
ondulations formées par l’affleurement du lit argileux. al
Quand une couche perméable se trouve enclavée entre
PHÉNOMÈNES ACTUELS 5
deux autres imperméables, l’eau de pluie est retenue entre
ces deux dernières et forme une nappe souterraine. Dès lors,
si par un sondage on atteint cette nappe, l'eau jaiilit à la sur-
_ face du sol : c’est l’origine des sources artésiennes (fig. 1).
Dans les terrains fissurés comme les terrains calcaires, les
eaux circulent à travers les fentes, les élargissent en y créant
même des grottes et débouchent dans les vallées en sources
abondantes; c'est ainsi qu'est formée la fontaine de Vaucluse.
En circulant dans les nombreux canaux des grès ou des
calcaires, les eaux d'infiltration exercent des actions érosives
qui provoquent, à la surface, des effondrements ou des ébou-
lements.
4. ACTION DES EAUX COURANTES. — Si le sol est imperméable
ou encore si la pente est trop forte, l’eau de pluie ruisselle à
la surface au lieu de s’infiltrer.
Elle agit alors par sa masse et par sa vitesse, et son action
dépend de la nature et du relief du terrain; l'érosion peut
se traduire par des effets remarquables (piliers, pyramides,
arcades, etc.).
Torrents. — Dans les pays de montagnes, le terrain est
disposé de telle facon
que les eaux pluviales
se réunissent par de
nombreuses rigoles
dans une dépression
qui est le bassin de ré-
ception d'un torrent;
elles en sortent par un
étroit couloir qui est
le canal d'écoulement,
et, dans ces parcours,
elles ne cessent de ra-
viner le sol et les pa-
rois du canal, tant par
leur force vive que par
le choc des matériaux
qu'elles arrachent; en
arrivant dans la vallée, elles perdent leur vitesse, et les ma-
tériaux qu'elles transportent, sables, galets, boues, s’accu-
6 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
mulent en un amas conique qui est le cône de déjection du
torrent (fig. 2). A mesure que ce cône s’allonge, lä pente
du torrent diminue, ainsi que sa puissance mécanique.
Ce qui distingue le torrent des autres cours d’eau, c’est sa
rapidité extraordinaire, ce sont surtout ses alternatives de
crues soudaines et de repos. :
Rivières et fleuves. — Les eaux pluviales finissent toujours
par se réunir au fond des vallées, où elles donnent nais-
sances aux rivières, lesquelles forment les grandes artères
appelées fleuves.
Dans la partie supérieure de ieur cours, les rivières, à
cause de la pente du terrain, ont une allure torrentielle et se
livrent à un travail d'affouillement et d’érosion; si elles dis-
posent d'une grande masse d’eau et d’une forte pente, elles
peuvent creuser des gorges profondes, telles que les cañons
du Colorado ; si elles rencontrent des obstacles résistants, il
se forme des cataractes ou des rapides, et souvent les eaux
s'étendent en lacs derrière les barrages formés par ces obs-
tacles.
La rivière creuse ainsi son lit jusqu'à ce que la pente ait
diminué, et pendant ce travail elle ne suit pas un chenal
constant. Une fois la pente réduite, elle quilte son ancien lit,
ou lit majeur, et occupe un lit moins large, ou lit mineur,
dont la situation change dans la vallée.
Alluvionnement. — (Juand la rivière se déplace ainsi, elle
est dite divagante ; elle a pour caractère d'attaquer les par-
ties concaves de ses rives et de les faire ébouler; les produits
des éboulements, cailloux, graviers, sables et limons, sont
entraînés par les eaux et se déposent en alluvions au fond
du lit ou sur les rives convexes. C'est surtout à l'époque
des crues que se forment les alluvions; les sables et les
cailloux sont violemment charriés, et les eaux débordées
s'étalent sur une grande surface qu'elles recouvrent de limon
(silicate d’alumine ferrugineux avec des parties sableuses). |
Enfin la pente se réduit de plus en plus; le lit prend une
largeur uniforme, et le cours d’eau est à l’état de régime.
Travail des fleuves à leur embouchure. — 1° L'embou-
chure d'un fleuve peut être un estuaire profond, où la marée
exerce son influence ; les limons apportés par le cours d’eau
PHÉNOMÈNES ACTUELS 7
forment dans cette échancrure un bourrelet d’alluvions, qui
tend à oblitérer l'entrée du fleuve ; cette digue, ou barre, se
déplace sous l’action des marées ;
20 Un fleuve peut avoir son embouchure dans une mer qui
n'est pas sujette à de grandes marées; les matières qu'il
transporte se déposent dans l'estuaire qui est alors large et
peu profond; ces dépôts sont augmentés au moment des
erues et sont favorisés par le cordon littoral ; ils forment
ainsi une sorte de cône de déjection, qui devient un îlot
triangulaire tournant sa pointe vers la source du fleuve et le
divisant en deux branches; de là le nom de delta. Les deltas
les plus connus sont ceux du Nil, du Rhône et du Mississipi.
5. ACTION DE LEAU SOLIDE. — À différentes altitudes,
variables avec les pays, la neige tombée pendant la saison
froide ne fond point pendant l'été; elle devient persistante
ou perpétuelle. La limite des neiges perpétuelles correspond
à une altitude qui est de 2.700 mètres environ dans les Alpes
et les Pyrénées, 3.500 mètres au Caucase, 4.800 mètres à
l'Équateur.
Neige. — La neige tombant sur ces hauteurs s’accumule
en masses considérables qui finissent par s'écrouler, en
entraînant des pierres et des roches et en formant ainsi des
avalanches. Mais, si la neige tombe dans un cirque d’où elle
ne peut s'échapper, elle donne lieu à la formation d'un
glacier.
Glaciers. — La neige ainsi accumulée dans le cirque ou
bassin de réception forme bientôt un amas d’un poids consi-
dérable, et la partie inférieure s'écrase sous l'effet de la
compression. Puis la compression, augmentant, abaïsse le
point de fusion de la neige; celle-ci fond alors en partie,
bien que la température soit inférieure à 0°. L'eau formée
s'infiltre dans les interstices des cristaux de neige où elle se
congèle de nouveau. La neige est ainsi transformée en une
masse granuleuse parsemée de bulles d’air, et constitue ce
qu'on appelle le névé.
Sous l’action de son poids et de la pression des neiges
supérieures, le névé descend dans la gorge où débouche le
cirque, fond partiellement en arrivant à une zone de moindre
altitude, devient ainsi plus compact et se transforme en une
8 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
glace consistante et translucide qui caractérise les glaciers.
La glace, inextensible, se couvre de fissures et de crevasses,
qui sont bientôt comblées par les chutes de neige ou par la
congélation de l’eau provenant d'une fusion superficielle. Tel
est, succinctement, le mécanisme de la formation d’un
glacier.
Mouvement des glaciers. — Des objets perdus à la surface
d'un glacier ont été retrouvés plus tard à un niveau plus
bas ; les glaciers n’ont donc qu une immobilité apparente, et
leur mouvement de progression à été l’objet de mesures pré-
cises. En Suisse, la vitesse moyenne de la glace, à la surface,
varie depuis 2 centimètres Jusqu'à 1,25 par vingt-quatre
heures.
Effets mécaniques des glaciers. — Les glaciers ayant, en
moyenne, une épaisseur de 30 à 40 mètres (cette épaisseur
peut atteindre plusieurs centaines de mètres), on comprend
que leur masse produise sur les roches encaissantes une éro-
sion puissante ; les blocs anguleux, entraînés avec la glace,
strient et polissent les roches des parois, ou bien ces der-
nières usent et arrondissent les graviers et les cailloux char-
riés. Sur le fond du glacier, l'érosion est encore plus mar-
quée, et les roches, polies comme par une meule, prennent
des formes arrondies (roches moutonnées). Le produit final
de l’action du glacier sur son lit est une boue fine, d'un gris
d’ardoise.
Effets de transport. — Le glacier entraine dans son mou-
vement tous les débris de roches que la pluie, la gelée ou les
avalanches détachent des escarpements qui l'encaissent; ces
débris forment le long du glacier deux traînées appelées
moraines latérales. |
Si deux glaciers se réunissent en un seul, la moraine de
droite de l’un se joint à la moraine de gauche de l’autre, et
de cette jonction résulte une moraine médiane.
Tous les produits charriés par le glacier arrivent à son
extrémité, qui se termine par un escarpement à pic ; ils s’en-
tassent au pied de cet escarpement et forment un amas demi-
circulaire, qui est la moraine frontale, mélange de boue fine,
de petites pierres, de cailloux polis et arrondis et de blocs
qui ont parfois des dimensions énormes.
PHÉNOMÈNES ACTUELS 9
Extrémité des glaciers. — Le glacier, en progressant,
arrive à une région dont la température est moins basse ; la
glace fond, et la quantité de glace que perd ainsi le glacier
peut être égale à la quantité de glace qui se forme en amont.
Le glacier se termine en ce point en laissant échapper un
torrent qui roule des eaux boueuses, mélangées parfois de
blocs volumineux.
D'ailleurs, cette extrémité subit un déplacement continuel,
car la quantité de glace qui disparaît par la fusion et celle
qui est apportée par les chutes de neige varient avec les
Saisons.
Glaces polaires. — Dans les contrées polaires, la limite
des neiges perpétuelles s’abaisse au niveau de la mer et le
sol se couvre d’une immense nappe glacée. Cette nappe che-
mine avec une vitesse plus considérable que celle des gla-
ciers des Alpes ; comme la pente est à peu près nulle, cette
vitesse ne peut être attribuée qu'à l'énorme pression des
masses supérieures. Les glaciers polaires arrivent ainsi Jjus-
qu'à la mer; là leur extrémité, venant à surplomber, se
brise avec fracas en morceaux énormes, qui deviennent des
glaces flottantes, ou icebergs.
Les glaciers polaires n’entraînent que très peu de pierres,
tandis que les banquises, glaces qui se forment le long des
côtes par congélation directe de l’eau de la mer, sont char-
gées de boue et de pierres provenant des falaises du rivage.
A la suite de violentes tempêtes, les banquises peuvent se
détacher et se briser en semant au fond de la mer les débris
qu'elles portaient (blocs erratiques).
6. ACTION CHIMIQUE DES EAUX. — L'eau de la mer, par son
évaporation naturelle, produitles dépôts de sulfate de chaux,
de sel marin (marais salants) et même de chlorure de
potassium et de magnésium. Dans les mers très chaudes, les
grains de sable s’incrustent de carbonate de chaux résultant
de l’'évaporation sur le rivage; de même, les galets des plages
s’agglomèrent en poudingues.
Les eaux météoriques (eaux de pluie), chargées d'oxygène,
oxydent les roches qu'elles traversent ; l'oxydation est
attestée par une teinte brune dans les terrains ferrugineux.
Ces eaux, par leur acide carbonique, peuvent dissoudre du
10 | PRÉCIS DE GÉOLOGIE
calcaire dans les terrains où elles ont circulé; en arrivant à
l’air libre, elles s'évaporent, et le calcaire se dépose autour
des herbes ou des mousses en formant des tufs.
Quand les eaux calcaires s'évaporent lentement sur les
parois de cavités souterraines, elles produisent des stalac-
tites partant de la voûte, et des stalagmites s’élevant du sol;
ces incrustations sans cesse accrues finissent par se rejoindre
et former des colonnes.
7. ACTION DES ORGANISMES. — Les organismes ont contribué,
par l'accumulation de leurs dépouilles, à l'accroissement de
l'écorce terrestre.
Mode de formation de la tourbe. — La tourbe est le pro-
duit de la décomposition, sous l’eau, de certains végétaux
d'ordre inférieur, tels que les mousses, et, en particulier, les
sphaignes.Ces mousses ont besoin, pour se développer, d'une
eau limpide et d'une atmosphère humide avec une tempéra-
ture moyenne ne dépassant pas 8° C. Dans ces conditions,
elles croissent rapidement, mais elles meurent du pied; la
base, constamment à l'abri de l'air, subit une décomposition
incomplète et passe à l’état de tourbe. Les tourbières se
développent surtout dans les régions tempérées et froides.
Lignite et houille. — Des débris de plantes ou d’arbres
peuvent être charriés par les fleuves dans les deltas, ou bien
des végétaux peuvent être enfouis sous des alluvions; la
fibre et l'écorce de ces végétaux se décomposent à l'abri de
l'air et se transforment en lignites.
La houille et l’anthracite proviennent aussi de la décom-
position de végétaux terrestres à l'abri de l'air; mais un eli-
mat tropical régnait dans toutes les régions où s’est formée la
houille. (Voir Géologie appliquée, chapitre des Combustibles
minÉTAUT.
Action des organismes marins. — Sur les côtes, les mol-
lusques marins, par l'accumulation de leurs coquilles, ont pu
former des dépôts puissants: telle est l’origine des roches
calcaires appelées lumachelles.
Loin des côtes on trouve, au fond de l'océan, une vase
blanchätre contenant jusqu'à 96 0/0 de carbonate de chaux;
elle est constituée par de minuscules enveloppes calcaires de
foraminifères où dominent les globigérines.
G ——
+ à
érÆ
rs Se
PHÉNOMÈNES ACTUELS 11
Dans les latitudes froides, des glaces flottantes, des algues
très petites, appelées diatomées, et des radiolaires (foramini-
fères) forment une vase siliceuse.
Tous ces dépôts marins se forment lentement et nat-
teignent qu'une faible épaisseur. +
Récifs coralliens. — Les polypiers, au contraire, qui
séerètent, aux dépens du sulfate de chaux de l’eau de mer,
un squelette calcaire, forment rapidement, près des côtes, des
massifs calcaires puissants et solides; vivant en colonie, ils
constituent une masse qui
s'accroît sans cesse par le
sommet ou la surface, tan-
dis que la base meurt(/ig.3).
La vague comble les in-
terstices de l'édifice, qui
devient compact et forme
un récif corallien.
Pour le développement
des organismes coralli-
gènes, il faut une eau Fic. 3.-- Récif corallien.
exempte de sédiments en
suspension, et la température ne doit pas descendre plus bas
que 200 C. au-dessous de zéro; la profondeur ne doit pas être:
supérieure à une trentaine de mètres. D'ailleurs, les coraux
se développent mieux dans une mer tumultueuse, et leur
bord extérieur qui recoit surtout les chocs de la vague est
le plus vivace el le plus élevé.
C'est ainsi que se forment les récifs frangeants qui sont ap-
pliqués contre la côte qui leur fournit un point d’appui, les
récifs-barrières, à quelque distance des côtes, etles atolls, récifs
annulaires avec lagune intérieure, quis’élèvent en plein océan.
Sur le bord extérieur des récifs coralliens, les dépôts qui
se forment sont composés de débris de coraux; ces dépôts
s’'agglomèrent en un calcaire compact qui peut devenir
coquillier; sur le bord intérieur, abrité contre le choc des
vagues, on trouve un calcaire plus tendre; et sur la plage le
dépôt de carbonate de chaux autour des sables donne lieu à
la formation d’oolithes, qui, en s’agglomérant, constituent le
calcaire oolithique.
12 | PRÉCIS DE GÉOLOGIE
? 2.— AGENTS GÉOLOGIQUES INTERNES
1: PHÉNONÈNES voLCANIQUES. — Les volcans, qui mettent en
communication la surface du globe avec les matières fluides
situées au-dessous de l'écorce, se présentent sous la forme
d'une montagne terminée par un orifice en forme de coupe,
appelé cratère, où vient déboucher un canal auquel on a
donné le nom de cheminée. Quand le volcan est à l’état de
repos, l'existence du foyer interne ne se traduit que par des
dégagemenis de fumée accompagnés de faibles explosions.
Au moment des éruptions, annoncées par des gronde-
ments du sol, le volcan lance au loin et à de grandes hau-
teurs des produits solides, cendres et scories embrasées,
des produits liquides ou laves, et des vapeurs qui forment des
nuages épais.
Cônes de débris. — Les premières projections du volcan se
composent de débris arrachés à la cheminée ou au cratère;
le volcan lance ensuite des fragments de lave visqueuse et
des cendres qui ne sont autre chose que de la lave solidifiée
dans un grand état de division. Tous ces produits retombent
en averse autour de l’orifice de sortie et y font naître un cône
de débris dont les dimensions sont variables et dont le talus
a une inclinaison de 35 à 40°. Ces cônes manquent de cohé-
sion et sont exposés à une lente destruction sous l'effort des
agents atmosphériques, quand une éjection ultérieure de
lave ne vient pas les consolider.
Cônes adventifs. — Au moment de l'explosion, les matières
fluides peuvent s'échapper par des fentes s'’ouvrant sur les
flancs du volcan ; il se forme ainsi plusieurs éruptions laté-
rales dont les cendres et les scories produisent des cônes
adventfs pouvant atteindre 300 mètres de hauteur.
Laves. — L'émission des laves est le fait le plus important
de l’éruption. Les laves sont toutes formées desilicates; elles
donnent naissance à des roches solides en se solidifiant.
Il y a les laves acides ou légères, riches en silice, en soude
et en potasse, et les laves basiques ou lourdes chargées d’élé-
ments ferrugineux qui leur donnent une coloration noire.
Les laves lithoïdes donnent, en se refroidissant, une roche
.
ex pr
PHÉNOMÈNES ACTUELS 13
compacte; les laves vwifreuses donnent une roche vitreuse ;
la lave peut aussi être entièrement cristallisée ou renfermer
des eristaux qui se détachent sur une pâte compacte. Les
laves basiques, plus fluides, se solidifient lentement en trai-
nées visqueuses ondulées: ce sont les laves cordées ; les laves
acides, peu fusibles, se couvrent d'une croûte de scories; la
partie restée liquide dégage des gaz et des vapeurs qui dé-
chirent la croûte et donnent à la surface un aspect rugueux
(chèvres d'Auvergne).
Vitesse et température de la lave. — Le vitesse de la lave,
qui dépend de sa fluidité, varie de 1 centimètre à plusieurs
mètres par seconde.
La température est très élevée et dépasse 1.000°; la lave
peut conserver longtemps sa chaleur ; cependant son action
calorifique ne s'étend pas sur un grand rayon.
Modes d'épanchements de la lave. — 1° La lave peut couler
à l’air libre par déversement ; elle forme alors une nappe plus
ou moins large, d'épaisseur assez uniforme, compacte à la
base et celluleuse en haut; son inclinaison est faible.
20 La lave peut aussi s'échapper par des fissures du
cône ; elle forme alors de véritables filons souvent verticaux,
sortes de murs en saillie appelés dykes.
3° Elle peut quelquefois sortir en coulées discontinues ;
c'est le cas qui se présente pour les volcans à forte pente ; la
lave se solidifie alors en gros blocs qui se réunissent au pied
du cône.
Émanations gazeuses. — Des émanations gazeuses s’échap-
pent soit des cratères en activité, soit de la lave incandes-
cente.
On appelle fumerolles des fumées blanches qui se dégagent
de la lave ; elles sont d’abord sèches à cause de la tempéra-
ture et sont surtout formées de vapeurs de sel marin; plus
loin se dégage de la vapeur d’eau acide à 300 ou 400°;
puis des fumerolles alcalines et des fumerolles froides où
domine de la vapeur d’eau à moins de 100°, mêlée à
de l'hydrogène sulfuré; en dernier lieu se produisent des
émanations d'acide carbonique qui peuvent persister long-
temps, même après l'extinction du volcan. On trouve de
l'hydrogène et des hydrocarbures dans les produits gazeux,
RP PEL TE ET RSA PRES ED
+
14 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
ainsi que des chlorures anhydres (chlorure de fer), de l'acide
borique, des sulfures d’arsenic, etc. |
2. PHÉNOMÈNES THERMAUX. — On comprend sous le nom
de phénomènes thermaux d'autres manifestations de la cha-
leur interne, localisées dans le voisinage des anciens centres
volcaniques : ce sont lies solfatares, les salses, les mofettes,
les geysers, etc.
Solfatares. — On appelle solfatares des dégagements vio-
lents de vapeur d'eau mélangée d'hydrogène sulfuré; ce gaz
se décompose en arrivant à l'air; une partie du soufre se
dépose et l’acide sulfureux formé se convertit en acide sul-
furique qui, réagissant sur les silicates des roches, forme des
sulfates (alun et gypse).
Les soffioni de Toscane, qui fournissent de l'acide borique,
sont aussi des solfatares.
Geysers. — Les geyserssont des dégagements intermittents
d'eau bouillante, en jets qui peuvent atteindre 60 mètres de
hauteur. L'eau provient des infiltrations et doit sa tempé-
rature au voisinage d'émanations chaudes issues d'un foyer
volcanique souterrain ; cette eau contient en dissolution une
grande quantité de silice hydratée (geysérite), qui, en se
déposant autour de l'orilice de sortie, forme des conerétions
abondantes.
Les éruptions des geysers sont inlermittentes et ne durent
que peu de temps en général. Les geysers les plus remar-
quables sont le Te-ta-rata (Nouvelle-Zélande), dont les eaux
descendent en cascades sur une suile de terrasses siliceuses,
le Grand Geyser d'Islande, et ceux du Parc national du Yel-
lowstone (Étas-Unis).
Sources thermales. — Les eaux d'infiltration s'échauffent
en pénétrant profondément dans un sol fissuré; la vapeur
d'eau produite les refoule vers la surface ; mais, à cause de
leur température souvent élevée, elles dissolvent, dans leur
trajet souterrain, des principes minéraux actifs, d'où le nom
de sources minérales qu'on leur donne souvent.
Le débit de ces eaux est variable; il en est de même de
leur température. (Voir Géologie appliquée.)
Salses. — Mofettes. — Les sa/ses ou volcans de boue sont de
petites éminences cratériformes, d'où s'échappent, par érup-
*
PHÉNOMÈNES ACTUELS 45
tions discontinues, des flots d’une boue fine et salée et des
gaz hydrocarbonés (maccalube de Sicile). Les salses de la
Caspienne, près de Bakou, rejettent surtout du pétrole.
Les mofettes sont des exhalaisons d'acide carbonique qui
caractérisent des régions où l’activité volcanique est depuis
longtemps éteinte (ex.: grotte du Chien, près de Naples).
2 3. — EXPLICATION DES PHÉNOMÈNES ÉRUPTIFS
L'influence de la chaleur solaire ne se fait sentir qu'à une
très faible profondeur du sol, et on peut trouver dans chaque
lieu une zone souterraine dont la température constante est
indépendante des variations atmosphériques ; cette zone se
trouve à Paris à une profondeur de 10 mètres. Mais, si on
s'enfonce de plus en plus dans le sol, on constate, quelle que
soit la région, que la température augmente régulièrement
de 1° par 30 ou 32 mètres. On est conduit alors à penser
qu'à une certaine distance de la surface la chaleur est suffi-
sante pour maintenir en fusion toutes les roches de l'écorce
terrestre ; cetle distance est relativement faible en comparai-
son de la longueur du rayon terrestre. On admet donc l’exis-
tence dun noyau fluide, reste de l'état primitif de notre
globe.
De cette hypothèse on peut déduire l'explication des phé-
nomènes volcaniques : la massefluide interne est leur foyer;
et, comme l'écorce à une épaisseur et une résistance très
variables, il se produit des mouvements du sol, et la masse
fluide se fait jour à travers les fissures, avec de violentes
explosions quand les gaz emprisonnés acquièrent une forte
tension.
A cause de l'énorme quantité de vapeur d'eau rejetée par
les éruptions, on a admis aussi l'intervention des eaux
marines ; les terrains volcaniques étant très fissurés, les eaux,
qui sont à proximité, arrivent en contact avec les masses en
fusion et se transforment brusquement en vapeur.
Tremblements de terre. — La terre étant formée d’une.
enveloppe relativement mince et de résistance variable,
entourant un noyau liquide qui se refroidit peu à peu etse
net a ARS us a en
.16 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
contracte, il arrive que cette enveloppe se plisse et se
couvre de bourrelets et de rides, ou même se distend et se
déchire, à cause de son manque d'élasticité. :
Les tremblements de terresont desébranlements très courts
caractérisés par un état particulier de trépidation du sol; un
bruit sourd précède souvent l'ébranlement qui se traduit par
des ondulations et plus fréquemment par des secousses.
Ces secousses se font sentir à des distances variables et
avec une vitesse qui dépend de la constitution des terrains;
les terrains meubles, tels que les sables, propagent peu le
mouvement, mais sont plus bouteversés qu'un sol formé de
laves ou de roches calcaires. L’océan transmet les ébranle-
ments plus loin que ne le font les couches rigides de l'écorce
terrestre, et il se produit une vague de translation dont les
effets sont parfois terribles.
Des crevasses profondes se forment dans le sol à la suite
de ces secousses; elles se referment ou bien restent béantes.
Oscillations lentes. — On a observé aussi des soulèvements
et des affaissements du sol ; ces mouvements s’apprécientsur-
tout le long des côtes, où le niveau de la mer fournit un point
de repère fixe ; ils peuvent être brusques ou se produire gra-
duellement et lentement. Ainsi on observe un exhaussement
en beaucoup de points de la côte française, en Artois, au
Croisic, à la Rochelle,et surtout sur les plages de la Tunisie.
Les côtes de Bretagne en général et celles de Hollande
subissent, au contraire, un affaissement progressif.
Ces oscillations lentes sont pour ainsi dire insensibles et
ne sont appréciables qu'après un grand nombre d’années.
CHAPITRE II
FORMATION DE L'ÉCORCE TERRESTRE
L'étude des agents internes a fait admettre l'existence d'un
noyau liquide à l’intérieur de la terre. On peut expliquer sa
formation, ainsi que celle de toute notre planète, suivant la
magistrale théorie due à Laplace et acceptée aujourd'hui par
la grande majorité du monde savant.
Théorie de Laplace. — Le système planétaire gravitant
autour du soleil ne formait à l’origine, avec cet astre, qu’une
nébuleuse pareille à celles que les plus forts télescopes nous
permettent encore d'observer dans le ciel.
Le refroidissement de la masse cosmique, qui formait cette
nébuleuse, s'effectuantpar suite durayonnementintersidéral,
a eu pour résultat la concentration de la matière et l’accélé-
ration du mouvement de giration dont elle était animée. Ce
sont là deux conséquences du principe de la conservation
de l’énergie.Les fragments dont la concentration avait été la
plus rapide se sont trouvés projetés loin du centre et ont
donné naissance aux planètes.
La terre a donc subi deux phases de transformation, une
première phase stellaire très courte, pendant laquelle elle
jJouissait d’une lumière propre, une seconde phase planétaire.
dans laquelle elle s’est éteinte, puis solidifiée.
Noyau central. — La solidification a naturellement com-
mencé par l'extérieur, en emprisonnant un noyau fluide.
D'autre part, à l’époque où toute la masse était liquide, les
matériaux qui la composaient ont pu se disposer par ordre
de densité. Les matières les plus légères et en même temps
GÉOLOGIE. 9
-
-
les plus réfractaires montaient à la surface, tandis que les
lourdes masses métalliques bien fusibles gagnaientle centre.
Seuls quelques métaux facilement oxydables se mélaient à
l'écume siliceuse de la surface, semblable aux scories qui
viennent nager à la partie supérieure d'un bain métallique.
Ainsi s’expliquerait la forte densité du globe terrestre, com-
parée à celle des couches superficielles. Les calculs basés sur
la déviation de la verticale dans le voisinage d’une montagne
ou sur la variation des oscillatious du pendule dans un puits
de mine prouvent que la densité de la terre est de 5,5 envi-
ron. Or l'eau, qui occupe la plus grande partie de la surface
terrestre,a une densité égale à r’unité, et celle de la plupart
des roches connues varie entre 2 et 3; il faut donc que les par-
ties voisines du centre aient une densité bien supérieure.
La même remarque permet de donner une explication du
magnétisme terrestre. L'analyse spectrale, en révélant le
secret de la composition du soleil, semble prouver en même
temps que les profondeurs terrestres ne contiennent pas de
corps qui nous soient totalement inconnus. Le fer y joue
probablement un rôle important, grâce auquel il peut mani-
fester ses propriétés magnétiques.
Terrains primitifs. — L'atmosphère, composée des vapeurs
de tous les corps aisément volatilisables et séparée du noyau
interne par une couche de matériaux très mauvais conduc-
teurs de la chaleur, se résolvait en un liquide dont on ima-
gine les effets corrosifs sur la pellicule solide. De plus, au
moment de la condensation des chlorures et des corps alca-
lins, toute l'eau des océans était encore à l'état gazeux, et,
rien que de ce fait, la pression atmosphérique était 250 ou
300 fois plus forte qu'elle ne l’est actuellement; on conçoit,
dans ces conditions, l'importance de phénomènes analogues
par leur essence aux phénomènes actuels.
De l’action cristalline due au refroidissement et de l’action
de la pesanteur s’exercant sur les particules arrachées par
les érosions à la croûte solidifiée, il est résulté un terrain à
la fois cristallin et stratiforme, qui a reçu le nom de terrain
primitif. |
Ce terrain contient tous les éléments dont est formée
l'écorce terrestre; car il n'est venu s'y ajouter par la suite que
[MS à dt
Fe PT L'i
FORMATION DE L'ÉCORCE TERRESTRE 19
la petite quantité de matières contenues dans l'atmosphère
des premiers âges, en particulier le charbon, qui devait exis-
ter à cette époque à l’état d'oxyde de carbone. Quant aux
venues éruptives, elles ont amené au jour, par les cassures
de l'écorce, diverses roches dont la composition CHRQUe
est semblable à celle des terrains primitifs.
Sous l'influence d'agents ne différant de ceux qui viennent
d'être étudiés que par la puissance de leur action, tous ces
matériaux, après divers remaniements, se sontsuperposés, en
couches sensiblement horizontales, au moins lors de leur
dépôt et ont ainsi formé les terrains ou les roches sédimen-
taires.
Par opposition, on appelle roches ignées les roches dues
aux formations primitives ou venues postérieurement de la
profondeur à travers les fractures de la croûte terrestre.
? 1. — ROCHES IGNÉES
Composition des roches ignées. —- Les roches sédimen-
taires provenant de la décomposition des roches ignées, il
convient d'étudier d’abord ces dernières.
La silice et l’alumine, deux corps éminemment durs et
réfractaires et d’une grande légèreté spécifique, ont parti-
cipé plus que tout autre à la formation de la croûte primi-
tive.
Ces substances, fonduespar leur combinaison avec les oxydes
métalliques, ont cristallisé ensuite. Les oxydes qui dominent
dans les roches légères sont ceux des métaux les plus légers,
c'est-à-dire des métaux alcalins et alcalino-terreux.
Minéraux des roches acides. — Ainsi se sont formés, à
côté de la silice en excès qui s’est séparée à l'état de quartz,
des minéraux de roches dites acides, parce que la silice y
joue le rôle d’acide silicique. — Les types de ces minéraux
sont :
Les feldspaths, combinaisons de silice et d’alumine avec des
métaux alcalins et alcalino-terreux; on peut citer parmi les
feldspaths : l’orthose et le microcline, à base de potasse; l’albite,
à base de soude; et l’oligoclase, contenant de la soudeet de la
chaux ;
Late |
20 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
Les micas, moins riches en silice, qui contiennent des
métaux plus lourds; :ls sont colorés en noir par des oxydes
de fer et présentent une apparence feuilletée à cause de leur
division en lamelles flexibles et élastiques;
Les chlorites, qui sont très voisines des micas, mais. dont
les lamelles flexibles ne sont pas élastiques.
Pendant cette cristallisation des silicates métalliques, les
métalloïdes ont joué sans doute le rôle de dissolvants, et on en
retrouve la trace dans les minéraux accessoires. Telles sont
la tourmaline, qui contient du fluor et du bore, le sphène et le -
rutile où entre le titane, l’apatite qui renferme du phosphore
et du chlore.
Minéraux des roches basiques. — Après les roches acides,
il s’en est formé d'autres plus lourdes qu’on appelle roches
basiques, parce qu'elles contiennent moins de 65 0/0 de silice,
teneur qui est dépassée dans les roches acides.
Les minéraux qui les constituent, plus nombreux que ceux
des roches légères, peuvent se grouper en quelques grandes
familles : |
Ce sont des feldspaths pauvres en silice, comme le labrador
et l’anorthite.
Puis des minéraux où l’alumine n'entre guère qu'à l’état
de mélange et dont la silice est combinée avec de fortes
proportions de chaux, de magnésie et d'oxyde de fer. Tels
sont : les amphiboles, où la magnésie l'emporte légèrement
sur la chaux, et parmi lesquelles on peut-citer l'actinote et la
hornblende ;
Les pyroxènes, différents au point de vue cristallographique,
mais chimiquement très voisins, tels que : la diallage etl'augite,
qui sont des pyroxènes clinorhombiques; l'enstatite et la
bronzite, pyroxènes rhombiques;
Les péridots, surtout magnésiens et plus basiques que les
silicates précédents : le principal est l'olivine.
En résumé, l'instrument essentiel de la consolidation de
l'écorce terrestre, c'estlasilice qui, réfractaire et saturée d’oxy-
gène, est remarquable par la stabilité de ses combinaisons.
Un rôle analogue est joué dans le monde organique par le
carbone, élément constitutif de tous les corps vivants, et qui,
placé près du silicium, dans la série des corps simples, est
FORMATION DE L'ÉCORCE TERRESTRE 21
cependant remarquable par la facilité avec laquelle il se prête
à des compositions et des décompositions incessantes.
CLASSIFICATION DES ROCHES IGNÉES
Les roches éruptives forment dans l'histoire du globe deux
séries bien tranchées. La première, commencée au début de
l'ère primaire, continue pendant la première partie de l'ère
secondaire ; elle est caractérisée par la forte teneur en silice
des roches qui la composent. L'activité interne cesse ensuite
de se manifester dans les époques connues sous les noms
de jurassique et de crétacée; puis, dans l'ère tertiaire
et jusqu'aux temps actuels, les roches éruptives viennent
de nouveau se mêler aux dépôts sédimentaires.
Celte seconde période est caractérisée par des épanche-
ments de matières qui, encore acides au début, deviennent
de plus en plus basiques et de plus en plus lourdes.
On peut tirer de là une classification des roches, en roches acides
et roches basiques, divisées elles-mémes en roches anciennes et
roches modernes.
La texture (c’est-à-dire le mode d'association desminéraux),
qui était cristalline au début, devient de plus en plus amorphe ;
c'est d'abord une pâte dans laquelle nagent des cristaux, puis
où les cristaux deviennent de plus en plus rares pour ne plus
laisser subsister qu'une pâte vitreuse.
D'après MM. Fouqué, Michel Lévy etde Lapparent, la texture
cristalline à reçu le nom de type granitoïde, la texture
intermédiaire a donné le type trachytoïde, et la texture
amorphe a formé le type vitreux.
On supprimera ainsi des dénominations qui prêtent à l'équi-
voque, et particulièrement le nom de texture porphyrique, qui
a servi à désigner des roches si différentes que les progrès de
la cristallographie ne permettent plus de les classer ensemble.
Le mot de porphyre, qui signifie seulement roche rouge, à
cause de lacouleur du porphyre rouge antique, a servi pendant
longtemps à désigner toutes les roches de texture analogue,
c'est-à-dire présentant de grands cristaux tranchants sur une
pâte à grains indiscernables. L'examen de ces roches à la
lumière polarisée montre que si, dans les unes, la pâte est
Re PRÉCIS DE GÉOLOGIE
amorphe, caractère qui les fait rentrer dans le groupe de
roches trachytoïdes, les autres sont entièrement cristallines
et se rattachent aux roches granitoïdes.
Cette distinction est importante, car la texture des micro-
granulites, par exemple, prouve que, dans la seconde période
de consolidation, la pâte au sein de laquelle se formait la
roche et les circonstances qui accompagnaient sa formation
étaient les mêmes que lors de la consolidation des premiers
cristaux. Pour les roches trachytoïdes, au contraire, les cir-
constances avaient complètement changé.
ROCHES ACIDES
A. Série ancienne. — Type GRANITOÏDE. — Le granite est un
agrégat de cristaux dans une pâte qui est elle-même cristal-
line. Il est formé de quartz, de feldspath et de mica.
Dans le granite porphyroïde, des éléments de feldspath ayant
jusqu'à 0,10 de long tranchent sur le reste de la pâte.
Dans le granite à amphibole et dans le granite chloriteux ou
protogine, le mica est remplacé par de l’amphibole ou de la
chlorite.
Le gneiss est composé des mêmes éléments que le granite,
mais il s'en distingue par l'orientation des lamelles de mica
en lits parallèles et par l'allongement des grains de quartz.
Aussi est-il schisteux et fissile. C’est l'élément fondamental du
terrain primitif. On distingue le gneiss gris et le gneiss rouge.
Le gneiss granitoide forme une transition ininterrompue
entre le gneiss et le granite.
Le micaschiste est essentiellement formé de quartz et de
mica. Il est encore plus feuilleté que le gneiss dont il se
rapproche en se chargeant de feldspath. C’est aussi un des
éléments principaux du terrain primitif.
La granulite est une roche rose clair dans laquelle le mica
noir est remplacé par du mica blanc; en outre, le quartz et le
mica, beaucoup moins abondants que le feldspath, peuvent
n'être contenus qu'en inclusion dans celui-ci.
La pegmatite est une granulite à larges cristaux dans laquelle
le feldspath. de couleur très claire, forme de grandes PIABes
orientées uniformément.
FORMATION DE L'ÉCORCE TERRESTRE 23
Toutes les roches précédentes offrent ce caractère
commun qu'elles se montrent en massifs ou en amas, tandis
que les suivantes se présentent en nappes et en filons indi-
quant un épanchement de matière fluide.
Le porphyre granitoïde est un granite auquel de grands cris-
taux de feldspath donnent l’aspect porphyrique.
Dans les porphyres microgranulitiques, la pâte ne montre
qu'au microscope polarisantsa texture cristalline ; ellecontient
de grands cristaux clairs d’orthose et de quartz bipyramidé.
Type TRACHYTOÏDE. — Le porphyre globulaire, formé de la
même pâte que les précédents, contient de petits sphérolithes
de matières amorphes ; une notable partie de la pâte est aussi
amorphe.
Le porphyre pétrosiliceux, dont la couleur varie du brun au
violet, présente des cristaux de quartz à angles vifs, associés
à de l’orthose, à du mica noir ou à de l’amphibole.
TypE viTREUx. — La rétinite, ou Pechstein, ainsi nommée à
cause de son éclat résineux, est un verre naturel à cassure
conchoïdale; ses couleurs dominantes sont le brun et le vert
foncé avec taches rouges. Elle contient de 63 à 73 0/0 de silice.
La sanidine, ou orthose vitreuse, y paraît en reflets chatoyants.
Le vitrophyre est un Pechstein porphyrique offrant quelques
cristaux bien nets dans la pâte.
B. Série moderne. — Les roches acides sont beaucoup
moins importantes dans la série moderne. On donne le
nom de liparites à toutes celles, quelle qu'en soit la texture,
dont la teneur en silice exige la présence de quartz en liberté.
TYPE GRANITOÏDE. — Les liparites granitoïides sont représen-
tées par les granites de l’île d’Elbe et de l'Algérie, à pâte
microgranulitique, où l’orthose appartient surtout à la variété
vitreuse ou sanidine. Après le long repos de la période secon-
daire, elles caractérisent un retour à la puissance de cristal-
ain des premières roches acides, mais sans pouvoir arri-
ver à la formation d'aussi grands cristaux.
TypE TRACHYTOÏDE. -— Les liparites trachytoïides s'appellent
encore rhyolithes et porphyres quartzifères. Les roches con-
tiennent du mica noir, de l’amphibole, de l’oligoclase et du
quartz; la pâte complètement amorphe est d’une couleur
claire, rosée ou violacée.
AS PILARI ET "RFF ULN RE ER EE LE TS RESTE ES HAE
2% | PRÉCIS DE GÉOLOGIE
On a appelé trachytes toutes les roches d'origine volca-
nique caractérisées par la rudesse de leur toucher (d’où leur
nom qui veut dire rude) et qui représentent l'élément acide
des épanchements dont le basalte est le terme basique. On
réserve plutôt aujourd'hui le nom de trachytes aux roches
acides de ce groupe dont l'orthose ou la sanidine est l'élé-
ment dominant.
Les trachytes sont donc formés d'une pâte feldspathique
dans laquelle sont répandus de gros cristaux de sanidine
avec d'autres, plus petits, de pyroxène et de hornblende.
La phonolite est un trachyte dans lequel la néphéline ou
la leucite remplacent en partie la sanidine. La pâte présente
souvent un état de cristallisation assez avancé.
Les andésites comprennent presque tous les trachytes des
anciens auteurs. Le feldspath qui les compose est un plagio-
clase et souvent du labrador. La teneur en silice y atteint
66 0/0, et le quartz se sépare parfois en cristaux. On en dis-
tingue trois espèces suivant que le minéral associé au Pere
clase est le mica noir, l’'amphibole ou le pyroxène.
TYPE viTREUX. — Le type vitreux est celui qui rappelle le
plus la série ancienne. Les liparites vitreuses sont de véri-
tables rétinites. Les perlites sont des rétinites qui présentent
une agglomération de petites sphères formées d'écailles con-
centriques apparaissant sur les surfaces de cassure comme
des perles.
L'obsidienne ou verre des volcans est noire ou vert foncé,
elle contient de 60 à 80 0/0 de silice. Sa composition chimique
est à peu près celle de l’orthose. Sa densité est de 2,41 à 2,57.
La ponce est de l'obsidienne poreuse dont la densité est
légèrement inférieure à 2.
ROCHES BASIQUES
A. Série ancienne. — Type Graniroïpe. — La syénite est
un véritable granite sans quartz où l’amphibole remplace
ordinairement en partie le mica qui y est toujours noir. On
distingue les syénites à amphibole, les syénites à mica noir
et les syénites à augite, où le pyroxène l'emporte sur
l'amphibole.
FORMATION DE L'ÉCORCE TERRESTRE 25
La minette, ow ortholite, d'après le service de la carte géolo-
gique, est une syénite très micacée, c'est-à-dire qu'elle se
compose de petits grains d'orthose soudés par du mica. Elle
correspond, dans la série précédente, aux porphyres grani-
toides.
La kersantite, ou kersanton, est encore une roche foncée
formée de micamagnésienavecun plagioclase au lieu d’orthose.
La diorite est un mélange granitoïde de plagioclase et de
hornblende. On distingue la diorite à oligoclase et la diorite
à labrador, suivant le plagioclase dominant.
Le gabbro est une roche verdâtre formée de plagioclase et
de diallage.
Dans la diabase la diallage est remplacée par du pyroxène
augite.
La diallage et le pyroxène peuvent être remplacés en par-
tie par du péridot; on a alors des roches dont quelques-unes
contiennent, en outre, du feldspath et qui sont les péridotites.
Celles-ci se décomposent facilement en donnant une roche
vertetrès répandue, la serpentine, qui n’est, en somme, qu’un
silicate hydraté de magnésie.
Type TRACHYTOÏDE. — L'ortophyre a la même composition
minéralogique que la syénite et la minette: on l’appelle aussi
porphyre syénitique. On en connaît des variétés noires et
d’autres brunes.
La porphyrite accuse une structure encore plus fluidale.
Le porphyre rouge antique et le porphyre vert antique
rentrent dans cette catégorie, qui contient toute une gamme
de porphyres verts et bleus.
Le mélaphyre se compose de cristaux de plagioclase, de
péridot et de magnétite. C’est une roche noir verdâtre.
B. Série moderne. — Type GraniToïne. — L'euphotide
est l'équivalent du gabbro de la série ancienne; c’est encore
un composé de plagioclase et de diallage.
La diallage peut être remplacée par du pyroxène augite;
on a alors la dolérite correspondant à la diabase.
Les péridotites de la série moderne donnent, comme les
anciennes, une série de serpentines correspondant à chacune
de leurs variétés.
TyPE TRACHYTOÏDE. — Les basaltes sont des roches compactes
LE! NE
k
’
Er.
à cassure esquilleuse de couleur noire. Par le retrait, les”
coulées de basalte se divisent en prismes hexagonaux nor-
maux à la surface de la coulée. Leur teneur en silice est de
43 0/0. La pâte est formée de labrador, d'augite, d'olivine et
de magnétite. Les cristaux sont du pyroxène, de la magnétite
et surtout de l’olivine.
Dans les féphrites la néphéline remplace le labrador; l'oli-
vine est ordinairement absente.
Dansles leucitophyres, le labrador est remplacé parla leucite.
TYPE viTREUx. — Le type vitreux est représenté par les
vitrophyres basaltiques qu'on a distingués en tachylites et
hyalomélanes, suivant qu'ils sont solubles ou non dans les
acides. Ce sont des verres naturels basiques riches en péri-
dot ; leur teneur en silice est de 50 à 53 0/0.
2 2. — ROCHES SÉDIMENTAIRES
Les formations sédimentaires sont dues à trois sortes de
dépôts. Les dépôts détritiques, les dépôts chimiques et les
dépôts organiques.
Dépôts détritiques. — Les dépôts détritiques ou clastiques
résultent de l’action de l'atmosphère, de la mer, des eaux
d'infiltration, des eaux courantes et des glaciers sur des
roches préexistantes.
On peut les diviser en deux groupes : les dépôts arénacés
et les dépôts argileux, suivant qu'ils sont formés de grains
discernables ou que, tenus longtemps en suspension par les
eaux, ils ne forment plus qu'une poussière impalpable.
Les premiers sont le plus souvent formés de silex et de
roches dures, tandis que les seconds contiennent surtout
des silicates alumineux et des calcaires.
Quand ils sont de formation marine, les dépôts arénacés
sont des dépôts de rivage, tandis que les roches argileuses
ou vaseuses sont des formations de haute mer.
1° Dépôts arénacés. — Suivant leur grosseur, les dépôts
arénacés recoivent le nom de blocs erratiques, galets, gra-
viers, sables, quand ils sont à l’état de dépôts meubles.
Mais le plus souvent ces dépôts, traversés par les eaux
d'infiltration, se sont agglomérés.
FORMATION DE L'ÉCORCE TERRESTRE 27
Les gros fragments ainsi réunis sont des brèches ou des
poudingues, suivant que leurs éléments sont anguleux ou
arrondis.
L'agglomération des sables par un ciment quelconque
quartzeux, calcaire ou ferrugineux, a donné les grès.
20 Dépôts argileur. — Les dépôts argileux sont constitués
par des silicates d’alumine hydratés mélangés de quartz et
de mica en poudre et souvent colorés par l’oxyde de fer.
Quand les éléments sont à leur plus grand degré de
finesse, il en résulte un produit sans consistance, le limon
ou lehm; s'il est calcarifère, c’est le loess.
Les argiles sont compactes et sans stratitication, comme
un précipité chimique, ou bien elles sont schisteuses. Par
l'effet du métamorphisme, elles peuvent devenir feuilletées
et donnent les phyllades et les ardoises.
Dépôts chimiques. — Les dépôts dont l’origine est unique-
ment due à un phénomène chimique occupent un espace
moins important que les autres.
Les meulières sont dues à un dépôt chimique de silice.
Les travertins calcaires et les tufs sont formés par la préci-
pitation du carbonate de chaux contenu dans certaines
eaux.
Le sel gemme, l'anhydrite et le gypse prennent souvent
naissance par la réaction de vapeurs sulfureuses sur le cal-
caire.
Les dépôts de soufre sont formés par la décomposition du
gypse ou sulfate de chaux au contact d'hydrocarbures.
Enfin on peut encore citer la dolomie, les silex de la craie,
les nodules de fer carbonaté du terrain houiller et les ménilites
siliceuses de certaines marnes.
Dépôts organiques. — La plus grande partie des calcaires
a été formée par la voie organique; ce sont des débris de
foraminifères, de polypiers, d'échinodermes,de mollusques, avec
des restes siliceux de radiolaires, d’éponges et de diatomées.
Il en a déjà été question à propos des récifs coralliens. Il en
sera parlé plus longuement dans la géologie appliquée.
Le tripoli, ou farine fossile, est constitué par des diatomées
ou algues siliceuses.
Enfin la tourbe, le lignite, le jais, la houille, l'anthracite et
7 2» ET SR PURE ES PNR PONS SET TE
: SIAN RES
20. PRÉCIS DE GÉOLOGIE
les huiles minérales sont dus à des débris de plantes orga-
nisées.
2 3. — ROCHES MÉTAMORPHIQUES
On désigne sous le nom de métamorphisme la modification
subie par les roches (par les roches sédimentaires surtout)
postérieurement à leur dépôt; cette modification est due
soit à des actions mécaniques (métamorphisme mécanique),
produites lors de la formation des montagnes, soit à des
actions calorifiques ou chimiques exercées par les roches
éruptives sur les terrains qu'elles traversaient.
Métamorphisme mécanique. — Sous l’effetdes compressions
énergiques développées pendant les phénomènes orogé-
niques, les roches sont devenues schisteuses et cristallines ;
c'est ainsi que des argiles molles et plastiques ont été con-
verties en schistes ardoisiers et des calcaires amorphes en
calcaires cristallins. Sous l'influence de la chaleur produite
par la pression, l’eau qui imprègne les roches a été sur-
chauffée et a dû suffire pour provoquer des cristallisations
partielles et donner naissance à des minéraux dans les argiles
ou les calcaires comprimés.
Métamorphisme d'influence. — Quand les roches éruptives
s'épanchent àtravers les sédiments, elles peuvent les modifier
dans leur composition ou leur structure : 1° Si la modification
est due à la chaleur de la roche injectée, elle ne se produit
que sur une zone de peu d'étendue; ainsi, au contact du
basalte, les grès se fendillent ; dans de pareilles conditions,
les calcaires durcissent, l'argile passe à l'état de porcelanite,
la houille à l’état de coke ; 2° quand les roches injectées sont
des roches granitiques, riches en silice, de véritables actions
chimiques se produisent et le métamorphisme se manifeste
à plusieurs centaines de mètres du contact, car les dissol-
vants (eaux chaudes ou vapeur sous pression, chargées de
principes actifs), qui ont concouru à la formation de ces
roches, se sont répandus dans les terrains traversés.
Ainsi, au voisinage du granite et de la granulite, les
FORMATION DE L'ÉCORCE TERRESTRE 29
schistes deviennent noduleux; plus près du contact, ils
deviennent maclifères, c'est-à-dire renferment des cristaux
prismatiques de macle ou chiastolite, silicate d'alumine à peu
près pur résultant de la cristallisation du silicate alumineux
des schistes; au contact même, il y a formation de paillettes
de mica noir.
Dans les calcaires, les granites font apparaitre des
minéraux nouveaux, silicates d'alumine, de chaux et de fer,
dont les éléments sont empruntés à la roche éruptive et
aux calcaires; tels sont les grenats (grossulaire, mélanite,
idocrase).
2 4. — FILONS
Les filons sontdes cassures ou des fentes traversant l’écorce
terrestre, qui se sont remplies de substances diverses sous
l'effet de causes très variées. Les filons sont métallifères
quand ces substances peuvent fournir des métaux usuels.
Les matières métalliques ont été apportées avec les masses
liquides injectées, ou bien ont été déposées, par voie de
sublimation, par les vapeurs émanées de ces masses; d'autre
part, les eaux d'infiltration venant de la surface ont déterminé
dans ces fentes des phénomènes divers, dissolutions, con-
crétions, cristallisations.
Là où l’air extérieur n'a pas eu accès, il s'est formé surtout,
avec les gangues, des sulfures métalliques. La partie supé-
rieure des filons a été notablement oxydée par l’air apporté
par les eaux de la surface.
La puissance des filons, ou épaisseur mesurée normale-
ment aux parois, est très variable ; elle peut n être que de
quelques centimètres; elle varie aussi dans un même filon ;
les filons en chapelet présentent une série de renflements et
d’étranglements.
La direction des filons est voisine de la verticale ; les parois
de la roche encaissante sont les épontes, dont l'une est le foit
et l’autre le mur ; entre les épontes et le filon, il y a souvent
une couche de matières argileuses appelée salbande.
ë NS 2% DE = = Dose FRA RATS us aa SCALE ES £. Fi
—
30 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
L'affleurement est l'intersection du filon avec la surface du
sol.
Il y a des filons stériles composés uniquement de matériaux
détritiques, résultant des roches encaissantes éboulées. Les
filons métallifères sont de deux sortes : les filons ingectés et
les filons concrétionnes.
Les derniers sontles plus nombreux ; ils occupent des fentes
bien définies et régulières dont l'épaisseur moyenne est de
3 mètres environ; les gangues et minerais qui les constituent
sont disposés en bandes parallèles aux parois et symétri-
quement à partir du toit et du mur par rapport à la ligne
médiane. Ces substances sont à l'état concrétionné, sauf
dans les cavités dites géodes, ou druses, où elles sont à l’état
cristallisé. Les gangues sont formées de quartz, de calcite,
de dolomie, de spath-fluor ; les minerais sont le plus souvent
des sulfures, tels que la galène, la blende, les pyrites de fer
et les pyrites cuivreuses.
Les filons injectés sont formés de substances métalliques
qui se trouvaient dans la masse même de la roche et s’en
sont séparées au moment où les éléments ont cristallisé. Le
minerai y existe en veinules qui s'entre-croisent, ou bien s'y.
trouve concentré en amas. L'oxyde d'’étain, ou cassitérite,
et le sulfure de cuivre appartiennent à la catégorie des filons
injectés.
MINÉRALOGIE ET CRISTALLOGRAPHIE
Les minéraux que l'on vient de passer en revue dans la
composition de l'écorce terrestre sont déterminés non seu-
lement par leurs caractères physiques et chimiques, mais
aussi par leurs caractères extérieurs ou minéralogiques.
La minéralogie, et plus particulièrement la cristallographie,
“enseignent à distinguer facilement et rapidement les miné-
raux entre eux d'après leurs caractères extérieurs. Les miné-
: de ol SE
FORMATION DE L'ÉCORCE TERRESTRE 31
raux affectent tous une forme particulière géométrique plus
ou moins simple. C'est cette forme cristalline, etspécialement
l'étude des angles polyèdres des minéraux, qui fait l’objet de
la cristallographie.
Quand la forme extérieure d’un minéral se trouve déna-
turée par une cause extérieure, frottement ou choc, il suffit
de briser le minéral pour retrouver ses faces de clivage natu-
relles et en déduire sa forme primitive caractéristique.
Il est probable que l’état cristallin. toujours le même pour
un même corps, provient de l'orientation identique de ses
polyèdres moléculaires (fig. 4). L'orientation s’y maintient
uniforme, suivant des surfaces planes parallèles, de sorte
que les clivages se produisent toujours suivant ces surfaces.
Il existe sept systèmes cristallins principaux d'où dé-
rivent toutes les formes primitives des cristaux ; ce sont les
jm
na)
arms
Fi6. 4. — Polyèdres cristallins.
systèmes : cubique, quadratique, hexagonal, rhomboédrique
orthorhombique, clinorhombique et triclinique. La forme de
chacun de ces divers prismes est indiquée par son nom
même,
Les tableaux ci-après, empruntés au cours de topographie
professé à l’École d’Application de l’Artillerie et du Génie,
par MM. les capitaines Romieux et Jardinet, renferment,
avec les caractères cristallographiques des principaux miné-
raux, quelques indications abrégées sur leur mode de forma-
tion, leur rôle tithologique et leur emploi.
—
Silice anhydre
Au plus 1 0/0 d'eau
dans le Q. silex.
Infusible au chalumeau
Insoluble dansles acides
et les solutions
Quartz hyalin.
Q. compact
ou quartzite.
Q. Agale
ou Calcédoine.
lice)
Fait feu au briquet, en
| dégageant l'odeur de
/ pierre à fusil.
Ü
(S
1
uarlz
()
Q. artificiell. fondu).
Silice hydratée
(3 à 15 0/0 d'eau)
: 1,9 à 2,3. —
Soluble dans les solu-
tions alcalines bouil-
Dureté : 5 à6
Q: Jaspe.
Compact
| Pierre à fusil).
«
É
Pierre meulière).
PRÉCIS DE GÉOLOGIE
PREMIER GROUPE : MINÉRAUX
RÔLE LITHOLOGIQUE
I
En grains dans beaucoup de
roches, en filons, en géodes
(cavités tapissées de cristaux),
sables, grès.
Parait résulter de la méta-
morphisation d'anciens grès.
Dans les terrains primitifs ou
les terrains de iransport pro-
venant de ceux-ci.
En filons ou en rognons géo-
diques dans les roches crislal-
lines. Se trouve aussi dans le
jurassique.
Parait résulter de la méta-
morphisation de roches argi-
leuses très siliceuses. — Ainsi
se forme de nos jours la por-
celanite au contact des houil-
| lères embrasées.
Dans les terrains anthraci-
fères secondaires (lits de ro-
gnons dans la craie) et ter-
| tiaires.
Q. Tridymite.
Q. Résinite.
Q terreux.
En blocs ou en bancs dans les
argiles tertiaires.
Dans certains trachytes.
Dans les terrains sédimen-
taires, porphyriques, lilons mé-
tallifères.
»
FORMATION DE L ÉCORCE TERRESTRE 33
QUARTZEUX (SILICE)
| PRINCIPAUX CARACTÈRES | EMPLOIS
==
| Cristallin. — F. habituelle : Prisme hexagonal bipyramidé. | Lunetterie, Verrerie,
\ — Doublement réfringent. — Transparent et incolore lors- | Mortiers ( (construction),
| qu'il est pur (cristal de roche). — Eclat vitreux dans la Moellons, etc.
cassure.
a
Grenu ou compact. — Peu d'éclat. — Couleur gris blan-
châtre. — Struct. souvent pseudo-régulière en parallé-
lipipèdes. Pavages.
( Concrétionné et souvent mamelonné. — Translucide. —
Tantôt incolore, tantôt versicolore et rubanné. — Mélange oallene
l intime de Q. cristallin et de Q. amorphe. Ë 2
Analogue à l’agate, mais non translucide. — Généralement
unicolore. — Appelé parfois silex corné.
Pierres d'ornement,
| de touche.
| Généralement en rognons tuberculeux ou ramifiés. — Cas-
\ sure esquilleuse, translucide sur les bords. — Couleur terne, Moellons de blocage
| quelquefois rubanné. Pierres à fusil.
|
ç Structure cariée. surtout dans les masses de faible dimen- Meules,
j Sion. — Peu translucide. | Moellons.
| Connu seulement en lamelles cristallines microscopiques. |
DR \ Opale. — Translucide et nacrée. | Joaillerie.
) LT Résinite. — Variété commune en veines, »
Eclat résineux Re
l ( plaques, rognons, etc.
{ En rognons ou { Siiex nectique. — Flotte sur l’eau. »
) en masses. } Tripoli (Bohême). Poudre à polir.
l Texture poreuse * Randanite (Auvergne). Fabric. de la dynamite
GÉOLOGIE. 3
34 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
DEUXIÈME GROUPE : MINÉRAUX SILICATÉS
LORS SILICATES
au
(63 0/0 de silice environ).
| | ou Orthoclase
Sanidine
de MgO,
=.
NOMS
péers -
= Orthose
Orthoclasiques
Pétunzé
Blanc mat, grisâtres, verc
_….
+
fl
partielle poss. de Fe205,
. Difficilement fusibles au chalume
? clivages perpendiculaires.
1} Ya.
Variétés importantes
l'eau
(
nn —
leldspaths
Pétrosilex
am
=
A
©
=
=
2
—
{ A1205, avec substitution
| KO,NaO,Ca0, . .
Stries d'hé-
Oligoclase
(52 0/0 de silice)
Eclat nacré, quelquefois vitreux.
— LI
s Æ 2 =
SR es
à GE TRS
= = 2 Æ =
= e E = = {
= 2 ET mn x
y e Z 20 ce
80 LME ee
SR EN OS E v< Labrador
LB SZ a | Lx ©
SEEN ON EE
ne | £.
A X= 27° 3 0/0 de silice)
LE T ==
E1E0 | où=
Nes
Leucite
Feldspathoïdes appelée aussi amphigène
Différant des feldspaths surtout par/
la forme de leurs cristaux et par leur
facilité d'attaque aux acides.
Néphéline
FORMATION DE L ÉCORCE TERRESTRE 35
(SILICATES DE DIVERSES BASES)
ALUMINEUX
RÔLE LITHOLOGIQUE PRINCIPAUX CARACTÈRES
jélément essentiel des roches|(K2.A12.Si5.016.). Contient parfois un peu de Na. —
? granitiques. Inattaquable aux acides. — Blanche, blanc rougeûtre,
rouge de chair, verdâtre.
{Élément essentiel de beau-|(Ryacolite, Feldspath vitreux). — Texture fendillée. —
{ coup de roches trachy-| Couleur gris clair. — Eclat vitreux.
tiques,
\Se trouve dans les terrains|Structure lamellaire. — S'associe au kaolin pour la fabri-
—— granitiques. cation de la pâte à porcelaine.
Élément fréquent des roches|Magma feldspathique avec excès de silex. — Text. com-
| porphyriques. Se trouve| pacte. — Cassure esquilleuse, quelquefois translueide
aussi en amas ou filons| sur les bords.
dans les terrains grani-
tiques.
(En cristaux ou en masses|(Na2.Ca2K2A14.S19.026.) — Contient parfois Mg. — Inat-
lamellaires dans les gra-| taquable par les acides.
| nites, gneiss, porphyres,
diorites, etc.
(Elément essentiel des méta-|(Ca.Na2.A12Si3.010.). — Un peu plus fusible que l'oligo-
phyres, basaltes, etc. clase. — Presque complètement attaqué par l'acide
chlorhydiique.
(K2.AI2.Si4.012.). — Syst. cubique; cristaux en trapé-
zoèdres. — Infus. au chalumeau. Complètement attaqué
par les acides sans faire gelée. — Gris clair. — Eclat
vitreux. Cassure conchoïde.
{Serencontrent dans les roches
| volcaniques anciennes et
modernes. (Na.K.AI2.Si2.08.). — Prismes hexagonaux. — Diffci-
lement fusible. — Fait gelée dans les acides. — Inco-
lore ou grisâtre. — Eclat vitreux. — Cassure conchoïde.
36. PRÉCIS DE GÉOLOGIE
DEUXIÈME GROUPE : MINÉRAUX
NOMS
/ A1203, avec substitution partielle de Fe°03
Micas 2
: nn : et
40 0/0 52 ! soit Mg0,
de ce soit KO, adjonclion fré- \ accompagnées de divers
silice). = quente de fluor et de | alcalis.
lithine.
SE
SE
Ÿ | Séricite. — Silice. hydraté de Al203,K0.
Chlorite. — Silic. hydraté de A1203%,Mg0.Fe0.
SILICATÉS
SILICATES
Argiles
Kaolin
(argile pure à porcelaine).
Silicates d'Al205 hydratés ou non, mais
contenant toujours une certaine quan-
tité d’eau qu'on ne peut pas faire dis-
paraître sans modifier leur nature.
A. Plastique
(23 \ (à faïence fine).
Contiennent, en outre, habituellement du | 3
carbonate de chaux. de l'oxyde de fer, Ê5 ge
de la magnésie, etc. = | A. Figuline
A. smectiques
! (terres à foulon).
à terres cuites).
31
FORMATION DE L'ÉCORCE TERRESTRE
(SILICATES DE DIVERSES BASES)
ALUMINEUX (suite)
RÔLE LITHOLOGIQUE
Elément essentiel des gra-
nites, gneiss, micaschistes.
schistes argileux. — Fré-
quent dans certains grès et
dsns certains sables quari-
ZeUx.
Elément essentiel des schistes
sériciteux.
Elément essentiel de la pro-
togine et des schistes chlo
riteux.
Proviennent de la décomposi-
tion des silicates alumineux
et surtout des feldspaths.
Dans les terrains granitiques :
sous l'action de l'air, les
feldspaths des granites se
décomposent en carbonates
alcalins et silicate d’alu-
mine. ce dernier insoluble
(kaoliu).
Forment dans le sol des ter-
rains secondaires et ter-
Hiaires des couches imper-
méables à l'eau (terres
glaises, terres fortes), —
Produites par voie de trans-
port.
on oo
En couches dans les terrains
Jurassique et crétacé.
En lames ou lamelles d'un éclat de nacre, élastiques,
PRINCIPAUX CARACTÈRES
— Peu fusibles. — Peu attaquables aux acides. —
Rayés par l'ongle. — Doux au toucher.
Micas magnésiens : Noirs ou d’un brun foncé.
Micas potassiques : Blanc d'argent, verdâtres, rou-
geâtres, bruns.
Paillettes verdâtres, satinées, onctueuses au toucher.
Onctueuses au
Apparence souvent
Lamelles hexagonales vert jaunâtre.
toucher. — Non élastiques. —
grenue.
Texture terreuse. — Friables lorsqu'elles sont sèches,
pâteuses lorsqu'elles sont mouillées. — Happement à la
langue. — Odeur argileuse. — Couleur d’un blane
terne, souvent modifiée par des matières étrangères.
Blanc. — Fait difficilement pâte avec l’eau. — Mélangé
de feldspath (pétunzé), il se vitrifie à moitié à la cuisson
(pâte à porcelaine).
Font avec l’eau une pâte plus ou moins liante qui, calcinée
au rouge, prend un fort retrait et devient dure, sonore.
Pulvérisées alors, fournissent la pouzzolane artificielle
(mortiers hydrauliques).
Très tendres. — Très hydratées. — Font avec l'eau une
pâte peu liante. — Happent peu à la langue. — Absor-
bent facilement les corps gras (terres à foulon).
38. PRÉCIS DE GÉOLOGIE
Amphibole
(Silicate de Ca0.MgO)
Pyroxène
Silicate de Ca0,MgO, Fe0
(50 0/0 de silice environ)
Variétés d'amphibole
et de pyroxène
Péridot (ou olivine
(Silicate de Mg0,Fe0)
Tale
Silic. hydr. de Mg0O
(62 0/0 de silice environ)
Serpentine
Silic. hydrat. de Mg0,Fe0
Glauconie. Silic. hydrat. de KO,Fe0
DEUXIÈME GROUPE (suite) :
RÔLE LITHOLOGIQUE
EE
Elle figure dans beaucoup de roches cris-
tallines. Forme à elle seule les amphi-
bolites.
Roches ophitiques.
Très abondant dans certains basaltes.
Re volcaniques diverses.
{
(
|
PE
\.
-
V2 petites masses dans les schistes séri-
citeux, la protogine et les roches ser-
pentineuses.
——————_—_—_———…—_—_—__R…“…—“ 2“
‘ Provient souvent du péridot par décom-
position.
=
Grès et calcaires glauconieux.
\
|
\
l
FORMATION DE L'ÉCORCE TERRESTRE 39
(B) SILICATES PEU OU POINT ALUMINEUX
PRINCIPAUX CARACTÈRES
(CaS.MgS.Si9.026). Les variétés foncées contiennent en outre
FeO et A1203. — Prismes rhomboïdaux obliques avec
deux clivages faciles, parall. aux faces latér. du prisme.
— Densité : 2,9 à 3,5. — Assez facilement fusible. —
Inattaquable aux acides.
Hornblende (noire)
Actinote verte
Variétés importantes
(Ca.Mg,Fe.Si03.). — Mêmes propriétés, sauf des angles
un peu différents. — Toujours moins fusible que la
hornblende.
Augite (noir)
Diallage (verte)
— - —, _——
Asbeste. — En filaments adhérents.
| Amiante. — En filaments libres.
|
|
|(Mg2.Fe2.Si.04.). — Prisme droit à base rhombe, — Densité : 3,4. — Infus. au chalu-
meau.— Pulvérisé, il fait gelée avec les acides. — Cassure conchoïde. — Dureté : 7.
— Jaune verdâtre.
En masses de feuillets flexibles, mais non élastiques. — Onctueux au tou-
IT. foliacé/ cher. — Densité : 2,6 à 2,7. — A peine fusible sur les bords. —
Dureté : 1. — Vert tendre. — Eclat nacré.
T. compact ou Stéatite. Compact ou granulaire. Très onctueux au toucher. — D'un
blanc sale, parfois teinté.
|
Moins tendre et moins onctueux que le tale. — Densité moyenne : 2,63, lorsqu'elle est
| pure. — Généralement verte et souvent tachetée. — A peine fusible sur les bords
| très minces.
|
|
Er verts, souvent écailleux, ressemblant à la chlorite.
|
}
ELLE |
40 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
TROISIÈME GROUPE : MINÉRAUX CALCAREUX
NOMS
Cristalline en formes déri-|
vées du rhomboëdre. —
Densité : 2,70 à 2,73. —
Infusible lorsqu'elle est
pure. — Donne de la
chaux vive par calci-
nation.
A peine soluble dans l'eau
pure, — un peu dans les
eaux chargées d'acide
carbonique. — Attaquée
avec effervescence vive
par les acides les plus
faibles.
Dureté : 3.
Souvent associée à des
matières étrangères (C.
siliceux, argileux, etc.
carbonatée
Chaur
Chaux carbonatée prisma-
tique ou aragonite.
Dolomie
| proprement dite
4 Ca0,C02 + Mg0,C02
Calcaire dolomitique
| ou C. magnésien.
Dolomie
Chaux sulfatée, ou Gypse
Ca0.,S03 + 2H0
hé
Chaux carbonatée pers
boédrique
ou
Calcaire
Ca0 .C0? |
| Caleaire
| Focus
spathique.
C. fibreux.
C. oolithique.
C. saccharoïde.
RÔLE LITHOLOGIQUE
les roches calcaires. Gangue
fréquente des filons métalli-
En flons, géodes, etc., dars|
| fères. |
Ale Parois des cavernes et des fis-
sures dans les roches cal-
; caires. — Eaux courantes, et
| même fonds de lacs.
i
En bancs puissants, surtout}
dans le terrain jurassique.
|
|
|
|
{
(sonde dans les terrains pri- |
/ maires |
C. compact
Très répandu dans les terrains
sédimentaires. |
C. terreux.
|
|
Très ni dans les terrains
sédimentaires surtout dans le
terrain crétacé (craie).
JE
\ Mêmes variétés
de texture que
| dans le calcaire.
|
\ Fe cristallin.
5. fibreux
À ralbâtre gypseux).
| G. saccharoïde.
Terrain permien et triasique.
Très répandu dans le juras-
sique et le crétacé des con-
trées méditerranéennes. Ori-
gine souvent métamorphique.
En couches dans les terrains
triasiques et tertiaires. En amas
dans les terrains secondaires!
de certaines régions monta-|
gneuses. |
|
1
Dans certaines argiles etcertains
filons ferrugineux. — Géodes. |
LU a ANR LE
FORMATION DE L'ÉCORCE TERRESTRE 41
(SELS A BASE DE CHAUX, SAUF LES SILICATES)
PRINCIPAUX CARACTÈRES | EMPLOIS
|
1
|
|
, nent clivable en rhomboëdres. — Incolore et transparent
lorsqu'il est pur (spath d'Islande); souvent :jaunâtre ou laiteux. Appareils
| —— Abondant en masses plus ou moins lamelleuses. — Double. _polariseurs.
ment réfringent. |
| |
|Formé par voie de concrélion. — Filons, stalactites, stalagmites, | Ornementation.
produits par ruissellement (albâtre calcaire, marbre flbreux). d
Tufs calcaires, dépôts à texture plus ou moins lâche (Travertin,} Constructions.
tuf compact).
Petites oolithes calcaires agglomérées avec ciment calcaire plus! Constructions quand |f
ou moins abondant. il est bien agrégé. |E
Texture cristalline confuse, résultant d'actions ed
Blanc lorsqu'il est pur, ou bien diversement coloré. Il com-
prend les Statuaire
‘ simples (uniquement calcaires) ; mn ne Jes
Marbres \ brèches (à fragments calcaires empâtés); Dee Bon
saccharoïdes | composés (à fragments non calcaires. empâtés) ; RE ï ;
lumachelles (à coquilles fossiles nombreuses). ?
|
Cassure mate, — esquilleuse (tendance à l'état cristallin, — Constructions.
conchoïde (indice d'un mélange d'argile), — inégale. — Var. : Pierres
C. lumachelle (pétri de coquilles fossiles). lithographiques. à
Ù = L DErs d
|
|Friable. — Tache habituellement les doigts. — Happe un peu à| Peu susceptible d
! la langue. — Blanc, parfois gris ou brunâtre, composé souvent] d'emploi dans les |
| de coquilles de foraminifères (craie). : constructions. F
;
Cristallise dans le système du prisme orthorhombique. — Den- - A
| sité : 2,93. — Dureté : 3,75. — Cassure vitreuse. É
Soluble dans HCI avec effervescence lente. — Plus dense et plus <
dure que le calcaire. —- Couleur propre d’un blanc laiteux,| Plus résistants que |
teintes claires. les calcaires à l’usure
- par frottement.
Avec HCI, effervescence vive qui s'affaiblit brusquement (moins de|(Dalles, bornes, etc.)
Mg0 que dans la dolomie).
3 clivages, dont un très facile, — Souvent hémitrope (en fer de Pi Aer
| lance). — Densité : 2,28 à 2,33. — Fusible au chalumeau. — 0 Me ee
| Peu soluble dans l’eau, soluble dans HCI étendu. —— Dureté : 2 SONT NÉRLEITE
CP 0)
— Blanc ou à teintes claires. gypseux) employé
| ; À 1
{Textures analogues à celles du calcaire, mais jamais terreuses. PRE RER CT 2
CHAPITRE TI
2 1. — PRINCIPES DE LA CHRONOLOGIE GÉOLOGIQUE
Age des terrains sédimentaires. — L'objet de la strati-
graphie ou de la géologie proprement dite est de déterminer
l’âge relatif des formations géologiques; cette détermination
se fait au moyen de certaines règles qu'on va énumérer
d'abord en ce qui concerne les dépôts sédimentaires.
Principe de superposition. — Dans les terrains stratifiés,
formés de couches superposées, une couche est plus récente
qu'une autre qu'elle recouvre,saufdansles cas de renversement.
Lacunes. — L'expérience montre qu'en certains points
d'une région la sédimentation peut avoir été interrompue;
en chacun de ces points il y a une lacune, et, dans l'intervalle
de temps qui lui correspond, des sédiments se sont formés
ailleurs. Ces lacunes se manifestent par les discordances de
stratification ; quand des couches horizontales ou peu incli-
nées reposent transgressivement sur des sédiments plus
anciens redressés, c'est qu'un phénomène de dislocation
s est produit entre la formation de deux groupes discordants,
et a interrompu la sédimentation.
L'état des surfaces de contact des couches révèle aussi les
lacunes qui ont été causées par une émersion; ainsi la
marque des intempéries sur des roches indique que ces
roches ont subi une exposition prolongée à l'air avant de
s'immerger à nouveau et d'être recouverts par d'autres dépôts.
Si on rencontre une discordance paléontologique, c'est-à-dire
des écarts notables entre les faunes de deux sédiments
PRINCIPES DE LA CHRONOLOGIE GÉOLOGIQUE 43
formés dans des conditions analogues, on se trouve encore
en présence d’une lacune.
Caractères paléontologiques. — Fossiles. — Des restes
d'animaux ou de végétaux, appartenant presque tous à des
espèces disparues, se trouvent dans la plupart des sédiments
et sont contemporains de leur formation; d'autre part, la
paléontologie, qui a pour objet l'étude de ces restes, montre
qu'à chaque époque correspondent des types spéciaux et que
les types qui s’écartent le plus de ceux des temps actuels
appartiennent aux sédiments les plus anciens. On a donc un
moyen efficace de déterminer l’ordre de succession des
couches stratifiées.
Les principaux fossiles qu'on rencontre parmi les inver-
tébrés sont : les trilobites, crustacés qui disparaissent avant
la fin de l'ère primaire ; les ammonites, les bélemnites, les
orthocères, etc., familles appartenant aux mollusques cépha-
lopodes ; les Zymnées, les turritelles, les cérithes, etc., qui sont
des mollusques gastéropodes; les huîtres ou ostrea, les car-
dites, les trigonies, les plicatules, etc., qui sont des mollusques
acéphales ; les lingules, les térébratules, productus, spirifer,
rhynchonelles, etc., genres les plus importants des mollusques
brachiopodes. Les oursins, les encrines sont des échino-
dermes; les nummulites, les miliolites, les alvéolines, les
fusulines sont des foraminifères. Ces divers fossiles seront
passés en revue ci-après, avec les terrains qu'ils caractérisent.
Age des roches éruptives. — Une roche éruptive est plus
récente que les terrains qu'elle traverse en filons, ou que les
couches où elle s'est intercalée en nappes.
D'autre part, quand un conglomérat contient des débris
d'une roche éruptive, on peut en conclure que cette roche a
fait éruption avant le dépôt du conglomérat. Ces observa-
tions ont conduit à classer les éruptions en deux grandes
séries : les éruptions anciennes, qui se sont produites durant
toute l’ère primaire et un peu au delà; les éruptions mo-
dernes, qui commencent avec l’ère tertiaire et continuent
jusqu’à nos jours. |
_ r me te nn DR ET TC
44 _ PRÉCIS DE GÉOLOGIE
DISPOSITION DES TERRAINS FORMANT L' ÉCORCE TERRESTRE
Terrains sédimentaires. — Les matériaux composant les
terrains sédimentaires sont en grande partie des débris de
terrains primitifs, des débris organiques ou des précipités
chimiques.
Ils se sont déposés sous l’action de la pesanteur en couches
ordinairement horizontales et à surfaces généralement paral-
lèles. Ces couches ou strates ont recu les noms de bancs et
assises lorsqu'elles sont très puissantes, de lits lorsqu'elles
sont peu épaisses, et de feuillets lorsqu'elles sont minces et
peu étendues.
l'épaisseur d'une strate peut être variable en différents
points et présenter des renflements ou des étirements.
Plissements. — Sous l'influence des mouvements du sol
postérieurs à leur formation et suivant la disposition des ter-
rains de base, les couches peuvent présenter des plis de dif-
férentes formes ; les principales dispositions de ces plis sont
la disposition anticlinale et la disposition synclinale (fig. 5).
Pli anticlinal
Lorsqu'une ou plusieurs couches juxtaposéessont parallèles
entre elles, on les dit en stratification concordante ; lors-
qu'un ensemble de couches vient se placer obliquement surune
autre couche, on dit qu'il ya stratification discordante (fig. 6).
PRINCIPES DE LA CHRONOLOGIE GÉOLOGIQUE 4
Fractures. — Lorsqu'une ou plusieurs couches sont brisées,
on dit qu'il y a fracture; le plan de séparation s'appelle joint.
Stratifications
discordenfe . concordante.
\
Failles. — Lorsqu'une des lèvres du joint à glissé par rap-
port à l’autre, le joint devient une faille (fig. 7).
Vallées. — Les vallées que l’on observe à la surface du sol
peuvent provenir d'une déchirure au sommet d'un pli anticli-
nal (fig. 8), ou peuvent être produites par une érosion de.
Vallee anticlinale
DD) à
< ÉD L ON
|
_
LL
Fc. 7. —- Faille. Fic. 8.
terrains entraînés par l’eau; mais, dans bien des cas, les
vallées proviennent simplement d’un plissement synclinal.
Terrains éruptifs. — Les terrains éruptifs apparaissent au
milieu de terrains sédimentaires soulevés ou fissurés. Ce sont
généralement des pointements de peu d'épaisseur, qui s'en-
foncent sous la croûte terrestre. On les app2lle alors filons ou
dikes.
Li
46 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
Les filons ont une direction assez variable : quelquefois
ils sont absolument verticaux; d’autres fois ils suivent des
strates de terrains sédimentaires friables, au travers
desquels ils ont pu se faire jour plus facilement qu'en bri-
sant les couches voisines trop résistantes (fig. 9).
Terrains primitifs. — Dans les parties qui ont été recou-
vertes par les terrains sédimentaires, le terrain primitif cris-
tallin n'apparaît qu'en pointements. Mais une grande partie
des massifs montagneux les plus importants du globe est
entièrement formée par ces terrains primitifs souvent strati-
fiés, et fissurés par toutes les dislocations qui ont affecté la
croûte terrestre aux époques postérieures à leur formation.
2 2. — GRANCES DIVISIONS GÉOLOGIQUES
A l'aide des données précédentes on a pu établir trois
grands groupes de formations sédimentaires, correspondant
chacun à une ère de l'histoire terrestre. Les groupes com-
prennent un certain nombre de terrains; les terrains se sub-
divisent en étages et en sous-étages, et ceux-ci en assises,
puis en lits ou couches. |
D'ailleurs, à la base de tous les sédiments se trouvent les
roches cristallophylliennes, qui constituent le terrain primitif.
4. — TERRAIN PRIMITIF
Caractères. — Le terrain primitif ou cristallophyllien forme
le substratum constant des dépôts sédimentaires;’1l se
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 47
présente dans tout le globe avec les mêmes caractères. Ses
éléments sont cristallins et stratiformes; les plus impor-
tants sont le gneiss et le micaschiste avec leurs variétés. Il
fournit des sols peu fertiles, et il ne renferme point de restes
organiques.
Divisions. — Gxeiss. — Le terrain primitif comprend
deux étages principaux : 1° l'étage du gneiss, gneiss gris ou
granitoide, où le mica est disséminé en larges paillettes ne
formant pas des rubans continus (gneiss des Basses-Pyrénées,
de Rome, du mont Blanc, de la Guyane Francaise).
Micascuistes. — 2° L’étage des micaschistes, superposé au
premier, de composition plus variée et d’allure plus strati-
forme.
On trôuve, dans le terrain primitif, des amphibolites, des
chloritoschistes et des séricites ou roches schisteuses à miné-
raux. On y rencontre aussi la staurotide, l’andalousite, le
disthène (silicates anhydres d’alumine), le grenat (silicate
d'alumine et de fer) et le fer oxydulé.
Le terrain primitif forme la plus grande partie du Plateau
Central, en France, et une partie de la Bretagne et des
Vosges ; on le trouve aussi en Saxe, en Bohême, en Écosse et
dans la Scandinavie; au Canada, au Brésil, en Chine, etc.
2. — RE PRIMAIRE OU PALÉOZOÏQUE
Caractères. — Cette série comprend les terrains qu'on a
appelés terrains de transition. En effet, la séparation n’est
pas nette entre les schistes cristallins primitifs et les pre-
miers sédiments de ce groupe; ces sédiments ont l'aspect
cristallin (phyllades).
L'ère primaire a été marquée par de grands mouvements de
dislocation et de nombreux phénomènes éruptifs.
Dans cette série règnent les trilobites, petits crustacés dont
le corps est divisé longitudinalement en trois lobes, et la
flore est formée de cryptogames.
Divisions. — Terrains cambrien, silurien, dévonien, permo-
carbonifère.
a) TERRAIN CAMBRIEN (Cambria, Pays de Galles). — Dans la
48 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
période cambrienne, les continents sont rudimentaires, peu
propres à la vie; la température est tropicale: il y a très peu
de fossiles ; il n'y a pas de végétaux.
Oldhamia radiata (empreintes indéterminées) {fig. 10):
Paradoxides bohemicus (trilobite) (#g. 11):
Lingula Davisii.
/ Ardennes: Ardoises de Fumay, schistes noirs pyritifères de
| Revin, quartzites de Monthermé, ardoises et quartzites de
Deville :
Cotentin : Phyllades de Saint-Lô ; poudingues pourprés ;
Bretagne : Schistes de Rennes; phyllades de Douarnenez:
. Bohême ‘grauwacke de Przibram), Suède, Canada. Brésil.
Fossiles
Distribution
géographique.
SN
Qi.
D},
Cri UN |
Fic. 10. — Oldhamia radiata. Fi6. 11. — Paradoxides.
b) TERRAIN SILURIEN. — Ce terrain Lire son nom du pays des
Silures, anciens habitants de l’ouest de l'Angleterre. Dans
cette période, les continents commencent à s'esquisser sous
forme d'ilots: la faune est riche en brachiopodes, en cépha-
lopodes et en graptolithes (hydrozoaires), qui sont exclu-
sivement propres à cette période. On trouve des débris de
poissons et des traces de végétaux.
‘ Dalmanites socialis (trilobites), trinucleus ornatus (trilo-
bites du grès de May) ;
| Calymène Blumenbachi (trilob. du calcaire de Dudley) (fig. 12);
| Orthoceras truncatum, regulare (céphalopodes);
l'ossiles
Cardiola interrupta (fig. 13);
| Monograptus priodon (fig. 14), turriculatus (graptolit.) (fig. 15).
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 49
Fi. 12.— Calymène. Fic. 44. — Monograptus priodon. Fic. 15.—Monograptus
turriculatus.
; Bretagne : Grès armoricains ou à bilobites à la base ; fer
hydroxydé ; schistes à calymènes ou ardoisiers (Angers);
Cotentin et Calvados : Schistes à calymènes et grès de May:
= 2 calcaires de Feugerolles ;
ZE Angleterre : Grès de Caradoc, calcaires de Llandleilo, cal-
y caires de Dudley :
= Bohême : Schistes et grès en bas, calcaires marmoréens au
A dessus.
€) TERRAIN DÉVONIEN. — Dans la période dévonienne qui à
été étudiée tout d’abord dans le Devonshire par Murchison,
les continents s’accusent, surtout au nord.
Les dislocations du sol sont moins fréquentes.
La faune s’est appauvrie; des massifs calcaires sont cons-
truits par les stromatopores (hydrozoaires) et on trouve beau-
coup de restes de poissons ganoïdes. Une végétation puis-
sante se développe (cryptogames).
Ce terrain se divise en trois étages : étage rhénan (à la
base), étage eifélien et étage famennien.
£ Sirifer Rousseani ;
= ) Dévonien inférieur } Leptæns Murchisoni (fig. 16);
£ | (rhénan). | Pleurodyctyum problematicum (polyp.)
Æ (fig. 17).
GÉOLOGIE. X
50 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
Dévonien moyen ( Spirifer speciosus;
2 (eifélien). | Calcesla sandalina (polyp.) ;
= , Spirifer Verneuilli (#g. 18) ;
£ D. supérieur \ Rhynchonella cuboïdes :
Fa | (famennien). } Fougères, lepidodendrons, cyclopteris
LE
\ (fig. RE
Dans les Ardennes, le Dévonien inférieur est représenté par
les poudingues de Fépin. ies arkoses d'Haybes, les grès
d'Anor (pour pavés), la grauwacke de Montigny, les grès de
Vireu:
Le Dévonien moyen comprend. dans les Ardennes, des schistes
à calcéoles et les calcaires marmoréens de Givet ; le cal-
caire de Plymouth enjAngleterre: le calcaire de l'Eifel, etc…..;
Au dévonien supérieur appartiennent les schistes de la
Famenne (Ardennes), les psammites (grès micacés),. du
Condroz (Belgique), le vieux grès rouge en Angleterre :
Le dévonien se trouve encore dans les Vosges. le Var, le Lan-
guedoc (marbre de Caune). en Bretagne, au Brésil, etc.
Distribution géographique.
Fic. 18. — Spirifer.
d\ TERRAIN PERMO-CARBONIFÈRE. — Caractères. — Les conti-
nents sont assis ; il règne dans tout le globe un climat tropical
qui, à la faveur d'une atmosphère humide, donne lieu à une
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 51
végétation puissante de cryptogames, partout les mêmes.
Des pluies abondantes entraînent des débris de plantes avec
des débris du sol sous-jacent; les fonds des lacs se couvrent
de couches de grès, de schistes et de végétaux qui, à l'abri
de l'air, se changent en houille. Dans les mers, les dépôts
calcaires augmentent; ils sont dus aux foraminifères (fusu-
lines), brachiopodes, échinodermes, polypiers.
Fi6. 19. — Cyclopteris.
La faune, partout uniforme, est formée de productus, de
spirifers, de reptiles amphibies (labyrinthodontes) et d'in-
sectes dont quelques-uns étaient gigantesques.
La flore est surtout composée de cryptogames de haute
taille (fougères, Iycopodiacées, équisétacées) ; il y a aussi des
phanérogames gymnospermes (cycadées et conifères); il n'y
a pas de monocotylédones ni de dicotylédones.
Facies de l’Europe septentrionale et moyenne. — 1° Dans
la période anthracifère, des mouvements du sol déterminent
des sillons où la mer pénètre; il se forme là des dépôts
schisteux et arénacés appelés culms (Hardt, Vosges, Russie);
plus loin, vers le nord, ce sont des calcaires élevés par des
organismes. Cet étage comprend donc deux types, l’un
côtier, l'autre pélagique ;
Pal res LS CRE PT DT ee ES DE Ds à TR RD nn ne ES
ne SR RIERT PPQM ET RU SENS EUR D TR DONS RE VER
52 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
2° Dans l'époque houillère inférieure, la mer se retire, et sur
les dépôts précédents, des pluies amènent des végétaux et des
sédiments détritiques; alors se forment les riches bassins de
Westphalie, de Flandre et d'Angleterre ;
3° Époque houillère supérieure. — La mer recule de plus
en plus : c’est le régime continental. Les dépôts se font non
plus dans la mer, mais dans les lacs intérieurs (Plateau Cen-
tral, Vosges, Bohême);
4° Époque permienne ou penéenne. — L'Europe est presque
entièrement émergée; il ne se dépose plus que des grès
rouges; la mer revient quelque temps sur les régions sep-
tentrionales, et les dernières dépressions sont comblées par
du sel et du gypse (gisement de Stassfurth); il y a peu de
restes organiques, d’où le nom de penéen, qui veut dire
pauvre.
Facies méditerranéen. — Dans la région de la Méditer-
ranée, des calcaires se déposent pendant toute la période.
Ordre des dépôts. — 1° Schistes et calcaires à la base
(étage anthracifère); 2° poudingues, grès (grès houiller),
schistes et argiles, couches de houille intercalées; 4° grès
rouges (Zechstein), sel et gypse.
Fi6. 20. — Productus cora.
Productus Cora (calcaire de Visé) (fig. 20), gi-
| Étage anthra- \ ganteus, semireticulatus ;
| prières ns Spirifer pinguis, striatus, glaber;
l Anthracosia.
Fossiles.
Fossiles.
Fossiles.
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 58
S'Houiller..:.. «
Permien ....
Lepidodendron, sigillariæ
elegans(lycop.);
Annularia, calamites,
(équisét.): :
Re de Pecopteris (fig. 21), sphe-
Rd ia nopteris, nevropteris
Fe (fig. 22).
Houiller inférieur.
/)
CIS)
Fic. 23. — Productus horridus.
Productus horridus du zechstein (fig. 23) ;
Palæoniscus (poisson); coprolithes de rep-
tiles.
dt
"1 d
Distribution géographique.
Distribution géographique.
ann
En France ..
Angleterre
Belgique...
Allemagne ..
Æ
PRÉCIS DE GÉOLOGIE
_ Dans le bas Boulonnais on trouve des dolo-
RS
mies et des calcaires marmoréens (étage
anthracifère):
En Bretagne, des grès et schistes (Changé,
Sablé) représentent l'anthracifère ;
Dans les Vosges. les grauwackes de Thann
représentent l'anthracifère, et des grès
rouges, le permien:
Plateau Central: Grauwacke du Roannais et
grès anthraciteux, pouddingues et grès du
Morvan. pour l’anthracifère : traces du houil-
ler inférieur près de Rive-de-Gier, bassins
de Saint-Etienne, de Decazeviile pour le
houiller supérieur: schistes bitumineux
d’Autun, riches en huile minérale, pour le
permien :
Le Gard a le houiïller supérieur ; l'Hérault a
les deux étages houiller et anthracifère.
Calcaire compact de montagne :
Grès meulier ou millstone grit, coal-measures
(couches de houille), pour le houiller infé-
rieur ;
Le houiller supérieur est peu représenté ;
Nouveau grès rouge et calcaire magnésien,
pour le permien.
L'anthracifère est représenté par des calcaires
bleus noirâtres (calcaires de Tournai), puis
par une dolomie grise, du calcaire gris (cal-
caire de Visé) et des schistes noirs ;
Le houiller inférieur est représenté par des
houilles maigres, demi-grasses, grasses, et
des charbons à gaz (ou flénus).
En Westphalie, l'anthracifère est constitué par
les culms (grès et grauwackes):
Le houiller y est très développé, ainsi qu’en
Silésie ;
Dans les Ardennes (bassin de la Sarre), la
houille appartient au houiller supérieur ; le
permien est très développé avec des grès
rouges et des tufs porphyriques ;
On rencontre surtout le permien, qui com-
prend : un grès rouge, puis un schiste bitu-
mineux riche en minerai de cuivre (Mans-
feld), et le Zechstein, calcaire argileux et
dolomitique, gypse et sels alcalins (Stass-
furth).
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 59
3. — ÊRE SECONDAIRE OU MÉSOZOÏQUE
Caractères. — L'activité interne est nulle; il y a quelques
éruptions au début; il se produit seulement des affaisse-
ments ou des exhaussements lents.
C’est une ère de tranquillité, caractérisée par la rareté des
conglomérats et par la puissance des masses calcaires.
C’est l’époque des reptiles et des sauriens; vers la fin de la
période apparaissent des mammifères inférieurs, puis des
oiseaux reptiliens.
Dans les mers dominent des ammonites et des bélemnites
(céphalopodes), qui caractérisent les terrains de cette période.
La flore est moins variée et moins brillante, car le climat
est plus sec; elle comprend surtout des cycadées et des coni-
fères, et vers la fin quelques monocotylédones et dicotylé-
dones.
Division. — TRiAs, JURASSIQUE (infralias, lias et oolithe),
CRÉTACÉ (infra-crélacé et crétacé).
a) Trias. — Une mer largement ouverte occupe le sud et
l’est de l’Europe ; le nord et l’ouest sont couverts de détroits,
de bras de mer ou de golfes séparant de grands espaces
émergés, et dans ces contrées dominent les lacs salés et les
lagunes, qui se comblent de grès, de marnes bariolées et
salifères, tandis qu'au sud et à l’est des organismes marins
construisent des calcaires.
Les ammonitidés font leur apparition.
Le trias se présente en Europe sous trois formes ou
facies :
1° Un facies pélagique ou de haute mer (Tyrol, Alpes Au-
trichiennes) ;
2° Un facies continental (Ardennes et Angleterre);
3° Un facies mixte, formé d’un étage marin (muschelkalk)
entre deux étages d’eau douce (keuper et étage vosgien).
C'est à cause des trois termes bien distincts présentés par
le facies mixte que ce terrain a reçu le nom de trias: ces
trois termes s’observent surtout en Lorraine et en Alle-
magne.
56 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
Ceratites nodosus (du muschelkalk) (fig. 24) et semipartitus ;
Lima striata ; Avicula socialis:
Encrinus liliiformis (échinod. du muschelkalk):
Terebratula vulgaris (brachiopodes du muschelkalk) :
Ammonites Aon, subumbilicatus ; ;
Os de nothosaurus (saurien du muschelkalk) ;
Traces de cheirotherium (batracien du grès bigarré) ;
Dinosauriens, oiseaux et reptiles;
Préles, cycadées, conifères, fougères.
ES
Fossiles.
Lorraine et Allemagne : Dans ces pays on
trouve les trois étages du trias, savoir :
1° L'élage vosgien, à la base, qui comprend
le grès vosgien à gros galets de quartz,
| puis le grès bigarré au dessus et le grès
rouge bariolé:
2 Le muschelkalk (étage franconien ou
conchylien), assise marine formée d'un
calcaire gris, puis de gisements dolomi-
tiques et gypseux :
3° Le keuper, étage des marnes irisées:
c'est une assise d'eau douce ou saumätre,
composée d'argiles contenant du gypse
et du sel gemme (Dieuze et Varangeville)
et, au dessus, en quelques points, des
lignites pyriteux ;
Onretrouve les grès rouges et les marnesiri-
sées du trias au Morvan. autour du Plateau
Central, dans les Pyrénées eten Espagne ;:
Dans les Alpes du Tyrol, les assises du trias
sont toutes de formation marine; on y
trouve des calcaires, des dolomies et du
sel gemme.
omposilion et distribution.
D.
C
Fic. 25.
Encrinus linformis.
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 57
b) Lras (Jurassique inférieur). — La mer revient sur
l'Europe occidentale et couvre les régions émergées ; cette
invasion marine ne laisse à découvert que quelques massifs
anciens, Plateau Central, Armorique, Vosges; les Alpes et les
Pyrénées sont à peine ébauchées ; le reste de là France est
immergé et forme trois bassins : anglo-parisien, pyrénéen,
méditerranéen. Une sédimentation marine littorale com-
mence.
Les ammonites sont nombreuses ; les bélemnites appa-
raissent, ainsi que les huîtres et les sauriens (plésiosaures,
ichthyosaures).
La végétation à un aspect monotone (conifères, fougères
et surtout des cycadées) ; il n'y a pas encore de zones clima-
tologiques bien définies.
Division en étages. — Rhétien (à la base), hettangien : ces
deux étages forment l'infra-lias; sinémurien (de Semur),
liasien, toarcien (de Thouars): ces trois étages constituent le
las proprement dit.
Fi. 26 et 27. — Ammonites. Fi6. 28.— Gryphœa arcuata.
f
Avicula contorta (rhétien);
| Ammonites planorbis, angulatus (hettangien) (fig. 26 et 21);
Pour le sinémurien, Ammonites bisulcatus, Ammonites Buck- .
| landi, Lima gigantea, Gryphæa arcuata (fig. 28), Spiriferina
Fossiles.
Walcoti, Belemnites acutus, ichthyosaure et plésiosaure,
ptérodactyle ;
38 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
! Pour le liasien : Gryphæa cymbium : Ammonites raricostatus,
ammonites spinatus, ammonites planicostatus, ammonites
margaritatus; Plicatula spinosa, Terebratula numismalis
(fig. 29); Belemnites clavatus, niger, brevis, acutus (fig. 30).
Kossiles.
gularis, tripartitus:;
Ammonites radians, bifrons, opalinus, serpentinus;
Trigonia navis.
==
==
Fi6. 29, — Terebratula Fi6._30. — Belemnites. Fic. 31. — Posidonia
numismalis. Bronnii.
L'étage rhétien est représenté, en Lorraine, par des grès ou
_arkoses ;
Elage hettangien : Grès d'Hettange (Luxembourg); calcaire
jaunâtre, dit foie de veau, et lumachelle, en Bourgogne :
calcaire d'Osmanville (Normandie) :
Etage sinémurien : Calcaires gris bleuâtres, en Lorraine et
dans les Ardennes, alternant avec des lits de marnes (lias
bleu) ;
{ Etage liasien : Calcaires sableux dans les Ardennes, marnes à
| nodules ferrugineux en Lorraine, calcaire à bélemnites en
. Bourgogne (calcaire à ciment de Pouilly) ;
Etage toarcien : Argiles à Posidonia Bronnii (Ardennes),
pyriteuses et bitumineuses en bas, ferrugineuses en haut.
En Lorraine, les marnes à posidonia sont recouvertes d’une
oolithe ferrugineuse, formant un riche gisement de peroxyde
hydraté; le ciment de Vassy provient d'un calcaire argileux
| _ de cet étage.
omposition el distribution.
Û
Pour le toarcien : Posidonia Bronnii (fig.31), Belemnites irre-
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 59
c) Oouxrne. — Dans l'oolithe, les dépôts se forment au
milieu d’un grand calme; il n’y a point d'éruptions ; les
organismes construisent de puissants massifs calcaires.
Le nord et l’ouest de l'Europe émergent progressivement.
Les zones climatologiques ne sont pas formées; la flore est
pauvre. |
Dans la faune prédominent les oursins, les brachiopodes
et les polypiers; les mammifères ne sont représentés que par
quelques petits marsupiaux; il y a beaucoup de sauriens
dinosauriens, crocodiliens, ptérodactyles, et on rencontre
l'archœopterix, oiseau reptilien, et les premières tortues,
ainsi que les poissons téléostéens.
Sous-divisions. — On peut distinguer à peu près partout les
étages suivants : bajocien (de Bayeux), bathonien (de Bath),
oxfordien, corallien, kimmeridgien et portlandien; ces deux
derniers forment le tithonique. Les deux premiers consti-
tuent le jurassique moyen, les autres le jurassique supérieur.
Voici quelques indications sur leur composition en France.
1° BAJOCIEN
Terebratula perovalis, Belemnites sulcatus, Belemnites gigan-
teus ;
Trigonia costata (fig. 33).
Fossiles
r
E Ammonites Humphresianus (fig. 32) et Murchisonæ ;
Fi6, 32. — Ammonites humphresianus. Fi6. 33. — Trigonia costata.
LA
On trouve dans cet étage un calcaire pur ou argileux; on le
| voit en Bourgogne (calcaire à entroques), dans la Meuse et
| les Ardennes ; avec oolithes ferrugineuses, dans le Calvados
et la Franche-Comté.
Composition.
Fossiles.
omposition.
1
4
(e
Fossiles,
Composilion.
ke
PRÉCIS DE GÉOLOGIE
2° BATHONIEN
Ammonites tripartitus ; ostrea acuminata (terre à foulon) ;
Rhynchonella spinosa, decorata (grande oolithe);
Terebratula digona, cardium (fig. 3#).
A la base : argile ou calcaire marneux : terre à foulon ;
Au milieu : calcaire blanc à grains fins, c'est la grande oolithe
fournissant les pierres de Comblanchien (Côte-d'Or), les
pierres de Chaumont, Caen, Besançon, Chauvigny (Vienne);
Beaulieu et Saint-Claud (Charente):
En haut : calcaires épais, jaunâtres,
F6 3€ Fi6. 33. — Ammonites. FiG. 36. — Ostrea dilatata.
Terebratula cardium.
|
|
|
3° OXFORDIEN
Ammonites macrocephalus (fg.35),coronatus, cordatus, Lam-
berti; Belemnites hastatus :
Ostrea (ou griphæa) dilatata (fig. 36).
Cet étage est presque entièrement argileux; il n'offre guère
de bancs durs qu'à sa base et à son sommet:
En Lorraine et dans les Ardennes il comprend :
A la base : un calcaire marneux peu épais:
Au dessus : des argiles à Ammonites Lamberti et Belemnites
hastatus, puis des calcaires à chailles (concrétions sili-
ceuses), lesquels, dans les Ardennes, sont remplacés par la
gaize (grès tendre à silice gélatineuse) ;
Au sommet. il y a une oolithe ferrugineuse (Neuvizy) :
On trouve aussi cet étage en Normandie (argiles de Dives,
falaise des Vaches-Noires), aux environs de Besancon et
près de Grenoble (calcaires de la Porte-de-France).
É-Y us À
GRANDES DIVISIONS GÉOEOGIQUES 61
4° CORALLIEN (OU rauracien)
Cet étage est ainsi appelé parce que plusieurs de ses
assises sont formées de débris de coraux ou de masses de
polypiers.
{ Diceras arietinum ;
Des oursins : Cidaris florigemma, Echinobrissus clunicularis,
Acrosalenia spinosa :
\ Nerinea moreana, tuberculosa ;
Ostrea solitaria ;
Rhynchonella trilobata, pinguis.
; Le Corallien est tout entier calcaire ;
Dans les Ardennes il est épais ; il existe là en massifs ooli-
thiques (calcaires de Saint-Mihiel, Lérouville, Commercy),
en calcaires à grains fins, lithographiques ;
\ En Normandie on trouve des calcaires oolithiques à oursins
et nérinées et des calcaires à polypiers (coral-rag) ;
En Franche-Comté ce sont des bancs à polypiers surmontés
| par des calcaires oolithiques.
RAA IES
omposition.
CG
5° KIMMERIDGIEN
Pteroceras Oceani ;
Ammonites orthoceras, Catalaunicus.
! Cet étage est composé d’argiles ou de marnes, avec quelques
rares calcaires purs;
« On le rencontre dans les Ardennes et en Lorraine, en Nor-
| mandie (argiles de Honfleur), en Franche-Comté (calcaire de
Saint-Ylie et de Damparis) et dans les Charentes.
| Ostrea deltoïdea, Ostrea (ou exogyra) virgula, Astarte Minima ;
Composition. Fossiles.
6° PORTLANDIEN
\ Ammonites gigas:;
| Ostrea expansa, Trigonia gibbosa.
! Le Portlandien est composé decouches généralement calcaires,
peu épaisses, dures, souvent fissurées. A cet étage, appar-
tiennent les calcaires compacts du Barroïis sur lesquels est
bâti Bar-le-Duc, l’oolithe vacuolaire (pierres de Savon-
nières, de Chevillon, de Brauvilliers), les calcaires à ciment
et à chaux hydraulique des environs de Frtivae et la pierre
de l’Echaillon ;
Cet étage manque en Normandie.
Fossiles,
omposition.
CG
coiffe, RS Ted dr CPS Er PS ARR Ce dE ET tn
à :
62 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
En Angleterre, ilcomprend le calcaire de Portland et, au dessus.
des calcaires argileux gris et des marnes formant les couches
de Purbeck ;
Les argiles du Pays-Bas (plaine des Charentes entre Cognac
et Saint-Jean-d'Angély), avec amas de gypse et quelques
bancs calcaires durs. correspondent au purbeckien de
l'Angleterre.
Composition.
d) TERRAIN CRÉTACÉ. — 1° Période infra-crétacée. — L'Eu-
rope septentrionale est d'abord émergée; la mer est à peu
près la Méditerranée actuelle.
A la suite d'un affaissement, la mer envahit de nouveau
l'Allemagne et le nord de l'Europe, puis le bassin de Paris,
et ensuite la Normandie et l'Angleterre.
Sur le continent règnent les dinosauriens, reptiles bipèdes,
dont lun d'eux, l’iguanodon, a une taille gigantesque.
La flore reste jurassique ; l'apparition des peupliers indique
une différenciation des climats.
20 Période crétacée. — L'invasion marine alteint son maxi-
mum ; le régime marin s'établit tranquillement; à la base se
trouve une mince couche de grès grossier, de la craie mou-
chetée de grains verts de glauconie, puis de la craie légè-
rement marneuse, et, au dessus, de la craie blanche mêlée
de lits de silex.
Alors se produit de nouveau une émersion des contrées
septentrionales.
Dans les régions méditerranéennes, le régime reste marin,
et les rudistes (mollusques acéphales) sont surtout les arti-
sans des formations calcaires.
Les ammonites déclinent, les plantes dicotylédones angio-
spermes font leur apparition.
Sous-divisions. — L'infra-crétacé comprend les trois étages :
néocomien (à la base), aptien, albien ou gault; le crétacé
supérieur comprend quatre étages : le cénomanien (à la base),
le turonien, le sénonien, le danien.
1° ÉTAGE NÉOCOMIEN
Belemnites dilatatus, emerici (fig. 31) :
Terebratula janitor, Ammonites radiatus, interruptus :
Ostrea Couloni: Toxaster complanatus (oursin) :
Requienia amumonia ; Spatangus retusus.
Fossiles.
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES ECS
Dans le bassin de Paris (région orientale), cet étage comprend
des grès ferrugineux, géodiques, et des sables blancs ; puis
des calcaires à spatangues, et, au dessus, des grès et des ar-
giles aux couleurs vives; au sommet, des minerais de fer
oolithique (Wassy, Vandeuvre);
En Provence, cet étage est très développé, ainsi que dans le
Gard et dans l'Ardèche (pierres de Barutel, près de Nimes,
pierres à chaux du Teil;.
omposition.
*
A
(6
Fic. 37. — Belemnites emerici. Fic. 38. — Ammonites mamillaris.
29 ÉTAGE APTIEN
Fossiles : Ostrea aquila. Plicatula placunea.
Dans la partie orientale du bassin de Paris, l’aptien est formé
par des argiles : il est ferrugineux dans les Ardennes ;
A l’ouest et au nord du bassin, ce sont des argiles glauco-
nieuses ;
\ De même près d'Apt.
Se
3° ÉTAGE ALBIEN (ou gault)
Belemnites minimus :
Armmonites mamillaris (fig. 38), splendens ;
Inoceramus sulcatus.
Dans la région orientale du bassin de Paris (Meuse et Ar-
dennes), l’albien comprend des sables verts à la base, con-
} tenant des nodules de phosphate, puis des argiles bleuâtres
:| (gault), puis la gaïize :
l'ossiles.
Il se trouve aussi à l’ouest et au nord de Paris et en Pro-
vence; en Russie il est très riche en phosphate.
Composition.
n
64
Fossiles.
Composition.
PA
ca
2
_—
Composition
: PRÉCIS DE GÉOLOGIE
4° ÉTAGE CÉNOMANIEN (à craie glauconieuse)
Ammonites rotomagensis (fig. 39), turrilites costatus (fig. 40);
Scaphites æqualis, ostrea columba, belemnites plenus.
! Dans le bassin de Paris, le cénoma-
nien comprend : au nord et à
l'ouest, une craie glauconieuse
(assise de la montagne de Sainte-
Catherine près de Rouen): à l'est,
des sables glauconieux et des cal-
{ caires marneux gris bleuätres:
| au sud, les sables et grès du Mans,
le sables du Perche :
Le cénomanien se reconnait en Pro-
vence, dans la Charente, près
d'Angoulême; en Russie. il est riche en phosphate nodu-
leux.
Fic. 39.
Ammonites rotomagensis.
Fic. 40. Fic. 41. Fic. 42.
Turrilites costatus. Inoceramus labiatus. Micraster Cortestudinarium (oursin).
5° ÉTAGE TURONIEN (craie de Touraine ou craie tuffeau)
’
\ Inoceramus labiatus (fig. 41); rhynchonella Cuvieri ;
| Hippurites organisans (rudiste).
En Touraine, la craie micacée dite fuffeau est de cet étage.
| En Normandie et dans le Boulonnais on trouve une craie
| marneuse employée pour fabriquer de la chaux hydrau-
lique.
A l'est du bassin de Paris, ce sont des calcaires marneux sur-
tout (Valmy).
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 65
6° ÉTAGE SÉNONIEN (craie blanche)
Done mucronatus, belemnites quadratus (craie phos-
phatée de Picardie) :
| Micraster coranguinum, cortestudinarium (oursins) (fig. 42).
| On distingue deux assises : à la base, la craie à micrasters,
craie noduleuse qu'on voit en Picardie (près de Péronne), en
Normandie et en Touraine: au dessus, la craie à bélemni-
telles, en couche puissante : craie phosphatée de Picardie
(Beauval), craie de la Champagne Pouilleuse, craie de Reims,
craie de Meudon;
Dans les Charentes et la Dordogne, le sénonien comprend deux
sous-étages, le santonien (de Saintes) et le campanien.
i De même en Provence.
Fossiles.
omposition.
C
1° ÉTAGE DANIEN
\ Baculites anceps ;
| Mosasaurus de Maëstricht.
| Le danien est représenté : dans le bassin de Paris, par un cal-
caire en petits grains, dit pisolithique, qu'on observe à
Meudon, Vigny, Montereau ; dans le Cotentin, par un cal-
caire blanc jaunâtre (calcaire à baculites).
] Les deux assises se trouvent dans le Hainaut (craie phospha-
tifère de Ciply, craie de Maëstricht où on a découvert les
ossements de mosasaurus.
La craie de Royan (Charente-[nférieure), les calcaires à lignite
du bassin de Fuveau, en Provence, les calcaires jaunes de
Gensac (Haute-Garonne) appartiennent au danien.
fossiles.
oiposition.
(0
4. — RE TERTIAIRE, OU NÉOZOÏQUE
Caractères. — L'ère tertiaire est marquée par une différen-
clation des conditions physiques et biologiques, jusqu'alors
uniformes; la mer est rejetée peu à peu dans ses limites
actuelles; l’Europe émerge de plus en plas: c'est l’ère conti-
nentale.
Les mouvements orogéniques ont une grande amplitude,
et les Pyrénées, les Alpes, les Apennins, les Carpathes, le
Caucase, l'Himalaya, les Alleghanys, les Cordillères achèvent
de se former.
L'activité interne, après une longue période de repos,
se manifeste avec puissance : des filons se forment et déposent
GÉOLOGIE. il
te SE Te tal 27 PS ir ER Re 7 ne CRE M à ne Pe DT n x"
66 | PRÉCIS DE GÉOLOGIE
dans l'écorce terresire des substances où en. l'or et
l'argent.
Les mammifères se développent vigoureusement: les
ammonites etles bélemnites, disparues, sont remplacées par
les gastéropodes et les acéphales. Les foraminifères œummu-
lites) prospèrent à la place des polypiers.
Les angiospermes prédominent parmi les piantes.
Divisions. — Pour fixer l’âge des dépôts et les distinguer,
on se base sur ce principe : plus le dépôt a d'espèces encore
vivantes dans la mer à laquelle on le rattache, plus il est
récent; de là les noms éocène, oligocène, miocène, pliocène,
pour caractériser les périodes de l’ère tertiaire. |
a) Éocène. — Les conditions physiques de l’époque éocène
sont les suivantes: au nord, il y a lutte de l'océan et de la
terre ferme, et formations d'eau douce ou d’eau salée abon-
dantes; au sud, il n’y a que des formations marines (calcaires
construits par les nummulites). Le climat est chaud, l'hiver
presque nul.
Puis la mer nummulitique envahit le nord, et les saisons
deviennent brülantes jusqu'au pôle, avec des périodes plu-
vieuses et tempérées; la végétation devient riche et variée; il y
a des palmiers en France et des cocotiers jusqu’en Angleterre.
_ Sous-divisions. — L'éocène comprend trois étages: le
suessonien, étage inférieur (de Soissons); l'étage parisien, et
le ligurien ou étage supérieur. Voici succinctement leur com-
position dans le bassin de Paris:
| 1° Sables et calcaires de Rilly, sables de Bracheux : les sables
! de Rülly sont blancs et purs: les sables de Bracheux (près
de Beauvais) sont gris verdâtres, riches en glaucome et
chlorite. |
Fossiles : Cyprina scutellaria, cucullea crassatina ;
Physa gigantea (fig. 43), melania inquinata (fig. 44).
2 Argiles plastiques et lignites pyriteux du Soissonnais.
Fossiles : Cyrena cuneiformis (fig. 45 et 46):
Cerithium turris, Cerithium variabile.
3° Sable de Cuise (près de Compiègne); ce sont des seblée
fins, gris jaunâtre, dits nummulitiques.
Fossiles : Nummulites planulata (fig. 41);
Cerithium acutum, Turritella edita ;
Cyrenum gravesi.
tage inférieur ou suessonien,
L
{
L
RAT 0e
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 67
1° Calcaire grossier à la base : on y rapporte le banc de Sairt-
Leu, les vergelés et lambourdes (pétris de milliolites), le
banc royal, le banc vert, le calcaire à cérithes (liais et cli-
quards).
Fossiles : Cerithium giganteum, cristatum, lapidum ;
Nummulites lævigata ;
Turritella imbricetaria (fig. 45).
2° Sables et grès de Beauchamp. — Leurs fossiles sont :
Cerithium mutabile, tricarinatum, Cordieri ;
Fusus polygonus, Fusus minax.
3° Calcaires lacustres de Saint-Ouen, dont les fossiles sont:
Limnæa longiscata (fig. 49), Planorbis rotundatus (fig. 50).
—
tage moyen ou parisien.
»
\
4
l
CHF RENEESe
FREE
HAE
(INT
ÿ},
F1G. LA. Fic. 45 et 46.
Melania inquinata. Cyrena cuneiformis.
Fic. 47. — Nummulites planulata.
68 PRÉCIS DE GÉOLOGIE |
= { Marnes infra-gypseuses, gypses el travertins (Champigny) :
2 Fossiles : Pholadomya ludensis :
e= Pachydermes (tels que le palæotherium).
Dans les régions méditerranéennes, les dépôts sont consti-
tués par des grès et des calcaires pétris de nummulites, mil-
liolites, alvéolines; on les observe à Biarritz,
à Nice, dans les massifs des Alpes et des Apen-
nins, dans les Carpathes, dans les Balkans, en
Grèce, en Égypte, en Algérie, en Perse.
b) OLIGOCÈNE. — La période oligocène est
comprise entre le principal soulèvement des
Pyrénées et la fin du régime lacustre qui à
om
GENE pprgrut
Fic. 49. Fis. 50.
Limnæa longiscata. Planorbis rotundalus.
Fic. 48.
Turritella imbricetaria.
précédé l'invasion de la mer mollassique. Le début de la
période est marqué par une invasion marine venant du
nord; la mer arrive jusqu à Bâle et jusqu'en Auvergne; cette
mer tempère le climat. Puis elle se retire; l'Europe devient
terre ferme et se couvre de grands lacs.
Dans la faune on trouve le ruminant anthracotherium
avec le palæotherium ; il n°y a pas de proboscidiens.
La flore est très riche et comprend des palmiers, des
{iguiers, des chênes, des acacias et des érables.
Sous-divisions. — L'oligocène comprend deux étages : le
tongrien à la base, et l’aquitanien. Dans le bassin de Paris,
l'oligocène a la composition suivante :
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 69
Fossile : Cyrena convexa ;
2° Des marnes vertes.
3° Meulières et calcaires de Brie (pierres de Château-Landon) ;
! 4° Marnes à huîtres, sables et grès de Fontainebleau.
| Fossiles : Ostrea cyathula, longirostris ;
1
|
| 1° A la base, des marnes anglaises jaunes à cyrènes.
Natica crassatina (fig. 51), Cerithium plicatum
(fig. 52);
Cytherea splendida, incrassata.
Calcaires lacustres de Beauce et meulières de Montmorency.
llage tongrien.
Fossiles : Potamides Lamarcki :
Limnea cylindrica:
Planorbis cornu.
Et, aquitanien.
c) MiocÈxe. — Les grands lacs se sèchent, et les vallées
fluviales commencent à se dessiner; puis le sol s’affaisse et
la mer envahit la Suisse, la vallée de la Loire, l'Autriche et
l’Asie Mineure : on l'appelle mer Mollassique ou Helvétienne,
parce que c’est dans ses eaux que s’est formée la mollasse
(grès tendres, faciles à tailler, durcissant à l'air, entremêlés
de poudingues et de conglomérats). Ensuite la mer se retire,
le sol s'exhausse graduellement ; les phénomènes volcaniques
sont fréquents : les Alpes, les Cordillères, l'Himalaya se
soulèvent.
Le climat devient plus tempéré, et la végétation est très
riche et très variée (jusqu'en Islande). |
MP er
70 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
Les mammifères sont à leur apogée : proboscidiens
{mastodonte, dinothorium) ; pachydermes (rhinocéros), nom-
breux herbivores.
Sous-divisions. — A la base, étage langhien (formation des
vallées fluviatiles) ; étage helvétien (invasion de la mer Mol-
lassique); étage tortonien (exhaussement du sol de l’Europe,
retrait de la mer Mollassique).
Sables grossiers de l'Orléanais ;
! Au dessus, argiles de la Sologne ;
Fossiles : Mastodonte, dinothérium, rhinocéros.
Faluns de la Touraine, de l'Anjou, de la Bretagne, de l'Aqui-
taine (sables calcaires très coquilliers) ;
Mollasses de la Suisse et de la vallée du Rhône.
Fossiles : Ostrea crassissima, Cardita Jouannetti.
‘ Calcaires à Hipparion, ou couches à congéries (à Pikermi en
Grèce, et dans le Vaucluse).
tage
nl
À
l
Langtien
Etage
Helvétien.
mn — — n — =
ve
A
Yota
tortonien
Fossiles : Cerithium pictum, Congeria subglobosa (fig. 53) ;
Hipparion (ressemble au cheval).
Fi6. 53. — Congeria subglobosa.
d) PuocÈèxe. — La Méditerranée, après une nouvelle inva-
sion jusqu'à Lyon, se retire définitivement et s'établit à peu
près dans ses limites actuelles ; le régime fluvial s’accentue;
les manifestations volcaniques continuent à se produire avec
une grande puissance. — Le climat, très doux, devient froid
LE a ol
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES be
{apparition des hivers); la végétation alors s’appauvrit et
émigre vers le sud.
Les éléphants, les hippopotames, les chevaux abondent avec
les rhinocéros; il y a aussi des cétacés.
Sous-divisions : étages plaisancien (à la base), astien, arnu-
sien.
L'étage plaisancien correspond à la phase marine. On y rap-
porte les marnes bleues de Fréjus, de la
Ligurie, du Vatican, le cr1g blanc d’Angle-
terre (sable coquillier).
Fossiles : Voluta Lamberti (fig. 54), Cy-
prina islandica.
L'étage astien correspond à l'établissement du
régime fluvial. On y comprend les sables
/ de l’Astésan, de la Bresse, de Montpellier et
le crag rouge d'Angleterre (de Norfolk et
| Norwich).
| L'étage supérieur est formé de graviers et de
_
tage
,
A
4
LH
plaisancien.
- ne
,
Etage
astien.
conglomérats. On y rapporte le forest-bed
d’ Angleterre, les graviers de Saint-Priest Fic. 54. = Voluta.
| (près de Chartres). Lamberti.
Fossiles : Elephas meridionalis, hippopotamus major...
Etage
arnusien,
LA
5. — ÊRE QUATERNAIRE (PLEISTOCÈNE)
Caractères. — Dans l'ère quaternaire, l’homme fait son
apparition; la flore et la faune ne changent plus, sauf
l'extinction d'un certain uombre d'espèces.
Les continents ont à peu près les formes actuelles. Mais au
début, à la suite d'un exhaussement du sol, il y a eu un abais-
sement de température dans les zones tempérées, suivi
d’abondantes chutes de pluie, qui ont donné lieu à des trans-
ports rapides d’eau et à des phénomènes d'érosion et d’allu-
vionnement. D'autre part, les neiges formées sur les hauts
sommets ont donné naissance à de grands glaciers allant de
la Suisse jusqu’à Lyon, de l'Écosse jusqu'en Scandinavie, en
Hollande et en Allemagne. Il y a eu deux époques glaciaires:
l'une, au début de l’ère; l’autre, moins rigoureuse, à la fin;
l'intervalle est l’époque interglaciaire ; l’ensemble forme la
période diluvienne.
72 PRÉCIS DE GÉOLOGIE
Ensuite la température s'est radoucie, les cours d'eau ont
pris une allure plus tranquille, et le régime actuel s'est
établi.
Faune. — Elle contient les espèces suivantes : Elephas
antiquus, Rhinoceros Marcki, Hippopotamus major, puis le
Mammouth ou Elephas primigenius à crinière, et le
renne.
Les traces de l'homme, restes de squelettes ou débris de
son industrie, apparaissent à l'époque du mammouth : c'est,
pour nos pays, l’âge des silex taillés, non polis, ou âge paléo-
lithique, suivi par l’âge de la pierre polie ou néolithique, puis
par l’âge de bronze et par l’âge de fer.
Dépôts. — 1° Les dépôts quaternaires formés par l'action
directe des grands cours d'eau et des pluies sont des allu-
vions qui couvrent les vallées ou les flancs des collines et
qui consistent en cailloux roulés et graviers à la base, sables
et limons à la partie supérieure ; c'est surtout dans les sables
et les graviers qu'ont été trouvés les fossiles.
Les limons sont : le læss, mélange intime d'argile et de
sable en petits grains, avec un peu de carbonate de chaux
et un peu d'oxyde de fer qui le colore en jaune ; au dessus
est le limon rouge ou limon à briques, argileux, sans calcaire,
avec des cailloux anguleux à la base;
20 Dans les cavernes creusées sur les flancs des vallées,
les eaux d'infiltration ont produit des stalactites et des sta-
lagmites ; les pluies et les cours d'eau ont formé des dépôts
de gravier, de sable et de limon, riches en débris fossiles;
3° Les nappes glaciaires ont donné lieu, surtout dans les
contrées septentrionales, à des dépôts formés d'un limon
argileux rempli de silex anguleux {terrain erratique du nord),
ou bien elles ont semé, à des altitudes variées, des blocs par-
fois volumineux (blocs erratiques de la Suisse et de la
Russie).
GRANDES DIVISIONS GÉOLOGIQUES 13
TABLEAU RÉSUMÉ DE LA CHRONOLOGIE GÉOLOGIQUE
ÉLÉMENTS ORGANIQUES
CARACTÉRISTIQUES
ÉRUPTIONS
TERRAINS
Règne des trilobites dans)Granites, gra-
Re 0, toute la série, des pois- nulites, syé-
Tr de. sons ganoïdes dans le) nites,diorites,
Re Fe CRUE CRUE Dévonien. \ porphyres et
= |Permo-carbonifère........ | porphyrites.
SE \Ammonites, bélemnites(Euphotides,
£ 2, - LUE RON SET EC y et brachiopodes. diorites.
5 S 1as ET ERAR - 2
=$ |Oolithe | NE jurassique. | Plantes cycadées. [Période des
» = |[Infra-crétacé. } Série cré- | Céphalopodes à tours dé-{ pos.
= [Crétacé- IMIACÉCEe EE roulés et rudistes. \
£ Pr ù | rOl1 s et
ne HPOCERE- D de -scle Mammifères, gastéro- Bones
m0 bEACene ir nus. podes et acéphales. Pate
ES Miocène 2 (Besalies pho-
En 2 PIi SE OR TRE OEIE . 5 nolites, andé-
= ROCHE Nr ES à Plantes angiospermes. Me -
Mammouth; apparition Volcans de
Pleistocène ou quaternaire.| de l’homme. . l'Italie et de
Faune et flore actuelles. l'Auvergne.
Moderne
ja onbissoung E
1 14 ;
PRO LIANT De VIQ 7 AAA: orvpo4) |
! LS EP DT À TPS SAITOM12]
Yodrig EE
ÿ (3 (Gure.Lr? sep opuebà
D: MON VA
De = VI aa
2 3019071039 31YV9
(do) 7 ce & Q
= 3 VS 4 ES | (
A À S—.
Jos LL US Ce tS
ER en NS D)
G PA
= 719 =
Ou p
= PES
{ 74 LCL 270 VERS J ‘
ST CZ es 4
44
on
VAT A a
«8 F
ch #
C=
IL TE ,
DEUXIÈME PARTIE
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
CHAPITREZI
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
Objet de la géologie appliquée. — La géologie appliquée est
le complément de la géologie pure. Celle-ci enseigne l’his-
toire des matériaux qui composent le globe. Elle fait le
dénombrement et la classification de ces matériaux. Elle
traite de la formation des calcaires, des marbres, des com-
bustibles minéraux, des minerais métalliques et met ainsi au
jour les richesses de toute nature que contient notre pla-
nète.
La géologie appliquée, qu'on pourrait aussi appeler géologie
pratique, apprend le moyen de tirer parti de ces richesses.
La géologie proprement dite satisfait seulement à un besoin
moral de l'esprit humain en faisant entrevoir quels phéno-
mènes ont dû présider à la formation de l’écorce terrestre
et quels cataclysmes l’ont affectée; la géologie appliquée
répond à des exigences matérielles d'une utilité plus immé-
diate.
C'est la science qui apprend à l'ingénieur à rechercher les
matériaux utiles renfermés dans le solet à prévoir la possi-
bilité de leur mise en valeur.
Elle correspond à des besoins impérieux du corps et de
l'esprit, tels que ceux de s’abriter dans des maisons solides,
de se chauffer à l’aide de combustibles minéraux et de fabri-
AP TL NERF D Te RS 0 ei) es ET ET à ER Es VEMRE TS ONE MAR FETE
_. = À CET - “ Æ : = = P. LS É er ne
76 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
quer avec les métaux les ustensiles utiles à la vie ménagère,
à l'agriculture, à l'industrie et aux beaux-arts.
Influence de la géologie sur les conditions d'existence des
hommes dans les diverses contrées. -- En réalité, il n'y a
pas de matières inutiles, et, si l'homme, satisfait des richesses
qu'il trouve sous sa main, laisse parfois sans emploi d’abon-
dants matériaux, 1l s'ingénie, dans des contrées moins favo-
risées, à mettre en œuvre les humbles ressources que lui
indique la géologie.
A défaut du calcaire qui lui permet, en Touraine, de sculp-
ter délicatement les beaux châteaux de la Renaissance, il
construit dans les Flandres, grâce à l'argile qu'on y trouve,
des maisons de briques, moins grandioses il est vrai, mais
solides et peu coûteuses. En Champagne, il bâtit des habita-
tions d’une architecture très pauvre, car il n’y rencontre que
de la craie, substance poreuse et sans résistance, assez
impropre à la construction. En Italie et en Grèce, les dépôts
de marbres et la lave des volcans permettent, par contre,de
construire, à peu de frais, de riches palais et d'étendre dans
les rues ces belles dalles bien unies, qui donnent aux
moindres voies un aspect propre, alors même qu'elles sont à
peine entretenues.
Et ilen est de même des autres pays, où le sous-sol géolo-
gique détermine l'architecture et, par suite, les conditions
d'existence des habitants.
Au point de vue industriel également, la mise en pratique
des méthodes de la géologie appliquée a transformé, quelque-
fois subitement et comme par un coup de baguette magique,
des régions abandonnées de l'homme ou même inconnues
de lui; telles sont la découverte de la houille dans le Nord
de la France, celle du pétrole au Caucase et en Amérique,
de l'or en Californie, en Australie et au Transvaal, du fer à
Bilbao, etc.
Les grands dépôts de matières utilisables dans l'écorce ter-
restre sont des foyers autour desquels la vie humaine atteint
son maximum dintensité et d'utilisation; la science qui
conduit à leur découverte et à leur mise en valeur est donc |
entre toutes une science de progrès et de civilisation. |
Géologie appliquée à l'étude d'un gisement. — On donne
A.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 37
le nom de gites ou de gisements aux dépôts de matières uti-
lisables que renferme l'écorce terrestre. C'est donc l'art de
découvrir et d'étudier un gisement qui sera exposé dans ce
livre.
La géologie appliquée doit, de plus, enseigner à préparer la
mise en valeur des matériaux dont l'exploitation des mines,
la métallurgie et la construction donneront l'utilisation
industrielle.
Le gisement d'une matière quelconque étant indiqué,
peut-on l’exploiter : telle est la question que l'ingénieur a
souvent à résoudre. C’est la géologie appliquée qui doit
répondre, et nos efforts vont tendre à donner, d’une facon
aussi claire et aussi générale que possible, la solution de ce
problème pour les cas principaux qui peuvent se présenter.
ÉTUDE D'UN GISEMENT
L'ingénieur chargé de présenter un rapport sur un gise-
ment déjà découvert ou d'étudier une contrée encore vierge
doit nécessairement s'inspirer des circonstances particu-
lières qui motivent sa mission, pour la direction de ses
études et la rédaction de son rapport; mais on peut cepen-
nant donner à ce sujet des indications générales utiles.
PRÉPARATION D'UN VOYAGE D ÉTUDES MINIÈRES
La préparation d’un voyage d’études minières exigera un
temps variable, suivant l'importance des gisements à étudier
ou l'étendue et l’éloignement de la région qui doit être
explorée en vue de la découverte des gisements qu’elle peut
contenir. On devra d’abord s’enquérir des travaux publiés
sur la géologie des régions à étudier et consulter autant que
possible les explorateurs qui les auraient déjà parcourues.
Outre les renseignements technique et économiques, ceux
78 GÉOLOGIE APPLIQUÉE Le
qui ont trait aux conditions climatériques et à la sécurité
des routes, etc., ne devront pas être négligés. En effet,
dans beaucoup de régions, la saison pendant laquelle peut
s’accomplir fructueusement un voyage de recherches est
nettement limitée : il faudra éviter la saison des pluies dans
les régions tropicales et se munir, en vue de la traversée des
régions peu sûres, des armes, des munitions, des protec-
tions diplomatiques ou militaires indispensables à la réussite
de l'exploration.
Dans le cas où il s'agit de gisements déjà connus et exploi-
tés, il sera nécessaire d'étudier tout ce qui aura été publié
à leur égard, de consulter, s'il y a lieu, les personnalités
techniques ou financières qui auraient fait partie des con-
seils d'administration ou du personnel dirigeant des
sociétés constituées pour l'exploitation du gisement. Après
avoir étudié la géologie générale du pays à parcourir et la
géologie spéciale du gisement considéré, on doit se préoccu-
per du matériel à emporter au point de vue des travaux de
recherches à effectuer, des essais et analyses à faire sur
place.
Matériel de recherches. — En ce qui concerne Îles
recherches, il y aura lieu de s'informer, avant le départ, sides
travaux de découverte ont déjà été faits, s'ils sont en nombre
suffisant et s'ils ont été maintenus en bon état. Si rien n’a
encore été fait, il faudra s'enquérir des ressources du pays
en fait de personnel et de matériel de sondage, d’explosifs,
d'outils de terrassiers, etc. Souvent il sera nécessaire d’em-
mener un chef mineur capable d'exécuter les travaux de
sondage au moyen des appareils que l'on trouvera sur place
ou que l’on emportera.
Sondages. — Il est souvent avantageux, quand il s’agit de
sondages importants, de traiter avec une maison s’occupant
spécialement d'entreprises de sondages, laquelle fournit
alors le personnel et le matériel nécessaires. L'importance et
la nature du matériel de sondage étant très variables, suivant
les matières qu'il s'agit de rechercher et les terrains à traver-
ser, 1l faudra s'entourer de tous les renseignements possibles
à ce sujet avant le départ. <
Un équipage de sonde peut en effet être très restreint s’il
:
ET A ee
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 79
s’agit de recherches superficielles ne dépassant pas quelques
mètres, tandis qu'il peut atteindre une importance considé-
rable dans le cas de recherches à grande profondeur.
Le chevalement sera réduit, dans le premier cas, à quelques
poutres supportant une poulie, tandis qu'il atteindra les pro-
portions d'un véritable édifice si le sondage doit reconnaître
des niveaux très profonds; il comprendra alors un échafau-
dage très résistant supportant des molettes et contenant un
treuil de manœuvre à vapeur, des bureaux, des logements et
des magasins.
La sonde sera très différente dans l’un ou l’autre cas, la
section et la longueur des tiges variant avec la profondeur,
ainsi que leur mode d'assemblage (à vis ou à enfourche-
ment). Dans le cas de sondages importants, l'emploi de
guides et de parachutes s'impose pour éviter le décentrage
du trou et le voilement des tiges. La forme et la nature des
outils d'attaque sont fonctions des terrains à traverser ; on
opérera par battage ou par rodage au moyen d'outils tran-
chants ou contondants (tarières, alésoirs ou trépans).
Dans les terrains peu consistants, le tubage des trous de
sonde est indispensable, surtout quand on doit assurer leur
permanence. On emploiera, suivant les cas, des tubes tem-
poraires ou des tubes définitifs, que l’on enfoncera par
simple superposition les uns au-dessus des autres, au moyen
de presses spéciales. Enfin, dans les cas de grands sondages,
il faudra prévoir les accidents, tels que la déviation des
trous, la rupture des tiges ou des instruments d'attaque, et
se munir d'outils de secours spéciaux, tels que coupe-tuyaux,
caracoles, cloches, etc.!.
Emplacement et nombre des trous de sonde. — On
emploiera surtout les trous de sonde dans les cas de couches
nettement stratifiées et homogènes (matériaux de construc-
tion, combustibies minéraux, etc.). L’exécution d’un trou de
sonde, pour reconnaître un filon métallifère ou un amas
1 Voir, pour plus de détails, Exploitation des Mines, par M. CoLomer
(Bibliothèque du Conducteur de Travaux publics); — ou Cours
d'exploitation des Mines, de M. HATON DE LA GOuPILLIÈRE (édition
de 1897) — et les notices rédigées par les principaux entrepreneurs
de sondage.
80 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
irrégulier, ne donnerait aucun résultat, car les matières
à étudier sont alors en couches souvent assez minces pour
que le sondage les traverse sans qu'on s’en apercoive ou
sans qu'on puisse ramener à la surface des éléments d'étude
suffisants.
L'emplacement des trous de sonde sera déterminé par les
indications recueillies à la surface, s'il y en a, ou par la con-
formation topographique de la contrée à explorer. Leur
nombre variera avec leur profondeur; il devra, en principe,
être aussi considérable que possible ; mais il est évident que,
s'il s'agit de sondages à grande profondeur, il se réduira
souvent à un ou deux, à cause de dépenses qu'entraîne
l'exécution de ces travaux.
Les débris ramenés par la sonde fourniront des indica-
tions sur la composition des terrains traversés ; il faudra les
recueillir avec soin, les laver et en examiner les fragments
à la loupe ou au microscope; on peut d'ailleurs recueillir des
indications plus précises en découpant dans les terrains des
carottes assez volumineuses au moyen d'outils spéciaux appe-
lés découpeurs et emporte-pièces. S'il s'agit de produits
liquides, on peut employer la pipette Bazin.
On tiendra un journal de sondage très soigné, de manière
à pouvoir reconstituer tout l'historique de la recherche; les
échantillons recueillis aux diverses profondeurs seront
réunis et conservés en une collection géologique permet-
tant une étude ultérieure détaillée des couches traversées:
on évitera ainsi bien souvent les pertes de temps et d'argent
que nécessiterait, quelques années plus tard, l'exécution de
nouveaux sondages, en cas d'incertitude sur les résultats des
premiers.
Cubage. — La délimitation exacte du gisement doit se
terminer par l'appréciation du volume des matières en dépôt,
ou cubage, et peut se faire au moyen de sondages, de fendues
et de tranchées; quelquefois, silesaffleurementsne permettent
pas d'orienter des tranchées de recherches, 1l faudra procéder
au creusement de puits et de galeries, si l'on prévoit que ces
ouvrages pourront fournir des indications, sans que l'on soit
obligé de leur donner des dimensions exagérées. Toutefois,
s'il s’agit d'un gite étendu et d'une matière d'un prix élevé,
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 81
on pourra pratiquer des galeries de recherches à flanc de
coteau ou bien creuser un puits et conduire des bowettes de
recherches de grande longueur dans diverses directions.
On procédera à des prises d'essai dans tous les points
intéressants : fond de galerie, fond de puits ou de tranchées.
Il sera souvent utile de conduire un travers-bancs que l’on
étendra en direction à droite et à gauche dansla veine, quand
on l'aura atteinte, en ayant soin de prévoir des rampes
d'écoulement pour les eaux et d'évacuation pour les
déblais.
Il arrive généralement que les travaux de recherches sont
utilisés pour des expertises ultérieures et même pour la mise
en valeur définitive du gisement; il faut donc veiller à ce
qu'ils puissent se conserver en bon état pendant un certain
temps en boisant les galeries et les puits, s’il y a lieu.
On devra aussi, autant que possible, faciliter l'accès du fond
des travaux au moyen de treuils à bennes, d’escaliers ou
d’échelles fixes en fer ou, tout au moins, à l’aide de quelques
échelons en bois.
La prospection d'un gisement, pour être complète, doit
comprendre outre les travaux matériels de recherches qui
viennent d’être indiqués, une étude approfondie de la géologie
etdela géographie du pays permettant de prévoir la richesse du
gisement et son exploitabilité. L'ingénieur prospecteur ne
saurait trop insister aussi sur les considérations économiques
de l’exploitation à venir, et il doit pouvoir analyser rapide-
ment les matériaux et les minéraux qu'il découvre. On
donnera ci-dessous, au sujet de ces divers points, quelques
‘indications générales, avant d'aborder l'étude de chaque miné-
ral en particulier.
Étude géologique. — On s’attachera à faire une étude
géologique aussi complète que possible de la contrée où se
trouve le gisement considéré, et on dressera une carte men-
tionnant la nature des terrains et des roches avec les failles
et les filons, en déterminant l’âge des diverses formations.
Les filons seront suivis sur toute leur longueur au moyen de
- l'examen des affleurements, combiné avec les résultats des
sondages et des percements de galeries. Les partiesriches des
filons seront notées avec soin, ainsi que toutes les variations
GÉOLOGIE. 6
82 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
d'épaisseur, de direction et de profondeur dont on pourra se
rendre compte. Les renseignements que l'on recueillera sur
place auprès des prospecteurs locaux et des industriels déjà
établis dans le pays seront du plus grand secours dans ces
recherches délicates.
L'étude géologique d'un gisement sert de base à toute son
exploitation ultérieure; il ne faut donc rien négliger pour
s'assurer de son exactitude. L’ingénieur prospecteur devra
s'appuyer sur les travaux des géologues qui l’auront précédé;
mais 1l aura soin de vérifier soigneusement leurs indications
et de contrôler l'exactitude des cartes géologiques dela région
qui, étant dressées généralement à une très petite échelle,
sont susceptibles de contenir quelques erreurs pour les zones
ordinairement peu étendues dans lesquelles on cherche à
établir des exploitations minières.
Topographie. — Pour faire une étude géologique complète
et fructueuse du gisement à explorer, il est nécessaire d’en
déterminer exactement la situation topographique; dans ce
but, on devra se procurer tous les plans, mêmeles plus anciens
quiaurontété dressés du gisementet destravaux de recherches
ou d'exploitation déjà effectués. De plus, pour les consta-
tations rapides, l'ingénieur prospecteur devra être muni d’une:
boussole de poche avec talon et aiguille d'inclinaison, ainsi
que d'un petit baromètre métallique pour déterminer les
altitudes et repérer les points qu'il devra explorer.
Étude géographique. — L'exploitabilité d'un gisement
dépend souvent de sa situation géographique; le rapport devra
indiquer les centres industriels ou les agglomérations les plus
importantes qui se trouvent dans la région à explorer; on y
mentionnera les moyens d'y accéder par chemin de fer, par
voie d’eau ou par les routes, en notant les distances compa-
ratives et le prix de revient des divers modes de transport
existant ou à établir. Si l'on se trouve au voisinage de la mer,
il pourra y avoir intérêt à relier la mine au rivage par une
route ou par une voie ferrée, ou à construire une estacade
pour faciliter l’embarquement des minerais, surtout s'il s’agit
d'une exploitation devant porter sur un tonnage considérable
et exigeant des moyens de transport puissants. La facilité des
communications permet d'installer les machines à peu de
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 8937
frais, et parfois on se trouve obligé d'abandonner des gîtes
intéressants, parce que l’on est dans l'impossibilité d'amener
à pied d'œuvrele matériel d'exploitation nécessaire. La diffi-
culté des communications est d’ailleurs un obstacle à l’ap-
provisionnement des travailleurs que l’on devra payer en
conséquence et que l’on recrutera avec peine, s’il s’agit d'un
pays dénué de ressources.
Il est de la plus haute importance, avant d'entreprendre la
prospection d’une contrée, de se munir des cartes à grande et
à petite échelle, les mieux faites, les plus détaillées et les plus
récentes qui aient été publiées sur cette région.
Hydrologie. — Une question importante est celle du régime
hydrologique de la contrée. Pour certaines exploitations, il
est indispensable de disposer soit d'un cours d’eau, soit de
sources abondantes. Si l’on a besoin d’une force motrice
considérable, il peut être très intéressant de créer des déver-
soirs, pour l'établissement de moulins ou de turbines desti-
nés à servir de moteurs. On pourra ainsi actionner des
dynamos, permettant de transporter sur le carreau de la
mine l'énergie électrique nécessaire à la commande de ven-
tilateurs, de bocards, voire même de machines d'extraction,
ainsi qu'à l'éclairage des chantiers. Il faudra donc étudier
avec soin le régime des cours d’eau avoisinants, se faire ren-
seigner sur l'importance de leurs crues, qui peuvent être
nuisibles aux travaux de la mine, ainsi que sur leurs périodes
de sécheresse, qui peuvent arrêter, par manque d’eau, les
usines de force motrice.
Recrutement du personnel. — La question du recrutement
de la main-d'œuvre est également primordiale. Dans certains
pays il existe une population, habituée de longue date aux
travaux miniers, qui fournira une main-d'œuvre abondante
et entendue. Dans d’autres régions, au contraire, le caractère
essentiellement agricole de la population rendra impossible
le recrutement sur place, et on sera obligé de faire venir à
grands frais le personnel dont on aura besoin.
Si le pays est malsain, ce personnel sera très exigeant, et
on devra s'attendre, surtout dans les premiers temps de
l'exploitation, à le voir diminuer, par suite de la mortalité et
des rapatriements.
#
84 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Il faudra se rendre compte des conditions d'hygiène du
pays et s'enquérir des maladies endémiques et des épidémies,
si fréquentes dans les pays intertropicaux.
L'extrême chaleur et des froids rigoureux, ainsi que les
saisons pluvieuses prolongées, ralentissent ou arrêtent,
pendant une partie importante de l'année, les travaux de
mine et les transports; on doit donc en tenir le plus grand
compte dans l'établissement d'un projet d'exploitation.
Considérations économiques. —. Il est nécessaire, dans une
exploitation, de pouvoir disposer de bois en planches, en
poutres et en poteaux, soit pour les soutènements dans les
galeries, soit pour la construction de hangars ou d’habita-
tions ouvrières, permanentes ou temporaires. On étudiera
donc l'importance des forêts, et surtout la nature des essences
et les dimensions des arbres qui les composent. Il sera utile
aussi de connaître les centres industriels qui ont fourni le
matériel des installations voisines, s’il y en a: de s'enquérir
des droits de douane, des prix du fret, du moyen de déchar-
gement dans les ports, et, en général, de tous les éléments
nécessaires pour calculer, le plus exactement possible, le
prix de revient des machines et des matériaux de construc-
tion, rendus à pied d'œuvre. On pourra avoir besoin de ces
renseignements, pour établir des constructions métalliques,
“ou pour installer l'extraction ou la préparation des minerais.
Aucun détail ne doit être omis, et il sera très important de
connaître le prix de la main-d'œuvre, ses variations possibles
et leurs causes, les besoins du pays, le développement de son
industrie, ses importations et ses exportations, sa législation
minière, son organisation politique et administrative, et de
se rendre compte de l'accueil qu'y recoivent les chefs d’in-
dustrie et les ouvriers étrangers. En un mot, l'ingénieur
prospecteur devra s'attacher, pour l'étude d'un gisement,
non seulement à des considérations géologiques, mais encore
à toutes les indications susceptibles de le renseigner complè-
tement sur le prix de revient et sur le prix de vente pro-
bables du minerai ou de la roche à exploiter.
Prise d'essai. — On devra apporter le plus grand soin
dans le choix des points où l'on prélèvera les échantillons
et faire tous ses efforts pour arriver à une moyenne exacte
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES "85
par des attaques multiples. IL faut se prémunir contre ies
différences de compacité des diverses roches, surtout quand
on prélève des échantillons au moyen de coups de mine;
la portion du gîte abaltue par un explosif contiendra
souvent plus de matières utiles que n’en contient le gise-
ment en moyenne, parce que les sulfures et les chlorures
minéraux, par exemple, sont en général plus tendres et plus
portés à s'effriter et à tomber que les roches encaissantes ;
on devra donc, dans ce cas surtout, multiplier les prises
d'essai et faire broyer une quantité importante de minerai,
sur laquelle on prélèvera des échantillons définitifs, par l’une
des méthodes suivantes :
1° Pour une prise d'essai méthodique, on fait avec le
minerai un tas circulaire de 1 mètre de haut et de 8 à
10 mètres de diamètre, puis on pratique une tranchée sui-
vant un diamètre ; on pulvérise les matières qu'on en retire,
Elévation..
AIX Z_ HN
TZ
j LE 2 CULÉ AZ Z
HTC TE ETAT ENNTTEE
RL
"
Fi6. 55. — Prise d'essai Fic. 56. — Prise d'essai sur tas rectangulaire.
sur tas circulaire.
et on fait un nouveau tas sur lequel on recommence la
méme opération, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu'on n'ait plus
que 2 à 3 mètres de matières, présentant bien la composition
moyenne (Voir fig. 55);
2° On peut aussi opérer sur des tas rectangulaires, suivant
la méthode allemande, Le tas à 1 mètre de haut, 3 à 4 mètres
Tears GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de large et8 à 10 mètres de long; sur la surface on dessine un
damier et on enlève le minerai compris dans un certain
nombre de cases systématiquement choisies (Voir fig. 56).
Sur le minerai ainsi prélevé, on fait de nouvelles prises,
Jusqu'à ce qu’on n’en ait plus que la quantité voulue ;
3° Aux États-Unis, on a essayé, pour les métaux précieux,
de faire des prises d'essai mécanique.
Le minerai versé dans une trémie tombe sur la pointe d'un
cône ; au moyen d'une glissière ou d'un secteur évidé on
isole ce qui tombe sur un dixième de la circonférence.
L'analyse chimique ou minéralogique fournit ensuite la
composition exacte du minerai.
Essais sur place. — Laboratoire de voyage. — Outre les
analyses, que l’on fera effectuer dans des laboratoires spé-
ciaux, officiels ou non, il sera bon de procéder sur place à
divers essais et même à des analyses rapides, surtout s'il
s’agit de gisements non encore reconnus, il y aura lieu de
faire les essais tantôt par voie sèche, tantôt par voie humide.
Il sera donc indispensable d’emporter avec soi un matériel
de laboratoire, réduit au strict nécessaire, si la région à
explorer est éloignée de tout centre industriel.
Au premier rang des appareils indispensables à tout pros-
pecteur, il faut placer une paire de bonnes balances, avec des
séries de poids correspondants. L'une, pour les pesées déli-
cates, pourra peser, par exemple, { gramme au centième de
milligramme près, et l’autre pourra peser 2 ou 300 grammes
au centigramme près. Le laboratoire portatif devra com-
prendre, en outre, les ustensiles nécessaires pour pulvériser
les roches (mortier en fonte, en porcelaine, pilons, marteaux,
enclume en acier, ciseau à froid) et pour faire des essais par
voie sèche et des coupellations (coupelles, moules à cou-
pelles, moufles, creusets, fourneau à moufles, pinces à
creusets, pinces à coupelles, pinces et brosses à boutons,
tubes à essai, scarificateur, moules et pinces à scarificateur).
Pour les essais par voie humide, on prendra des capsules,
des ballons d'essai, des burettes, des flacons séparateurs ;
comme produits indispensables, du borax ordinaire et vitri-
fé, du plomb à essayer, du plomb granulé, de la litharge
(10 kilogrammes), du bicarbonate de soude (10 kilogrammes);
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 87
de l'azotate de potasse (2 kilogrammes), de la cendre d'os
(10 kilogrammes), de l'argent en lamelles (25 grammes), de
l'acide chlorhydrique (3 litres), de l'acide azotique (3 litres),
de la silice, de l'ammoniaque et du sulfure d’ammonium.
On pourra fabriquer soi-même les coupelles, au moyen
d'un moule spécial dans lequel on comprimera avec un:
mandrin la cendre d'os humide. A la rigueur, on peut pré-
parer soi-même la cendre d’os en brülant des carcasses de
moutons ou de chevaux.
Enfin l’on devra se munir d'un microscope polarisant et
de ses divers accessoires, tourmaline, mica-quart-d’onde,etc.,
si l'on veut procéder à un examen micrographique des
roches rencontrées. Pour reconnaître rapidement les espèces
minérales d’après leur dureté, on se servira d’une pointe
d'acier. L’essai au tube ouvert se fera dans des tubes à essais
en verre, que l’on soutiendra au moyen d'une pince en bois
au- faste de la flamme d’une lampe à alcool.
Essai au chalumeau. — Une excellente méthode d'infor-
mation est l’essai au chalumeau, soit avec le borax, soit avec
le sel de phosphore. Suivant l'aspect des perles obtenues, on
peut déterminer la plupart des espèces minérales d’une
manière très nette et très rapide; on trouvera dans l'Agenda
du Chimiste, publié par la maison Hachette, tous les rensei-
snements nécessaires pour les essais au chalumeau.
Il n'est cependant pas inutile de citer ici un résumé des
diverses opérations de l’analyse au chalumeau, qui permettra
au prospecteur de reconnaître en quelques instants le mi-
nerai qu'il aura rencontré.
ESSAI AU CHALUMEAU
RÉSUMÉ DES DIVERSES OPÉRATIONS
I. Examen. du minerai chauffé dans un tube fermé.
IE — — — — ouvert.
HIT. Examen sur le charbon sans réactif. d
IV. — — avec réactif.
V. Sur la.pince à bouts de platine.
VI Sur le fil de platine avec borax ou sel de phosphore.
a A SRE ENS A
"-88 : So neee APÉTIQUÉE
Ï. — EXAMEN DANS LE TUBE FERMÉ
Gypse (CaOS0? L 24q). — Dégagement d'eau.
Pyrile (FeS?). — Dégagement de : S.
Mispickel (FeAsS). — Sublimé rouge de sulfure d’As, puis sublimé
métallique d'As.
Cuivre gris [SbS + 4(Cu?Fe)S1. — Sublimé rouge de sulfure
de Sb. |
Cinabre (HgS). — Sublimé de sulfure de Hg. Si on le mélange à la
soude, on obtient du Hg.
IT. — EXAMEN DANS LE TUBE OUVERT
Smalline (cobalt arsénical). — Sublimé d'acide arsénieux, puis
fumées blanches.
Cuivre gris. — Sublimé d'oxyde d'antimoine et dégagement d'acide
sulfureux.
III. — ESSAIS SUR LE CHARBON SANS RÉACTIF
1° Réduction
Cérusite (PbO,C0?). — Fondet donne du plomb.
2° Grillage
Chalcosine (Cu?S). — Fond, dégage de l'acide sulfureux.
Cuivre gris. — Fond, dégage de l’oxyde d'antimoine et de l'acide
sulfureux.
IV. — Essais SUR LE CHARBON AVEC RÉACTIFS
1° Réduction avec la soude
Pyromorphite (plomb phosphaté). — Donne du plomb métal-
lique.
Malachite (cuivre carbonaté vert). — Donne du cuivre.
2 Réduction avec soude et oxalate de potasse
Étain oxydé. — Etain.
3° Essais sur le charbon avec réactif au nitrate de cobalt
Giobertite {magnésie carbonatée). — Prend une coloration rose
pâle.
Zincenise (zinc hydrocarboné). — Prend une coloration verte.
Kaolin (silicate d'alumine hydraté). — Prend une coloration bleue.
vols pes Di Flrlee
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 89
V. — ESSAIS AVEC LA PINCE A BOUTS DE PLATINE
4° Fusibililé
Mésotype (hydrosilicate d'alumine et de soude). — Fond facile-
ment et colore la flamme en jaune.
Grenat almandin (silicate d'alumine et de FeO). — Fond assez faci-
lement et devient noir et magnétique.
Epidote (silicate d'Al203,Fe?0%, CaO + un peu d’eau). — Fond assez
facilement en une masse noire.
_Orthose (silicate d’'Al203 et de KO). — Fond difficilement sur les
bords.
2° Coloration de la flamme
Lépidolile (mica lithifère'. — Flamme rouge.
Withérite (baryte carbonatée). — Flamme vert pâle.
Strontianite (strontiane carbonatée\. — Flamme rouge.
VI. — ESSAIS SUR LE FIL DE PLATINE AVEC BORAX
Acerdèse (H?0,Mn°?03). — Perle rouge améthyste, incolore à la
réduction.
Malachite. — Perle bleue, rouge au feu de réduction.
Oligisle. — Perle jaune, vert bouteille à la réduction.
Smalline. — Après grillage, le globule donne successivement, sur
__ la coupelle, les réactions du fer, du cobalt et du nickel.
Fe — jaune
Éo— bleu
Ni = brun.
On doit à M. Stanislas Meunier un moyen original de
reconnaître exactement, sans aucune difficulté et sans ana-
lyse compliquée, tout minerai et toute roche rencontrés au
cours d’une prospection. (Voir la Lithologie pratique, par
St. MEUNIER; Dunod, éditeur; pages 176 à 198.)
Les prospecteurs qui auront employé une fois ce procédé
d'investigation s’en serviront constamment par la suite.
90 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
DIVISIONS DE CE TRAITÉ DE GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Après cet exposé indispensable pour fixer les idées de
l'ingénieur géologue, quelle que soit la prospection qu'il peut
avoir à accomplir, recherche de roches, de matériaux de cons-
truction ou de minéraux quelconques, cet ouvrage compren-
dra l'examen successif des divers matériaux que renferme
notre globe, et qui sont susceptibles d’être utilisés par l’in-
dustrie, les arts ou les divers besoins de l'humanité, et l’in-
dication, pour chacun d’eux,des particularités les plus intéres-
santes, qui ont été constatées jusqu'à ce jour dans les
gisements exploités ou même seulement reconnus.
Classifications diverses. — Pour la classification des ma-
tières que l’on doit étudier dans ce traité, nous pouvions
choisir entre quatre systèmes correspondant respectivement
aux caractères chimiques, géologiques, géographiques et
aux applications pratiques de chaque minéral.
I. La classification chimique, qui est souvent employée,
présente de nombreux inconvénients pour l'étude qui nous
occupe.
Des corps dont les affinités chimiques sont indémiables,
comme le carbone et le bore, ont des gisements ne présentant
aucune analogie. Certains éléments qu'amène la nomencla-
ture chimique n'ont aucune importance minéralogique,
l’iode, par exemple, tiré exclusivement des cendres de varech,
d'ordre végétal par conséquent; d’autres, comme l'oxygène,
le corps le plus répandu à la surface de la terre et celui dont
l'influence chimique est prépondérante, doivent être forcé-
ment passés sous silence dans un traité de géologie appliquée.
De plus, les composés binaires se rencontrent deux fois:
le chlorure de sodium, s’il est étudié à propos du sodium,
devrait au moins être cité au chapitre du chlore. Les sili-
cates sont séparés de certains aluminates auxquels les
rattachent cependant une série de composés mixtes et de
roches complexes.
IT. D'autre part, la classification ne peut reposer sur des
* CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 91
caractères géologiques. Un même corps, la pyrite cuivreuse
par exemple, est d'origine filonienne à Rio-Tinto, tandis
qu'au Rammelsberg, dans un gisement très analogue, il est
d'origine nettement sédimentaire. — L'or, l’un des métaux
les plus anciens, se rencontre dans des filons de quartz
appartenant à l’ère primaire dans les conglomérats cam-
briens des montagnes Rocheuses, par exemple; ce même
métal se retrouve dans des filons aurifères de la Transylva-
nie, du Colorado, de l'Autriche, qui appartiennent à la fin de
l'ère tertiaire.
Il en est de même pour l’étain, qui se rencontre dans des
granulites dévoniennes et aussi dans des couches tertiaires
de Toscane.
Le mercure, le plomb, etc., se rencontrent dans des
terrains appartenant à des formations tout à fait différentes.
Certains minerais, d’origine uniquement sédimentaire,
appartiennent aussi très souvent à différents âges géologiques
(houille, calcaire, etc.).
IT. On pourrait, à la rigueur, admettre une classification
géographique permettant à l'ingénieur qui séjourne dans
une contrée de retrouver facilement tous les gisements qui
se trouvent dans son voisinage. Mais cette classification pré-
sente divers inconvénients :
L'ingénieur ou le conducteur de travaux publics, par
exemple, n'aura besoin que de renseignements sur les
matériaux de construction, granite, pierres à chaux ou à
ciment, calcaires, ardoises, etc., et, dans les divers chapitres
de la classification géographique, ces renseignements se trou-
veront noyés au milieu d'indications sur les minerais métal-
lifères ou autres.
Ce même agent ne pourra pas embrasser rapidement, dans
un ouvrage ainsi disposé, l’ensemble des gisements des
matériaux qui l'intéressent, ni découvrir, par suite, les gise-
ments des contrées voisines auxquels il pourrait avoir recours.
Si la contrée qu'il habite ne possède pas de calcaire
donnant l'espèce de chaux dont il a besoin, la chaux hydrau-
lique, par exemple, il faut qu'il puisse trouver facilement
dans quelle contrée voisine il rencontrera l'argile, dans
quelle autre le carbonate de chaux, qui pourront lui fournir,
RC PT I ES EE TRE DR UT EI ET M M ET Re SL SE SOURIS
92 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
après mélange et calcination, la chaux hydraulique dont il
aura besoin.
Il est évident aussi que la recherche ou l'étude de DE
sources minérales, par exemple, sera facilitée si, dans un |
traité de géologie appliquée, on trouve au même chapitre
toutes les indications sur les venues thermales, sans avoir à
compulser tout l'ouvrage pour y étudier le régime des eaux
minérales dans chaque contrée.
IV. En présence de la presque impossibilité d'établir une
classification rationnelle, il paraît sage de se contenter d’une
classification pratique.
Notre nomenclature ne comprendra, du reste, que les corps
qui se présentent en masse importante dans la nature ouqui
ontdansles arts une utilité particulière. On ne traitera pas de
métaux tels que le ruthénium, dont l'histoire n'appartient
pas plus à la géologie que sa préparation ne dépend de la
métallurg'e, etil a paru inutile de s’appesantir sur des corps
tels que le sélénium, qui est d’un usage très restreint, non
plus que sur certains autres corps, tels que ceux que l’on ne
trouve, comme l'iode,que dans les eaux de la mer et en bien
faibles proportions.
La plupart de ces corps sont du domaine de la chimie
industrielle plutôt que de la géologie.
Classification adoptée. -— La classification adoptée dans ce
traité de géologie pratique est basée sur l’utilisation des maté-
riaux. Les plus employés etles plus répandus seront examinés
tout d'abord; ainsi les premiers chapitres traiteront des
matériaux de construction et des minerais employés pour la
métallurgie; les chapitres suivants comprendront les com-
bustibles, les hydrocarbures, les minéraux employés dans les
industries chimiques et dans l'agriculture et, en dernier lieu,
sera placée l'étude des minerais des métaux rares et des
pierres dites précieuses.
Divisions des chapitres. — Dans chaque chapitre les mi-
néraux seront classés suivant leur importance industrielle ;
pour chacun d'eux, on indiquera successivement :
1° Les caractères distinctifs du corps à étudier et les pro-
priétés physiques et chimiques permettant de le recon-
naître ;
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 93
20 Les divers usages et les conditions d'emploi du corps et
de ses composés ;
3° Les divers minerais d'où il peut être tiré, avec leur géo-
-génie, s'il y a lieu;
4° Les gisements connus exploités ou non, la description
détaillée des principaux d’entre eux et des modes d'exploi- :
tation employés,avec leur prix de revient ;
5° La production de chaque minerai pendant les dernières
années avec le prix de vente, pour le monde entier, et des
renseignements statistiques, économiques et commerciaux
pour les principales exploitations ;
6° Une bibliographie complète pour chaque corps, permet-
tant de trouver les renseignements les plus récents et les
plus détaillés pour les matériaux et les minerais dont on
veut approfondir l'étude.
L'on rencontrera, au cours de.cet ouvrage, un certain
nombre de renseignements empruntés aux études si docu-
mentées et si complètes de MM. Nivoit (Géologie appliquée à
l'art de l'ingénieur), Stanislas Meunier (Géologie pratique),
Haton de la Goupillière (Cours d'exploitation des mines) et de
Lapparent (Traité de Géologie); aux documents laissés par
M. Fuchs, ingénieur en chef des Mines, et surtout au cours
professé à l'École supérieure des Mines de Paris par notre
éminent maître, M. L. de Launay.
Nous renvoyons à ces divers auteurs ceux de nos lecteurs
qui voudront étudier plus complètement un des gisements
qui n’aura pu souvent être qu'effleuré dans le cadre restreint
de cet ouvrage.
A ces diversessources de renseignements nous avons joint
le résultat de nos recherches et observations personnelles
faites au cours de fréquentes missions et de voyages
d’études dans divers pays et pour de nombreux minerais, tels
que, notamment: :
Les gisements hydrocarburés, pétrole, asphalte, bitume,
ozokérite, etc., de la Galicie, la Hongrie, l'Italie, la
Limagne, l'Hérault, les Landes, etc.; les gisements houillers
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
et anthracifères de France et de Belgique, les lignites de
Hongrie, de Styrie, d'Autriche, d'Allemagne et d'Italie, les
ardoisières des Ardennes, les gîtes manganésifères des
Pyrénées; divers gisements de minerais de fer ; les minerais
de plomb argentifère de Freiberg;les marbres du Boulonnais
et de l'Italie et les calcaires de Soignies, d'Écaussine, etc.
Nous espérons que leslecteurs de la Bibliothèque du Con-
ducteur de travaux publics pourront trouver dans cet ouvrage
quelques renseignements qui leur seront utiles pour leurs
travaux, soit comme constructeurs, pour les matériaux qu'ils
auront à employer, soit comme prospecteurs, pour les gise-
ments qu'ils auront à reconnaître en vue d'une exploitation à
venir. |
Le Précis de Géologie générale qui précède ce Traité de
Géologie et de Minéralogie appliquées renferme des éléments
de minéralogie et de paléontologie. Cet abrégé de géologie,
très succinct, contient les principaux renseignements sur la
formation du globe terrestre et sur les divers terrains que
renferme notre planète, avec leur ordre de dépôt. On y
trouvera tous les éléments nécessaires à l'étude des terrains
où l'on rencontre les minéraux dont les gisements sont passés
en revue dans les chapitres qui vont suivre.
CHAPITRE Il
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION ET ROCHES
EMPLOYÉES DANS LES TRAVAUX PUBLICS
Ce chapitre comprend l'étude des matériaux de construc-
tion et des matières employées dans les travaux publics ; on
en exceptera les minerais métalliques, qui ne sont générale-
ment utilisés dans les constructions qu'après une transfor-
mation préalable; ces minerais feront l’objet du chapitre
suivant.
On peut diviser cette étude, pour plus de facilité, en deux
parties principales, d’après l’origine et la formation des ma-
tériaux :
1° Les roches ignées ou éruptives ;
2° Les roches sédimentaires.
Définition. — On appelle roche une substance minérale
assez répandue dans la nature pour pouvoir être considérée
comme parlie intrinsèque de l'écorce terrestre.
Caractères généraux des roches. — On trouvera, dans
le premier chapitre de ce traité, le moyen de reconnaître la
roche ou le minerai que l’on veut exploiter ou employer; on
ne reviendra pas ici sur ce point; mais il est utile, en ce qui
concerne particulièrement les roches, de se rendre compte
rapidement de certaines de leurs propriétés et de leurs qua-
lités relatives à l'emploi auquelelles sont destinées.
Ces diverses propriétés sont:
PRE D EE Le CU OS. PAT ST of ee LE PT IT PT SE AA HIS
. Er» NU r
r 227 Ge
TRES _ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La dureté, la résistance, la ténacité, la flexibilité, la den-
sité, la structure, l'homogénéité, l’altérabilité sous l'influence
des éléments atmosphériques, de la chaleur ou de la gelée.
Selon la propriété prédominante dans chaque roche, on
l'emploie comme fondations, comme pierre à bâtir pour les
habitations ou pour les monuments plus durables, comme
couverture de bâtiment, comme pavage des rues, bordure
des trottoirs ou empierrement des routes, ou comme déco-
ration des éditices.
On indiquera, pour chaque roche, les dañte qui lui sont
propres et qui la font er he plus particulièrement
pour les divers besoins des constructions ou des travaux
publiés.
PREMIÈRE PARTIE. — ROCHES ÉRUPTIVES OU IGNÉES
On peut voir, dans le Précis de Géologie qui précède ce
Traité de Géologie et de Minéralogie appliquées, que les roches
éruptives ont été classées en roches anciennes et modernes,
acides et basiques. Une classification aussi détaillée, indis-
pensable pour l'étude théorique des roches, l’est beaucoup
moins au point de vue de leur utilisation, qui seule intéresse
le constructeur. Pratiquement la composition microscopique
est indifférente; au contraire, l'apparence peut jouer un
rôle important, aussi distinguera-t-on les roches éruptives
en trois catégories, suivant leurs caractères extérieurs.
On appellera roches granitiques, les roches formées d'élé-
ments de grandeur de même ordre; porphyriques, celles
qui présentent de grands cristaux tranchant sur une pâte,
quelle que soit, d’ailleurs, la nature de cette pâte ; et, enfin,
roches volcaniques ou laves, les roches vitreuses sans cristaux.
1° ROCHES GRANITIQUES
Les roches granitiques sont formées de trois éléments
principaux : quartz, feldspath et mica, ce dernier pouvant
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 97
être remplacé par différents minéraux magnésiens, par
exemple par de l’amphibole. Elles sont formées de cristaux
soudés entre eux, qui se cassent suivant des angles très
aigus, et elles présentent un poids spécifique élevé, de
2.600 kilogrammes au moins par mètre cube.
Elles ne font pas effervescence sous l’action des acides et
durcissent au feu sans donner de chaux ni de plâtre.
Gisements.— Le granite (fig. 57),très abondant àla surface
du globe, l'est certainement
davantage encore aux niveaux
inférieurs,puisqu'ils’est formé
en profondeur sous des pres-
sions considérables et qu'il a
fallu des accidents particuliers
pour l’amener au jour; de plus,
comme son apparition à com-
mencé aux époques les plus
reculées de l'histoire géolo- Fic. 57. — Granite.
gique, il a dû en bien des points
être recouvert par des formations plus récentes. Le gneiss
et le micaschiste, qui sont des roches granitiques, forment
l'écorce primitive qui s’est étendue sur toute la surface du
globe.
Le granite apparait principalement dans les régions mon-
tagneuses d'Angleterre, d'Écosse, de Scandinavie, de Fin-
lande, de Bohême, de Wurtemberg et d'Espagne. En France,
on l’exploite plus particulièrement en Bretagne, en Nor-
mandie, dans l'Auvergne, le Limousin, les Vosges, la Côte-
d'Or, les Pyrénées et les Alpes.
A. — GRANITES EMPLOYÉS DANS LA CONSTRUCTION
L'usage le plus fréquent du granite est celui qu’on en fait
dans les constructions. Il s’y prête parfaitement, à cause des
trois propriétés qu'il réunit à un haut degré : dureté, résis-
tance, élasticité ; il les doit à ses trois éléments : le quartz,
qui forme un squelette dur; le feldspath, qui constitue un
GÉOLOGIE, 7
His GÉOLOGIE APPLIQUÉE
élément donnant la résistance; le mica, qui lui communique
son élasticité.
La résistance à l’écrasement est d'autant plus grande que
le grain est plus fin : pour les granites à petits éléments
prenant bien le poli, elle peut s'élever à 1.500 kilogrammes
par centimètre carré; pour des granites grossiers, elle est
encore de 500 kilogrammes par centimètre carré, ce qui
représente sept à dix fois la résistance du marbre blanc
veiné le plus dur.
L'inconvénient de ces matériaux est la dificulté de la
taille, qui en élève beaucoup le prix. Le granite vaut, à Paris,
de 200 à 250 francs le mètre cube. L'exploitation du granite
se fait à l’aide des fourneaux de mine, au moyen desquels
on en fait sauter de grands quartiers ; on taille aussi les faces
extérieure et supérieure, et on fait éclater avec des coins en
bois qu'on imprègne d’eau pour les faire enfler.
Le granite est particulièrement propre à la construction
des monuments auxquels on veut assurer la durée; on peut
citer les suivants : l'abbaye du Mont-Saint-Michel, qui a été
sculptée dans le granite de Normandie, malgré le voisinage
des excellents calcaires du Calvados; le couvent de l’Escurial
esten granite de Guadarrama; la cathédrale de Saint-Péters-
bourg, la colonne de l'Empereur Alexandre et les fortitica-
tions de Cronstadt sont en granite de Finlande; malheureu-
sement les granites de Finlande ne sont pas absolument
inaltérables; au cours des variations de la température, ils
s'effritent par suite de la kaolinisation du feldspath.
DIFFÉRENTES VARIÉTÉS DE GRANITE. — Différentes variétés de
granite peuvent être utilement employées dans la cons-
truction :
Prorocixe. — En Savoie, près de Saint-Jean-de-Maurienne,
les carrières d'Épierre donnent un granite blanchâtre nuancé
de vert appartenant à la variété dite protogine (fig. 58), très
employée dans la région jusqu'à Lyon et Saint-Étienne. Ce
granite a servi à construire le soubassement de la banque de
France à Chambéry. Sa résistance à l’écrasement est d’envi-
ron 1.200 kilogrammes par centimètre carré. Son prix varie de
35 à 40 francs le mètre cube sur carrière. Les exploitations
de Bonjean, dans la Côte-d'Or, produisent un très beau granite
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 99
à feldspath rose ; elles ont fourni le piédestal de la statue” de
Vercingétorix, à Alise-Sainte-Reine.
Fi6. 58. — L'’aiguille verte (mont Blanc). Protogine.,
LEepTynite. — Près d'Annonay, dans l’Ardèche, on exploite
une leptynite très dure, blanc grisâtre, à grain fin; on en
a construit les ouvrages d'art et les églises de la région.
SyÉNITE. — La syénite, qui est un granite où le hornblende
remplace le mica, doit à cette circonstance d’être susceptible
d’un beau poli qui la rend propre à l’ornementation.
Les fûts de colonne du vestibule de l'Opéra sont en syé-
nite rouge-corail provenant de Servance (Haute-Saône). On y
trouve aussi une autre variété appelée granite feuille morte
dont sont faites les colonnes du square des Arts et Métiers et
celles de l’avenue de l'Observatoire.
Des environs de Remiremont dans les Vosges on exporte
aussi, au loin, une syénite feuille morte; on peut en voir un
échantillon dans le dallage du Panthéon. Le prix de revient
du mètre cube poli est de 100 francs à Épinal.
Les Égyptiens préféraient pour leurs constructions le gra-
nite au calcaire, et, bien qu'ils eussent celui-ci à leur disposi-
tion, ils faisaient venir un beau granite rouge amphibolifère
des environs de Syène, ville d’où vient le nom de syénite.
C’est avec cette pierre qu'est édifié l’obélisque de Louqgsor
100 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dont le piédestal sort des carrières de Lober dans le Finis-
tère. De ces grandes carrières qui occupent plus de trois
cents ouvriers, on tire un beau granite gris clair prenant
bien le poli.
DioriTe. — La diorite, qui contient beaucoup de mica, se
polit moins facilement; mais le mica lui communique une
belle couleur noire, qui la fait apprécier pour les monuments
funéraires.
KERSANTITE. — La kersantite, qui décore aussi beaucoup de
cimetières, se rencontre souvent dans les églises gothiques
et les calvaires de la Bretagne.
Eupnorine. — L'euphotide est exploitée dans le Piémont;
elle a servi à élever la chapelle des Médicis et l’église San
Lorenzo, à Florence.
Le gneiss et le micaschiste sont trop feuilletés pour entrer
dans la composition des monuments. Dans le Limousin et
la Toscane on les utilise comme moellons ; ils ont l'avantage
de se débiter facilement suivant des plans parallèles.
B. — GRANITES EMPLOYÉS DANS LES TRAVAUX PUBLICS
Le granite est encore employé dans l'exécution des travaux
publics; il ne craint ni l’action de l’eau douce, ni celle de
l’eau de la mer, et est particulièrement indiqué pour les
travaux de port et les murs de quai.
Pour le port de Cherbourg on s'est servi d'une syénite
porphyroïde rose provenant des carrières de Fermonwville,
dans la Manche. Le prix de revient n’était que de 30 francs
le mètre cube pris à la carrière.
C. — GRANITES POUR PAVAGE
Les qualités de résistance à l'usure et d’élasticité, que le
uranite doit à sa composition, le rendent encore propre à
faire des dalles, des bordures, et à servir à l’empierrement
des routes.
PEGMATITE. — À Paris, on se sert, pour le dallage, d'un
granite à grains fins, riche en mica, qu'on trouve abondam-
dx Éd
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 101
ment en Normandie et en Bretagne. Des carrières de Beltière,
près Vire, on tire pour l’'empierrement une pegmatite, ou
roche à gros cristaux, dans laquelle le quartz et le feldspath
de couleur blanche prédominent.
Hyazomicte. — L'’hyalomicte des environs de Lamballe, en
Bretagne, sert au même usage. C’est un granite sans feld-
spath. Aux carrières d'Épierre dont il a été question à pro-
pos de la protogine, on exploite aussi une diorite pour pavés.
L'hyalomicte doit à l’amphibole une ténacité particulière;
mais, à l'usage, elle devient polie et glissante.
MixETTE. — On exploite dans les Vosges, pour l’empierre-
ment des routes, un granite micacé appelé minette, qui est
brunätre, très tenace, mais qui se GÉRRCNE Re quelquefois par
la is de ses éléments.
Le prix de revient de ces divers matériaux varie de 30
à 80 francs pris à la carrière; la taille de la face supérieure
coûte 25 francs le mètre carré à Paris, transport et taille
compris; pour les dalles et bordures de trottoirs, il faut
compter 150 francs le mètre cube.
FELDsPATH (pétrosilex). — On peut ajouter à cette série de
roches le feldspath, qui est un des trois éléments constitutifs
du granite.
Le feldspath orthose est très dur et bien homogène à
l'état compact; il est connu sous le nom de pétrosilex. Il
est alors impur et présente des cassures écailleuses. Il res-
semble au silex dont il ne peut être distingué que par sa fusi-
bilité au chalumeau.
Le pétrosiler est employé spécialement pour l’empierrement
des routes et la préparation du macadam. Chez les Anciens
et encore aujourd'hui chez les Esquimaux, on en fait des
armes et des instruments. Quelquefois il sert dans les cons-
tructions comme pierre d'appareil.
On trouve le pétrosilex, appelé aussi Eurite, dans les
terrains cristallins primitifs des étages du gneiss et des
talcschistes, notamment en Bretagne, au Saint-Gothard, au
Canada, etc.
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
D. — GRANITES POUR MEULES
L'emploi du granite pour la confection des meules est
aussi justifié par sa grande résistance à l’écrasement et sa
faible usure au frottement; mais il faut, pour les meules,
du granite à grains fins qu'on trouve principalement en
Hollande, en Allemagne et en Russie. En France, on trouve
une variété de protogine exploitée en Savoie, qui convient à
cet usage. |
Les morceaux de petites dimensions sont taillés pour bor-
dures de trottoirs.
E. MATÉRIAUX RÉFRACTAIRES
Quand le mica se développe aux dépens des autres élé-
ments, le granite devient réfractaire et peut servir à la con-
struction des fours. Il offre d’ailleurs, dans ce cas, une dureté
beaucoup moins grande et se débite à la scie à dents.
GNEISS ET MICASCHISTE. — Le gneiss sert surtout comme pro-
duit réfractaire. En Toscane, on fait aussi des matériaux
réfractaires avec du micaschiste.
TazcscuistTe. — En Moscovie, le talcschiste s'y prête mieux
encore.
Si l’on veut classer d'après leur nature minéralogique les
diverses roches granitoïdes étudiées ci-dessus, on obtient le
tableau suivant :
Gneiss.
Leptynite.
| Pegmatite.
Protogine.
Hyalomicte.
Kersantite.
Granites micaees 7..." { Minette.
Micaschiste.
Talcschiste.
| Amphibolite.
Granites amphiboliques......... ‘ Diorite.
| Syénite.
sente Euphotide.
Granites feldspathiques.........
Granite pyroxénique
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 103
2° ROCHES PORPHYRIQUES
Les roches porphyriques sont assez peu employées dans la
construction. Ces pierres sont cependant parmi les plus
dures et les plus tenaces qu'on puisse rencontrer; elles
résistent bien aux chocs et à l’écrasement, mais elles sont
d'une taille difficile, à acuse de leur dureté même; elles sont
estimées pour l'ornementation, par suite du beau poli dont
elles sont susceptibles.
On les classe généralement d’après la prédominance de
l’un des éléments qui les composent, en :
Porphyre feldspathique ;
— quartzifère ;
— pyroxénique ;
_— amphibolique ;
Serpentine ;
Trapps.
PORPHYRE FELDSPATHIQUE. — Le porphyre feldspathique est
employé à peu près uniquement comme pierre d'ornement
pour la décoration des édifices. On en a fait aussi des obé-
lisques, des vases, des baignoires, etc.
Usages. — La taille du porphyre se fait au moyen du dia-
mant noir. Les principaux
centres de cette industrie
sont à Florence, à Ékateri-
nembourg en Russie et à
Elfdalen en Suède.
Le plus estimé chez les
Romains était le porphyre
rouge, qui est le type carac-
téristique de cette roche
(zopguoa — roche rouge).
Ce porphyre, très remar-
quable, a été employé pour
les colonnes de Sainte-Sophie à Constantinople, l’obélisque de
Sixte-Quint à Rome, le palais du Quirinal et les monuments
on
Fi6. 59. — Porphyre.
104 us GÉOLOGIE APPLIQUÉE
anciens de Rome, d'Aix, d'Arles et d'Orange. A Paris et en
Bretagne, à Brest notamment, le porphyre (fig. 59) a été
utilisé pour le pavage des rues, bien que la propriété qu'il
a de se laisser polir facilement présente l'inconvénient de
rendre les chaussées pavées en porphyre dangereuses et
glissantes à la longue.
Gisements. — Il existe des gisements de porphyre feld-
spathique dans les Vosges, le Morvan, l'Esterel, en Corse à
Girolata, et en Égypte au Djebel-Dokhan où le gisement est
abandonné et pourrait difficilement être repris aujourd’hui.
Dans le Palatinat à Kreutznach, il existe un gisement de
porphyre feldspathique dans lequel la roche est divisée en
zones superposées formées de nappes prismatisques à élé-
ments sensiblement verticaux de 20 centimètres de diamètre
et de 3 mètres de hauteur en moyenne. On peut en conclure
que le porphyre s’est étendu horizontalement lors de sa for-
mation, ce qui peut, dans certains cas, faciliter la recherche
du prolongement d'un gîte de porphyre.
PORPHYRE QUARTZIFÈRE. — Les usages du porphyre quartzi-
fère sont les mêmes que ceux du porphyre feldspathique.-
Gisements. — Les principaux gisements sont ceux de
Montchérus (Nièvre), où l'on trouve un porphyre blanc ver-
dâtre et rouge. Le massif exploitable est vraisemblablement
très étendu, à en juger par les travaux qui y ont déjà été
effectués. Dans le Limousin et près des gîtes stannifères du
Cornwall, on trouve un porphyre quartzifère gris clair;
on rencontre encore cette roche à Lessines et à Quénart,
dans le Hainaut belge. C'est de là qu'elle est envoyée à Paris
pour le pavage des rues.
Prix de vente. — Les porphyres quartzifères et feldspa-
thiques sont vendus de 40 à 50 francs le mètre cube sur
place, en général; leur poids est de 2.450 kilogrammes au
mètre cube, et leur résistance à l’écrasement est en moyenne
de 900 kilogrammes par centimètre carré.
PORPHYRE PYROXENIQUE. — Le porphyre pyroxénique, appelé
aussi mélaphyre, contient, comme son nom l'indique, une pâte
où le pyroxène prédomine avec des cristaux de Labrador;
il ne renferme pas de quartz. |
Usages. — Le mélaphyre, d'un beau vert foncé, dont le
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 105
type est le « porphyre vert antique », si apprécié en Grèce
et en Italie, sert à la décoration des édifices : mosaïque de
Sainte-Marie-Majeure à Rome, soubassement des colonnes
du vestibule de l'Opéra de Paris, tombeau de Napoléon aux
Invalides, etc.
Gisements. — Les principaux gisements du porphyre
pyroxénique se trouvent dans la Laconie près de Sparte,
dans les Vosges et dans l’Estérel, dans le lit de la Durance
qui charrie des cailloux roulés de porphyre, provenant des
Alpes.
PORPHYRE AMPHIBOLIQUE. — Le porphyre amphibolique à
pâte également verdâtre est composé principalement de
labrador et d'oligoclase.
Les ophites que l’on trouve dans les Pyrénées, et qui
viennent pointer à travers le tertiaire des Landes, sont une
variété de porphyre amphibolique.
Usages. — Ces porphyres durs et tenaces sont à peu près
uniquement employés pour l’empierrement des chaussées.
Gisements. — On les rencontre dans les Pyrénées aux
environs de Gavarnie, dans les Vosges, en Bretagne, à
Dinan, etc.
SERPENTINE. — La serpentine est une roche à pâte formée
de silicate de magnésie et de protoxyde de fer avec quelques
éléments de diallage qui lui donnent l'aspect porphyroïde,
et des veines de calcaire spathique blanc qui la font recher-
cher pour l’ornementation.
Propriétés physiques.— La serpentine verdâtre ou brun
marron; elle a la dureté du marbre et est susceptible d’un
beau poli; mais elle a peu de cohésion et peu de résistance
à l’écrasement.
Elle est souvent traversée par des fentes et, par suite, se
présente rarement en blocs de grandes dimensions.
Usages. — Néanmoins on l’emploie pour faire des socles
de statues et de petites colonnes; elle est même quelquefois
utilisée comme pierre de taille.
La cathédrale de Florence est revêtue extérieurement de
divers marbreset de plaques de serpentine.
En France, l’ancienne chartreuse de la Verne, près de
Saint-Tropez, a été entièrement construite avec cette roche.
re
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements. — Les gisements de serpentine les plus connus
se trouvent dans les Vosges, aux environs d'Éloyes (couleur
verte avec nuances rouges variées), à Maurins dans les
Hautes-Alpes (verte avec veines blanches), dans la Corse, l’île
d'Elbe, la Toscane, au Prato.
La serpentine ne se décompose pas à l'air, de sorte que,
dans les régions où affleure cette roche, on peut suivre faci-
lement l'allure de son gisement en se guidant sur la végé-
tation, qui est nulle le long des affleurements de serpentine,
tandis que les massifs calcaires qui l'entourent, facilement
décomposables sous l'action des agents atmosphériques,
offrent aux végétaux un terrain plus propice à leur déve-
loppement. Cette circonstance permet quelquefois de retrou-
ver un filon de porphyre qui aurait été déplacé par une
faille ou un bouleversement de terrains.
Prix de vente. — En Corse, près de Bastia, la serpentine
est vendue à raison de 250 francs le mètre cube, sur place.
A Paris, on peut se procurer de la serpentine des Hautes-
Alpes, au prix de 850 francs à 1.300 francs le mètre cube. On
l’achète souvent en plaques, au prix de 33 à 50 francs le
mètre carré, selon la qualité et la couleur.
Trapr. — Les trapps sont de composition assez variable,
mais rentrent tous dans la catégorie des roches porphyriques.
Ils présentent une pâte à grains très fins, de couleur brune ou
verdâtre, et se rapprochent tantôt des porphyres amphibo-
liques, tantôt des mélaphyres.
Usages. — Les trapps sont employées pour l’empierre-
ment des routes.
Gisements. — On trouve souvent les trapps au voisinage
des bassins houillers, notamment à Brassac et à Commentry;
on en trouve aussi dans les Vosges, en Bavière, à Oberstein,
et au Canada (lac Supérieur).
Géogénie. — Les trapps se sont répandus, lors de leur
formation, entre des couches stratifiées, grâce à la grande
fluidité de la roche avant sa solidification.
Les terrains sédimentaires encaissants offrent moins de
résistance aux agents atmosphériques; il s'ensuit assez sou-
vent que de tels gisements (fig. 60) présentent l'apparence
d’escaliers dont les trapps forment les saillies.
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 107
L’étendue de ces gisements, soit en nappes, soit en masses
compactes, est parfois très considérable.
Amas de trapp
NS N Ÿ$
Fic. 60. — Gisement de trapp.
3° ROCHES VOLCANIQUES OU LAVES
Ce chapitre comprend les roches vitreuses sans cristaux,
semblables à celles qu'on observe actuellement dans les
éruptions volcaniques : laves, ponces, etc.
Ces roches se rapprochent, par leur composition minéra-
logique, des granites et des porphyres ; mais leurs caractères
extérieurs sont bien distincts.
On peut réunir les diverses roches volcaniques en trois
groupes principaux :
Les trachytes ;
Les basaltes ;
Les laves.
TracnyTE. — Les trachytes comprendront les roches vol
caniques feldspathiques, rudes au toucher (roaxvs — rude),
composées d'une pâte vitreuse pouvant contenir des cristaux
de pyroxène, d’amphibole, de mica et de fer oligiste.
Les variétés principales de trachyte sont : la liparite, la
phonolite, l’'obsidienne, la ponce et la dômite.
Usages. — On emploie les trachytes comme matériaux
de construction. Ce sont des pierres très dures ayant une
résistance de 300 à 900 kilogrammes par centimètre carré.
108 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Elles peuvent servir pour les constructions et les monuments
de longue durée. On s’en sert aussi pour faire des meules à
grains. |
La ponce, ou pierre ponce à l'état compact, peut être
employée comme pierre de construction.
Le plus souvent elle est réduite en poudre et est employée
pour le polissage de l’ivoire, de certaines pierres
et de quelques métaux.
La phonolite est quelquefois le comme
ardoise grossière.
L'obsidienne a été employée pour faire des
miroirs et des dards de flèches.
Le prix de vente des trachytes varie de
30 à 50 francs le mètre cube sur le lieu
d'extraction.
Gisements. — Les principaux gise-
ments de trachyte exploités se trouvent
au Mont-Dore (phonolite), au Puy-
de-Dôme (dômite), en Éthiopie,
dans le Cantal et en Islande (obsi-
dienne), dans les îles Lipari, dans
la mer Tyrrhénienne, au Vésuve,
à l'Etna, sur les bords du Rhin
(ponce) et en Hongrie.
Basazre. — Les basaltes sont
des pierres noires formées princi-
palement de pyroxène et de labra-
dor; quand ces roches sont
compactes, elles sont dures
Pam. et très résistantes (jusqu'à
2.000 kilogrammes par centi-
mètre carré) ; souvent elles se
présentent à l'état prismatique, généralement à six pans.
Usages. — Les basaltes compacts font d'excellents maté-
riaux de construction; mais leur couleur noire est souvent
peu appréciée. Les basaltes prismatiques (fig. 61) sont tout
désignés pour faire des bordures de trottoirs, des encadre-
ments de fenêtres, etc. Montélimar est pavé en basalte. En
Hollande, cette roche sert à la construction des digues; enfin
Fi6. 61. — Prismes basaltiques du Velay.
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 109
on l’a employée quelquefois pour la confection d'objets d’art.
Gisements. — La plupart des régions volcaniques ren-
ferment des basaltes.
En Auvergne, dans le Cantal, dans le Velay, en Bohême,
au Groenland, et en Islande notamment, on exploite de beaux
gisements de basalte.
Lave. — Les laves sont des roches celluleuses et fendillées,
rarement compactes (fig. 62).
Elles sont de formation récente (ère quaternaire); leur
Hier 02 ave:
composition se rapproche tantôt de celle des basaltes,
tantôt de celle des trachytes. Agglomérées par un ciment,
elles forment ce qu’on appelle des tufs volcaniques.
Usages. — On emploie souvent les laves comme matériaux
de construction, à cause de la facilité avec laquelle elles
prennent le mortier. Leur résistance est, d’ailleurs, assez
forte, puisqu'elle atteint 300 et 400 kilogrammes par centi-
mètre carré.
Les laves ont été employées autrefois comme dalles dans
les rues de Paris; à Naples, elles sont employées au même
usage ; elles ont aussi servi à construire les fortifications
d'Agde (Hérault) et le dôme de la cathédrale de Cologne.
(Grisements. — Les gisements de lave exploités sont ceux
du massif volcanique du Centre de la France, de Volvic (Puy-
de-Dôme), de Vines (Aveyron), d'Agde (Hérault), d'Audernach
‘bords du Rhin), de l'île de la Réunion, du Mexique, de la
Somma (Vésuve), etc.
La lave ordinaire (Puy-de-Dôme) se vend environ 30 francs
le mètre cube sur le lieu d’extraction. La lave fine propre à
110 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
la sculpture se vend jusqu'à 150 francs le mètre cube sur
place.
DEUXIÈME PARTIE. — ROCHES SÉDIMENTAIRES
Les roches sédimentaires forment la plus grande partie de
la surface terrestre et, sauf certaines contrées où l’action
volcanique a été prépondérante, les roches éruptives n'appa-
raissent au milieu des terrains de dépôt que comme des
massifs isolés.
Trois éléments principaux entrent dans la formation des
roches sédimentaires : le calcaire, l'argile et la silice; la
houille peut aussi être regardée comme une roche sédimen-
taire, ainsi que les autres combustibles minéraux ; mais ils
seront traités dans un chapitre spécial avec les carbures et
leurs dérivés.
Classification adoptée. — Les roches sédimentaires se
rencontrent dans presque toutes les formations géologiques,
avec des conditions de dureté, de résistance ou d'aspect
extérieur absolument indépendantes de l'étage auquel elles
appartiennent.
Il est donc impossible d'adopter, pour ces roches, une
classification géologique.
On les a divisées ici, d’après l'importance de leur utilisa-
tion pour les travaux publics et les constructions, en trois
grandes catégories :
1° Les roches calcaires, comprenant ES pierres à pate le
marbre, le gypse, la pierre à chaux, etc.
La craie, qui n’est pas employée on les constructions,
sera étudiée au chapitre des Industries diverses ;
2 Les roches siliceuses, comprenant le silex, la pierre
meulière, le grès, les sables quartzeux, etc. ;
3 Les roches argileuses, comprenant l'argile, le pisé, le
schiste et les ardoises. | ;
I. — RocHES CALCAIRES
Caractères généraux. — Le calcaire est une roche formée
de carbonate de chaux, qui tient en faibles proportions des
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 114
oxydes de fer et de manganèse et qui est presque toujours
mélangée d'argile et de sable.
Les calcaires compacts et les marbres sont généralement
formés de coquilles noyées dans un ciment terreux ou cris-
tallin.
On reconnaît facilement les roches calcaires aux caractères
suivants : |
Elles peuvent être rayées par la pointe d’un canif et elles
font effervescence sous l’action d’un acide, même faible,
cette réaction étant d'autant plus vive que le calcaire est
plus pur.
Le calcaire, que l'on trouve dans les terrains primitifs à
l'état lamellaire et saccharoïde, se rencontre avec de nom-
breux fossiles, trilobites, encrines, etc., dans les terrains car-
bonifères et permiens (marbres et calcaires gris bleuûtre)
et existent en abondance dans les terrains secondaires
(marbres, marnes irisées, oolithes, pierres lithographiques,
pierres à chaux et craie). Les terrains tertiaires fournissent
le calcaire grossier, le calcaire de Saint-Ouen, etc. ; enfin,
à l’époque actuelle, 1l se forme encore des dépôts de calcaire
dans les atolls et les conglomérats modernes.
A. —— PJERRES A BATIR
Les calcaires proprement dits sont les matériaux de cons-
truction par excellence ; aussi leur donne-t-on les noms de
pierres à bâtir, pierres de construction et pierres de taille.
Qualités des pierres à bâtir. — Les qualités de la pierre à
bâtir sont les suivantes : résistance suffisante pour supporter
les poids des constructions, dureté assez grande pour con-
server la netteté des arêtes et des moulures sans nuire à la
facilité du travail, finesse du grain se prêtant à une orne-
mentation délicate, homogénéité et abondance entraînant le
bas prix du produit.
Pour les calcaires durs, le poids du mètre cube est de 2.200
à 2.800 kilogrammes ; la résistance à l’écrasement est de
300 à 1.000 kilogrammes par centimètre carré; pour les
calcaires tendres, le poids du mètre cube varie de 1.400 à
2.200 kilogrammes, et la résistance à l’écrasement, de 50 à
#12 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
300 kilogrammes par centimètre carré; on admet que cette
résistance est proportionnelle à la densité.
».
; Les premiers se débitent à la scie sans dents avec du grès
et de l’eau; les seconds peuvent se débiter avec la scie à
dents.
- Les variétés compactes à cassure inégale sont celles qui
conviennent le mieux à l'architecture.
On distingue les pierres de liais, qui sont bien homogènes,
et les roches qui contiennent des grains de miea et de quartz
qui en diminuent beaucoup la valeur, les pierres gélives, qui
éclatent sous l'action de la gelée, et les pierres sèches, les
pierres de vilaine couleur et à grain grossier employées dans
les fondations, etc.
Essai des pierres à bâtir. — L'essai d'une pierre de taille
se fait ainsi :
1° On apprécie la dureté qu'elle oppose à l'action de la
scie ;
20 On mesure sa résistance en comprimant à la presse
hydraulique un côté de dimensions déterminées;
3° On examine son degré de gélivité en en plaçant un
morceau dans un mélange réfrigérant ; on peut encore, ce
qui est plus simple et donne sensiblement les mêmes résul-
tats, en plonger un fragment dans une dissolution bouillante
et saturée de sulfate de soude; on retire pour laisser cristal-
liser et on replonge de nouveau dans la liqueur pendant
cinq ou six Jours; il ne doit pas se produire d’éclatement.
La qualité des pierres qu'on trouve dans un pays influe à
un haut degré sur la civilisation de ce pays. Les grandes
villes telles que Paris, Bordeaux, Marseille, se trouvent sur
le terrain crétacé qui fournit abondamment de la pierre à
bâtir. Plusieurs villes remarquables plus encore par la facon
dont sont construites les habitations particulières que par la
beauté et la hardiesse de quelques-uns de leurs monuments :
Besancon, Metz, Nancy, Dijon, Bourges, Poitiers, sont cons-
truites sur une bande de terrains jurassiques entourant le
bassin tertiaire de Paris, dans lequel on trouve les excellentes .
pierres d'appareil de l'oolithique.
AL sd
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION A3
Les variétés de pierres à bâtir sont innombrables : on
passera en revue les principales, en les classant, autant que
faire se pourra, par dureté.
CazcaIRE compact. — Les calcaires les plus durs sont les
calcaires compacts. Parmi ceux-ci on compte :
La pierre de Tonnerre (Yonne), appartenant à Pétage du
séquanien, est très compacte, jaunâtre ou grisätre. Elle se
polit facilement et s'emploie surtout en dallages, mais se
prête aussi à la sculpture et à l’ornementation.
La pierre de Comblanchien (Yonne) est une pierre très ana-
logue; elle résiste, comme celle de Tonnerre, à des charges
de 1.000 kilogrammes par centimètre carré et vaut de 50 à
60 francs le mètre cube.
La pierre renommée de Saint-Ylie et de Damparis, dans le
Jura, est un calcaire très fin à cassure conchoïdale qui
appartient à la base du séquanien. Elle a une couleur jau-
nâtre et rougeâtre par places; mais elle est très homogène
et peut se tourner et se sculpter. Elle prend un beau poli.
Cette pierre, qui pèse 2.700 kilogrammes par mètre cube
et résiste à des charges de 770 à 870 kilogrammes par centi-
mètre carré, coûte 80 francs le mètre cube sur placæ et
100 francs à Paris tous frais payés. Le calcaire de Saint-Ylie
a été employé dans beaucoup de monuments en Franche-
Comté. À Paris, il a servi à la construction des ponts Saint-
Michel et Solférino et de l'église de la Trinité, etc.
Le calcaire de Sampans, dans la même région, provient du
bathonien. Il est de nuances un peu plus vives; on l’a em-
ployé au nouvel Opéra et au Trocadéro. Il s'exporte jusqu’en
Amérique, où il à servi pour la base du monument de
Christophe Colomb, à Mexico.
TRAVERTIN. — Le travertin est un calcaire compact d'ori-
gine lacustre, formé par les matériaux abandonnés dans des
eaux calcaires autour de végétaux et de mousses; aussi
contient-il un grand nombre de cavités vermiculaires pré-
sentant parfois des empreintes de feuilles. Il a une grande
résistance, 600 à 900 kilogrammes par centimètre carré, qui
s'allie à une grande légèreté; de plus, il fait bien corps avec
le mortier qui entre dans les cavités. C’est grâce à ces
propriétés qu'il a été employé pour l'immense coupole de
GÉOLOGIE. 8
ae à La an * LU ue PR he CR de Leur te 2 ne nt eh A ss To x
: * u DRE PPS PPT PERENS
=
114 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Saint-Pierre de Rome et pour les voûtes de nombreuses
églises modernes.
Le travertin dit de Chäteau-Landon, dont l'usage est si fré-
quent à Paris, est extrait principalement de Souppes, près de
Fontainebleau, où il forme de nombreux bancs de 0,50 en
moyenne. Il vaut de 70 à 200 francs le mètre cube, sur place.
On peut le voir à l'Arc de Triomphe de l'Étoile et à la fontaine
Saint-Sulpice à Paris, et dans l'escalier de l'église Sainte-
Gudule, à Bruxelles, etc.
. Liais ET CLIQUART. — Le liais et le cliquart des environs de
Paris ont une cassure conchoïdale, avec un grain très fin;
ils ne sont pas gélifs, leur seul défaut est le peu d'épaisseur
des bancs, 30 à 40 centimètres. Ils ont été très recherchés:
autrefois ; on les retrouve : dans la construction de Notre-
Dame de Paris, dans la jolie chapelle du château de Versailles
et dans les bas-reliefs de la fontaine des Innocents. La cons-
truction du Panthéon a contribué à l'épuisement des bancs
de la Plaine-Saint-Denis, et les liais sont devenus rares dans
le voisinage immédiat de Paris; on les exploite surtout
actuellement dans l'Aisne et en Seine-et-Oise, à Festieux,
Mont-Ganelon, Crépy, Villers-Cotterets. Leur résistance est
de 300 à 500 kilogrammes par centimètre carré.
CALCAIRE CARBONIFÈRE. — Le calcaire de Soignies et d'Écaus-
sines (Hainaut belge) est gris bleuätre; il appartient au ter-
rain houiller et doit sa coloration à une faible proportion de
bitume. Il est formé de débris de crinoïdes qui lui donnent
une texture cristalline et l'aspect d'un granite. Il peut être
poli et sculpté comme le marbre; on l'emploie non seule-
ment en Belgique, mais en Hollande et dans le nord de la
France, en Angleterre et aux États-Unis. Il sert pour les
constructions hydrauliques et les monuments funéraires, etc.
Le calcaire de Givet (Ardennes), qui appartient au même
étage géologique, est aussi un Le coloré en noir par des
matières bitumineuses; il est exploité sur une assez vaste
échelle, mais est fréquemment gélif.
CALCAIRE A ENTROQUES. —- (risements de la Meuse. — Le cal-
caire à entroques doit son nom aux entroques (débris d’arti-
culations d'encrines) dont il est formé; il fait partie de l'étage
corallien. On l'exploite à Euville et à Lérouville près de
nu
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 115
Commercy (Meuse); il peut supporter 250 à 450 kilogrammes
par centimètre carré et vaut de 40 à 60 francs le mètre cube.
Il résiste bien à la gelée. On en envoie beaucoup à Paris;
il a été employé, sous l’Empire, aux travaux des Tuile-
ries; on l’exporte aussi en Allemagne, où le socle de l’église
d'Essen, notamment, en est formé.
CALCAIRE OOLITHIQUE. — Le calcaire oolithique, qui a donné
sen nom à tout un étage géologique, est un calcaire composé
de petits grains arrondis accolés les uns aux autres à la ma-
nière d'œufs de poissons ; ces grains sont très petits, un tiers
de millimètre à peine; quand ils ont la grosseur d’un grain
de millet, on l'appelle calcaire miliolithique, et pisolithique
quand ils atteignent celle d'un pois.
Les calcaires oolithiques s'emploient beaucoup pour la
construction; ils sont beaucoup moins durs à travailler que
les calcaires compacts et présentent une bonne résistance.
Malheureusement ils sont souvent gélifs, et il faut toujours
s’en méfier sous ce rapport. On en exploite en Normandie, en
Bourgogne, dans le Jura, la Lorraine, les Ardennes, etc.
Gisements du Calvados. — Un des meilleurs calcaires ooli-
thiques est la pierre de Caen, dont les carrières se trouvent
à Allemagne (Calvados). Outre les églises gothiques de Nor-
mandie, cetie pierre a servi à construire la cathédrale de
Cologne, le palais du Parlement et Fabbaye de Westminster
à Londres, Elle pèse environ 2.000 kilogrammes le mètre
cube, résiste à un poids de 150 à 200 kilogrammes par centi-
mètre carré, et ne coûte que 20 francs le mètre cube sur
carrière.
CALCAIRE GROSSIER. — Le calcaire grossier est une roche à
texture peu serrée et à grains irréguliers; il est formé de
coquilles et de polypiers broYés, réunis par un ciment cal-
caire. Il a donné son nom à un niveau de l’éocène.
Gisements de Paris. — Le calcaire grossier parisien a été
largement exploité. On lui a emprunté la masse énorme de
matériaux qui à été tirée des catacombes et qui a servi à
construire Paris. C'est une pierre tendre et facile à couper
avec la scie à dents. Il est prudent de ne l’employer que
pour lesétages supérieurs des édifices, car sa résistance, qui
peut descendre à 30 kilogrammes, ne dépasse guère 90 kilo-
416. GÉOLOGIE APPLIQUÉE
grammes par centimètre carré, sauf pour quelques bancs Ée
plus durs, mentionnés ci-dessous. Les ouvriers parisiens en
ont fait un grand nombre de catégories :
Le vergelé, d'un grain très uniforme et qui conserve bien
la sculpture; il a servi à bâtir les facades du palais du
Louvre, du côté de la cour et du quai. La lambourde, qui est
très coquillifère; elle fournit les moellons et les pierres d'ap-
pareil des constructions courantes. Ces pierres valent de
45 à 23 francs le mètre’cube.
Le calcaire grossier fournit aussi des pierres de qualité un
peu supérieure; ainsi, le banc royal, le banc franc et le banc
de roche résistent à des charges de 150 à 200 kilogrammes.
Le banc de roche est remarquable par ses pierres de grand
appareil. Il a servi pour les colonnes de la cour du Louvre,
qui ont 3",50 de fût. Il est cependant regrettable qu'on n'ait
pas employé de meilleurs matériaux pour ce monument. Il en
est de même du Palais de Justice, dansla construction duquel
on a prodigué les pierres de qualité inférieure. Le calcaire
grossier est souvent gélif et doit être examiné avec soin;
on ne s'enest pas suffisamment souvenu en construisant la
cathédrale de Meaux avec du calcaire grossier d'Armen-
tières ; aussi a-t-elle nécessité de coûteuses réparations.
Tur caALcAIRE. — Les fufs calcaires, beaucoup moins résis-
tants que lestravertins, ont cependant une origine analogue.
Gisements du Jura. — Ts se forment encore actuellement
par voie de concrétion au voisinage de suintements et
recouvrent les pentes de beaucoup de vallées, dans le Jura
notamment. Ce sont des pierres très légères qui durcissent à
l'air et servent à faire des voûtes de caves, des chemi-
nées, etc., etc.
CRAIE TUFEAU. — Gisements de la Touraine. — La craie tufeau
est un calcaire terreux qui contient de 30 à 50 0/0 d'argile. Il
est d'une médiocre résistance et absorbe facilement l’eau.
Cependant son extraction est peu coûteuse, et il se prête bien
à la sculpture ; aussi la craie tufeau a-t-elle servi à cons-
truire des châteaux à Tours, Angers, etc. On ne peut guère
lui imposer des charges supérieures à 75 kilogrammes par
centimètre carré; mais on a de belles pierres d'appareil
à 20 francs le mètre cube.
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 417
B. — MarBres
On a longtemps appelé marbre, toute roche susceptible
de prendre le poli, et on comprenait sous cette dénomination
des porphyres, des anhydrites et des serpentines. Il faut
réserver ce nom aux roches calcaires pouvant se polir ; mais
la distinction avec les calcaires proprement dits reste encore
délicate; car quelques-uns de ceux-ci, comme le calcaire
compact de Sainte-Ylie, peuvent recevoir un certain poli et
ressemblent un peu à du marbre.
Caractères généraux des marbres. — Les marbres ont une
texture compacte et une cassure lamelleuse ou saccharoïde;
ils sont formés de grains cristallisés, visibles seulement au
microscope; des infiltrations bitumineuses ou ferrugineuses,
et des coquilles fossiles leur donnent des apparences colorées
et veinées, très diverses. Ils ont été produits par un méta-
morphysme du calcaire dû à l'influence de la chaleur, de la
pression, et de mouvements mécaniques.
Les marbres sont les calcaires les plus résistants et les
plus durs; ils peuvent supporter des charges de 500 à
1.200 kilogrammes par centimètre carré et se coupent à la
scie sans dents avec du grès et de l'eau ; leur densité varie
entre 2,60 et 2,85. — Leur dureté permet de les employer
pour les constructions et pour la statuaire. On réunira, dans
ce chapitre, l'étude des diverses sortes de marbres, quels
que soient les usages auxquelsils sont destinés.
Parallèlement au lit de carrière, les marbres présentent
le plus souvent un plan de clivage, qu'on appelle la passe.
Suivant un plan perpendiculaire, la résistance est beaucoup
plus grande et forme la contre-passe. Les plaques se taillent
suivant la passe ; on augmente ainsi en même temps leur
flexibilité et leur résistance. On découpe des plaques de
2 centimètres et d’autres de 8 à 10 millimètres d'épaisseur,
au moyen de chässis garnis de lames parallèles etmus méca-
niquement ; un châssis débite de 120 à 150 mètres cubes par
an ; son établissement avec force motrice, etc., revient à
12 ou 15.000 francs.
118 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
MARBRE BLANC. — (risements de Carrare. — Le plus beau
marbre blanc est le marbre de Carrare (Italie). C’est un cal-
caire saccharoïde à grains très fins, d'un éclat gras ou …
cireux, susceptible de prendre un très beau poli. Les car-
rières, qui datent de la fin de la République Romaine, four-
nissent encore à la consommation du monde entier. La
première qualité vaut de 1.200 à 2.000 francs le mètre cube
sur place ; la deuxième qualité coûte de 300 à 600 francs;
enfin, la troisième qualité ou ravaccione, se vend de 200
à 300 francs; cette dernière qualité est souvent marquée de
taches, avec des veines grisätres et des paillettes de mica.
Elle contient quelquefois des géodes tapissées de quartz. Une
carrière fournissant du ravaccione a longtemps été exploi-
tée pour le compte du Gouvernement Francais, et queiques-
uns des chefs-d'œuvre de nos sculpteurs en souffrent actuel-
lement, car ces marbres, de qualité inférieure, ne résistent
pas bien à l'action de l'air.
Gisements de Paros. — Le marbre de Paros (Grèce) jouit
d'une célébrité égale au précédent; c'est la matière de toutes
les statues que nous ont laissées les Grecs ; ils l’appelaient
lychnite (de Àvyvos — lampe). Ce marbre a l'inconvénient
d'être souvent micacé et ne fournit que des blocs de petites
dimensions ; on en a cependant repris récemment l'exploi-
tation.
Les autres gisements de marbres blancs sont les sui-
vanis :
Grèce. — L'Attique, le Pentélique et l'Hymette, ce dernier
surtout, fournissaient de beaux marbres blancs à la Grèce et
à Rome.
Les Anciens exploitaient encore les marbres blancs des îles
de Thaso et de Proconèse, actuellement Marmara, nom tiré
de la présence des exploitations de marbre. Le marbre cappa-
docien, blanc et très transparent, servait parfois de vitres
dans l'antiquité.
Italie. — D'Italie viennent : le marbre de Gênes (bianco
de Genova), qui vaut le carrare, celui de San Juliano près
Pise, dont sont construits le Dôme, le Baptistère, la Tour
penchée et le Campo-Santo; celui du lac Majeur, qui a servi
à édifier la cathédrale de Milan, etc.
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 119
L'Italie a produit, en 1896, 80.750 tonnes de marbre brut,
valant 4.845.000 francs. |
France. — Gisements de Saint-Béat. — En France, on
trouve du marbre blanc saccharoïde à Saint-Béat sur le ver-
sant septentrional de la montagne de Rie ; il est quelquefois
légèrement grisâtre, mais plus résistant que le carrare. David
et Rogier le préféraient à ce dernier pour les blocs de
grande dimension. Au moyen âge, on s’en est servi pour
décorer la basilique de Saint-Sernin, à Toulouse. Les esca-
liers et le pourtour du bassin de Versailles sont cons-
truits avec ce marbre.
Espagne. — (Gisements de Gabas. — On peut encore signa-
ler les marbres blancs saccharoïdes de Gabas (Rasses-Pyré-
nées), des monts Filfila (Algérie), des Sierras de Bacarés et
d'Orio, en Espagne. Quant aux marbres blancs veinés, ils ont
beaucoup moins de valeur; on en trouve assez abondamment
en France et surtout en Italie.
MARBRE NOIR. — Les marbres noirs n'ont véritablement
de valeur que quand ils sont parfaitement noirs. Celui de
Fic. 63. — Plaque de marbre noir.
Saint-Crépin, dans les Alpes Françaises, était connu des
Romains. Il en existe à Bellignies (Nord) et à Sainte-Luce
Isère), en Belgique à Namur, dansle Harz, en Angleterre, etc.
Le noir français présente des taches blanchessur un fond
noir; mais il est susceptible d’un poli convenable ; le Sainte-
PP ES De M Mn OS RUN Up Elie VEN) D EN ENT TES CRIE
120. GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Anne, au contraire, dont le fond tourne au gris, est toujours
terne, aussi se vend-il de 100 à 150 francs le mètre sube sur
place. Ces deux marbres servent pour les meubles, les che-
minées communes, les comptoirs, les devantures de bou-
tiques, etc.
MARBRE GRis. — Les marbres auxquels des infiltrations
charbonneuses donnent une couleur grise uniforme ou
nuancée d’autres couleurs sont très nombreux.
Gisements de Marquise (Pas-de-Calais). — Le marbre Napo-
léon, qu'on tire des carrières de Marquise (Pas-de-Calais), est
gris brun ou café au lait. Il a servi à la construction de la
colonne de la Grande-Armée, à Boulogne ; on l’a employé
également pour la décoration du tombeau de Napoléon, de
la Chapelle expiatoire, de la Bourse et äe la Madeleine, à
Paris, et des cathédrales d'Arras et d'Amiens. Il ne vaut que
400 francs le mètre cube rendu à Paris.
Fic. 64. — Plaque de marbre gris.
Gisements de Sarrancolin (Hautes-Pyrénées). — Le sarran-
colin, tiré des carrières de ce nom dans la vallée d’Aure
(Hautes-Pyrénées), est un marbre bréchiforme à dessins
anguleux. Le gris y domine avec du jaune et du rouge. C'est
un des marbres les plus estimés de France; coupé en
‘plaques, il vaut de 15 à 25 francs le mètre carré: les
colonnes monolithes du grand escalier de l'Opéra sont en
sarrancolin ; elles ont coûté 5.000 francs chaque.
Gisements de la Mayenne. — Le sarrancolin de l'Ouest, qui
e
.. #2
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 121
vient de la Mayenne, est aussi gris, nuancé de Jaune et de
rouge ; mais il ne possède pas les couleurs éclatantes de
_ celui des Pyrénées. Son bas prix permet de l’employer pour
la confection des cheminées et des dessus de commodes.
MARBRE JAUNE. — Les marbres jaunes sont rares et très
chers. Les Grecs exploitaient, près de Lacédémone, un beau
marbre d’une couleur jaune d'or, qui est très rare auJour-
d'hui. On ne trouve plus que des marbres nuancés où le
jaune domine.
Gisement de Sienne. — Le marbre jaune de Sienne pré-
sente de grandes taches d'un jaune vif, irrégulières et entou-
rées de veines plus foncées, violettes, rouges ou pourpres; il
vaut jusqu à 1.000 francs le mètre cube.
Gisement de Beyrède (Hautes-Pyrénées). — On exploite depuis
longtemps à Beyrède (Hautes-Pyrénées) un marbre, dit
marbre antin, qui est june à nervures rouges ou blanc à ner-
vures jaunes et rouges.
Gisement de Philippeville (Algérie). — Le marbre de Phi-
hppeville (Algérie) a un éclat gras et brillant ; il est jaune
uni, mais passe vite au jaune rose et au rougeûtre. On croit
en avoir retrouvé quelques traces dans les monuments
anciens mis au Jour par des fouilles pratiquées à Rome.
MARBRE BLEU. — Quand le marbre se trouve mélangé de
matières charbonneuses, il prend une couleur bleue.
Gisements de France. — En France,on trouve des marbres
bleus à Arbois et près de Salins (Jura), en Bretagne à Plou-
gastel et à Brest; à Châtillon-sur-Seine, à Cannes (Aude) et
en Corse à Serraggio.
Gisements de Toscane. — Le marbre bleu le plus employé
vient des carrières de la Capella, près Serrovezza (Toscane);
on l’appelle bleu turquin ; c'estun marbre saccharoïde, teinté
en bleu grisâtre par des matières charbonneuses (200 francs
environ le mètre cube sur place).
Quand il présente, en outre de sa teinte bleue, des veines
noires, on l'appelle bardiglio ; il a d'autant plus de prix que ces
veines sontplus fines; quand elles forment des dessins imitant
plus ou moins des fleurs, il prend le nom de bardiglio fiorito
et coûte plus de 300 francs le mètre cube pris à la carrière.
422 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
MARBRE ROUGE. — (Gisements de Grèce. — Les Romains, qui
appréciaient surtout des marbres unis, exploitaient à Cynopo-
lis, en Grèce, un marbre rouge uniforme avec quelques veines
blanches. Ce marbre, appelé rouge antique, décore le forum
et les monuments de la Voie Appienne ; on a repris, de
nos jours, les anciennes carrières, mais le marbre qu'on y
trouve passe vite au marron veiné de blancet de noir, et plus
souvent de gris ; il est alors assez laid.
Gisement de Caunes (Hérault). — A Caunes (Hérault), on
extrait d'un magnifique gisement toute une série de marbres:
Le grand incarnat du Languedoc est un beau marbre à
grandes parties rouges et blanches. Il a servi à décorer le
palais de Versailles, le Trianon, l’église Saint-Sulpice, le
musée du Louvre, etc. Le marbre dit rouge turquin est un
peu plus gris ; le rouge francais, semblable au rouge antique
est cependant moins brillant. La griotte, d'un rouge vif par-
semé de taches blanches, passe vite à la griotte brune et à la
griotte panachée; le cervelas est marqué de taches blanches
et grises sur fond rouge.
Ces marbres valent,en moyenne,350 francs à Carcassonne;
mais, quand ils ont supporté le transport jusqu'à Paris, ils
reviennent de 750 à 1.000 francsle mètre cube; aussi ne
peuvent-ils pas supporter la concurrence belge.
Gisements de Franchimont (Belgique). — Le marbre. dit
rouge royal de Franchimont (Belgique) est rouge panaché de
gris et de blanc; il ne coûte que 500 francs le mètre cube,
rendu à Paris, où il est très employé ; il a servi au dallage
de la galerie d'Orléans au Palais-Royal, à la décoration des
appartements de réception du Ministère des Finances et du
Musée de Versailles.
MARBRES COMPOSÉs. — On appelle marbres composés les
marbres dans lesquels il entre des matières non calcaires
qui forment des veines diversement colorées.
Gisement de Campan (Hautes-Pyrénées). — À Campan, dans
les Hautes-Pyrénées, on extrait un marbre qui est composé
de matières saccharoïdes avec des veinules schisteuses, et
des rognons coquillers entourés de schistes. Le campan
est vert, isabelle ou rouge; il a une très grande valeur, mais
s'alière rapidement à l'airet ne doit être employé qu'à la
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 123
décoraticn intérieure. C'est une précaution qu'on n'a
malheureusement pas eue à Versailles ni au grand Trianon.
Le portor est un marbre à fond noir sillonné de veines
feldspathiques, jaunes et brillantes comme de lor.
Gisement de Porto-Venere (Italie). — À Porto-Venere, dans
les Apennins, le portor ne coûte que 300 francs le mètre
cube et peut s’extraire en gros blocs. Il s’altère aussi à l'air.
Gisement de Sauveterre (Haute-Garonne). — En France, on
exploite du portor à Sauveterre (Haute-Garonne), dans la
vallée de la Barousse, près Foubot (Hautes-Pyrénées), en
Corse près de Saint-Florent, et à Regneville (Manche). Celui
des Pyrénées ne coûte, taillé en plaques, que 10 francs le
mètre carré.
Le cipolin est un marbre composé qui contient des paillettes
de mica ou de chlorite réparties dans du calcaire saccharoïde.
Le cipolin antique, lapis phrygias des Romains, est veiné
4e blanc, de jaune doré et de gris vert. On l’a exploité en
Orient.
Gisements de Connemara (Irlande). — A Connemara, près de
Galloway, en Irlande, on exploite un cipolin dont les veines
sont ondulées. La masse a, en outre, été pénétrée par de la
serpentine d'éclat cireux et de couleur verdâtre.
LumaAcHELLE. — Les lumachelles sont des marbres qui
contiennent de nombreux débris de coquilles cristallines de
diverses couleurs.
Gisement du Hainaut. — Le drap-mortuaire du Hainaut est
un marbre à fond noir qui contient des coquilles turricu-
lées cristallines blanches.
Gisement de Narbonne. — La lumachelle de Narbonne
montre des bélemnites blanches sur un fond noir. Le marbre
de l’Argonne est formé de coquilles noirâtres disséminées
dans un calcaire gris blanchätre.
MARBRES BRÈCHES. — On appelle brèches, des marbres for-
més de morceaux anguleux de calcaire réunis par un
ciment calcaire de coloration différente.
La brèche violette antique est un très beau marbre à fond
violet noirâtre, relevé par des débris de fossiles et des frag-
ments de calcaire de couleur brune ou jaunâtre
existe quelques colonnes au Louvre.
ALISON
124 j GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisement de Villette (Isère). — Le marbre de Villette-en-
Tarentaise, sur l'Isère, ressemble beaucoup àlabrèche antique.
(Grisement de Saint-Girons (Ariège). — Le grand-antique de
Saint-Girons (Ariège) est une brèche formée de larges frag-
ments angulaires noirs réunis par des veines blanches.
Le petit-antique, de même provenance, est formé de mor-
ceaux plus petits.
Gisements d'Aubert (Ariège), de Cascalet (Aude), de Sauve-
terre (Basses-Pyrénées). — La même distinction sépare le
grand-deuil et le petit-deuil qui en sont des variétés et qu'on
trouve à Aubert, à Cascalet et à Sauveterre.
Gisement de Serravezza(Toscane). — La brèche africaine est
un marbre blanc, jaune ou bleu, traversé par des veines
violettes; on l'extrait à Serravezza. On en voit de belles
tables dans les appartements de Versailles; mais il résiste
mal à l'air.
Gisement de Syrie. — La brèche d'Alep qui vient de Syrie et
qui est très renommée, est formée de morceaux rouges ou
Jaunâtres réunis par un ciment gris tacheté de noir.
Les carrières d’Alet, près d'Aix, qui exploitent un marbre
de mêmes nuances, ont profité de la ressemblance du nom.
La brèche de Verone, composée de fragments bleus dans
un ciment rouge, est un marbre magnifique tiré des mon-
tagnes du Trentin.
Les brocatelles sont des brèches à très petits éléments.
Gisement de Tortosa (Espagne). — La brocatelle d'Espagne,
de Tortosa (Catalogne), est à fond lie de vin avec de petites
taches rondes, jaunes et blanches.
La brocatelle de Sienne, très estimée aussi, a des taches
violettes ou jaune orange.
Gisements de Boulogne (Pas-de-Calais) et de Moulins (Jura).
— En France, on ne peut guère citer que la brocatelle de
Boulogne, tachetée de brun, et la brocatelle de Moulins (Jura)
gris bleuâtre, parsemée de taches jaunes avec de nombreux
fossiles.
C. — PIERRES A CHAUX, A CIMENT ET A PLATRE
La série des roches calcaires utilisée, dans les constructions
comprend des roches tendres, qui, par suite de leur friabilité,
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 125
ne peuvent être employées que broyées. Telles sont les
pierres à chaux, et le gypse ou pierre à plâtre.
CALCAIRE ARGILEUX. — Les pierres à chaux sont des cal-
caires argileux dans lesquels l'argile s’allie au carbonate de
chaux en toutes proportions. Quand la teneur d'argile est
faible, le calcaire donne, par cuisson, de la chaux qui est
employée avec de l'eau et du sable à la fabrication du
mortier.
Si la proportion d'argile dépasse 20 0/0, le mélange prend
un aspect terreux, se délite facilement et happe à la langue;
il ne donne plus alors de chaux utilisable, mais peut
servir à la confection du ciment et des pouzzolanes. Du
reste, les propriétés variant toujours dans le même sens à
mesure que la teneur en argile augmente, on peut établir
l'échelle suivante :
Quand le calcaire contient moins de 5 0/0 d'argile, il
donne de la chaux grasse, qui a la propriété de former avec
l’eau une pâte grasse et foisonnante.
Si le calcaire renferme de 5 à 12 0/0 d'argile, la chaux
devient maigre ; elle donne avec l’eau une pâte courte beau-
coup moins liante.
Avec une teneur de 12 à 20 0/0 d'argile, on obtient par
cuisson, de la chaux hydraulique qui a la propriété de durcir
sous l’eau. La durée de la prise varie de deux à quinze Jours ;
elle augmente avec la teneur en argile.
Quand la proportion d'argile s'élève de 20 à 25 0/0, la
chaux fait encore prise, mais elle tombe rapidement en
poussière. Cependant, si on pousse la température jusqu’au
point de vitrification, on obtient une chaux faisant prise en
une demi-journée tout au plus : c’est le ciment de Port-
land. |
Avec des calcaires tenant de 25 à 30 0/0 d'argile, on
fabrique à haute température les ciments romains, dont la
prise se fait en quelques minutes, même sous l’eau. ë
Préparation des ciments et de la chaux. — La fabrication de
la chaux, hydraulique ou non, est facile ; la seule précaution à
prendre est de bien connaître la proportion d'argile initiale,
de facon à obtenir la qualité de chaux qu'on recherche.
L'installation des fours est toute simple. S'il y a des parties
4126
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
défectueuses, après avoir éteint la chaux, on les sépare par
blutage.
Les ciments de Portland exigent une installation plus com-
pliquée, car il faut broyer très fin pour avoir un produit
homogène et ne gonflant pas dans les constructions ; de plus,
on a besoin de meilleurs fours de cuisson, car la température
doit atteindre celle de la fusion du fer. Le choix de la
_ matière est aisé; tous les calcaires contenant une quantité
d'argile suftisante sont bons. Les plus estimés sont faits à
Boulogne avec le calcaire portlandien.
La préparation des ciments romains est très difficile et se
heurte à des difficultés inexpliquées. En France, on ne les
réussit guère qu'à Vassy, avec des calcaires appartenant au
portlandien, et à Grenoble.
Le ciment noir de Pouilly est fait avec des calcaires pro-
venant du rhétien; ces calcaires contiennent une assez forte
proportion de plâtre (jusqu'à 7 0/0).
CALCAIRE SILICEUx. — Le calcaire s'allie aussi à la silice:
il se présente alors en masse blanche compacte, à cassure
conchoïdale. On trouve de nombreux échantillons de cal-
caire siliceux dans le bassin tertiaire parisien et dans cer-
taines formations lacustres.
Gisement du Teil (Ardèche). — Lescalcaires du Teil'Ardèche),
renfermant 17 0,0 de silice, donnent d'excellente chaux
hydraulique, qui résiste assez bien aux eaux de la mer, dans
lesquelles la chaux hydraulique se délite rapidement.
CALCAIRE MAGNÉSIEN. — On trouve souvent le carbonate de
chaux associé à de la magnésie; il existe tous les intermé-
diaires entre le calcaire etla dolomie composée d'équivalents
égaux de carbonate de chaux et de carbonate de magnésie.
Les dolomies sont très répandues, mais ne forment pas
des couches régulières, comme le calcaire. On avait essayé
d'en faire des chaux hydrauliques; on y a à peu près
renoncé à cause des difficultés de la cuisson. Si on exagère
tant soit peu la température, le produit se délite dans l'eau
sans faire prise.
GYPSE OU PIERRE À PLATRE. — Le gypse, appelé aussi albâtre
gypseux, sélénite et pierre à plâtre, est une roche dont l’as-
pect se rapproche de celui du calcaire. Le gypse saccharoïde
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 127
a la texture du marbre statuaire; il s’en distingue par sa
grande translucidité. Sa cassure est grenue et inégale ; sa
couleur, ordinairement d’un blanc éclatant, peut passer au
gris et au jaune et devient même rougeûtre. On trouve aussi
du gypse compact, qui a une cassure esquilleuse et une cou-
leur blanc sale ou jaune. Le gypse se trouve généralement
en grands cristaux affectant une forme de fer de lance. Le
gypse est du sulfate de chaux hydraté presque pur. La variété
compacte des environs de Paris comprend, en outre, de la
silice et un peu de carbonate de chaux. Le gypse ne fait pas
effervescence dans les acides; mais il se raye facilement à
l'ongle; grâce à ces deux caractères, il se distingue du cal-
caire et des autres roches.
Soumis à l’action du feu, il perd son eau de cristallisation
et se transforme en plâtre.
Fic. 65. — Gypse.
Formation du gypse. — Le gypse est sédimentaire dans les
dépôts de marnes irisées qu’on trouve dans la Meuse, la
Meurthe et l'Aveyron, ou dans les terrains tertiaires de Paris
et d'Air en Provence ; il est postérieur aux roches qui le
contiennent, dans les amas de terrains métamorphiques des
Alpes et des Pyrénées ; enfin il est dû à l’action des sources
thermales sur le calcaire, dans certains dépôts où il est
accompagné de sulfates, de dolomie, de bitume, etc.
Le gypse saccharoïde, connu sousle nom d'albätre gypseux,
sert à la fabrication de statuettes, socles de pendules, etc., etc.
Sa valeur est, du reste, très inférieure à celle de l’albâtre
calcaire, doué de plus d'éclat et de plus de solidité.
Gisement de Volterra (Toscane). — On exploite à Volterra, en
Toscane, un albâtre gypseux blanc veiné de lignes brunâtres,
qui était déjà connu par les Étrusques qui en ont fait un
grand nombre de tombeaux.
128 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisement de Lagny (Seine-et-Marne). — A Lagny, dans la
Seine-et-Marne, il y a également un beau massif d'albâtre
gypseux. |
Gisement de Saint-Jean-de-Maurienne. — Le gypse de Saint-
Jean-de-Maurienne est blanc et translucide; il a servi à orner
la cathédrale de cette ville.
Gisement du Mexique.— Dans l'État de Puébla (Mexique), on
trouve un gypse si blanc et si transparent que les anciens
Mexicains le coupaient en lames comme du mica et l'uti-
lisaient comme vitres.
Plâtre. — Le principal usage du gypse est la fabrication
Fic. 66. — Four à plâtre.
du plâtre. Chauffé à 120° dan; des fours spéciaux, le sulfate
de chaux perd son eau d'hydratation; on le réduit en
poudre et on le gâche ensuite avec 33 à 30 0/0 d’eau: il
cristallise de nouveau en formant une masse compacte par
suite de l’'enchevêtrement des cristaux. Si la température
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 129
était poussée trop haut, la pierre à plâtre perdrait son eau de
cristallisation, qu'elle ne reprendrait ensuite que très lente-
ment, elle serait, par suite, inutilisable.
Le plâtre a la précieuse propriété de faire prise presque
immédiatement, aussi est-il employé dans les travaux qui
doivent être faits rapidement, voûtes de caves, moulage de
corniches, plafonds, scellements, etc. À Paris, on en fait une
consommation qui va presque à l'abus, et dans bien des
maisons il remplace la chaux et le mortier.
Gisements du bassin de Paris et d’Aix-en-Provence. — Le
plâtre de Paris et celui d’Aix-en-Provence sont bien meilleurs
que ceux qui sont fabriqués avec les autres variétés de
gypse; ils font prise plus rapidement et résistent mieux
aux agents atmosphériques; on a attribué leur qualité à la
quantité de calcaire qu'ils renferment; mais les bancs de
Romainville, par exemple, en contiennent très peu; ceux de
Montmartre en tiennent 12 0/0, et leur qualité est à peu près
la même.
C'est plutôt à la silice gélatineuse qu'ils contiennent, qu'il
faut, paraît-il, attribuer la supériorité des plâtres de Paris
et d’Aix.
Le gypse cristallin donne un plâtre plus fin, mais moins résis-
tant ; on s’en sert pour former l’enduit extérieur des statues.
Mélangé avec de la colle de poisson et coloré avec des
acides métalliques, le plâtre donne le stuc qui sert, depuis
l'antiquité, à imiter les marbres.
On emploie le stuc dans les constructions, pour le revète-
ment intérieur des cages d'escalier, des antichambres et de
diverses pièces; il ne doit servir qu'à l’intérieur des maisons
ou à l'abri des agents atmosphériques.
ANHYDRITE. — Le sulfate de chaux anhydre s'appelle
anhydrile ou gypse anhydre.
L'anhydrite est compacte ou saccharoïde et ressemble plus
encore que le gypse au marbre statuaire; sa dureté (3 à 3,5)
la distingue bien du gypse. Elle est blanche ou légèrement
colorée par de l’oxyde de fer ou du bitume, en gris, en rouge
ou en bleu. Elle contient souvent des traces de silice, de fer
ou de bitume. Elle ne fait pas effervescence avec les acides,
ce qui la sépare nettement des calcaires.
GÉOLOGIE. ne)
EPS RS VE NT PER ep PO OT EST ET CRRTIOE
430 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Formation de l'anhydrite.— L'anhydrite se trouve en amas
dans le terrain primitif. Elle forme aussi des poches dans les
calcaires de divers étages. Elle est due alors à des vapeurs
sulfureuses qui ont traversé les fissures de ces calcaires en
transformant des carbonates.
L'’anhydrite peut se polir et se travailler comme le marbre;
elle ne peut cependant pas être exposée au plein air, car
alors elle se ternit et se transforme en gypse.
Gisement de Vizille (Isère). — On l’exploite à Vizille dans
l'Isère. Elle a servi à faire des colonnes de 5 mètres de haut
dans l’église de Haute-Combe, autour du tombeau des rois de
Sardaigne. L'anhydrite de Vizille se vend à Paris au prix de
500 francs le mètre cube.
Sous le nom de marbre bleu de Wurtemberg, elle sert aussi
à la décoration.
Gisement de Vulpino (Italie). — Enfin à Vulpino, près de
Bergame (Italie), on trouve une anhydrite silicifère appelée
vulpinite, à laquelle les 8& 0/0 de silice qu'elle contient com-
muniquent une jolie couleur cendrée et une dureté assez
grande. On en fait des cheminées et des dessus de tables.
BIBLIOGRAPHIE DU CALCAIRE, DU MARBRE, DE LA CHAUX, ETC.
1870. L'exploilation des marbres de Carrare, de Massamaritima et
de Seravezza (Cuyper, t. XXVII, p. 423).
1870. Dupont, Marbre de Givet (Bulletin de l’Académie de Bel-
gique, 3° série, t. I).
1813. Leymerie, Sur la position el le mode de formation des
marbres dévoniens du Languedoc (Bulletin de la Société
de Géologie, 3° série, t. [, p. 242)
1874. Leymerie, Calcaire car bonifère des re marbres de
Sainl-Béat (Comptes rendus de l'Académie des sciences,
t. XXIX, p. 145).
1874. Coquand, Sur les marbres blancs statuaires des Pyrénées et
de la Toscane (Comptes Rendus, t. LXXIX, p. 411).
1878. Renevier, Sur le macigno des Apennins et le marbre de Car-
rare (Bulletin de la Société vaudoise des Sciences naturelles,
2 série, t. XV, p. 92) (Lausanne).
1878. Gypse dévonien de Russie (Richesses minérales de la Russie.
Exposition de 1578).
1879. Potier, Gypse de l'ancien Comté de Nice (Bulletin de la
Société de Géologie, 3° série, t. VII, p. 603).
1819. Ch. Barrois, le Marbre griotte des Pyrénées (Annales de la
Sociélé géologique du Nord).
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 431
1879. De Tribolet, Note sur les carrières de marbre de Saillon en
Valuis (Bullelin de la Société des Sciences naturelles de
Neufchätel).
1880. Carez, Etage du gypse auprès de Château-Thierry (Bulletin .
de la Société de Géologie, 3° série, t. VIIT, p. 247 et 462).
1881. Charpy, Sur l’industrie de la marbrerie à Saint-Amour et
sur les divers gisements de marbre dans le département du
Jura.
1881. Caravin-Cachin, Découverte du gypse dans les couches du
tertiaire éocène supérieur du Tarn (Comptes Rendus,
EXC n°19; p.153):
1882. Renevier, Nouveau gisement de marbre saccharoïide sur
Brançcon en Valais (Bulletin de la Société vaudoise des
Sciences naturelles, 2° série, t. XVIII, p. 129) (Lausanne.
1882. Virlet d'Aoust, Rapport sur les marbres et les pierres litho-
graphiques du département de l'Aude (Paris).
1885. Frossard, Les marbres des Pyrénées (Bulletin de la Société de
Géologie, 3° série, t. XIII, p. 272).
1885. Decœur, Chaux hydraulique du Teil dans l'Ardèche (Indus-
trie minérale, 2° série, t. XIV, p. 411 et 473).
1886. Nofe sur les plätrières de Saint-Martin, commune de Lar-
roque (Tarn) [à Montauban, chez Forestié].
1888. Arnaud, Argiles gypsifères des Charentes (Bulletin de la
Société de Géologie, 3° série, t. XVII, p. 290).
1891. Thomas, Gypses des hauts plateaux de Tunisie (Bulletin de
la Société de Géologie, 6 avril).
29 ROCHES SILICEUSES
On peut diviser les roches siliceuses en trois catégories,
suivant qu'elles sont compactes, agglomérées ou meubles.
ROCHES SILICEUSES COMPACTES
Les roches siliceuses compactes sont d’origine purement
chimique.
On distingue parmi ces roches le silex, la meulière et la
gaize.
SiLex. — Les silex s'appellent encore pierres à fusil. Ils se
présentent en rognons à cassure conchoïdale d'une couleur
blanche, blonde ou presque noire. Leur dureté est très grande
et ils font feu au briquet.
Le silex est formé de silice presque pure (95 à 97 0/0) mélan-
gée d’alumine, d'oxyde de fer et d'eau. Il ne fait pas effer-
132 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
vescence aux acides êt, pour l’attaquer, on doit le traiter par
le carbonate de soude à la température du rouge.
Gisements. — Les silex existent dans presque tous les ter-
rains sédimentaires. On
en trouve surtout dans le
terrain jJurassique, à la base
de l'oxfordien, dans l’étage
du grès vert et de la craie
blanche et dans les diffé-
rentes couches du terrain
tertiaire. Ils proviennent
ES d'un dépôt de silice qui
s'est fait au sein des terrains
calcaires toujours plus ou moins silicifères. La silice parait
s'être concentrée autour de noyaux organiques, quoiqu'on ne
retrouve pas toujours ceux-ci à l'intérieur des silex.
Usages. — Le silex sert surtout à l’'empierrement des routes;
on l'utilise aussi au pavage, quoiqu'il s'y prête assez mal. Tou-
louse, Montauban, Strasbourg et Nancy sont pavés en galets
de silex. Dans quelques villes du Midi de la France, dans le
pays de Caux et en Picardie, on construit des maisons en
silex encadré de bordures de briques, qui sont d’un effet
assez pittoresque.
MEULIÈRE. — La meulière est une variété particulière de
silex, qu'on trouve en masses assez importantes. Elle se pré-
sente parfoisavecunetexture compacte d'un gris blanchâtre et
avec la dureté du silex. C’est
la caillasse, dont l'emploi
est proscrit dans les cons-
tructions importantes, car
elle prend mal le mortier.
Mais elle présente parfois
une texture caverneuse, qui
peut devenir tellementläche
que la pierre ne pèse plus
que 650 kilogrammes le
mètre cube. Cette meulière caverneuse, appelée pierre à
meule, silex molaire ou silex carié, est fréquente dans Île
terrain tertiaire.
Fig. 68. — Meulière.
2) .
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 133
Usages. — Les plus belles meulières caverneuses sont celles
de la Ferté-sous-Jouarre, qui sont surtout employées à la
confection des meules de moulins. Mais elles sont aussi fort
estimées pour la construction, à cause de leur grande résis-
tance à l’écrasement, unie à une grande légèreté qu'elles
doivent aux cavités dont elles sont parsemées. De plus, le
ciment, pénétrant dans les cavités, fait corps avec la pierre et
donne une maçonnerie bien homogène.
A Paris, la meulière est prescrite pour la construction des
fosses d’aisance et celle des égouts. Elle sert aussi aux fon-
dations de beaucoup de monuments; en particulier, les deux
théâtres de la place du Châtelet, le Tribunai de Commerce,
l'Opéra et l’'Hôtel-Dieu reposent sur des assises en meulière.
Les parements des ponts National, d'Austerlitz, des Invalides,
de l’Alma et ceux du Petit-Pont sont faits en meulières
piquées et en ciment de Poissy. Ces pierres viennent des
carrières de Ponthiéry et d'Orgenoy, entre Juvisy et Corbeil,
qui envoient journellement leurs produits par la Seine.
Les carrières de Buchet et de Brunoy fournissent aussi des
pierres très régulières, qui ont servi à construire la plupart
des quais de Paris; mais l'herbe qui y a poussé, dans les
cavités, amène de l'humidité et expose les pierres aux effets
de la gelée. La meulière vaut de 10 à 13 francs le mètre cube
sur carrière. (Voir l'étude de M. Colomer, sur les Pierres
meulières des environs de Paris, Revue technique, 189#).
Gare, — La gaize est une des roches les plus légères que
l’on connaisse ; sa densité n’est que de 1,48; elle est verdätre,
très tendre et se délite à l’air en se divisant en petits fragments.
C'est une roche siliceuse contenant un peu d'argile et des
grains de glauconie qui lui donnent sa couleur. La silice
qu'elle contient offre ce caractère particulier d’être soluble
dans la potasse comme la silice gélatineuse.
Gisement de l’Argonne. — La gaize se trouve dans l’Argonne
où elle forme une vaste lentille d’une centaine de mètres
d'épaisseur, due certainement à une précipitation chimique.
Usages. — Cette roche donne d'assez mauvais matériaux de
construction, par suite de l’altération que lui fait éprouver
l'atmosphère ; on l’emploie cependant à l’intérieur. Mais elle
est surtout utilisée comme produit réfractaire, à cause de la
134. GÉOLOGIE APPLIQUÉE
forte proportion de silice qu'elle contient; on en a fait des 4
cheminées, des fours de boulanger, des fours à chauxet
même des hauts-fourneaux.
On a cherché à l’employer aussi dans la confection de
mortiers hydrauliques ; mais on n’y a qu'à moitié réussi, à
cause des écarts de composition qu'elle présente.
ROCHES SILICEUSES AGGLOMÉRÉES
BRÈCREs. — On appelle brèches, des conglomérats formés
de fragments anguleux réunis par un ciment quelconque.
Si les fragments sont arrondis, la roche prend le nom de
poudingue. Les brèches siliceuses sont d’un usage assez rare,
à cause de la difficulté que l’on éprouve à les travailler.
Cependant à Polignac, dans la Haute-Loire, on exploite
une brèche siliceuse formée de débris de roches volcaniques
et ne pesant que 2.000 kilogrammes le mètre cube. Elle ne
coûte que 25 francs le mètre cube; elle a servi notamment à
la construction de l’église du Puy.
La brèche universelle est composée de fragments de roches
très diverses, granite, porphyre et pétrosilex, agglomérés par
un ciment feldspathique. C’est une des roches les plus dures
et en même temps les plus riches en couleurs qui existent.
Les Égyptiens l’exploitaient en Arabie près de Kéré; ilsenont
fait le sarcophage d'Alexandre, qui à 15 mètres de tour et
qui est couvert d'hiéroglyphes. Au musée du Louvre, on
voit des bases de colonnes et une statue de prisonnier bar-
bare faites de cette matière.
On trouve aussi des brèches, moins belles, il est vrai, dans
le Hainaut et dans les Vosges entre Thann et Guebwiller.
La brèche rouge violacé de Vizille est une roche analogue ;
elle est d'un polissage difficile ; elle est colorée par des mor-
ceaux de calcaire rouge et de serpentine verte. Elle vaut
1.000 francs le mètre cube rendue à Paris, en comptant une
centaine de francs de transport.
Grès. — Les grès sont des pierres qui offrent souvent moins
de résistance à l'écrasement que les calcaires et qui surtout
font difficilement corps avec le mortier ; aussi ne peuvent-ils
que rarement être employés à la construction.
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 435
Les grès sont composés de grains de quartz réunis par un
ciment.
D'après la nature du ciment on a des grès siliceux,
argileux ou calcarifères. |
Origine. — Le grès pro- : 2
vient de roches quartzeuses
anciennes qui ont été dé-
truites et dont les éléments
ont été ressoudés plus tard
par la précipitation chimique
d'un ciment. Aussi les grès
contiennent-ils fréquemment
du mica, du feldspath, de la
serpentine et d’autres débris des roches auxquelles a appar-
tenu le quartz.
QuarrziTe. — Les quartzites sont des grès siliceux dans
lesquels la pâte soude si bien les grains que le tout a parfois
l'apparence d’une masse compacte. Ils contiennent souvent
des cristaux de quartz et de feldspath, qui leur donnent l’as-
pect de porphyres. Parfois aussi ils présentent des lits de
chlorite et de mica, quileur donnent une apparence schisteuse.
«
+ — %
Fi. 69. — Grès.
Les quartzites appartiennent aux terrains paléozoïques; on
les rencontre aussi fréquemment dans l'étage anthracifère
des Alpes.
pit PR NS ET TR. Me AT SR D ts RE AS rt LEE ON
\ FA
136: ? GÉOLOGIE APPLIQUÉE
_ Usages. — On a employé, pour le tombeau de Napoléon
aux Invalides, un grès rouge très dur (quartzite de Die.
qui a pris le poli du marbre.
Plus souvent, on l'utilise comme pavés. La montagne du
Roule, près de Cherbourg, fournit les pavés dits de la Manche,
très En à Paris, où leur prix varie de 120 à 260 francs
le mille, suivant les dimensions.
enans de Cherbourg. — Dans la Manche on emploie les
produits de la carrière du Roule comme matériaux de cons-
truction, et on en a construit la jetée du port de Cherbourg.
Gisements des Ardennes. — On exploite aussi très activement,
comme pavés, les quartzites, dans les Ardennes. Dans le
Wurtemberg, on trouve des grès siliceux très durs qui ont
servi à construire la cathédrale gothique de Cologne.
Gisements du bassin de Paris. -— Les grès du bassin tertiaire
parisien, de Fontainebleau et de Beauchamp sont formés de
grains quartzeux très fins, réunis par un ciment siliceux ou
calcaire. Ils sont trop lourds et se prêtent trop mal à la taille
pour être employés à la construction, maisils font d'excellents
pavés. |
GRÈS BIGARRÉ. — Le grès vosgien de la partie inférieure du
trias etle grès bigarré du même étage sont des grès à ciment
argilo-siliceux. Ils fournissent des matériaux qu'on peut
employer à la construction. Leur poids est de 2.000 kilo-
grammes par mètre cube environ, etleur résistance à l’écrase-
ment de 250 à 500 kilogrammes par centimètre carré.
Usages. — Le grès bigarré a servi a construire la cathédrale
de Strasbourg; le soubassement de l’ancien Palais de l'In-
dustrie de Paris était en grès bigarré de Phalsbourg.
Gisements des Vosges. — Le grès de Voivres, dans les Vosges,
se divise en plaques qu'on appelle laves, assez minces pour
servir à la couverture des bâtiments, mais cependant friables
et un peu lourdes pour cet usage. |
Gisements du Wurtemberg.— Dans le Wurtemberg on trouve
du grès vosgien assez siliceux pour qu'on l'utilise comme
pierre réfractaire pour la construction des fours.
GRAUWACRE. — La grauwacke est un grès formé de fragments
de quartz et de roches éruptives réunis par un ciment argileux
et parfois argilo-siliceux. Elle est grise, jaune ou rougeûtre;
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 197
c'est une roche qu'on trouve dans les terrains anciens de la
Bretagne et des Ardennes, et qui ne sert que sur place pour
des constructions sans importance.
GRÈS HOUILLER. — Le grès houiller est d'un grain plus
grossier que la grauwacke. Il se trouve en couches puissantes
dans le terrain houiller; il est coloré en gris par le bitume
et devient plus foncé par exposition à l'air. Il pèse 2.100 kilo-
grammes par mètre cube et résiste à des charges de 250 kilo-
grammes par centimètre carré. Il vaut de 35 à 40 francs sur
carrière. Il a servi à construire la ville de Saint-Étienne et
plusieurs autres villes de la Loire et de la Haute-Loire.
GRÈS CALCARIFÈRE. — La molasse est un grès soudé par une
pâte calcaire qui peut représenter le tiers de la masse. C’est
une roche très friable, mais qui durcit à l'air. Elle pèse
2.000 kilogrammes par mètre cube ets’écrase parfois sous des
charges de 100 kilogrammes par centimètre carré. Pourtant
elle prend bien le mortier et est très employée pour les
constructions dans le sud-ouest de la France. Les carrières
de Rhune, près Ascain, ont fourni la molasse avec laquelle
on à édifié le phare de Biarritz et le port de Bayonne. En
Dauphiné et en Savoie, on s’en sert beaucoup aussi. Enfin
Genève, Berne et plusieurs villes dela Suisse ontété construites
avec la molasse. À Carcassonne et à Brives, beaucoup de
maisons sont faites d’un grès calcarifère.
Le Miscrexo est aussi une sorte de molasse qui a servi à
bâür le palais Pitti, à Florence; il a fourni les dalles des rues
de Pise et de Florence.
ARKOSE. — L'arkose peut être rapproché des grès par sa
composition; c'estune arène granitique contenant encore tous
les éléments du granite qui ont été ressoudés sur place. On
le trouve dans les Vosges, les Ardennes, le Morbihan ; on s’en
sert comme pavés et comme matériaux d'empierrement pour
les routes.
ROCHES SILICEUSES MEUBLES
SABLE QUARTZEUX. — Les sables sont un produit de la désa-
grégation des roches. Le quartz est celui des éléments des
roches éruptives et sédimentaires qui résiste le mieux aux
actions physiques et chimiques; il est donc naturel que la
ER sr Er x rte hd SAM n 3 RO RES PERS ON TO Po ee GR a LT ET a ri es dé, AT
J DRE c e F = à = 3 ET. re qe J
Le
138 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
plupart des sables soient quartzeux. Le sable quartzeux est #
formé de grains de quartz quelquefois arrondis, plus souvent |
anguleux. Quand il est pur, il est d'un blanc éclatant, maisil
est souvent mélangé à d’autres substances et surtout à des
paillettes de mica. :
Usages. — L'emploi le plus important du sable pour les |
constrüctions est la confection du mortier; pour qu'il y soit
tout à fait propre, il ne doit pas contenir d'argile.
Moyen de reconnaître un bon sable. — On s'en aperçoit
aisément au simple toucher; dès qu'il contient un peu d'argile,
il salitles doigts. De plus, en approchant de l'oreille une pincée :
de sable qu'on écrase entre les doigts, on entend un grésille-
ment d'autant plus net que les grains sont plus anguleux et
le sable plus propre à la confection du mortier. Le sable étant
incompressible peut servir aux fondations et au pavage; là
encore il faut qu'il soit bien exempt d'argile. Au contraire,
lorsqu'il sertà rendre étanche le fond des canaux ou à arrêter
des suintements, la présence de l'argile est une qualité.
Gisements. — Les carrières de Fontainebleau fournissent des
quantités considérables de sable quartzeux qui sont aussi
utilisés pour la verrerie et la cristallerie {Voir le chapitre
des Industries diverses).
On peut aussi utiliser, pour le mortier, le sable de la mer;
mais il fautavoir soin au préalable de l’étendre enlits peu épais
et de l’exposer à la pluie, afin qu'il puisse se débarrasser des
sels déliquescents qu'il contient et qui conserveraient l'humi-
dité dans le mortier des maconneries.
GRAVIER. — Quand la dimension des grains dépasse 3 milli-
mètres, les sables deviennent des graviers. Les grains de gra-
vier sont généralement arrondis. Ils servent de ballast pour
les voies de chemins de fer. Ils doivent alors être exempts de
matières terreuses qui s'opposeraient à l'infiltration des
eaux, et de sable qui ferait de la poussière. Les graviers sont
aussi employés pour les constructions en béton, et pour l'em-
pierrement de certaines chaussées; mais il faut éviter d’em-
ployer pour ce dernier usage des graviers dont le volume
serait un peu trop considérable, car ils produiraient l’usure
rapide des roues des voitures et des sabots des chevaux; ils
rendraient d'ailleurs pénible la marche des piétons.
lt Vi à ce L
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 139
3° ROCHES ARGILEUSES
Les roches argileuses sont formées essentiellement de
silicate d'’alumine hydraté.
On peut les ranger, d’après l'importance de leur utilisation
dans les constructions etles travaux publics, en argile terreuse,
phyllades et schistes.
ARGILE A BRIQUES
Propriétés physiques etchimiques. — L'argile terreuse propre-
ment dite provient de matières qui se sont déposées après
avoir été longtemps tenues en suspension dans les eaux à
l’état boueux. Pure, l'argile est réfractaire, c’est-à-dire que
non seulementelle est infusible, mais qu’elle se contracte au
feu. La présence des oxydes métalliques lui fait rapidement
perdre cette propriété. L'argile est plastique, c’est-à-dire
qu'elle se laisse facilement modeler. Séchée au feu, elle devient
cassante et dure au toucher. Dès qu'elle a perdu son eau de
combinaison, elle perd toute sa plasticité. L’argile est recon-
naissable au goût par sa saveur sèche. On la définit en disant
qu'elle happe à la langue. Elle a aussi une odeur particulière,
l'odeur argileuse.
Il existe un grand nombre de variétés d’argiles :
Les argiles plastiques, le kaolin, l'argile sableuse, la marne,
l'argile bitumineuse, l'argile figuline, l'argile calcarifère, etc.
Pour les constructions on n’emploie guère que les argiles
figuline et calcarifère impures. Les autres variétés sont
employées pour la poterie, la faïencerie, l'amendement des
terres, etc., et seront passées en revue dans des chapitres
ultérieurs, avec les matériaux employés dans les arts indus-
triels et dans l’agriculture.
La terre à briques est une argile figuline impure. L’argile
figuline sert aussi à faire les faïences communes et les
poteries. On l’emploie pour la construction à l’état de pisé,
c'est-à-dire délayée dans de l’eau et fortement tassée. Cette
maconnerie est surtout employée dans les départements du
Rhône, de l’Ain et de l'Isère. Mais la principale application
PISTE ENS
EC 2 d -Dn dé | ARS des LT <e di" Len. | ed CE 5 x
140 _ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de l'argile est la fabrication des briques. Les briques confec-
tionnées dans des moules des plus simples sont ensuite
séchées au soleil, puis cuites en grands tas. Dans beaucoup
d'endroits et surtout en Belgique, en Hollande, dans le Nord
et le Pas-de-Calais, les briques sont les matériaux de cons-
truction courants. On fabrique aussi, avec l'argile, des tuiles
pour la couverture des maisons et même de certains monu-
ments, toutes sortes de poteries pour la construction et des
tuyaux de canalisation. On en fait encore, en Hollande, des
pavés pour les routes.
Les argiles les plus propres à faire de la brique sont géné-
ralement brunes ou rougeûtres, par suite de la présence
d’oxydes de fer. Ce sont ces matières ferrugineuses, qui, par
la cuisson, donnent à l’argile la teinte rouge des briques.
La qualité des briques dépend de la composition et de la
pureté de l'argile employée pour leur fabrication ; mais on
peut l'améliorer en comprimant fortement l'argile dans les
moules et en la cuisant dans des fours spéciaux (fours
Hoffmann) au lieu de la cuire en tas. Il existe actuellement
un assez grand nombre de briqueteries mécaniques, qui four-
nissent, pour les constructions, des matériaux bien homo-
gènes, à un prix de revient généralement plus bas que les
briques faites à la main et cuites en tas.
La même argile peut être employée dans la confection de
tuiles pour couvertures de maison. Des moules spéciaux per-
mettent de donner à ces tuiles toutes les formes voulues.
La brique est universellement employée dans les cons-
iructions, même dans les pays où la pierre à bâtir se trouve
en abondance. Cela tient à la facilité de sa fabrication et, par
suite, à l'économie de son emploi.
Pisé. — L'argile, quand elle n'est ni trop grasse ni trop
maigre, est employée crue, à l’état de pisé, pour des cons-
tructions de peu d'importance.
Il existe même des maisons de cinq étages, entièrement
construites en pisé, dans le centre de la France ; mais il faut
avoir soin de recouvrir le pisé d’un enduit qui le préserve
de l’action des agents atmosphériques. |
Inconvénients des terrains argileux pour les constructions. —
L'argile, qui rend de si grands services pour l'édification des
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 1#1
maisons, présente de graves inconvénients, lorsqu'elle cons-
titue le sol sur lequel on doit exécuter des constructions ou
des travaux publics.
Quand les dépôts argileux du sol sont à l’abri des agents
atmosphériques, ils se maintiennent bien et conservent une
dureté suffisante pour les fondations ; mais, quand ils ont été
exposés à l'air, ils prennent facilement l'humidité et se
délayent rapidement.
Il arrive ainsi que de grandes masses de terrains se
déplacent par glissement, généralement après une saison
pluvieuse, entraînant avec eux ou disloquant les construc-
tions qui les surmontent.
Il est donc nécessaire de masquer rapidement avec des
maçonneries la surface des terrains argileux, afin d'éviter le
fendillement superficiel qui se produirait sous l’action du
soleil et faciliterait ultérieurement l'infiltration des eaux.
BIBLIOGRAPHIE DE L’ARGILE
1874. Schlæsing, Sur la constilution des argiles el kaolins
(Comptes Rendus, t. LXXIX, p. 376 et 4173).
1880-1881. Fontannes, Terrains des environs de Bollène (Bulletin
de la Société de Géologie, 3° série, t. IX, p. 438).
1887. Le Chatelier, Constitution des argiles (Comples Rendus de
l’Académie des Sciences).
PHYLLADES
Les phyllades, ou schistes ardoisiers, sont des roches
schistoïdes feuilletées, dont le nom est tiré du grec
lssAoy — feuille).
Les phyllades constituent des assises puissantes dans divers
terrains. Ils appartiennent au cambrien et au silurien dans
les Ardennes et dans le Maine-et-Loire, à la base du terrain
houiller à Briançon, dans les Alpes, et aux terrains nummu-
litiques à Giaris, en Suisse.
Ce sont des argiles compactes, devenues schisteuses par
compression et métamorphisme.
ARDOISES. — Quand les phyllades peuvent être fendus en
BST NE Le ee es 0 Er 0 De Dr 2 sue De RL TE ter PT ENT EE RE
+ ph 2% ; TA : APS $ RL EN PR DD ef"
142 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
lames très minces, on leur donne plus spécialement le nom
d’ardoises.
Propriétés physiques et chimiques. — Les ardoises sont des
phyllades de couleur grisâtre, bleutée, violacée ou rougeûtre.
Leur pâte est fine, compacte et homogène.
Elles sont formées par un silicate d’alumine impur, riche -
en débris organiques et contenant des traces de chaux, de
magnésie, de titane et 3 0/0 d’eau environ.
Leur densité varie de 2,61 à 2,95.
La dureté varie depuis celle du gypse, pour les phyllades
satinées, jusqu'à celle du marbre, quand elles passent insen-
siblement aux schistes argileux, en perdant leur éclat. La
résistance à la rupture, assez faible dans les ardoises,
augmente très rapidement avec l'épaisseur. M. Blavier a
trouvé, en opérant sur des ardoises de 0,25 de côté, que,
pour des épaisseurs respectives de 1, 3, 5 et 7 millimètres,
les charges de ruptures étaient 8, 50, 120 et 179 kilogrammes.
Il y a donc intérêt à employer des ardoises aussi épaisses
que les charpentes peuvent les supporter.
Les bonnes ardoises se fendent facilement en feuilles très
fines et rendent au choc un son de cloche.
L'ardaise a la propriété de s’altérer difficilement à l'air et
de pouvoir se diviser en feuilles très minces et cependant
très résistantes.
Schistosité. — Cette dernière particularité s'appelle la
schistosité ; c’est le caractère principal de l’ardoise.
La schistosité est le résultat d'efforts mécaniques posté-
rieurs au dépôt des phyllades ; elle affecte souvent une direc-
tion différente de la stratification, et elle est plus ou moins
accentuée, selon que l’on se trouve dans des parties du
gisement plus ou moins affectées par ces efforts mécaniques.
La compression des schistes ardoisiers s'étant générale-
ment exercée dans plusieurs sens, on remarque ordinaire-
ment sur les ardoises une seconde schistosité moins nette,
qu'on appelle le longrain et qui sert d'indication pour l’aba-
tage et le fendage des ardoises.
Certaines .qualités d’ardoises s'imprègnent facilement d'hu-
midité et ne peuvent pas se conserver longtemps; car, à la
première gelée, elles se brisent presque immanquablement.
122 æ
NE
ET TE Te
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 143
Ces sortes d'ardoises ne peuvent pas être employées pour la
couverture des maisons.
Usages. — Les ardoises, grâce à leurs propriétés de schis-
tosité, de résistance et d'imperméabilité, sont employées,
selon leur qualité et leur couleur, à faire des tableaux noirs
grisatres pour les écoles, des revêtements de salles de bains
et de laiteries, des pavages, des mangeoires pour les che-
vaux, des tables de billard, etc. ; mais leur principal usage
_ est la couverture des maisons et des monuments.
Cuites ou vernissées, elles servent à la décoration inté-
rieure des habitations.
Géogénie. — Ces matériaux, si résistants et cependant si
fissiles suivant leur plan principal de clivage, ont été formés,
dès l'ère primaire, par des argiles très ténues, qui se sont
trouvées comprimées entre des lits de quartzites et de grès,
puis redressées, amincies, repliées et enfin transformées
par la compression et par la chaleur due au frottement des
roches, en ardoises solides et lamelleuses, telles qu’on les
trouve dans les divers gisements exploités actuellement.
Gisements. — Malgré la concurrence que lui font et les
tuiles mécaniques et les couvertures métalliques, l’ardoise
se trouve employée à de grandes distances de ses centres
principaux de production, qui ne sont, somme toute, pas
très nombreux. |
En France, les principaux gisements ardoisiers sont ceux
des Ardennes et de l'Anjou :
Les Ardennes. — A Fumay, Haybes et Rimagne, on trouve
des ardoises de bonne qualité, violettes ou rouges (silurien
inférieur et cambrien\. Les ardoisières, bien que considérées
comme carrières, y sont exploitées par puits inclinés ou des-
cenderies, jusqu'à de grandes profondeurs, à cause de la
forte inclinaison des bancs (50°).
Les ardoises de Fumay ont été employées pour le nouvel
Hôtel de Ville de Paris. Celles de Rimagne ont servi à couvrir
la Bibliothèque nationale.
Les autres gites des Ardennes sont ceux de Deville et de
Monthermé.
Les ardoises taillées des Ardennes se vendent actuelle-
ment 24 francs le mille, sur carrière.
4144 GÉOLOGIE APPLIQUÉE |
L'Anjou. — Les exploitations les plus importantes sont
celles de l’Anjou. Les ardoises de cette région, qui font l’objet
d’une exploitation considérable, renferment malheureuse-
ment un peu de pyrites qui s'oxydent à l'air et rendent la
roche pulvérulente au bout d’un certain nombre d'années.
Ce sont surtout des ardoises bleues qu'on trouve dans
l’Anjou (terrain silurien), à Trélazé.
On exploite, entre Angers et Segré, des veines de schistes
ardoisiers souvent fortement redressées, dont la puissance
atteint 100 mètres et qui sont interstratifiées dans des
schistes siluriens. Ici les bancs de grès des Ardennes
manquent complètement. Il existe de nombreuses fentes,
veines de quart z, cassures, etc.
Les principales exploitations sont : Trélazé (la Grand'Mai-
son, les Fresnais, les Grands-Carreaux, l'Hermitage) et
Saint-Barthélemy. L'exploitation, entreprise primitivement à
ciel ouvert, se fait aujourd'hui souterrainement en pratiquant
de grands vides (60 >< 60 >< 100 mètres) éclairés à la lumière
électrique. Cette méthode, employée aux Grands-Carreaux
depuis 1832, est dangereuse, parce que les grandes voûtes
qu'elle crée risquent de s’ébouler ; elle est remplacée par la
méthode en remontant, à la Grand'Maison et à la Forêt
: (Segré).
Autres gisements ardoisiers. — On trouve d'autres gisements
ardoisiers en France dans les régions suivantes :
La Savoie, formations beaucoup plus récentes (terrain
jurassique).
Les Alpes, terrain anthracifère et dique.
Le Dauphiné, la Seine-Inférieure, la Corrèze, la Mayenne, la
Manche à Saint-Lô, la Bretagne à Redon, la Loire-Inférieure
au Grand-Auverné, le Maine-et-Loire à Noyant-la-Gravoyère,
le Calvados à Cherbourg.
En Belgique, le prolongement du bassin de Fumay et
d'Haybes est mis en exploitation depuis quelques années aux
environs d'Oignies.
En Allemagne, dans le Harz et en Saxe, on trouve aussi
des gisements ardoisiers.
En Angleterre, il existe des gisements considérables d'ar-
doises dans le Pays de Galles. Les ardoisières du Pays de
DC AR Be 2 T DIR D Mt mp CE, , D
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION 145
Galles, très activement exploitées, appartiennent au cambrien
inférieur (carrières de Penrhyn, de Llanberis et d'Arthog) ou
au silurien (ardoisières de Palmerston et de Llechwedd dans
le district de Blaenau, et d’orthin dans le district de Festiniog,
appartenant aux assises de Llandeilo). Les ardoisières du
Shropshire appartiennent aux couches siluriennes de Wen-
lock. On exploite à ciel ouvert ou souterrainement par gradins
inclinés avec piliers abandonnés (Festiniog), par tranches
horizontales, également avec piliers abandonnés (Corris)
et par gradins renversés avec ou sans piliers abandonnés
(Cræsor).
SCHISTES
Propriété des schistes. — Les schistes, tout en ayant la même
texture feuilletée que les phyllades, sont moins fissiles que
ces derniers et s’en distinguent par la facilité avec laquelle
les agents atmosphériques les réduisent en argile.
Le schiste est une pierre tendre, sauf dans ses variétés sili-
ceuses passant au Jaspe. Sa composition chimique se rap-
proche beaucoup de celle des phyllades : 60 à 70 0/0 de silice,
15 à 20 0/0 d'alumine; le reste est de l’oxyde de fer, de la
magnésie et de l’eau.
Gisements et usages. — On rencontre les schistes dans les
terrains anciens et particulièrement dans les couches silu-
riennes. Ils peuvent servir à la construction et forment des
moellons de hauteur uniforme et des lits bien plats; mais.
pour le parement ils sont trop irréguliers et doivent être
dressés à la scie, ce qui augmente beaucoup le prix de re-
vient. On a bâti ainsi plusieurs villages de l’Anjou et des
Ardennes.
Les schistes peuvent aussi servir à faire des dallages,
desappuis de fenêtres et des marches d’escaliers. Les espèces
siliceuses qui sont les plus dures sont celles qui con-
viennent le mieux pour ces usages.
L'inconvénient principal des schistes dans les construc-
tions, c’est qu'ils ne prennent pas très bien le mortier ; on ne
les emploie que dans les pays où les autres pierres font abso-
Jument défaut.
GÉOLOGIE. 10
Re ES ee RE UT à
: PTE RE pes LR OST
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
BIBLIOGRAPHIE DES ARDOISES
1879. Coste, Mémoire sur le gîte ardoisier DGA DEEE (Haule-
Garonne (chez Chaix, à Paris).
1819. Maumerie, Sur la composition de l'ardoise (Comptes Rendus,
t. LXXXIX, p. 243) (Paris).
1881-1882. Lahoussaye, Note sur le terrain ardoisier de Rimagne
(Annales de ‘la Société géologique du Nord, t. IX, p. 28,
(Lille).
1882-1883. Gosselet, Communication sur les veines ardoisières de
Fumay (Bulletin de la Société de Géologie, . série, ECM,
p.343) (Paris).
1883. Blumard. les Carrières d'ardoises à Angers (la Nalure,
n° 525-544, p. 130) (Paris).
188%. Larivière, Voyage aux ardoisières du Pays de Galles (Annales
des Mines, 8° série, t. VI, p. 505).
1889. Nivoit, l'Industri ie des Ardennes. e
1889. Autissier, Nofice sur les ardoisières de Rochefort-en-Terre
(Morbihan) (Saint-Étienne-Théolier).
1891. Ichon, Sur Pantone souterraine des ardoisières d'Angers
(Bulletin de la Société de l'Industrie minérale, 3° série,
LIN):
1896. Les Ardoisières, par Watrin, contrôleur des Mines, à
Mézières.
CHAPITRE III
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE
LE FER ET SES MINERAIS
PROPRIÉTÉS PHYSIQUES. — Le fer est un métal d'un blanc gri-
sätre, ductile, malléable; c'est un des plus tenaces des mé-
taux usuels ; on peut le réduire en fils très fins et en lames
très minces (un fil de fer de 2 millimètres de diamètre ne
rompt que sous une charge de 250 kilogrammes). Le fer est
doué d'une légère odeur et d'une saveur métallique caracté-
ristiques.
La densité du fer fond 1 est de 7,25 ; elle varie de 7,40 à 7,90
lorsqu'il est forgé et écroui.
Le fer fond entre 1.500 et 1.600°. Avant d'atteindre cette
température, 1l se ramollit et devient pâteux ; on peut alors
le faconner sous le marteau et le souder à lui-même. En se
solidifiant, le fer pur cristallise en un assemblage de petits
grains brillants et prend par l’étirage et le laminage une
texture fibreuse. Cet état fibreux est celui qui correspond à
son maximum de résistance et de ténacité. Avec le temps, il
redevient lentement cristallin ou lamelleux; les vibrations
répétées accélèrent cette modification de la structure du
métal, qui le rend cassant et impropre à résister aux chocs
sans se briser.
Le fer possède au plus haut degré les propriétés magné-
tiques (propriété d’être attiré par un aimant) et reste lui-
même aimanté quand il a été sous l'influence d’un aimant.
Le fer pur, ou fer doux, se désaimarnte et perd toute propriété
attractive aussitôt qu'il cesse d’être sous cette influence; il
148 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
n’en est pas de même de l'acier qui ne se désaimante plus, à
moins qu'on ne le porte au rouge.
Le fer est bon conducteur de la chaleur et de l'électricité;
sa chaleur spécifique est de 0,1188. D'une dureté considé-
rable, le fer raye le spath d'Islande, mais est rayé par le verre.
PROPRIÉTÉS CHIMIQUES. — Le fer peut s'unir directement
avec tous les métalloïdes autres que l'azote.
Il est inaltérable dans l'air sec à la température ordinaire.
Dans l’air humide, il se forme lentement à sa surface de la
rouille ou hydrate d'oxyde ferrique. Dès que le dépôt de rouille
a commencé à se produire, l'oxydation devient plus active.
Quand le fer s’oxyde à une température élevée, le produit
de la combustion est de l’oxyde magnétique (Fe?0‘), le seul
qui soit stable à haute température. Cet oxyde (oxyde des
battitures) est celui qui se détache du fer incandescent en
brillantes étincelles sous le choc du marteau. C’est le même
oxyde qui se produit par le choc d'un silex sur une lame de
fer (d'un fer à cheval sur un pavé, par exemple).
Le fer décompose la vapeur d’eau au rouge; il se dégage
alors de l'hydrogène et il se forme de l’oxyde magnétique. Le
fer pyrophorique (sesquioxyde réduiten poussière impalpable
par l'hydrogène, quis’enflämme spontanément au contact de
l'air) décompose l’eau lentement à 15° et rapidement à 1000.
Enfin le fer est considéré en médecine comme un spécifique
souverain dans le traitement de la chlorose et de l’anémie.
Usaces.— Soit à l'état de fonte, soit à l'état de fer pur, soit
enfin transformé en acier, le fer est le métal dont l’usage est
le plus répandu. Il est employé dans nos habitations où il
tend de plus en plus à remplacer le bois et même la pierre;
et il joue le rôle principal dans la construction de nos ma-
chines, de nos outils, de nos moyens de transport, de nos
armes et de nos appareils scientifiques.
Fonte. — La fonte est un carbure de fer provenant direc-
tement de la fonte du minerai; elle contient environ 95 0/0
de fer, 2 à 5 0/0 de carbone et quelques autres matières,
telles que silicium, phosphore, azote, soufre et manganèse.
Les propriétés de la fonte varient suivant sa composition et
surtout suivant que le carbone s'y trouve à l’état de mélange
ou de combinaison.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 149
De là. diverses variétés de fontes formant toute une gamme,
du doux au dur cassant, mais que l’on a classées en deux
types principaux, la fonte grise et la fonte blanche.
Le fer s'obtient en enlevant à la fonte, par des procédés
qui ne seront pas décrits ici, le carbone qu'elle contient.
MINERAIS
Les principaux minerais de fer sont les suivants :
Oxydes. — Les minerais oxydés les plus répandus sont
la magnétite ou fer oxydulé (Fe°0#), l'oligiste ou hématite
rouge, qui est un sesquioxyde de fer anhydre (Fe?203); enfin
la limonite, appelée hématite brune ou fer oolithique, qui est
un sesquioxyde hydraté (Fe?0%H0).
Carbonate. — Le carbonate de fer, ou sidérose (FeCO),
porte aussi le nom de fer spathique.
Sulfures. — Le principal minerai sulfuré est la pyrite de
fer (FeS?) que l'on traite pour fer, après en avoir extrait le
soufre (fabrication de l'acide sulfurique); on peut citer en-
core la marcassite, ou pyrite blanche, et le mispickel, ou
fer arsenical, qui est un sulfoarséniure de fer.
Silicates. — Le silicate de fer entre dans la composition
de la plupart des roches éruptives.
Ces divers minerais se trouvent répandus en abondance
sur toute la surface du globe et dans presque toutes les
formations géologiques. On ne doit considérer comme
minerais de fer proprement dits que ceux qui sont indus-
triellement exploitables, c'est-à-dire les oxydes, les carbo-
nates et aussi les sulfures qui sont employés à la fabrication
de l'acide sulfurique avant de donner leur métal à l'industrie.
GÉOGÉNIE
On ne peut pas assigner à la venue des minerais de
fer un âge unique et déterminé, car les nombreux
gisements de fer connus appartiennent à des époques très
différentes. En Scandinavie, les minerais de fer abondent
sa TL uiad ti ce TM ENTE
2)
150 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans les terrains primitifs. Le cambrien (Norwège, Asturies,
Krivoi-Rog), le silurien (Cotentin, Bretagne, Espagne, Bohême,
Eisenerz), le dévonien (Nassau, Harz, Devonshire) sont éga-
lement riches en minerais de fer. D'autre part, les terrains
secondaires, comme le trias (Allevard, Gard, Ardèche), et les
terrains tertiaires, comme l’éocène et l’oligocène (terrains
sidérolithiques) sont très riches en fer. On aura l’occasion,
à propos des nombreux gisements qui seront énumérés ou
décrits, de revenir sur la géogénie des plus importants
d’entre eux.
GISEMENTS
On peut diviser les gisements de minerais de fer en quatre
iypes principaux :
I. Gites d’inclusion en amas. — Gites d'inclusion en amas
dans certaines roches, telles que les péridotites et les ser-
pentines (Taberg, Suède).
IT. Gites de contact. — Gisements filoniens dus à des
sources hydrothermales et dans lesquels la séparation entre
le métal et la roche éruptive est souvent tellement accen-
tuée qu'on ne reconnaît plus de lien entre eux. Dans cer-
tains de ces gîtes que l’on appellera gîtes de contact, la
liaison entre le filon et la roche est cependant assez nette
(Oural, Banat, Traverselle).
IT. Filons proprement dits. — Au contraire, si la séparation
est bien accusée, on a affaire à des filons proprement dits
(Rancié, Allevard).
IV. Amas stratiformes. — On décrira, sous le nom de
gisements stratiformes, les gisements nettement sédimen-
taires résultant, soit de l’action des venues d’eaux acides sur
des calcaires stratifiés préexistants, comme dans le Cumber-
land et l'Erzberg styrien (gîtes de substitution), soit d'un
épanchement superficiel de ces eaux, comme à l’île d'Elbe
et à la Tafna (gites d'épanchement).
365 than APR RC CES TR MOST ISIES et
4
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 151
Î. — GÎTES DE FER EN INCLUSION DANS LES ROCHES
Les gites d’inclusion sont, en général, constitués par des
amas de magnétite en inclusion dans des péridotites (Taberg
en Suède) ou dans des serpentines (comme dans le va
d'Aoste). La formation de ces gisements semble due à l’in-
tervention d'actions ignées, en présence d’un milieu basique
et d’un réducteur magnésien ou calcaire; le fer aurait pu,
gräce à ces circonstances, cristalliser en magnétite et le phos-
phore éliminé aurait cristallisé à part à l’état d’apatite.
II. — GÎTES DE CONTACT
Les gîtes de contact forment la transition entre les gîtes
d'inclusion et les gîtes filoniens proprement dits. Ils sont
constitués par des amas de magnétite au contact, soit de
diorites ou de calcaires jurassiques (Banat), soit de syénites
(Visokaya Gora); la magnétite de Traverselle se trouve en
tilons au contact de syénites. Dans les gisements de contact,
la magnétite est accompagnée de sulfures, notamment de
chalcopyrite, et beaucoup de mines, d’abord exploitées pour
fer, l'ont été ensuite pour cuivre (Traverselle, Mednorou-
diansk). Il semble que l’on doive attribuer la formation de
ces gisements à une combinaison des actions hydrothermale
et ignée; les métaux dissous auraient été d’abord précipités
à haute température en milieu basique réducteur par les
roches calcaires encaissantes, puis auraient cristallisé.
Gisements de Banat, Hongrie, Serbie. — On rencontre, dans
le Banat, la Hongrie et la Serbie, une bande de terrain,
longue de 300 kilomètres, dans laquelle se trouvent de nom-
breux amas d'oxyde de fer. Ces amas sont au contact de
diorites d'âge intermédiaire entre le néocomien et le mio-
cène. Entre les diorites et les calcaires qu’elles traversent se
trouve une brèche composée de calcaire avec feldspath et
quartz cimentés par du grenat. C’est dans cette brèche,
appelée gangue par les mineurs, que l’on trouve de nombreux
minerais oxydés et sulfurés de fer, de cuivre, de plomb et de
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
zinc, exploités principalement à Rezbanya (Hongrie), Mora-
vicza, Dognaska, Oravicza (Banat) et en Serbie.
La Hongrie a produit, en 1897, 1.421.129 tonnes de minerai
de fer.
Oural. — Près de Nijni-Taguil, à Visokaya-Gora et à Bla-
godat, on exploite des amas de magnétite avec chalcopyrite
dans des syénites au contact de calcaires siluriens; le minerai
renferme une certaine proportion de phosphore à l’état
d'apatite; les impuretés (soufre et phosphore) existent en
proportions très variables et atteignent 0,75 0/0 de soufre,
et 0,90 de phosphore en certains points. On trouve également
dans les minerais, du zinc à l'état de franklinite, du cobalt
oxydé manganésifère et du vanadium.
La production des 650 mines de fer de l'Oural a été, en
1896, de 1.346.273 tonnes. Les autres districts les plus impor-
tants sont : la Russie méridionale (1.258.797 tonnes en 1896)
et la Pologne (296.482 tonnes en 1896).
Traverselle. — À Traverselle, près d'Ivrée (Piémont), l'oxyde
magnétique et la chalcopyrite associés forment des amas
enchevêtrés et des filons au contact de l'éclogite et de la
syénite, dans les micaschistes. Il se détache, des amas prin-
cipaux, des ramifications filoniennes atteignant jusqu à
30 mètres de puissance et renfermant des zones de minéraux
parallèles aux parois avec géodes internes. Le minerai est en
général de la magnétite avec gangue de calcite ou de quartz;
souvent la proportion de pyrites est assez importante pour
former des gîtes de cuivre; la chalcopyrite a pour gangue
une chlorite analogue à celle de la Prugne (Allier). La venue
ferrugineuse paraît nettement postérieure à celle du cuivre,
qui est liée à une venue serpentineuse.
III. — GÎTES FILONIENS PROPREMENT DITS
Canigou (Pyrénées-Orientales). — On exploite aux environs
de la chaîne du Canigou, dans les Pyrénées-Orientales, au
contact de schistes siluriens, un certain nombre de filons
qui fournissent des hématites à la surface, et du fer spathique
en profondeur. La pureté de ces minerais, d'âge probable-
ment éocène, les faisait rechercher, au début de l'emploi du
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 153
procédé Bessemer, pour la fabrication de l'acier. Ces gîtes
doivent être considérés comme filoniens, à cause de leurs
ramifications profondes dans les calcaires encaissants, de la
variation de leur puissance et de leur disposition en colonnes;
d’ailleurs, les amas importants de ce gîte se trouvent presque
exclusivement à la rencontre des filons métallifères avec
les masses de calcaire. :
On trouve surtout dans ces filons le fer hydroxydé brun,
le fer oligiste, l'hématite rouge, l’hématite brune et le fer
magnétique. En profondeur, on trouve le fer spathique dont
provient l'hématite de la surface, par oxydation. Les deux
groupes principaux de gisements du Canigou sont ceux de
Batère et de Prades; dans le groupe de Batère on exploite
surtout un fer spathique carbonaté manganésifère (conces-
sions de Ballestang, La Pinouse, Sarrat-Magre, Las Indis, ete..….).
Dans le district de Prades, les concessions sont réparties
sur trois lignes à peu près parallèles. La concession de Puy-
marens indépendante des groupes précédents, contient
des couches de fer magnétique dont la puissance atteint
150 mètres.
En 1875, le département des Pyrénées-Orientales a pro-
duit 6.700 tonnes de fer spathique, 6.900 tonnes de fer
oxydulé, 39.000 tonnes d’hématite brune et 3.000 tonnes de
fer oligiste.
Rancié (Ariège). — La mine de Rancié, dans le canton de
Vicdessos (Ariège), offre des amas filoniens d'hématite dans
des calcaires liasiques; le calcaire encaissant est un calcaire
gris bleuâtre stratifié en bancs feuilletés avec salbande
argileuse régulière au toit.
On distingue le minerai ferru, très abondant où l'hématite
brune domine avec gangue silicieuse, le minerai carbonaté
noir et quelques mélanges de ces minerais. Les crevasses
formées lors du plissement des couches ont été remplies de
fer carbonaté blond par un phénomène de substitution que
la porosité des parois encaissantes a favorisé.
Le département de l'Ariège a produit, en 1895, environ
15.000 tonnes d’hématite brune, dans deux concessions.
Allevard (Isère). — On trouve à Allevard (Isère) des filons
de carbonate de fer très réguliers et puissants avec gangue
TR REC ne Pl
154 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de quartz ou de dolomie ferrugineuse recoupant des schistes
cristallins et des grès triasiques. La sidérose cristallisée ou
simplement cristalline y est accompagnée de pyrite de
cuivre et de blende; à la surface, elle est souvent trans-
formée en hématite ou en fer oligiste. Il existe un gisement
analogue à Saint-Georges-d'Hurtière (Savoie).
Le département de l'Isère a produit, en 1893, 15.700 tonnes
de minerai spathique cru et 15.400 tonnes de minerai spa-
thique grillé. En 1898, la production n'était plus que de
12.000 tonnes de minerai cru.
Espagne. — Les gisements de fer des provinces de Murcie
et d'Almeria se rapprochent de ceux des Pyrénées. On y
trouve de l’hématite en filons dans les schistes et en amas
dans les calcaires ; le fer spathique, peu abondant à la surface,
domine en profondeur, notamment aux mines Ferreria et de
Fraternidad (Almeria). Dans les schistes le minerai est du
fer hydraté rouge brun, terreux et tendre contenant jusqu’à
55 0/0 de fer et de 2 à 5 0/0 de manganèse sans soufre ni
phosphore; dans les calcaires on trouve de la mine douce,
minerai hydraté noir, tendre, tenant 56 0/0 de fer et de 5 à
10 0/0 de manganèse.
La production de la province de Murcie a été, en 1897,
de 470.000 tonnes; et celle de la province d’Alméria, de
300.000 tonnes de minerai de fer.
Gisement de Zorge (Harz). — On trouve en filons les mine-
rais de feroxydés ou carbonatés dans des roches très diverses.
On peut citer comme exemple de filons de fer oxydé, le
gite de Zorge dans le Harz, qui renferme, dans des diabases,
des veines d'’hématite très irrégulières, souvent sans sal-
bandes distinctes.
Iron-Mountain (Missouri). — Le gisement d'Iron-Mountaim
est un exemple de veines de fer oligiste dans un mélaphyre
porphyroïde surmonté d'un dépôt détritique.
IV. — GISEMENTS STRATIFORMES
Ainsi qu'il a été indiqué plus haut, ce chapitre doit passer
en revue, sous le nom de gisements stratiformes ou sédimen-
taires, un certain nombre de gisements de minerais de fer
- ER LEA 7 02
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 455
résultant soit de l’action de venues d’eaux acides sur des
calcaires stratifiés préexistants comme dans le Cumberland
et l'Erzherg styrien (gîtes de substitution), soit d’un épanche-
mentsuperticiel de ces eaux (gîtes de l’île d’'Elbe etde la Tafna).
Il est probable que, dans le cas des gîtes de substitution,
les eaux ferrugineuses ont transformé en carbonate de fer
le carbonate de chaux du calcaire qui les a absorbées grâce à
sa porosilté.
On a groupé ci-dessous, pour chaque contrée, les divers
gisements stratiformes d’après l’âge des formations géolo-
iques dans lesquelles on les rencontre.
CLR
Gisements de la France. — Il existe à la Valmy et à Saint-
Roman (Ardèche) des gîtes de fer carbonaté dans les mica-
schistes.
En 1895, le département de l'Ardèche a fourni 19.000 tonnes
de minerai de fer.
Le fer est assez abondant dans le silurien en France ; on
le rencontre à l’état d’hématite rouge oolithique phospho-
reuse ou d'oligiste accompagné de grenat, en couches
interstratifiées au milieu de schistes ou de quartzites. La
gangue est quarizeuse.
On peut citer parmi ces “énone CHE Ses ue
Rougé, de Diélette, etc.
Segré (Maine-et-Loire). — On trouve entre Château-Gon-
tier et Angers, près de Segré, des bandes de silurien compre-
nant des schistes ardoisiers et des quartzites à bilobites
dans lesquels sont interstratifiés des lits de fer oxydulé ou
de fer oligiste; le fer oxydulé tend à dominer en profon-
deur, et il existe, à la surface du sol, des épanchements
hydroxydés.
On trouve dans les départements voisins (Mayenne, Ille-
et-Vilaine, Loire-Inférieure, Côtes-du-Nord) des dépôts super-
ficiels d’hématite pauvre schisteuse contenant des rognons
plus riches : à Rougé par exemple, près de Châteaubriant
(Loire-Inférieure), où l’on exploite des poches sidérolithiques.
Diélette (Manche). — Parmi les gisements siluriens de la
Manche, la mine sous-marine de Diélette est la plus intéres-
sante. On y trouve six couches verticales de magnétite et
d'oligiste mélangés. Ces minerais sont analogues à ceux de
ET Fo GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Suède et se rencontrent dans des terrains métamorphisés:
par le granite, très probablement siluriens. La quatrième et
la sixième couches, seules exploitées, ont fourni un minerai
à gangue de chlorite et de calcite. La mine, que nous
avons visitée en 1891, n’est plus exploitée aujourd'hui.
Saint-Rémy (Calvados). — Les mines de Saint-Rémy (Cal-
vados) fournissent de l’hématile rouge sensiblement phospho-
reuse avec de la silice et de l’alumine, sans calcaire ni mar-
ganèse. On n'emploie ces minerais en métallurgie qu'à l’état
de mélanges. Le gisement est interstratifié entre les schistes à
calymènes et les grès armoricains. Les mines de fer du Cal-
vados produisent environ 100.000 tonnes de minerai par an.
On rencontre, en France, quelques gisements de fer tria-
siques, notamment dans le Gard et dans l'Ardèche (Merzelet);
mais ces gisements sont peu importants.
Saône-et-Loire. — Le Creusot exploite, dans le département
de la Saône-et-Loire, les gisements de Mazenay et de Changes,
situés dans la partie supérieure de l'hettangien. Les minerais
à gangue calcaire y forment une lentille de 8 kilomètres de
long sur un kilomètre de large. Leur puissance varie de 0,50
à 2 mètres.
La production des mines de Mazenay et de Changes,
qui avait été de plus de 250.000 tonnes en 1870, a été, en
1898, de 126.000 tonnes seulement de minerais bruts et lavés.
Meurthe-et-Moselle. — Il existe à la frontière de la France,
de l’Alsace-Lorraine et du Luxembourg, un gisement de mine-
rai de fer, situé dans le toarcien, auquel la découverte des pro-
cédés de déphosphoration a donné un développement consi-
dérable.La région francaise de ce gisement comprend les deux
groupes de Nancy et de Briey (l'Orne et Longwy) (Meurthe-et-
Moselle).
Le département de Meurthe-et-Moselle est traversé du sud
au nord par une longue ligne de collines aboutissant près de
Metz. Ces collines sont constituées par des argiles liasiques
surmontées de bancs calcaires appartenant à la base de
l'oolithe. Les couches d'argile et de calcaire y sont rare-
ment homogènes; elles sont composées de bancs de quahités
différentes ; on trouve à keur contact de l’oxyde de fer
hydraté à texture oolithique, tenant de 30 à 35 0/0 de fer et
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 157
de 0,2 à 1 0/0 de phosphore. Les oolithes de ces gites sont
reliées par un ciment d'argile, de calcaire et de silico-alumi-
nate de fer. Ce ciment, de couleur très variable, suivant sa
composition, tient jusque 35 0/0 de fèr. Au-dessous de 30 0/0,
le minerai n’est utilisable que comme calcaire ferrugineux.
Dans ce cas on recherche surtout les minerais à gangue cal-
caire. La puissance dépasse rarement 3 mètres et on ne peut
pas exploiter avec fruit les couches ayant moins de 1 mètre.
Nancy. — Les principales concessions sont, dans le groupe
de Nancy : celles de Chavigny (247.000 tonnes en 1895), du
Val-de-Fer (246.000 tonnes), de Marbache (146.000 tonnes),
de Ludres (122.000 tonnes), de Bouxières- aux - Dames
(102.000 tonnes), de la Fontaine-des-Roches (98.000 tonnes),
etc., soit en tout dix-huit concessions exploitées ayant pro-
duit 1.330.000 tonnes, en 1895, et 1.672.600 tonnes, en 1898.
Longwy. — Dans la région de Longwy, treize mines et
seize minières exploitées ont fourni en 1895 : les premières,
1.419.000 tonnes; et les secondes, 329.000 tonnes.
Les principaux centres sont : Hussigny (440.000 tonnes),
Saulnes (281.000 tonnes), Moulaine (150.000 tonnes), Tier-
celet (199.000 tonnes), Micheville (193.000 tonnes), Godbrange
(186.000 tonnes), Longlaville (114.000 tonnes).
L'Orne. — Dans la région de l'Orne, d'importants travaux
sont en cours pour exploiter les gisements (dix-neuf conces-
sions) dont la mise en valeur a été retardée par la profondeur
des couches (150 à 200 mètres) et par la nature fortement
aquifère des morts-terrains que les puits d'extraction ont à
traverser. Les régions de Longwy et de l'Orne, actuellement
réunies par les dernières concessions instituées, forment le
bassin dit de Briey, qui a produit, en 1898, 1.776.083 tonnes
de minerai de fer.
Parmi les autres gisements toarciens de fer connus en
France, on peut citer ceux de Nogent (Haute-Marne), de Saint-
Priest et de Ferrières (Ardèche), de Villebois (Ain), de la Ver-
pillière Isère) et de Neuzac (Aveyron). Tous ces gisementssont
inexploités. |
Il existait en France, à la base du bajocien, un certain
nombre de gisements d'oolithe ferrugineuse aujourd'hui
abandonnés; on peut citer notamment les gîtes d'Ougney
Nr GÉOLOGIE APPLIQUÉE
(Jura), d'Isenay, Vandenesse, Gimouille (Nièvre) et de Manda-
lazac (Aveyron).
Privas (Ardèche). — A Privas, on exploite une couche len-
ticulaire dépendant du calcaire à entroques et une autre
couche appartenant aux marnes siliceuses de l'oolithe infé-
rieure. Le minerai passe souvent au silicate de fer.
La Voulte. — On exploite à la Voulte (Ardèche) un gise-
ment callovien formé de bancs ferrugineux interstratifiés
dans des marnes schisteuses et répartis dans trois niveaux
appelés banc du mur, couche oolithique de minerai rouge;
banc moyen, couche oxydée épaisse de 7 mètres et riche en
minerais rouges feuilletés, et banc du toit, minerai lithoïde,
pauvre et d'épaisseur médiocre.
Vassy (Haute-Marne). — Outre la limonite de Métabief, dans
le Jura (néocomien) et le niveau ferrugineux du bas Boulon-
nais (wealdien), les principaux minerais français du crétacé
sont la couche rouge de Vassy et les minerais milliolithiques
de Champagne, situés dans l’urgonien. On trouve aux environs
de Vassy du minerai de fer hydroxydé dont les oolithes
sont cimentées par une pâte argilo-siliceuse renfermant des
coquilles d'eau douce. La couche rouge est une argile
marine durcie appartenant, d'après ses fossiles, à la partie
supérieure de l'urgonien. On donne également le nom de
minerais de Vassy à des minerais à grains très fins (millio-
lithiques) existant à la base des argiles aptiennes.
La production du département de la Haute-Marne a été,
en 1895, de 90.00: tonnes de minerai hydroxydé oolithique
brut et de 43.500 tonnes de minerai lavé. |
On trouve encore, en France, des hématites brunes en
grains dans l'aptien, notamment au Bois des Loges, près de
urandpré (Ardennes) et à Blangy (Aisne).
Dun-le-Roi (Cher). — A Dun-le-Roi, on trouve un gisement
complètement encaissé dans des calcaires jurassiques.
Les poches ont été élargies par des eaux répandues sur le
sol. On peut admettre que le fer a été apporté à l'état de
sulfures qui auraient été transformés en sulfates près de la
surface. L'acide sulfurique a corrodé le calcaire, et le fera
été précipité en présence de la chaux.
1401 à 1 art oi ESS,
wà :ÿ
à 1° URE 4
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 159
La production de ces minerais est d'environ 2.000 tonnes
par an pour le département du Cher. |
Berry.— Enfin il existe, en divers points de la France, des
poches superficielles creusées dans des calcaires oligocènes
et remplies de minerai de fer hydroxydé cimenté par de
l'argile rouge. Tel est le minerai du Berry en grains, de
couleur ocreuse. On le trouve soit dans des poches superti-
cielles, soit dans des gîtes souterrains calcaires ou argileux.
Les poches sont en forme d’entonnoirs disposés, la pointe
vers le bas, dans les calcaires jurassiques ; elles affleurent
souvent au jour et sont remplies d'argile ocreuse empâtant des
grains de minerai qui ont au plus 8 millimètres de diamètre.
Gisements de l'Algérie.— Mokta-el-Hadid.— La Compagnie de
Mokta-el-Hadid possède en Algérie, outre les gisements de
Tabarka et de la Tafna (Voir plus loin), le gîte très impor-
Vallce dos Karcsas
Ronmnal
moyen
Fig. 71. -— Coupe nord-sud du gisement de Mokta-el-Hadid (d’après M. Parran).
tant de Motka (Aïn Mokra), situé à 35 kilomètres du port de
Bône, auquel il est relié par un chemin de fer. On trouve
à Mokta des couches et des amas de magnétite et d'oligiste
manganésifères au milieu des cipolins du terrain primitif, sur
une longueur de 2 kilomètres environ. Le gisement est
interstratifié par substitution à des bancs calcaires entre des
gneiss et des schistes micacés grenatifères. La formation du
gite est due à une action mitamorphique provenant de
sources hydrothermales faction postérieure au dépôt initial
des terrains); ies couches présentent des élargissements
lenticulaires et des amincissements entre les calcaires et
les argiles ou les schistes imperméables.
NÉ patat Er . ES ni ee SRE SE lee Ra TES ON RTS M UNSS Een
: z Re “Male
160 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
A 500 mètres à l’ouest du premier amas aujourd'hui épuisé |
on a exploité un second amas qui a fourni 800.000 tonnes,
mais dont l'épaisseur s’est réduite à 1 mètre.
On extrait deux variétés de minerai appelées, l’une mine-
: rai rouge, l’autre minerai gris. Ce dernier, qui domine en
profondeur, ne contient pas de manganèse et a une teneur
| en fer moins élevée que l’autre variété. Les travaux qui ont
eu lieu pendant longtemps à ciel ouvert, à cause du faible
plongement des couches, sont aujourd’hui presque complète-
: ment souterrains.
Beni-Saf, la Tafna. — La Compagnie de Mokta-el-Hadid
exploite, en outre, près de l'embouchure de la Tafna, la mine
de Beni-Saf, où l’on trouve des lentilles d’'hématite paraissant
résulter d’épanchements sur des schistes liasiques gris ou
roses très métamorphisés. Le minerai est une hématite
rouge foncé ou bleu noirâtre très friable, riche en fer (65 0/0),
tenant 2 à 3 0/0 de manganèse, sans soufre ni phosphore.
Fic. 72. — Gisement de Beni-Saf (coupe verticale).
Les lentilles ont jusqu'à 100 mètres de puissance sur # à
500 mètres de longueur. La figure ci-dessus montre l'allure
du gîte dans sa partie occidentale.
Le minerai est exporté, surtout en Amérique.
La production des mines de Mokta-el-Hadid a été de
89.000 tonnes en 1895; celle des mines de la Tafna a été, la
même année, de 224.000 tonnes valant 8 francs la tonne.
En 1896, l'Algérie a produit en tout : 374.476 tonnes de
minerai de fer.
Gisements dela Tunisie. — Tabarka. — La Compagnie de Mokta
a la concession de gîtes encore inexploités situés dans l'ile
|
»
“#3 à et $ se ÈS
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 161
de Tabarka et sur le territoire des Meknas, dans la Kroumirie,
sur les confins de la province de Constantine et de la Tunisie.
Le minerai de ces gisements repose sur des marnes ou des
argiles marneuses du suessonien et forme des poches et des
couches discontinues ; il consiste principalement en héma-
tites brunes ou rouges, riches en manganèse et en fer oligiste
micacé. La teneur en fer ne dépasse pas 55 0/0 pour les
minerais du territoire des Nefzas ; mais celui des Meknas est
plus riche. Ces gîtes ont été formés par des venues hydro-
thermales.
Gisements de l'Espagne (Bilbao). — On doit rattacher à l'étage
de la craie un des gîtes de fer les plus importants du monde:
celui de Bilbao (Biscaye), exploité par un certain nombre de
Compagnies minières espagnoles et étrangères. Son dévelop-
pement a été extrèmement rapide depuis la fin de la guerre
carliste, qui avait arrêté les travaux. Un port très important
a été créé sur le Nervion, pour l’enlèvement des minerais de
Bilbao.
On extrait des gisements de Bilbao trois variétés de mi-
nerals :
1° Le campanil (cloche), ainsi nommé à cause de la sono-
rité de ses fragments; c’est un minerai rouge pourpre avec de
beaux cristaux de spath calcaire ; ce minerai, qui est le
moins siliceux et le moins hydraté, est très recherché; il for-,
mait la grosse lentille du gîte de Triano; mais il est rare
aujourd'hui;
20 La vena, minerai de surface, tendre, rouge sombre, qui
recouvre souvent le rubio ; on le trouve surtout en veines
isolées dans le campanil ou le rubio;
3° Le rubio, minerai brun ou jaunâtre, plus dur que la
vena, presque aussi riche qu'elle, mais caverneux et argileux.
On trouve aussi à Bilbao du fer carbonaté, qui existe en
filons en rapport avec le campanil. Le rubio et la vena sont
postérieurs au campanil. On a considéré le gisement comme
un gîte de substitution produit par des épanchements
éocènes; mais cette théorie ne se vérifie pas complètement
par les faits observés.
En général, on rencontre à Bilbao des amas d’hématite
intercalés par substitution entre des grès schisteux ou mi-
GÉOLOGIE. 11
_ 462 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
cacés cénomaniens (mur) et des calcaires argileux turoniens
(toit). Cependant ce mode de gisement comporte de nom-
breuses exceptions, car on trouve souvent du rubio ou du
carbonate décomposé, en couches sur des assises de grès, ou
encore du campanil sur des assises calcaires ou substitué
aux calcaires; en d’autres endroits même, le minerai est
en rapport avec des marnes.
Les minerais les plus riches se trouvent dans le calcaire,
et les mines les plus importantes sont, autour de Bilbao :
Miravella, El Morro, Ollargan, et autour de Sommorostro, à
12 kilomètres de He Triano, Galdanèës.
Le gite de Triano a 4.000 mètres de longueur et une largeur
qui varie de 150 à 1.000 mètres.
La production des deux principales Compagnies minières
de Bilbao était, en 1895, de 911.400 tonnes de rubio pour la
Orconera Iron ore C°, et de 404.000 tonnes de rubio pour la
Compagnie Franco-Belge.
Le district de Bilbao a produit, en 1897, 5.170.000 tonnes
de minerai (dont 957.000 tonnes pour la Orconera Iron
ore -C°).
On citera pour mémoire les gisements siluriens d’hématite
rouge de Villa Canas (Aridalousie). — En 1897, la production de
toute l'Espagne a été de 7.468.000 tonnes, dont 800.000 tonnes
provenaient de la province de Santander, 470.000 de celle de
Murcie, 330.000 de celle de Séville et 300.000 de celle d’Al-
meria. — Sur cette production, 5.000.000 de tonnes ont été
exportées en Angleterre, 1.000.000 de tonnes en Allemagne
et 500.000 tonnes en France.
Gisements du Portugal. — On a exploité à Sn (pro-
vince d'Alemtejo, Portugal) des amas d'oligiste et de magné-
tite en relation avec des calcaires du terrain primitif très
analogues aux gîtes de Mokta et de la Suède. Les amas de
minerai en général un peu manganésé à gangue quartzeuse
et calcaire se sont rapidement amincis en profondeur.
Gisements de l’'Allemagne.— Elbingerode (Harz).— A Elbinge-
rode, on exploite les amas de Buchenberg (hématite rouge) et
de ele (fer carbonaté); le premier est intercalé entre
des tufs de diabases et des Th du dévonien; l’'hématite
rouge y est accompagnée quelquefois de sphérosidérile. A
End
<<,
Fr, Æ-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 163
Tannichen, le fer carbonaté très fossilifère est intercalé
dans les tufs de diabases.
Silésie. — En Silésie, les minerais de fer triasiques sont
activement exploités; il en existe surtout dans le muschel-
kalk inférieur et aussi dans le houiller, le keuper et le
tertiaire.
Le muschelkalk renferme des amas irréguliers d'hématite
brune impure (25 0/0 de fer) dans les calcaires et les dolo-
mies (Tarnowitz, Beuthen, etc.). Le minerai est une ocre
jaune et quelquefois des rognons manganésifères que l’on
trouve au milieu de la dolomie dans des poches (mulden) de
300 à 600 mètres cubes, ou bien dans des cavités (neste)
creusées dans le wellenkalk; ces nids ne renferment qu'une
trentaine de mètres cubes de minerai.
Lorraine allemande. — Le district minier de la Lorraine
allemande est, au contraire, très étendu (41.000 hectares).
La partie la plus riche du bassin s'étend depuis la fron-
tière luxembourgeoise jusqu’à une petite distance au sud de
l'Orne, qui coule de l’ouest à l’est entre Thionville et Metz,
à 22 kilomètres au sud de la frontière du Grand-Duché
exploitations de Moyeuvre et d'Hayange). Les couches jaune
et grise dominent; cette dernière, qui s'étend dans tout le
bassin, atteint souvent une puissance de 4 mètres. Les son-
dages pratiqués sur le plateau d’Aumetz, durant ces dernières
années, ont fait découvrir de ce côté le prolongement du
gisement d'Esch-sur-l'Alzette sur une étendue de 3.500 hec-
tares. Les couches ont parfois 20 mètres d'épaisseur (à Tres-
sange, par exemple), et la teneur atteint 40 0/0. A Hayange,
dans la concession de Wendel, on exploite la couche grise.
Une nouvelle voie ferrée partant de Fentsch traversera le
plateau pour rejoindre le réseau actuel à Audun-le-Tiche.
On peut estimer à 900.000.000 tonnes, le cube total de minerai
contenu dans le plateau d’Aumetz (12.200 hectares exploi-
tables).
Luxembourg. — Bien que le bassin minier du Luxembourg
ait une superficie limitée (3.666 hectares), l’industrie minière
y a pris de bonne heure un grand développement à cause des
conditions très favorables qu'on y a rencontrées pour exploite
à ciel ouvert les couches qui affleuraient. Les gisements se
164 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
divisent en deux groupes séparés par l’Alzette : celui de Bel-
vaux-Lamadelaine à l'ouest et celui d'Esch-Rumelange à l'est.
On y trouve, à fleur du sol et se prolongeant au sud et à
l'ouest dans la direction de la Lorraine avec une pente
de 1 à 20/0, diverses couches exploitées sous le nom de
couches noire, grise, jaune, rouge et rouge sablonneuse. La
couche noire a un bon rendement, mais elle est très aqui-
fère; la minette rouge, qui estun excellent minerai, sera très
vite épuisée ; la couche rouge sablonneuse, qui s'étend à l’est
du bassin, ne peut pas s’exploiter à cause de la pauvreté du
minerai qui est, de plus, trop s'liceux; la couche grise s'étend
seule dans tout le bassin. La teneur moyenne des couches
principales est de 40 0/0 à Lamadelaine : elle est un peu
moins élevée à l’est (Rumelange). La couche de minette jaune
mesure, aux environs de Dudelange, 2 à 3 mètres de puis-
sance; elle contient 37 0/0 de fer, 8 0/0 de silice, 14 0/0 de
chaux et 40/0 d’alumine.
L'extraction, qui était de 722.000 tonnes seulement en
1868, a été, en 1896, de 4.758.000 tonnes, dont plus de
2 millions ont été exportées, et, en 1897, de 5.349.000 tonnes.
Le nombre des sièges en exploitation était, en 41896, de
soixante-deux, occupant 5.000 ouvriers.
Gisements de l'Autriche-Hongrie. — Nucic (Bohéme).— La So-
ciété métallurgique de Prague et la Société métallurgique de
Bohême exploitent à Nucic (Bohême) des couches de mine-
rai à structure oolithique (chamoisite grenue à gangue sili-
ceuse) interstratifiées dans des schistes siluriens bariolés et
des tufs de diabase. La teneur varie de 45 à 60 0/0 avec 2 0/0
d'acide phosphorique.
Erzberg Styrien et Carinthien. — On peut rattacher au dé-
vonien les célèbres gisements de fer spathique de l'Erzberg
Styrien et Carinthien encaissés dans des calcaires qui ont subi
une imprégnation ferrugineuse irrégulière.
Le minerai de fer se présente dans l'Erzhberg Styrien à
l’état de lentilles de sidérose dans des masses calcaires inter-
calées elles-mêmes entre les grauwackes dévoniennes et les
schistes permiens de Werfen. Le gisement, d'une puissance
considérable, est attenant à la montagne de Reichen stein.
Le minerai est entouré de calcaire pauvre ou complète-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 165
ment stérile qui existe aux épontes et aussi en zones dans
la masse même du gîte. La teneur du minerai grillé est de
50 0/0 de fer avec 0,01 0/0 de phosphore. L'exploitation de
la mine d'Eisenerg a lieu principalement par un découvert
très étendu.
L'Erzherg Carinthien présente une ligne de gisements,
parallèle à celle de l'Erzherg styrien (Osa, Hüttenberg, Lol-
ling, etc.). Une autre ligne parallèle de gisements analogues
se trouve au sud de cette dernière, dans la Carniole (Selenitza,
Janerburg, etc.).
Gisements de la Suède. — La Suède renferme de nombreux
gîtes de minerais de fer très riches situés dans le laurentien
ou dans le huronien représentés par des gneiss et des lepty-
nites rouges. La zone où se trouvent les principaux gise-
ments (Järnbäraland) s'étend du nord-est au sud-ouest
dans les gouvernements de Gefle, Kopparberg, Vestmanland
et Orebo. Au nord de la province de Bothnie, on trouve les
riches gisements de Luosavara, Gellivara, etc.
Les minerais sont surtout de la magnétite et de l’oligiste
tenant de 40 à 50 0/0 de fer, et très peu de phosphore
(0,02 0/0 en moyenne).
On distingue trois catégories de minerais :
1° Le minerai sec (laurentien de Gellivara, huronien de
Norberg, Striberg, etc.) à gangue quartzeuse ou alumineuse.
Ce minerai est composé surtout d'oligiste avec un peu de
magnétite ; il est exempt de calcaire et se rencontre dans
des gneiss feldspathiques ou quartzeux, des leptynites ou des
micaschistes.
2° Les minerais calcaires formés de magnétile pure à
gangue d’arendalite exploités à Kallmora, à Norberg, à Nord-
mark, à Persberg, etc. On ne doit ajouter du calcaire à ces
minerais pour le traitement au haut-fourneau que si la gangue
est un silicate très riche en quartz.
3° Le minerai de magnétite manganésifère (haussmannite, car-
bonate de manganèse) à gangue calcaire avec imprégnation
de pyrite (Dannemora, Swartberg, etc.\. Ces minerais manga-
nésés où minerais noirs sont recherchés pour la fabrication
de l'acier; mais ils contiennent du soufre en quantité suffi-
sante pour nécessiter un grillage.
PAL A) « P'ATETOE
166 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le minerai de Taberg (près de Jonkoping) se trouve au
milieu des gneiss; il consiste en une péridotite formée de
magnétite, d'olivine, d’apatite, etc., et il contient5 0/0 d'acide
itanique, ce qui rend sa réduction moins facile.
A Norberg, qui est le centre le plus ancien (xiv® siècle) et
le plus important d'extraction du fer en Suède, les minerais
des trois catégories se présentent dans des poches en général
assez régulièrement alignées, soit dans les dolomies, soit
dans les leptynites. A Persberg, centre moins important,
mais aussi ancien que celui de Norberg, les conditions de
gisement sont analogues ; le minerai est formé de magnétite
avec proportions variables d'hématite, de grenat et de
pyroxène ; la puissance du gîte varie de 20 à 50 mètres.
A Dannemora, où l'exploitation remonte au xmi° siècle, la
magnétite, à gangue soit de calcaire, soit de grenat et d’am-
phibole, forme une série de lentilles dans une bande de cal-
caire intercalée dans des halleflinta à faciès porphyrique; la
bande exploitée a 200 mètres de large sur 2 kilomètres de
long ; les minerais assez pyriteux subissent un grillage préa-
lable. Les mines de Dannemora sont malheureusement
situées dans le voisinage du lac Grufsjon, qui menace sans
cesse de les envahir.
Depuis quelques années les minerais sulfureux de plomb,
de zinc et de cobalt sont assez activement exploités dans le
district de Dannemora.
La production de la Suède en minerais de fer en roche a
été, pour l'année 1894, de 1.926.500 tonnes, soit une aug-
mentation de 445.000 tonnes par rapport à 1893. En 1897,
cette production a atteint 2.087.000 tonnes. En 1895, la
Suède a exporté 800.000 tonnes de minerai de fer, dont
639.000 en Allemagne. L'exploitation des minerais du Norr-
land a pris une grande extension depuis qu'on à créé un
débouché sur l'Océan par la construction de la ligne de
Gellivara ; la ligne ancienne ne pouvait guère transporter que
600.000 tonnes, le port de la Baltique où elle aboutit étant
fermé quatre mois de l’année.
Gisements de la Russie.— Krivoi-Rog.— Des gisements de fer
silurien très importants existent à Krivoi-Rog au confluent
de la Saksagagne et de l'Ingouletz, affluent du Dnieper. Les
t
o in
5
ttes RE T - ‘
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 167
mines se {rouvent sur les confins des provinces de Kerson et
d'Ekaterinoslaw. Dans une grande cuvette granitique de
8 kilomètres sur 30 kilomètres, on rencontre des schistes
et des quartzites siluriens dans lesquels sont interstra-
tifiés des amas lenticulaires de fer oligiste schistoïde,
d'hématite rouge et brune et surtout de fer oxydulé magné-
tique. Ces lentilles, au nombre de quatre, ont de 20 à
60 mètres d'épaisseur. La gangue est quartzeuse et les mine-
rais, qui ont un rendement pratique de 55 0/0, ne con-
tiennent que des traces insignifiantes de soufre et de phos-
phore ; l'exploitation a lieu à ciel ouvert. Ce gisement a pris
un grand développement à cause de sa situation à proximité
du bassin houiller du Donetz. |
Gisements de la Grande-Bretagne. — Les minerais de fer
stratiformes se présentent, dans la Grande-Bretagne, en amas
dans le calcaire carbonifère. Le voisinage de la houille à
donné à ceux de ces gisements qui étaient exploitables un
intérêt énorme. Tel est le cas pour l'hématite du Cumberland,
le blackband d'Ecosse et du Staffordshire et les kohleneisenstein
de Westphalie. Les lentilles de sphérosidérite existant dans
des couches de houille en Silésie et en France sont, au con-
traire, inexploitables en général.
Cumberland. — Les minerais riches (50 à 60 0/0 de fer) et
purs du Cumberland ont joué un rôle prépondérant en sidé-
rurgie pendant les premières années qui ont suivi la décou-
verte du procédé Bessemer. On y trouve l’hématite dans le
granite, dans les schistes ou dans les calcaires anciens;
mais c'est dans le calcaire carbonifère que l’on rencontre
les principaux amas de minerai dans les districts de White-
haven et de Furness. Les amas d'hématite sont situés soit au
toit (Parkside), soit au mur du calcaire (Bigrigg). A Parkside,
l'exploitation date de 1854; une couche horizontale de
35 mètres de puissance située au mur du calcaire fournit
une hématite rouge et bleue très pure (55 0/0 de fer sans
soufre ni phosphore) compacte, appelée : Blue pourpre ore, de
texture globulaire et concrétionnée.
La figure ci-après montre la succession des trerains à
la mine de Parkside qui est située à 10 kilomètres du port de
Whitehaven.
168 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
A New-Parkside on trouve les mêmes terrains recouverts
par les terrains de transport et par un conglomérat siliceux
et argileux rouge, d'âge permien. La couche d’hématite qui
a 13 mètres de puissance s'amincit etse termine dans une faille.
L'’amas de Hod-Barrow est reconnu sur 750 mètres de long
et 150 mètres de large ; sa puissance varie de 15 à 30 mètres.
Cet amas est situé dans le calcaire carbonifère recouvert, ici
Ouest Est
NNNNNNERENNNNNNNNNNN
——
e
Fi6. 73. — Coupe 0. E. du gisement de Parkside.
comme à New-Parkside, par le conglomérat permien et les
terrains de transport.
La production du Cumberland était, en 1896, de 1.279.558
tonnes de minerai de fer.
Parmi les autres districts de la Grande-Bretagne, on peut
citer:
Le Cleveland qui avait produit 5.678.368 tonnes en 1896;
le Lancashire, 816.570 tonnes; et l'Ecosse, 983.670 tonnes.
La production totale de la Grande-Bretagne s’est élevée à
15.787.878 tonnes en 1897.
L'Angleterre importe néanmoins plus de 5 millions de
tonnes de minerai de fer d'Algérie, d'Espagne, etc. L'impor-
tation d'Espagne en Angleterre a atteint près de cinq millions
La
de tonnes en 1897.
RP 7
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 169
Gisements de l'ile d’Elbe. — Les célèbres gisements de fer
de l'ile d'Elbe étaient déjà exploités du temps des Romains.
Ces gisements sont compris dans des schistes micacés cam-
briens que recouvrent des schistes siluriens, des poudingues
de l’époque permo-carbonifère et des terrains appartenant
à l'infralias. Ces dépôts superficiels résultent de l’épanouisse-
ment de filons et contiennent de l'oligiste et de l'hématite
avec du fer oxydulé et de la pyrite.
Les schistes forment le mur du gîte, et les calcaires sont au
toit; les minerais les plus purs sont inclus dans les calcaires.
Le gîte de Rio-Albano (peu exploité) a une puissance variant
de 10 à 50 mètres sur une étendue superficielle de 65 hec-
tares. Le gîte de Vigneria, très ancien, est presque épuisé.
Le plus connu des gîtes de l’île d'Elbe est celui de Cala-
mita; le minerai de fer accompagné de cuivre y est en relation .
avec des pyroxénites et des ilvaïîtes métamorphisées ; la puis-
sance du gîte atteint 50 ou 60 mètres avec une étendue de
500 mètres de largeur sur 1.000 de longueur. La teneur en
fer des minerais de l’île d'Elbe varie de 60 à 64 0/0.
Gisements des Etats-Unis. — On exploite aux États-Unis
d'importants amas stratifiés de magnétite et d’oligiste dans
le laurentien. Les principaux districts sont ceux du lac
Champlain, du haut plateau de New-York et New-Jersey et
de Cornwall (Pensylvanie).
Lac Champlain. — Dans le premier de ces districts on
trouve au milieu des gneiss laurentiens des monts Adiron-
dack, des amas de magnétite mélangés d’apatite, d’une puis-
sance de 1 à 15 mètres; la puissance de la formation aug-
mente vers le nord dans le prolongement canadien.
Haut plateau de New-York et de New-Jersey. — Dans le haut
plateau de New-York et de New-Jersey, on trouve soit de la
magnétite pure, soit des zones riches en magnétite au milieu
de gneiss syénitiques.
Cornwall. — A Cornwall (Pensylvanie) on exploite des
couches laurentiennes de magnétite avec sulfures de cuivre
et minerais de cobalt.
Lac supérieur. — Les mines d'hématite rouge du lac Supé-
rieur sont exploitées aujourd'hui avec une grande activité
dans le Michigan et le Wisconsin, surtout aux environs de
1470 : GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Marquette. Les couches d'hématite rouge sont intercalées | 4
entre des quartzites et des phyllades huroniens; les amas
exploités à ciel ouvert ont de 5 à 30 mètres de puissance et
ne sont pas nettement séparés des quartzites encaissants.
L'exploitation de ces minerais a pris, depuis quelques
années, une grande extension dans les districts du Gogebu
et du Mesabi (Minnesota) notamment, et Port-Marquette sur
le lac Supérieur est devenu un centre d'embarquement très
important d'où le minerai part pour les usines de Pensyl-
vanie.
Lehig Valley. — On exploite dans la Lehig Valley, sur Île
versant oriental des Alleghanys, de nombreux amas d'héma-
tite brune dans les calcaires siluriens.
Production des États-Unis. — En 1893, le district du lac
Supérieur a produit 1.606.000 tonnes de minerai de fer.
La production totale du minerai de fer aux États-Unis, en
1895, a été de 16.213.732 tonnes d'une valeur de 95 millions
de francs. Sur cette production, l'hématite rouge repré-
sente 78,5 0/0; l'hématite brune, 143 0/0 : la magnétite, 8 0/0;
et le carbonate de fer, 0,5 0/0.— Le seul district de Michigan
a produit, en 1896, 5.726.441 tonnes d'hématite rouge; le
Minnesota en a fourni 4.352.626 tonnes (dont 3.082.973 pour
le district du Mesabi), et l’'Alabama, 1.722.148 tonnes ; ce der-
nier État a produit, en outre, en 1896, 332.000 tonnes d’héma-
tite brune.
La même année, la production de la fonte aux États-Unis
atteignait 8.761.097 tonnes, avec près de 200 hauts-fourneaux
en feu, dont plus de la moitié en Pensylvanie. En 1897, la
production de la fonte atteignait 9.807.123 tonnes, dont
6.091.801 tonnes de fonte pour Bessemer acide.
BIBLIOGRAPHIE DU FER
1870. Mussy, Ressources minérales de l'Ariège (Annales des Mines,
6° série, t. XVII, p. 231).
1871. Jannetaz, Sur les minerais de fer pisolithiques des environs
de Paris (Bulletin de la Société de Géologie, 2° série,
t. XXVIIT, p. 197.) ù
. MASSE SES
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 171
. Levallois, Sur le minerai de fer en grains (Bulletin de la
Société de Géologie, 2° série, t. XXVIII, p. 183).
. Lesley, The iron ores of the South mountains in Pensylvania
(American Journal, t. XIII, p. 3).
3. Nouveaux Gisements de minerai de fer dans le nord de la
Russie (Cuyper, t. XXXIX, p. 213).
. Smith, Sur les minerais de fer de la Suède (Meeting of iron
and steel instilule, à Barrow).
. Sauvage, Sur les minerais de fer du lac Supérieur (Annales
des Mines).
. Rocour, Note sur le gisement et l'exploilalion du minerai de
fer de Mokta-el-Hadid (Cuyper, t. XXXVIII, p. 205).
. Fabre, Sur le sidérolithique de la Lozère (Bulletin de la
Société de Géologie, 3° série, t. III, p. 583).
1. Tichborne, On the formation of magnetic oxide by the disso-
cialion of ferrous salts (Proceedings of the Irish Academy,
2 série, t. IIT, p. 79) (Dublin).
. C. de Stefani, L’oliaisto e gli altri minerali che si trovano al
capo calafuria (Bolletino del real Comision geologica d'Italia,
t. VIII, p. 72) (Rome).
. Kendall, Zron ores of great Britain ou of the geo-
logic. Survey).
. Rigaud, Minerais de la Haute-Marne (Annales des Mines,
t- XIV).
19. Baiïlls, Note sur les mines de fer de Bilbao (Annales des Mines,
série, Et, XV,-p-7209)
. Bourson, les Mines de Sommorostro (Boletin de la Comision
des mapa geologica de Espana, t. VI, p. 304).
. Ch. Hall, Magnetic iron ores of the Laurentian system in
Northern New-York (Albany).
. Wodsworth, On the origin of the iron ore of Marquetle dis-
triclt Lake Superior (Proceeding. A. Boston, t. XX, p. 410).
. Davy, Nole géologique sur les minerais de fer de l'arrondis-
sement de Segré (Bulletin de l'Industrie minérale, 2° série,
(540.0?
. Newberry, {he Genesis of the ores of iron (New-York).
. Huddleston, On the geological history of iron ores (Procee-
dings of the geologists Association).
. De Grossouvre, Sur le métamorphisme des calcaires juras-
siques, au voisinage des gisements sidérolithiques (Bulletin
de la Sociélé de Géologie, 3° série, t. IX, p. 271).
. Dauton, Nofe géologique sur les minerais de fer de l'Anjou
(Bulletin de l’industrie minérale, 2° série, t. X, p. 597).
2. Mallet, On the iron ores (Geological survey of India, LE XVe
p. 94).
. Six, Sur l’origine el le mode de formation des minerais de
fer liasiques (Société géologique du Nord, t. X, p. 121).
. Bleicher, Minerais de fer de Lorraine (Bullelin de la Société
de Géologie, 3° série, t. XII, p. 46).
112
1884.
1884.
1854.
1884.
1884.
1884.
1884.
1885.
1855.
1856.
1886.
1886.
1850.
1888.
1888.
1889.
1889.
1889.
1890.
Braconnier, Mémoire sur les couches de minerais de fer de
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
l'arrondissement de Prades (Pyrénées-Orientales).
Brustlein, Fer de Laponie (Industrie minérale; Comptes Ren-
dus, juillet).
Mallet, On the iron ores (Records of the geological survey of
India, t. XVI, p. 24) (Calcutta).
Czyzskowski, Les minerais de fer dans l'écorce terrestre
(Bulletin de la Société de l'Industrie minérale, 2° série,
t. XIIT, p. 481).
Hock, Mines de fer de l'Espagne (Cuyper, t. V, p. 510 et 150).
Czyzskowski, Le minerai de fer de la Russie (Bulletin de la
Société de l'Industrie minérale, t. XIII, p. 292).
Peyre, Gisement de fer carbonaté du Gard (Bulletin de la
Société de l'industrie minérale, 2° série, t. XIIL, p. 5).
De Roebe, Mines de fer du Luxembourg (Cuyper, t. IX, p. 583).
Chapmann, On some iron ores in Central Ontario (Proceeding
and transactions of the Royal Society of Montreal, t. IT,
p.9) (Montréal).
Babu, Les amas filoniens de Traverselle (Mémoire manuscrit
à l'Ecole des Mines).
De Grossouvre, Gisements de sie en grains du centre de la
France ( es des Mines)
Primat, Mémoire manuserib ls ne les gisements de fer de l’île
d'Elbe (Ecole des Mines).
Lotti, Mémoire descriptif de la Carte géologique d'Italie
(Ile d'Elbe\, avec bibliographie.
Coste, Mémoire sur l'industrie du fer à Nijni Taguil
(Manuscrit à l'Ecole des Mines de Paris).
Habets, Mines de Bilbao (Cuyper, t. IV, p. 1).
Stanislas Meunier, Sur la bauxite et les minerais sidéroli-
thiques (Bulletin de la Société de Géologie, p. 64).
H. Charpentier, Journal de voyage. Notes sur les gisements
de fer de l'Ardèche (Ecole des Mines).
G. Maurice, Notice sur le minerai de fer de Dieletle (Parisot,
101, rue de Richelieu, Paris).
Fr iedel, les Gisements de fer de la Tafna ; Journal de voyage
(Ecole des Mines).
. Carnot, Analyses de divers minerais de fer (Annales des
Mines, 1890).
2. De Launay, Notes de voyage inédites (Ecole des Mines), et
Traité des gîtes métallifères (Baudry, éditeur, p. 633, t. 1).
. Hjalmar-Lundbohm, Les gîtes de minerais de fer de Küru-
navaara et de Luossavaara en Suède (Revue universelle des
Mines, octobre).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 173
LE CUIVRE ET SES MINERAIS
Propriétés physiques et chimiques. — Le cuivre est un
métal rouge susceptible d’un beau poli. Dureté, 2,5 à 3. Den-
sité, 8,8; — 8,95 après écrouissage. Il fond vers 1.150 et
brûle avec une flamme verte. Très ductile, très malléable,
tenace, bon conducteur de la chaleur et de l'électricité, il est
inoxydable à l’air sec.
Usages. — Le cuivre s'emploie seul ou en alliages. A l’état
isolé, on l'appelle cuivre rouge pour le distinguer du laiton;
on l’emploie pour la construction des foyers de locomotives,
pour le doublage des navires, pour la fabrication des cein-
tures d’obus à balles; on en fait aussi des tuyaux pour la
vapeur, des alambics, des appareils pour sucrerie et rafli-
nerie, des ustensiles de cuisine. Enfin la fabrication de fils
et câbles électriques ainsi que des dynamos en consomme
des quantités considérables.
ALLIAGES
A l’état pur le cuivre se travaille aisément au marteau et à
la filière, mais il ne peut se couler; aussi le mêle-t-on géné-
ralement au zinc et à l’étain.
1° Alliage de cuivre et de zinc. — Les principaux alliages
du cuivre et du zinc sont le laiton, le similor, le métal du
Prince-Robert, le chrysocale, le tombac et le maillechort.
Le laiton (Cu — 67, Zn — 33) est beaucoup moins cher que
le cuivre ; aussi est-il beaucoup plus employé que le cuivre
rouge. Quand il est destiné à être tourné, on y ajoute un peu de
plomb (Cu — 63 à 65, Zn — 33 à 35, Pb — 2 à 2,5), qui le rend
plus sec et l'empêche de s’arracher sous l'outil comme le
cuivre, dont ie travail au tour demande des précautions spé-
ciales.
174 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Pour les fils lines à servir de conducteurs pour le télé-
phone, on augmente la ténacité du laiton en y ajoutant un
peu d’étain (Cu — 64,2, Zn — 35, Pb — 0,40, Sn — 0,40).
Le principal emploi du laiton est la fabrication des
épingles. Cette industrie, qui utilise environ la moitié du
zinc livré au commerce, produit annueliement 225 milliards
d'épingles qui, au prix moyen de 1 franc par 3.000 ue
représente une valeur de 75 millions.
Le laiton sert encore à fabriquer des boutons, des tubes
pour suspensions, des garnitures de lampes ou de meubles,
des robinets, des instruments de physique, etc.
Le similor et le métal du Prince-Robert, qui contiennent
80 à 88 0/0 de cuivre et de 20 à 12 0/0 de zinc, et le chriso-
cale (Cu — 92, Zn — 6, Sn — 2) servent à fabriquer des bijoux
faux.
Le tombac ou cuivre blanc (Cu — 97, Zn — 2, As —1) sert
à fabriquer des compas et des instruments de physique.
Le maillechort (Cu — 50, Zn —%5, Ni —325)a la couleur etla
sonorité de l'argent; on fabrique en maillechort des pièces
d’argenterie que l'on argente par les procédés galvanoplas-
tiques : cafetières, plats, surtouts de table, garnitures de cou-
teaux; on l’emploie aussi beaucoup pour la sellerie et pour
la construction des appareils de physique; on en fait des
réflecteurs, des monnaies, des enveloppes de balles, etc.
2 Alliages du cuivre et de l'étain. — Bronzes. — Les alliages
du cuivre et de l’étain sont connus sous le nom général de
bronzes; leurs propriétés varient d’une manière continue,
suivant la proportion des deux métaux qu'ils renferment.
Le bronze des monnaies et des médailles, qui ne doit
pas être cassant, est celui qui renferme le plus de cuivre
Sn Zn — 1) <
Dans le bronze à canons on augmente la proportion
d'étain, ce qui donne un métal d’une ténacité remarquable
4; 0):
Le bronze des tamtams et des cymbales (Cu — 80, Sn —20)
et le bronze des cloches (Cu —78,Sn— 22) doivent leur so-
norité à la quantité plus forte d’étain qu'ils renferment.
En augmentant encore la proportion d'étain, on obtient le
bronze des miroirs et des télescopes (Cu — 67, Sn — 33), qui
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 475
est très dur et susceptible d’un beau poli, mais qui a perdu
toute ténacité et ne résiste pas au choc.
3° Alliages du cuivre et de l'aluminium. — Bronzes d'alu-
minium. — Avec l'aluminium, le cuivre forme un alliage
appelé bronze d'aluminium (Cu —90 à 95, Al—10à5), à ia
fois tenace, dur et léger, d'une belle couleur jaune d'or et
susceptible d'un beau poli.
On en fait des coussinets de machines, des objets d’orfe-
vrerie, des chaînes de montres, des flambeaux, des cou-
verts, etc.
SELS DE CUIVRE
Le sulfate de cuivre, appelé aussi vitriol bleu ou couperose
bleue, est l’objet d'un commerce important. Il est employé
pour le sulfatage des vignes et pour le chaulage des blés,
pour la teinture en noir des laines et des soies, et pour la
fabrication de certaines couleurs. La galvanoplastie en con-
somme de grandes quantités.
Les autres sels de cuivre employés en teinture sont le vert
de Brunswick (oxychlorure de cuivre), le vert de Scheele
(arsénite de cuivre), le vert de Schweinfurth (acéto-arsénite
de cuivre), la cendre bleue ou bleu de montagne (hydro-
carbonate de cuivre), le vert minéral (carbonate bibasique).
La malachite est un carbonate bibasique naturel que l’on
trouve particulièrement en Sibérie; on l’emploie comme
pierre d'ornement dans la construction et on s’en sert pour
fabriquer des coupes et des vases.
MINERAIS
Les principaux minerais de cuivre sont les suivants :
1° Le cuivre natif ;
2° Les oxydes et les carbonates, dont les principaux sont :
la cuprite (oxyde cuivreux Cu?0) translucide, rouge foncé,
fusible, soluble dans l'acide nitrique ; la malachite (carbonate
de cuivre), translucide, vert, fusible sur le charbon, soluble
PRET CPR PR ST es | but - ie TELL DS = ET AE ES PE.
176 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans les acides; l’azurite, autre carbonate de cuivre trans-
lucide, brun, soluble dans les acides, fusible dans la flamme
d'une bougie.
3° Les sulfures purs, qui ne contiennent que du cuivre et
du fer : chalcopyrite (CuFeS?), sulfure de cuivre et de fer, qui
tient généralement de 32 à 34 0/0 de cuivre et 29 à 32 0/0 de
fer (jaune d’or foncé, fusible sur le charbon, soluble dans
l'acide azotique); phillipsite ou cuivre panaché (CufFe?S5),
rouge bronze, fusible sur le charbon et soluble dans l’acide
nitrique, sulfure de fer et de cuivre, qui renferme 55,6 0/0
de cuivre ; chalcosine (Cu?S), sulfure de cuivre, qui renferme
79,8 0/0 de cuivre, noir de fer, éclat métallique faible, fusible
dans la flamme d’une bougie, soluble dans l'acide azotique.
4° Les sulfures impurs, ou cuivres gris, qui renferment
15 à 48 0/0 de cuivre mélangé à d’autres corps, arsenic, anti-
moine, fer, argent; les principaux sont la fétraëédrite, cuivre
gris, qui comprend deux variétés, l’une antimoniale, la pa-
nabase |(Ag,Fe,Zn,Cu)SSb?S7;, l'autre arsénicale, la tennantite
(4Cu?SASS3), gris de fer, fondant sur le charbon en bouillon-
nant, soluble dans l'acide azotique ; la freibergite ; la bourno-
nite (3Cu?S,Sb?S3 2PBS, SP?S), antimonio-sulfure de plomb
et de cuivre qui contient 42 0/0 de plomb et 13 0/0 de cuivre,
et souvent une assez forte proportion d'argent, minerai d'un
gris métallique, fusible sur le charbon, soluble dans l'acide
azotique.
GÉOGÉNIE
Les gisements de cuivre sont rarement inclus dans une
roche éruptive ; mais ils accompagnent presque toujours des
roches basiques lourdes, de couleur vert foncé, magnésiennes
et ferrugineuses : diorites, diabases, etc.
Le fait que le cuivre accompagne toujours des roches ba-
siques et qu'il se présente ordinairement à l'état de sulfure
et jamais à l’état de chlorure prouve que les venues cui-
vreuses correspondent à une époque où la roche déjà refroi-
die en partie avait perdu ses chlorures et où elle dégageait
des sulfures conformément à l’ordre de succession que l’on
À Ô
“:
+
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 477
a nettement établi pour le dégagement des fumerolles volca-
niques.
Les oxydes et les carbonates proviennent de l’altération
des sulfures; ils existent toujours dans la partie haute des
filons et sont dus par conséquent à une action externe.
Les sels de cuivre étant très solubles ont été parfois dis-
sous après coup et ont donné naissance à des gîtes sédimen-
taires.
GISEMENTS
On peut diviser les gisements du cuivre en quatre caté-
gories :
1° Gites incorporés à la roche. — Le minerai fait corps avec
la serpentine qui l’a amené au jour;
20 (Gîtes filoniens. — Le cuivre se présente en filon, à l’état
de sulfure avec une gangue généralement quartzeuse. Le
terme extrême de la série donne les grands amas pyriteux;
3° Gîtes de départ. — Le minerai est séparé de la roche,
diorite ou diabase, mais reste à son contact;
4° Gîtes sédimentaires. — Le cuivre est contenu dans des
couches dont l'imprégnation est contemporaine des terrains
encaissants.
[. — GÎTES INCORPORÉS A LA ROCHE
Les principaux gites de minerais de cuivre incorporés à la
roche sont les suivants :
Gisements de la France. — Gisement de la Prugne (Allier).
— On a trouvé au milieu du bassin carbonifère de la Prugne
(Allier) un grand filon cuivreux qui recouvre des schistes
et des microgranulites; le remplissage est de la chlorite
contenant un peu d’opale et de zircon; on a exploité à la
Prugne deux amas de chalcopyrite et de phillipsite qui ont
fourni du cuivre et de l’argent. La mine est aujourd’hui
abandonnée; aux environs, on rencontre des filons inex-
ploités de pyrite de cuivre.
GÉOLOGIE. 12
178
Gisements de l'Italie. — A Rocca Tederighi (province de
Grosseto), le minerai, en veines ou en blocs compacts, se
rencontre dans des serpentines qui traversent les terrains
éocènes.
A Slestro Levante (province de Gênes) on exploite quelques
veines de chalcopyrite et de phillipsite au contact de serpen-
tines. |
A Monte Calvi (Toscane) on trouve de la chalcopyrite
dans des filons d’augite qui traversent des marbres blancs
liasiques, avec une gangue de quartz et de calcite.
Monte Catini. — Monte Catini di Val di Nievole est situé
dans la province de Lucques, à environ 50 kilomètres à l'ouest
de Florence. Le minerai de cuivre de Monte Catini, déjà
exploité par les Étrusques et par les Romains, est contenu
dans un filon complexe orienté de l’est à l’ouest, qui traverse
un gabbro verdätre ou roussâtre appelé gabbro rosso, produit
d'une éruption serpentineuse. Le remplissage est constitué
soit par de la serpentine, soit par un conglomérat de méla-
phyre et de serpentine avec une argile onctueuse.
Le cuivre se présente souvent, à Monte Catini, en masses
de chalcopyrite (5 à 10 mètres cubes); on trouve aussi des
boules de chalcosine formées d’un noyau de pyrite de cuivre
recouvert d'une première enveloppe de phillipsite (cuivre
panaché) et d’une seconde enveioppe de chalcosine et de
cuivre natif.
La serpentine paraît être due à la métamorphisation d’une
péridotite cuprifère accompagnée de mouvements des épontes
qui ont amené la concentration du minerai primitivement
disséminé dans la masse.
La forme du gisement est celle d'un coin s'élargissant en
profondeur ; son toit est assez réglé, mais il est assez pauvre;
quant au mur, il présente des boursouflures irrégulières où
l'on trouve le cuivre panaché concentré en lentilles de 0,10
à 2 mètres d'épaisseur, longues parfois de 15 à 20 mètres.
L'irrégularité du gisement rend l'exploitation très difti-
cile; des travaux de recherches très dispendieux succèdent
aux périodes de prospérité pendant lesquelles on a exploité
un amas important fournissant un minerai riche et homo-
gène, les amas étant seuls exploitables.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 179
Les minerais riches extraits de la mine contiennent 7 0/0
de cuivre en moyenne; on a aussi traité d'anciennes haldes
dont la teneur est de 1 0/0 en moyenne.
La production du cuivre en Italie a été la suivante en 1894
et en 1896 :
Minerai :
Tonnes. Francs.
En 1894, 90.886, représentant une valeur de 2.228.145
1896, 90.408 — — 2423595
Gisements de la Corse. — Ponte Alle Lecchia. — Ce gisement,
abandonné aujourd'hui, est analogue à celui de Monte Catini.
Il se rattache à une puissante éruption de roches magné-
siennes, recouvrant des calcaires et des schistes jJurassiques.
Le minerai (chalcopyrite et phillipsite) avec gangue quart-
zeuse, se présente en filons dans les euphotides; il est plus
disséminé dans les chlorites et les serpentines; enfin on
rencontre quelques nodules de minerai concentré, dans les
argiles, comme à Monte Catini.
II. — GÎTES FILONIENS
Les gîtes de cuivre d’origine hydrothermale et filonienne
sont très répandus. Les quatre formes principales sous les-
quelles lee uivre peut se présenter en amas ou en filons sont:
4° La chalcopyrite;
2° La pyrite de fer cuivreuse;
3° Le cuivre natif;
4° Le cuivre gris.
1° Filons de chalcopyrite. — La chalcopyrite est souvent
accompagnée de phillipsite, quelquefois de chalcosine, et,
dans les parties hautes, de blende et de galène. La gangue
est ordinairement du quartz, souvent de la sidérose. Aux
affleurements on trouve des métaux précieux sous forme de
minerais oxydés argentifères ou aurifères (Namaqualand,
Colorado et Styrie). ,
D EP TT
SR RS
180 “ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Principaux gisements. — Les principaux gisements de chal-_
copyrite sont les suivants :
Algérie (Kef-oum-Théboum);
Silésie (Kupferberg' ;
Autriche (Kupferplatten, Alpes styriennes, Carinthie,
Waschgang, Gross-flagrant);
Norwège (Télémark);
Afrique australe (Namaqualand);
États-Unis (Montana, Arizona).
Australie (Burra-Burra, Nouvelle-Zélande, Tasmanie).
Gisements de l'Algérie. — Description du gisement de Kef-
oum-Théboul. — A Kef-oum-Théboul, près de la frontière
tunisienne, à 5 kilomètres de la mer, on exploite des filons
complexes de cuivre, de blende et de galène argentifère.
La présence d'éléments étrangers (quartz, argile blanche
avec divers sulfures métalliques) rend la préparation méca-
nique du minerai très délicate.
La teneur en argent diminue rapidement en profondeur.
Une tonne de minerai brut donne environ 700 kilogrammes
de minerai de fusion.
Gisements de la Silésie.— En Silésie, le Kupferberg présente
des filons cuivreux (chalcopyrite, phillipsite, chalcosine,
gangue quartzeuse, dont la formation a précédé celle des
cuivres gris) à filons plombifères et barytiques de la même
région. e
Gisements de l'Autriche. — Près de Kitzbuchel, à Kupfer-
platten et à Mitterberg, dans le Tyrol, on exploite des filons-
couches de sulfures divers contenant surtout de la chalco-
pyrite accompagnée parfois de cinabre avec une gangue de «
sidérose; ils recoupent des puyllades et des grauwackes
d'âge silurien.
En Autriche, on a encore exploité dansles Alpesstyriennes
un gisement filonien de chalcopyrite aurifère appartenant à
la période permo-triasique.
En Carinthie, on exploite, aux mines de Waschgang, dans
la vallée de Mäll, de la chalcopyrite en larges couches tenant
jusqu'à 15 0 0 de cuivre dans des filons de quartz; ces mine-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 181
rais, de même que ceux de Gross Flagrant, près Saxenburg,
sont aurifères.
Les diverses mines de cuivre autrichiennes ont produit :
Minerai :
Tonnes Frances
En 1894, 7.235, représentant une valeur de.. 585.582
1896, 6.823 — — 513.864
Métal :
Tonnes Frances
En 189%, 1.341, représentant une valeur de.. 1.564.021
1896, 1.001 — — 1.161.203
Gisements de la Hongrie. — A Kotterbach, à Slovinka et à
Gollnitz on rencontre des filons-couches analogues aux
précédents.
La production du cuivre en Hongrie a été la suivante :
Métal :
Tonnes Francs
En 1894, 271, représentant une valeur de.. 338.417
1896, 160 — _ 193.150
Gisements de la Norwège. — Dans le district de Télémark,
près de Konsberg (Norwège), on a exploité autrefois des
filons situés dans la granulite et renfermant de la chalcopy-
rite, de la phillipsite, de la chalcosine avec un peu d'argent
et d’or. Ces mines sont aujourd'hui abandonnées.
Gisements de l'Afrique australe. — On a découvert dans le
Namaqualand (Afrique australe), sous un chapeau de fer, des
filons de chalcopyrite, de phillipsite et de chalcosine à
gangue quartzeuse, recoupant des schistes anciens et des
granites, 1ls sont souvent aurifères.
Gisements des Etats-Unis. — Description des gisements du
Montana. — Dans le territoire de Montana on exploite, près
de Butte-City, des filons d’or, d’argent et de cuivre (gangue
quartzeuse) d’une richesse exceptionnelle, découverts il y a
environ vingt ans. C'est là que se trouve la célèbre mine
d'Anaconda, qui occupe plus de six mille ouvriers.
Le territoire de Montana est un des centres de production
182 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
du cuivre les plus importants du monde, bien que son
exploitation ne date que de 1882.
Le cuivre sy rencontre dans des filons ouverts dans : un
granite dioritique. Le sulfure noir de cuivre, qui forme la
partie supérieure des filons, se mélange en profondeur
de chalcopyrite et disparaît presque entièrement vers
200 mètres.
La gangue est quartzeuse. Les filons, parallèles et orientés en
général suivant la direction est-ouest, sonttrès réguliers et peu
inclinés. Le filon principal, celui d'Anaconda, a une dizaine
de mètres d'épaisseur; il a été reconnu sur 600 mètres en
direction et 300 mètres en profondeur. Les épontes sont ce-
pendant, en général, mal définies, et les mineurs se basent
sur les conditions d’exploitabilité pour la limite à assigner
aux travaux dans ces filons. Il y a passage progressif du mi-
nerai à la roche, et l'on suppose que le granite a pu être
attaqué dans une de ses fissures et décomposé jusqu'à une
cerlaine distance par dissolution des éléments basiques tout
d'abord, puis feldspathiques ensuite. La teneur du minerai
en argent augmente en profondeur et atteint 1 kilogramme
et demi par tonne.
La production du cuivre mélallique dans le territoire de
Montana a été de 83.050 tonnes en 1894 et de 107.600 tonnes
en 1897, alors qu elle n'atteignait que 27.000 tonnes en 1886.
(Voir plus loin la production totale de l'Amérique du
Nord.)
Description des gisements de l'Arizona. — On trouve dans
le territoire d’Arizona d'importants filons de chalcopyrite. |
La chalcopyrite est oxydée à la surface au contact de cal- t
caires cambriens et de trachytes verts. A la partie supérieure, ;
on trouve des oxydes et des carbonates à gangue ferrifère et
mänganésifère ; la chalcopyrite apparaît en profondeur.
Les filons du groupe de l’Arizona ont une gangue quart-
zeuse contenant des sulfures de plomb et de zinc; l’exploi-
tation est relalivement récente et le minerai est très recher-
ché, à cause de la pureté et de la haute conductibilité
électrique du métal qu'il fournit. Les filons ont jusqu'à
» mètres de large et sont remplis d'argile et de minerai.
NT ne. ne er
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 183
La teneur du minerai diminue en profondeur. L'analyse
moyenne de ces minerais donne les résultats suivants :
a, calcaire. — b, filons de chalcopyrite. — c, trachytes.
Cu0 14
= B MnO? ;
See son
Ernes trs CaO 14
Cr Ness 22 MgO |
2e > SO 2
ee APO3 20
Fe20° 14
\tes
Pertes au feu } 14
« NN N N et CO? \
à ne
Fic. 74. — Coupe schématique du gisement de l’Arizona.
En profondeur, on rencontre un sulfure de cuivre noir ou
mattite avec une bande de quartz friable.
À 100 mètres environ, la teneur utile est réduite à 10 0/0,
et les scories deviennent plus acides.
La production de l’Arizona, qui était de 5.000 tonnes de
cuivre en 1886, a atteint 20.200 tonnes en 1894, et 36.750
en 1897.
La production totale du cuivre métallique aux États-Unis
a été la suivante :
Métal :
Tonnes Francs
En 1896, 217.639, représentant une valeur de. 255.016.985
1897, 231.421 — — 281.628.275
Nous croyons utile, étant donnée l'importance de la pro-
duction du cuivre aux États-Unis, de donner ci-après quelques
indications de détail sur cette exploitation en Amérique.
"a1l81)X9 RQ
— :soutaÿ 000-000 ‘L68Y u2 pÂed opuoplarg ‘souU0) LEL LYC ‘eux
006°699°6F
ss 606" 0€: 1 £090 "016: Y6 GG9"LEG" |
A
ne 889°%6G | 00616 096" Y20"
Le 898 867 | GGE'LY8 "Ce 086" 86
ME 806-107 | cLa'8LE"S “
: <
1e YLL'GW « « |
= « « 0LS "y « «
5 0/0 8590 | CoL'LGe | Sr8 1662 |000°ce OEà" L8I
des
Douce
11e) ee sosuodop s9p | sure] RS
; SN de S99]104) op : EPA SNOIL
RTC É -UHHOE -DNULSNON
JeaYx0 die rer LVHOV
94AIN9 n #19
ÉTAT SHNNOI
NOILUOdOUd | ds SISNA AIG
| #
a (HAOIUARV) LGRF NE AUAIND 4
9JAIN9 9p (BJOUTU 9p seuu0} ((0'O0E TL AU 97}97) y — ‘LGSE Ua Soueif op 000000", ‘ePUepAIG &
9 TBQUINZ — ‘JU nod AIuoA8 ‘aJI2An00pp op sed ‘seue uo euW tr
OO ET ge
“UN JOAIIS pu
Joddo'") payeprosuon
utu
C87 GYL LL”
‘EULJUONN 9 U0JS0
+10 |
‘JUaSAY ?'EpUOTCUY
< |
G19°0
088’ S6£'9SICES AG
07009
LOG
LLQL
6067
066689 "88
*OJAIN)
«
GGG &LO F
«
«
(oh /1
«€
COL‘906 FT
06° EG7 "CG
088 °069°9
|
tt NUIT
*20) AULUUY Aourni)
roses on pal
-BPI[OSUOT) E[0998()
099”
686509 T
09G'CYe
COS" LLS "à
soutiJ
GOG' ETS 07) AULUTN UIDHUCA
O9L TL
O18"G6E
OùE VYE'T
OFF ILE
C60"600"&
(14/
LLG
S16ù
sauu0
“1 09 AULUIN [Uajuor)
*07) AULUIN 21U81)V
(uw tyo tn)
UOISSIUUON
e uyy
quodeuvway | NOMOVULXE | SOUBIS U9 | Sraimo np
89])0}
C
SALLHOAN
NOISNA sanbrrjou
SINON
souuoy ua
NOTION
TE — — —
SANIN SHIVdIONIUd SHG SLVLINSAH
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 185
PRODUCTION DU CUIVRE FIN (AMÉRIQUE DU NORD, ÉTATS-UNIS)
1894 1897
tonnes tonnes :
Etats-Unis 166.000 231.400
20.200 36.150
6.400
te E Le ; 107.600
Détail des ed Michigan : / 66 150
Colorado : 4,280
Divers : 10.220
Gisements de l'Australie. — Burra-Burra. — A Burra-Burra,
les schistes anciens métamorphisés sont traversés par de
riches filons de cuivre d’une dizaine de mètres d'épaisseur,
à gangue quartzeuse, sous un chapeau de fer hydroxydé à la
surface; on trouve d’abord des oxydes et des carbonates de
cuivre, puis des oxychlorures, du cuivre panaché et de la
chalcopyrite.
Au sud-est de l'Australie on a remis en exploitation, en
1897, les mines de Cobar dans la Nouvelle-Galles du Sud. Le
Great Cobar Mining Syndicate y possède de grandes mines
avec quatre cent cinquante ouvriers et deux fourneaux
à water-jacket de 60 tonnes en marche. Production en
1897 : 63.864 tonnes de minerai, ayant donné 2.699 tonnes
de cuivre (les mattes sont raffinées à Lithgow dans une
usine récemment construite), 30.424 onces d’argent fin et
12.414 onces d’or fin ; on peut encore citer dans la Nouvelle-
Galles du Sud les mines de Burraga, dans les monts Aber-
crombie, dont les mattes sont raffinées aussi à Lithgow.
En Nouvelle-Zélande, on peut citer la mine Champion, dans
la vallée d’Aniseed (Nelson Province), où l’on exploite des
minerais à 7,5 0/0 de cuivre (chrysocolle à la surface) avec
pyrites et poches de cuivre natif en profondeur.
La Compagnie des mines de Chillagoe (Queensland) ne doit
entrer en fonctionnement qu’en 1900, quand le chemin de
fer reliant ces mines à Herberton sera achevé.
On a fait, en 1897, d'importantes découvertes dans l’Aus-
tralie du Sud, dans le district de Beltana: dans la même
RL te
186 GÉOLOGIE APPLIQUÉE |
région se trouvent des mines importantes dont les produits
(minerai tenant 20 0/0 de cuivre) sont transformés en cuivre
et sulfate de cuivre à Wallaroo. La Wallaroo and Moonta
Smelling C° a l'intention d'installer une fonderie de plomb
pour traiter 300 tonnes par semaine.
En Tasmanie, la Mount Lyell Mining and Railway C a
fondu en six mois (1897), 41.507 tonnes et va installer le
traitement électrolytique. Elle a extrait 43.099 tonnes de
minerai dont 38.890 proviennent des travaux à ciel ouvert,
et le reste des galeries. Les convertisseurs, alimentés par
cinq fours, ont traité 5.745 tonnes de mattes, qui ont donné
2.953 tonnes de cuivre fin, 271.036 onces d'argent et
13.034 onces d'or. Une once-troy pèse 315',1035.
Production de l'Australie. — La production du cuivre en
Australie a été la suivante :
Nouvelle-Galles du Sud
Minerai et régule :
Tonnes Frances
En 1894, 590, représentant une valeur de.,. 311.175
1896, 15 Es _ Re
Cuivre en lingots :
Tonnes Francs
En 1894, 1.582, représentant une valeur de.. 1.515.850
1896, 4.524 — — . 2.005.900
Queensland
Minerai :
Tonnes Frances
En 1894, 422, représentant une valeur de.. 434.550
1896, 589 = = 526.030
Tasmanie
Minerai :
Tonnes Francs
En 1894, 127, représentant une valeur de.. 125.000
1896, 52 = = 57.250
Victoria
Minerai :
Tonnes Francs
En 189%, 492, représentant une valeur de.. 369.050
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 187
20 Amas de pyrite de fer cuivreuse. — Le cuivre se trouve
souvent en imprégnation dans de la pyrite de fer formant
de grands amas intercalés dans les terrains sédimentaires.
Au point de vue de l'étude et de la recherche de ces gise-
ments, il est utile de signaler qu'ils sont toujours au milieu
de schistes, qu'ils sont recouverts à la surface par un cha-
peau de fer hydroxydé et qu'enfin il arrive souvent qu'ils
se coincent en profondeur; leur teneur en cuivre se main-
tient d’une manière assez constante entre 2 et 30/0.
Ces amas ont une formation mal déterminée ; quelques-
uns, comme celui du Rammelsberg (Harz), sont nettement
sédimentaires; mais, dans la plupart des cas, l’amas pyriteux,
. simplement intercalé dans des schistes, les recoupe en de
nombreux endroits ; l'amas ne présente aucune trace de stra-
tification interne et est accompagné de veines quartzeuses et
de roches éruptives. Dans certains gisements on constate [en
Scandinavie (Fahlun, Vigsnaes, etc.)] des phénomènes d’in-
terstratification accompagnant des fractures filoniennes. On
peut admettre que les amas pyriteux ont une origine hydro-
thermale et profonde; ils seront décrits à la suite des gise-
ments filoniens.
Les principaux gisements de pyrile de fer cuivreuse sont
les suivants :
Suède (Fahlun) ;
Norwège (Rüraas, Foldal, Vigsnaes);
Espagne et Portugal (Rio-Tinto, Tharsis, San-Domingos,
Lagunazo, Confessionario, la Zarza, Aguas-Tenidas.
Gisements de la Scandinavie. — Les amas de pyrite de fer
cuivreuse sont très fréquents dans la péninsule scandinave,
dans Île terrain primitif. Les plus importants sont ceux de
Fahlun, en Suède et de Rüraas et de Vigsnaes, en Norwège.
Description du gisement de Fahlun (Suède). — L'exploi-
tation du gisement de pyrite de fer cuivreuse de Fahlun, au
nord-ouest de Stockholm, remonte au xiv® siècle. Ce gise-
ment se trouve dans des gneiss du terrain primitif, redressés
et bouleversés par des veines de leptynite.
L’amas principal, aujourd'hui à peu près épuisé, mesurait
GÉOLOGIE APPLIQUÉE |
210 Bts du nord-ouest au sud-est, 160 mètres du nor
estau sud-ouest, et 320 mètres de profondeur; il était entouré
d'une roche lucie bréchiforme, appelée scholl, qui semble
être le remplissage d'une faille.
Il existe à Fahlun deux sortes de minerai :
1° Le minerai tendre, ou blotmalm, analogue au minerai
de Rio-Tinto et formé de pyrite de fer cuivreuse avec une
très faible proportion de quartz;
2° Le minerai dur ou hartmalm, un peu plus riche en
cuivre ; le quartz y est plus abondant. Ces minerais sont
aurifères et depuis longtemps on en a extrait, chaque année,
quelques kilogrammes d'or. L'or extrait est contenu dans
du quartz laiteux et est toujours accompagné d’un sélénio-
sulfure de bismuth et de plomb, d'une couleur blanche écla-
tante qui révèle sa présence. |
Le minerai de Falhun, traité par la voie humide, après
grillage, fournit du cuivre, de l'argent et de l'or.
On produit également, à Fahlun, de l'acide sulfurique et
du sulfate de fer.
La production du cuivre en Suède a été la suivante :
Minerai :
Tonnes
LATE ES FÉES BTE Re Rs TRS + 25.110
Re SR ee el See LÉ PRO 24.351
Description du gisement de Rôraas (Norwège). — Le gîte de
Rüraas est situé entre Throndhjem et Christiana ; l'exploi-
tation, commencée vers le milieu du xvir° siècle, est encore
assez active. Il existe à Rôraas plusieurs concessions dont les
plus connues sont Storvarts-Grube et Kongens-Grube. Cette
dernière fournit surtout de la pyrite de fer.
A Storvarts-Grube, le minerai est intercalé au milieu des
schistes, et le gisement a une apparence presque sédimen-
taire. À Kongens-Grube, au contraire, le gîte est très redressé,
et il recoupe nettement les schistes voisins, entre lesquels
il envoie des ramifications.
A Storvarts-Grube, le terrain encaissant est un schiste
chloriteux, souvent grenatifère, de l'époque huronienne.
Le minerai de Kongens-Grube contient environ 5 0/0 de
4
4
3
4
E
1
4
4
À
"
RP T TE Le
té LR
N
=
per MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 189
cuivre; il se compose de pyrite de fer et de pyrite de cuivre
associées à de la pyrite magnétique et à de la blende.
LL
Fi. 75. — Coupe du gite de pyrite cuivreuse de Kongens-Grube (Rôraas).
La formation des gites de Rôraas est due, sans doute, à
des venues sulfureuses sous-marines correspondant au
dépôt des schistes; mais, cette action s'étant continuée après
leur solidification, l’amas est
devenu nettement filonien.
Gite de Vigsnaes. — Le gîte de
Vigsnaes se trouve au sud-ouest
de la Norwège; il consiste en un
filon ramifié dans des schistes
cambriens, au contact de gabbros
à saussurite.
Le minerai est une pyrite de
fer cuprifère, avec quartz, blende
et calcite. Sa teneur est de 40 0/0
de cuivre ; au milieu de sa masse,
on trouve des blocs de schistes
isolés de 1 mètre sur 3 mètres
età moitié imprégnés de minerai. Fic. 76. — Coupe verticale du gite
En Norwège, 2.000 hommes as M Pak. re
ont été employés, en 1897, à la
production de 90.000 tonnes de pyrite. Les usines de Rôraas
et de Sulitelma ont produit 1.025 tonnes de cuivre en lin-
D)
7/
LI TTIPPDR
CD
’
21,
/ LL
=
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
_gots; É reste des minerais norwégiens, traités dans des de:
usines étrangères, a produit 1.975 tonnes de cuivre pur. On
peut citer, outre les mines d'’Aamdal (Télémarck), qui ont -
donné 1.450 tonnes de pyrite (20 0/0 de cuivre), celles d’Alten
(Finmark) avec 400 tonnes de pyrite à 10 0/0 de cuivre, et
celles de Bosmo, avec 20.000 tonnes de pyrite contenant
50 0/0 de soufre et un peu de cuivre.
La production du cuivre en Norwège a été la suivante :
Minerai :
Tonnes Franes
En 1890, 18.769, Heu une valeur de.. 969 300
189%, 20.226 = = .. 961.200
Métal :
Tonnes Frances
En 1890, 466, représentant une valeur de.. 627.750
1894, 907 = = .… 156.000
Gisements de l'Espagne et du Portugal. — Les importants gise-
ments de pyrite cuivreuse, situés dans la province d'Huelva
(Espagne) et d’Alemtejo (Portugal), déjà activement exploités
par les Anciens, sont compris dans une bande large de
20 kilomètres, orientée est-ouest, allant de Séville jusqu'à
l'Océan Atlantique, au sud de Lisbonne ; les terrains traversés
par ces gisements sont le silurien et le carbonifère; de nom-
breux pointements de microgranulites et de porphyres
mettent en évidence l’activité éruptive ancienne de la région.
Les mines les plus connues sont les suivantes :
Tharsis, qui comprend quatre amas assez importants, dont
un inexploité ;
San-Domingos (Portugal), où l’on n’exploite qu'un seul
amas vertical de 500 mètres sur 60 mètres, contenant des
intercalations schisteuses ;
Lagunazo, où l'on exploite à ciel ouvert un amas de
150 mètres sur 15 mètres;
Confessionario : cetamas, qui necontient que de la pyrite de
fer cuivreuse à 51 0/0 de soufre, n’est exploité que pour la
fabrication de l'acide sulfurique ; |
La Zarza, où l’on exploite des schistes imprégnés sans amas,
.
démtule, M dé bé
4
«
mnt “ttes Lee te ‘ad Can OC ia un dd dà
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 191
Aguas Tenidas : à Aguas Tenidas, les filons atteignent une
teneur en cuivre de 5 à 6 0/0;
Et enfin Rio-Tinto qui est le plus important.
Gisements de Rio-Tinto. — Le gisement de Rio-Tinto, expioité
par une Compagnie anglaise, est situé dans la province de
Huelva, au sud-ouest de l'Espagne, au milieu de schistes et
de phyllades argileux appartenant à l’époque carbonifère.
Au contact de la pyrite se trouvent des pointements de
porphyres dioritiques.
Les deux amas principaux sont le filon Norte et surtout le
filon San-Dionisio prolongé par l’amas du Sud, qui est la
partie la plus importante du gisement; on exploite à ciel
ouvert cette partie méridionale du gîte dont les dimensions
en plan sont de 1/2 kilomètre sur 120 mètres; la profon-
deur reconnue est de près de 200 mètres.
Le filon Norte, exploité au début par galeries nenein es,
est attaqué à 2 ouvert depuis quelques années; il à été
reconnu sur 2.000 mètres de longueur et 150 mètres de
largeur.
Le minerai est formé de pyrite de fer à 2,5 0/0 de cuivre
en moyenne avec un peu de chalcopyrite et divers sulfures.
La masse, qui ne présente pas trace de cristallisation ni de
sécrétion sur les épontes, est recoupée par des filets plus
riches en cuivre (chalcopyrite et phillipsite).
On fond à Rio-Tinto, dans des fours à manche, tous les
minerais de la région dont la teneur en cuivre dépasse 6 0/0;
ceux dont la teneur varie de 3 à 6 0/0 sont exportés en Angle-
terre (Swansea); ceux qui tiennent moins de 3 0/0 sont
traités sur place. Enfin ceux qui contiennent du plomb sont
abandonnés à cause de la difticulté du traitement. Tous con-
tiennent de l'or, mais en si faible quantité qu'on ne l'extrait
qu'à San-Domingos.
A Rio-Tinto comme à Tharsis, les amas sont composés de
pyrite de fer cuivreuse recouverte de chapeaux d’oxydes
métalliques, parmi lesquels domine la limonite. Les sulfures
se sont oxydés au contact de l’eau et de l'air, et les sulfates
solubles sont redescendus dans le filon pendant que restaient
seuls, à la partie supérieure, les terres rouges et les sque-
lettes d'oxyde de fer.
PTT ee Po LR Te ES SE EE ET TE ER PE RENE RES
192 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les sulfates redescendus au-dessous de la zone oxydante
du niveau hydrostatique ont subi une réduction et ont formé
en un grand nombre de points des zones riches intercalées
entre le chapeau de fer et la partie inférieure du filon, qui a
conservé sa teneur moyenne normale.
On doit donc, à Rio-Tinto, diriger les travaux de recherches
de façon à s'approcher le plus possible du plan inférieur des
eaux, afin d'atteindre le filon dans sa partie la plus riche.
Le prix de revient des exploitations de Rio-Tinto peut être
établi comme suit, d'après M. Cumenge :
TRAVAUX | TRAVAUX
à
CIEL OUVERT | SOUTERRAINS
Abatage, main-d'œuvre, surveillance, ex-
Cassage, triage, chargement, transport.
Entretien des outils, du matériel roulant
et de la voie
Amortissement du découvert et des d
blais stériles
Frais d'exploitation d'une tonne de pyrite.
Calcination, lavage, cémentation
Frais totaux d'exploitation et de traite-
ment d'une tonne de pyrite
En 1897, la Compagnie de Rio-Tinto a extrait 1.388.026 long-
tons (teneur moyenne de 2,81 de cuivre), dont 575.733 tonnes
ont été traitées sur place et ont fourni 20.826 tonnes de
cuivre ; le reste a été exporté et a donné 13.098 tonnes de
cuivre (le long-ton pèse 1.016:5,0:8). Le bénétice de la Com-
pagnie a été de 24.690.000 francs. On estime que la Compagnie
a soixante-dix ans de production devant elle (au taux d'ex-
traction de l’année 1897).
Tharsis, en 1897, a produit 565.945 long-tons, dont 310.702
ont été exportés. Cette Compagnie a exporté 8.900 tonnes
de cuivre précipité. Le bénéfice a atteint 9.600.000 franes.
AR PL + -
mn a ;
À sm
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 193
La Compagnie d'Aguas-Tenidas n’aextraitque 155.000 tonnes
en 1897 (au lieu de 205.000 en 1896).
Au total, l'Espagne, en 1897, a exporté 822.570 tonnes de
minerai de cuivre et 217.545 tonnes de pyrites de fer.
La production totale du cuivre en Espagne a été la suivante
en 1896 :
Pyrites :
Tonnes Francs
2.358.284, représentant une valeur de. 11.762.190
Minerai de cuivre et de colbalt :
Tonnes Francs
992, représentant une valeur de. 119.040
Métal :
Tonnes Frances
1 1 NSP 6, représentant une valeur de. 6.000
En mattes. 16.378 — — 4.913.510
Précipité.. 29.873 — — 20.776.020
En Portugal, les mines de la Compagnie Mason et Barry
Limited ont extrait 177.549 tonnes de minerai et exporté
267.000 tonnes avec un bénéfice de 1.250.000 francs.
La production du cuivre en Portugal à été la suivante :
Minerai :
Tonnes Francs
En 1894, 321, représentant une valeur de. 19.770
1896, 436 _— — 52.675
Cément :
Tonnes Francs
En 189%, 6.924, représentant une valeur de. 2.493.375
1896, 3.453 — — 2.339.485
Pyrites de cuivre :
Tonnes Francs
En 189%, 247.246, représentant une valeur de, 1.891.640
1896, 207.440 — — 1.820.795
Gisements de l'Italie. — Le Gouvernement Italien exploite à
Agordo (Vénétie) un amas de pyrite cuivreuse, qui est situé
dans desschistes argileuxet dont l’âge géologique est incertain.
Le minerai exploité est un mélange de pyrite de fer, de pyrite
de cuivre, de galène, de blende et de quartz, tenant 1,70 0/0
de cuivre.
GÉOLOGIE. e 13
Le prix de revient du minerai d'Agordo, que nous trou-
vons dans un ouvrage de M. Haton de la Goupillière (déjà un
peu ancien, 1l est vrai) est le suivant.
Prix de revient à la tonne:
_ Francs
Fravail au CHANCES. eee sde + « > VOIE
Roulage, exiraction cc ÉPRHEREne 1.264
TrAavVailAau Jour. 2. SES ATP PTE "A0
PTAVAUX AU POCHE ET CCR ER 0.2:6
Machinistes, charpentiers, remblayeurs.... 4.984
DUEVCIHANCE TS CE ee Par Vases Les PRRRE 0.598
Achat démalérie ses re En ER 2 2.253
FÉAISAOIVETS RE TRS NL ER CRE 0.074
Frais d'exploitation totaux Ces Jo 14
Frais de métallurgie .......... PE Prrte Re
Frais d'administration 220 Pr etenee 11.146
Ce prix de revient est forcément très élevé, étant donné
que l'exploitation est faite par le Gouvernement, ce qui
entraîne des frais d'administration très considérables.
3° Cuivre natif. — Les gisements types du cuivre natif
sont les célèbres mines de l'Amérique du Nord et du lac
Supérieur en particulier, qui ne sont surpassées en impor-
tance que par les mines du Montana.
Description du gisement du lac Supérieur. — Les gisements
du lac Supérieur sont les plus connus.
Les principales mines se trouvent dans la presqu'ile de
Keweenaw (Calumet and Hecla, où les puits appelés Red-Jackets
ont été approfondis, en 1899, jusqu'à 1.493 mètres, Central
Mine, Copperfels, etc.), dans la région d'Otonagon et sur la
Rive canadienne, au nord du lac.
Le cuivre se trouve dans des roches éruptives, diabases et
mélaphyres, associées à des schistes précambriens dans
esquels elles sont intercalées. Ces roches, poreuses et facile-
ment attaquables, ont été imprégnées, jusqu'à une assez
grande distance, par des eaux thermales chargées de cuivre,
sé
PAST
3, YÈ0
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 195
qui circulaient dans les fentes. L'existence de ces eaux est
mise en évidence par de nombreuses zéolithes; l'argent
accompagne souvent le cuivre, malgré la différence de fusi-
bilité des deux métaux. La précipitation cuivreuse est une
cémentation produite par la magnétite contenue dans la pâte
augitique des diabases.
Île Royale Pointe de Keweenaw
L.Sup. : Lae Supérieur L Sup.
1 S.E.
= En” 4 À NS Ze ù
5 eZ
= /K RS NS
LL
Brel
Fi. 77. — Coupe de la région du Lac supérieur.
H, Quartzites et minerai de fer (huronien) : — 1, Diabases, gabbros et mélaphyres.—
2, Porphyres quartzifères. — 3, Diabases et mélaphyres amygdaloïdes. — 4, Grès
et conglomérats intercalés. — 5, Mélaphyres amygdaloïdes et diabases. — 6, Schistes
et grès rouges. — 7, Grès de Postdam (cambrion discordant).
Credner et V. Groddeck, qui ont étudié, ainsi que W. Irving,
la région du lac Supérieur, y ont distingué, plusieurs modes
de gisement du cuivre.
4° Filons de fracture. — Les filons de fractures exploités
uniquement dans la presqu'île de Keweenaw, riches et puis-
sants dans les mélaphyres (jusqu'à 10 mètres de puissance)
deviennent moins puissants dans la diorite dure et sont sté-
riles dans les grès; le cuivre y est accompagné d'argent natif,
de quartz et de calcite (Copperfels).
20 Dépôts en couches. — Le cuivre se présente également
sous forme de ciment métallifère, comme dans les conglomé-
rats fameux de la mine de Calumet and Hecla, où le cuivre
métallique a remplacé en certains points de gros cailloux
feldspathiques.
On trouve aussi le cuivre à l’état de grains formant le rem-
plissage des amygdales des bancs de mélaphyres et de dia-
bases (lac Portage). A la mine de Concordia, le cuivre se
présente dans des roches à épidote, sous forme de houppes
ou de grains et aussi quelquefois en grosses masses.
L'exploitation est assez difficile, car il faut dépecer les gros
blocs de minerai, après les avoir dégagés à la poudre, des
roches encaissantes. A Central Mine, on a extrait un bloc de
1.000 tonnes, et à Minnesota Mine un bloc de 800 tonnes a
196 | GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Sr . . . . £ lu . NE à 2
exigé dix-huit mois de travail. On rencontre fréquemment des
blocs de 50 à 60 tonnes; on les découpe à la tranche, et (rois
hommes, dont deux frappeurs, ne coupent dans un poste
qu'une longueur de 20 centimètres sur 30 centimètres de
profondeur.
Pour débarrasser les petits morceaux de leur gangue de
calcite, on les chauffe au rouge et on les étonne à l’eau froide.
M. Irving, qui a étudié tout particulièrement ces gisements,
donne les indications suivantes pour la recherche des gise-
ments de cuivre :
1° On doit s'attaquer de préférence aux diabases altérées
et amygdaloïdes contenant surtout de l’épidote, de la prehnite
et de la chlorite; celles où l’on trouve de la laumonite,
sont rarement riches, et celles où la calcite prédomine sont
presque toujours stériles ;
20 Parmi les grès et les conglomérats, on doit toujours
s'attacher aux bancs minces intercalés au milieu des diabases.
Dans la région du lac Supérieur, les minerais provenant des
mines de Sudbury (Ontario), de Capelton et Eustis près Sher-
brook (Québec), etce., sont fondus par la British Colombia
Smelting et Refining C°, à Trail-Creek, et par la Compagnie
des Mines de Hall. Les mattes de Trail-Creek sont expédiées
à Butte (Montana). En 1897, la Compagnie des Mines de Hall
a fondu 49.314 tonnes de minerai ayant donné 1.703 tonnes
de cuivre, 957.206 onces d'argent et 708 onces d'or (1 once-
troy pèse 315",1035).
A Capelton, dans la province de Québec, on a extrait
37.000 tonnes de pyrites cuivreuses; la mine A/bert, de la Ni-
chole C?°, a atteint une profondeur de 600 mètres; et la mine
Eustis, une profondeur de 690 mètres.
A Terre-Neuve, les mines de Tilt-Cove ont extrait, en 1897,
70.000 tonnes de minerai (bénéfice, 700.000 francs); d’autres
gisements existent à Betts-Cove et à Little-Bay.
La production du cuivre dans cette partie de l'Amérique du
Nord a été la suivante, durant ces dernières années :
Canada
Métal :
Tonnes Frances
En 1894, 3.509, représentant une valeur de. 53.698.295
1897, 6.033 — — 1.508.300
So
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 197
Colombie britannique
Métal :
Tonnes Francs
En 1894, 432, représentant une valeur de. 238.210
1897, 2.415 — = 1.131.290
4° Filons de cuivre gris. — Les filons de cuivre gris sont
accompagnés de métaux précieux et donnent la plupart du
temps, au début, de beaux résultats d'exploitation.
Mais leur gangue de sidérose estgênante pour la préparation
mécanique; de plus, ils s’'appauvrissent rapidement en pro-
fondeur avec transformation du cuivre gris en chalcopyrite.
On parlera, au chapitre de l’Argent, des cuivres gris très
argentifères comme ceux de la Bolivie et du Mexique. |
Les principaux gisements de cuivre gris sont les suivants:
Espagne (Sierra-Nevada);
Mexique ;
Algérie (Milianah, Mouzaïa, Tenès, Bou-Amram, Djebel-
Teliouïne, Babor);
Bosnie (Prozors, Kresevo) ;
Tyrol (Brixlegg).
Sierra-Nevada (Espagne). — On a exploité dans la région voi-
sine des grandes cimes de la Sierra-Nevada, des filons de
cuivre gris très argentifère, contenant 1 0/0 d’argent, qui
recoupent des micaschistes et des schistes anciens. Il y a eu
substitution de la chalcopyrite peu argentifère au cuivre gris
en profondeur, ce qui a amené l'abandon des mines. Il
existe autour de Santa-Felicia d’autres gîtes qui pourront être
exploités après l'ouverture de la ligne de Grenade à Murcie.
Sur le versant sud de la Sierra-Nevada, il existe encore
quelques gisements généralement inexploitables, sauf ceux
de Saint-André, qui peuvent donner 7 0/0 de cuivre et
-150 grammes d'argent à la tonne.
Algérie. — On peut citer en Algérie deux groupes de gise-
ments de cuivre gris : celui du massif de Milianah (Mouzaïa,
Tenès) et celui qui se trouve au sud de Bougie (Bou-Amram,
198 : GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Djebel Teliouïine et Babor). Tous ces gites se sont rapidement
coincés en profondeur; ceux de Djebel-Teliouine ont seuls
donné quelques résultats.
Bosnie, Tyrol. — On a étudié des gisements de cuivre gris
situés à Kresevo et à Prozors (Bosnie); on y trouve le cuivre
gris associé à du cinabre, presque toujours en quantité insuf-
fisante pour que l'exploitation soit possible.
La production y a atteint, en 1894, 270 tonnes, représentant
une valeur de 337.992 francs ; en 1896, elle n'était plus que
de 206 tonnes.
Enfin on traite à l'usine à cuivre de Brixlegg (Tyrol) des
cuivres gris antimonieux à gangue barytique, contenant du
mercure, du cobalt et du nickel, et provenant de la vallée de
l'Untérinn, qui se trouve à peu de distance au sud-ouest
de Kleinkogl.
III. — GÎTES DE DÉPART OU DE CONTACT
Les principaux gîtes de départ, c'est-à-dire formés au con-
tact de roches éruptives, sont les suivants :
Russie, Oural (Tourinsk, Mednoroudiansk, Gumechewsk);
Nassau ;
Banat (Rezbanya, Orawicksa et Morawicza) ;
Serbie (Offenbanya, Rodna);
New-Jersey ;
Chili et Bolivie (Cerro de Ternaga, Cerro-Blanco, Poro-
tos, etc.).
Oural. — La région de l'Oural comprend plusieurs gise-
ments situés dans la partie montagneuse et sur les derniers
contreforts du côté de la Sibérie.
A Tourinsk (district de Bogoslowsk), au nord de la chaïne,
le minerai complexe, formé de pyrite de fer et de cuivre,
de chalcosine et de phillipsite, de cuivre gris et de miné-
raux oxydés, forme deux filons parallèles de 2 à 6 mètres
d'épaisseur, au contact de diorites et de calcaires apparte-
nant au silurien supérieur. Les minéraux oxydés titrent
De Cs
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 199
de 10 à 15 0/0 de cuivre; mais les filons s’appauvrissent en
profondeur et tiennent, en moyenne, 3 0/0 de cuivre. La
gangue est tantôt quartzeuse, tantôt calcareuse.
A Mednoroudiansk (district de Nijni-Taguil), on exploite
activement des minerais oxydés (malachite, azurite, cu-
prite, etc.), situés dans des terrains du même âge que ceux
des minerais de Bogoslowsk.
A Gumechewsk (district d'Ekaterimenbourg), près de l’usine
de Polewsk et autour de l'usine de Kamensk, on trouve des
gisements analogues.
Description du gisement de Mednoroudiansk. — À Medno-
roudiansk, des argiles fortement imprégnées de malachite,
d'azurite, de cuprite, de phosphate et de silicate de cuivre,
remplissent une poche de plus de 100 mètres de largeur,
creusée dans le calcaire silurien.
La roche avoisinante est de couleur vert foncé; elle est
formée de feldspath décomposé et de chlorite tenant
1 à 2 0/0 de cuivre; c'est un produit de la décomposition
des syénites de la région. Au contact des calcaires corrodés
et de cette roche, se trouve une argile rouge très répandue
dans le district et qui contient le cuivre.
On peut admettre que la formation du minerai est due à
l’action d'eaux acides sur un gîte contenant du fer magné-
tique associé à de la pyrite de cuivre et à de l’apatite. On
retrouve, en effet, au milieu de l’argile rouge, des fossiles
du calcaire, moins attaquables par les acides que la masse
environnante.
La teneur moyenne du minerai est d'environ 2 à 3 0/0 de
cuivre, et l'extraction annuelle atteint 1.200 tonnes de cuivre
environ.
L'exploitation est parvenue à une profondeur de 200 mètres
sans que la composition du minerai ait changé.
La production du cuivre, en Russie, a été au. total
de 5.419 tonnes en 1894, représentant une valeur de
6.604.000 francs, et de 5.416 tonnes en 1896.
Nassau. — On trouve dans le Nassau, au milieu de diabases,
des filons de chalcopyrite accompagnée de galène et de
blende, qui s’appauvrissent rapidement en pénétrant dans
les schistes et les grès du dévonien inférieur. Les frais
“EN ORAN
1
4
î
=.
4.
f
200 _ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
d'exploitation y sont évalués à 30 francs par mètre carré de
surface filonienne. La préparation mécanique donne 35 0/0 de
cuivre, et 20 0,0 dans les cas de gangue quartzeuse.
Banat et Serbie. — Il existe, dans le Banat et la Serbie,
une bande de 300 kilomètres de long constituée par des
roches éruptives, qui, d’après Niedzwieski, sont des diorites ;
on y rencontre des amas métallifères de contact, contenant,
entre autres sulfures, de la pyrite de fer, de la chalcopyrite
et de la blende.
Les principaux districts miniers de ces régions sont ceux
de Resbanya, Morawicza et Orawicksa, dans le Banat, d'Offen-
banya et de Rodna dans le Siebenburgen.
New-Jersey. — On trouve à New-Jersey, au contact de
diorites dans les grès du trias, des minerais constitués par
de la phillipsite, de la cuprite et de la chrysocole mamelonnée
avec du cuivre natif.
Chili et Bolivie. — Le Chili et la Bolivie renferment une
quantité considérable de gisements fournissant des minerais
de cuivre riches; le Chili, seul, compte cent cinquante fon-
deries de cuivre et d'argent.
Les gisements du Chili forment deux groupes distincts :
Le premier est situé dans le nord, près de Valparaiso, sur la
Cordillère de la côte. Les filons, qui sont situés au milieu de
roches éruptives, contiennent de la pyrite de cuivre plus ou
moins riche en or. La principale mine est celle du Cerro de
Tamaya près de Tongoy, port situé au nord de Valparaiso.
Le filon le plus important a 2 ou 3 mètres de puissance;
il est situé dans une diorite, et il contient de la chalcopyrite
et du cuivre panaché renfermant des parcelles d'or métal-
lique. &
Le deuxième groupe de gisements, situé plus au sud, dans
le voisinage de la côte, se trouve à une grande altitude
dans des terrains secondaires stratifiés, en relation avec des
porphyres à augites (Cerro-Blanco, Porotos, etc.). Le mine-
rai est un mélange de sulfures de cuivre, de plomb, de
zinc et d'argent. L'argent est souvent exploitable. Le
cuivre ne peut être extrait avec bénéfice que lorsque sa teneur
est supérieure à 7 0/0; les frais d'exploitation sont aug-
mentés par ce fait, que, pour atteindre les minerais riches, il
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 201
faut traverser des zones pauvres de minerais mouchetés
(rameos), qu'on ne peut pas vendre à cause des frais de
transport. On a essayé de soumettre à une préparation
mécanique les haldes de ces minerais pauvres abandonnés
sur le carreau des mines; les lavages mécaniques, appliqués
aux schlamms, donnent lieu à des entraînements qui occa-
sionnent d'énormes pertes de minerai, et le manque d’eau
empêche d'employer, comme en Espagne, la cémentation, qui
serait la véritable solution. Le manque de moyens de trans-
port et l'instabilité des institutions politiques sont les deux
causes qui ont empêché l'exploitation du cuivre de prendre
un plus grand développement au Chili, qui est cependant le
pays du monde où le cuivre est le plus répandu.
La production du cuivre au Chili a été la suivante :
Cuivre en barres :
Tonnes Francs
En 189%, 19.840, représentant une valeur de. 21.861.190
1896, 20.992
Minerai exporté brut:
Tonnes Francs
En 159%, 11.106, représentant une valeur de. 2.221.135
1896. 6 159
IV. — GISEMENTS SÉDIMENTAIRES
Les gisements de cuivre sédimentaires sont assez fré-
quents, à cause de la solubilité des sels de cuivre et particu-
lièrement du sulfate. Le cuivre entraîné par ce sel est faci-
lement réduit et précipité soit par les matières organiques,
soit par les dégagements hydrocarburés.
Les gîtes sédimentaires sont plus réguliers que les autres;
ils ne sont pas sujets à s'appauvrir subitement, et leur exploi-
tation se fait à niveau constant, sans approfondissements
brusques.
On rencontre ces gisements dans la plupart des terrains
depuis le primaire jusqu’au tertiaire; on passera en revue
ci-dessous les plus connus, en suivant l'ordre chronologique
de formation des terrains qui les renferment.
LR SOLE fe RE Ed A
” Cure A EL
202 GÉOLOGIE APPLIQUÉE MS.
1° Dévonien. — Allemagne (Harz). — Dans le bas Harz
(Rammelsberg) on TT de la pyrite de fer cuivreuse d'âge
dévonien.
Description du gisement de Rammelsberg. — Sur le flanc de
la montagne de Rammelsberg, au sud de Goslar (Harz),
affleure une couche de pyrite de fer cuivreuse, située au
milieu des couches dévoniennes renversées.
. La puissance de cette couche estde 15 mètres en moyenne
avec quelques renflements.
Bien que l'exploitation remonte à dix siècles, on n’a pas
encore dépassé la profondeur de 300 mètres.
Les raisons qui font ranger ce gîte parmi les gites sédi-
mentaires sont les suivantes : Les traces de stratification sont
très nettes dans la pyrite et en concordance avec celles des
schistes avoisinants; de plus, le toit actuel, qui se trouvait
sous le gîte avantle renversement, est imprégné de matières
cuivreuses Jusqu'à une certaine profondeur, tandis que le
mur est tout à fait stérile.
On peut supposer que des eaux sulfureuses se sont fait
jour au fond d’un golfe et y ont aggloméré de fines pous-
sières de sulfures; le renversement a été produit par des
plissements postérieurs à la consolidation des terrains.
La production totale du cuivre en Allemagne a été la sui-
vante :
Minerai :
Tonnes Frances
En 189%, 588.195, représentant une valeur de. 20.300.195
1897, 700.619 — — 23.762.860
Mattes
Tonnes Franes
En 1894, 616, représentant une valeur de. 134.605
1897, 315 — — 11.900
Métal:
Tonnes : Franes
En 1894, 25.722, représentant une valeur de. 27.331.110
1897, 29.408 — — 31.126.880
2° Permien. — Russie, Bohême. — Les grès cuprifères de
Perm et de la Bohême septentrionale contiennent de l’oxyde
x «le; SNSNSSE
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 203
de cuivre ; ils appartiennent à l'assise permienne appelée
Rothliegende, ou grès rouge.
Bolivie. — A Corocoro (Bolivie), la même assise renferme
du cuivre natif.
3° Zeichstein. — Allemagne (Mansfeld, Westphalie, Hesse).—
Dans les schistes du Mansfeld, de la Westphalie et de la
Hesse, on trouve du sulfure de cuivre appartenant au zeichs-
tein.
France. — En France, dans les Alpes-Maritimes, on a
exploité des sulfures de cuivre provenant du même niveau.
4° Grès bigarrés. — Prusse rhénane. — A Saint-Avrold et à
Mitschernich, le minerai est un grès bigarré qui fournit de la
galène associée à de l’oxyde de cuivre.
5° Tertiaire. — Caucase. — Dans le Caucase, à Akhtala et à
Allahverdi, le sulfure de cuivre, qui se trouve en couches
dans le terrain tertiaire, paraît cependant être en rapport
avec les roches éruptives, si fréquentes dans cette période
géologique.
On peut citer encore, en Russie, les gisements de Redabeg
et de Kalakent, d'âge incertain, qui se trouvent au contact de
roches éruptives; ils sont situés à 60 kilomètres au sud-
ouest d'Elisabethpol et à 45 kilomètres de la station de Dalliar
sur le Transcaucasien. Pour obtenir la force motrice néces-
saire aux usines de préparation mécanique, on a établi une
pipe-line par où arrive le naphte liquide du Caucase que l’on
emploie comme combustible, concurremment avec l’anthra-
cite du Donetz, le bois et le charbon de bois. La tonne
métrique de naphte, refoulée dans des tuyaux en acier par
deux stations munies de pompes Worthington, revient à
22 fr. 20; l’anthracite sur wagon à Redabeg revenait à
39 francs la tonne en 1898; le charbon de bois revient à
24 fr. 40; et le bois à 8 fr. 85.
Le minerai se compose de pyrite de fer, de cuivre et de
blende; on le trouve dans des quartz trachytiques qui
recoupent des diorites; la blende et le sulfate de baryte
qui l’accompagnent rendent son traitement difficile {pour le
détail du traitement, voir le Mineral Industry de 1898,
pages 248 et 249). On a fondu, en 1897, 36.855 tonnes de
minerai; l'usine de traitement électrolytique de Kalakent
204 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
peut produire environ 500 tonnes de cuivre électrolytique
par an.
Gisement tertiaire du Boléo. — An Boléo, dans la basse Cali-
fornie (Mexique), le cuivre appartient au terrain tertiaire;
on l'y trouve à l’état d'oolithes d'oxyde et de carbonate
appelés boléos et contenant de 25 à 40 0/0 de cuivre.
La Compagnie française du Boléo a produit, en 1897,
172.330 tonnes de minerais, tenant de 5 à 11 0/0 de cuivre; ses
7 fourneaux ont passé 170.965 tonnes ayant donné 9.986 tonnes
de mattes et 3.612 tonnes de cuivre noir, Ce qui corres-
pond à 10.330 tonnes de cuivre pur.
V.— SCHISTES BITUMINEUX CUPRIFÈRES
Mansfeld (Saxe prussienne). — L'exploitation des gisements
du Mansfeld remonte au xim° siècle. Ce gîte permotriasique
occupe les versants sud et sud-est du Harz. L’assise qui con-
lient le cuivre est située à la base du zechstein, très bien
développé dans le Mansfeld {schistes cuivreux et calcaires).
La couche de schistes cuivreux a 0,50 de puissance. Le
minerai, formé de pyrite cuivreuse, de cuivre panaché et
de cuivre gris, est disséminé en fines parcelles qui tranchent
en Jaune d’or, en violet rouge ou en gris sur la couleur noire
des schistes; la partie inférieure, sur une hauteur de 10 centi-
mètres environ, est celle qui contient le plus de poussière de
minerai appelée « speise » par les mineurs. La teneur moyenne
en cuivre est de 2,5 0/0, et si l'exploitation est rémunératrice,
c'est grâce à la proportion d'argent contenue dans le minerai,
qui atteint 5 kilogrammes par tonne de cuivre
On à extrait en 1896, au Mansfeld, 650.985 res de minerai
ayant coûté en moyenne 31 fr. 25 la tonne. Dans le district
de Gluckauf, le prix de revient descend à 14 fr. 80; mais il
atteint 45 fr. 50 dans le district de Schafbreiter. Les quatre
usines de fusion de cette région ont traité 642.738 tonnes
de minerai en 1897. Leur consistance est la suivante :
x
1° Kochhütte, 4 à 5 fours à 4 tuy ères (109 tonnes par jour);
2° Krughütte, 3 à 4 fours à 6 tuyères (156 tonnes par jour);
dde à É ttei nids mc" de né dc dec, auf de nd US à SR
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 205
3° Eckhardshütte, 4 à 5 fours à 3 tuyères (93,4 par jour);
4° Kupferkammerhütte, 2 à 3 fours à 6 tuyères (139t,3 par
Jour).
Les 642.738 tonnes de minerai ont fourni 50.000 tonnes
de mattes, soit 78 kilogrammes par tonne de minerai. On a
tiré par tonne de minerai 32 kilogrammes de cuivre et
179 grammes d'argent. La dépense de combustible a été de
359 kilogrammes par tonne de minerai traité.
On grille le minerai dans des fours à cuve, et les gaz servent
pour la fabrication de l’acide sulfurique (50 à 66° B.). La matte
grillée est ensuite fondue dans des fours à réverbère (spu-
rofeñn). En 1896, on a passé dans ces fours 47.696 tonnes de
matte grillée, 1.228 tonnes de minerai cru, 1.268 tonnes de
minerai sableux, qui ont produit 23.762 tonnes de matte
seconde (spurstein) et 748 tonnes de copper-bottoms. Le spur-
stein contenait par tonne 739 à 773 kilogrammes de cuivre
et 755,885 d'argent. On grille le spurstein et on le traite par
le procédé Ziervogel.
Les résidus de désargentation contenaient, en 1896, 235",9
d'argent par quintal de cuivre. Ces résidus, tenant 74 0/0 de
cuivre, ont été réduits et raffinés à Gottesbelohnungshütte
et à Saigerhütte. Les copper-bottoms ont été traités par
l’électrolyse à Oberhütte.
Prix du cuivre. — Le prix du cuivre a une répercussion con-
sidérable sur un grand nombre d'industries, qui travaillent
ce métal ou emploient des appareils en cuivre. Aussi ce
prix est-il rendu très variable depuis une vingtaine d'années
surtout, par des tentatives de spéculation et d’accaparement.
Le prix du cuivre, qui variait entre 2.000 et 2.300 francs la
tonne en 1870, n'était plus que de 1.000 à 1.100 francs en
1886-1887. Alors se produisit une hausse considérable causée
par la spéculation et, en quelques mois, les anciens cours de
1870 furent de nouveau atteints et se maintinrent pendant
toute l’année 1888. La baisse subite qui se produisit en jan-
vier 1889 les ramena bientôt aux environs de 1.200 francs. —
On assiste, depuis l’année 1898, à une nouvelle hausse due
à l'augmentation considérable de la consommation du métal
et à l’action des spéculateurs; le prix de 2.009 francs a été de
nouveau atteint (1.850 francs à la fin de l’année 1899). Mais
DA 55, es SE La nue AT a qe OS ES Er de ic
206 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
_les hausses sont forcément limitées par les réouvertures de
mines moins riches, qui se produisent chaque fois que le
métal atteint des cours permettant à ces mines d'exploiter
avec bénéfices. Les deux principaux marchés du cuivre sont
New-York et Londres.
Production du cuivre dans le monde entier. — La pro-
duction du cuivre dans les diverses parties du monde à
été la suivante en 1897:
Tonnes.
BHrOpe ee Peer. TC EEE 84.215
STORE Er ee DU TR Mie RS NE TE 23.368
ATÉIQUERS D 7e RU PNR EE SEE 7.590
AE TIQUE BE POUND RTE ET 219-043
OCCARMERN RES 70e Mira AT RE EE LE re 18.491
POTAL NES 2 ES Mer Co es MAS N 412.671
ER
représentant une valeur d'environ 700.000.000 de francs.
BIBLIOGRAPHIE DU CUIVRE
1873. Deshayes, Gisement de cuivre de Charrier, près la Prugne
(Bulletin de la Société géologique, 3° série, t. 1, p. 504).
1873. Tchoupin, Journal des Mines, t. II, p. 88 et 318 (Cuivre de
l'Oural).
1874. Jannetaz, Minerai de cuivre de la Nouvelle-Calédonie (Bulle-
tin de la Société géologique, 3° série, t. ILE, p. 54).
1877. Boulangier, Un gîte de cuivre en Auvergne (Agnat et Azerat)
(Industrie minérale, 12 juillet).
1877. Henry, Gîtes de cuivre gris (Industrie minérale, 14 juillet).
1879. Czyszkowski, Explication sur les gîtes récemment découverts
au sud de Bougie (Industrie minérale, t. II, 4° livraison).
1879. Dieulafait, Diffusion du cuivre duns les roches primordiales
el les dépôts sédimentaires qui en procèdent (Comptes Rendus,
t. LXXXIX, p. 453).
1881. Willimot, Sur quelques mines de la province de Oucfee
(Carmen de géologie et d'histoire naturelle du Canada).
1882. Fuchs, Note sur les gisements de cuivre du Boléo (Association
française pour l'avancement des sciences, t. XIV, page 410,
Grenoble).
abs solos lat dd nt MGR. | be dt dd dde, de LS Sd. à nat ét le "à
! Les titres d'ouvrages antérieurs à 1870 ont été supprimés dans
cette liste déjà si longue. On pourra en retrouver quelques-uns
dans le Traité des Giles minéraux de Fuchs et Delaunay (chez
Béranger).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 207
1883. Firket, Découverte de la chalcopyrile à Mood-Fontaine
(Rahier). In-8°. Extrait des Annales de la Sociélé géologique
de Belgique.
1883. Bero, Zinc et Cuivre aux Etats-Unis (Cuyper, t. IT, p. 129).
1887. Le Cuivre au Japon (Annales des Mines, p. 531).
1887. Deumié, Sur les gisements de pyrile cuivreuse de la province
d'Huelva (Industrie minérale).
1887. Babu, Nofe sur le Rammelsberq (Annales des Mines
d'octobre).
1888. Cumenge et de la Bonglise, Rapport sur la mine de Calumet
and Hecla.
1888. Olivier, Mines de cuivre de Charrier (Revue du Bourbonnais).
1889. B. Lotti (traduit par A. Cocheteux), /a Genèse des gisements
cuprifères des dépôts ophiolithiques tertiaires de l'Italie
(Bulletin de la Société géologique de Belgique, Mémoires,
Bruxelles).
1889. De Launay, Industrie du cuivre dans la région d'Huelva.
(Annales des mines, novembre avec bibliographie détaillée).
1892. Les mines de cuivre d'Ashio, au Japon (Bulletin des Annales
des Mines, 9° série, t. I, p. 385).
1892. Dorion, Cuivre du cercle d’Aïin-Sefra (Sud oranais). Impri-
merie Schiller.
1892. Leproux, Gisements minéraux du Caucase (Annales des
Mines, 9‘isérie, t. IL, p.510).
1892. C.Vallier, Le Chili minier, métallurgiqueet industriel (Mémoires
de la Société des Ingémeurs civils de France).
1894. Weiss, Origines, gisements el propriétés du cuivre (Baillère,
à Paris).
1895. A. Lacroix, Sur quelques minéraux des mines de Boléo en
Californie (Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle).
1897. Gérard-Lavergne, l'Industrie du cuivre en Russie (Génie
civil, t. XXXI, p. 103).
1597. Couharevitch, Etude sur l'industrie du cuivre en Russie
(Revue universelle des Mines, 3° série, t. XXXIX, p. 22
et 144).
1898. Ballivian, EL cobre en Bolivia (La Paz).
RL 2 2
208 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
LE PLOMB ET SES MINERAIS
Propriétés physiques. — Le plomb est un métal gris
bleuâtre d’un éclat métallique prononcé; très mou, il se raie
à l'ongle et laisse une trace grise sur le papier. Densité : 11,37,
très peu modifiée par le laminage et le martelage. Le plomb
fond entre 330 et 335° et émet des vapeurs sensibles au
rouge ; il peut être distillé au-dessus de 4.000°. Malléable,
ductile, possédant une ténacité faible et une élasticité nulle,
il est mauvais conducteur de la chaleur et de l'électricité.
Propriétés chimiques. -- Inattaquable à l'acide sulfurique,
il a l'inconvénient de former des composés toxiques au con-
tact de l’eau et de certains acides.
Usages. — Le plomb s'emploie pur ou à l’état d'alliage.
Pur etlaminé en feuilles, il sert à couvrir des édifices, à
doubler des cuves ou des réservoirs. Dans la fabrication de
l'acide sulfurique, c'est à l’intérieur de chambres dites
chambres de plomb, que s'opère la transformation de l'acide
sulfureux en acide sulfurique. Transformé en tuyaux, le
plomb sert pour les conduites d'eau et de gaz; il sert aussi
à la fabrication des balles et du plomb de chasse (avec un ou
deux millièmes d'arsenic).
Alliages. — On emploie, pour la fonte des caractères d'im-
primerie, un alliage contenant 80 0,0 de plomb et 20 0/0
d'antimoine.
Les planches à graver la musique contiennent de 70 à
75 0/0 de plomb, 5 00 d'étain et de 20 à 25 0/0 d'antimoine.
L'alliage que l'on emploie pour le clichage renferme
31,25 0/0 de plomb, 18,75 0/0 d'étain et 50 0/0 de bismuth.
Parmi les alliages de plomb, on peut citer encore : celui des
cuillers et des flambeaux, qui contient 20 0/0 de plomb et
80 0/0 d'étain ; le métal d'Alger, renfermant 26 0/0 de plomb,
69,5 0/0 d’étain et 4,5 0/0 d'antimoine; et le métal blanc, qui
contient une proportion de plomb variant de trois à quatre
ci on tira Le. A
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 209
parties, pour seize parties d'étain et trois à neuf parties
de zinc.
Soudures. — La soudure des plombiers est composée de
33 0/0 d'étain et de 66 0/0 de plomb. Celle des ferblantiers
comprend 50 0/0 d’étain et 50 0/0 de plomb.
Alliages fusibles. — L'’alliage fusible de Darcet, qui fond à
94°, contient cinq parties de plomb pour trois d’étain et
huit de bismuth. L’alliage de Wood, fusible entre 66 et
71°, contient deux parties de plomb, quatre d'étain, une
de cadmium et sept à huit de bismuth. On obtient un alliage
fusible à 53°, en mélangeant neuf parties d'alliage «&e
Darcet à une partie de mercure. Les alliages fusibles qui
servent pour les générateurs de vapeur (plombs de sûreté)
contiennent huit parties de bismuth mélangées à des pro-
portions de plomb qui varient de cinq à trente-deux parties,
et à une proportion d'étain assez variable. |
Oxydes. — Le plomb forme des oxydes dont la plupart
sont utilisés dans l'industrie; les principaux sont :
Le protoryde de plomb ou litharge, qui sert à préparer
l'acétate de plomb employé dans la fabrication de la céruse.
Ce protoxyde entre aussi dans la préparation de certaines
peintures jaunes; il rend siccative l'huile de lin. L'oxyde
salin ou minium, entrant dans la composition du cristal, du
ilint-glass et du strass auxquels il donne leur pouvoir réfrin-
gent et leur fusibilité, sert à la préparation de peintures
pour la protection de certains métaux contre l'oxydation;
on l’emploie pour la couverte des faïences et des poteries;
enfin il entre, mélangé à la céruse, dans la composition d'un
mastic destiné à luter les joints des machines à vapeur.
Sulfure de plomb. — Le sulfure appelé galène sert à for-
mer le vernis des poteries grossières, en se transformant
pendant leur cuisson en un silicate fusible; mais le vinaigre
et divers aliments acides attaquent ce vernis plombeux; il
peut en résulter de graves accidents d'intoxication.
Chlorure de plomb. — Le chlorure donne au contact de
l'air des oxychlorures, tels que le jaune de Cassel, le jaune de
Turner et Je jauñe minéral, employés en peinture.
Carbonate de plomb ou céruse. — Le carbonate, très em-
ployé en peinture, donne une couleur d'un beau blanc, cou-
GÉOLOGIE. 14
ne PT PET Mu ape Med te ue Voie ENTIER E UE
“ - 7 « Ë PS. +47
Se EE À
210 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
_
vrant bien, mais ayant l'inconvénient de noircir sous l'action
de l'acide sulfhydrique. Sa préparation cause souvent des
indispositions ASP (coliques de saturne ou coliques
de peintre).
\
144
à “2
-
(1
MINERAIS DE PLOMB
Les principaux minerais de plomb sont :
I. La galène, sulfure de plomb (PbS), qui contient théori-
quement 86,6 0/0 de plomb. La galène, qui est le minerai de
plomb le plus répandu dans la nature, est fréquemment
argentifère, et quelques-uns des gîtes qui seront décrits
sont, en réalité, des mines d'argent (Eureka et Leadville en
Amérique; Przibram en Bohême). La gangue a ici une grande
importance, à cause de la préparation mécanique, qui est
facile avec la chaux fluatée, mais plus difficile avec le quartz
et surtout avec la barytine ou la pyrite.
Il. Les minerais carbonatés, dont le principal est la
cérusite (PbCO3), contiennent théoriquement 77,3 0/0 de
plomb. Ils sont plus faciles à traiter que les sulfures,
mais sont beaucoup moins riches en argent; leur teneur en
argent diminue rapidement en profondeur.
III. On peut citer enfin comme minerais secondaires .
l'anglésite, sulfate de plomb (PbSO), la bournonite, antimonio-
sulfure de plomb et de cuivre (CuPbSbSS), et la pyromor- L
phite, chlorophosphate de plomb (Pb#Ph#0O12C/). É
D'ailleurs, on trouve ces divers minerais associés à beau-
coup d'autres, tels que ceux de zinc, de fer, de cuivre, de
nickel, de cobalt, etc.
Géogénie. — On admet aujourd'hui que le plomb a com-
mencé à se déposer à l’état de sulfure et que les autres
minerais dérivent du sulfure, par voie de décomposition
limitée en général à la surface. On ne peut pas préciser sous
quelle forme le plomb a été amené par les eaux; le sulfure
étant insoluble dans l'eau, on est porté à croire qu'il a été
amené à l’état de dissolution dans un sulfure alcalin. Dans
les terrains calcaires, on peut admettre que le sulfure ne
s'est pas immédiatement transformé en carbonate; 1l a pu se
précipiter en présence du sulfure de calcium produit par
PR PE TANT PT si han NL 2
SVP AE ET NP NP OR ET PE SAN
s
à
dés Lie PE arab frein à Las: ‘#10
3!
hé Ml ape air td
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 211
l'action de l'acide sulfurique en excès sur la calcite, le sulfate
de chaux ayant été entraîné par les eaux. Comme pour le
zinc, on doit en effet distinguer les gîtes situés dans des ter-
rains inattaquables, granites, gneiss, quartzites, de ceux qui
sont situés dans des calcaires attaquables. Ces derniers sont
ultérieurement transformés, par l’altération des sulfures, en
carbonates ou en sulfates.
L'altération des sulfures peut être attribuée soit à he
d'eaux chargées d'acide carbonique, soit à une transforma-
tion des lues par l'oxygène de l'air en sulfates solubles,
qui ont donné lieu à des phénomènes de transport et qui
ont pu former des carbonates par des dissolutions de carbo-
nates alcalins ou de carbonates de chaux, en présence de
l'air. L'argent subit une transformation parallèle; mais une
partie des sels d’argent solubles est entraînée par les eaux,
ce qui explique que les minerais oxydés soient moins riches
en argent que les sulfures.
GISEMENTS
Les gisements de plomb sont généralement filoniens ; mais
ils se présentent en allures très variées et se transforment
progressivement, Jusqu'à devenir, dans quelques cas particu-
liers, de véritables gîtes sédimentaires.
On peut partager les gisements de plomb en trois caté-
gories principales :
I. Les filons et les champs de filons ou champs de
fractures dans des roches inattaquables ;
IL. Les gisements de plomb dans les calcaires avec phé-
nomènes de substitution ;
III. Les gîtes sédimentaires.
I. — FILONS ET CHAMPS DE FRACTURES
La première catégorie comprend des fractures simples et
des séries de fractures parallèles ou entrecroisées.
Elle compte un nombre de gisements considérable, tant
en France qu’à l'Étranger.
Gisements de la France. — Pontpéan(Ille-et-Vilaine).— A Pont-
DA GÉOLOGIE APPLIQUÉE
péan, non loin de Rennes, on rencontre un filon puissant tra-
versant les schistes anciens, qui fournit de la galène et de la
blende argentifères, ainsi que de la pyrite intimement mélan-
gées. On observe à Pontpéan trois colonnes d’épaisseurs
irrégulières, dont deux paraissent se réunir en profondeur.
La puissance réduite du filon est de 4 à 6 centimètres
environ.
Le gîte qui est en relation avec une diorite tranformée, en
maints endroits, en tuf, est recoupé par deux failles argi-
leuses. Il y à eu réouverture stérile du filon, et les épontes
ont été fortement dérangées; on a trouvé le schiste du toit
rejeté au mur, à une profondeur de 160 mètres.
L'exploitation de cette mine est très difficile, tant à cause
des venues d’eau considérables qu’on y rencontre, qu'à cause
de la diminution de la teneur en argent en profondeur. La
marche des travaux dépend essentiellement du prix des
métaux et du mode de préparation, qu'on a dû changer pour
réduire les pertes en plomb et en argent. La mine occupait,
en 1895, un millier d'ouvriers el produisait 18.500 tonnes
de minerais, dont 15.000 tonnes de galène argentifère,
2.400 tonnes de blende et 1.109 tonnes de pyrite argentifère,
sans compter 12.000 tonnes de schlamms argentifères, aban-
donn’es à cause du cours trop bas des métaux.
Pontgibaud (Puy-de-Dôme). — À Pontgibaud on exploite des
filons de galène postérieurs au carbonifère, contenant de la
blende, de la pyrite et du cuivre gris, avec adjonction de quartz,
de baryte et de fluorine. Ces filons recoupent les granites.
— À la Brousse, qui est la principale mine, la fracture située
au milieu des gneiss, a une ouverture de 14 mètres; le
filon est unique avec de très faibles bifurcations; les parties
riches se présentent sous forme de colonnes séparées par
des zones stériles. Au-dessous de 200 mètres, le filon s'amin-
cit et s’'appauvrit en argent en même temps que lincli-
naison passe de 80° à 500.
En 1895, la mine de Pontgibaud occupait 306 ouvriers,
dont 188 au fond et 118 à la surface. La production était
de 1.750 tonnes de plomb argentifère.
Vialas (Lozère). — Le champ de filons de Vialas est aujour-
d'hui sans intérêt industriel ; mais il est très intéressant au
213
»
MEÉTALLURGIE
ÉS DANS LA
RAUX EMPLOYES
#
MINE
‘(osqna seide.p) ueodjuo,y ep outu ef ap ofeotji94 adn0o79 — *eL ‘on
oggt u9 nbsnl çg1 w xneara] 30p ostaded B[2P-7 "TT
*HGLI ue suonue so] ded xneAez sep uopuege, | iueae seonodro son RKKKK
PnS'5216 GE
rer ON on PRE LG
Pan :
PUÔN 545 "VAE
MN HIS] VISSPT TT) PUO) sam
DAON SÙT M RAA ensure pns sel
> LES ’
7 < = PP DO US #
manu EI EET POS RE NL réa GTV PAION 51!
NX 2 RINIVIVYIIIvvo,.o.,S._— Rd ——— fn ! À puy
& a te À ï
ET Tee ) K &S is | hi
KÈSS NN IA : = i S
Les ; ae) à E =
En NE E y SE RS D LT a ts
Duoirs do, BE NE Fae A. E Fe = È
ON AR EEE 5 SE ë RS à Ep pns,.
AMEN E HO S © 5 J& SE È
don dm ue F
HS RSA SR Eô Et En La
Q in Sun ST R & ©, =<s \ y Ê Sr Its
A, œ, ë 8 © En œ a Î D. QE Ée k
d E CA F ca À RME T D ER
Q RICE His se à jE ES 5 RUES
SN ue Ne 5 Es Fu à {à
A RE ER F A À On (5 ®
fs 3 RE fl CUS êl [nl <
s (2 5° Ê Sur WE
à MANN Ë — À Ds Ÿ-
a Î à U
<e Î Se &
LE és LE LEA PU MES GPL CID A PRO UU Te DU {rec re orne. a À
214 RE GÉOLOGIE PURES
point de vue théorique. Lesfilons de galène argentifère accom-
pagnée de pyrite, de chalcopyrite et de blende, recoupent
des micaschistes et des granites; la gangue est tantôt de la
barytine ou de la calcite, et tantôt du quartz.
Rivot a distingué à Vialas neuf systèmes de fractures qui
indiquent que la succession des venues est la suivante:
galène pauvre avec quartz, galène avec calcite, galène avec
barytine, galène argentifère.
La mine de Vialas, qui appartient à la Société de Mokta-el-
Hadid, est inexploitée.
Huelgoat et Poullaouen (Finistère). — À Huelgoat et à Poul-
laouen, l'abondance des venues d’eau ainterrompu l’exploi- |
tation. FES
Le grand filon de Huelgoat recoupe des schistes dévoniens, |
des microgranulites et des grauwackes siluriennes. Comme
dans le Cornwall, les parties les plus riches se rapprochent de
linclinaison maxima; elles sont en général intercalées dans
des roches dures.
Le filon de Poullaouen est mal défini; il recoupe les
schistes et les grauwackes.
Le minerai dominant est la galène argentifère avec blende
et pyrite; mais on a trouvé, à Huelgoat, des minerais rares, des
bromures, iodures et chlorures d'argent et même de l'argent
natif.
On trouve, en France, quelques autres gisements plombi-
fères pour la plupart he tels sont ceux de Notre-
Dame-de-Laval et de Rouvergue dans le Plateau Central, au
nord de la Grand Combe, de Buech et de Pradal, de Mar-
vejols, dans la Lozère, d'Aurouze (Haute-Loire). Le gisement
de Malines (Gard), surtout exploité pour zinc, n’a fourni,
en 1895, que 930 tonnes de plomb argentifère. Des filons
plombifères ont été autrefois exploités à Chabrignac (Corrèze)
et à Chitry-les-Mines (Morvan).
On peut citer encore les gisements de Seix, du Pouech et
d'Aulus (Ariège), de La Châtre (Indre), d’Arguts (Haute-
Garonne), de Pesey et de Macot (Savoie), de Caleuzana, de Pie-
tralba et de Paterno, près de Bastia (Corse). La production
totale du plomb en France a été de 9.000 tonnes en 1897.
Gisements de la Tunisie. — On trouve, en Tunisie, quelques
PME l'O 7 + ve
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 215
gisements de plomb dans des calcaires nummulitiques
(tertiaire), notamment au Djebel Recas, à quelques kilomètres
de Tunis.
Gisements de l'Allemagne. — On rencontre, en Allemagne, de
nombreux gisements de plomb ; mais les plus importants sont
ceux de la Silésie, dont il sera parlé au chapitre du Zinc, et
surtout les champs de filons complexes du Harz et de la
Saxe, qui sont décrits ci-dessous.
Parmi les autres gisements de galène d’Allemagne on doit
signaler ceux des Vosges : Markich (gneiss), Saint-Nicolas
(dévonien); ceux du nord de l’Alsace : Lembach, Windstein,
Katzenthal; ceux du Palatinat : Schônau, Bundenthal, Erlen-
bach ; ceux de la Forêt-Noire et du duché de Bade : Hofen,
Kirchhausen, Henbronn, Saint-Ulrich, Zähringen, Neuweier et
Gôrwihl. Les principaux filons de plomb exploités se trouvent
sur le Rhin, entre Coblentz et Bingen, et sur la Lahn. On
rencontre dans le Nassau de nombreux filons de quartz, de
blende et de galène recoupant des schistes (Ems, Holzappel,
Obernhoff).
Une suite de filons plombifères se développe entre Namur
et Aix-la-Chapelle (Corphalie, Engis, Moresnet, Altenberg,
Bleiberg); mais la plupart sont surtout exploités pour cala-
mine (voir le chapitre du Zinc).
On doit cependant noter qu'à Bleiberg (Belgique) des filons
de blende et de galène recoupent le terrain houiller et le cal-
caire carbonifère. Ces gisements ont une allure très irrégu-
lière et, de plus, leur exploitation est gênée par des venues
d’eau d’une abondance considérable.
Il est intéressant d'étudier particulièrement les régions du
Harz et de la Saxe qui sont, avec celles de Przibram, de Joa-
chimstall et de [a Bohême, les types classiques des champs
de filons et des champs de fractures complexes.
Harz. — Le plateau du Harz est composé en majeure partie
de terrains anciens ; il comprend deux bassins : l’'Oberharz
et l’'Unterharz, et trois grands gisements : le Rammelsberg,
décrit plus haut comme gîte sédimentaire de cuivre, Clausthal
et Saint-Andreasberg (Oberharz).
À Saint-Andreasberg, le champ de fractures est situé dans
les schistes et les grauwackes siluriens. On y distingue des
TT PS De EE EE SOS PSP NN AS D EE ES, NP CRE RO TP TE
Fe T2 ETS E 7} ms: VE ae TRS RSS ae AA USE Led Le à
916 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
filons de minerais d'argent, de fer et de cuivre, et des failles
stériles, ou ruschels, remplies de schistes et d'argile, ayant jus-
qu'à 60 mètres de puissance. Les filons sont concentrés dans
une zone à peu près elliptique, limitée au nord et au sud par
deux puissants ruschels (Neufangen et Edelleuter ruschels).
Il existe deux systèmes principaux de filons argentifères
recoupés et eue par des ruschels.
On trouve à Saint-Andreasberg, dans une gangue de calcite,
de la galène, de la blende, de l'arsenic natif, des arséniures
et des antimoniures d'argent.
À Clausthal on distingue environ dix faisceaux (gangzüge)
de fissures enchevêtrées, recoupant le dévonien et le culm,
mais ne pénétrant Jamais dans le permien. Des rejets très
accentués mettent, en certains endroits, le culm au toit et le
dévonien au mur. On connaît trois principaux systèmes de
filons : celui de l'EstH,, (Hora — 12), le faisceau moyen Het le
faisceau du Sud H;; chacun d'eux comprend un filon prin-
cipal (hauptgang) atteignant jusqu'à 20 mètres de puis-
sance, avec des ramifications secondaires.
Les filons, en général fortement inclinés, sont remplis de
gangtonschiefer, roche noire, schisteuse et tendre, contenant
les imprégnations et les veines de minerais (galène argen-
tifère, blende, chalcopyrite).
Les minerais divers sont l'objet de traitements très perfec-
tionnés dans des usines appartenant pour la plupart à l'État
(Clausthal, Altenau, Lautenthal dans l'Oberharz).
La production du Harz supérieur en plomb et litharge a
été de 10.000 tonnes en 1896; celle du Harz inférieur n'a
atteint que 5.000 tonnes. À
Saxe. — La région montagneuse qui s'étend autour de
Freiberg (Erzgebirge) comprend près de deux mille filons,
répartis en plusieurs groupes recoupant les gneiss et corres-
pondant à des venues métallifères successives. Les sources
thermales, très abondantes dans cette région, ont Joué un
rôle très important dans sa minéralisation. On distingue
en Saxe, plusieurs séries de filons qui seront examinées
successivement :
1° Filons sulfurés anciens {champs de fractures de Presse
et de Marienberg) ;
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE AN
20 Filons à remplissage de barytine et de fluorine
(Annaberg);
3° Filons à remplissage sulfuré récent (Schneeberg) ;
4° Filons d’étain (Voir chapitre ultérieur.)
1° Freiberg. — La région de Freiberg est constituée par des
gneiss gris recoupés par des veines, d’ailleurs peu abondantes,
de granite, de granulite et de porphyre. Les deux principales
mines de plomb sont celles d'Himmelfahrt et d'Himmelfürst;
cette dernière offre des exemples de filons de diorite recou-
pant les roches ci-dessus. Au nord, on rencontre les filons
métallifères riches dans les gabbros ; ces filons s'appauvrissent
dans les schistes. On distingue les filons orientés de 0°
à 94° (H, à H,), en général riches (H3, dits stehende, H,, dits
morgen), et les filons de 90° à 189°, stériles ou pauvres (H,
dits spath, et H,:, dits flache). L'exploitation se fait à de
grandes profondeurs ; quelques puits ont plus de 600 mètres.
Il est impossible de s'étendre, dans le cadre de cet ouvrage,
sur ce gisement si complexe, que l’on trouvera parfaitement
étudié dans quelques traités spéciaux, notamment dans
le Traité des Gîtes métallifères de MM. Fuchs et Launay
(p. 587 à 599, t. Il). Les deux principales venues, au point
de vue de l’exploitation, sont la venue sulfurée ancienne $ et
la venue argentifère A. La venue S comprend trois groupes
caractéristiques dont le tableau suivant donne le détail.
Edlequartz formation ou
formation du quartz
noble, surtout au | Quartz grenulaiteux et
Nord et au Nord- cristallisé avec mis-
Ouest de Freiberg, pickel et minéraux |
dans les nl argentifères.
gnete-Berg-
manns - Hotf-
nung-et de
Segengottes.
(Voir figures
je de Gese-
| ci-après.)
Braunsdorfet le gab-
bro de Siebenlehn.
1
Quartz ancien grenu !
| avec pyrite et mis- | Mines d Him-
Kiesige formali :
ige formalion pickel, blende noire, |. melfahrt,de
_ formationdela Le
galène, pyrite de fer Gersdorf, de
HR “ta ae et de cuivre, quartz Braunsdorf, de
berc | - blanc laiteux, mais Morgensternet
À pas de quartz à mi- de Friedrich.
néraux argentifères.
218
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Edlebraunspath forma- Quarizsncen Srenu
tion ou formation du RE blende noire et | Pa.
braunspath noble au pyrites, manganèse 2 ines de Bes-
Sud et au Sud-Ouest carbonaté, dolomie
chert-Glück.
PTS rose et blende dolo-
EDR mitique jaunâtre.
NX
SZ C — Fluorine.
NS —— O — Gneiss rouge.
Q — Quartz à druses
argentifères.
R:—"Blende:
©
2 ©,
NZ
Z
EE
RE
A |
ES
T
ke 1
|
Le
Fi6. 79. — Coupe de la mine Gesegnete à Braunsdorf.
La venue argentifère A, presque aussi importante, a fourni
des amas très riches en argent. Les minerais se rencontrent
HA
eee
ere
EE,
DolDATE ——
EE —.
Fi6. 80. — Coupe de la mine Segengottes.
au croisement des filons réouverts, barytiques ou stériles,
avec les filons S ; ils renferment de l'argent rouge antimo-
nial et arsénical, de l'argent sulfuré et de l'argent natif avec
de la dolomie. Les autres venues, sulfurées, barytiques et
É 7
Déni gt RAS D OR
Et:
ja EL
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 219
ferrugineuses, la venue de galène pauvre et la venue de cal
cite, sont bien moins importantes que les venues A et S. La
production du district de Freiberg a été de 6.900 tonnes
en 1897.
District de Marienberg.— Les mineraisse trouvent, à Marien-
berg, dans les gneiss recoupant des grünsteins et des micro-
granulites. On y rencontre la venue argentifère À, composée
d'argent rouge, d'argent sulfuré et d'argent natif avec un peu
de galène riche.
2° Annaberg. — Dans les gneiss d’Annaberg on retrouve
des venues de composition analogue à celles de Freiberg,
mais d'une importance beaucoup moindre. Les venues fer-
rugineuses, barytiques et argentifères sont, à Annaberg, les
seules importantes, à l'exclusion de la venue sulfureuse,
3° Schneeberg. — Aux environs de Schneeberg on trouve
surtout des filons avec remplissage sulfuré, exploités pour
cobalt, nickel et bismuth, et situés au milieu de micaschistes
et de schistes argileux. Les filons anciens se changent en
galène et en quartz dans les micaschistes et restent stériles
dans les schistes argileux.
Production du plomb en Allemagne. — La production des
divers districts de l'Allemagne, en plomb métallique, se
décompose comme suit pour l’année 1897 :
Westphalie et Province Rhénane
| Tonnes
Stolberger Gesellschaft... ........ 16.803
RME IN ASS Pi ur ns 6.368
RARE ENICÉS OR nr acer ne Re 19.973
A Poensgen und Sôhne, Call...... 197-280
Emser Blei und Silberwerke....... 6.100
Blei und Silberhütte, Braubach.... 11.586
1 HONTE SRE RE : 68.219
Silésie
Tonnes
WaltherCroneekhütte..,........ 8.179
Friedrichshütte....... RSR OR 16.349
DORAL 2 24.528
Treo tE ARE NOTES
NS à
ID: GÉOLOGIE APPLIQUÉE
RENOTL- LTÉE
Harz
HAEz SUPÉTIEUT , = 22202 Re ee 10.033
HArz Inférieur. LES RCE A 4.939
TOTALE RAT 14.972
Saxe
FreIDerS.sT Re SACS 6.867
ÉTÉ ER 6.867
Rothenbacherhütte, Siegerland.... 506
Anbhaltische Blei und Silberwerke.. 2.396
Nordd--AffHambure ic 69
- Mansfelder Gewerkschaft.......... 208
OPA REA 3.179
Production de l'Allemagne... Tonnes. 117.761
Gisements de l'Autriche. — Outre les champs de filons com-
plexes de la Bohême étudiés ci-après, on peut citer, en
Autriche, les mines de la Carinthie (Raibl, Bleiberg et Windish
Kappel) et du Tyrol (Pfundererberg).
On exploite également des filons de galène mélangée à
d'autres minerais, dans le Banat, en Hongrie et en Transyl-
vanie (Schemnitz, Kremnitz, Kapnik, Nagiag, Offenbanya).
Gisements de la Bohème. — Les deux gisements bohémiens
de Przibram et de Mies sont situés : le premier au sud-est,
le second au nord-ouest du vaste triangle formé par les terrains
siluriens qui constituent le centre du plateau de la Bohême.
Przibram. — Les mines de galèné argentifère de Przibram
sont exploitées depuis le xiv° siècle, et l’on y travaille aujour-
d'hui à des profondeurs considérables.
Les puits Adalbert et Maria y atteignent 1.200 mètres.
Les filons métallifères traversent des schistes et des grau-
wackes siluriens et ont été disloqués par un glissement éner-
gique des couches. Ces filons, très nombreux et de directions
très variables, sont en général encaissés dans des grunsteins
(diabases) et ont été tous affectés par la venue sulfureuse,
qui est ici la seule métallifère. L'action des sources miné-
rales à eu, à Przibram, une grande importance.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 221
Outre la galène fortement antimoniale et argentifère, et la
blende argentifère, on rencontre à Przibram la bournonite
(filon Francisci), la wulfénite, la cérusite, la pyromorphite et
la pechblende (puits Anna). La gangue est du quartz ou du
fer carbonaté. La richesse des filons subit des variations en
profondeur. Le filon Adalbert notamment, qui s'était appauvri
pendant assez longtemps, à présenté un enrichissement
véritable vers 650 mètres.
La production des usines de Przibram, qui appartiennent
à l'État, a été, en 1897, de 21.000 tonnes de plomb métal-
lique ayant donné 31.000 kilogrammes d'argent.
Mies. — À Mies, les exploitations sont partout abandon-
nées; les filons de galène peu argentifère avec blende et
pyrite recoupaient des schistes quartzifères, traversés eux-
mêmes par des microgranulites et des basaltes.
Joachimsthal.— À Joachimsthal, à 16 kilomètres au nord de
Carlsbad, les filons métallifères forment un champ beaucoup
moins compliqué que celui de Freiberg; ils sont situés dans
des micaschistes qui enveloppent le massif de gneiss saxon.
On rencontre à Joachimsthal des venues qui rapprochent
ce gîte de ceux de Schneeberg et de Freiberg; notamment les
venues de bismuth natif, de smaltine, de nickeline et de pyrite
en veines minces, avec gangue de quartz saccharoïde, et la
venue d'argent natif et de pyrargyrite, formant imprégna-
tion. Enfin la venue de calcite caractéristique du gisement de
Joachimsthal fournit de l’urane. La pechblende (filon Fran-
cisci} y est accompagnée de pyrite, de galène et surtout de
calcite rouge. Ces filons se sont réouverts à diverses reprises
et ont parfois été affectés par des plissements en relation
avec des sources thermales (Carlsbad, Tæplitz); ainsi les
travaux du douzième étage du puits Einigkeit (540 mètres)
ont élé inondés pendant deux ans, à la suite de la rencontre
d'une source thermale.
Le district de Mies à produit, en 1897, environ 3.000 tonnes
de plomb.
Gisements de l'Espagne. — Dans la catégorie de gisements
qui sont examinés en ce moment, on peut citer ceux de
Linarès-la-Carolina (Jaen), de l'Horcajo et de Castuera (Ciudad
Real), de Carthagène, de Mazarron et d'Aguilas (Murcie).
Se RE D Le PET ANR PS Urb a CS UN TS OA TE SONNERIES
LAS 4) « AR RE ES 3; 4"
APPLIQUÉE
Ÿ
u 22 : GÉOLOGIE
Linarès-la-Carolina. — Malgré le manque de capitaux etla
mauvaise marche suivie pour l'exploitation (d’ailleurs contra-
riée par les venues d’eau et le manque de moyens de trans-
port), le district de Linarès est, avec celui de Carthagène, le
principal centre de production du plomb en Espagne.
La construction de la ligne ferrée Linarès-Almeria à
ouvert un débouché à ces minerais, qui sont très purs, et
dont la vente est encore facilitée aujourd’hui par la hausse
du plomb.
Les filons recoupent le granite (Linarès, N.-E., S.-0.) et les
terrains anciens, schistes cambriens et siluriens (la Caro-
lina, E.-0.). D'autres filons moins intéressants se rencontrent
à Valdeinferno et Palazuelos (S.-E., N.-0.), à l’est de la Caro-
lina; ils sont peu puissants, et leur richesse diminue quand
ils passent du granite aux schistes. Les filons nord-sud sont
stériles dans cette région. Il est à noter que les filons riches
qui sont presque verticaux contiennent, aux affleurements et
jusqu'à une certaine profondeur, des minerais de cuivre qui
disparaissent en général vers 80 mètres de profondeur.
_ A Linarès, l’affleurement des filons est masqué par un banc
de grès; l'affleurement, quand il se produit, est constitué
par une masse de quartz avec pyrite et carbonate de fer et
de cuivre, mais sans galène. Le minerai se présente par zones
(bolsadas), qui se maintiennent en général constantes en pro-
fondeur, avec des appauvrissements qui semblent corres-
pondre à des étranglements successifs des filons. Les gangues
sont composées de quartz avec barytine, calcite et sidérose.
Les filons, très nombreux, sont presque verticaux et pré-
sentent des failles, des élargissements et des rétrécissements
fréquents. Il existe environ vingt-quatre filons (épaisseur
réduite, 0,05 à 0®,15), qui fournissent des minerais mar-
chands contenant 75 à 80 0/0 de plomb et 150 à 250 grammes
d'argent par tonne de minerai, après préparation mécanique.
La longueur des filons atteint plusieurs kilomètres. Le
filon n° 3 a 12 kilomètres de long (mine Arroyanès apparte-.
nant à l'Etat). Le filon n° 1, exploité sur 11 kilomètres de
long, a été reconnu sur 300 mètres de profondeur (épaisseur
réduite, 0,16); les bolsadas ont 59 à 60 mètres de profon-
deur sur 30 à 40 mètres de longueur.
à td tie act ie à A Site te
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 223
A la Carolina on rencontre quelques filons dansle granite ;
mais la plupart, surtout ceux de louest, recoupent soit des
schistes cambriens, soit des schistes ou des quartzites silu-
riens; ils sont moins verticaux qu à Linarès, affleurent tous
(chapeau de quartz), sont très puissants et très ramifiés,
mais ne présentent que peu de failles ou de dislocations.
La gangue est du carbonate de plomb et du quartz mélangé
de débris des roches encaissantes.
Les minerais, après préparation, titrent 77 0/0 de plomb et
460 grammes d'argent à la tonne. L'épaisseur réduite des
filons est de 02,05 à 0,07 de galène.
Il existe, à la Carolina, une trentaine de filons dont la lon-
gueur varie de 1 à 12 et même parfois à 29 kilomètres.
A la Romana et à Almagro, dans la province de Ciudad-
Real, sur le versant de la Sierra-Morena, on exploite des
filons de galène très argentifère, contenant jusqu'à
800 grammes d'argent aux 100 kilogrammes de plomb.
L'Horcajo. — Les importantes mines de l’Horcajo (pro-
vince de Ciudad-Real) exploitent un système de filons de
galène très argentifère, fortement inclinés, recoupant les
schistes siluriens et les quartzites. On y constate des rejets
produits par des filons croiseurs quartzeux.
Deux filons ont été jusqu'ici exploités : Nuovo Peru et
Ana Maria. Le Nuovo Peru, attaqué sur 1.200 mètres de lon-
gueur et 300 mètres de profondeur, présente les mêmes
caractères qu'Ana Maria; sa gangue est du quartz pur.
On y rencontre la disposition en colonnes ou en lentilles
signalée à Linarès; la teneur en plomb varie de 65 à 70 0/0;
la teneur en argent est de 450 à 500 grammes par 100 kilo-
grammes de plomb.
Castuera. — Les filons de galène de Castuera (Badajoz),
dont l'exploitation remonte à une très haute antiquité,
forment un champ de fractures au milieu des quartzites et
des schistes siluriens.
Les uns (Minas Florès) sont peu argentifères, mais four-
nissent une galène très pure; les autres (Tetuan Gammo-
nita) sont riches en argent (200 à 700 grammes par tonne). On
y trouve des carbonates jusqu’à 60 mètres de la surface, puis
des colonnes de galène (épaisseur réduite, 02,06).
sn ZT: Le ES LT M LE NS de ee FE El NS EUR ED, US EE RE EE
dec: 4 MTS RE QE
224 GÉOLOGIE APPLIQUÉE |
Les Compagnies de Peñarroya et d’Aguilas sont les prin-
cipales Sociétés exploitantes. :
Les mines de la province de Badajoz prennent beaucoup
de développement, et des gisements importants ontété décou-
verts, en 1897, dans le district de Puebla de Alcores, à Capilla
et à Garlitos; dans cette dernière localité, les minerais
tiennent jusqu'à 2 kilogrammes d'argent à la tonne. Les
minerais du district de Mazarron tiennent environ 58 0/0 de
plomb et 750 grammes d'argent par tonne.
Région de Carthagène. — La province de Murcie (Cartha-
gène, Mazarron) renferme, dans la sierra de Carthagène,
d'importants dépôts métallifères fournissant en abondance
du plomb, du zinc et du fer, et appartenant à toutes les
catégories de gisements : amas, filons proprement dits, gîtes :
d'imprégnation dans les calcaires, etc. Mais ces divers gise-
ments ontune origine commune nettement filonienne.
La sierra de Carthagène, qui longe la mer à l’ouest de la
ville offre une série de sommets calcaires dominant des val-
lées schisteuses ; on y rencontre le minerai sous forme de
petites poches (bolsadas), de grands amas affleurant (cres-
tones), de couches interstratifiées (capas) ou encore de filons
véritables. Des filons tertiaires de galène riche en argent
(Mazarron) recoupent les trachytes; d’autres filons de galène
et de blende peu argentifères sont situés au milieu des
schistes. Comme exemple de filons riches en argent, on peut
citer ceux des districts de Mazarron et d'Aguilas (Esperanza,
Santa Ana), en général puissants, mais irréguliers en direc-
tion. La teneur en argent est de 110 grammes seulement,
aux 109 kilogrammes de plomb.
Les capas, ou gites interstratifiés, sont situés dans des ter-
rains offrant la succession de couches suivante, en partant
de la base :
Schistes avec un peu de blende inexploitable ;
ilicate de fer avec 8 à 100 0 de plomb (galène);
chistes et enfin calcaires avec couches d'oxyde de fer
manganésé et de carbonate de plomb argentifère, ou amas
de calamine, galène et sidérose.
Les silicates ont une gran:le importance, car ils se trouvent
à faible profondeur, faciles à extraire et à laver.
dns nt Mt nt, 1
be Ha
vo
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 2235
Le fer manganésé est exploité jusqu'à 20 mètres de pro-
fondeur par des tâächerons (partidanos), qui abandonnent le
minerai contenant du zinc. Le fer plombeux est vendu à un
bon prix, comme fondant, aux usines à plomb.
En général, l'exploitation est conduite sans plan bien défini
par des sociétés pauvres qui gaspillent le minerai.
Production du plomb en Espagne. — La production du
plomb métallique en Espagne a été, en 1897, de 189.000 tonnes
se décomposant comme suit:
LUE RE CRE à RTS TE ARE 90.000 tonnes
me Pas 2e re 40.000 —
L TRIO SRE RE ER "Er O 30.000 —
2 NE EN RER SERRE NE RE ES 11.000 —
DUO dE Tee ee dd ou 5.000 —
RES Rene rue 13.000 —
ROMANS PET A 189.000 tonnes
La quantité d'argent extraite peut être évaluée à plus de
200.000 kilogrammes. En 1898, la production du plomb à
atteint 193.764 tonnes.
Gisements de l'Italie. — On parlera, dans le chapitre du
Zinc des gisements plombeux d’Iglésias (Sardaigne).
On peut encore citer en Italie les filons de minerais de
plomb du Val Trompia, de Pallanza, de Brescia, de la province
de Côme et de la Toscane (Montieri, Serra Bottini, Scabiano).
Toscane. — On exploite en Toscane, à Bottino, un filon
quartzeux de galène argentifère avec sulfoantimoniure de
plomb recoupant les schistes anciens.
Gisements de la Grèce. — En Grèce, on exploite dans les
mines du Laurium, des filons de galène mélangée de blende
et des amas de galène et de calamine interstratifiés dans des
calcaires et des schistes siluriens (Voir le chapitre du Zinc).
— La production du plomb en Grèce a atteint 15.946 tonnes,
en 1897.
_ Gisements de la Sibérie. — Près du lac Baïkal (Nertschinsk),
on exploite des galènes avec tellurures d'argent et de plomb
recoupant des calcaires et des schistes.
GÉOLOGIE. 15
226 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les filons et les filons-couches de Kolivan (Tomsk),
en général dans des roches siluriennes, dévoniennes et Car-
bonifères, recoupées par des éruptions de granite, de micro-
granulite et de DIT à augite, fournissent du plomb
et de l'argent associés à l'or, au cuivre et au zinc. La gangue
est barytique et quartzeuse.
A Iméoff, dans un filon reconnu sur 340 mètres de long,
avec une puissance de 2 à 100 mètres, on a trouvé : or et
argent natifs, kérargyrite, argyrose, argent rouge, cuivre
natif, cuivre gris, chalcosine, chalcopyrite, galène, blende et
pyrite.
Gisements des États-Unis. — On trouve aux États-Unis um
certain nombre d'exemples de filons de galène argentifère
et aurifère à gangue quartzeuse, notamment à Rossie (Sairt-
Lawrence) et surtout à Bingham (Utah) dans les chaînes de
Wahsatch et de OQuirrh (Old Telegraph Mine). Le gîte de
Bingham est un filon-couche au milieu de quartzites houil-
liers avec remplissage de sulfures (galène et pyrite de fer
principalement) et avec gangue siliceuse.
Dans le Colorado, on exploite, outre les importants gise-
ments de Leadville (Voir p.230), un certain nombre de filons
de galène argentifère à gangue quartzeuse avec blende, pyrite
de cuivre et de fer argentifère, et minerais d'argent (filons des
monts Sherman, Brown, Republican-Leavenworth, des comtés
de Park Fremont, de Summit, de Red-Cloud-Malvina-American,
du comté de Boulder (tellurures) et du district de Caribon.
II. — GISEMENTS DE PLOMB DANS LES CALCAIRES AVEC PHÉNOMÈNES
DE SUBSTITUTION
Les venues métallifères qui se sont produites dans les
roches facilement attaquables ont amené dans ces roches
des imprégnations plus ou moins profondes, et il y a eu subs-
titution de la galène à la calcite. C'est le cas d’un certain
nombre de gisements qui seront passés ci-après en revue.
Gisements de l'Angleterre (Derbyshire et Cumberland). — Les
gisements anglais du Derbyshire et du Cumberland, autrefois
activement exploités, n'ont fourni respectivement, en 1897,
nadios.) LR. à
ETS CT ST OS
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 227
que 5.150 tonnes et 8.500 tonnes de galène préparée. Les
filons de galène encaissés dans le calcaire carbonifère s’y
sont rapidement appauvris en profondeur.
Fis. 81. — Coupe schématique d'un gisement plombifère du Derbyshire.
Gisements de l'Autriche : Littai. — On trouve à Littai (Car-
niole) la galène associée au cinabre à l’état d’imprégnation
dans la grauwacke de Gaiïlthal. Le minerai, tantôt compact,
tantôt bréchiforme, est composé de galène, de blende, de
pyrite de fer et de cuivre, et enfin de cinabre qu'on trouve
dans des fentes. On y rencontre de nombreux rejets formés
par des failles.
On explique la formation du gîte que l’on croit d'âge tria-
sique par l'action d’une venue sulfureuse sur une couche
de carbonate de fer intercalée dans la grauwacke; Facide
carbonique ainsi mis en liberté aurait donné lieu à la forma-
tion abondante de carbonate de plomb que l’on a constatée
dans ce gisement. L'exploitation ne date que de 1878.
Quant au terrain carbonifère situé au-dessous de ce gîte, il
renferme une grande quantité de carbonate de fer.
La production de Littai a été, en 1897, de 1.320 tonnes
de plomb.
Raibl et le Bleiberg. — On trouve encore de la galène en
Autriche, à Raibl et dans les célèbres mines du Bleiberg
carinthien, dans le Villach. La galène en filons, à la limite
du trias et du terrain primitif, y est accompagnée de mi-
nerai de molybdène (wulfénite:.
PPT . de, En, er LAS" RS ER Le LD, , dj it
228 GÉOLOGIE APPLIQUÉE Rs.
La production du district de Raïbl a été, en 1897, d'environ
1.700 tonnes de plomb.
Gisements de la Suède : Sala. — Les mines très anciennes de
Sala sont situées au nord de Stockholm, sur la ligne ferrée be:
de Stockholm à Fahlun. La galène argentifère y forme des £
lentilles d'imprégnation, d'épaisseur irrégulière, concentrées |
dans une couche de calcaires dolomitiques anciens.
Le minerai contient de 3 à 4 0/0 de galène et 0,70 0/0 EE
d'argent. On trouve également à Sala, de la blende, de la
pyrite de fer, du mispickel, du sulfure d’antimoine et de
l'argent, soit à l'état natif, soit à l'état de sulfure ou d’anti-
moniure. Le minerai est accompagné de veines de calcite.
Gisements des États-Unis. — Les États-Unis produisent
une quantité considérable de plomb, fourni surtout par
les gisements d'imprégnation. La plupart des exploitations
des États-Unis doivent leur développement à la forte teneur
en argent du minerai. On trouve la galène dans le haut
Mississipi, en fentes verticales, en filons-couches ou en
poches dans les calcaires siluriens de Trenton, qui couvrent
une vaste superficie dans le Wisconsin (Mineral Point),
l'Illinois et l'Iowa. Un certain nombre de mines de galène
argentifère se trouvent dans l'Utah (Emma mine), dans les
calcaires dolomitiques du carbonifère, au milieu des monts
Wahsatch; mais c'est principalement dans le Nevada (Silver
state) et le Colorado, que l'exploitation des minérais de
plomb argentifères et aurifères a pris une grande extension.
On décrira ici les gisements des deux districts d'Eureka
(Nevada) et de Leadville (Colorado).
Eurelia (Nevada). — Au voisinage d'Eureka, dans des mon-
tagnes comprises entre les monts Wahsatch et la chaine où
se trouve le Comstock Lode, on rencontre les deux districts :
de Prospect-Mountain et de Ruby-Hill; les deux principales F
Compagnies exploitantes sont la « Eureka consolidated Mi-
ning Company » et la « Richmond consolidated ».
Les minerais sont contenus dans des calcaires siluriens et
surtout cambriens; des sources thermales ont rempli les fis-
sures des calcaires et ont donné lieu à des phénomènes de
substitution très développés. Au-dessus du niveau hydrosta-
tique, le remplissage est formé de galène avec de l'anglésite,
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 229
de la cérusite et de la wulfénite; la gangue est du fer
hydroxydé avec un peu de quartz et de calcite; au-dessous
du niveau hydroxydé, on ne trouve plus que des sulfures :
galène, blende, pyrite, etc.
ARNAIAPPRPIRA
SARA SARRARA
ARR
RRRARRAG ZL .
RD
RAPRPRRPAARPRANARARAARAAAR
AARAPIPSRARARARARIA
RARkARARAARAX
G. 82. — Coupe de la mine Richmond Consolidated.
Les calcaires cambriens renferment, à Prospect-Mountain
et à Ruby-Hill, des intercalations de schistes, et reposent sur
des quartzites cambriens; ils ont subi des dislocations, qui
ont laissé subsister des fissures et qui ont facilité la circu-
lation des eaux métallifères. A la mine Eureka, les minerais
sont surtout abondants au contact des quartzites et du calcaire
broyé; sur d’autres points, comme à Richmond Mine, les
minerais sont, au contraire, disséminés dans le calcaire broyé.
Le principal minerai est du carbonate de plomb argentifère
et aurifère ; on distingue le carbonate rouge (fer hydroxydé,
anglésite, cérusite, 150 à 250 francs d’or et d'argent par
230 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tonne) etle carbonate jaune (fer hydroxydé, sulfate et chloro- |
arséniate de plomb, 500 francs de métaux précieux par
tonne). |
Leadville (Colorado). — À Leadville, les minerais sont con
centrés dans le calcaire dolomitique carbonifère, qui a été 5
séparé des calcaires siluriens et des quartzites cambriens, S
sur lesquels il repose, par une venue de porphyre gris; le
tout est dominé par une masse de porphyre blanc, et
l'ensemble de toutes ces couches repose sur une base de
granite et de gneiss. Les eaux sulfurées ont pénétré dans le
calcaire le long des fissures et l’ont corrodé; des altérations
de surface ont transformé les sulfures en carbonates ou en
oxydes. |
Le minerai, où prédominent le carbonate de plomb et la
galène, contient également un mélange de sulfate de fer,
d’anglésite et de pyromorphite. L'argent est rare à l'état
natif; mais il se présente sous forme de chlorobromures et
de chloroiodures mélangés, dans les calcaires magnésiens.
L'or natif est fréquent. La gangue se compose de silice ou
de silicates (fer, manganèse, alumine).
Les trois principaux groupes miniers sont ceux de iron
Hill, de Carbonate Hill et de Fryer Hill; ce dernier est
célèbre par la richesse en argent de ses minerais.
La production des mines de Leadville décroît rapide-
ment, et l’on prévoit l'épuisement du gîte dans un avenir
prochain.
Les mines de Leadville ont produit moins de plomb, en 1897,
que les années précédentes, parce que la baisse de l'argent
a fait fermer beaucoup de mines d'argent dont les minerais
contenaient du plomb; d'autre part, les grands gisements
de plomb argentifère de Leadville sont épuisés ; les anciennes
mines de Fryer, Carbonate, Iron et Rock Hills, sont fermées,
et l'Arkansas-Valley-Smelting C° alimente les fours de son 3
usine de Leadville avec du minerai de Cœur-d'Alène (Idaho).
Il existe dans le Colorado sept usines à plomb, dont deux à
Denver, trois à Pueblo, et une à Durango.
Le Colorado a produit au total, en 1897, environ 37.000 tonnes
de plomb contre 47.000 en 1896.
L'Idaho a produit, en 1897, 53.000 tonnes de plomb dont
A
”
=
5 +
P-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 231
50.676 tonnes.proviennent de Cœur-d’Alène, et le reste des
mines de Wood River et autres. Les mines de Cœur-d'Alène ont
fourni 105.000 kilogrammes d'argent; la Consolidated Tiger
and Poorman C° a produit à elle seule plus de 80.000 tonnes
de minerai ayant donné environ 15.000 tonnes de minerai
préparé.
Dans le Missouri qui a produit, en 1897, 60.000 tonnes de
minerai de plomb, les principales mines se trouvent dans le
district de Saint-François. Les minerais de la Motte con-
tiennent 11 0/0 de plomb et ceux de Bonne-Terre 7 0/0
seulement; on les amène, par une préparation soignée, à
une teneur de 70 0/0.
Dans le Montana (11.800 tonnes en 1897), les principales
mines sont celles de Cumberland, Yellowstone et Great Eastern
Judge.
Les mines de Magdalena et de Kelly, dans le Nevada, pro-
duisent du carbonate de plomb et de la galène que l’on
traite dans les usines de la Graphic Mining and Smelting C?,
à Magdalena, et de la Cerillos Smelting C°, à Cerillos, dans
la province de Santa-Fé.
Dans l’'Ufah, la production des trois usines en marche,
en 1897, a été de 22.000 tonnes environ. Les minerais pro-
viennent du district de Bingham Canyon et de la mine Silver
King, près de Park City. Il existe, à Salt Lake City, trois
usines à plomb assez importantes : la Germania (trois fours
de 50 tonnes et deux de 100 tonnes), la Pensylvania (de même
puissance) et l’usine Hanauer {quatre fours de 40 tonnes).
III. — GISEMENTS SÉDIMENTAIRES
Bien qu'il soit dificile de distinguer nettement, des gîtes
d'imprégnation, les rares gisements de plomb sédimentaires
que l’on connaît, on peut classer dans cette troisième
catégorie certains gisements qui semblent dus au dépôt de
métaux en dissolution dans les eaux de bassins où se sont
formés des sédiments. On décrira, comme type de ces
gites, les grès plombifères de Commern, de Mechernich et
de Saint-Avold (Provinces rhénanes), et on rattachera à ce
chapitre quelques notes sur divers gîtes plombifères peu
Tu ge M D RQ ns ER QT La LE nu dE LOIR
MC ri 5 à
232 | GÉOLOGIE APPLIQUÉE |
connus ou récemmentdécouverts (Turkestan, Transvaal, etc.). |
Commern (Eifel). — Près de Commern, dans l'Eifel, on
trouve des grès bigarrés surmontant des couches dévo-
niennes; la partie inférieure de ces grès bigarrés est
constituée par des conglomérats et des grès noduleux
plombifères.
Les principales exploitations de grès noduleux avec galène
sont situées au Bleiberg, près de Mechernich, non loin de
Cologne. Les grès métallifères blancs avec grains quartzeux
cimentés par de l'argile ou du calcaire, renferment en géné-
ral de la galène, rarement de la cérusite, quelquefois du
minerai de cuivre (azurite, malachite); la teneur en argent
du plomb de l’Eifel est très faible : 27 grammes par 100 kilo-
grammes.
Saint-Avold. — Des gisements analogues existent près de
Sarrelouis, entre Saint-Avold et Wallerfangen; la galène, un
peu chargée de blende, est accompagnée de cérusite et de
molybdate de plomb.
Turkestan. — Dans le Turkestan, la Société russe des
Mines du Turkestan s'occupe de développer l'exploitation
des mines de plomb et de cuivre découvertes dans le
district de Taschkent.
Transvaal. — On trouve en abondance, paraît-il, dans
le Transvaal, des minerais de plomb contenant de 300
450 grammes d'argent à la tonne et de 50 à 70 0/0 de plomb.
Une Compagnie (Rand Central Reduction C°) a été formée
pour leur exploitation.
Caucase. — En Russie, la Compagnie des mines d’Alagir a
obtenu la concession de mines de plomb argentifère dans le
Caucase (district de Vladskarkas).
Mexique. — La plus grande partie des minerais de plomb
du Mexique proviennent des mines de la Sierra-Mojada et
sont traités à Kansas-City. Parmi les principales mines, on
peut citer celles de Velardena et celles de Mapimi (Compania
Minera de Peñoles), qui sont reliées au Central-mexicain
par un embranchement à voie étroite de 32 kilomètres; une
de ces mines atteint 510 mètres de profondeur. Les princi-
pales usines de fusion sont celles de Mapimi (Durango), de
Monterey, de San Luis Potosi et d'Aguas Calientes. La pro-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 233
duction du plomb au Mexique a été de 71.637 tonnes en 1897.
Prix du plomb. — Le prix du plomb a beaucoup varié
depuis vingt-cinq ans. Le plomb de qualité supérieure, qui
valait en moyenne à Londres 600 francs par tonne en 1873,
a valu 365 francs en 1879, 280 francs en 1884, 350 francs
en 1888, 252 francs en 1894 et 323 francs en 1897. — Le
mouvement de hausse a continué de 1897 à 1900, et, à la fin
de 1899, le plomb valait plus de 400 francs.
Prix des minerais de plomb. — La valeur des minerais de
plomb dépend du prix du plomb métal et du cours de l’ar-
gent, la plupart des galènes étant argentifères.
Pour obtenir la valeur d'un quintal de minerai de plomb,
il faut retrancher de la valeur du plomb et de l’argent qu'il
contient les frais de fusion, de désargentation, d’escompte à
> 0/0 et de transport.
Soient :
M, la valeur du quintal de minerai en francs;
P, la teneur en plomb;
K, une constante pour perte au traitement métallurgique,
qui varie de 6 à8;
m, le prix du quintal de plomb métallique ;
A, le prix de l'argent;
g, le poids de l’argent au quintal de minerai;
F, les frais de fusion;
f, les frais de désargentation ;
, les frais de transports et autres.
on
La valeur d’un quintal de minerai sera donnée par la for-
mule :
(P—K)m
EE
Pour étudier la valeur d’un filon, on apprécie sa longueur,
son épaisseur réduite, c’est-à-dire sa valeur par mètre carré
de surface suivant le plan du filon, sa richesse en plomb et
en argent, au moyen d'essais de préparation mécanique ; on
établit enfin le devis des dépenses F, f, t,etc.,sur la même base.
234 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
- Pour reconnaître la valeur totale du filon au mètre carré
en un point, on fera le même calcul pour la blende eton
ajoutera les deux résultats.
On déterminera avec soin jusqu'à quel point il faudra
pousser la préparation mécanique pour que les frais de trai-
tement du minerai, augmentés des pertes en argent au lavage,
restent inférieurs à l'augmentation de valeur qui résulte
de la préparation.
On pourra donc, pour chaque mine étudiée, déterminer
quelle devra être l'épaisseur réduite minima nécessaire pour
qu un filon soit exploitable avec bénéfices. On peut citer,
comme exemple, le cas des mines de Pontpéan (Ille-et-
Vilaine) où une épaisseur réduite de 5 à 6 centimètres, avec
une teneur de 52 0/0 de plomb et 1 kilogramme d’argent par
tonne, permet une exploitation rémunératrice. :
PRODUCTION DU PLOMB DANS LE MONDE ENTIER
1896 1897
tonnes tonnes
9.000
.100
.800
.161
.000
20,500
).000
5,946
.369
71.698
.637
2.000
Tone vos )11, 5.811
BIBLIOGRAPHIE DU PLOMB !
1810. Mussy, Ressources minérales de l'Ariège (Annales des Mines,
6° série, t. XVII).
1870. Blanchard, Mine de Vallauris (Cuyper, t. XXVIL, p. 170).
! On n'a indiqué dans cette bibliographie que les ouvrages spé-
ciaux postérieurs à 1870. Les ouvrages plus anciens, bien que
parfois très complets, présentent un intérêt moins immédiat.
Va or
V2
G
1870.
1874.
1875.
1876.
1876.
1877.
1879.
1880.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 235
+
Michel Lévy et Choulette, Champs de filons de la Saxe et de
la Bohème septentrionale (Annales des Mines, 6° série,
t. XVIII, p. 411).
Villié, Rapport sur les mines de Zell-sur-Moselle (Besan-
con).
Moue plomb et d'argent de Przibram (Cuyper, t. XXX VIII,
. 301). |
ornbet. Rapport sur les mines de zinc et de plomb argenti-
fère des Arquis.
Ledoux, Rapport sur les mines de la province de Carlhagène.
Vieiva, Mines de plomb des Pyrénées {Arguts).
Lecornu, Mémoires sur les filons de plomb du Derbyshire
(Annales des Mines, T° série, t. XV, p. 1).
Fuchs, Rapport sur les mines de Pontpéan (à Rennes, chez
Caillot).
1880-1881. Lebesconte, Nofe sur la faille de Pontpéan (Bulletin
1881.
1883.
1883.
1884.
1884.
1886.
1886.
1886.
1887.
1892.
1893.
de la Société géologique, 3° série, t. IX, p. 157).
Capacci, Mines et Usines du Harz (Cuyper).
Lukis, Origine des filons métallifères de Poullauen (Bulletin
de la Société des études scientifiques du Finistère, Morlaix).
Garnier, Mines de Vialas (Industrie minérale, 2° série, t. XI,
p. 995).
Laveleye, le Plomb aux Etats-Unis (Cuyper, t. V, p. 560).
Termier, Sur les éruptions du Harz (Annales des Mines,
8° série. t. V, p. 243).
Davy, Mines de Huelgoat et de Poullaouen (Bulletin Société
géologique. 3° série, t. XIV, p. 900).
Lukis, Notes sur les mines de Poullaouen (Bulletin Société
géologique, p. 909).
Stuart-Menteath, Gîtes métallifères des Pyrénées occidentales
(Bullelin de la Société géologique, 3° série, t. XIV, p. 581).
Blanchard, les Mines de plomb argentifère de Bottino, près
de Serravezza, en Toscane (Bulletin de la Société de l’indus-
trie minérale de Saint-Etienne, 3° série, t. I, p. 201).
Lodin, Elfude sur les gîiles métallifères de Pontgibaud
(Annales des Mines, 9° série, t. 1, p. 389).
F. Desquiens, Laverie des mines de plomb argentifère de
Bouillac dans l'Aveyron (Génie civil, t. XXII, p. 202, avec
planches).
1893. N. de Filkowitch, Nofe sur les mines de plomb argentifère et
1894.
1896.
1898.
de blende de Sadou dans le Caucase (Génie civil, t. XXIIT,
p. 393).
Winslow, Lead and zinc deposile (Geological Survey).
Czyszkowski, Les Venues métallifères de l'Espagne.
Bourbon, Nole sur un filon plombo-auro-argentifère de Ville-
vieille (Puy-de-Dôme).
236 | GÉOLOGIE APPLIQUÉE
LE ZING ET SES MINERAIS
Propriétés physiques. — Le zinc est un métal d’un blanc
bleuûtre, cassant et à texture cristalline, devenant, entre 106
et 130°, ductile et malléable, ce qui permet de le laminer en
feuilles minces. Densité — 6.87, pouvant s'élever à 7.2 par le
martelage ou le laminage. Le zinc fond vers 410°. A 1040, il
entre en ébullition, s'enflamme et brüle, en produisant une
flamme blanc bleuâtre éclatante, d'où s’échappent de légers
flocons blancs d'oxyde infusible qui se répandent dans l'air.
D'une mollesse particulière, le zinc encrasse la lime.
Propriétés chimiques. —- Le zinc est très peu altérable à
froid dans l'air sec ; il se recouvre, dans l’air humide, d’une
couche d’hydrocarbonate d'oxyde de zinc qui, peu épaisse
et imperméable, préserve des altérations, le reste du métal.
Mis en contact avec un métal comme le cuivre ou le plomb, il
décompose rapidement l’eau acidulée d'acide sulfurique; il
se produit alors de l'hydrogène et du sulfate de zinc.
Usages. — La possibilité de le réduire en feuilles très
minces et sa densité comparativement peu élevée ont fait
préférer le zinc au plomb pour la couverture des toits. On
emploie également le zinc pour les gouttières, les baignoires
et quantité d’ustensiles; mais il doit être exclu de certains
usages domestiques, car il forme, avec les acides, des sels
vénéneux. [l compose généralement l'élément électro-positif
des piles industrielles. Beaucoup d'objets en fer, et particu-
lièrement les fils télégraphiques, sont recouverts de zinc et
protégés contre la rouille au moyen d'une immersion dans
un bain de ce métal (galvanisation).
Alliages. — Le zinc forme avec le cuivre, seul ou uni à
d'autres métaux, de nombreux alliages dont les principaux,
bronze, laiton, maillechort, ont été indiqués au chapitre du
Cuivre. Il faut citer encore les alliages très durs employés
pour les locomotives et composés de : cuivre, 6,10; zinc,
62,64; étain, 11,32; plomb, 19,94; les soudures fortes,
fusibles à divers degrés, et les poudres à bronzer pour peintres.
Il entre 1 0/0 de zinc dans les monnaies de billon. Enfin,
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE DT
le zinc employé pour certaines piles est amalgamé et
assure ainsi de la durée aux éléments et de la régularité au
courant.
Oxyde de zinc. — L'oxyde de zinc est employé eu peinture,
sous les noms de blanc de zinc et de blanc de neige. Délayé
dans l'huile de lin rendue siccative, il remplace avantageu-
sement la céruse pour la peinture de l'intérieur des appar-
tements. Employée au dehors, la peinture au blanc de zinc
est peu résistante ; mais, en délayant l'oxyde de zinc, addi-
tionné d'un peu de carbonate de soude, dans une dissolution
à 58° Baumé, de chlorure de zinc, on obtient une peinture
solide, séchant rapidement et couvrant autant que la céruse.
La préparation de la peinture à l’oxyde de zinc, qui ne
noircit pas sous l'influence des vapeurs sulfhydriques, ne
fait courir aux ouvriers aucun des dangers résultant de
l'emploi de la céruse.
Sulfure de zinc. — On emploie quelquefois, pour rempla-
cer la céruse, un mélange de sulfure de zinc et de sulfure
de baryum.
Chlorure de zinc. — Le chlorure de zinc est extrêmement
avide d'eau. Mélangé à du sulfate de zinc ou à du sulfate de
baryte avec de la fécule, il forme un stuc très solide.
Sulfate de zinc. — Le sulfate appelé vitriol blanc ou cou-
perose blanche est employé dans la peinture et dans la tein-
ture des indiennes; on s’en sert aussi pour rendre les huiles
plus siccatives.
MINERAIS DU ZINC
Les deux principaux minerais du zinc sont la calamine et
la blende.
On donne daus l’industrie le nom de calamine à des mine-
rais qui sont, en réalité, composés d’un mélange de calamine
ou hydrosilicate de zinc (H?Zn?Si0ÿ) et de smithsonite ou
carbonate de zinc. La calamine est un minerai superficie
dont le traitement est beaucoup plus facile que celui der
la blende ; malheureusement, la calamine est par cela même
beaucoup moins abondanté que la blende ou sulfure de
HR TE Ro TE
238 ee APPLIQUÉE &:
zinc. La blende cristallise en cubes, mais il en cle une
variété hexagonale appelée wurzite. Ce minerai est d'un trai-
tement plus difficile et plus onéreux que la calamine, car il
doit subir un grillage préliminaire, destiné à oxyder æ Zinc
qu'il renferme.
Parmi les autres minerais de zinc, beaucoup moins abon-
dants, on peut citer la zincite (oxyde de zinc, ZnO), la zinco-
nise ou calamine terreuse (hydrocarbonate de zinc, H#Zn3COS)
et la franklinite, sorte de spinelle de fer, de zinc et de man-
ganèse [(Zn.Fe.Mn) (FeMn}?0*] tenant de 10 à 25 0/0 de zinc,
alors que les teneurs en zinc sont de 80,2 0/0 pour la
zincite, de 66,9 0/0 pour la blende, de 53,7 0/0 pour la cala-
mine et de 52 0/0 pour la smithsonite. La willemite (silicate
de zinc), la goslarite (sulfate de zinc) (Ht#ZnSO!1) et l'adamine
(arséniate de zinc) (H?Zn#As?010) sont des minéraux relative-
ment rares.
GISEMENTS
On trouve la blende tantôt dans des filons,tantôt dans des
couches sédimentaires, seule ou associée avec de la galène.
L'âge des filons est très variable : les importants filons du
Cornwall et de la Sardaigne sont post-siluriens ; ceux des
Bormettes, dans le Var (blende et galène argentifère), sont
probablement triasiques; ceux de Sakamody (Algérie) et de
Santander (Espagne) sont post-crétacés. D'autre part, parmi
_les gîtes de zinc sédimentaires, on trouve : dans les gneiss,
ceux d’'Ammeberg (Suède); dans le permien, ceux de la
province de Carthagène (schistes micacés avec lentilles de
blende); dans le trias, les blendes de Silésie, dont la croûte
superficielle s’est décomposée en calamine.
Géogénie. — La formation des gîtes filoniens semble due
au dépôt de sulfures métalliques, maintenus en dissolution,
grâce à la présence d'un acide ou de sulfures alcalins en
excès. Les eaux acides ont également eu une part dans la
formation des gîtes sédimentaires de la blende : beaucoup
de ces gîtes sont des gîtes de substitution formés par la pé-
nétration, dans des bancs calcaires, de la blende qui s’est
4 A, NE RE DE
aude dir Dai Get ON. 2 29e, à dt pese TES
ja PO ET
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 239
souvent changée en calamine. C’est dans les calcaires que
l’on rencontre les gisements de calamine; la transformation
du carbonate de chaux en calamine s’est faite soit directe-
ment, soit par suite de la pénétration du sulfure de zinc
dans le calcaire et de sa transformation en calamine, sous
l'influence d'eaux superficielles. Il est rare qu'un gisement
calaminaire ne se transforme pas en amas de blende à une
certaine profondeur; aussi paraît-il rationnel d'attribuer la
formation de la calamine à l’action d'eaux superticielles qui,
à une époque relativement récente, ont pénétré dans les
calcaires blendeux datant d'une époque ancienne ; le sulfate
de zinc, dissous avec un excès d'acide sulfurique, a donné
lieu à un phénomène de double décomposition; il s’est ainsi
formé de la calamine que les eaux ont entraînée. Le zinc
a dù être emprunté comme le cuivre et bien d’autres métaux
à des fumerolles de roches à l’état igné.
Les gisements de zinc paraissent être d’un âge intermé-
diaire entre celui des gisements de cuivre et celui des gise-
ments de plomb.
On examinera ici successivement les principaux gisements
filoniens de zinc et quelques gîtes sédimentaires que l’on
énumérera autant que possible suivant leur ordre d'impor-
tance, en étudiant, aussitôt après les gisements francais, les
mines célèbres du Laurium et de la Sardaigne.
Gisements de la France (Ardèche et Gard). — Le long de la
limite sud-est du Plateau Central se trouvent un certain
nombre de gisements de zinc, parmi lesquels on doit citer
ceux d’Alais, de Saint-Laurent-le-Minier et des Malines dans
le Gard, de Merglon dans la Drôme, et de Saint-Cierge dans
l'Ardèche. La seule de ces exploitations qui soit prospère est
celles des Malines ; les anciennes usines ont été transportées
en Belgique, et il n'existe plus dans la région que deux
usines appartenant à la Société de la Vieille-Montagne et
situées dans l'Aveyron, l’une a Viviez où l’on traite des mine-
rais importés de Laurium ou de Sardaigne, l’autre à Panchot
où sont les ateliers de laminage.
Le gisement des Malines près Saint-Laurent-le-Minier (bajo-
cien) comprend un grand filon dit de Castelnau (blende,
galène, pyrite avec barytine), qui recoupe des calcaires sur-
+
PRE ER Re Des DOS DE A CRUE
< - y : LA
x PE Ses he re MON D
240 GÉOLOGIE APPLIQUÉE M
montés par les dolomies des Malines et affleure sur 500 mètres
de longueur; ce gisement comprend, en outre, une série
d'amas situés au voisinage des Avinières dans les dolomies de
l'oolithe inférieure ; le minerai, riche en zinc, plomb etargent,
comporte des calamines d'espèces variées avec de la blende, de
la galène, de la smithsonite, de l'hydrozincite, etc. L'exploi-
tation de ce gisement est très prospère.
En 1895, le département de l'Ardèche a fourni 410 tonnes de
galène argentifère brute et 13 tonnes de blende etgalènetriées.
La même année, le département du Gard a fourni
36.000 tonnes de minerai de zinc (calamine et blende plom-
beuse) et 930 tonnes de galène argentifère.
On peut citer, pour mémoire, les gisements des Avinières
et de Mas Rigal (gîtes de substitution et d'imprégnation de la
calamine dans les dolomies du lias), de Maudesse (blende dans
les dolomies quartzeuses de l'infralias), de Fons-Bouillans, du.
Mas de Beaugis, du Mas la Combe et de la Coste Durfort. Ces
gisements sont pour la plupart abandonnés ou près d'être
épuisés.
Groupe d'Alais. — Les gisements formant le groupe d’Alais
proprement dit (infralias) sont ceux de Clairac (blende et
galène dans des calcaires noirs siliceux liasiques), de Clar-
pont près de Bessèges (blende et calamine), de Cendras, de
Pallières (amas de blende, calamine et galène, et filons re-
coupant des calcaires liasiques), et de Rousson, près de
Salindres. Tous ces gîtes, peu ou pas exploités, renferment ou
ont renfermé des minerais en général pauvres, de composi-
tion très irrégulière et contenant de la barytine, qui pro-
duit du sulfure de baryum, d’où usure rapide des creusets
employés pour le traitement du minerai.
Drôme. — À Merglon (Drôme) on exploite, dans des marnes
et des calcaires oxfordiens formant la montagne de Piémont,
des poches de minerai peu importantes et un grand filon
formé d'amas successifs de carbonate de zinc. :
La production du département de la Drôme a élé de
4.500 tonnes de calamine, en 1895.
Gisement du Laurium (Grèce). — Dès la plus haute anti-
quité, les gîtes du Laurium fournissaient du plomb et de
l'argent. Aujourd'hui ils sont exploités par une Compagnie
À
+
|
|
A
LÉ A 2 art PS in “Sr RE
* * Les | =. = . .
" cd “
ee ! +
+
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 241
française fondée en 1875 et par une Société grecque qui
traite les amas des scories argentifères abandonnées par les
anciens exploitants. La Compagnie française possède, outre
de nombreux fours de calcination pour la calamine, plusieurs
ateliers de préparation mécanique et une usine à plomb.
a — schistes supérieurs.
b — schistes inférieurs.
c —= calcaires.
Le 2
Est 7
RER 7 Da
a _ __ _
Z 7
Æ Ü VU ne L
KR ANNNNNNNNAA \ <
X_ 4
/4
f
2
4
2
2
LA
Fic. 83. — Coupe Est-Ouest du gisement du Laurium, d'après MM. Daubrée et Huet
et coupe verticale d’un griffon du Laurium.
Sur une base de granite reposent, au Laurium, des bancs
alternés de schistes phylladiens et de calcaires saccharoïdes;
tantôt la séparation des couches est nette; tantôt, au con-
iraire, 1l y a pénétration des schistes dans les calcaires, ou
inversement. De nombreux plissements ont, d'ailleurs, bou-
leversé ces terrains, et l’on trouve en maints endroits des
filons d’une roche euritique décomposée, renfermant des
proportions variables de cuivre. |
GÉOLOGIE. 16
242 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Ai
On distingue au Laurium deux catégories bien me :
de gîtes :
4° Les amas interstratifiés à la rfacé de Cl des
schistes et des calcaires, surtout au contact des schistes
inférieurs ;
20 Les filons ou griffons qui traversent les calcaires et
quelquefois les schistes sous la troisième couche de contact.
Les griffons des contacts supérieurs ne contiennent que de
la calamine avec des vides dans le calcaire ou dans l’amas
calaminaire. Au troisième contact, on trouve, au contraire,
des amas de galène entourés d'un dépôt ferrugineux, puis
d'une gaine de calamine.
Le minerai est arrivé sans doute à l’état de sulfure ; le cal-
caire attaqué a donné lieu à une formation de nus et de
calamine.
Les calamines sont ordinairement pauvres à la surface, où
elles se présentent sous la forme d’un calcaire blanchâtre
ou d'une roche feuilletée grise. Les minerais du troisième
contact sont beaucoup plus purs et tiennent de 60 à 65 0/0
de zinc (minerai calciné); on les trouve en roches dont
l’aspect rappelle la meulière, ou en feuillets blancs com-
pacts. On peut croire que la formation de ces gisements est
due à l’action incrustante d'un liquide minéralisateur, venu
de la profondeur, sur des calcaires situés sous les bancs
imperméables de schistes du troisième contact, ce qui
explique que ce contact soit seul exploitable. En effet, la
minéralisation des calcaires des contacts supérieurs n'a pu
avoir lieu que grâce au passage du liquide minéralisateur
à travers les schistes; le liquide est donc arrivé dans ces
calcaires notablement appauvri.
Si l’on appelle P le prix de vente; p, le prix du zinc brut
au cours du jour, et z, la teneur en zinc pour 100 du mi-
nerai marchand, on à pour le prix de vente de la calamine
au Lauriunm :
P — 0,95p (0,8z — 1) — 651.
1 La constante 65 représente les frais de transport à l'usine et de
traitement. Le facteur 0,95 tient compte d'un bénéfice de 5 0/0
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 243
Le prix de revient varie avec la profondeur d'extraction,
la teneur du minerai et la perte à la calcination. On peut
compter sur un prix de revient (frais généraux compris)
de 18 fr. 90 sur le carreau de la mine pour une tonne de
minerai calciné à 75 0/0 ; pour le minerai à 25 0/0, ce prix
de revient s'élève à 46 = 50 environ, à cause des frais de
triage qui sont plus considérables.
En 1896, la production des mines du Laurium a été la
suivante :
Pparoentiere 0... 7.822 tonnes
MMÉEdS de 202... Mere NPrnoT LICE
Minerais de fer manganésifères.. 73.549 —
Mrs diverse PEL 9.807 —
HO ee RS 118.341 tonnes
Gisements de la Sardaigne. — Iglésias. — En Sardaigne, c'es
dans les calcaires siluriens de la province d’Iglésias que se
trouvent les gisements principaux de zinc et de plomb. Les
filons de galène argentifère et de blende se présentent soit
isolés, soit accompagnés d’amas calaminaires au contact des
calcaires et des schistes. Les gîtes contenus dans les schistes
sont trop minces pour être exploités; ceux des calcaires sont
beaucoup plus puissants et se distinguent en filons propre-
ment dits, de facture ou de contact, et en amas de cala-
mine.
Dans les filons on observe très nettement, en Sardaigne
l'existence de colonnes riches et une diminution de la
teneur en argent, concurremment avec l'augmentation de la
blende, en profondeur ; les carbonates et les silicates riches
assuré au fondeur ; et le facteur 0,8, d'une perte moyenne de
20 0/0 au traitement.
Quand il s’agit de blende, la formule devient :
P— 0,95p (0,83 — 1) —T,
T représentant les frais de transport à l'usine et de traitement, qui
sont très variables.
24% GÉOLOGIE APPLIQUÉE | USE
(calamine) sont, au contraire, voisins de la surface, sans
cependant affleurer.
Montevecchio. — A 30 kilomètres au nord d'Iglésias, les
trois filons-de galène argentifère et de blende de Monte-
vecchio recoupent les schistes et les grauwackes siluriens
qui enveloppent les granites d’Arbus. Le seul filon exploité,
qui a 60 mètres de puissance, comporte au toit et au mur
deux veines minéralisées renfermant huit puissantes lentilles
de galène, tenant 80 0/0 de plomb et 800 grammes d'argent
à la tonne; la teneur en argent diminue en profondeur,
tandis que la teneur en blende augmente.
Monteponi. — Les Carthaginois, les Romains et les Espa-
gnols ont successivement exploité la mine de Monteponi
{au sud-ouest d'Iglésias), qui fournissait de la galène et de la
calamine. La Société actuelle de Monteponi lave les menus
abandonnés de ces anciennes exploitations.
Les autres gisements de zinc de la Sardaigne se trouvent à
San Benedetto (San Giovanni), à la Duchessa, à Malacalzetta
et à Nebida.
Malfidano. — La Société de Malfidano exploite les gites
de Malfidano, de Caïtas, de Planu-Sartu et de Genna-Arenas.
À Planu-Sartu, cinq veines principales de ca:amine sont
interstratifiées dans une falaise de calcaires de 100 mètres de
hauteur ; on rencontre aussi des bancs alternés de calcaire
et de calamine compacte ou lamelleuse tenant de 40 à 50 0/0
de zinc. Une couche de minerai de fer et un puissant filon
de galène quartzeuse sont interstratifiés dans des calcaires,
comme la calamine qui renferme de nombreuses mouches
de galène.
A Caïtas, il existe une masse considérable de calamine
pure. A Malfidano, on trouve, au contraire, une suite d'amas
de calamine blendeuse affleurant au fond d'un ravin; le
long de ces amas, règne une faille très longue remplie d’une
brèche argilo-calcaire. Le minerai se présente en colonnes
coniques orientées la pointe en bas. L’amas principal de
Malfidano, qui a 80 ou 100 mètres de longueur et 15 à
20 mètres de hauteur, est recoupé par des filons de galène
quartzeuse ou carbonatée. La blende augmente rapide-
ment en profondeur, ainsi que la galène. L'épaisse couche
;
. js Proc TES Pure ee à
APS “Lo “E
LR ES =
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 245
d'alluvions, qui couvre le fond de la vallée, fait croire qu'il
existait autrefois en cet endroit un lac dont les eaux ont
joué un rôle dans la formation de la calamine.
On peut citer pour mémoire les gîtes de Sedda-Cherchi, de
Cucuru-Taris et de Planu-Dantis (au contact des schistes et
des calcaires siluriens).
Production de l'Italie. — L'Italie a produit, en 1897,
122.000 tonnes de minerai de zinc, provenant presque
entièrement des mines de la Sardaigne.
Gisements de l'Allemagne. — En Allemagne, le long du Rhin,
on trouve un certain nombre de gisements de zinc, soit
dans le permien, dans les environs d’Osnabruck ou de Muns-
ter, à Kumper, Holtkamp et Overmeier (minerais de zinc et
de fer dans la dolomie du zechstein), soit dans le trias où
l’on rencontre les calamines de Wiesloch, avec galène, blende
et cadmium, intercalées dans les calcaires du muschelkalk.
La puissance des couches de minerai atteint 7 mètres sur
des longueurs de 600 à 700 mètres, pour le plus grand
dépôt, et de 1#0 mètres pour le plus petit (sur 70 mètres
de largeur).
Prusse Rhénane. — Les deux groupes de gisements de zinc
de la Prusse Rhénane sont exploités par la Société de la
Vieille-Montagne. L'un des groupes (Bensberg) est situé au
contact des calcaires de l'Eifel avec les schistes dévoniens
(Lenne Schiefer); l'autre groupe (Siebengebirg) est situé
dans les schistes, grès et grauwackes à spirifères du coblent-
zZien, séparés des schistes et psammites bariolés de Moresnet,
par les schistes de Wissembach. A Altglüch, dans le groupe
du Siebengebirg, le minerai à gangue quartzeuse est formé
de blende avec un peu de galène. A la partie riche, qui se
trouve dans la grauwacke, succèdent rapidement des veinules
pauvres, dès que le filon pénètre dans les schistes.
Dans les régions de l’'Eifel et de la Moselle, à Silbersand
(coblentzien), on a exploité un filon de blende et de galène
qu s'enrichit au point d'interseclion avec un croiseur rempli
de minéraux arsénieux et antimonieux.
On exploite des filons de blende dans le lenneschiefer à
Overath, Immekepel et Altenbruck.
D'autres filons de blende, situés dans les granites et les
FA à LEA ART
St
246 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
gneiss, sont exploités à Wiesbaden et à Arnsberg, sur le Rhih,
à Schônau et à Freiberg, en Saxe, etc.
D'autres gisements de zinc sont exploités en Allemagne
dans le calcaire carbonifère : calamines de Nérins et d'Eupen
près d'Aix-la-Chapelle, blendes de Busbach, d'Hassenberg,
de Walheim, de Walhorn, etc., sur la rive gauche du Rhin.
Silésie. — Le bassin de la haute Silésie (cercles de Tar-
nowitz et de Beuthen), situé sur la frontière de la Russie, de
l'Autriche et de l'Allemagne, comprend denombreuses mines
de zinc et de plomb dont les minerais sont traités sur place,
gräce à l'abondance du combustible.
Les principales mines de zinc sont celles de Neue Helene,
Wiüilhelmsglück, Samuelsglück, etc., en Prusse (cercle de Beu-
then). La galène que l’on extrait des mines de zinc est vendue
aux mines de l'Etat (Friedrichsgrube à Tarnowitz), dont les
usines de traitement sont : Friedrichshütte, à Tarnowitz, et
Walter Cronek, près de Rosdzin. Les minerais de calamine
pure sont épuisés, et on ne traite que de la blende ou des
mélanges de blende et de calamine; la teneur moyenne est
de 20 0/0 aux fours ; mais la présence du fer et du plomb
détériore les creusets, qui se percent rapidement. Les varia-
tions de densité rendent la préparation mécanique difticile.
Le muschelkalk, compris entre le grès bigarré et le keuper,
comprend à sa partie inférieure un lit de dolomie renfer-
mant les minerais de zinc, de plomb et de fer, surtout près
des affleurements; en profondeur, on ne trouve que des sul-
fures. Le mur est constitué par du calcaire (sohlenkalkstein),
et le toit par de la dolomie stérile. Le bassin affecte la forme
d'une cuvette elliptique ayant de 2 à 4 kilomètres entre
Beuthen et Scharley (S.-N.) et 22 kilomètres de Michowitz
à Czelads (0.-E.). On trouve successivement, en partant des
affleurements, de l’hématite brune, puis de la calamine
blanche reposant sur le sohlenkalkstein et à laquelle
succède de la calamine rouge; au delà, la blende apparaît
et devient de plus en plus abondante, jusqu’à ce qu’elle
reste seule avec de la galène et de la pyrite.
La calamine blanche forme des petits amas allongés ou
glanduleux; sa cassure est quelquefois schisteuse. La cala-
mine rouge, formée d'un mélange de limonite zincifère et
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 247
de dolomie avec céruse et galène, forme une couche dont la
puissance atteint Jusqu'à 15 mètres; la teneur du minerai
varie de 10 0/0 à 45 0/0.
La galène, dans le district de Scharley, tient 3 0/0 de
plomb (minerai préparé).
Dans ces gisements, les eaux superficielles ont transformé
les sulfures en sulfates qui se sont précipités, soit comme
celui de zinc, par substitution immédiate au calcaire à
l’état de calamine, soit comme celui de fer, après entraîne-
ment vers la surface où il s’esttransformé en hématite.
La production des mines de zinc situées sur le territoire
de l’Empire d'Allemagne a atteint 664.000 tonnes en 1897,
en diminution de près de 70.000 tonnes sur l’année 1896.
Gisements de l'Espagne. — On exploite en Asturie, dans les
provinces de Guipuzcoa et de Santander, d'importants amas
de calamine, intercalés dans un calcaire crétacé. A Récocia,
la Nestosa, Udias, Comillas, etc., le minerai est de la smith-
sonite blanche avec de la zinconite et du silicate de zinc. En
profondeur, on trouve de la blende en rognons ou en boules
avec de la barytine. |
Dans les Picos de Europa (districts d’Andara et d’Aliva) il
existe, dans le calcaire carbonifère, des gisements très éten-
dus de calamine, soit blanche et translucide, soit opaque et
ressemblant à du calcaire; on y trouve également de la
blende en rognons dans des argiles superficielles.
La production des minerais de zinc, en Espagne, à
atteint 74.000 tonnes en 1897, dont 40.000 environ ont été
exportées.
La Société royale asturienne a extrait 20.000 tonnes des
mines de Réocin, et 7.200 tonnes des mines de la Florida et
de Udias.
Gisements de la Suède (Ammeberg).— La Société de la Vieille-
Montagne exploite en Suède, dansle gouvernement d'Orebrô,
près du lac Wettern, les mines de zinc d'Ammeberg, dont les
minerais sont transportés et traités dans les usines conti-
nentales de la Société.
On trouve à Ammeberg la blende en lentilles, à l’état d'im-
prégnations dans un gneiss schisteux (hälleflinta) rubané, où
elle est mélangée à du feldspath et à du quartz. Les lentilles
248 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sont irrégulières et minces, mais s'étendent à une profondeur
de 200 mètres; leur épaisseur autour des centres d’exploi-
tation de Nygrufva et de Knalla varie de 8 à 13 mètres-
La teneur moyenne est de 43 0/0 de zinc et de 5 à 7 0/0 de
galène. Au-dessous d’une teneur de 20 0/0, le minerai n’est
plus exploitable. On l’extrait au moyen de galeries pratiquées
dans le hälleflinta, qui est très résistant. Une grande galerie
d'écoulement de 4.000 mètres de longueur a permis d’assécher
le gîte jusqu'à 225 mètres de profondeur; des pompes épuisent
l’eau des couches inférieures. L'atelier de préparation mé-
canique d'Ammeberg peut traiter 40.000 tonnes de blende et
de galène par an.
La géogénie du gîte d'Ammeberg est difficile à établir :
les veines de blende suivent, en général, tous les accidents
de la schistosité des roches encaissantes dont elles ont rempli
les vides. Le dépôt blendeux semble être postérieur aux
schistes et aux grès, qui ont été métamorphisés en gneiss
après plissement. |
On rencontre, à Ammeberg, de puissants filons de granulite
qui recoupent l’amas blendeux et les gneiss auxquels ils sont
postérieurs.
En 1897, les mines de la Suède ont fourni 66.600 tonnes de
minerai de zinc.
Gisements de la Russie. — En Russie, on a trouvé des gise-
ments de blende dans le gouvernement de Kutaïs, à Tschia-
tury.
Les mines de. Boleslaw (Société de Sosnowice) ont
produit, en 1897, 19.259 tonnes de calamine {(silicate et car-
bonate); et celles de l'État, 27.600 tonnes. Les usines de
l'État, gérées par Dervis Pomeranzow et C°, et celles de la
Société de Sosnowice (usines Paulma) ont produit : les pre-
mières 2.930 tonnes, et les secondes 3.330 tonnes de zinc
métallique.
A Boleslaw, dans la Pologne russe, au voisinage des gise-
ments de Silésie, on exploite une colline de dolomie impré-
gnée de calamine d’une manière irrégulière; le gîte est d’une
teneur faible ; mais il est très étendu; on y trouve de la
blende et de la galène en veines complexes.
Gisements de la Belgique. — Le gîte de zinc et de plomb de
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 249
Moresnet, connu sous le nom de /a Vieille-Montagne, fait partie
d'une série de gisements répartis le long d'une zone comprise
entre Philippeville et Aïix-la-Chapelle. La formation de ces
gisements est, sans doute, due à l'action d'eaux thermales
sur des calcaires compris entre des terrains moins per-
méables (grès et schistes); ces calcaires imprégnés auraient
subi ensuite un métamorphisme superficiel. Les eaux ont
pénétré, par des fractures, jusqu aux divers gîtes. Tantôt les
fractures sont stériles (dans le houiller et les schistes), tantôt
elles sontminéralisées, comme au Bleiberg (dansles calcaires).
L'amas de Welkenraedt, près d’Aix-la-Chapelle (250 mètres
de longueur), est un amas de substitution, très incliné et très
plissé, situé sous des schistes houillers imperméables (comme
au Laurium) et au toit du calcaire carbonifère auquel le mine-
rai s'est substitué. La calamine, qui occupe la partie infé-
rieure du gisement, est recouverte de minerai de fer ou
d'argile avec hématite ; à la partie supérieure on trouve, près
des schistes, de la blende, de la galène et de la pyrite à
l'état de rognons et de veines dans de l'argile noire; cette
partie sulfurée forme le toit du carbonifère sur plus de 2 kilo-
mètres au-delà de la zone calaminifère.
Philippeville. — A Philippeville, les inclusions de blende
et de galène s'étendent sur près de 4 kilomètres de lon-
gueur, dans des calcaires compris entre les phyllades et les
calcaires du dévonien.
Vieille-Montagne. — A la Vieille-Montagne (Moresnet), la
calamine occupe la partie Nord d'une cuvette formée de
calcaire carbonifère intercalé entre des calcaires dolomitiques
(toit) et des schistes dévoniens ; on constate, dans ces schistes,
une épaisse couche d’intercalation de dolomie quartzeuse.
Le calcaire dolomitique du toit est compact; il n'en est pas
de même de la dolomie quartzeuse du mur, qui est poreuse
et qui laisse passer des eaux d'infiltration, très gênantes
pour l'exploitation.
Le gite de Moresnet est divisé en deux amas (Nord et Sud)
par une intercalation de calcaire dolomitique. La calamine
qui remplit le gîte est un mélange de carbonate et de silicate.
La production des mines situées sur le territoire belge
a été, en 1897, de 11.000 tonnes de minerai de zinc.
ce À
250 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
(Grisements de l'Angleterre. — En Angleterre, on exploite la
calamine dans le calcaire carbonifère à Minera (Denbighshire)
et à Neuthead (Cumberland).
Les deux districts du Denbighshire et du Cumberland ont
fourni, en 1897, environ 9.000 tonnes de minerai de zinc
(‘rendement moyen, 35 0/0 à la fonderie).
(Grisements des Alpes. — On trouve dans les terrains permo-
triasiques de nombreux gisements de zinc, qui se présentent
sous la forme de filons complexes dans les schistes, d'impré-
gnations dans les grès et d'’amas calaminaires dans Îles
calcaires.
Un certain nombre de ces gisements sont situés dans les
Alpes; les plus connus sont ceux de Raïbl en Carinthie, du
Bleiberg Carinthien et de Villach.
Raïibl (Carinthie). — À Rabl,
les gîtes de galène et de blende
se trouvent dans une dolomie
situéesous des schistes marno-
argileux.Cesgiîtes,quiforment
LEA de petites poches en chapelet
le long des failles, sont cons-
titués par des noyaux de dolo-
mie entourés de galène, puis
de biende. Les gîtes de cala-
mine sont des produits de
substitution à des calcaires,
le long des fentes. La cala-
mine est du carbonate rouge
anhydre ou blanc hydraté.
Ces minerais sont traités à
Cilli et à Sagor (ligne de Lay-
bach à Marbourg).
Tyrol (Sterzing). — Le gîte
Fig.84.— Remplissage de poches à Raibl de blende de Sferzing, dans
| (d'après Poszepny). _ le Tyrol, peut être rapproché
1, galène: 2, ee CEE de dolomie de cetei d'Ammeberg. On y
trouve, interstratifié dans les
micaschistes, un amas blendeux, mélangé à de la galène,
avec des pyrites de fer et de cuivre et du fer magnétique.
\\)
NN
|
.
au ;
0)
\
\\N
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 251
Ponte di Nossa. — Près de Bergame, les gisements de Ponte
di Nossa (Premolo, Dossena, Gorno, etc.) renferment de la
calamine incluse dans des poches et des fractures de cal-
caires dolomitiques (trias) intercalés sous un lit de schistes
entre les calcaires de Dachstein et les dolomies de Raibl.
Gisements de l'Algérie. -- Parmi les gîtes de zinc exploités
en Algérie dans la chaîne du petit Atlas, les principaux sont
ceux de Sakamody (blende cimentant une brèche de débris
de schistes) et de Guerrouma (blende et galène dans une
gangue chargée de sulfate de baryte et de fer spathique). La
production des diverses mines de l’Algérie a été, en 1897, de
17.600 tonnes de minerais de zinc.
On peut citer pour mémoire les gisements de Hammam-
N'bails (calcaires nummulitiques), dans la province de Cons-
tantine, et ceux de Gharbo, de Sidi Dayem, etc., analogues
à ceux de Guerrouma.
Gisements des États-Unis. — La production du zinc s'est
beaucoup développée depuis quelques années, aux États-
Unis. Les principales régions productrices sont le Kansas,
le Missouri, l'Illinois et l’'Indiana, qui comprennent quatorze
usines dont les principales sont : la Nevada Spelter C9, à
Nevada; la Balmer Smelting C° et la Robert Lanyons sons
Spelter C°, à lola; la Empire Zinc ©, à Joplin; la Cherokée
Lanyon Spelter C°, à Rich Hill; et la Swansea vale Zinc C°, à
Sandoval. L’exportation du minerai en Europe augmente
également et porte principalement sur les minerais riches de
New-Jersey préparés par le procédé Wetherill et sur ceux
du district de Joplin (Missouri), achetés par les fondeurs
de Swansea (Angleterre). De nouvelles usines ont été établies
récemment dans les districts de Galena et de Joplin.
BIBLIOGRAPHIE DU ZINC
1859. Parran, Giles de zinc du Gard (Annales des Mines, 5° série,
te XV) prA1).
1863. Le gîle calaminaire de la Vieille-Montagne (Bullelin de la
Sociélé géologique, t. XX, p. 311).
1868. Blende d’Ammeberg (Cuyper, t. XXII, p. 421).
1872. Ledoux, Le Laurium (Revue des Deux Mondes, février).
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
16. Laur, Les Calamines (Industrie minérale, 2° série, t. V, p.275
? ? ? .
et 413).
. Oppermann, Sur la préparation mécanique des minerais de
sinc à Ammeberg (Annales des Mines, 7° série, t. XI,
p. 261).
. Csziskowski, La blende dans les Pyrénées orientales et la
région du Canigou (Industrie minérale, t. 11, p. 8 et 369). —
. De Bechevel, Sur l'industrie du zinc en Silésie (Mémoire
manuscrit à l'École des Mines).
. Simonet, Le Laurium, Etude sur les dépôts métalliques (Bul-
lelin de la Société de l'Industrie minérale, 2° série, t. I,
p. 641).
4. Béco, Zinc et cuivre aux Etats-Unis (Cuyper, t. VW, p. 129).
5. Dieulafait, Explication de la concentration des minerais de
zinc dans les terrains PTE (Comptes here PE EE
p. 815, Paris).
5. Pellé, Sur le zinc en Silésie (Mémoire manuscrit à l'École
des Mines).
2. C. De Launay, Hisloire de l'Industrie minière en Sardaigne
(Annales des Mines, 9° série, t. I, p. 511).
1. M. Bernard, Note sur le gisement de la Caunette et sur le
trailement de ses minerais (Annales des Mines, 9° série,
t. XI, p. 597).
= —— 2 — — —
à
4
:
=.
er
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 233
L'ÉTAIN ET SES MINERAIS
Propriétés physiques. — L'étain est un métal blanc ;
quand il est pur, son éclat rappelle celui de l'argent.
Frotté, il dégage une odeur désagréable de marée. Sa
ténacité et son élasticité sont faibles, sa texture est solide et
cristalline ; il est très malléable et peut être réduit en feuilles
minces sans s’écrouir ; c'estle plus fusible des métaux usuels
(2280). Il n'est pas volatil, et il cristallise en refroidissant ;
il est assez mauvais conducteur de la chaleur et de l’électri-
cilé. Densité — 7,3; chaleur spécitique — 0,05623.
L'étain est flexible ; 1l fait entendre, lorsqu'on le courbe,
un craquement caractéristique appelé « cri de l’étain », qui
semble dû au frottement de cristaux les uns contre les
autres.
Propriétés chimiques. — L'étain à froid ne s’altère que
très peu à l'air ordinaire, et, au contact des acides, il ne
donne que des sels non vénéneux s'ils sont absorbés à petite
dose. Chauffé à 200° environ, il s’oxyde à la surface en don-
nant un mélange de protoxyde et de bioxyde d'étain; à une
température très élevée, il se transforme en bioxyde avec
incandescence.
Ce métal se combine directement avec presque tous les
métalloïdes. Il décompose l’eau à 100° en présence des
alcalis avec lesquels le bioxyde d’étain peut se combiner;
au rouge, il décompose l’eau pure en donnant del'hydrogène
et du bioxyde d'’étain. Il ne décompose pas l’eau en pré-
sence des acides étendus.
Usages. — L'inaltérabilité de l’étain dans l'air et dans les
liquides usuels et l’innocuité de ses sels (absorbés à faible
dose) le font employer pour la fabrication d’une foule
d'ustensiles destinés à contenir des denrées alimentaires.
L'étain était connu dès la plus haute antiquité; il est
mentionné par Homère et par Hérodote; il était employé
Dre GÉOLOGIE APPLIQUÉE
en Chaldée, en Asie Mineure, en Égypte et aussi dans
la Gaule, en Espagne et surtout dans les Iles Britan-
niques.
On le réduit en feuilles minces dont on se sert pour
envelopper le chocolat, le thé, etc. Il sert à l’'étamage des
vases de cuivre et de fer employés pour la cuisine. Les
cuillers et les ustensiles de fer battu sont également étamés.
Une mince couche d'’étain appliquée sur de la tôle de fer
donne ce qu’on appelle le fer-blanc.
Le moiré métallique s'obtient par le lavage, avec de l’eau
régale, de la surface du fer-blanc. On enlève ainsi la couche
superficielle de l’étain, et l’on rend visible la surface cristal-
lisée d’étain et de fer qui constitue le moiré. |
Au moyen äge, l'étain jouait, dans la vie courante, un
rôle considérable : on en faisait des plats, des bassins, des
brocs, des aiguières, etc., que l’art ornementait. Denos jours
les étains d'art semblent reprendre une certaine faveur, et
les magasins de bronzes et d'objets d'art en exposent de beaux
spécimens.
Pour le rendre plus facile à travailler et aussi dans un but
de lucre, on ajoute à l'étain une certaine quantité de
plomb. Cet alliage est d'autant plus vénéneux qu'il contient
une plus grande proportion de ce dernier métal. Il est
donc prudent d'exclure les ustensiles faits de cet alliage pour
conserver des denrées susceptibles de former, avec le métal,
des sels dangereux.
Alliages. — L'étain entre dans un grand nombre d’alliages,
dont on citera seulement les principaux :
Le bronze (cuivre et étain en proportions variables), pour
cloches, statues, objets d'art, monnaies, etc. ;
La soudure de Dunes A contient 2/3 de plomb et
1 3 d'’étain;
La soudure des ferblantiers, qui est formée de 50 0/0 de
plomb et 50 0/0 d'étain :
L'alliage pour vaisselle et robinets, qui contient 8 0/0 de
plomb et 92 0/0 d'étain.
L'amalgame d'étain a longtemps servi à étamer les glaces
sous le nom de tain.
On emploie encore l'étain dans la proportion de 8 à
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 255
10 0/0 pour donner de la ténacité et de la finesse aux
caractères d'imprimerie.
Enfin il entre une petite quantité d’étain dans le laiton
destiné à la fabrication des épingles. :
Bioxyde. — Le bioxyde d'étain est employé dans la com-
position des émaux et du vernis des faïences.
La potée d'étain, dont on se sert pour. polir les marbres,
les onyx, etc., est un alliage d’étain et de plomb, calciné à
l'air et réduit en bioxyde. |
Bisulfure. — Le bisulfure d’étain, appelé aussi or mussif,
est employé pour bronzer les ornements, les statuettes en
plâtre, en bois, etc.; on en frotte les coussins des machines
électriques pour augmenter leur puissance.
Chlorures. — Le protochlorure d'’étain est employé en
teinture comme rongeant. Mélangé en quantités égales avec
le bichlorure, il produit dans une dissolution de sels d’or
un précipilé violet appelé pourpre de Cassius, dont on se sert
pour la coloration du verre et de la porcelaine.
Le bichlorure d'étain est utilisé en peinture pour rehausser
certaines couleurs et pour en fixer d'autres qui exigent un
mordant.
MINERAIS DE L'ÉTAIN
Le principal minerai d’étain est le bioxyde d’étain ou cassi-
térite (Sn0? : densité — 3 à 3,3; transparent, translucide,
opalin, brun clair à noir, insoluble, infusible), que l’on trouve
dans des filons, accompagné de wolfram et de mispickel, ou
dans les alluvions.
La stannine (sulfate d’étain) est un minéral exceptionnel.
Géogénie. — Les gisements d’étain en inclusions et en filons
sont presque toujours concentrés à la périphérie de massifs
de granulites. Les sels d'étain ont été maintenus en dissolu-
tion par les agents minéralisateurs puissants contenus dans
les granulites en fusion agissant sous pression; ils se sont
cristallisés en même lemps que les granulites et, au moment
du refroidissement de la roche, les eaux ont entraîné les
fumerolles stannifères dans toutes les fissures et fractures
antérieures ou postérieures à la venue granulitique. Il est
MS SRE HE
ge dut NC TR Le den DES rend de EEE Es dde Er cn nel ct Gas du) ro is
7 J PE . De er. Ne ne
- Le
256 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
très probable que l’étain est arrivé à l’état de chlorures ou de
fluorures volatils, ce qui l’a fait monter à la surface du bain;
les sulfures (plomb, cuivre) que l’on trouve au voisinage des
gîtes d'étain ne sont venus qu'après, alors que le magma
igné était à une température inférieure à celle du début.
L’acide fluorhydrique a dû jouer un rôle important dans la
minéralisation des gîtes stannifères, car on trouve, dans la
plupart des gîtes, des minerais fluorés associés à la cassitérite.
On reviendra sur ces considérations théoriques à propos de
la description des principaux gîtes d’étain.
GISEMENTS
L'étain ne formant que des sels insolubles a cristallisé à
l’état de cassitérite, dans des roches éruptives {granulites) ou
dans des filons et n'offre pas d'exemple de remise en mou-
vement par voie chimique; les gîtes sédimentaires d’étain
proviennent d'une concentration mécanique sous l'influence
des densités. On a donc à considérer trois catégories de
gisements : 1° ceux où les cristaux sont inclus dans la roche;
20 les filons; 3° les alluvions.
GÎTES STANNIFÈRES D'INCLUSION ET GÎTES FILONIENS
Gisements de l'Angleterre. — Cornwallet Devon. — On exami-
nera en premier lieu les gisements classiques du Cornwall (ou
Cornouailles)etdu Devon où l’on trouve la cassitérite, soit dans
desfilons proprement dits, soit dans des stockwerks, au voisi-
nage d'une granulite à mica blanc et de schistes dévoniens
souvent métamorphisés par les granulites. Il ya ici rapproche-
ment du cuivre et de l’étain dans le même gisement. De la
granulite se détachent de puissants filons d’elvan (granulite à
grains très fins), contenant de la cassitérite, de la pyrite de
fer et de la chalcopyrite; l’ensemble est recoupé par deux
systèmes de filons, l'un riche en or et en étain dirigé sen-
siblement est-ouest, l’autre, plus récent, faisant avec le
premier un angle de 90° environ.
Les mines les plus riches se trouvent sur les flancs nord
0& HR: _s'otll
É 297
ETALLURGIE
r
ES DANS LA M
z
MINERAUX EMPLOY
I
Le Manche.
= ÿ «© KI
Ë E ë È
E M ES = Qt
us i£ 6e È re
GE » HE 5 Ë Ë Ë d' spuesÉ IpnueJ È se
# ë É ÈS ASS à WIEdSpyoJ op xnejsu2 Spuell » 2}Inueup $ ÊS &
DE & < - :
À a Q ON A A SARA EE AA NAN ATA VAT ERKKKK
KR Æ ENT ARARSANN AR AR ANA AAR AAA SAS AR AAPNANARA RN. SN NT
NIK RD 212714714774 AAALAA TA AAÎTA à IA AAA S IN NS NES
NS ? ARR XL AAA DA RAS à De Land à RE NS
NZR 2 s SAR ASTRA ARRSATIR AR TARA KK KO à
sumMO i H f à MT ù À Le
so1Boyue o10Bury 2u02904q erburso dore ut À E o
2 L el lo Iobury XS12q0 °AeIPeUeq TQUISOG moureqro) MONUY CHOIX ans pop) RER etMan gl =%
EE ; JAN HODPOHEM cherie ATTLMA UMOJ JOOY UO)SPLAUG RE LEP ALRRE EE
go ÆMOy à ueluunMaI] 52 À
Ë Fi
PUQUEN UT ® IOJSUA 9p [eUL, np ‘JJEMUIO) np Juauesrs np ejeutpnyl8uor odnoy — °CR ‘OI
17
”
G
OLOGIE,
sl
“
258 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
et sud des massifs granulitiques, entre Penzame et Dartmoor,
au voisinage du contact des schistes et de la granulite. On y
trouve le cuivre et l’étain tantôt réunis, tantôi indépendants;
il existe aussi, dans cette région, des filons de plomb argen-
tifère.
A la surface, on constate l'existence d’un chapeau de fer
(gossan) assez riche en étain oxydé ; si l’on s’enfonce en pro-
fondeur, le cuivre augmente, puis disparaît entre 350 et
450 mètres pour faire place à l’étain, pour lequel il y a enri-
chissement jusque vers 625 mètres.
On distingue trois catégories de filons d’étain :
1° Lesfilons proprement dits (tinlodes) recoupant les killas,
l'elvan et la granulite ;
Puits Henriette
nn
2
TH
q
£
A
n
4
ZA Z È D ÉRRR ER
- =
#1 ts ÈS
AE A ; LL V7
Fic. 86. — Coupe de la partie supérieure de la mine Dolcoath au Cornwall
(d'après Davies).
20 Des réseaux de veines (tinfloors) répandus dans la gra-
nulite et dans les schistes (mine Dolcoath);
3° Les stockwerks, amas ou filons constitués par des séries
de veines très rapprochées, dans l’elvan ou la granulite.
A Wheal-Uny, le Great Flat Lode à, pour toit, le schiste
(killas) et, pour mur, la granulite; la fracture principale A est
remplie par des fragments de schistes chloriteux avec ciment
de quartz et de pyrite de fer; une fente parallèle présente un
remplissage argileux; la cassitérite imprègne la roche voisine.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 239
A West-Basset et à South-Condurrow, le filon est contenu
uniquement dans la granulite; A se ramifie, et H disparaît.
A Old-Huel-Vivian, le filon qui contient à la fois du cuivre
et de l’étain s'enrichit au contact de nombreux croiseurs. En
Fi6. 87. — Coupe verticale de la mine de Wheal-Uny.
résumé, la venue stannifère du Cornwall est en relations
étroites avec le contact des granulites et des schistes. Il y a eu,
après la solidification de la granulite, un mouvement de dis-
location, postérieur au dévonien, qui s’est continué pendant
longtemps. Le minéralisateur qui a pénétré la granulite
paraît être ici le fluor, bien que le fait soit moins nettement
établi qu’en Saxe.
La production de l'étain en Angleterre a été, en 1897, de
4.524 tonnes, représentant une valeur de 7.283.400 francs.
Gisements de la France. — La Villeder. — Le gisement de la
Villeder (Morbihan) se présente sous la forme d'un amas
enchevêtré de veines de quartz blanc laiteux avec inclusions
liquides formant un stockwerk analogue à celui de Zinnwald,
dans la granulite à mica blanc. La direction des filons est à
peu près celle de la ligne de contact Nord-Sud de la granu-
lite avec des schistes lustrés et fissiles probablement cam-
briens, qui sont fortement métamorphisés au voisinage de la
granulite. On peut rapprocher cette région stannifère de
celle du Cornwall ; mais le cuivre fait ici défaut. La cassité-
260 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
rite est accompagnée à la Villeder de mispickel et de blende,
de tourmaline (rare), de mica blanc, d’apatite et d'émeraude.
Il existe trois filons principaux parallèles et presque verti-
caux; la partie la plus riche se trouve au voisinage des
épontes.
On trouve aussi un peu de minerai dans les alluvions des
rivières avoisinantes.
Le gisement de la Villeder a fourni une assez grande quan-
tité d’étain ; mais actuellement les affleurements sont épuisés
et les travaux ont été abandonnés, il y a une dizaine d’an-
nées, à la suite d'un krach financier.
F16. 88. — Coupe verticale de la tranchée de la Villeder, d’après Renouf.
Il existe cependant des installations importantes à la Vil-
leder, entre autres une laverie et un puits de 200 mètres de
profondeur, qu'on avait l'intention de pousser jusqu'à
400 mètres, dans l'espoir de retrouver une zone riche en
profondeur, comme dans les gisements du Cornwall; mais le
fonçage du puits a été arrêté, faute de capitaux.
Plateau Central. — Les gisements stannifères du Plateau
Central français, analogues à ceux de la Saxe, se trouvent au
voisinage d’une granulite éruptive recoupant des gneiss et un
granite à mica blanc. Les principaux sont ceux de Vaubry
au nord de la chaîne de Blond, de Cieux, au sud de la même
chaîne, et de Montebras dans la Creuse.
A Vaubry, les systèmes de veines quartzeuses, grisâtres,
formant stockwerk dans la granulite, se multiplient et se
prolongent dans Îles gneiss et les amphibolites voisins.
nm:
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉIALLURGIE 261
La cassitérite se trouve près des épontes, accompagnée de
quartz, de wolfram, de mispickel, de fluorine, etc., avec des
traces d’or invisibles, de l’urane et du molybdène.
A Cieux (Haute-Vienne), l’étain, accompagné des mêmes
minéraux et de tourmaline, se trouve au contact des épontes
d’un filon de quartz, existant à la limite de la granulite et du
granite.
Le massif de granulite stannifère de Montebras (Creuse)
(300 mètres sur 40 mètres) contient de l’étain disséminé
(teneur — 4 à 5 millièmes), qui se concentre au mur et sur-
tout au toit.
La granulite y est entourée de granite pinitifère et est en
contact avec une granulite porphyroïde à pâte rose avec
quartz bipyramidé. Des filons stannifères recoupent ces
diverses roches.
La cassitérite est accompagnée, à Montebras, de montebra-
site, d'amblygonite (exploitée pour lithine), de wavellite, de
turquoise, d'urane et d’apatite.
Le kaolin des Colettes (Allier) contient des traces d’étain.
On citera encore en France la cassitérite tantalifère des
pegmatites de Chanteloube (Haute-Vienne), exploitée pour
feldspath.
Gisements de la Saxe et de la Bohéme. — Altenberg, Geyer,
Weiss-Andréas, Zinnwald, Schlaggenwald, Graupen. — On a
trouvé, dans la région aujourd’hui épuisée de l’Erzgebirge, sur
la frontière de la Saxe et de la Bohême, de nombreux amas ou
stockwerks ; les veines y sont très nombreuses et imprègnent
à leur voisinage, la granulite, dont la teneur reste d’ailleurs
peu élevée. Certains de ces amas ont une étendue considé-
rable, notamment ceux de Zinnwald (1.350 mètres de long sur
300 mètres de large) et d’Altenberg (900 mètres >< 900 mètres).
A Altenberg, le stockwerk stannifère se trouve au milieu
d'un massif de granulite sur lequel il a produit un métamor-
phisme spécial en formant un zwitter (ou stockwerksporphyr).
Le zwitter est une roche foncée formée de mica et de quartz
avec grains de cassitérite, de mispickel, de bismuthb natif, de
fluorine, etc.; sa teneur en étain varie de 1/3 à 1/2 0/0.
Le zwitter, ainsi que le porphyre et la granulite voisins,
sont recoupés par des filons remplis par la roche encais-
262 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sante; celle-ci est altérée et ferrugineuse et contient de
l'argile rouge avec du mica ; les épontes sont riches en étain.
À Geyer, gisement analogue à celui d’Altenberg, on trouve
des veines de quartz et de cassitérite au contact de mica-
schistes et d’une granulite enveloppée d’une zone métamor-
phisée à cristaux gigantesques (stockscheider).
On rencontre du kaolin dans certaines parties de ce gise-
ment. |
Dans la même région, à Zinnwald, la granulite stannifère à
grains fins est souvent kaolinisée et renferme des inclusions
d'hyalomicte; elle forme, au milieu d'une masse de porphyre,
un dôme surbaissé, dont le sommet a été enlevé à l’affleure-
ment. Les filons, qui correspondent à des fentes de retrait,
sont horizontaux sous la partie supérieure du dôme de gra-
nulite et plongent ensuite doucement dans tous les sens.
D'autres filons verticaux, de direction N.-E.-S.-0., rejettent
les premiers. e
On peut citer enfin les filons de quartz et de cassitérite de
Graupen et les veines de granulite elvanique stannifère avec
stockwerks de Schlaggenwald.
La production de l'Allemagne a été de 929 tonnes d’étain
métallique en 1896.
Gisements de l'Espagne et du Portugal. — Galice, Zamora. —
Dans la province de Galice à l’est d'Orense, au voisinage de
.Vianna del Bollo, ainsi qu'à Zamora (Portugal), des granulites
en massif contiennent de l’étain en faible quantité, comme
à Montebras.
En Espagne, les principales mines d'étain sont dans la
Galice. Celles des provinces d’Orense et de Santiago sont
difficiles à exploiter, à cause du manque de moyens de
transport.
A San-Luis de Potozzi, en Amérique et en Bolivie
(5.994 tonnes en 1897), l'étain, contemporain du tertiaire, se
trouve au milieu de trachytes.
Dans l'ile d'Elbe, aux États-Unis, au Mexique (39 tonnes en
4895), au Japon (50 tonnes en 1896) et en Chine, on trouve
aussi quelques gisements filoniens d’étain. Ceux de la Chine,
en général assez mal exploités, semblent être cependant très
importants.
PL RE PE NT ST |
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 263
GITES D'ALLUVIONS
Gisements des Détroits d'Australie et d'Indo-Chine. — Les
alluvions des Détroits d'Australie et d'Indo-Chine fournissent
aujourd'hui la plus grande partie de l’étain consommé.
. Dans ces gisements, les sables stannifères provenant de la
désagrégation des granulites vont se concentrer, grâce à leur
densité élevée, dans des alluvions distantes d'environ un kilo-
mètre, des chaînes de montagnes.
Les principaux gisements des Détroits sont ceux de Bangka,
de Billiton et de Pérak.
Bangka et Billiton. — A Bangka (île située entre Sumatra
et Bornéo), Fétain très pur (99,96 d'étain) est fourni par une
couche de 1 mètre de puissance, reposant sur des granulites,
des granites et des schistes métamorphiques et recouverte
par des sables et des argiles. Il ne reste à Bangka et à Billiton
que 200.000 tonnes de minerai environ à extraire, dont le
dixième se trouve à Billiton. La production est de 13.000 tonnes
environ par an (14.224 tonnes en 1897).
Pérak. — À Pérak (presqu'île de Malacca), la couche stan-
nifère (2 à 3 mètres), recouverte de terre végétale et d'allu-
vions pauvres (3 à 7 mètres), repose sur un sous-sol kaoli-
neux supporté par des roches granitiques en place. Sa
teneur varie de 1 à 6 0/0, mais elle atteint rarement 6 0,0.
L'exploitation a lieu par tranchées à ciel ouvert, perpen-
diculaires à l'axe de la vallée. Après débroussaillement de
la jungle, on rejette le stérile en arrière, et le minerai est
monté à dos d'hommes jusqu'aux ateliers de lavage.
Le prix du mètre cube de terres remuées s'élève jusqu’à
5 fr. 75, bien que la main-d'œuvre soit à bas prix; mais les
coolies chinois, dont les exigences sont minimes, donnent
souvent un rendement très faible. Le prix de revient de la
tonne d'étain métallique est, en moyenne, le suivant :
NE 2
264 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Francs
Abatage, extraction, épuisement ..:....2° 875
Préparation mécanique....... HÉTORSSMME RE 42
MÉtAlIUEnIe ACER D 62e 233
Amortissement, ransport à l'embarquement... 50
Redevances à l'État. M NE ER = TRE 320
TOTAL: 5 Eee 1.520
En 1881, le prix de vente a dépassé 2.000 francs, et la pro-
duction a été de près de 10.000 tonnes, ce qui égalait celle du
Cornwall et du Devonshire.
A Pérak, quelques filons d’étain en réseau très serré
recoupent un granite blanc, à tourmaline, très peu micacé.
Ces filons n’ont jamais été exploités. Les alluvions seules
sont utilisées.
Ces gisements se prolongent dans la péninsule Malaise
jusqu'à la latitude de Bangkok; mais le sud-ouest est plus
productif.
Les Détroits ont produit, en 1896, 53.964 tonnes d’étain
métallique.
Gisements de l'Australie. — En dehors des gîtes des Détroits
on peut citer, en Australie, comme gîtes d’alluvions, ceux
de Vegetable Creek dans la Nouvelle-Galles du Sud, et de
Levern-River dans le Queensland.
On doit ajouter qu'en Australie on exploite, depuis environ
vingt-cinq ans, des gîtes stannifères avec quartz et granite
euritique (Victoria), ou bien avec quartz et granite rougeûtre
à mica blanc (Queensland). Dans la Nouvelle-Galles du Sud,
l'étain, accompagné de wolfram, de topaze et de tourmaline,
est associé à du granite.
En Tasmanie, on exploite les filons d’étain dans une eurite
porphyrique. Les principales mines d’étain de Tasmanie sont
celles de Mount-Bischoff et de l'Anchor Tin Mining C; la
Mount-Bischoff C° à distribué, depuis sa fondation jusqu'au
30 juin 1897, plus de #1 millions de dividendes: elle a produit,
dans le premier semestre de 1897, 1.205 tonnes d’étain métal-
lique, obtenues par le traitement de 1.750 tonnes de minerai.
En Australie, la production de l'étain a été la suivante,
en 1896 : 3
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 265.
: Tonnes Frances
MAI... <. -: 3.867 valant 4.021.975
Nouvelle-Galles du Sud. US — 2.480.300
LLERTE EU SSSR 1.579 — 1.556.925
RL 5... 4T — 45.525
La production de l'étain dans le monde entier a été de
82.000 tonnes environ en 1896. A la fin de 1899, l’étain valait
2,800 francs la tonne.
BIBLIOGRAPHIE DE L’ÉTAIN
. Daubrée, Sur Zinnwald et Allenberg (Annales des Mines,
t. XIX, p. 61, 72 et 83).
. Daubrée, Gîtes d'étain (Annales des Mines, 3° série, t. XX,
p. 65: voir aussi Annales des Mines, 4° série, t. XVI p. 29).
. Mallard, Sur la découverte de l’élain à Montebras (Bulletin
de la Sociélé des sciences naturelles de la Creuse).
. Mallard, Giles slannifères du Limousin et de la Marche
(Annales des Mines, 6° série, t. X, p. 321).
. Le minerai d'élain dans l'Amérique du Nord (Bull. Annales
des Mines, 6° série, t. XVIII, p. 572).
. Daubrée, Sur le kaolin stannifère de la Lizole et d'Echas-
sières (Comptes Rendus, 10 mai 1869).
. De Gouvenain, Sur l’étain d'Echassières (Comptes Rendus,
t. LXXIV, p. 1032).
. Sur l'élain des Détroits (Annales des Mines, 1° série, t. IX,
p. 119).
. Dufréné, Sur l’histoire de la production et du commerce de
l'élain (Annales du Génie civil).
. Errington de la Croix, les Mines d’élain de Perak (Archives
des inissions, 3° série, t. IX).
. Moissenet, Etude sur les filons du Cornwall (Annales des
Mines).
. Reilly, Sur les gisements de l'étain au point de vue géologique
(Comptes Rendus, t. CIV, p. 606).
. De Morgan, Note sur la géologie et sur l’industrie minière
du royaume de Perak et des pays voisins (Malacca) (Annales
des Mines, 8° série, t. IX, p. 368).
. Errington de la Croix, les Mines d'élain de Sélangor (pres-
qu ile Malaise) ef les Concessions d’Ayer-Slain.
. F. Schiff, Les Mines d'étain de Mount-Bischoff en Tasmanie
(Génie civil, t. XXX, p. 167).
. Bel, Les Giles minéraux de l'Indo-Chine centrale (Bulletin de
l’industrie minérale, 3° série, t. XII, p. 381).
WT TOR
SR MRONNES PrS ET AN En à. s CAPES EE UE D DEEE He mt
LE 2: k ; - DRE NT PT Er PC RSC D
TETE = au: 2 pt ; >
266 _ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
LE NICKEL ET SES MINERAIS
Propriétés physiques. — Le nickel est un métal blanc gri-
sâtre à cassure fibreuse, très dur, ductile, laminable, for-
geable et très tenace; il est moins fusible quele fer; sa den-
sité, qui est de 8,3 quand il est fondu, peut s'élever à 8,7 par
l’écrouissage; chaleur spécifique — 0,10863. Le nickel con-
duit assez bien la chaleur et l'électricité. Il est magnétique
à la température ordinaire et perd cette propriété vers 2500.
Propriétés chimiques. — Le nickel ne s’oxyde à l'air qu'à
une température élevée. Sous l'influence de la chaleur, il se
combine avec le charbon et donne une espèce de fonte. Ilse
combine avec le chlore, le soufre et l’arsenic, et se dissout
dans les acides sulfurique et chlorhydrique.Comme le fer, le
nickel, provenant de son oxyde réduit par l'hydrogène, est
pulvérulent et s’enflamme au contact de l’air.
Usages. — A l'état de métal pur, le nickel est employé
pour la fabrication des monnaies d'appoint et pour celle des
ustensiles de cuisine. L'orfèvrerie fabrique des pièces de
nickel pur argenté.
Alliages. — Divers États emploient, pour la fabrication de
leurs monnaies d'appoint, un alliage formé de 25 0/0 de
nickel et de 75 0/0 de cuivre. La France doit frapper en.
1900 des pièces de nickel de 0 fr. 20. Ce même alliage sert
actuellement pour la confection des étuis des balles de petit
calibre.
L'alliage appelé maillechort, ou packfong, utilisé pour la
fabrication d'une foule de petits objets de coutellerie, d'hor-
logerie, etc., est composé de 50 0/0 de cuivre, 25 0/0 de zinc
et 25 0/0 de nickel. Cet alliage est encore employé sous le
nom d’alfénide où de ruolz, pour la confection de couverts et
d'objets divers (orfèvrerie Christofle), qu'on recouvre d'argent
par électrolyse. Le nickel entre dans la composition de
l'argent allemand et dans beaucoup d’alliages utilisés par
l'industrie. ?
On a créé, depuis 1884, sous le nom de ferromaillechorts, des |
maillechorts dans lesquels le fer remplace le zinc.
$ LPLAER TX > tt à
> .
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 267
On emploie dans l'équipement militaire, dans la sellerie,
ainsi que pour les fils de résistance électrique, les cäbles, etc.,
un alliage composé de 11/12 d'acier et 1/12 de nickel.
Enfin la métallurgie emploie le nickel dans la proportion
de 1! à 5 0/0 de nickel, pour la fabrication des aciers destinés
au blindage des navires et employés pour les grosses pièces
de forge, pour les outils, les pièces de machines et les abris
contre la mousqueterie. Les plaques de protection du nou-
veau canon de campagne francais de 0,075, faites avec cet
alliage, peuvent être bosselées, mais non traversées par les
balles des fusils modernes, tirées à 500 mètres de distance.
Chlorure. — Le chlorure de nickel est utilisé pour la fabri-
cation d'encres sympathiques. (Les caractères tracés avec
l'encre à base de chlorure de nickel, invisibles à froid, appa-
raissent en jaune intense lorsqu'ils sont chauffés et dispa-
raissent en refroidissant.)
Sulfate. — Pour le nickelage destiné à préserver, contre
l'altération à l'air, certains métaux oxydables, on emploie le
sulfate double de nickel et d'ammoniaque décomposé par
l'électrolyse.
MINERAIS DU NICKEL
IL s'est produit, dans la métallurgie du nickel, diverses
phases dues aux découvertes successives de minerais nou-
veaux. On exploitait uniquement, il y a cinquante ans
environ, les arséniures et les arsénio-sulfures dont les
principaux sont la nickeline (NiAs), appelée aussi nickel
arsenical ou kupfernickel et tenant de 40 à 55 0/0 de nickel.
Ce minerai, qui abonde en Saxe, dans le Cornwall, etc., est
souvent accompagné d’annabergite [arséniate hydraté de
nickel (HI6NiÿAs?2016)}, qui se présente en masses cristallisées
et fibreuses, et de chloanthite ou nickel gris (arséniure de
nickel NiAs), d'un gris métallique à enduit vert, fusible sur
le charbon, soluble dans l'acide azotique.
On découvrit ensuite la présence du nickel dans les
pyrites de fer magnétique, qui en contiennent de 3 à 5 0/0
(Écosse, Suède, Piémont).
ET ANS CN AE er ES rente QE NE
268 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La découverte du minerai de la Nouvelle-Calédonie, en
1876, introduisit sur le marché le métal provenant du trai-
tement de la garniérite, qui est une variété de pimélite
(silicate d'alumine nickélifère de couleur verte), contenant
de 8 à 12 0/0 de nickel à l’état cru.
Il y à une dizaine d'années enfin, l'application du procédé
Manhès aux pyrites nickélifères, dont on venait de découvrir
d'importants gisements, marquait une nouvelle phase dans
le développement de l'industrie du nickel. Les pyrites de
nickel cobaltifères sont soumises à un grillage incomplet,
qui sépare le cobalt etle soufre; on peut les traiter ensuite
par le silicate de potasse; le nickel non soluble tombe au
fond sous forme de speiss.
La plupart des minerais du cobalt, qu'on étudiera dans un
chapitre ultérieur, contiennent du nickel en quantité sou-
vent exploitable.
GÉOGÉNIE ET GISEMENTS
Le nickel est, comme le fer, un métal de profondeur qui
est parvenu à la surface à l’état d'inclusion dans des roches
ferrugineuses et magnésiennes. On le trouve associé à des
roches vertes, diorites, gabbros, péridotites, souvent trans-
formées en serpentines ; il est parfois accompagné par de la
chalcopyrite, de la magnétite et du fer chromé en faible
proportion.
Les gisements d'hydrosilicates ont été formés par concen-
tration des éléments nickélifères des roches, grâce à l'in-
fluence de phénomènes, postérieurs ou non à leur solidifica-
tion. Les pyrrhotines nickélifères ont été produites par
l'action de venues hydrothermales sulfurées, sur les ser-
pentines et les gabbros. Enfin, dans les champs de frac-
tures compliqués, dont il sera question à propos du Harz
et de la Saxe, on rencontre le nickel mélangé à d’autres
métaux. Ce sont ces derniers minerais qui sont les moins
riches (3 à 4 0/0 au maximum); puis viennent ensuite, par
ordre de richesse croissante, la pyrrhotine et les hydrosi-
licates.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 269
I. — SILICATES DE NICKEL
Gisements de la Nouvelle-Calédonie. — Sur la côte est et
‘dans le sud de l’île de la Nouvelle-Calédonie, on trouve un
vaste massif de serpentines et de schistes serpentineux
dans lequel sont réunis des gisements de nickel, de cobalt
et de fer chromé. Il existe dans le flanc des collines, des
nappes d'argile rouge provenant de la décomposition des
serpentines et d’amas de minerai de fer. Le minerai de
nickel est un silicate hydraté magnésien (garniérite) de
couleur vert pomme à l'état pur, probablement produit par
l’action des eaux sur les roches. On le trouve dans les
fissures de la serpentine, le long de vasques argileuses ana-
logues à celles qui, dans le Nassau, renferment du phos-
phate et du manganèse. Le gisement renferme des couches
-Mnerai de fer colithique
_ Argiles rouges bigarrees F4
_- Couche de manganèse cobaltifere
NINS
SSII
Fi6. 89. — Coupe verticale de la mine Persévérance (Nouvelle-Calédonie).
de manganèse cobaltifères, des amas de minerai de fer ooli-
tüique et des grains de fer chromé (chrome d'alluvions des
mineurs). On distingue en Nouvelle-Calédonie trois types
de minerais :
1° Les minerais durs, vert d'émeraude, contenant 20 0/0
de NiO et 5 0/0 d’eau;
GÉOLOGIE APPLIQUÉE |
2° Les minerais un peu friables, vert jaunâtre, contenant
12 à 15 0/0 de NiO, et 12 à 15 0/0 d’eau;
3° Les minerais très friables, blanc bleuâtre, contenant 6 à
8 0/0 de NiO, et 20 0/0 d’eau.
Les principaux districts miniers sont ceux de Thio
(mines Santa-Maria, Moulinet, Rosa, Belvédère, Benaucourt),
de Nakety (mines Boulangère, Bienvenue), de Kanoua (mine
Dorée) et de l’île des Pins.
Les terrains que l'on rencontre en Nouvelle-Calédonie
sont les suivants :
Au nord, terrains schisteux anciens, avec schistes quart-
zeux et talqueux ;
A l'ouest, terrains secondaires et tertiaires avec schistes
houillers et houille.
A l’est et au sud, serpentines avec nickel, cobalt et chrome.
Le nickel se rencontre en silicate hydraté magnésien en
concrétion ; mais onne le trouve ni sulfuré ni arsénié.
Le minerai déposé par les eaux contient:
Pour 100
NICREI RE PES ER Eee 26
Masn és 2e. EE RS ER EEE 15
SIHBG ESSENTIEL CORRE EC PR EEE 45
DEN PP ET RE D PR UE à à Fee 13
JE SSP PE AR Re RP ER MR ER 3
400
Le minerai trié et lavé contient 10 à 20 0/0 de nickel, avec
une gangue de serpentine renfermant 1 à 2 0/0 de nickel.
Des vasques remplies d'argile rouge, au bord de la mer (qui
désagrège les roches et forme le sugar-rock), renferment,
en stratification confuse, des minerais de fer à la surface, et,
en dessous, du manganèse cobaltifère et, moins fréquemment,
du nickel qui se trouve, en profondeur, au contact de ser-
pentines fissurées, notamment à la mine Gasconne (fig. 90).
La concurrence du Canada a fait diminuer la production
de la Nouvelle-Calédonie, qui a exporté en 1896 : 37.467 tonnes
de minerai de nickel (au lieu de 45.614 tonnes en 1893);
et les propriétaires des mines de Katepehai offraient, en 1897,
le minerai (teneur: 80/0) à raison de 13 fr. 75 l'unité, franco
RE RE EN A EM SE EN PP DRE TL
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE Gr |
bord dans un port américain quelconque. La mine de Si
Reis (Louis Bernheim), située à 45 kilomètres de la côte
ouest à laquelle elle est reliée par une voie ferrée, a embar-
qué, en 1897, environ 1.000 tonnes de minerai par mois.
NN
> Minerai de chrôme filonien
NT ZA Minerai de chrôme allurionnare
LÉ
NS NN _… NS 0
\\\ NN
Fic. 90. — Coupe verticale de la mine Gasconne (Nouvelle-Calédonie),
d'après M. Levat.
L'exploitation du nickel de la Nouvelle-Calédonie, en 1889,
comportait deux usines et occupait 1.000 ouvriers. La pro-
duction y était, à cette époque, de 20.000 tonnes. En 1893, la
production était de 69.614 tonnes, et, en 1895, elle n'était
plus que de 29.623 tonnes.
L'aftinage se fait en Europe, au Havre notamment.
Gisements divers d'hydrosilicates. — En Espagne, près de
Malaga, il existe un gisement de pimélite tenant 9 0/0 de Ni.
En Russie, à Rewdansk, près d'Ekaterinenbourg dans l’Oural, il
existe un filon vertical de 2 mètres de puissance recoupant
des chloritoschistes et des serpentines, et rempli de quartz
avec pimélite (120/0 de nickel) et anabergite. Enfin on trouve
également du nickel dans des roches vertes, en Nouvelle-
Zélande.
On peut citer d’autres gisements de silicate de nickel
4
5
ee nt de En, he CE 5: *-%
À : ARE. DATE pt
272 _GÉOLOGIE APPLIQUÉE
(pimélite) aux États-Unis, dans le sud de l’Orégon (comté
de Douglas), et en Californie, où ils sont associés au cinabre
dans les serpentines et les schistes serpentineux de New-
Almaden.
Il n'y a pas actuellement de mines d'hydrosilicates de
nickel exploitées aux États-Unis, celles de Lancaste-Gap
étant fermées. Le nickel métallique produit aux États-Unis
provient des speiss de nickel et de cobalt résultant du trai-
tement des minerais de plomb de Mine-la-Motte et de gise-
ments étrangers. ‘
IT. — PYRITES MAGNÉTIQUES NICKÉLIFÈRES
Gisements de l'Italie. — On trouve, en Italie, dans le Pié-
mont, des gisements de pyrrhotine nickélifère contenant
souvent un peu de chalcopyrite; ces minerais sont en relation
avec des serpentines, des diorites et des euphotides (mines
de Mont-Cruvin, de Besighetto, de Mezzenile et de Cabianca).
Dans le val Lesia, on peut citer les mines aujourd'hui aban-
données de Varallo, Valmaggia, Cevia, Locarno et Parone.
La teneur maxima était de 4,5 0/0 de nickel, à Varallo;
à Locarmo et à Parone, où la pyrrhotine était accompagnée
de sulfure de nickel, de chalcopyrite, de magnétite et de
limonite, la teneur atteignait 5,5 à 60/0; les filons s’y trou-
vaient au contact de diorites et autres roches vertes avec des
gnelss.
Sardaigne. — 11 existe à Gonos-Fanadiga, dans le district
d'Iglésias, un filon quartzeux recoupant des schistes siluriens
et renfermant de la nickéline, de la millérite et des arsénio-
sulfures avec de la pyrrhotine nickélifère. La teneur, qui est
de 7 0/0 aux affleurements, atteint 20 0/0 à 20 mètres de pro-
fondeur ; les teneurs en cobalt et en bismuth augmentent de
2 à5 0/0.
Gisements d'Allemagne. —- On trouve dans les mines d’Hor-
back et d'Urberg (Bade), au milieu des schistes dioritiques, de
la pyrrhotine tenant 2,5 0/0 à 12 0/0 de nickel associé à de la
pyrite et à de la chalcopyrite: on y trouve aussi des mine-
rais spéciaux de nickel et de colbalt, tels que la wolfachite
_ salt
+
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE Y1d
[2NiS? + 3 Ni (AsSb)] et l'horbachite [(FeNi)?S3]. A Saint-Blasien,
dans la Forêt-Noire, on a exploité autrefois (1870 à 1880)
des minerais tenant 2 0/0 de nickel.
Gisements de la Scandinavie. — On trouve en Scandinavie,
au Canada, etc., les minerais sulfurés, tels que la magnétite,
la chalcopyrite, la pyrrhotine ou pyrite magnétique nické-
lifère, concentrés autour des gabbros ou dans les fahlbandes
{zones de schistes broyés).
L'exploitation des pyrrhotines nickélifères de Scandinavie,
arrêtée à la suite de la découverte des minerais de Nouvelle-
Calédonie, a repris depuis quelques années une certaine
importance.
Les principales mines étaient, en Norwège, celles de Rin-
gérike et de Bamble près de Skien.
A Ringérike, la pyrrhotine nickélifère forme des imprégna-
tions lenticulairesdans desschistes amphiboliques et des mica-
schistes.
On extrait, de la pyrite magnétique, 2 0/0 de nickel et des
pyrites de fer et de cuivre.
A Ronsas, dans le Smalène, on trouve la pyrrhotine et la
chalcopyrite concentrées au contact et à l’intérieur d’un
gabbro recoupant des schistes. Enfin la présence des pyr-
rhotines nickélifères a été constatée aux environs de Kragero
et de Christiansand.
En Suède, on a exploité, dans les gneiss de Klefva (Sma-
land), de la pyrite magnétique en imprégnations, tenant en
moyenne {,5 0/0 de nickel. Près de Sagmyra, entre Falun et
le lac Siljan (Kopparberg), on a exploité des filons de pyrite
magnétique contenant, à Stattberg, 0,25 0/0 et, à Kusa, 0,75 0/0
de nickel.
La production en Scandinavie a été la suivante:
Minerai :
Tonnes Francs
En 1890, 8.181 représentant une valeur de..... 251.100
189%, 2.355 — TN à 12.000
Métal:
Tonnes Francs
En 1890,- 71 représentant une valeur de..... 236.250.
489%, 103 — en 317.250
GÉOLOGIE. 18
LA
274 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements du Canada.— On trouve, près de Sudbury (Ontario),
des amas lenticulaires de pyrrhotine et de chalcopyrite, en
contact avec des diorites qui souvent forment la gangue.
Le minerai, qui tient de 3 à 4 0/0 de nickel, est exploité
à ciel ouvert ou par galeries.
Au Canada, il existe d’autres gisements Te ue
nickélifère dans les serpentines d'Oxford et dans le‘cal-
caire magnésien de Sterry-Hunt où le nickel (3 à 4 0/0) est
accompagné de blende et de fer chromé.
- L'Oxford Copper C°, à Bayonne, traite des mattes du
Canada; elle possède la seule usine produisant du nickel, de
l'oxyde de nickel et du sulfate de nickel, en dehors des
American Nickel Works, à Camden, qui produisent, en plus,
de l'oxyde de cobalt.
Au Canada, le district de Sudbury (Ontario) a produit,
de 1891 à 1897, 540.000 tonnes de minerai, dont 477.000 envi-
ron ont été fondues sur place et ont fourni du nickel, du
cuivre, du cobalt et du platine. Les principales mines, qui
appartiennent à la Canadian Copper C°, sont : Travers mine
(Drury), Copper-Cliff mine et Vermillion mine.
La production du nickel au Canada, avait été, en 1894,
de 2.225.995 kilogrammes, valant 9.354.790 francs; elle a été,
en 1897, de 1.813.321 kilogrammes, valant 6.995.8880 francs.
‘-Gisements des États-Unis. — Aux États-Unis, certaines
pyrrhotines nickélifères mêlées d’arséniures, telles que celles
de la mine Wallace sur le lac Huron, sont très riches en
nickel (jusqu'à 14# 0/0). En Pensylvanie, où les mines sont
nombreuses, la mine Lancaster Gap fournit des pyrites tenant
de 1,5 à 2 0/0 de nickel. On peut citer aussi les mines de
Troy (Vermont), de Texas (Pensylvanie) et de la Motte
(Missouri).
À Chatham, près de Middletown (Connecticut), on exploite
des arséniures riches en nickel et en cobalt (teneur maxima,
9 0/0) ; enfin le traitement des minerais de cuivre du lac
ce fournit des speiss nickélifères, que l'on traite
notamment à Camden, près de Philadelphie,
On a trouvé des minerais de nickel dans la République
Argentine (pyrrhotine nickélifère et chalcopyrite de la
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 275
Sierra de Salamanque), au Chili (mines de Huasco-Chanar-
chillo, Atacama), en Sibérie et aux Indes (région de l’Arvali:
Oodeypoore).
III. — ARSÉNIURES ET SULFURES DE NICKEL
Gisements de la France. — En France, les minerais de
nickel (niccolite et rammelsbergite) d'Allemont (Dauphiné) et
du Mont-d’Ar, près des Eaux-Bonnes, sont inexploités.
Gisements de la Suisse. — Le Valais renferme un certain
nombre de gisements de nickel; ceux du Val d'Annivier,
près de Sierre, fournissent un exemple de fahlbandes
pyriteuses analogues aux brandes de Schladming; on ÿ trouve
de la chloantite, de la nickéline, de la cobaltine, du mispickel
cobaltifère, du bismuth natif, etc.
Sur d’autres points du Valais, au Kaltberg, à Plantorenz, à
Zerbitzen, à Gand Paz, à Gollyre, on trouve un minerai formé
de niccolite, de rammelsbergite, de cobaltine, etc., riche en
nickel. d
Gisements de l'Allemagne. — On trouve, en Allemagne et
surtout en Saxe, dans les mines des environs de Lindenau,
Schneeberg, Zschorlau et Neustättel, un grand nombre de filons,
dans les micaschistes et les phyllites, où le nickel et le cobalt
sont associés avec des minerais de plomb et d'argent sous
forme d’arséniures et de sulfures, tels que la niccolite, la
gersdorfite (NiS? + NiAs?), la millérite (NiS?), la chloantite
[{NiCoFe) As S?),
A Markirch (Vosges) et à Sciltbach (Forêt-Noire), le nickel
et le cobalt se trouvent, dans des filons, associés à l'argent.
Des filons quartzeux nickélifères recoupent les schistes
micacés à Nieder Regensdorf (près de Liegnitz), dans le
Riesengebirge et près de Gerbstädt, Sangerhausen et Hettstädt,
dans le Mansfeld.
D’autres filons contenant des minerais de nickel, de cobalt,
de plomb, de cuivre et de bismuth, recoupent le dévonien
moyen près d'Altenrath, et le dévonien inférieur à Busenbach,
Schônstein, Wingershardt, Müsen (Siegen) et à Rohnard.
À Nanzenbach, près de Dillenburg (Nassau), la mine Hülfe-
276 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gottes a fourni autrefois un minerai formé de dolomie avec
sidérose, chalcopyrite, millérite, bismuthine, pyrite de fer,
hématite rouge et quartz.
La production du nickel en Allemagne a été de 820 tonnes
en 1896. ;
Gisements de la Hongrie. — A Dobsina (Hongrie), on exploite
des filons situés au contact de phyllades quartzifères verts et
d'un gabbro très broyé qui, par endroits, s’est transformé en
serpentine. Les filons, peu distincts de la roche encaissante,
ont jusqu'à 8 mètres de largeur et fournissent un minerai
dont la teneur atteint 17 0/0 de nickel et 5 0/0 de cuivre; la
gangue est soit de la sidérose,soit de la calcite.
Gisements de la Styrie. — Le gisement de Schladming (Styrie)
est rendu intéressant par la présence de brandes (fahlbandes,
en Suède), c'est-à-dire de zones de schistes métamorphisés
très riches en sulfure de nickel ou d'argent; les brandes
s’enrichissent aux points où elles rencontrent des filons. Il
existe à Schladming six brandes principales contenant de la
pyrite, de la pyrrhotine et du mispickel; leur largeur varie
de 02,50 à 30 mètres. Les filons sont à gangue calcaire et
contiennent des nids de cuivre gris, de mispickel et de
minerais argentifères; aux points où ces filons recoupent
les brandes, on trouve des poches de minerai de nickel formé
de nickeline, de cobaltine, de chloantite, de smaltine, etc.
La teneur du minerai trié est de 1 0/0 de nickel et de 0,5
à 4 0/0 de cobalt.
Les mines de Leogang (Salzbourg) fournissent des arsé-
niures de nickel accompagnés de pyrites nickélifères ou
cobaltifères.
Gisements de la Grande-Bretagne. — On peut citer encore
les minerais de nickel de Merthyr Tydwil (Angleterre) et de
Craigmiur près d'Inverary (Écosse), où l'on trouve un
minerai spécial, la pentlandite (NIS + nFeS), contenant de
7 à 22 0/0 de nickel. Le calcaire carbonifère du Flintshire
contient également de nombreux amas de cobalt nickélifère
(mine de Voel Hiraddog). La production du nickel en Angle-
terre a atteint environ 2.000 tonnes en 1896.
Gisements de l'Espagne. — On trouve, en Espagne, des
minerais de nickel, dans la Galice (près du cap Ortegal)
ra a a:
LR RC" ton.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 271
[zaratite Ni? (H0*)C0? + 4Aq]; on en trouve aussi à Gistain
dans les Pyrénées (province de Huesca) et près de Malaga
-(pimélite à 9 0/0 de nickel).
Le prix du nickel, en 1880, était de 12 francs le kilogramme ;
aujourd'hui le prix est descendu à 5 francs, mais la consom-
mation s'est beaucoup accrue.
BIBLIOGRAPHIE DU NICKEL
. Heurteau, Richesses minérales de la Nouvelle-Calédonie
(Annales des Mines, 1° série, t. IX, p. 235).
. Mines de nickel de la Nouvelle-Calédonie (Cuyper, t. XXXIX,
p. 135).
. Ratte, Roches el Gisements mélallifères de la Nouvelle-Calé-
done.
. Luc Léo, Le Nickel en 1880 à la Nouvelle-Calédonie.
. Deshayes, (îles métallifères des Alpes valaisannes (Génie
civil).
. Porcheron, Nickel en Nouvelle-Calédonie (Industrie minérale,
2 série, t. XIV, p. 89).
. Garnier, Nolice historique sur la découverle du nickel en
_Nouvelle-Calédonie (Industrie minérale, 2° série, t. XIV,
p- 126).
. Garnier, Les Gisements de cobalt, nickel, chrome el fer en
Nouvelle-Calédonie (Sociélé des Ingénieurs civils).
. Garnier, Mines de nickel, cuivre el platine du district de Sud-
bury Mémoire de la Société des Ingénieurs civils, mars 1891).
. Sella, Sur la présence du nickel natif dans les sables du
torrent Elvo, près de Biella (Piémont) (Comptes rendus de
l'Académie des Sciences).
. L. Pelatan, Les Mines de la Nouvelle-Calédonie (Génie civil,
t. XIX, p. 351, 369, 336, 406 et 439, et t. XXI, p. 327, 341,
360).
278 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
À LE MANGANÈSE ET SES MINERAIS
Propriétés. — Le manganèse est un métal d’un gris blan-
châtre, dur et cassant, rayant l'acier et le verre. Il possède
une certaine ténacité et se laisse entamer par la lime. Den-
sité — 7,2 environ; chaleur spécifique — 0,1217.
Le manganèse pur est inaltérable à l’air sec à la tempéra-
ture ordinaire; chauffé, il est rapidement recouvert d’une
couche d'oxyde. Il se délite au contact de l'air humide et il
décompose l’eau à 100°. Les acides étendus le dissolvent avec
dégagement d'hydrogène.
Usages. — Les propriétés défectueuses du manganèse ne
permettent pas d'en tirer parti à l’état pur. On n’emploie dans
l’industrie que quelques-uns de ses alliages et de ses com-
posés.
Alliages. — On obtient un bronze manganésé, susceptible
de résister à une forte tension, en mélangeant 11 0/0 de
manganèse au cuivre raffiné du Mansfeld.
Un mélange de 88 parties de cuivre, avec 6 parties d’étain,
3 de zinc et 3 de cupromanganèse, donne un alliage qu'on
peut courber à angle droit sans qu'il se produise de fissure.
En réduisant des mélanges d'oxyde de manganèse et de
minerais de fer, on obtient des ferromanganèses employés
pour la transformation du fer en acier par le procédé Thomas.
On produit un métal très dur, mais se travaillant encore
avec assez de facilité, avec un alliage de 80 0/0 de cuivre,
10 0/0 d'étain et 10 0/0 de manganèse.
Principaux composés : bioxyde. — Le bioxyde de manga-
nèse, ou pyrolusite, est employé dans les verreries. A faibles
doses, sous le nom de savon des verriers, il sert à blanchir
le verre coloré par le fer et les matières charbonneuses. A
dose plus élevée, il donne au verre une belle teinte violette.
Il sert encore à la préparation de l'oxygène et à celle du
Re } à
+ REP ETES
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 279
chlore. Enfin, par l'ébullition, il rend siccatives les huiles
employées pour délayer les couleurs.
Permanganate de potasse. — Le permanganate de potasse
se prépare en chauffant ensemble dans un creuset de fer
deux parties égales de bioxyde de manganèse et de chlorate
de potasse avec une partie un quart de nitre dissous dans un
peu d'eau. Le permanganate de potasse (caméléon minéral)
est employé pour reconnaître et doser l’acide sulfureux qui
peut se trouver dans l'acide chlorhydrique du commerce.
Le permanganate, qui est employé aussi comme oxydant,
transforme l'acétylène en acide oxalique à la température
ordinaire.
MINERAIS DU MANGANÈSE
Le manganèse se trouve dans la nature à l’état d'oxydes,
de carbonates et de silicates. Le principal minerai de man-
ganèse est la pyrolusite [bioxyde de manganèse {Mn0?)]; les
autres minerais sont la braunite (Mn?0%), l’hausmannite
{Mn30{), l'acerdèse (Mn?0*H0), la psilomélane, qui est un oxyde
de manganèse contenant jusqu’à 17 0/0 de baryte, le carbonate
de manganèse ou diallogite, la rhodonite [silicate de manga-
nèse (MnSi03)| et la friédélite, qui est un silicate de manga-
nèse hydraté.
Géogénie. — On ne peut guère fixer d'époque pour la for-
mation des minerais de manganèse; on les a trouvés dans
le cambrien aussi bien que dans le miocène et dans divers
terrains d'âge intermédiaire.
Il semble qu'il faille attribuer aux concentrations superti-
cielles et aux dépôts oolithiques une origine différente de
celle des filons et des épanchements. Dans le premier cas,
les carbonates en dissolution dans les eaux de source conte-
nant de l'acide carbonique en excès ont pu précipiter, par
suite du dégagement de cet acide. Pour les filons et les
épanchements on peut admettre que le manganèse apporté
par des eaux acides chargées de silice s’est précipité à l’état
d'oxyde ou de carbonate sous l’action d’une base, d’un cal-
caire encaissant, par exemple.
280 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GISEMENTS
On peut rapporter les gîtes manganésifères à trois types
principaux :
1° Filons avec gangue calcédonieuse et couches interstra-
üitiées de silicate de manganèse ou de carbonate de manga-
nèse (Merionetshire, Pyrénées, Ariège);
2° Couches sédimentaires se présentant sous formes d’im-
prégnations ou de minerais oolithiques (Caucase, Sardaigne,
- Espagne);
3° Gites provenant de concentrations locales dans les argiles
et les dépôts récents, produites par des infiltrations d'eaux
ou par des érosions (Nassau, Amérique).
J. — GÎTES FILONIENS
Gisements de la France (Hautes-Pyrénées). — IL existe dans
les Hautes-Pyrénées quelques gisements de manganèse peu
ou pas exploités, tels que ceux de Germ, Vielle-Aure, Lou-
dervieile et la Serre-d'Azet. Ces gisements sont souvent formés
de mouches de minerai et de poches en forme d’entonnoirs,
qui disparaissent en profondeur.
Formation du minerai dans les Hautes-Pyrénées. — Plusieurs
hypothèses ont été émises sur le mode de formation probable
des minerais de manganèse dans les Hautes-Pyrénées; 11
nous semble utile d'insister sur ce point, parce que c'est
d'après le mode de formation du gisement qu'on peut
déterminer les conditions de son dépôt et, par suite, orienter
les recherches à venir et préparer l'exploitation.
Les roches manganésifères que nous avons eu l'occasion
d'examiner dans cette région ne sont pas d'aspect éruptif;
elles ne se distinguent guère de certaines roches encais-
santes que parce qu'elles ne renferment pas d'éléments
détritiques. Elles ne sont pas concrétionnées; elles sont
interstratifiées, mais en amas irréguliers et non veinés; il ne
s'ensuit pas absolument qu'elles soient contemporaines des
roches encaissantes; elles ont pu être formées par des
Ré io À
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 281
‘sources minérales silicifères chargées de manganèse, qui ont
dissous et décomposé certaines couches, moins résistantes
que les autres.
C'est ainsi qu'au contact des dépôts de manganèse on voit,
dans quelques gites des Hautes-Pyrénées, des schistes pour-
ris et presque partout de l'argile. Cette argile, ou silicate
d'alumine hydraté, peut provenir, ainsi que l’ont constaté au
laboratoire MM. Ebelmen et Fournet, de la décomposition
lente des silicates multiples des terrains anciens, par l'acide
carbonique et l'oxygène; cette décomposition doit être attri-
buée à la présence du bicarbonate de manganèse provenant
de sources minéralisées au contact de filons ou de cassures
profoades.
Les dépôts de minerai doivent donc provenir d'eaux char-
gées de sels de manganèse. Ces eaux ont été certainement
amenées le long des fissures en relation avec le grand
plissement des Pyrénées, auxquelles les gisements connus
dans la région sont parallèles dans leur ensemble. De
plus, nous avons pu constater qu'au voisinage des dépôts
manganésifères les terrains encaissants étaient tourmentés
et profondément bouleversés, ce qui confirme l'hypothèse de
venues profondes.
D'ailleurs les dépôts, bien qu'interstratifiés, se présentent,
en général, en forme d’entonnoirs dont le fond se raccorde
à la fissure qui a dû amener les eaux silicatées.
La plupart des gisements pyrénéens sc trouvent arrêtés
en profondeur à des étranglements dont les parois se trouvent
tapissées de cristaux roses de silicate de manganèse.
Le calcaire qui forme ces parois n’est nullement altéré,
et les schistes ne présentent aucune trace de scorification
n1 de fusion, ce qui écarte l'hypothèse d’une origine ignée
pour ces dépôts manganésifères.
Il reste donc acquis que des fissures profondes, orientées
généralement N. 25° à 30° O., ont amené au jour des eaux
chargées de silice et de manganèse, qui ont déposé au
milieu de lits schisteux et parfois calcareux, des amas de
silicate de manganèse.
Le minerai primitif serait, selon nous, à Vielle-Aure
nolamment, le silicate de manganèse (rhodonite — MnSiOÿ),
282 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
rose, fleur de pêcher et brun, translucide et à éclat vitreux;,
et aussi le silicate hydraté (friedélite — MnSiO‘H).
Grâce à la réaction d'une base, en particulier au voisinage
du calcaire, le manganèse apporté par les eaux siliceuses a
dû se précipiter, en certains points, à l’état de carbonate
{diallogite), rose franc plus ou moins foncé; le carbonate
prend souvent à l'air une couleur brune : on lui donne alors
le nom de minerai chocolaté. Enfin, associée à la téphroïte
{péridot manganésien), la diallogite donne un minerai connu
sous le nom de viellaurite (48,95 de téphroïte + 51,05 de
diallogite), tenant environ 63 0/0 de MnO, soit 49 0/0 de man-
ganèse métal.
Quant aux minéraux de pyrolusite, qui ont été exploités dans
tous les points où le manganèse venait affleurer, ils
contiennent, en moyenne, 80 0/0 de Mn0?, ce qui correspond
à 65 0/0 de manganèse métal.
La pyrolusite a été formée par l'oxydation du minerai
primitif au contact de l'air, et il n'est pas rare de rencontrer
dans un même bloc de minerai la série des transformations
subies ou en train de s'effectuer, silicate, carbonate et oxyde
de manganèse.
Divers gisements des Hautes-Pyrénées, dans lesquels on
avait exploité autrefois les oxydes seuls, sont actuellement
repris pour l'exploitation du carbonate et du silicate dont on
tire parti pour la métallurgie (spiegel, ferro-manganèse,ete.).
Les schistes dévoniens de la région contiennent des bancs
interstratifiés de génite, composée de quartz calcédonieux
avec rutile et apatite. Quelques-uns de ces bancs sont riches
en rhodonite et en friedélite. On y rencontre des poches
d'argile, comme d’ailleurs dans la plupart des gîtes de man-
ganèse.
Rimont (Ariège). — Près de Rimont (Ariège), dans les
mines de las Cabesses, on exploite un gisement en amas assez
riche de carbonate de manganèse, intercalé dans le dévonien
et provenant sans doute de la décomposition d'un silicate par
l'acide carbonique.
Romanèche (Saône-et-Loire). — La plus importante mine
de manganèse, en France, est celle de Romanèche où l’on
<exploite des filons de psilomélane d'âge infraliasique. Le
Lee FLOUE
de
#
>
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 283
gisement comprend deux petits filons (n° 1 et n° 2), réunis
par un gite de contact (grand filon), situé dans une faille
entre le granite et des argiles tertiaires formant le toit. On
a trouvé également, à Romanèche, des amas dont le plus
important repose sur les ardoises infraliasiques; le toit est
constitué soit par des calcaires à gryphées, soit par des
argiles ou des sables. Les petits filons sont irréguliers ; les
épontes sont peu marquées, et l’on se trouve souvent en
présence d'un vrai stockwerk formé de veines disséminées
dans le granite; il existe, de plus, des filons croiseurs quel-
quefois exploitables. Le grand filon, qui est très régulier, a
un mur de granite. Le minerai très dur, qui est de l’oxyde
hydraté barytifère (psilomélane), a pour gangue les roches
encaissantes accompagnées de quartz, de fluorine, d'oxyde
de fer, etc.
On exploite, en outre, en France, de la pyrolusite dans les
concessions de Gouttes-Pommiers, près Saligny (Allier), et de
Luzy (Nièvre).
En France, la production du minerai de manganèse a été :
Tonnes Francs
En 189%, 32.751, représentant une valeur de.... 1.001.375
1895, 30.871 — re POLE »
1896, 31.318 — — 2 1001428208)
1897, 37.212 — — aies »
Gisements de l'Allemagne. — On peut citer, comme gise-
ments filoniens de manganèse en Allemagne, ceux d'Ilfeld
(Harz) où l’on trouve, dans des porphyrites intercalées au
milieu du grès rouge, des veines, inexploitables d’ailleurs
au-dessous de 20 mètres, contenant de l’acerdèse avec pyro-
lusite, braunite, hausmannite et psilomélane à gangue de
braunspath et de barytine. |
En Allemagne, le tonnage du minerai exploité a atteint :
Tonnes Francs
En 189%, 43.702, représentant une valeur de...,. 582.060
1896, 45.062 _ — se 0000
1897, 46.427 — — SE: »
Gisements de l'Italie. — Saint-Marcel (Piémont). — Les amas
manganésifères du val d'Aoste et du val Tournanche sont
284 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
situés dans les gneiss (à Saint-Marcel, val Tournanche, Tour-
ynon, Bardonèche); ils sont exploités depuis plus d’un siècle.
On trouve, à Saint-Marcel, la braunite, l’hausmannite et la
pyrolusite, accompagnées de carbonate de manganèse rouge
et de spessartine (grenat). L’amas, qui avait 5 mètres d’épais-
seur à la surface, est profond de 100 mètres; les éléments
des gneiss encaissants ont été transformés en rhodonite et en
piémontite (épidote manganésifère).
En Italie, la production du minerai de manganèse a été :
Tonnes Francs
En 189%, 760, représentant une valeur de..... 23.500
1896, 1.890 — TRES 82.250
Et celle du minerai de fer manganésifère :
Tonnes Frances
En 189%, 5.810 représentant une valeur de... 46.480
1896, 10.000 — = See A00E 00
Gisements de l'Angleterre. — Merionetshire. — Depuis 1886,
on exploite dans le Merionetshire, à Harlech et à Barmouth,
des gisements de carbonate de manganèse, formant trois
veines dont une de 3 kilomètres de longueur, et deux
de 1.500 mètres, dans des quartzites et des grès gris cam-
briens; on trouve, dans cette région, une teneur de 30 à
32 0/0 de manganèse avec 18 à 19 0/0 de silice.
Dans le Devon et le Cornwall il existe des veines de man-
ganèse dans le silurien et des amas dans le dévonien.
La production du minerai de manganèse en Angleterre a été :
Tonnes Frances
En 189%, 1.838, représentant une valeur de..... 18.500
1896, 1.097 — UFR CIRE 15.325
IL. — GÎTES SÉDIMENTAIRES
(risements de: la Russie. — En Transcaucasie, à Tchiatura,
dans la vallée du Kvirila (à 130 kilomètres de Poti), on
exploite, dans des grès et des sables tendres éocènes, une
série de couches formées soit de pyrolusite et d’acerdèse
pulvérulente, soit de pyrolusite en grains oolithiques, soit
encore d'argile renfermant des rognons de pyrolusite: La
couche, dont la puissance totale varie de 2 à 5 mètres, a
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 285
une étendue reconnue de 120 kilomètres carrés (2 tonnes
au mètre carré environ).
Ce gisement, que l'on peut considérer comme un gisement
de rivage, de même que les dépôts de fer oolithique, est dû
à une précipitation chimique.
Le prix des minerais des mines de Tchiatura (Russie) était,
en 1897, de 8 fr. 50 la tonne en gare de Tchiatura sur la ligne
du Transcaucasien. Les mines sont prospères, et de nouveaux
gisements viennent d'être découverts. Elles ont produit
231.868 tonnes en 1897. La teneur varie de 46 à 56 0/0.
En Russie, le tonnage du minerai de manganèse extrait a
alteint :
Tonnes Francs
En 1893, 268.621, représentant une valeur de.. 2.345.500
1895, 203.081 — = 1.922610
1897, 231.868 — — . »
Il existe d'autres gisements de manganèse dans le Caucase,
notamment ceux de Croscha, dans des grès calcaires (juras-
sique supérieur), et ceux des environs de Tiflis, dans un cal-
caire bréchoïde sénonien.
Actuellement la majeure partie du manganèse employé
dans le monde entier provient des mines du Caucase, qui
arriveraient bientôt à tuer toute concurrence, si la pyrolusite
qu'elles renferment ne contenait pas de phosphore, ce qui
diminue sa valeur pour la métallurgie.
Aujourd'hui le minerai de Tchiatura, à 50 0/0 de manga-
nèse, se vend environ 37 francs, rendu sur bateau; et celui
à 70 0/0, 50 francs environ, selon sa teneur en silice. Au-
dessus d’une certaine teneur en silice, on retranche, pour
calculer le prix de vente, une unité de Mn par unité de
silice en excès.
Le prix de revient du minerai de manganèse rendu sur
bateau peut être calculé comme suit pour les mines de
Tchiatura :
Frances
Minerai rendu en gare de Tchiatura........ 8,50
Mmsport de TchiaturaPoti 15.2 Li ASE)
Chargement sur bateau à Poti............. 4
Ms Sénéraux et divers... ie Ne)
PODARI M PPRRE Rhin
286 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le fret jusqu'à Marseille coûterait, en plus, 16 francs.
Gisements de l'Espagne. — Dans les couches horizontales
miocènes formant la partie nord-ouest du plateau de la
Serena, dans la province de Ciudad Real, à val de Peñas, on
exploite des minerais tenant de 40 à 60 0/0 de manganèse,
formés de bioxyde et de sesquioxyde de manganèse et
intercalés dans des argiles blanches. L'exploitation est peu
active, parce que les minerais contiennent du phosphore, et
ETES aan £ /Z
. 2 - Fenmal. -
Fic. 91. — Coupe nord-sud des gisements du Ciudad Real.
qu'au centre des terrains siluriens en forme de cuvette, qui
entourent les couches de manganèse, il existe une nappe
d’eau qui arrête le développement des travaux en profondeur.
En Espagne, la production du minerai a atteint :
Tonnes Frances
En 1894, 340, représentant une valeur de.. 2.610
1896, 38.265 — — e 268.660
_(risements de la Sardaigne. — Au Capo-Rosso, dans l'île de
San-Pietro (Sardaigne), on exploitait autrefois des minerais
de manganèse, constitués par un mélange de bioxyde et de-
sesquioxyde, dans des argiles intercalées entre deux nappes
de trachytes. Ce gisement, dont la formation semble due à
un dépôt chimique provenant de sources thermales, est
abandonné depuis le développement pris par les gisements
du Caucase.
D'ailleurs, l'exploitation était gènée par des venues d’eau
considérables.
IIT. — GÎTES DE CONCENTRATION Z
Gisements de l'Allemagne. — Nassau. — Les nombreuses
mines de manganèse du Nassau, situées dans la vallée de la
ÿ TU»
.#
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 287
Lahn, sont surtout groupées autour d'Elbingerode et
d'Eckholshausen. Le minerai (pyrolusite, psilomélane) est.
contenu, comme le phosphate exploité dans la même région,
dans des poches d'argile superficielles recouvrant des grès.
et des schistes du dévonien inférieur moyen, avec des
calcaires dolomitiques et des schistes à cypridines (famen-
nien). L'exploitation a lieu à ciel ouvert ou par des puits
peu profonds.
. Îravaux
4 cre/ ouvert Surface
Fi6. 92. — Coupe verlicale de la mine d'Elbingerode (d’après Davies).
(Grisements de la Belgique. — En Belgique, on exploite,
dans la vallée de la Lienne, des minerais tenant 20 0/0 de
fer et 20 0/0 de manganèse.
Le tonnage du minerai exploité en Belgique a atteint :
Tonnes Francs
En 1894, 23.048, représentant une valeur de.. 271.100
1896, 23.265 — — Fe »
1897, 28.372 — — de »
Gisements de la Grèce. — En Grèce, il existe deux groupes
de mines : Fun, à Capevani, dans les Cyclades, exploité par
une Compagnie française, et le second, situé à Fourkovieni,
exploité par une Société anglaise.
La production du manganèse en Grèce à été la suivante :
Minerai de fer manganésifère :
Tonnes : Francs
En 1894, 76.211, représentant une valeur de. y
1897, 182.850 — on: .. 2.495.900
Minerai de manganèse :
Tonnes Francs
En 1894, 50.573, représentant une valeur de.. 669.770
1897, 11.868 - — — jé »
RS TR, Es Se
288 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements des États-Unis. — Le bassin de Crimora (Virginie)
est, d’après Davies, un dépôt de lavage provenant d’une
érosion des grès cambriens de Potsdam (mines de Crimora,
exploitées depuis 1876, et du Mont-Athos).
En Géorgie, à Cartesville, on exploite à ciel ouvert ou par
de petits puits, un minerai argileux provenant de la décom-
position de grès d'âge inconnu (mines Dade).
Les minerais de Batesville (Arkansas) contiennent 50 0/0
de manganèse un peu phosphoreux (0,15 0/0 de phosphore).
On peut citer encore les hématites manganésifères du lac
Supérieur, les couches manganésifères siluriennes d’Iron
Mountain et la pyrolusite du Warm-Springs (Caroline du Nord).
Sans compter les minerais de plomb argentifère de Lead-
ville, qui contiennent du manganèse, les États-Unis ont pro-
duit, en 1897, environ 160.000 tonnes de minerai de manga-
nèse, dont 50.000 tonnes pour le New-Jersey, 80.000 tonnes
pour le Michigan et le Wisconsin et 19.000 pour le Colorado.
Dans ce dernier État, les minerais proviennent des mines de
Leadville; ils contiennent en moyenne 30 0/0 de manganèse
et sont absorbés par des aciéries de Chicago et de Puebla
(Colorado).
Aux Etats-Unis, le tonnage de minerai exploité a atteint :
Tonnes Francs
En 1896, 165.126 représentant une valeur de.. 1.695.415
1897, 156.187 — — »
Gisements du Chili.— Au Chili, il existe des gites importants
de manganèse dans la province de Coquimbo, notamment
à la Servena, sur le chemin de fer d'Elqui; la teneur varie
de 35 à 45 0/0 en moyenne et atteint souvent 51 0/0.
Le tonnage du minerai exploité au Chili a atteint : en 1894,
47.99% tonnes et, en 1896, 26.152 tonnes.
Gisements du Brésil. — De nouvelles mines de manganèse
ont été ouvertes au Brésil durant ces dernières années, et,
en 1897, on a exporté 8.500 tonnes de minerai tenant
50 0,0 de manganèse environ. Les mines situées dans la
province de Miguel appartiennent à la Airosa C°. Il existe
aussi quelques gisements exploités, dans les provinces de
Minas-Geraes, de Matto-Grosso et de San-Paulo.
1 so ES En
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 289
On doit citer aussi les gîtes de minerais de manganèse
de la Bosnie (5.344 tonnes en 1897), de l’Autriche-Hongrie
(3.950 tonnes en 1896), de la Turquie (49.000 tonnes en
1896), de la Suède (2.056 tonnes en 1896) et de l'Australie,
Queensland (403 tonnes en 1897).
1884.
1885.
1885.
1885.
1887.
1889.
1891.
1892.
1893.
1898.
1898.
1898.
BIBLIOGRAPHIE DU MANGANÈSE
Dieulafait, Manganèse dans les marbres cipolins (Comptes
Rendus, t. XCVIIT, p. 634).
Dieulafait, Applications des lois de la thermochimie aux phé-
nomènes géologiques. Minerais de manganèse (Comples Ren-
dus, t. C, p. 609, 644, 676).
Dieulafait, Origine el mode de formation des minerais de
manganese. Leur liaison au point de vue de l’origine avec
la baryte qui les accompagne (Comptes Rendus, t. C, p. 324).
Igelstroem, Braunile des mines de Jacosberg dans le Werm-
land en Suède (Bulletin de la Société minéralogique de
France, t. VII, p. 421).
Chapuy, Manganèse en Russie (Mémoire manuscrit à l'Ecole
des Mines).
Beaugey, Manganèse des Hautes-Pyrénées (Bulletin de la
Sociélé de Géologie, 3° série, t. XVII, p. 297).
Leproux, Gisements divers du Caucase (Mémoire manuscrit
à l'Ecole des Mines).
A. Leproux, Nofe sur les principaux gisements minéraux de
la région du Caucase (Annales des Mines, 9° série, t. I,
p. 491).
Ad. Carnot, Minerais de manganèse analysés au bureau
d'essai de l'Ecole des Mines de 1845 à 1893 (Annales des
Mines, 9° série, t. IV, p. 189).
A. Pourcel, Nofe sur les gisements de manganèse de Tchia-
tour (Annales des Mines, t. XII, p. 119).
Rojado-Ribeiro, Lisboa, O Manganez no Brazil (Jornal do
Commercio, Rio de Janeiro).
Lisboa, O Manganez no Brazil (Rio de Janeiro).
GÉOLOGIE. 49
290 ._ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
CHROME ET FER CHROMÉ
Propriétés physiques et chimiques. — Le chrome est un
métal d'un gris d'acier, qui peut prendre un bel éclat par
le polissage. Il est cassant, très dur, et il raye le verre.
Densité — 6.
Il ne s’oxyde pas à latempérature ordinaire, mais il s'oxyde
facilement quand on le chauffe au rouge sombre. Il décom-
pose l'eau au rouge et, à froid, en présence des acides.
Attaqué par l'acide sulfurique étendu et par l'acide chlorhy-
drique, il donne un sel de chrome, et l'hydrogène se dégage.
Le chrome présente plusieurs analogies avec le fer, auquel
il est souvent associé (fer chromé).
Usages. — Le chrome est employé en métallurgie. Intro-
duit dans l’acier en faible proportion, il en augmente la
dureté. L'acier chromé est employé surtout pour la fabrica-
tion des cuirasses de navires et des tourelles des forts et
pour les projectiles d'artillerie.
Oxydes. — Le sesquioxyde de chrome anhydre estemployé
pour la peinture sur porcelaine et pour la coloration du
verre.
Le sesquioxyde hydraté (vert Guignet) sert pour l'impres-
sion des tissus et des papiers peints.
Sels. — Le chromate neutre de potasse, d'un beau jaune,
est doué d'un grand pouvoir colorant et est un oxydant
énergique ; il donne, avec les sels de plomb, un précipité,
connu sous le nom de jaune de chrome, très employé en
peinture.
Le bichromate de potasse est aussi employé comme colo-
rant. Il sert en photographie pour les tirages au charbon.
En dissolution dans l’acide sulfurique, il est employé pour
la formation des piles dites au bichromate de potasse.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 291
MINERAIS DU CHROME
Le minerai de chrome primitivement exploité était la
_ crocoïse (chromate de plomb PbCr0‘), rouge, translucide, à
éclat adamantin, fusible au chalumeau; on en trouve des
gisements dans l'Oural, au Brésil, en Hongrie et dans les
Philippines.
Aujourd'hui le seul minerai de chrome utilisé est, en
réalité, le fer chromé (Fe,Mg) 0 (Cr,Al)203, noir de fer, éclat
faiblement métallique, infusible au chalumeau.
GÉOGÉNIE ET GISEMENTS
On trouve le fer chromé en grains ou en amas dans les
serpentines résultant de l'altération des roches à péridot.
Les gisements sont d'étendue très restreinte, et le fer chromé
y est accompagné de silice opalescente et de chrysotile. On
peut donc rattacher la formation de ces gisements à des ve-
ques d’eau récentes.
Grèce et Turquie d'Asie. — Il existe, dans l’île de Meételin
et dans l'Eubée, des nids de fer chromé dans la serpentine.
Des gisements analogues sont exploités sur le versant sud
de l'Olympe de Bythinie (Turquie d’Asie), à Dagh-Hardi,
Topouk, etc.
On exploite aussi le chrome dans le villayet d'Aidin, près
de Makri. Le minerai à 50 0/0 y revient à 90 francs la
tonne franco bord au port d'embarquement.
La production du fer chromé en Grèce était de 1.600 tonnes
en 1896 et de 563 tonnes en 1897; et celle de la Turquie, de
20.137 tonnes en 1896, et de 11.551 tonnes en 1897.
Banat. — Les minerais de fer chromé gris noirâtre de la
province d'Orsova, le long de la Bosnie (Banat) se trouvent
dans de la serpentine recoupant des calcaires crétacés en
amas de 300 à 400 mètres de longueur, coïncés à moins
de 100 mètres de profondeur; ils sont mélangés d'argile
et de dolomie et tiennent de 35 à 50 0/0 de chrome.
292 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La production de la Bosnie a été d'environ 450 tonnes de
chromite en 1896 et de 396 tonnes en 1897.
Oural. — On exploite dans les serpentines, sur le versant
est de l'Oural (Goroblagodatsk), des amas de 20 mètres de
puissance et des filons de fer chromé de 40 X 6 mètres,
avec une profondeur maxima de 20 mètres. Les minerais
contiennent 50 0/0 d'oxyde de chrome mélangé de serpen-
tine et de magnétite. |
La production du minerai de chrome, en Russie, était
d'environ 7.000 tonnes en 1896.
États-Unis. — On trouve aux États-Unis, en Californie
à Almaeda, Placer, San-Luis-Obispo, etc., le fer chromé,
associé à de l’opale et à du chrysotile.
La production des États-Unis était de 713 tonnes en 1896,
et de 152 tonnes seulement en 1897.
Lac Noir. — Depuis 1894 on exploite au lac Noir {canton
de Colraïne) des gisements de fer chromé dans des serpen-
tines, contenant des gîtes d'amiante. La production de la Col-
raine Mining C° a atteint 2.097 tonnes en 1897 (7.000 tonnes
depuis 1894); les gîtes de Santa-Lucia (Obispo) n’ont fourni
que 50 tonnes en 1897.
Terre-Neuve. — A Terre-Neuve, on exploite des dépôts de
minerai de chrome à Bluff Head, sur la côte ouest, dans une
diorite, recoupée par des lits de serpentine; au contact de la
serpentine, on trouve de lachromite contenant 49,9 0/0 d'acide
chromique et 6,9 0/0 de silice avec 7,5 d’alumine, 18,5 de
magnésie et 17,2 de fer. — La teneur exigée par l'industrie,
en acide chromique, est de 50 0/0; on paie 4 à 5 francs par
unité en plus. Il est vrai que le minerai est déprécié de plus
de 5 francs par unité en moins de 50 0/0; une forte teneur
en silice diminue aussi la valeur du minerai.
En 1897, on a extrait à Terre-Neuve 2.300 tonnes de mi-
nerai, dont la moitié tenait de 40 à 50 9/0 d'acide chromique,
et le reste de 35 à 40 0/0.
Nouvelle-Galles du Sud. — Dans la Nouvelle-Galles du
Sud, on exploite du minerai de chrome à la mine Helena,
à 12 kilomètres à l’est de Colac. Teneur moyenne : 50 0/0.
La production a été de 3.500 tonnes de fer chromé en
1827, pour toute cett province.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 293
Nouvelle-Calédonie. — Les serpentines de la Nouvelle-
Calédonie renferment des veines filoniennes de fer chromé,
et l’on exploite aussi, dans les fissures argileuses de la ser-
pentine, des grains arrondis de fer chromé (fer chromé dit
d’alluvion.
La production dépassait 15.000 tonnes de fer chromé en
Nouvelle-Calédonie, en 1896.
1878.
1883.
1589.
1898.
1898.
BIBLIOGRAPHIE DU CHROME
Fer chromé de l'Eubée (Annales des Mines, 1° série, t. XIII,
_p. 589).
Élisée Brotte, Sur le chrome de la Turquie d’Asie.
Description géologique des îles de Metelin et de Thasos (Ar-
chives des Missions scientifiques).
De Launay, Nole sur les gisements de fer chromé de la
province de Québec (Bulletin des Annales des Mines, 9° série,
t. XIII, p. 611).
Garnier, Gisements de coball, chrome et fer de la Nouvelle-
Calédonie (Société des Ingénieurs civils).
Litres
g < … $ DNS LA NET PET EIRE LIRE MES St
: Ce _
294 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
L'ANTIMOINE ET SES MINERAIS
Propriétés physiques. — L'antimoine est un métal blanc
d'argent, très cassant, se laissant facilement pulvériser. Il
fond vers 450° et se volatilise au rouge blanc; sa vapeur exhale
une odeur de graisse. En refroidissant lentement, il cristal-
lise en rhomboëdres.
Lorsqu'on le fond et lorsqu'on le laisse refroidir lente-
ment à l'abri de l’air, les cristaux de sa surface ont l'aspect
de feuilles de fougère. Densité — 6,715; chaleur spéci-
fique — 0,05077; il conduit mal la chaleur et l'électricité.
Propriétés chimiques. — L'antimoine est inoxydable à
l'air, à la température ordinaire; ils’oxyde au rouge, en répan-
dant des vapeurs blanches, qui se condensent en poudre
blanche, connue sous le nom de fleurs argentines d’anti-
moine.
L'antimoine ne décompose l'eau qu'au rouge ; il se dis-
sout lentement dans les acides sulfurique et chlorhydrique
concentrés et chauds. L'acide azotique, en l'oxydant, le trans-
forme en acide antimonique. L'antimoine se dissout dans
l'eau régale contenant un excès d'acide chlorhydrique, en
donnant du chlorure d'antimoine. Doué d’une grande
affinité pour le chlore, il s'enflamme dans ce gaz lorsqu'on
l'y projette en poudre et se convertit en protochlorure et
en perchlorure d’antimoine. Le soufre, le phosphore et
l’arsenic peuvent également se combiner avec lui.
Usages. -— Dur et fragile, l'antimoine n'est utilisé qu'à
l'état d’alliage. Il donne de la dureté aux métaux avec les-
quels on l’allie.
Alliages. — L'antimoine entre dans l’alliage des caractères
d'imprimerie et dans celui des planches stéréotypes. Le
métal anglais pewster en contient 8 0/0 avec 87 0/0 d’étain,
& 0/0 de cuivre et 4 0/0 debismuth.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 295
L'antimoine entre en petites proportions dans le métal
d'Alger et dans le métal de la Reine. L'alliage de Réaumur
contient 70 0/0 d’antimoine et 30 0/0 de fer; on emploie en
Angleterre un bronze d’'antimoine pour la fabrication des
coussinets de wagons.
Enfin une application importante de l’antimoine est celle
qui en a été faite dans certaines parties des cartouches de
guerre.
Oxyde. — L'oxyde d'antimoine dissous dans le bitartrate
de potasse constitue l’émétique, très employé en médecine
comme vomitif.
Sulfures. — Le kermès également employé en médecine
est us oxysulfure d'antimoine. La poudre de sulfure d’anti-
moine sert à la préparation du kohl, avec lequel les femmes
d Orient peignent leurs sourcils en noir. L’oxysulfure entre
aussi, sous le nom de vermillon d'antimoine, dans la prépa-
ration des toiles et des papiers peints. C’est une couleur très
solide et qui couvre bien.
Chlorures. — Le protochlorure d’antimoine, ou beurre
d'antimoine, est employé en médecine comme caustiq'ie.
Il sert aussi à bronzer les armes et le cuivre pour les
préserver de l'oxydation. Précipité dans l’eau, il constitue
la poudre d’algaroth, qui est un oxychlorure d’antimoine.
Sels. — On emploie l'antimoine précipité d’un de ses sels
par le zinc ou par le fer, sous le nom de noir de fer, pour
bronzer les métaux et donner aux statuettes de plâtre un
aspect métallique.
L'alliage de sérullas est utilisé pour la préparation des
radicaux métalliques de l’antimoine. Il est obtenu en fondant
6 parties d'émétique avec 1 partie d’azotate de potasse.
L'antimoniate de quinine est employé en médecine.
Le jaune de Naples, le jaune minéral de Mérimée et le jaune
de Pinard sont des antimoniates de plomb.
MINERAIS DE L'ANTIMOINE
Le principal minerai d’antimoine est la stibine (sulfure
d’antimoine Sb?S3, couleur gris de plomb, se laissant rayer à
l’ongle); la stibine est assez fusible, et sa gangue quartzeuse
296 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
est très adhérente; on peut encore citer la sénarmontite (oxyde
d'antimoine Sb?03, incolore et translucide, fusible, volatl et
attaquable dans les acides) et la kermésite (oxysulfure d’anti-
moine 2Sb?S3 L Sb?203, rouge, soluble, fusible). L'antimoine
existe également dans un grand nombre de minerais com-
plexes d'or, d'argent et de cuivre, tels que les cuivres gris
(panabase, freibergite), l'argent rouge (Ag3SbS*), la bour-
nonite (CuPbSb.S3), la boulangérite (Pb3SP?.Sf); on produit
une certaine quantité d'antimoine dans les usines où sont
traités ces divers minerais.
GÉOGÉNIE ET GISEMENTS
La stibine se trouve en général dans des filons quartzeux,
à l’état de mouches irrégulières et quelquefois de lentilles
peu étendues: les filons sont accompagnés, comme ceux
d'étain, par une roche à mica blanc, à minéraux cireux,
verdâtres, produits par l’action des eaux acides.
La stibine semble avoir été formée par l'action de l'eau
sur des fumerolles, comme l'a démontré Sénarmont en chauf-
fant en vase clos à 300°, en présence d’eau pure, un mélange
d'antimoine et de soufre. En outre, certains gisements
(Arnsberg, en Westphalie) semblent d’origine sédimentaire, et
l'antimoine accompagne l'or, l'argent et le cuivre dans des
filons complexes. On trouve des gîtes de différents âges (ter-
rains primitifs, siluriens, dévoniens, tertiaires). Il y a donc
eu plusieurs venues distinctes d'antimoine.
ÏJ. — GÎTES FILONIEXS
Gisements de la France. — Il existe, dans le Plateau
Central, un grand nombre de filons de stibine dont la plupart
sont abandonnés. On peut citer les deux filons de Nades
Bourbonnais), qui recoupent les micaschistes et dont la
gangue est quartzeuse ; les filons de Bresnay, près de Sou-
vigny (Allier), dans la granulite à mica blanc; les filons de
Villerauge (Creuse), recoupant la grauwacke du Culm; les
filons de Saint-Yrieir, situés dans l’axe de filons de granulite:
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 297
recoupant des schistes micacés ou amphiboliques ; ceux de
Chanac (Corrèze), dans des schistes argileux noirâtres; les
filons de quartz antimonieux de Valfleury (Loire), dans des
gueiss se rattachant à la granulite ; ceux de Malbosc (Ardèche),
dans des micaschistes reposant sur le granite.
Enfin on peut citer un groupe de gisements plus riches,
exploités dans l'arrondissement de Brioude (Freycenet, la
Fage, Marmeissat, Chazelles), dans le canton de Massiac (Luzes
et Ouche dans le Cantal) et à la Licoulne (Haute-Loire). Ce
sont des filons quartzeux verticaux de 0,20 à 0,30 d’épais-
seur, intercalés dans le terrain primitif (gneiss, granite) et
renfermant des lentilles de stibine accompagnées de sulfure
de fer (Fe?S3); ces filons sont séparés par des massifs sté-
riles de 10 à 15 mètres; on trouve aux affleurements des
oxydes d’antimoine que l'on traite à Brioude ou que l’on
exporte. x
La production de l’antimoine en France a été la suivante :
Minerai :
Tonnes Francs
En 1894, 6.144, représentant une valeur de.. 406.155
1896, 5.675 — _— .. 342.720
Métal :
Tonues Francs
En 1894, 1.012, représentant une valeur de. 680.120
1896, 969 — — e 651.085
Hongrie. — On exploite à Mazurka (Hongrie), dans les
montagnes granitiques séparant les vallées de la Grau et de
la Waag, un filon dont la puissance varie de 0,05 à 4 mètres
avec failles de rejet nombreuses, recoupant le granite, qui est
altéré au contact (formation du minéral vert cireux dont
il à été parlé plus haut et transformation du mica noir
en mica blanc). Le remplissage comporte deux bandes laté-
rales de quartz avec stibine au centre; sur certains points
le braunspath s’est interposé, lors d’une réouverture le long
d'une des épontes. Le quartz est aurifère et la stibine est
accompagnée de pyrite, de blende, de galène, de chalco-
pyrite, de braunspath et de calcite.
On trouve encore en Hongrie les filons de Bisztra et de
ES D Ve TE DES VOST fe DR CM Te PIE 5 ET Te DE SN EN ES
298 É GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Botza (Bries), dans les granites, et d'Aranyidk (Kascban),
dans les schistes.
La production de l'antimoine en Hongrie a été la suivante :
Minerai : 4
Tonnes Francs ;
En 1894, 1.265, représentant une valeur de... 144.339
1896, -862 — — Se 64.482
Antimoine et régule :
Tonnes Francs
En 1894, 385, représentant une valeur de... 261.748
1896, 650 — — ee 391.170
En Autriche, il existe aussi | quelques gisements d’anti-
moine qui ont D die
Minerai :
Tonnes Frances
En 1894, 696, représentant une valeur de.. 164.715
1896, 905 — — 2 193.510
Antimoine et régule :
Tonnes Francs
En 1894, 219, représentant une valeur de... 225.416
1896, 42e — ei LÉ OR
Portugal. — En Portugal, on exploite les filons de Tapada
et de Gondomar (sulfures à 70 0,0), de Carrega (minerais
de 25 à 50 0/0), de Casa Branca, ne l’Alemtejo, etc.
La production du Portugal en minerai d’antimoine a été
la suivante :
Minerai :
k Tonnes Francs
En 1894, 803, représentant une valeur de. 244,760
1896, 595 _ = …. A44.585
Allemagne. — En Allemagne, on exploite les filons de
Gold Kronack et de Wolfsberg (schistes siluriens du Fichtel- |
gebirge), de Salzbourg (schistes anciens de la Forêt-Noire); ‘4
les mines et usines de l'Erzgebirge, du Harz, de Joachim-
sthal, d'Andreasberg et de Przibram, fournissent de l’anti-
moine comme produit secondaire.
La production de l’antimoine en Allemagne a été la sui-
vante :
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 299
Antimoine avec manganèse :
Tonnes Francs
En 1894, 424, représentant une valeur de.. 326.220
1897, 1.665 — — + 1:053-120
Gisements filoniens divers. — On trouve encore de l’anti-
moine en filons (en général sulfures, quelquefois oxydes),
en Angleterre (Cornouailles), en Suède (Sala).
On peut citer aussi les gîtes filoniens, reconnus et exploi-
tés en Espagne, à San-Martino de Villalonga; en Asie-Mineure,
aux environs de Smyrne ; à Bornéo, dans la partie anglaise
(Sarawak, Tagui, Tambusan); au Mexique, dans le district
d'Altar (Sonora), d'où l’on a exporté, en 1896, 3.231 tonnes
de minerai valant 160.465 francs.
En Australie, dans la Nouvelle-Galles du Sud (Munga et
Armidal) et dans la province de Victoria, on exploite des
filons d'oxyde et de sulfure d’antimoine recoupant le dévo-
nien ; la production y a été, en 1894, d'environ 1.300 tonnes
de minerai représentant une valeur de près de 500.000 francs,
et, en 1897, de 200 tonnes seulement, valant 100.000 francs
environ.
Parmi les filons d’antimoine tertiaire, les principaux sont
ceux de Felsobanya (Hongrie), où l’on rencontre des conglo-
mérats de frottement avec des fragments des épontes
cimentés par du quartz, de la pyrite, de la blende, etc.; ceux
d'Ani-Bebbouch et de Djebel-Taia, en Algérie (province de
Constantine); ceux de Pereta (Toscane), dans les calcaires
de l'éocène supérieur, qui ont été métamorphisés par des
vapeurs sulfureuses.
IT. — GÎTES SÉDIMENTAIRES
Il existe, en outre, un certain nombre de gîtes considérés
comme sédimentaires par les géologues qui les ont visités et
décrits, mais dont la formation pourraits’expliquer aussi bien
par une venue hydrothermale postérieure.
On trouve à Charmes (Ardèche) de la dolomie triasique
imprégnée de stibine en veines ou en nodules, généralement
en amas irréguliers.
SR EN Er Le TR a ee DIM UE É OS, AA PR CT Fa 4 BTE Lea a à FIST Ir ES ci
300 GÉOLOGIE APPLIQUÉE RSS
A Arnsberg (Westphalie), la stibine, qui forme des couches
minces de 02,07 à 0,20, dans les schistes siliceux du culm,
est accompagnée d'un schiste coloré en noir par des parti-
cules carbonifères; la pyrite y est fréquente; la blende, la
calcite et la fluorine sont exceptionnelles. Le minerai est
homogène au milieu et bifurque vers les épontes; il est
connu sur 80 hectares de superficie environ.
Algérie. — Le gîte de Djebel-Hamimat ou de Sidi-Rghess
(Constantine), encaissé au milieu de calcaires noirs et d'ar-
giles néocomiennes inférieures, fournit des oxydes d'anti-
moine en amas irréguliers ; le minerai est compact, grenu,
cristallisé ou disséminé ; il existe aussi du sulfure en houppes.
La production de l’antimoine en Algérie a été la suivante :
Minerai :
Tonnes Frances
En 1894, 175, représentant une valeur de. 26.000
1896, 658 = Le e 94.183
États-Unis. — Aux États-Unis (Utah), sur le Coyote Creek,
on trouve de la stibine en dépôt. de 02,02 à 0%,80 dans un
grès tendre au-dessus d’un banc calcaire et d'un dépôt de
conglomérats.
La production de l'antimoine aux États-Unis a été la sui-
vante :
Métal :
Tonnes Francs
En 1896, 556, représentant une valeur de., 423.585
1897, 680 — — FE 536.250
Prix en 1897 : Ofr.35 en moyenne, la livre anglaise
(4538r,60).
Les principales mines sont situées dans l’Utah, le Montana,
l’Idaho, la Californie et le Nevada.
Prix des minerais. — On vend, à Londres, l’antimoine à
l'état de sulfure naturel : les premières qualités de minerais
dosent 50 0/0 d'antimoine métallique (régule d’antimoine);
les minerais à 50 0/0 se vendent difficilement. Les minerais 4
oxydés sont soumis à une dépréciation, à cause de leur titre 1
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 301
moins élevé et des frais de leur traitement. Les principales
impuretés de l’antimoine sont le plomb et l'arsenic.
Si l'on considère un minerai pauvre, le prix de chaque
centième de teneur en antimoine est de 3 fr. 50 à 4 francs:
mais, pour les minerais plus riches, le prix de l'unité
augmente rapidement jusqu à 8 et 10 francs pour les minerais
à 50 0/0.
Soient : p, le prix de la tonne;
t, la teneur en centièmes (dosage par voie sèche);
a, le déchet de fabrication ;
c, le cours du régule en francs par tonne;
f, les frais de fusion et le bénéfice du fondeur, par tonne.
On a (d'après M. Burthe) :
rie (e — f).
En Angleterre, f — 450 francs environ; et a varie de 9 à 50,
quand la teneur varie de 60 à 20 0/0.
BIBLIOGRAPHIE DE L’ANTIMOINE
1855. Gruner, Classification des filons du Plateau Central et des-
criplion des anciennes mines de plomb du Forez (Société
d'agriculture de Lyon, 23 novembre).
1869. Ville, Gîles minéraux de l'Algérie (Annales des Mines,
6° série, t. XVI, p. 161).
1818. Carnot, Gîle de Chanac (Corrèze) (Annales des Mines, T° série.
t. XIII, p. 394).
1892. Burthe, Sur La vente des minerais et du sulfure d'antimoine
(Annales des Mines, 9° série, t. II, p. 172). |
1893. P. Burthe, Nofice sur la mine d'antimoine de Freycenet
- (Annales des Mines, 9° série, t. IV, p. 15).
LA dc r'att 3 de
5 DAS GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ALUMINIUM
On étudiera, dans ce chapitre, uniquement l'aluminium
métallique et les minerais qui servent à le produire. Ses autres
minéraux : les oxydes d'aluminium (rubis, saphir, etc...)
seront passés en revue au chapitre des Pierres précieuses ;
les aluns, les argiles, les kaolins, etc.…, seront examinés
dans les chapitres relatifs à leur emploi industriel.
Propriétés physiques. — L'’aluminium est un métal d’un
blanc légèrement bleuâtre. Il esttrès ductile et très malléable
et peut être réduit en feuilles extrêmement minces par le
battage. Sa dureté et sa ténacité égalent celles de l’argent;
il fond à 600° et n’est pas sensiblement volatil aux hautes
températures. Sa densité, très faible, est de 2,56 (à peu près
celle du verre et de la porcelaine); et sa chaleur spécifique
est de 0,128. IL est très sonore et conduit bien la chaleur et
l'électricité.
Propriétés chimiques. — L'aluminium est absolument
inaltérable à l'air, même à une température élevée, et
il résiste aux agents qui attaquent nos métaux usuels. Il ne
décompose pas l’eau et ne noircit pas, comme l'argent, sous
l'influence de l'acide sulfhydrique. Les acides sulfurique
et azotique concentrés n'attaquent pas à froid ce métal;
mais ils le dissolvent très lentement à chaud. L'acide chlor-
hydrique est le dissolvant de l'aluminium, sur lequel il
réagit même à froid.
Usages. — L'emploi de l'aluminium se trouve tout indiqué
lorsqu'on a besoin à la fois d’une grande légèreté, d'inalté-
rabilité à l'air et d’une certaine élégance. On fabrique avec
ce métal, depuis longtemps, malgré le prix élevé qu'il avait
conservé jusqu'à ces dernières années, des instruments d'op-
tique et de lunetterie; on en fait des services de table, des
clefs, des instruments de chirurgie, etc.
Des essais sont faits, maintenant que les prix de l’alumi-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 303
nium sont à peine plus élevés que ceux des métaux usuels,
pour le remplacement, par l'aluminium, des pièces métal-
liques lourdes et oxydables qui entrent dans l'équipement du
soldat. Les bidons, les marmites, les quarts et les gamelles à
l'usage de l’armée seront probablement fabriqués désormais
avec ce métal si léger, si propre et d'une si parfaite inno-
cuité.
L'aluminium est employé en métallurgie comme purifica-
teur du fer et du cuivre.
Enfin, malgré les critiques qui ont été faites contre l’em-
ploi de l'aluminium, dont des échantillons insuffisamment
purs avaient donné des mécomptes assez nombreux, parti-
culièrement dans l'usage des ustensiles culinaires, il est
certain que ce métal, qui jouit de propriétés si remarquables,
sera dans peu d'années d'un usage courant.
On commence déjà à utiliser l'aluminium pour la cons-
truction des maisons. En 1899, à Chicago, on a entrepris
la construction d’une habitation en aluminium dans l’un
des quartiers les plus fréquentés de la ville. La maison sera
formée d’un bâti en fortes poutres de fer, avec garnissage
en plaques de bronze d'aluminium, tenant 20 parties d’alu-
minium pour 10 de cuivre. Ce bronze à un coefficient de
dilatation extrêmement réduit. L'édifice aura une hauteur
de 64 mètres et comportera dix-sept étages. La façade sera
garnie de plaques de 5 millimètres d'épaisseur, soigneuse-
ment polies.
L'expérience indiquera si ce genre de construction peut
préserver les habitants contre le froid et la chaleur, et si la
sonorité des parois ne réserve pas quelques surprises plutôt
désagréables aux futurs locataires.
Alliages. — La moindre proportion d'aluminium ajoutée à
certains métaux — cuivre, fer, acier, etc., — en Queens
la dureté et l'homogénéité.
L'alliage connu sous le nom de bronze d'aluminium est
doué de l'éclat de l’or et de la ténacité du fer ; il contient
ordinairement 90 0/0 de cuivre et 10 0/0 d’ on il est
employé pour la fabrication de coussinets, de tuyaux, d’ins-
truments de physique, etc. Sa belle couleur a permis de l’uti-
liser dans l’orfèvrerie.
PT POS EN
304 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le laiton d'aluminium est formé de 2/3 de bronze d’alumi-
nium et de 1/3 de zinc.
- D'ailleurs, les alliages d'aluminium nes comme propes
tion, suivant Pepe auquel ils sont destinés.
L’alliage mitis est un acier très ductile et très dur conte-
nant 0,05 à 0,10 0/0 d'aluminium.
MINERAIS ET GISEMENTS
Bien que l'aluminium soit un des corps les plus répandus
de la nature, le nombre de ses minerais utilisables indus-
triellement est restreint. Les deux principaux sont la
bauxite et la cryolite. La bauxite est un hydrate ferrifère
d'alumine, qui contient 40 à 80 0/0 d’alumine, 0 à 20 0/0 de fer
et 15 à 50 0/0 d'eau; on l’emploie aussi comme argile réfrac-
taire, et il sert pour la préparation de l’alun et du sulfate
d’alumine. La cyoIe est un fluorure double d'aluminium
et de sodium (6NaF1l + APFI6). L'alumine pure naturelle ou
corindon (saphir, EnDIe) est employée en joaillerie; celle
dont on à besoin dans la métallurgie de l'aluminium, est
extraite artificiellement de l’alun, du kaolin ou de l’alumi-
pate de soude.
Bauxite. — En dehors du gisement des Baux de Provence,
près de Mouriès (Bouches-du-Rhône), où elle a été signalée
par Berthier dès 1821 et d'où elle a tiré son nom, la bauxite
est exploitée : dans la Lozère près de Mende; dans l’Ariège à
Péreilhes ; à Saint-Chinian et à Villa-Veyrac dans l'Hérault; à
Madriat, Boudes et Augnat, en Auvergne ; on en trouve égale-
ment : en Irlande, à Belfast ; dans le Piémont, à Mozze; en
Autriche, à Wochein ; au Canada, aux États-Unis, etc.
Gisement des Baux. — Aux Baux, on exploite à ciel ouvert ou
en galeries, un banc rose ou blanc de bauxite, de 6 mètres
d'épaisseur, sous un calcaire gris à cyclophores (oxfordien).
La bauxite repose sur les assises supérieures de l’urgonien.
Elle a une structure pisolithique qui diminue avec la teneur
en fer; on y trouve du rutile, du fer titané et du corindon.
La bauxite blanche, que l’on trouve au milieu de la bauxite
rose, est de l'alumine hydratée pure.
: MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 305
La bauxite de Saint-Chinian (Hérault), qui repose sur l'in-
fralias, est recouverte par le danien; celle de Cantagals, près
de Villa-Veyrac (Hérault), repose sur des calcaires gris juras-
siques ; elle est recouverte par les couches à physes de la
Bégude.
La bauxite a une origine hydrothermale; mais on ne
peut pas préciser la réaction chimique à laquelle elle doit
son origine.
Production de la bauxite. — En 1897, la France a produit
42.000 tonnes de bauxite ; elle en avait produit seulement
33.820 tonnes en 1896, et 26.032 tonnes en 1894.
En Irlande, la production de la bauxite, qui était de
10.500 tonnes en 1895, est montée à 13.349 tonnes en 1897.
Les États-Unis ont donné 21.000 tonnes de bauxite en 1897,
contre 17.369 tonnes en 1896; et, en particulier, la Pittsburg
Reduction C°, dont les usines sont situées à New-Kensington
et à Niagara-Falls, produisait, en 1897, 1.814.400 kilogrammes
d'aluminium à 98 0/0.
Cryolite. — Gisement d'Ivigtut. — On ne connaît encore
actuellement qu'un seul gîte de cryolite exploité industriel-
lement, celui d'Ivigtut près de la baie d’Arksut (Groenland
oriental); on y exploite un filon de 100 mètres de longueur
sur i mètre d'épaisseur maxima; la‘lcryolite s'y rencontre,
accompagnée d'étain, de sidérose, de fluorine, de wolfram et
de pyrite.
La production du district d'Ivigtut étaitide 12.287 tonnes
en 1895 ; elle a fléchi à 6.058 tonnes en 1896, par suite de
l’amoncellement des glaces, qui gênait l'exploitation.
A Miask (Oural), on trouve de la cryolite accompagnée de
topaze, de fluorine et d'un fluorure d'aluminium et de sili-
cium (chiolite). nie
Prix de l'aluminium. — Le prix de l'aluminium et de ses
minerais a beaucoup diminué de 1880 à 1900, depuis qu'on
prépare ce métal électrolytiquement et non plus chimique-
ment. Ainsi, en 1880, l'aluminium métal se vendait 150 francs
le kilogramme; il est vrai qu'à cette époque la production
totale ne dépassait pas 2.500 kilogrammes. En 1887, le kilo-
gramme d'aluminium ne valait plus que 60 francs, et 20 francs
en 1890.
GÉOLOGIE. 20
306 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
En 1894, les statistiques indiquent pour la France une pro- LE
_ duction de 270.000 kilogrammes d'aluminium, avecune valeur
de 1.372.000 francs, soit 5 francs environ par kilogramme, et,
en 1896, 370 tonnes valant 1.295.000 francs, soit 3 fr. 50 par
kilogramme environ.
Quant à la bauxite, qui valait 55 francs la tonne en moyenne,
en 1890, rendue aux usines, elle ne valait plus, de 4895 à 1897,
qu'une trentaine de francs au point de consommation, ou
6 à 7 francs prise à la mine ou à la carrière. — Les statis-
tiques indiquent en effet, pour la France, une production
de 26.032 tonnes de bauxite, en 1894, avec une valeur de
162.940 francs, et de 32.820 tonnes en 1896, valant
244165 francs.
BIBLIOGRAPHIE DE L'ALUMINIUM
4870. Fabre, Sur Les failles et fentes à bauxite dans les environs
de Mende (Bulletin de la Sociélé géologique, 2 série,
t. XX VIII, p. 516).
1872. Collot, Sur la bauxile de Saint-Chinian, dans l'Hérault
(Bulletin de la Société géologique, 3° série, t. IN). ;
1880. Collot, Sur la bauxite d'Ollières (Description géologique des
environs d'Aix en Provence).
1881. Dieulafait, Sur la bauxite de Provence (Comptes Rendus,
t. XCIIT, p. 804). |
1885. Roule. Sur le terrain lacustre ancien de Provence (Annales
des sciences géologiques ct Comptes Rendus du 7 février 1887).
1887. Collot, Sur l’âge de la bauxite (Comptes Rendus, 10 jan-
vier 1887).
1887. Collot, Age des bauxiles du sud-est de la France (Bullelin
de la Société géologique, 3° série. t. XV, p. 331).
1887. Augé, Note sur la bauxite (Bulletin de la Sociélé géologique,
3° série, t. XVI, p. 345).
1888. Stan. Meunier, Sur la bauxite {Bulletin de la Société géolo-
gique, 3° série, t. XVII, p. 61).
4889. P. Gourret et A. Gabriel, La bauxite et les élages qui læ
recouvrent dans le massif de Garbaban (Comptes Rendus,
L'CNT:
1890. Richards, Aluminium hislory occurence, prospeclies, etc.
London, Sampson Low).
1895. Garnier, l'Aluminium et le nickel (Revue Scientifique).
POSER
2
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 307
LE MERCURE ET SES MINERAIS
Propriétés. — Le mercure est un métal d’un blanc très
brillant, liquide à la température ordinaire; il fond à — 39°
et bout à + 357°. Densité — 13,60 à l'état liquide et 14,40 à
l’état solide. Il est inoxydable à l’air humide.
Usages. — Le mercure sert au traitement métallurgique
des minerais d’or et d'argent dans les procédés dits de
lamalgamation. On en emploie aussi une certaine quantité
pour la construction d'appareils de physique, baromètres,
thermomètres, cuves à mercure des laboratoires, etc.
Il servait aussi pour la dorure ; mais ce procédé, très nui-
sible à la santé des ouvriers, est presque entièrement rem-
placé par la dorure galvanique.
Alliages. — Les alliages du mercure portent le nom
d'amalgames. L'amalgame d’étain forme ce qu’on appelle le
tain des glaces. Pour le préparer, on fait couler du mercure
sur une feuille d’étain, et on applique la glace par dessus.
L'amalgame de bismuth, formé d’une partie de mercure
et de quatre de bismuth, adhère encore plus fortement au
verre; 1l sert à faire des boules argentées.
L'argenture est souvent préférée maintenant à ces amal-
games, à cause de l’insalubrité des vapeurs mercurielles.
Sels de mercure. — On emploie des quantités considé-
rables de mercure à la fabrication du vermillon. Le vermil-
lon, poudre rouge très éclatante, est du sulfure de mercure.
Le plus estimé est celui qui vient de Chine où l’on emploie
un mode de fabrication inconnu en Europe. A la mine
d'Idria, en Autriche, on le fabrique en grand en faisant
chauffer un mélange de mercure et de soufre ; on broie eton
porphyrise ensuite le cinabre artificiel (Hg,S) ainsi obtenu.
Le calomel, ou sous-chlorure de mercure, sert en méde-
cine comme vermifuge et comme purgatif.
Le sublimé corrosif est du protochlorure de mercure. Il a la
308 EURE] GÉOLOGIE APPLIQUÉE .
propriété de rendre imputrescibles les substances organiques.
Le fulminate de mercure, ou cyanure de mercure, est
employé pour les amorces.
Enfin la médecine utilise différents onguents mercuriels.
Tous ces usages sont assez limités ; aussi le mercure n’at-
teint-ilque des prix relativement peu élevés, malgré sa rareté.
La consommation des dix dernières années est restée
sensiblement constante et égale à 120.000 bouteilles ou
4.000 tonnes. L'usage a prévalu de compter ainsi par bou-
-teilles (bottle, flask ou fiasco), à cause de la facon constante
dont s'est effectué le transport du mercure dans des bouteilles
en fer contenant 34K6,65. |
Le grand marché du mercure est à Londres :.son «prix
varie entre 5 et 7 francs le kilogramme.
MINERAIS DU MERCURE
Le véritable minerai de mercure est le cinabre, ou proto-
sulfure de mercure, d'une couleur rouge caractéristique; il
est parfois accompagné d'un sulfure amorphe gris, appelé
métacinabre.
On connaît encore la tiemannite, qui est un séléniure, et
Fonofrite (séléniosulfure); un sulfoantinoniure, la livings-
tonite: un tellurure, la coloradoïte ; deux chlorures, le
calomel et la coccinite, et des amalgames d’or et d'argent.
Géogénie.— Le sulfure de mercure, au lieu de s'être déposé
dans de larges fentes de fracture, comme les sulfures de
beaucoup d'autres métaux, remplit en général des réseaux
de petites veinules le long d'une direction filonienne princi-
pale. Le terrain encaissant se trouve ainsi transformé en
une sorte de stockwerk, dans lequel on trouve des amas
lenticulaires assez peu développés. Parfois aussi le cinabre
imprègne le terrain, grès ou schiste, par porosité. Grâce à la
rareté du mercure, on est amené à exploiter des gisements
dont la teneur ne dépasse pas 1/2 0/0.
Qu'il soit en veinules ou en imprégnations, le cinabre ne
parait pas avoir été déposé par substitution, et nous admet-
irons avec M. Becker, qui a spécialement étudié la question,
qu'il a été apporté et déposé par des venues hydrother-
GS ph air»
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 309
males. Sans doute était-il à l'état de sulfure double de mer-
cure et de sodium, sel soluble qu'on retrouve dans les geysers
actuels de fa Californie, appelés steamboatsprings. Ce sulfure
double peut dissoudre l’or, la pyrite de fer et celle de
cuivre, corps qui accompagnent souvent le cinabre.
Le cinabre se rencontre dans presque tous les terrains : silu-
rien, carbonifère, permien, trias, tertiaire ; on l’a trouvé aussi
dans différentes roches : porphyres, trachytes et basaltes.
Quant à l'âge des venues mercurielles, il est difficile à
préciser, comme celui de tous les dépôts filoniens. On peut
cependant assigner une origine récente à presque tous les
dépôts de cinabre. Les seuls gisements auxquels on puisse
attribuer, d’ailleurs sans preuves certaines, une origine
ancienne, sont ceux d'Almaden et d'Oviedo, en Espagne, et
ceux de la Bavière et du Palatinat.
: A défaut d'ordre géologique, on adoptera un ordre géo-
graphique (France, Europe, Asie, Amérique, Australie) pour
lexamen des divers gisements de mercure. On décrira avec
plus de détails les mines importantes d'Almaden (Espagne),
d'Idria (Carniole), de Sièle (Toscane) et de Sulfur-Bank et
New-Almaden (Californie).
DESCRIPTION DES GISEMENTS
Gisements de la France. — On n’exploite en France aucun
gite de mercure; cependant on en trouve en divers endroits.
A Ménildot, dans la Manche, une mine a été ouverte de
1730 à 1742 sans résultat appréciable.
A la Mure (Isère), des tentatives faites de 1850 à 1854
n'ont pas eu plus de succès.
Dans l'Isère, le cinabre a encore été rencontré à Challanges,
dans des veines de galène et de blende, et à Allemand, avec
un amalgame d'argent.
On trouve aussi du cinabre à Peyrat (Haute-Vienne), dans
du granite. |
En Corse, près du cap Corse, le cinabre est associé à de
la stibine, dans des granulites.
Gisements de l'Algérie. — En Algérie, on trouve quelques
gisements de mercure; dans le département de Constantine :
Cr - dl rte nt €
RUE
#
VF TOR LL n ERr, Méeitr | OS UNS ar lv ei o » - DUR RAS : =]
7% VOTENT INR
e d
310 GÉOLOGIE APPLIQUÉE ne
A Bir-Beni-Salah, au sud de Coleo, où l’on rencontre du
cinabre et de la galène dans des gneiss.
A Taghit, au sud-ouest de Batna, dans des filons de cinabre
de blende et de galène, dans le terrain néocomien;
Enfin à Ras-El-Ma, auprès de Jemmapes, où il existe des
filons de cinabre et de barytine, dans des calcaires liguriens-
La dernière seule a donné lieu à une exploitation qui est,
du reste, aujourd'hui abandonnée.
Gisements de l'Espagne. — Outre la mine d’A/maden, sur le
versant nord de la Sierra-Nevada, dans la province de Ciudad
Real, le seul gisement espagnol qui ait une importance
industrielle est celui de Mieres, dans les Asturies.
Almaden. — Le gite d'Almaden contient la plus ancienne
mine de mercure : il était connu quatre cents ans avant
Puits S.Teodoro Pedry S: Francisco
22 S Diego A T
: EAN AR
É 4 mNZ\EZ\
BZREN LI
LARZ AR ZA
PARNN NET
MER IRNEN AIR
- RRQ RD = à 7 NT
AAGNNIE À
CE ERRONZ NY OR
À 7 Ë ZA NN, +.
CAEN À
x NN
A RS
NN
Fic. 93. — Coupe sud-nord du gisement d'Almaden
(d'après M. Küss).
Jésus-Christ; depuis
l'invention de l'amal-
gamation, la produc-
tion s’y est sans cesse
accrue. Le gisement
s’enrichitconstamment
en profondeur.
Le cinabre imprègne
trois couches de quart-
zites siluriens, d’une
épaisseur de 8 à 10
mètres; les couches,
encaissées dans des
schistes siluriens et
dans une brèche de
quartz, de serpentine,
de schiste et de cal-
caire avec ciment fels-
pathique appelée frai-
lesca (V. fig. 93), sont
très redressées et forment les trois filons de San-Pedro y San-
Diego, San-Francisco et San-Nicolas. À partir de 200 mètres de
profondeur, leur régularité est beaucoup plus grande; vers
260 mètres, les deux derniers filons semblent se confondre.
Le gisement est divisé, par les mineurs, en trois catégo-
PT I PE
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 311
ries : le minerai pauvre, qui tient de 1 à 7 0/0 de mercure;
le minerai moyen, de 8 à 20 0/0; le minerai riche, dont la
teneur peut aller jusqu'à 85 0/0.
Le gîte est exploité par étages de 25 mètres, et, dans
chaque étage, par tranches de 32,50 environ. Le douzième
étage a été préparé en 1895. On enlève les foncées de deux en
deux et on les remplace par un massif de maconnerie, repo-
sant sur une voûte très surbaissée. De cette facon on peut
enlever jusqu'aux dernières parcelles du minerai. Le chiffre
élevé des frais d'exploitation, 100 à 105 francs par tonne, y
compris la mise en bouteilles, est, du reste, moins grevé par
ce muraillement (qu ne revient qu'à 17 francs par tonne,
fournitures comprises) que du fait même de l’abatage. Un
piqueur, payé 4 à 5 francs par jour, ne peut travailler que
quatre heures par jour et pendant sept à huit jours seule-
mentchaque mois, tant sont délétèreslesvapeurs mercurielles.
La production du district d'Almaden a été de 16.076 tonnes
de minerai en 1896, donnant 41.330 bouteilles, soit
1.426.188 kilogrammes de mercure, avec un rendement
moyen de 8,87 0/0. En Espagne, la production du mercure
a été, en 1897, de 49.540 bouteilles, dont 47.357 pour Almaden
(en augmentation de 6.027 sur 1896), 1.600 pour El Porvenir
(Mieres), 472 pour l'Union Astuariana et 111 pour la Soter-
rana (Pola de Lena).
(Grisements de l'Allemagne. — A Ia fin du siècle dernier,
l'Allemagne produisait une certaine quantité de mercure. —
Mais les mines de la Bavière et du Palatinat n’ont pas pu
descendre au-dessous de 200 mètres sans que leur appau-
vrissement les rende inexploitables. Elles consistaient en
filons et en imprégnations de cinabre dans des schistes gris
et des conglomérats du permien supérieur. La dernière mine
exploitée, celle de Potsberg, près d’Altengrau, est fermée
depuis longtemps.
Gisements de l'Italie. — Le gisement de Vallalta, en Vénétie,
dans la province de Belluno, est connu depuis de longues
‘années; son exploitation avait été reprise en 1856; mais,
depuis 1880, elle est abandonnée définitivement. Le gîte se
trouve au contact de microgranulites et de grès et schistes
triasiques. Le cinabre était en veinules dans un conglomérat
312 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
spécial, sorte de brèche de frottement, formée lors de l’ouver-
ture du filon. Le plus grand amas exploité avait 30 mètres
d'épaisseur et une teneur moyenne en mercure de 0,5 0/0.
En Toscane, la mine de Levigliani, près de Seravezza, est
très ancienne; la couche y est disséminée dans des veines
irrégulières de quartz. La mine de Jano, près de Volterra, où
le cinabre imprègne des schistes bitumineux, n’a pas donné
les brillants résultats qu’elle avait fait entrevoir.
Mais les mines du mont Amiata ont pris, depuis 1880, un
magnifique essor. En particulier, celles de Siele et de Cor-
nacchino viennent directement, comme chiffre de produc-
tion, après celle d'Idria en Autriche.
Siele. — La mine de Siele, appelée Diaccialetto, est située
sur la rive gauche du torrent de Siele. Le gisement se
trouve dans des couches calcaires triasiques qui sont plus ou
moins marneuses. On exploitait d'abord des petits filons et
des petites couches de spath calcaire mélangé de cinabre,
et la mine avait déjà fait faillite quand on trouva, à la pro-
fondeur de 50 mètres, des couches argileuses dont l’une,
dite Grand-Diga, contient de 35 à 90 0/0 de mercure.
A la mine de Cornacchino, sur le mont Penna, le gisement
af VA
NET OR À
.2 Mont Penna Mont Anuata
SE = 2ErA "Re =
22 LR Calcure madreporique CSSS Tradytes
SE BEEN ee = 2 RQ = .
0 fr x RQ foraminifere .2 : f Ye Ar
(a) K (5) É Rte rare
SIN RER Li LR
Jaspes LAN D TASSE PSS ASST
SR NN mire E ÉSNNNNN S LORD
SERRES AIN ÈS SP
Cr TS NN
CLS LE: S ALT À
IIS
Sud LIÈÈRSS
LR
CL ND
Fig. 94. — Coupe nord-sud des Mines de Siele et Cornacchino
(d'après M: Jasinski).
se trouve aussi dans des couches argileuses, au milieu du
calcaire nummulitique.
Les deux mines de Siele et de Cornacchino ont pro-
duit ensemble, en 1890, 449 tonnes de mercure, valant sur
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 313
place 2.920.000 lires et, en 1897, séparément : Siele, 130 tonnes,
et Cornacchino, 50 tonnes de mercure.
Une nouvelle Compagnie s’est formée en 1897, pour exploi-
ter les mines de mercure d’Abbadia (Toscane).
L'Italie produisait au total, au moyen de onze mines, en
1894, 258 tonnes de mercure métal, représentant une valeur
de 1.135.200 lires, et, en 1896, 186 tonnes valant 874.200 lires.
Gisements de l'Autriche. — La mine d’Idria {Carniole) est
la plus importante d'Europe après celle d'Almaden.
Idria. — Le gisement d'Idria est exploité par le Gou-
vernement Autrichien depuis le milieu du xvi siècle.
En 1865, il semblait épuisé et ne trouva pas acheteur à
3.300.000 francs ; mais, dès l’année suivante, la production
reprit, et elle fournit actuellement à l'Autriche un bénéfice
annuel de 800.000 francs.
Fi6..95. — Coupe verticale du gisement d'Idria (district du nord-ouest).
Le gisement se divise en deux districts : celui du nord-
ouest et celui du sud-est. Dans le premier, le cinabre
imprègne des couches schisteuses triasiques, appelées couches
de Skonza ; ces couches plongent entre les marnes irisées
de Wengen et les dolomies de Guttenstein jusqu’à une profon-
deur de 280 mètres, puis se divisent en deux branches, l'une
montant et l’autre descendant à travers le calcaire.
314 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La branche inférieure est en relation avec le district sud-
est, où la couche affecte la forme d'une cuvette renversée.
Le mercure est très irrégulièrement disséminé : il forme
parfois des amas lenticulaires, puis disparaît complètement.
Le calcaire dolomitique du toit est souvent imprégné de
mercure, grâce à une infinité de veinules qui partent des
couches de Skonza. Dans certains endroits, on trouve même
du mercure natif.
L'arrivée au jour, du mercure à Idria, semble s'être pro-
duite par des fissures provenant d’un mouvement postérieur
au trias supérieur. Le sulfure de mercure en dissolution s’est
concentré dansles schistes poreux et dans les fissures des grès.
Le minerai le plus riche, le stahlerz, contient 75 0/0 de
mercure; mais la teneur moyenne n’est que de 0,84 0/0. La
production annuelle d'Idria est d'environ 550 tonnes de
mercure métal. On peut encore citer, en Carniole, le gise-
ment de Potocnig, près de la ville de Neumarkt. On y trouve
le cinabre en veinules et en petites mouches dans un schiste
noir du muschelkalk. Production annuelle, 20 tonnes de
mercure environ.
La mine de Littaï, près de Marburg, d’où l’on tire de la
galène avec de la cérusite, produit aussi du cinabre qui
enveloppe les noyaux de galène et qui paraît dû à une venue
postérieure.
On peut rappeler pour mémoire les mines de la Bosnie, qui
produisaient 5 tonnes de mercure en 1891 et 1/2 tonne
en 1895. Une Compagnie anglaise s’est formée, en 1897, pour
exploiter des gisements de mercure nouvellement découverts
en Croatie, à Trystin.
La production totale du mercure, en Autriche, a été, en 1894,
de 519 tonnes, représentant une valeur de 2.641.795 francs,
et provenant de 84.127 tonnes de minerai.
En 1896, la production du mercure a atteint en Autriche
564 tonnes valant 2.874.237 francs, et provenant de 83.305
tonnes de minerai.
Gisements de la Hongrie. — En Hongrie, les filons-couches de
Grobe et Drozdziakow, à Kotterback, et celui de Kahlehoh, à Szlo-
vinka, exploités comme filons de chalcopyrite, contiennent
du cinabre et du cuivre gris mercuriel, avec de la stibine,
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 315
minéral toujours associé au mercure dans ces régions. Les
filons de Dobschau et de Metzenseifen, voisins des précédents,
sont exploités uniquement pour mercure.
La production totale de la Hongrie, qui était de 26 tonnes
en 1883, est tombée à 10 tonnes en 1890. En 1896, elle
n'était plus que de 1.100 kilogrammes, valant 5.590 francs.
Gisements de la Russie. — Dans le sud de la Russie, près de
Nikitoffka, au centre du bassin houiller du Donetz, sur la voie
ferrée de Koursk-Kharkow (gouvernement d’'Ekaterinoslaw),
le mercure a été signalé dès 1879. Une exploitation y a été
entreprise, en 1886, et a pris une extension rapide. Le cimabre
imprègne un banc de grès houiller très incliné; il tient en
moyenne 0,80 0/0 de mercure et a fourni, en 1893, 201 tonnes
de mercure valant 1.102.420 francs.
En 1895, la production s’est élevée à 434 tonnes représen-
tant une valeur de 1.855.000 francs seulement.
Gisements de la Chine. — Le mercure paraît abondant en
Chine, où l’on fabrique de grandes quantités de vermillon.
Les mines, très importantes, paraît-il, sont inconnues; tout
au plus peut-on aflirmer qu'elles sont dans la province de
Kwei-Chau, récemment ouverte au commerce étranger.
En Corée, notamment dans la province de Hoang-Hai, il existe
aussi des gisements de mercure qu'on exploite, comme en
Chine, en allumant des feux dans des trous creusés au milieu
des roches imprégnées de cinabreet recueillant le mercure
qui se distille et se condense sur la surface de la roche.
Gisements des îles de la Sonde. — Dans l’île de Bornéo, il
existe d'importantes mines de mercure à Tégora, dans le dis-
trict de Sarawak; le cinabre y est contenu dans un schiste
argileux en masses irrégulières; il est accompagné de pyrite
et de stibine. La production annuelle dépasse 2.000 bouteilles.
Gisements du Japon. — Au Japon, il existe quelques gise-
ments de cinabre, entre autres celui de Shizu, dans la
province d’'Hirado. Le minerai se rencontre en veines minces,
au milieu de roches éruptives.
La production du mercure au Japon a été de 2.141 tonnes
en 1893. En 1895, elle est tombée à 481 tonnes. Les rensei-
gnements pour les années suivantes ne nous sont pas encore
parvenus.
DID Un GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements de la Californie. — Les mines de Californie,
découvertes vers 1843, après avoir produit 2.800 tonnes en
1875 et révolutionné le marché du mercure, se sont rapide-
ment épuisées, et produisent à peine 20.000 bouteilles, soit
à peu près 650 tonnes de mercure par an actuellement,
_ Les gisements de mercure s'y présentent sous une forme
nettement filonienne, dans des terrains divers, du trias au
tertiaire. Le cinabre est acconipagné de pyrites, de matières
bitumineuses de quartz résinite ou d'opale, etc.
Les principales mines sont celles de Sulphur-Bank, près
du lac Clear: celles des districts de Knoxville et de Ohathill tout
à fait épuisées, et enfin celles de New-Almaden et de New-Idria.
Sulphur-Bank. — Sulphur-Bank, dans la Californie, est une
colline recouverte de soufre, qu'on exploita d'abord, sans
grand succès, comme mine de soufre. En 1873, on reconnut
que le soufre recouvrait un gisement de cinabre. Le minerai
y est pauvre; il contient 4 0/0 seulement de mercure; mais
l'exploitation, qui se fait à ciel ouvert, est facile. Le cinabre
est généralement amorphe, accompagné de pyrite avec des
matières bitumineuses, de la silice et de la calcite. Le terrain
euncaissant est le néocomien; il est bouleversé par des phé-
nomènes volcaniques récents coulées de basalte, sources
chaudes, lacs de borax. L'eau des sources chaudes contenant
des carbonates, des borates, des chlorures et des sulfures
alcalins, est capable de dissoudre le cinabre, sous une pression
suttisante. Il est possible que ce soient des sources analogues
qui aient amené le minerai; celui-ci aurait été précipité par
diminution de pression. Le rendement, qui diminue beau-
coup, est d'environ 1.500 bouteilles chaque année.
New-Almaden. — La mine de New-Almaden est la plus
ancienne de la Californie. Le cinabre y imprègne le ter-
rain néocomien profondément métamorphisé. Le calcaire et
les grès, recoupés en tous sens par les veinules du minerai,
forment des stockwerks alignés le long de filons irréguliers.
Le mercure est accompagné de silice, dé matières bitumi-
neuses et de pyrite. Les galeries sont très étendues, et la
mine a déjà fourni de grandes quantités de minerai. En 1874,
elle paraissait épuisée, lorsqu'on a trouvé de nouveaux
filons, moins riches, il est vrai, mais plus réguliers. La pro-
” À Ÿ-
{
æ
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE 317
duction totale de New-Almaden a été, jusqu’en 1899, d'environ
1 million de bouteilles. En 1897, elle, était de 4.700 bou-
teilles. . n'a
Gisements du Mexique. — On a étudié les moindres gise-
ments de mercure du Mexique, à cause de l'intérêt qu'ils
avaient pour l'amalgamation des minerais d'argent; mais les
résultats n'ont pas été brillants au début. Tout au plus
pourrait-on citer, jusqu'en 1894, les gîtes de mercure ‘de
San-Onofrio et de Guadalcazar, qui se trouvent dans des cal-
caires crélacés.
Mais d'importants gisements de mercure, découverts en
1894, sont exploités dans le district de Moctezuma, à 115 kilo-
mètres au nord-ouest de San-Luis de Potosi. La première mine
ouverte (Dulces-Nombres) a été louée, moyennant une rede-
vance mensuelle de 15.000 francs, par la Société des Mines
de mercure de Guadalcazar. La mine de Guadalupana, à deux
kilomètres de Dulces-Nombres, a été ouverte en 1897 ; le
minerai exploité contient une forte proportion de mercure.
Les autres principales mines du Mexique sont celles de Nuevo-
Potosi, exploitées également par la Société de Guadalcazar, et
de Huitzuco (État de Guerrero). Une nouvelle mine a été
ouverte, dans l'État de Durango, en 1898.
Gisements du Brésil. — On commence à exploiter, au Brésil,
de grands dépôts de minerai tenant de 4 à 2 0/0 de mercure,
près de Nazareth.
Gisements de la Colombie. — En Colombie, quelques travaux
ont été entrepris dans de district de Kamloops, au nord du
lac dé cé nom. Le minerai, à gangue dolomitique, est contenu
dans une roche tertiaire très acide, d’origine volcanique. On
connaît aussi des gîtes de mercure près de Cruces, dans
l'isthme de Panama et dans la vallée de Santa-Rosa (province
d'Antioquia). |
Gisements du Pérou. — Le Pérou à été un pays grand
producteur de mercure; mais ses gisements sont aujourd’hui
abandonnés. Dans la province d’Ancachs, la mine de Santa-
Cruz a été arrêtée par suite de dégagements abondants
d'acide carbonique. Dans le district d'Huancavelica, dont
la mine la plus riche était celle de Santa-Barbara, on trouvait
le mercure en imprégnations dans du grès. Le cinabre était
D ON PES ee - NOR TS ET ER PE Ce ne
318 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
cinabre était accompagné de minerais arsénicaux, avec
gangue de calcite et de barytine.
Australie. — En Australie, on a découvert d'importants
gites de cinabre dans la Nouvelle-Galles du Sud, à Noggriga-
Creek, et dans la Nouvelle-Zélande près de Thames, à Manga-
kirikiri-Creek.
La production de mercure (métal) dans le monde entier a
été de 3.709 tonnes en 1895, et de 4.275 tonnes en 1897.
BIBLIOGRAPHIE DU MERCURE
1871. De Monasterio y Correa, Mines d'Almaden (Revue univer-
selle des Mines et Annales des Mines, 7° série, t. I, p. 443).
1874. Virlet d'Aoust, Sur le gisement du cinabre à Alinaden et au
Mexique (Bulletin Société géologique, 3° série, t. IT, p. 416).
1874. Jannetaz, Sur le mercure métal, trouvé dans les terrains
récents (Bulletin Société géologique, 3° série, t. II, p. 416).
1876. Hollande, Sur le mercure de Corse (Bulletin Société géolo-
gique, t. IV, p. 31).
1876. Leymerie, Mercure dans les Cévennes (Toulouse, Académie
des Sciences, 1° série, t. VIII, p. 132).
1878. Blake, Sur les gisements de cinabre en Culifornie el au
Névada (Bulletin de la Sociélé de l'Industrie minérale).
1818. Kuss, Mémoire sur Almaden (Annales des Mines, T° série,
AXE p:3921 XV, -p 522)
1878. Rolland, Les gisements de mercure de Californie (Bulletin
Sociélé minérale, n° 6, et Annales des Mines de septembre).
1880. Petiton, Nofe sur la mine de mercure de Siele en Toscane
(Annales des Mines, 7° série, t. XVII, p. 35).
1883. E. de Launay, Mémoire sur Idria (Manuscrit à l'Ecole des
Mines). î
1889. Briard, Journal de voyage sur les Mines de Mieres (Manuscrit 1
à l'Ecole des Mines). :
1889. Hoskold, Mémoire général sur les Mines de la République
argentine.
4891. Weiss, Usine à mercure de Nikiloffka (Mémoire maauscrit à
l'Ecole des Mines).
1894. Calderon, Recientos trabajos sobre el origen y formacion de
los depositos de mercurios, (Madrid Actas de la Sociedad
Espagñola de historia naturale).
j
nl dé ii ant tt ait 1
CHAPITRE IV
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS
COMBUSTIBLES MINÉRAUX ET HYDROCARBURES
Carbone. — Le carbone est un corps simple, solide, non
métallique, entrant dans la composition d'un grand nombre
de substances minérales :
1° Comme corps simple avec ou sans azote (diamant, gra-
phite) ;
2° Combiné avec l'hydrogène (carbures d'hydrogène, gaz
naturels, pétrole, bitume, asphalte, ozokérite, ambre);
3° Combiné avec l'oxygène, l'hydrogène, l’azote et parfois
avec un peu de soufre (anthracite, houille, jais, lignite,
tourbe .
Les divers composés du carbone qui se trouvent à l’état
naturel, soit en couches, soit en imprégnations dans la terre,
seront étudiés dans ce chapitre.
Seuls, les gisements de diamant (carbone pur) et de Jjais
(variété de lignite) seront examinés plus loin avec les pierres
précieuses.
320 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GRAPHITE
Propriétés physiques et chimiques. — Le graphite naturel
est, à l’état pur, composé presque exclusivement de carbone
avec des traces d'oxyde de fer, d'azote, de silice et d'alu-
mine. Il est généralement connu sous les noms de plomba-
gine et surtout de mine de plomb, parce que, comme le plomb,
il présente un aspect métallique et laisse sur le papier des
traces noires et brillantes, d’où son nom, tiré de yoagew :
écrire. Il est cristallisé en petites paillettes d'un gris d'acier,
ou en masses feuilletées, onctueuses au toucher et se lais-
sant rayer par l'ongle. La densité des graphites les plus
purs, qui proviennent de Ceylan et du Canada, et qui con-
tiennent jusqu à 99,8 0,0 de carbone, est de 2,26; elle varie
entre 1,80 et 2,40 pour le graphite des autres provenances.
Ce corps ne brûle que dans l'oxygène, à une température
élevée ; il conduit bien la chaleur et l'électricité.
Usages. — On emploie à la fabrication des crayons, sous
le nom de mine de plomb, les variétés grenues de graphite
les plus pures; les gros morceaux sont sciés en baguettes
prismatiques que l'on introduit dans des gaines de bois. Les
petits morceaux pulvérisés et la poussière provenant du
sciage sont, après mélange avec de la gomme ou de la colle
de poisson, comprimés en briquettes destinées elles-mêmes
au sciage pour la fabrication des crayons.
Pulvérisé et traité par des procédés spéciaux, le graphite
donne une pâte qui, moulée, constitue le crayon conté.
Certaines qualités de graphites sont employées comme
combustible en métallurgie (Rhode-fsland).
On confectionne des creusets réfractaires avec des gra-
phites impurs auxquels on ajoute de l'argile jusqu'à la pro-
portion d'un tiers ; on choisit pour cet usage les graphites
écailleux ne contenant pas de chaux et surtout pas de fer,
pour éviter la formation de silicates fusibles et de colorations
ocreuses. En poussière fine et délayée dans un peu d'huile,
la mine de plomb sert à noircir les objets en fer, en fonte
ou en tôle. Elle les préserve de l'oxydation et leur donne,
par le frottage, une surface brillante de métal neuf.
Incorporé à des huiles ou à des graisses, le graphite cons-
LE CARBONE .ET SES COMPOSÉS 321
titue le cambouis employé, sous le nom de vieux oing, au
graissage des essieux de voitures, des tourillons, des engre-
nages, etc. On emploie aussi le graphite, seul et bien pul-
vérisé, pour adoucir le frottement des pistons dans les
cylindres des machines soufflantes.
On s’en sert également pour la garniture des moules de
fonderie, et, en galvanoplastie, pour métalliser les sulfures
non conducteurs des moules et empêcher leur adhésion avec
le métal déposé.
GISEMENTS
Bien que le graphite soit abondant dans la nature, notam-
ment dans les micaschistes et les schistes anciens métamor-
phiques, il n'existe qu'un nombre limité de gisements indus-
triels, en Sibérie, en Bohême, aux États-Unis, au Canada, à
Ceylan, etc.
On peut diviser les gisements de graphite en trois catégo-
ries, d'après les indications géologiques de leur formation.
1° Graphite dans les roches éruptives cristallines (Sibérie,
district d'Irkoutsk);
2° Graphite dans les gneiss et les micaschistes (Bohême,
Etats-Unis, Canada);
3° Graphite dans les terrains ancie ns, tels que les grès silu-
riens (Cumberland), le dévonien (Ceylan) et le houiller
(New-Mexico).
[J. — GRAPHITE DANS LES ROCHES ÉRUPTIVES CRISTALLI NES
Sibérie. — On trouve du graphite en Sibérie dans les monts
Batougol, près d’'Irkoutsk, au milieu des schistes anciens
(graphite terreux avec 50 0/0 d'argile) et dans les granulites,
d'où l’on extrait des blocs purs de 30 à 40 centimètres
(97 0/0 de carbone) d’un graphite facile à tailler et à débiter
en crayons (Mine Alibert). Le climat rigoureux a fait aban-
donner ces gisements et a empêché l'exploitation de ceux de
Touroukhansk.
Gisements divers. — On à trouvé aussi du graphite dans le
Turkestan russe près de Kouldja et de Serguipol, ainsi que
dans la Russie d'Europe près de Krivoi-Rog, à Tcheronnaia
GÉOLOGIE. 21
322. GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sur la rive gauche de l'Ingouletz, et non loin de là, à Miro-
novka, près de Petrovo, etc. Il en existe aussi dans les gra-
nites des Pyrénées (mont Labour), dans les diorites de Barèges,
et dans le porphyre du Harz; M. Friedel a reconnu du gra-
phite dans des échantillons de diamant; la présence du gra-
phite a été également constatée dans des mines de diamant
du Cap, près de Kimberley, par M. Moulle.
= -
?
p-
-
II. — GRAPHITE DANS LES GNEISS ET LES MICASCHISTES
Bohéme. — En Bohême, le graphite se trouve à Krümmau
où on en fait une exploitation souterraine, et à Schwartzbach,
entre des gneiss et des micaschistes, dans une zone d’amphi-
bolites analogue à celle du Plateau Central français. Le gise-
ment de Schwartzbach se trouve au voisinage de calcaires
cristallins en amas, couchés suivant la stratification et cou-
verts par une imprégnation ferrugineuse de quelques centi-
mètres. Le graphite extrait est affiné, c'est-à-dire trié, broyé
et soumis à une séparation par densité dans des cuves à eau.
On trouve des gîtes analogues à Sivojanow (Bohême), à
Muhldorf (basse Autriche), à Passau (Bavière) et à Pistau (Mora-
vie). |
L'Autriche a produit, en 1896,35.972 tonnes de graphite
valant brut, sur le carreau de la mine : 3.041.145 francs.
Tonkin. — On trouve du graphite au Tonkin dans les
gneiss, à Yen-Bay sur les bords du fleuve Rouge. Les gise-
ments reconnus semblent importants: mais leur exploitation
était à peine commencée en 1899.
États-Unis. — On a découvert, en 1883, à Ticonderoga
(New-York), des bancs de graphite interstratifiés dans les
gneiss de Blackhead Mountain. Les veines, de 2 à 20 cen-
timètres, alternent avec des gneiss et plongent à 45°, jusqu à
plus de 100 mètres de profondeur. Le minerai est préparé
comme celui de Bohême et sert surtout à la fabrication des
creusets.
Il existe aussi des gites de graphite dans le Massachusetts, à
Sturbridye et dans l'Etat de New-Jersey, ainsi qu'en Californie,
à Senwa. On a extrait aux États-Unis, en 1897, 450.48; kilo-
grammes de graphite cristallisé, valant 225.455 francs.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 323
Les États-Unis produisaient, en 1885, 200 tonnes de graphite
valant 910 francs la tonne, et, en 1890, 6.000 tonnes valant
600 francs la tonne.
Nouvelle-Angleterre. — On exploite à Rhode-Island (New-
England) des couches de houille métamorphisée en graphite.
A Cumberland-Hill et à Cranston, ce graphite, intermédiaire
entre le graphite et l’anthracite, est employé en métallurgie
(procédé Eames).
Canada.— Au Canada (Lochaber et Buckingham), le graphite
imprègne des gneiss, au voisinage de calcaires cristallins,
comme en Bohême. Le graphite, en paillettes ou en amas,
est accompagné de calcite, de quartz, de pyroxène, d'apatite
et de sphène, provenant sans doute de l’action de l'acide
_ titanique sur le calcaire.
On trouve des gisements analogues au val d'Andlau (Vosges),
à Visen (Portugal) et près d'Oran (Algérie).
III. — GRAPHITE DANS LES TERRAINS ANCIENS
Angleterre. — Les mines, aujourd’hui abandonnées, de
Borrowdale et de Kesswick (Cumberland) fournissaient du gra-
phite formant des veines dans des grès et des schistes. A
Cummoch, on exploitait des lentilles de graphite dans des
gneiss. Les mines de graphite du Cumberland donnaient au
xvi° et au xvii° siècle, un bénéfice net annuel d’un million
de francs.
Ceylan. — Le graphite des gisements de Ceylan, assez
importants, est aujourd’hui supplanté sur le marché par le
graphite américain. Les mines principales sont situées autour
de Colombo, au sud de Ceylan, probablement dans le dévonien.
BIBLIOGRAPHIE DU GRAPHITE
1872. Dionys Stur, Graphite de Moravie (Verh. der K.K. geol. R.).
1871. Obalski, Rapport sur les mines du Canada.
1819. Bonnefoy, Giles de graphite de la Bohéme méridionale
(Annales des Mines, t. XV, p. 151).
1887. Mineral resources of the United States, p. 351 et 672.
324 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
COMBUSTIBLES MINÉRAUX
Les combustibles minéraux, que l'on pourrait plus pro-
prement appeler combustibles végétaux minéralisés, sont
composés de carbone avec de l'oxygène, de l'hydrogène et
de l'azote en proportions variables. Selon les conditions de
leur dépôt, ils contiennent plus ou moins de matières ter-
reuses et d'impuretés diverses, qui forment les cendres,
résidu de leur combustion.
D’après leur composition chimique, leur âge, leur mode de
formation et leur usage, on les distingue en quatre caté-
gories :
L'anthracite, la houille, le lignite et la tourbe.
Géogénie. — Les premiers de ces combustibles ont été for-
més par la transformation de matières végétales après trans-
port, macération et dépôt dans des eaux profondes. Le
lignite et la tourbe ont été formés, au contraire, dans des
estuaires et des marais peu profonds.
Rapidité de la formation des dépôts de combustibles. —
On pensait autrefois que le temps de formation des dépôts
de combustibles avait été très considérable (près de dix
siècles pour 1 mètre de combustible); mais les expériences
de M. Fayol, à Commentry, ont démontré que la formation
avait dû être beaucoup plus rapide et que certains bassins
houillers avaient pu être formés en quelques centaines
d'années.
On étudiera successivement chacune des quatre catégories
de combustibles indiquées ci dessus, en commençant par
celles dont le dépôt est généralement le plus ancien et la
formation la plus complète.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 325
I. — ANTHRACITE
On appelle anthracites les combustibles minéraux qui sont
les plus éloignés de leur origine végétale.
_ Bien qu'il y ait eu de nombreuses théories relatives à l’ori-
gine de la houille et de l’anthracite, les observations et les
expériences de MM. Grand'Eury et Fayol ont démontré bien
nettement que ces combustibles minéraux sont formés de
résidus végétaux posés à plat et superposés d’une facon nette
et constante, ce qui implique l’action d'un véhicule liquide.
Ces résidus végétaux sont des feuilles, des lambeaux
d'écorces, des fragments de troncs ou de rameaux de plantes
terrestres et non aquatiques. Les terrains dans lesquels
poussaient ces plantes et ces arbres étaient certainement très
humides et favorisaient, avec le climat tropical des époques
anciennes, le développement énorme de la végétation.
Les plantes enlevées par des torrents, avec des graviers et
de la vase, ont été transportées souvent à de grandes dis-
tances et se sont accumulées dans des lacs ou des deltas
renfermant des eaux tranquilles, où les matériaux se sont
déposés en se séparant suivant leur densité. Selon la rapidité
des torrents, la profondeur des lacs et la puissance de la
végétation à l'époque des crues, les dépôts formés ont pro-
duit des couches de combustible plus ou moins puissantes et
plus ou moins barrées de lits de sables (transformés en grès)
et de boues argileuses (transformées en schistes).
Les anthracites ne sont pas toujours les plus anciens com-
bustibles comme formation géologique ; mais ce sont ceux qui
présentent l’état le plus parfait de carbonisation. La plupart
des anthracites peuvent être considérés comme des houilles
métamorphisées (Etudes de M. Gruner sur le bassin houiller
d'Ahun, et de MM. Chaper et Moissenet sur les combustibles du
Colorado, etc. .). D'ailleurs, dans les régions montagneuses et
dans le voisinage des roches éruptives, comme dans les Alle-
ghanysetdansle massif alpin, les combustibles minéraux sont
généralement de l’anthracite. En s’éloignant de ces régions,
le combustible devient bitumineux et passe à la houille.
326 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Propriétés physiques et chimiques de l'anthracite. —
L'anthracite (du grec avfoat, charbon) est une roche noire,
quelquefois amorphe, possédant un demi-éclat métallique
assez vif, malgré son aspect vitreux. L’anthracite est d'autant
plus apprécié qu'il est plus dur; quelquefois friable sous la
pression des doigts, il exige souvent un choc assez fort pour
être brisé. Cassure conchoïdale. Dureté—2à 2,5. Densité —1,30
à 1,75. Infusible au chalumeau et inattaquable par les acides,
l’anthracite se dissout cependant dans un mélange d'acide ni-
trique et de chlorate de potasse àchaud, en donnant desacides
bruns. Sa combustion ne peut guère être obtenue qu'avec
une masse assez considérable d’anthracite et sur des grilles
avec bon tirage; mais elle donne alors beaucoup de chaleur.
L'anthracite brûle par la surface, lentement, sans fondre
et sans se déformer, avec une flamme très courte, rougeûtre
et peu éclairante; il ne dégage que peu de fumée, se fend
et décrépite au feu. Lacomposition élémentaire de l’anthracite
est la suivante : 90 à 95 0/0 de carbone pur, 1,25 à 4 d'hydro-
gène, et 1,50 à 4,25 d'oxygène et d'azote. — L’anthracite se
montre composé de celluleset de fibresnon déformées(d’après
M. Gümbel) et quelquefois associées à des débris de fusain.
La combustion en vase clos produit (cendres déduites) 88
à 94 0/0 de carbone fixe et 12 à 6 0/0 de matières volatiles.
Dans le Centre et le Midi de la France, on trouve cependant
des charbons tenant jusqu'à 15 0/0 de matières volatiles et
brûlant comme de l’anthracite.
Usages. — L'anthracite est utilisé principalement pour le
chauffage domestique dans des foyers fermés.
Les menus sont employés, à cause de la lenteur de leur
combustion, pour la cuisson de la chaux destinée aux usages
agricoles et pour la fabrication des briques.
L'anthracite a un pouvoir calorifique qui atteint 9.000 à
9.200 calories. Un kilogramme d’anthracite pur peut vapo-
riser de 8 kilogrammes à 85,500 d'eau. Enfin l’anthracite est
employé en métallurgie pour la fabrication de la fonte; mais
cette application exige des conditions particulières qui ne
sont pas remplies par tous les anthracites exploités.
Pour être métallurgique, l'anthracite, qui ne donne que du
coke pulvérulent, doit être employé à l'état cru. Il est donc
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 327
indispensable qu'il ne soit pas friable, afin de ne pas s’écraser
dans les hauts-fourneaux. Il doit se présenter en morceaux
de la grosseur de deux poings environ et ne pas trop décré-
piter. Les anthracites de Pensylvanie, qui décrépitent moins
que ceux d'Europe, ont pu être appliqués au chauffage des
locomotives et utilisés avec succès pour la métallurgie dans
les hauts-fourneaux ; ceux du pays de Galles ont été aussi
employés dans la métallurgie; mais il ne semble pas que les
essais aient été très satisfaisants, les hauts-fourneaux qui
avaient été établis à cet usage en Angleterre ont été aban-
donnés en 1898. Des essais analogues ont dû être repris en
1899 en Russie. On fait actuellement des essais en Indo-
Chine pour employer les anthracites dans la métallurgie du
fer, soit à l’état cru pour les anthracites durs, soit à l’état
d'agglomérés pour les anthracites friables.
GISEMENTS D ANTHRACITE
L'anthracite se rencontre principalement dans les terrains
dévonien et carboniférien et dans le silurien. Il en existe
aussi dans certains bancs métamorphisés qu’on a rattachés
au jJurassique. Mais la période trilobitique semble être la
période propre à l’anthracite
Gisements de la France (Dauphiné).— En France, il existe des
gisements d’anthracite dans la Savoie et le Dauphiné; M. Élie
de Beaumont les rattache aux couches jurassiques méta-
morphiques des Alpes; mais ils semblent appartenir plutôt à
l'étage stéphanien, ainsi que ceux que l’on rencontre en
Suisse. On y a fait, depuis quelques années, un certain nombre
de recherches qui pourront leur donner un développement
appréciable. Du côté de la Mure (Isère), quelques sondages
ont amené des découvertes toutes récentes dans des terrains
qui correspondent au faisceau inférieur de Saint-Étienne et
qui pourraient être fructueusement exploitables. La produc-
tion du bassin de la Mure (cinq couches principales, de 02,50,
62,00, 12,00,12,59 et 02,60 de puissance moyenne) a été, en
1898, de 223.000 tonnes d’anthracite valant environ 16 francs
la tonne. Les gisements de la Haute-Savoie (la Moëd) se
retrouvent en Suisse, au col du Chardonnet (Valais).
- LS dl
bou: de na Ve EU RATÉ EE S S C RT é ee à ER nn Er: LT
328 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Roannais. — Dans le Roannais on trouve un important
dépôt de grès anthracifère de 300 mètres de puissance
environ, appartenant au houiller inférieur (Culm des Anglais,
époque dinantienne), caractérisé par des encrines, des cala-
mites et des lépidodendrons, assez rares d'ailleurs. Les
fougères, si abondantes dans le véritable terrain houiller,
manquenticicomplètement. Le grès anthracifère du Roannaïs
contient un certain nombre de couches d’anthracite assez
irrégulières qui affectent une allure en chapelet. Le bassin
est sillonné de dykes de porphyre feldspathique qui le
découpent en sections de peu d'étendue. La puissance des
veines d’anthracite varie de 0,50 à 2 mètres avec quelques
renflements locaux atteignant jusqu'à 7 mètres. L'anthracite
y est généralement assez schisteux et à éclat un peu terne
et tient 8,5 0/0 de matières volatiles et de 10 à 25 0/0 de
cendres. Ce charbon brûle difficilement, mais ne décrépite
pas au feu. Il est utilisé pour la cuisson de la chaux et un
peu pour le chauffage domestique. On l’a employé, vers 1857,
pour la métallurgie du fer.
Les principales concessions du Roannais sont celles de
Bully, de Jœuvres, de Combres et de Charbonnière. Elles
sont actuellement inexploitées, bien qu'elles renferment
encore un assez fort tonnage de combustible et que les
affleurements seuls aient été déhouillés,
Bassins du Gard, de la Loire et de Blanzy. — Les couches
inférieures des bassins houillers de la Loire, du Gard, du
Creusot et de Blanzy sont anthracifères. Dans ces bassins, des
recherches récentes ont fait entrevoir des richesses nouvelles,
qui pourrontètre en pleine exploitation dans quelquesannées.
Massif armoricain et basse Loire. — Dans l’ouestde la France,
les départements de la Mayenne, de la Sarthe, de la Loire-
Inférieure, des Deux-Sèvres et de la Vendée renferment de
petits bassins anthracifères malheureusement très limités.
Les dépôts carbonifériens y forment une étroite traînée
dans des plis de grès dévonien.
A cette formation se rattachent les anthracites de Montigné-
l'Huisserie (Mayenne), que Triger et de Verneuil considèrent
comme antérieurs au véritable terrain houiller, ainsi que
ceux de Solesmes, Maupertuis, Gomer et Fercé, dans la Sarthe.
mil. D tpfage APRES RS
-
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 329
Le calcaire marin de cette région est recouvert, en certains
points, par des assises de schistes et de grès qui renferment
les anthracites de Poillé et de la Bazouge-de-Chemeré, avec
la flore du culm. Le bassin de la basse Loire, de la Vendée
et du Poitou est formé également par une bande étroite de
carbonifère encaissée dans des assises dévoniennes. À la base
se trouvent des schistes avec débris de lamellibranches, des
poudingues et des grauwackes à stigmaria. Au-dessus, on
trouve, dans la Vendée et le Poitou, les gisements de Faymo-
reau, de Vouvant, de Saint-Laurs et de Chantonnay. Cette
formation qui se continue au sud-ouest, atteindrait, entre
Chalonnes et Rochefort, d’après M. Bureau, une épaisseur de
plus de 1.000 mètres et contiendrait vingt-cinq couches
d'anthracite dont huit seulement seraient exploitables. Les
couches plongent toutes vers le Nord,et les inclinaisons sont
de plus en plus fortes quand on va du Sud au Nord du bassin.
Les gisements de la région occidentale de la France con-
tiennent des couches généralement très minces, très incli-
nées, à allure en chapelet et sillonnées de nombreuses
failles. Le combustible qu'on en extrait est une houille anthra-
citeuse souvent impure et chargée en cendres.
Sur trente-neuf concessions houillères accordées dans
l’ouest de la France, treize seulement sont exploitées et four-
nissent ensemble une centaine de mille tonnes seulement
de combustibles minéraux.
Nord de la France. — L'important bassin houiller du Nord
et du Pas-de-Calais renferme, dans sa partie septentrionale,
un faisceau de veines de houille maigre se rapprochant, par
leur composition, de l’anthracite ; mais il n’existe, en réalité,
de houille anthraciteuse que près de la frontière belge, dans
le département du Nord. Cette houille est exploitée aux envi-
rons de Vieux-Condé, dans les concessions du Nord du bassin,
exploitées par les Compagnies d’Anzin et de Nœux-Vicoigne ;
elle appartient à la partie inférieure de l’étage houiller.
Le faisceau de Vieux-Condé comprend une vingtaine de
veines exploitables, tenant de 7 à 11 0/0 de matières volatiles
et de 3 à 7 0/0 de cendres. La fosse de Vieux-Condé, appar-
tenant à la Compagnie d’Anzin, a recoupé le terrain houiller
à 27 mètres de la surface. L'exploitation, commencée en
LEE
it RÉ ar ESS NL GE ST CS TS.
dE ONE 7 | Gi RER : À: - ss
330 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
4853, est parvenue, aujourd'hui, à une profondeur de près
de 500 mètres. Les mines de Flines-les-Raches et la fosse n° 3
d'Ostricourt, situées à la limite nord du bassin, près de
Douai, produisent également de la houille anthraciteuse
tenant de 8 à 10 0/0 de matières volatiles et crépitant légè-
rement à l'allumage. La houille anthraciteuse du Nord est
employée pour le chauffage domestique, pour la cuisson des
briques, pour la préparation de la chaux, etc.
La production de l’anthracite, en France, a été en 1898
d'environ 1.600.000 tonnes, dont 302.287 tonnes comme suit:
Hautes-Alpes, 10.700: Isère, 210.287; Loire-Inférieure, 149.040;
Maine-et-Loire, 14.608; Mayenne, 34.798; Sarthe, 2,958;
Savoie, 10.417; Haute-Savoie, 179.
Pour les autres départements producteurs d'anthracite :
l'Ardèche (Martrimas), la Côte-d'Or, l'Aude (bassin de Ségure),
l'Hérault (Castanet et Saint-Geniès), la Loire, le Nord, le
Puy-de-Dôme et la Saône-et-Loire, d'après la production
totale de houille et d’anthracite, et la proportion moyenne
d'anthracite extrait, on peut estimer la production totale à
1.300.000 tonnes pour 1898.
Gisements de la Belgique. — En Belgique, ce n’est guère
que dans le Nord du bassin de Charleroi que l'on rencontre
du charbon maigre anthraciteux appelé en certains points
du pays terre-houille, à cause de sa nature friable et de la
forte proportion de menus et de poussiers qu'il renferme,
Cette qualité de charbon se trouve surtout dans la partie
orientale du bassin, dite région de la Basse-Sambre (conces-
sions de Gemeppe, de Bonne-Espérance, de Tamines, de Petit-
Try, de la Rochelle et Charnoiïis, de la vallée du Piéton, etc.).
Gisements de la Grande-Bretagne. — En Angleterre, dans
le Pays de Galles (Carmarthenshire et Glamorganshire), on
exploite de l’anthracite, qui est très recherché pour les
foyers domestiques et pour la fabrication des briquettes.
C'est de l’anthracite de bonne qualité, donnant très peu
de cendres et ne tachant pas les doigts ; il renferme des
parties brillantes analogues à du graphite, mais d’un noir plus
foncé. Il se rapproche beaucoup de l’anthracite de notre
Plateau Central. Le terrain houiller inférieur, auquel appar-
tiennent les couches d'anthracite du Pays de Galles, est
3
4
2
4
“
£
#
Re en AU NUTT,
L F SEM : |
C2
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 331
désigné, en Angleterre, sous le nom de lower coal measures
et repose sur les grès grossiers du millstone grit.
Le terrain des lower coal measures est formé de grès, de
schistes, d'argile et de minerais de fer, alternant avec des
couches d’anthracite de 02,30 à 1,50. Ces couches, d'allure
très régulière, reposent sur des lits d'argile (underclay) assez
réfractaire; le toit est souvent formé d'argile très siliceuse»
à grain fin (gannister), employée pour le revêtement des appa-
reils réfractaires. La flore des lower coal measures est carac-
térisée par l'abondance des sigillaires; le genre nevropteris
et les cordaïtes y sont assez communs.
L'une des principales mines d’anthracite du Pays de Galles
est celle de Gwanncae-Gurwen, au nord de Swansea ; on y
exploite deux couches principales de 1",20 de puissance qui
produisent des morceaux de grandes dimensions (lumps)
qu'on broie à la machine pour obtenir des fragments dits
têtes de moineaux, très appréciés pour le chauffage domes-
tique. Le menu est utilisé pour les fours à chaux.
L'exportation des combustibles du Pays de Galles est faci-
litée par le voisinage de la mer et par l'aménagement spécial
des ports de Cardiff et de Swansea. L’anthracite était vendu
dans ces deux ports, franco bord, environ 15 shillings par
tonne, en 1898, alors qu'il était livré à 8 ou 10 shillings seule-
ment, en 1888 (produits doublement criblés).
En 1898, en 1899 et en 1900, les prix ont augmenté à la
suite de la grève des mineurs du Pays de Galles de 1898 et
de la guerre du Transvaal qui ont amenéune pénurie de com-
bustible assez prolongée en Angleterre et sur le continent.
Il existe, en Angleterre, d’autres gisements d’anthracite
dans le comté de Pembroke et sur la côte nord du Devonshire,
au-dessus des grès à goniatites de Coldon-Hill, qui surmontent
une assise assez mince de calcaire noir à posidonies. On
désigne le charbon de ces gisements sous le nom de culm, et
les couches encaissantes sous le nom de culmiferous beds ou
culm measures. Ce même nom de culm a été appliqué par
extension, dans les autres contrées, à une série de terrains
voisins des schistes à posidonies. On exploite aussi, dans la
Grande-Bretagne, les gisements anthracifères de l'Ayrshire en
Écosse, appartenant au culm inférieur. Les couches de com-
REA, NS
NP RE AR PR AT RE R der es non A M CU es, 2 RENE it,
$:° 5 a te ER 2 ST TNT UE
É | c:
332 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
bustible y sont généralement assez puissantes (de 2 à 6 mètres).
Gisements de la Russie. — En Russie, le bassin houiller du
Donetz, dont le faciès et la flore correspondent à ceux du
westphalien, renferme à sa base des couches anthraciteuses
dont l'exploitation prend, depuis quelques années, une
grande extension (bords du lac Onéga et =. secon-
daires de Garoditsché et de Groucherka).
Gisements de l'Espagne et du Portugal. — On doit citer encore
en Europe les gisements de houille anthraciteuse d’Espagne,
qui ont produit, en 1896, 14.895 tonnes avec une valeur de
133.940 francs, et ceux de Portugal, qui ont produit, la même
année, 8.743 tonnes, valant 89.720 francs.
Gisements de l'Indo-Chine.— En Indo-Chine et au Japon, on
trouve des gisements d'anthracite qui semblent appartenir
au culm, dont on retrouve la flore. Actuellement on fait des
recherches dans les environs d'Hanoï pour reconnaître
l’exploitabilité des gisements de Quang-Trieu et de Thai-
Nguyen où l’on espère rencontrer de la houille faisant coke,
ou, tout au moins, un anthracite suffisamment dur pour être
employé à l'état cru pour la métallurgie. L'utilisation des
charbons du Tonkin pour la métallurgie permettrait de
mettre en valeur les importants gisements de minerai de fer
que contient notre colonie, et l’Indo-Chine pourrait être ap-
pelée, par la suite, à approvisionner de fer et d'acier tous les
pays d'Extrême-Orient, ce qui la ferait entrer dans une ère
de prospérité incalculable, si la Chine persiste à ne pas
faire profiter l'industrie des importantes richesses miné-
rales qu'elle renferme. On trouve de l’anthracite au Japon
dans l'ile d’Amakusa. Les gisements de combustible de
l'Extrème-Orient appartiennent en général au dinantien; ils
sont formés de bassins bien plus limités qu'en Europe et
subordonnés à des noyaux de terrains anciens. Ils sont
entourés de sédiments marins qui se retrouvent, jusqu'à
l'Europe méridionale, à travers l’Asie centrale, l'Arménie et
la Russie, dans toute l’ancienne dépression méditerranéenne.
Gisements de l'Amérique (Pensylvanie). — En Pensylvanie,
les gisements d'anthracite sont encaissés dans un terrain dit
subcarbonifère, correspondant à l'étage dinantien d'Europe.
Le subcarbonifère repose sur le dévonien ; il est formé de
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 333
600 mètres de grès et de conglomérats, recouverts par
800 mètres de schistes argileux rougeâtres, avec quelques
lits de grès et de calcaires impurs. Le houiller est composé
de couches de 1 à 3 mètres, avec sept couches calcaires
intercalées, dont deux contiennent des fossiles marins.
Ce bassin houiller, qui porte le nom de bassin des Apalaches,
a subi de nombreux plissements et des renversements ana-
logues à ceux du bassin franco-belge.
Ouest Est
Houiller
Æ 7 Houiller productif. #5
7, DD
LL 7
Fig. 96. — Coupe Ouest-Est du bassin des Apalaches.
Le bassin des Apalaches a une étendue considérable ; on
y cite la couche de Pittsburg, de 2 mètres de puissance
moyenne, qui a été suivie sans interruption, sur une surface
longue de près de 400 kilomètres et large de 180 kilomètres.
On connaît dans ce bassin vingt-cinq couches d’anthracite
donnant une puissance totale moyenne de 21 mètres,
notamment dans le gisement de Pottsville, au sud du bassin.
Les couches de combustible affleurent sans morts-terrains,
ce qui simplifie beaucoup l'exploitation. L’anthracite de Pen-
sylvanie est vitreux, à cassure conchoïdale dans tous les sens,
à fragments à bords tranchants; il est complètement homo-
gène et très pur. Il décrépite peu au feu; on l’emploie pour
le chauffage domestique et pour le foyer des locomotives.
Bien qu'il ne donne pas de coke métallurgique, il est suffi-
samment dur pour pouvoir être employé à l’état cru dans
les hauts-fourneaux, pour la métallurgie du fer.
La production de l’anthracite en Pensylvanie a atteint
51.390.000tonnes métriques en 1897, valant 450.440.000 francs.
En dehors des gisements de Pensylvanie, l'Amérique ren-
ferme des gisements d’anthracite dans le Colorado, le Rhode-
Island, la Virginie et le Massachusetts; mais ces bassins sont
beaucoup moins importants que celui des Apalaches. Le Colo-
rado a produit, en 1899, 34.781 tonnes valant 527.280 francs.
334 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
IT. — HOUILLE
Propriétés et caractères. — Le nom de houille, donné au
charbon de terre, semble être tiré du mot saxon Hulla, ou
encore de Houillos, nom d’un maréchal-ferrant de Plénevaux
(Belgique), qui, le premier, eut l'idée d'employer, comme
combustible, les pierres noires de charbon minéral, jusqu'alors
inutilisées. La houille est une roche charbonneuse, opaque,
d'un beau noir de velours, amorphe, à structure généralement
feuilletée. Sa densité varie de 1,25 à 1,50. Sa dureté est assez
faible (2 à 2,25); souvent même la houille peut s'écraser dans
les doigts. Elle brûle facilement avec une flamme plus ou
moins grande et produit généralement, après distillation, du
coke ou charbon poreux de dureté variable, grisâtre, à sur-
face mamelonnée; cependant certaines houilles ne donnent
qu'un résidu charbonneux pulvérulent.
La houille diffère de l’anthracite en ce qu'elle contient
ordinairement plus de matières volatiles et qu'elle donne
par distillation du goudron, matière bitumineuse que ne
produit pas l'anthracite. Elle est très peu hygrométrique ;
cette propriété la distingue de certains lignites noirs qui se
rapprochent beaucoup de la houille par leur aspect et leur
pourvoir calorifique.
Composition de la houille. — La composition de la houille
est assez variable, suivant l’âge et les conditions de formation
de chaque gisement. La combustion en vase clos donne des
résultats compris entre les limites suivantes : 50 à 92 0/0 de
carbone fixe et 50 à 8 0/0 de matières volatiles, cendres
déduites.
L'analyse élémentaire donne pour 100 parties :
Carbone, 72 à 93; oxygène, 20 à 2; hydrogène, 6à 4; Azote,
ia Ed
Les matières volatiles renferment jusqu'à 12 0/0 d'eau et
jusqu'à 15 0/0 de goudron ou de bitume. Le goudron de houille
est produit en grand dans les usines à gaz; on en retire la
benzine, la naphtaline, l’aniline, l'acide phénique et ses déri-
vés. Quant aux matières volatiles, obtenues par la distillation
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 335
de la houille, elles se composent d'hydrogène pur, d’hydro-
gène carboné, d'hydrogène sulfuré, d'ammoniaque, d'azote
et d'oxyde de carbone.
Cendres. — Les cendres qui restent après la combustion
complète de la houille, proviennent de matières terreuses
(argile, sable, oxyde ou pyrite de fer, sulfates de chaux,
phosphates et arséniates), qui se trouvent dans le charbon de
terre, dans la proportion de { jusqu'à 30 0/0 (généralement
de 5 10 0/0).
Les charbons les moins chargés en cendres sont les plus
recherchés; mais on tient compte aussi, dans l’emploi des
diverses houilles, de la nature de leurs cendres.
Ainsi les charbons à cendres ferrugineuses et calcaires,
fortement colorées, doivent être les plus recherchés, parce
que leurs cendres fondent et coulent sans encrasser les
grilles ni étouffer le feu. Les cendres blanches, au contraire,
sont peu fusibles et se séparent en poussières qui ralen-
tissent la combustion en couvrant le feu.
Quant aux charbons à cendres à moitié fusibles, on doit
éviter de les employer, car leurs cendres fondent sans cou-
ler, empätent les barreaux des grilles et enveloppent les par-
celles charbonneuses à demi consumées, en produisant ce
qu'on appelle des mâchefers.
Diverses variétés de houille. — Leurs propriétés, leurs
usages. — On classe généralement les houilles d’après leurs
proportions relatives de carbone fixe et de matières volatiles.
Chacune des catégories correspond à une utilisation parti-
culière, soit pour le chauffage domestique, soit pour la fabri-
cation du gaz, soit pour la forge, soit pour les grilles de
générateurs, soit pour la fabrication du coke.
Chaque pays et chaque centre d'exploitation adoptent une
classification particulière; mais les divisions généralement
adoptées peuvent être ramenees aux catégories suivantes,
établies en partant de la houille maigre, variété la plus voi-
sine de l’anthracite, c'est-à-dire la plus dépourvue de gaz;
la houille maigre est celle que l’on rencontre généralement
dans les parties les plus profondes des bassins houillers:
Houille maigre et houille anthraciteuse (steam-coal des
336 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Anglais, sandkohle des Allemands, et litantrace per locomo-
tive e macchine navale des Italiens) ;
Houille quart-grasse ou maigre flambante;
Houille demi-grasse (household-coal, halbfette kohle, litan-
trace per macchine fisse) ;
Houille trois-quarts-grasse (charbon dur des Belges);
Houille grasse à courte flamme (coking coal, felt oder
cokeskohle, litantrace per fucina);
Houille grasse maréchale (litantrace per fucina) ;
Houille grasse à longue flamme;
Houille à gaz proprement dite (gas-coal, gasund flamme-
kohle, litantrace per gas);
Houille demi-sèche, ou flénu gras ;
Houille sèche, ou flénu proprement dit.
Cette classification est généralement adoptée dans l'indus-
trie; mais il y a lieu d’observer que plusieurs des catégories
ci-dessus diffèrent peu l'une de l'autre, soit par leur compo-
sition, soit par leur emploi. Dans certains gisements, par
exemple, la houille grasse à longue flamme sera employée
comme houille maréchale, et la houille demi-grasse sera
employée pour la fabrication du coke, alors que la houille
grasse à courte flamme est seule employée pour cet usage
dans d'autres bassins houillers. On trouvera ci-dessous les
propriétés principales de chacune des catégories de houille.
Houille maigre. — La houille maigre, que l’on appelle quel-
quefois houille anthraciteuse, s'allume assez difficilement;
elle décrépite un peu au feu, comme l’anthracite, lorsqu'on
cherche à activer sa combustion; elle brûle avec une flamme
courte et bleuâtre, en ne produisant que peu de fumée ; elle
ne s'agglutine pas au feu. Elle est généralement plus dure
et plus dense que les houilles grasses et demi-grasses
(poids : 850 kilogrammes par mètre cube). Son pouvoir calo-
rifique varie de 9.200 à 9.500 calories. Un kilogramme de
houille maigre peut vaporiser environ 81t,900 d'eau.
Elle tient de 8 à 11 0/0 de matières volatiles. Le résidu
qu'elle laisse après distillation est pulvérulent.
On l'emploie, mélangée à de la houille grasse et à du brai,
pour la fabrication des agglomérés. On s'en sert aussi pour
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 33%
la fabrication des combustibles gazeux, pour le chauffage
domestique et pour la cuisson de la chaux et des briques.
Ce n’est pas un bon combustible pour les grilles de géné-
rateurs, à moins qu'on n'emploie des grilles spéciales, avec
une soufflerie ou un bon tirage.
Houiïlle quart-grasse. — La houille quart-grasse, appelée
aussi houille maigre flambante, s'allume un peu plus facile-
ment que la précédente, mais ne brûle qu'avec un bon
tirage, en produisant une flamme courte, blanc bleuätre, et
en dégageant parfois une légère odeur de goudron; elle
donne très peu de fumée.
Sa teneur en matières volatiles est d'environ 11 à 14 0/0.
Mélangée à 25 0/0 de charbon gras, elle fournit un com-
bustible excellent pour les chaudières à vapeur. Elle est
employée, sans mélange, pour le chauffage domestique.
Houille demi-grasse. — La houille demi-grasse tient, en
moyenne, de 14 à 18 0/0 de matières volatiles; elle s’agglu-
tine un peu et se boursoufle légèrement avec un feu vif, en
formant ce qu'on appelle le chou-fleur. Elle brûle, avec une
flamme assez courte, blanche, et donne peu de fumée. Elle
est moins dure à allumer que la houille quart-grasse. Un kilo-
gramme de houille demi-grasse peut vaporiser 9 litres d’eau.
Quelquefois on rencontre des houilles demi-grasses, qui
peuvent faire coke, mais à la condition qu'on opère la dis-
tillation dans des fours à sole et à parois chauffées, dont
l'activité est exaltée jusqu'à sa limite la plus élevée ; bien
qu'agglutinés alors en masses passablement soudées, les
fragments conservent encore, après la cuisson, leur figure
primitive, à peine effacée par une demi-fusion. La houille
demi-grasse estle combustible par excellence pour les généra-
teurs à vapeur et surtout pour les générateurs tubulaires. Elle
est également très employée pour le chauffage domestique.
Houille trois-quarts-grasse, ou charbon dur. — La houille
trois-quarts-grasse a généralement un éclat un peu plus vif
que la précédente; elle peut donner de bon coke; elle est
un peu dure à allumer, ce qui la fait appeler quelquefois
charbon dur (Belgique). On l’emploie pour le chauffage
domestique.
Houille grasse à courte flamme, ou houille à coke. — La
GÉOLOGIE. 22
_ééé ER CAT ER Le Ve UT DA. YOU EVE ENS
PS ! 7 APS El
| 338 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
houille grasse à courte flamme est à peu près semblable à la
précédente; elle donne généralement du coke métallurgique
de qualité supérieure, ce qui la fait souvent nommer houille
grasse à coke. On l’emploie aussi pour les verreries. Les
fines sont utilisées pour la forge. Un kilogramme de houille
à coke peut vaporiser 8!it,250 d'eau.
La teneur en matières volatiles varie de 16 à 25 0/0 environ
pour les houilles trois-quarts-grasses et les houilles à coke.
Houille maréchale. — La houille maréchale, ou charbon de
forge, est noire, à éclat vif, à texture lamelleuse, avec un
aspect pailleteux. Elle s'allume facilement. Elle donne, sur
foyer chargé et avec faible tirage, une flamme assez longue
et fuligineuse. C'est, en somme, une houille grasse à longue
flamme, très fusible. Sa densité est de 750 à 800 kilogrammes
par mètre cube. Dans le foyer, les morceaux se gonflent,
fondent et s'agglomèrent en une masse poreuse et continue.
Il est donc facile à l'ouvrier, qui conduit un feu de forge
alimenté par de la houille maréchale, de disposer la masse
agglomérée en voûte pour entourer la pièce à forger.
Cette houille est trop collante pour être utilisée au chauf-
fage des appareils à vapeur; elle encombrerait à la longue
le foyer et arrêterait la circulation de l'air. On l’emploie
cependant sur les grilles, après l'avoir mélangée à 50 0/0 de
houille quart-grasse, ou à diverses proportions de charbon
maigre ou demi-gras.
Houille grasse à longue flamme. — La houille grasse à
longue flamme est un peu plus dure que la précédente ; elle
pèse de 700 à 750 kilogrammes par mètre cube.
Elle donne d'assez bon coke en fours clos: mais ce coke
est léger et poreux, et moins facilement utilisable en métal-
lurgie, que le coke de la houille grasse à courte flamme.
Elle est employée aussi pour brasseries et fours à rever-
bère. La teneur en matières volatiles des houilles grasses à
longue flamme et maréchales varie de 23 0/0 jusqu'à 32 0/0
environ. Le pouvoir calorifique est de 8.500 à 8.800 calories.
L'exploitation de la houille grasse est assez délicate, à
cause de la friabilité des morceaux. Beaucoup de couches ne
donnent que des menus ; mais, grâce à leurs propriétés col-
lantes, ces menus s'agglomèrent tout de suite au feu, et le
er |
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 339
charbon gras conserve sa valeur, quelles que soient les
dimensions de ses fragments.
Houiïlle à gaz proprement dite. — Les houilles à gaz, dont
se rapproche le cannel-coal anglais, sont les plus riches en
hydrogène. Elles ont une texture compacte et une cassure
franchement conchoïdale. Elles ont une grande sonorité au
choc. Dans les foyers elles brûlent avec une flamme blanche
assez longue et dégagent une grande quantité de gaz. Un
kilogramme de houille à gaz peut vaporiser 8!t,500 d'eau envi-
ron. Elles s'agglutinent facilement, ce qui les rend d'un emploi
difficile dans les gazogènes. Les houilles à gaz ont une com-
position assez variable, selon le gisement auquel elles appar-
tiennent; en général, elles tiennent de 28 à 36 0/0 de matières
volatiles.
Houille demi-sèche. — La houille demi-sèche, appelée
aussi en Belgique et dans le Nord de la France, flénu gras,
tient de 30 à 40 0/0 de matières volatiles. Elle est riche en
oxygène. Elle est compacte et assez dure et pèse 700 kilo-
grammes au mètre cube. Elle donne du coke bien formé, mais
très friable ; elle n’en produit que 60 0/0 environ, alors que le
charbon maigre donne plus de 90 0/0 de résidu charbonneux
pulvérulent.
Le flénu gras brûle avec une flamme longue et enfumée,
en s'agglutinant un peu. Ce charbon est employé pour la
fabrication du gaz. On s’en sert aussi pour le chauffage
domestique et pour les grilles des générateurs à vapeur.
Houiïlle sèche.— La houille sèche,dite flénu sec, s’enflamme
très facilement et brüle avec une flamme longue, vive et
enfumée ; les morceaux ne fondent pas et ne se collent
pas entre eux. Par la calcination en vase clos on obtient un
coke très léger et pulvérulent, qui se consume rapidement
et qui n’est pas utilisable dans l’industrie. La houille sèche
est d’un aspect plus terne que les houilles grasses ; elle est
aussi plus dure et plus compacte que ces dernières. C’est
un charbon flambant qui brûle rapidement et ne tient pas
au feu. Il vaporise 7 litres et demi d’eau par kilogramme.
Sa teneur en oxygène est de près de 20 0/0. C’est la houille
la plus oxygénée. :
La houille sèche est surtout employée pour la fabrication
340 | GÉOLOGIE APPLIQUÉE
du gaz (330 litres de gaz par kilogramme de charbon}. O
s’en sert pour les verreries, la cuisson des produits réfrac-
taires, les fours à gaz, la navigation, etc. Sa teneur en
matières volatiles va de 38 à 50 0/0. On peut rattacher à la
variété des houilles à gaz le cannel-coal et le boghead. Mais ces
derniers sont plutôt des hydrocarbures, et on les étudiera
dans le chapitre des Hydrocarbures solides.
Classification de la houiïlle par grosseurs. — La valeur de
la houille ne dépend pas seulement de sa nature grasse ou
maigre, mais elle est aussi fonction, surtout pour les houilles
maigres et quart-grasses, de la proportion de morceaux de
telle ou telle dimension, que l'on peut livrer à l’industrie.
On répartit généralement, au moins en France, les charbons
d'après les catégories suivantes :
Gros, houille et gros carrés. — Morceaux retenus au-dessus
de barreaux de grilles espacés de 200 millimètres environ.
Gailleterie. — Morceaux retenus sur des grilles de 02,080;
après enlèvement du gros.
Gailletin. — De 0,040 ou 02,050 à 02,080.
Tétes-de-moineaux ou petit-gréle lavé. — De 0%,030 à
0®,040 ou 0,050 (catégorie très appréciée principalement
pour les charbons maigres).
Braisettes. — De 0®,015 à 02,030.
Criblés. — Charbons obtenus en éliminant du tout-venant,
ce qui peut passer à travers certaines dimensions de
grilles à écartement inférieur à 2 ou 3 centimètres. Certains
charbons de cette catégorie sont classés par lavage dans
des lavoirs à feldspath.
Fines, menus grelassons larés ou non larés, grains, grenus,
braisettes, noisettes, etc. — Les fines sont la catégorie qui
passe à travers les grilles des criblés ; elles contiennent des
morceaux de 1 à 3 centimètres et des poussiers. Elles servent
principalement à la fabrication des agglomérés et du coke.
Quand elles contiennent une assez forte proportion de mor-
ceaux, elles sont employées avantageusement dans les chau-
dières. |
Tout-venant. — On appelle tout-venant le charbon tel qu'il
sort de la mine sans classement, mais quelquefois après
enlèvement du gros.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 341
Les catégories moyennes qui peuvent être employées à la
plupart des usages sans être ni broyées ni agglomérées sont
les plus appréciées.
Le gros, qui semblerait à première vue plus avantageux,
ne peut généralement pas être employé sans un cassage
spécial, d'où dépense supplémentaire de main-d'œuvre et
production de poussier. On comprend donc aisément qu'il y
ait lieu, lorsqu'on étudie les conditions d’exploitabilité d’un
gisement houiller, d'examiner avec soin la proportion de
chaque catégorie de grosseur que pourra fournir le charbon
envisagé. On devra prendre à cet effet des échantillons aussi
loin que possible des affleurements, car le combustible y
est souvent terreux et effrilé.
GISEMENTS DE HOUILLE
Un même bassin, et souvent une même concession, pou-
vant renfermer plusieurs variétés de houille, 1l serait
illogique d'étudier chacune de ces variétés séparément.
Le mieux est de passer en revue les divers bassins houillers
d’après leur ordre géographique, en indiquant très rapide-
ment pour chacun d'eux la ou les variétés de combustibles
qu il renferme, l’âge géologique du gisement, sa nature, sa
richesse et les conditions de son exploitation, s'il y a lieu.
GISEMENTS HOUILLERS DE LA FRANCE
En France, où l’on compte soixante bassins houillers
distincts, couvrant 3.500 kilomètres carrés, le bassin de
beaucoup le plus important est celui du Nord et du Pas-de-
Calais, qui fait partie d’une longue bande houillère s'étendant
de la Westphalie jusqu'en Angleterre, en passant par la
Belgique et la France. Ce bassin s'étend en France de l’est à
l’ouest, sur une longueur de 100 kilomètres environ: il
mesure dans le département du Nord, jusqu'à 15 kilo-
mètres de largeur. Dans le Pas-de-Calais, sa largeur va en
diminuant vers l’ouest, après avoir atteint 14 kilomètres
342 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
environ dans le méridien de Lens. A la limite des deux
départements, le bassin se rétrécit et ne mesure plus que
6 kilomètres. L'exploitation est faite par vingt-cinq Compa-
gnies houillères avec 124 fosses actuellement en activité
et une production de plus de 20 millions de tonnes. La pro-
duction de ce bassin augmente, depuis une dizaine d'années,
d'environ 1 million de tonnes tous les ans.
Nord. — Le bassin houiller du département du Nord
comprend, entre autres concessions, celles de la Compagnie
d'Anzin, qui constituent la plus grande exploitation de toute
la France et qui, par l'ancienneté et l'importance de leurs
travaux, sont universellement connues.
Dans le département du Nord, le dépôt houiller s’est formé
sur le calcaire carbonifère, qui tapisse le détroit franco-
westphalien de l’époque dévonienne.
Nature des terrains. — Le calcaire carbonifère repose en
stratification concordante sur les assises dévoniennes ; il
appartient à l'étage dinantien, et le terrain houiller qu'il
renferme forme l'étage dit westphalien. l
Le terrain houiller est formé de psammites et de schistes
avec couches de houille. On ne connaît pas sa puissance, car
les puits les plus profonds de la région n’ont même pas
atteint 1.000 mètres, alors que la puissance du terrain houiller,
dans les environs de Mons, près de la limite du département
du Nord, serait de près de 3 kilomètres. Les couches de
houille ont une puissance exploitable variant de 0,30 à
2 mètres. Elles ont généralement des schistes au toit et au
mur, quelquefois des grès au toit, mais Jamais au mur.
Nature de la houille du Nord. — On rencontre, dans le
département du Nord, une grande partie de la série des
houilles, à partir de la houille maigre anthraciteuse jusqu'aux
charbons gras à gaz.
La répartition, en profondeur, des différentes sortes de
houille, est bien nette : les houilles les moins riches en
matières volatiles sont les couches inférieures. Quant à la
répartition en surface, elle a été produite par un phénomène
de transgressivité des couches, avec émersion graduelle de la
partie nord-est du bassin (étude de MM. Potier et Zeiller).
Les assises de la base du terrain houiller reposent en
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 343
stratification transgressive sur le calcaire carbonifère: les
premiers faisceaux houillers se sont déposés dans le nord-
est du détroit franco-belge, et les couches de houille qui se
sont formées plus tard se sont étendues de plus en plus loin
vers l'Occident, de sorte que, dans la partie orientale et la
partie septentrionale, on rencontre les couches de charbon
maigre, et que l'on ne retrouve qu'au sud-ouest les veines de
houille grasse. Dans le centre du bassin, en certains points,
on peut recouper, dans un même puits, la succession des
diverses catégories de charbon.
Failles principales. — Le bassin houiller a été affecté par
Fic. 97. — Coupe nord-sud du bassin houiller du nord de la France.
de nombreuses dislocations dont quelques-unes sont carac-
téristiques de la région franco-belge.
Un premier mouvement de terrains, occasionné par une
poussée du sud, a amené contre le bord sud du bassin, le long
d'une faille dite Grande faille du Midi, ou faille Eifélienne,
les assises gédinniennes de la base, qui s’adossaient primiti-
vement aux phyllades cambriens de la crête du Condros;
puis un refoulement de la partie sud du bassin a produit
une fracture et un renversement des couches houillères,
carbonifériennes et dévoniennes, qui sont venues, après
glissement le long d'une faille appelée faille Limite, recou-
vrir le centre du bassin, ainsi que le montre la figure ci-
dessus. La partie supérieure du lambeau renversé a été
enlevée ensuite par érosion.
Le terrain houiller du Nord appartient au houiller moyen;
DORE En NES ES ONE TT CRE EP COR CAE CIE
344 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
on retrouve cependant un peu de houiller inférieur dans la
zone anthraciteuse de Vieux-Condé, près de la frontière
belge. |
Morts-terrains. — La formation houillère est, dans presque
toute l'étendue du bassin, recouverte de couches crétacées
qui varient de quelques mètres jusqu'à 100 ou 200 mètres
de puissance; ces couches renferment, à leur base, des
dièves imperméables qui garantissent les travaux d’exploi-
tation contre les venues d’eau de la surface.
Tourtia. — Sous ces morts-terrains, on rencontre géné-
ralement un lit de cailloux roulés et de roches diverses, pro-
venant de l'érosion des terrains anciens. Ce lit, appelé tourtia,
correspond au cénomanien supérieur et ne mesure, en
général, que 1 à 2 mètres de puissance. En certains points,
particulièrement dans la vallée de Vicq, il est accompagné
d'un grès vert aquifère (torrent de Vicq), qui atteint près
de 200 mètres de puissance et constitue un danger pour
les exploitations, à cause des masses énormes d’eau qu'il.
renferme.
Mines d'Anzin. — Les mines d’Anzin, qui sont en exploi-
talion depuis le commencement du xviie siècle, sont les
plus importantes du bassin (surface concédée, 28.055 hectares).
Elles extraient annuellement près de 3 millions 1/2 de tonnes
de houille. ;
En 1898, l'extraction des mines d'Anzin a atteint :
948.526 tonnes de charbons gras.
1.333.524 — de demi-gras....
886.837 — de quart-gras et
MAISreS LS
3.168.907 tonnes.
En 1899, l'extraction a été de 3.154.000 tonnes.
Le bénéfice de l'exploitation, dans le courant de cette
mème année, en comptant les bénéfices des usines à agglo-
mérés et des fours à coke, a été de 9.033.590 fr. 18. Sur cette
somme, on a distribué aux actionnaires près de 6 millions
el demi de francs, le reste étant employé, en partie, pour la
création de nouveaux sièges d'exploitation.
La Compagnie d'Anzin occupe, tant au fond qu'au jour,
US, PT fe 27. Le. El dr Pure RE 2LE
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 345
plus de douze mille ouvriers et paye annuellement, sans
compter les traitements des ingénieurs et employés, près de
17 millions de francs de salaires.
Elle exploite, au moyen de vingt fosses en activité, des
charbons maigres et quart-gras aux fosses Léonard, Lagrange,
Thiers et Chabaud-Latour, des demi-gras dans la région de
Somain, du charbon gras à courte flamme aux fosses Réus-
site, l'Enclos et Hérin, et des charbons à gaz aux fosses Renard
et Rœulx (plus de cent puits ont été creusés dans les con-
cessions de la Compagnie d’Anzin).
Autres charbonnages du Nord. — Les autres houillères du
département du Nord sont :
Añniche : 11.850 hectares; 1.179.879 tonnes en 1898, contre
860.180 tonnes seulement en 1890.
Les variétés de houille extraites des mines d’Aniche sont :
aux fosses Gayant, Berricourt, Notre-Dame, Dechy et Saint-
René, la houille demi-grasse et grasse, cette dernière recher-
chée pour la fabrication du coke, pour la forge et pour les
verreries (18 à 28 0/0 de matières volatiles); et aux fosses
Saint-Louis, Fénelon, E. Vuillemin, l’Archevêque et Renais-
sance, une houille à courte flamme donnant peu de cendres,
ne collant pas et ne fumant pas (12 à 15 0/0 de matières
volatiles) : cette houille est recherchée pour les générateurs
à vapeur et pour la fabrication des agglomérés.
L'Escarpelle. — Production, 735.000 tonnes en 1898 contre
465.000 tonnes en 1890. — Houille grasse (pour coke et ver-
reries) aux fosses n° 3, 5 et 7; houille demi-grasse aux fosses
n® { et 2, recherchée pour le chauffage domestique et
pour les agglomérés; houille demi-grasse et maigre à la fosse
n° 6, pour chauffage domestique.
Douchy. — Production, 407,500 tonnes en 1898; houille
grasse maréchale recherchée pour forges, coke, fours à
réverbère, chauffage domestique, générateurs, verreries.
Flines-les-Raches. — Production, 150.000 tonnes de houille
maigre pour chauffage domestique et générateurs (en 1898).
Vicoigne. —137.000 tonnes de houille maigre (en 1898) pour
chauffage domestique, cuisson de la chaux et des briques.
Thivencelles (Fresnes-Midi). — 125.000 tonnes de houille
demi-grasse (en 1899), provenant de la fosse Saint-Pierre, pour
Tes it TS EC En AO ES RES. RE RS Se Ste DES ES, ee cn
346 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
foyers de générateurs, et de houille maigre, provenant de la
fosse Soult, employée pour la réduction des minerais de
zinc et le grillage des pyrites, la fabrication des briquettes
et la cuisson des briques et de la chaux.
Azincourt. — En 1898, 115 000 tonnes de houille grasse
maréchale employée pour coke, verreries, etc.
Crespin nord. — Environ 70.000 tonnes de houille à gaz.
Marly (en préparation, n'a commencé à produire qu'en
1899-1900).
Ces diverses houillères augmentent leur production tous
les ans sans arriver cependant à satisfaire aux besoins de la
consommation, qui nécessite actuellement l'importation de
10 millions de tonnes de houille par an, en France. Le bassin
du Nord, a produit, en 1899, au total, 6 millions de tonnes de
houille, alors qu'il ne produisait que 5.030.000 tonnes en 1890.
L'exploitation de la houille dans le Nord est grevée parles
travaux d'aérage que nécessite la présence du grisou dans
les couches profondes et par les travaux d’épuisement occa-
sionnés par la présence des couches aquifères.
Néanmoins, les couches de charbon, étant généralement
très minces (02,40 à 1 mètre en moyenne), ne nécessitent
pas l'emploi de remblais ni de boisages coûteux, et, somme
toute, l'industrie houillère est exceptionnellement prospère
depuis 1898, le prix de vente moyen à la tonne étant de 12 à
16 francs, selon la nature du combustible (15 à 20 francs,
alors que le prix de revient est de 7 à 11 francs, suivant les
Compagnies exploitantes).
Bassin houiller du Pas-de-Calais. — Le bassin du Pas-de-
Calais est le prolongement vers l'ouest du bassin du Nord;
toutes les observations présentées pour ce dernier sont
applicables au Pas-de-Calais, avec cette différence que les
morts-terrains y sont plus épais (100 à 150 mètres en
moyenne) et que, par suite du phénomène de transgressivité
indiqué plus haut, les couches anthraciteuses ont disparu;
par contre, apparaissent les houilles sèches, qui sont incon-
nues dans le nord-est du bassin français.
Les veines de houille exploitées ont de 0,30 à 1 mètre de
puissance en moyenne.
Le bassin du Pas-de-Calais s'étend de Douai, à l’est, où 1l
PF
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 347
se raccorde au bassin du Nord, jusqu'aux environs d’Aire
sur la Lys, à l’ouest, où le bassin se rétrécit et disparaît
à l'extrémité occidentale de la concession de Fléchinelle.
Les principales houillères du Pas-de-Calais sont les sui-
vantes :
Mines de Lens et de Douvrin. — La Compagnie de Lens vient
d'atteindre, en 1899, le tonnage de 3 millions de tonnes
exploitées au moyen dg onze fosses (quatorze puits d’extrac-
tion), alors qu'elle n’extrayait que 1.613.105 tonnes en
1890 et 700.000 tonnes seulement en 1875 (superficie :
6.939 hectares).
Ce chiffre énorme de 3 millions de tonnes n’a été atteint,
en France, que par les mines de Lens et par celles d'Anzin.
Les mines de Lens, étant de création relativement récente
(1853), ont pu être organisées suivant les derniers perfection-
nements de l’art des mines. En tant que machines, installa-
tions du jour et travaux du fond, on peut les citer comme
une exploitation modèle.
Lens extrait, par ses fosses Saint-Louis et Élisabeth, des
charbons à gaz tenant de 30 à 36 0/0 de matières volatiles
et se rapprochant beaucoup des flénus.
Par ses autres fosses, situées au midi de la faille cen-
trale, qui s'étend de l’est à l’ouest, dans presque toute la lon-
gueur du bassin du Pas-de-Calais, la Compagnie de Lens
exploite toute la série des houilles grasses depuis les
houilles à gaz jusqu'aux houilles à coke.
Au nord de la faille centrale, appelée aussi faille Reu-
maux, il y a un saut brusque dans la teneur des veines
en matières volatiles; au voisinage de celte faille on trouve
une région peu riche, stérile même en certains points; et,
dans la région nord de la concession, on ne trouve plus que
des veines demi-grasses, quart-grasses et maigres, à Vendin-
le-Vieil et à Douvrin.
Bruay. — Les mines de Bruay possèdent le gisement le
plus régulier du bassin, et leurs veines, affectées de très peu
d'accidents, se poursuivent, toutes parallèles, sur de très
grandes étendues. :
L'exploitation des mines de Bruay a été longtemps arrêtée
dans son développement par les venues d’eau considérables
# me
ES EE EE RE LA RS 2 Le st
348 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
qui ont envahi les travaux à plusieurs reprises. Mais aujour-
d'hui la mine est armée de pompes extrêmement puissantes,
tant au fond qu'au jour, et il n’est pas probable, dans l’état
actuel des choses, qu’une venue d’eau, quelque importante
qu'elle soit, puisse causer un arrêt prolongé ou un dommage
sérieux aux mines de Bruay.
Le charbon exploité dans cette concession est de la
houille demi-sèche très estimée dans l'industrie (flénu à
35 0,0 de matières volatiles, aux fosses 1, 3, 4 et 5). La
fosse 2 a exploité un gisement de houille trois-quarts-grasse
pour générateurs.
Tonnage extrait en 1899 : 1.630.000 tonnes, contre 878.000
tonnes seulement en 1890. =
Courrières. — Les mines de Courrières renferment des
veines très régulières dans la partie sud-est de la conces-
sion, un peu brouillées à l'ouest et moins riches au centre.
Production : 1.900.000 tonnes en 1899.
Cette concession est d'une exploitation relativement aisée,
et, par suite, le prix de revient de la houille peut y être assez
faible. Cette condition, jointe à la richesse du gisement, fait
de Courrières le charbonnage qui a peut-être le plus bel
avenir de tout le Pas-de-Calais.
_Courrières produit toutes les qualités de houille, depuis les
houilles maigres de la fosse n° 8 au nord, jusqu'aux houilies -
grasses à longue flamme des fosses du midi, sauf la houille
Ga dr dust druide était
à coke proprement dite. Cette situation très avantageuse Î
permet à la Compagnie de Courrières de faire face à toutes :
les demandes de l’industrie et de n'être tributaire d'aucune 3
autre Compagnie, pour les mélanges qu'elle peut avoir à faire
entre des houilles maigres et grasses.
Grenay. — Cette mine exploite toute la série des houilles,
depuis les houilles grasses jusqu'aux quart-grasses, au moyen
de huit fosses, qui ont produit ensemble 1.480.000 tonnes
en 1899.
Noeux. — 1.376.029 tonnes en 1898. — Exploitalion des
plus prospères, possédant toutes les qualités de charbon,
depuis les houilles demi-sèches jusqu'aux maigres. f}
Marles. — 1.127.000 tonnes de houille demi-sèche et grasse :
en 1899, contre 760.000 tonnes seulement en 1890.
LE te Ve fe PE. Le
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 349
Liévin. — Cette mine exploite dans le sud du bassin, en
partie sous les terrains renversés, des veines grasses à gaz et
demi-sèches. Production — 1.153.000 tonnes en 1899, contre
675.105 tonnes en 1890. Cet accroissement énorme de tonnage
promet de continuer encore pendant quelques années; les
travaux du midi de la concession ont en effet démontré,
en 1897, que le bassin se prolongeait sous le dévonien ren-
versé, beaucoup plus loin au sud qu'on ne l'avait admis
jusqu'à ce moment, et une extension récente de la concession
de Liévin va probablement être suivie d'un développement
nouveau du tonnage extrait. On peut citer encore, dans le
Pas-de-Calais, les mines de Meurchin, 455.000 tonnes en
1898; celles d'Ostricourt, 206.000 tonnes; de Drocourt,
540.000 tonnes ; de Ferfay, 165.000 tonnes; etc.
Le Pas-de-Calais a produit, en tout, en 1899, 14.500.000
tonnes de charbon, au moyen de soixante-quinze puits
d'extraction. La production n était que de 7.877.214 tonnes
en 1890.
Le prix moyen de vente, qui était de 16 francs par tonne
en 1890, est descendu à 10 francs en 1895; il est remonté à
16 fr. 50 en 1899, et il atteignait environ 18 francs au début
de l’année 1900.
De nombreux sondages entrepris au midi du bassin, vers
Cuincy, Willerval, Souchez, Aix, Bouvigny, Bengin, Ourton, etc.,
depuis et même avant la découverte récente faite à Liévin,
permettent d'espérer que de nouvelles richesses houillères
seront bientôt reconnues et mises en exploitation à des pro-
fondeurs variant de 800 à 1.200 mètres.
Bassin du Boulonnais. — A l'extrémité orientale du dépar-
tement du Pas-de-Calais, on exploite à Hardinghen un lam-
beau de terrain houiller qui doit être le prolongement du
bassin franco-belge et peut servir de point de repère pour
uu raccordement avec le bassin anglais.
De nombreuses recherches ont été effectuées, aux envi-
rons de ce petit lambeau houiller, entre les années 1894 et
1897, à la suite de la découverte d’une veine de houille
dans le fond d’un sondage fait à Douvres, lors des études
entreprises pour l'exécution d'un tunnel sous la Manche.
PRÉ Rte ENST AU UNIES
: Fr = RD “ Li
350 GÉOLOGIE A PPLIQUÉE
De tous les sondages forés, à cette époque, dans le Calaisis
un seul rencontra, près de Wissant, une petite lentille de
terrain houiller, qui est probablement inexploitable.
La concession d'Hardinghen a produit, en 1899, environ
1.000 tonnes de hoxuille. Non loin de là, à Ferques, près de
Marquise, on vient de commencer l'exploitation d'un gise-
ment de houille, enfermé sous des terrains renversés,
formés par le calcaire Napoléon, le calcaire du Haut-Banc
et la dolomie de Hure. Quelques grattages avaient déjà été
faits dans ce gîte et dans la concession de Fiennes, voisine de
celle de Ferques, il y a quelques années, au voisinage de la
faille qui a amené les terrains anciens au-dessus des couches
en place.
Bassin de la Loire et de Saint-Étienne. — Après le bassin
houiller du Nord, le plus important en France est celui de la
Loire.
Il fait partie de l'étage houiller supérieur, ainsi que la
plupart des bassins francais, autres que celui du Nord et du
Pas-de-Calais.
Le bassin de la Loire renferme un dépôt houiller de plus
de 2.000 mètres d'épaisseur, contenant une puissance réduite
de veines de houillé de 50 à 80 mètres, selon les dis-
tricts.
Ces veines sont généralement beaucoup plus puissantes
que celles du nord de la France: elles ont une puissance
moyenne de 3 à 4 mètres, allant parfois jusqu à 145 mètres. E
Le bassin de la Loire repose en stratification discordante
sur une vaste dépression du terrain primitif et s'étend du
nord-est au sud-ouest sur une longueur de 46 kilomètres,
depuis le bord du Rhône jusqu'aux rives de la Loire.
D'après Grüner, le terrain houiller de Saint-Étienne peut
se diviser en un certain nombre de faisceaux plus ou moins
productifs.
En partant des terrains primitifs de la base, on rencontre
d'abord une brèche de 20 à 200 mètres de puissance, qui
est composée de granite, de gneiss et de micaschistes. Au-
dessus on recouperait successivement :
Le faisceau de Rive-de-Gier, avec poudingues et grès gros-
siers, puis grès fins avec quelques couches de ÉOe mesu-
DRE ER Re nn
ds
4
pe MA iqn
5
= SANS
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 391
rant ensemble 12 mètres de puissance en moyenne. Ce
faisceau est épais d'une centaine de mètres;
Le faisceau de Saint-Chamond, stérile, qui s'étend entre
Rive-de-Gier et Saint-Étienne, sur une épaisseur de 800 mètres.
Il est constitué, en partie, par des galets de quartz blanc ;
Le faisceau inférieur de Saint-Étienne, qui atteint 800 mètres
d'épaisseur avec une dizaine de couches, dont quelques-
unes mesurent de 3 mètres jusqu'à 12 mètres de puissance ;
Le faisceau moyen de Saint-Étienne, épais de 300 mètres,
qui contient huit couches de 10 mètres de puissance totale;
Le faisceau supérieur de Saint-Étienne, épais de 200 mètres,
qui compte une dizaine de couches mesurant ensemble
18 mètres de charbon.
Le tout est surmonté par un banc permien stérile, de
près de 500 mètres de puissance, formé d’argiles et de quartz
micacé.
Sur les soixante-douze concessions accordées dans ce bas-
sin, quarante-trois seulement sont exploitées et ont été
réunies entre les mains d'une dizaine de Compagnies dont
les principales sont :
La Compagnie de Roche-la-Morlièreet Firminy, quiexploite des
houilles à très longue flamme (38 0/0 de matières volatiles),
des houilles à gaz (32 à 36 0/0 de matières volatiles) et des
houilles grasses à courte flamme donnant du bon coke
(48 à 24 0/0 de matières volatiles). La production était, pour
ces dernières années, de 8(0.000 tonnes environ par an;
La Compagnie de Montrambert et la Béraudière : charbons
à gaz proprement dits (32 à 56 0/0 de matières volatiles),
tenant de 3 à 10 0/0 de cendres. — Production annuelle :
700.000 tonnes environ ;
La Compagnie des houillères de Saint-Étienne, avec sept
puits d’extraction : production en 1898 : 598.000 tonnes
de charbons à gaz proprement dits, de charbons de forge, de
charbons à coke, de houilles grasses et de houilles demi-
grasses, tenant de 14 à 18 0/0 de matières volatiles ;
La Compagnie des Mines de la Loire : production : 656.000
tonnes en 1898;
La Compagnie de Rive-de-Gier : production en 1898 : 50.000
tonnes de houilles grasses ternes à longue flamme, dites
352 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
rafforts, spéciales à cette région et employées surtout au
chauffage domestique.
Les autres exploitations du bassin sont celles de Saint-
Chamond, de la Chazotte, etc.
La production totale du bassin de la Loire a été de
3.863.000 tonnes en 1898.
Bassin houiller du Gard. — Le bassin houiller du Gard
appartient aussi à l'étage houiller supérieur ; il s'étend sur
une superficie de 12.000 hectares, mais n'affleure que sur
les deux tiers de son étendue, le reste étant recouvert par
le trias ou par des calcaires jurassiques.
Il repose directement sur les schistes précambriens. A la
base du bassin, on trouve un conglomérat à gros blocs reliés
par une pâte argileuse. Cette assise, épaisse de 200 à
300 mètres, renferme des rognons d’anthracite, des nodules
de fer carbonaté et des paillettes d'or. Elle est surmontée
par l'étage de Bessèges, puissant de 800 mètres environ, con-
temporain de celui de Rive-de-Gier et le plus riche du bassin.
Au dessus se tient l'étage de la Grand'Combe, puissant de
500 mètres et séparé du précédent par des assises de grès
sableux et de schistes fissiles.
L'étage supérieur est celui de Portes, puissant de
600 mètres, reposant sur une assise de 300 mètres de ter-
rains stériles qui recouvrent l'étage de la Grand'Combe.
Le tout est surmonté, en certains points, par une assise de
poudingues avec galets de porphyre.
Le bassin est coupé en deux, par la montagne du Rou-
vergue. À l’ouest se trouvent les concessions de Rochebelle,
de la Grand Combe, de Portes et de Cessous, dans la vallée
du Gardon; à l'est, celles de Bessèges, de Gagnières, de
Trélys et de Lalle, dans la vallée de la Cèze. Le bassin du
Gard a produit, au total, 2.199.000 tonnes de houille en 1898.
Les mines de Rochebelle, situées dans la partie occidentale
du bassin, près d’'Alais, comptent vingt-cinq couches de
charbon, dont la puissance totale est de 40 mètres environ. Ce
charbon, demi-gras près de la surface du terrain houiller,
devient plus maigre en profondeur {15 à 48 0/0 de matières
volatiles). Il est très apprécié pour le chauffage domestique
ci
oi
2
EC a 24
(ASE
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 393
et pour les chaudières à vapeur; il sert aussi à la fabrication
des agglomérés.
En 1898, Rochebelle à fourni 300.000 tonnes de houilie,
au moyen de deux puits d'extraction.
Les mines de la Grand’ Combe extraient des charbons gras,
tenant 22 à 240/0 de matières volatiles. Mais, en profondeur,
on n'y rencontre plus que des houilles demi-grasses.
Près du massif de Rouvergue, les veines deviennent plus
maigres encore (10 0/0 de matières volatiles). La production
de la Grand’ Combe a été de 799.000 tonnes en 1898.
Aux mines de Bessèges, dans la partie orientale du bassin,
on a déjà reconnu vingt couches de houille tenant ensemble
25 mètres de combustible.
La production de Bessèges, en 1898, a été de 534.000 tonnes
de houille grasse.
Bassin houiller de Saône-et-Loire. — Le bassin houiller de
Blanzy-Creusot, long de 40 kilomètres, fait partie d’une
bande houillère encore mal connue, qui s'étend jusqu'aux
Vosges vers Ronchamp.
Les deux principales Compagnies exploitantes de ce bassin
sont celles de Blanzy, à l’ouest (Montceau), et du Creusot, au
centre, vers Monchanin.
Dans la concession de Blanzy on exploite quatre veines de
houille dont la puissance varie de 8 mètres à 30 mètres.
Ces couches, selon la région et la profondeur où on les
rencontre, ont une leneur très variable en matières volatiles.
De 38 0/0 dans les parties hautes du bassin, elles tombent à
12 et 80/0 en profondeur, principalement vers le sud-ouest.
On obtient ainsi, dans cette concession, des houilles sèches
à longue flamme et des houilles maigres anthraciteuses.
Mais ces combustibles sont très impurs, ce qui nécessite
l'installation de lavoirs puissants et coûteux.
Les menus anthraciteux lavés servent à la fabrication
d’agglomérés, très appréciés pour la navigation.
La Compagnie de Blanzy a produit 1.699.000 tonnes
en 1898.
Les mines du Creusot ne produisent que des houilles anthra-
citeuses et quart-grasses (82.000 tonnes en 1898). Ces derniers
GÉOLOGIE. 23
354 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
produits, ainsi que les menus d'anthracite, sont employés
dans la métallurgie; l’anthracite gros est vendu pour les
foyers domestiques. La concession de Montchanin, exploitée
par la Société du Creusot, produit de la houille grasse,
(80.000 tonnes en 1898). 4
Le gisement d'Épinac, près d'Autun, dans le nord de.
Saône-et-Loire, produit, sur 6.241 hectares concédés, envi-
ron 110.009 tonnes de combustible par an : houille maigre à
courte flamme, au puits Hottinguer, vers le sud du bassin;
houille grasse maréchale, au puits de la Garenne, vers le
nord ; et houille sèche à longue flamme au puits Bonnard,
à l'est.
Bassin du Bourbonnais. — Dans le Bourbonnais on ren-
contre le pli synclinal carboniférien du Roannaiïs, quise pro-
longe jusque dans la Creuse.
Tout le long de ce pli se trouvent des lentilles houillères
peu étendues (Buxière-la-Grue, etc.), avec une flore plus
récente que celle de Commentry. L
Le bassin de Commentry, situé au sud du Bourbonnais,
Longreroux
La Bouige
FiG. 98. — Coupe du bassin de Commentry.
dans l'Allier, est le plus important de cette série de gisements.
Il comprend les concessions de Commentry, des Ferrières, etc.,
et, un peu à l'est, celles de Bézenet, de Doyet, Montvicg, etc.
Le gisement de Commentry est encaissé dans les gneiss, au
contact de nombreux filons de granite et de porphyre. Il
renferme, entre autres, une grande couche de charbon de
20 mètres de puissance environ, qui se subdivise, en certains
points, eu plusieurs veines. Cette couche, exploitée à ciel
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 355
ouvert, atteint, en certains points, de 40 à 50 mètres de
puissance.
La formation appartient, par sa flore, à l'étage le plus
élevé du stéphanien. |
La houille extraite est du charbon gras à longue flamme,
servant aux générateurs de vapeur, au chauffage domes-
tique, à la forge et à la fabrication du no et du gaz d'éclai-
rage.
La production des mines de Commentry et Montvicq a été,
en 1896, de 571.815 tonnes.
Bassin houiller de l'Aveyron. — Le bassin houiller de
l'Aveyron, aux environs d'’Aubin, semble formé de trois
faisceaux distincts.
Le faisceau inférieur, qui existe dans les concessions d’Au-
zits et de Rulhe, a été formé dans un delta spécial, au sud-
est du bassin, avec des conglomérats.
Le faisceau moyen a été engendré par un delta, à l’époque
des calamodendrées ou du stéphanien supérieur (conces-
sions de Cransac, etc.).
Le faisceau supérieur ne contient plus de conglomérats ;
il s'est déposé, après un mouvement du sol, en discordance
sur les assises plus anciennes. Ce faisceau, dit faisceau de
Bourran, se retrouve vers Decazeville et Saint-Roch, au nord
du bassin.
La Compagnie de Campagnac possède, près de Cransac,
les concessions de Lavernhe et du Mazel ; elle exploite une
houille demi-sèche à longue flamme, tenant 35 0/0 de
matières volatiles et 8 0/0 de cendres. Ce charbon est surtout
employé pour la forge et les verreries. Il sert aussi à la fabri-
cation du gaz, au chauffage domestique et au chauffage des
générateurs.
La production a été, à Campagnac, de 275.000 tonnes en 1896.
La Société des Aciéries de France, qui exploite, près d’Aubin,
les concessions de Cransac, de Combes et des Issards, pro-
duit annuellement, en moyenne, 350.000 tonnes de houille,
40.000 tonnes de briquettes et 15.000 tonnes de coke.
Le charbon extrait est du demi-sec flambant, employé
principalement pour la fabrication du gaz, le chauffage des
générateurs, la céramique et la métallurgie.
+4
À. Les ir te
356 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les mines de Decazeville ont une partie de leur exploita-
tion à ciel ouvert. Elles renferment une couche de houille
qui alteint 60 mètres d'épaisseur. Cette puissance énorme
complique l'exploitation et occasionne des incendies dans la
couche, par suite d'éboulements et de frottements de la
houille, surtout au voisinage des travaux anciens non rem-
blayés, dont les boisages desséchés facilitent l'inflammation
spontanée. Cette inflammation est provoquée par l'oxydation
des limets de pyrite de fer qui se trouvent intercalés dans
la couche de houille.
La production a été, en 1896, à Decazeville de 426.713 tonnes
de houille grasse à longue flamme servant à la fabrication du
coke et du gaz et au chauffage domestique.
Les mines de Decazeville, exploitées par la Société de
Commentry-Fourchambault, comptent six concessions mesu-
rant ensemble 2.140 hectares.
Le département de l'Aveyron (16 concessions exploitées)
a produit, en 1898, 1.083.000 tonnes de houille, en augmen-
tation de 64.009 tonnes sur la production de l’année précé-
dente.
Bassin houiller du Tarn. — Dans le Tarn, les houillères de
Carmaux et d'Albi exploitent un bassin qui contient plus de
grès que de schistes. On y retrouve la flore de la base du sté-
phanien avec cinq couches exploitables mesurant ensemble
16 mètres de charbon. Le bassin s'enfonce à l’ouest, sous
les grès bigarrés.
Les mines de Carmaur produisent annuellement près de
500.000 tonnes de houille grasse, bonnes pour la forge, le
chauffage domestique et le chauffage industriel. Ces mines
sont exploitées depuis le commencement du xix° siècle et
comprennent sept puits, répartis entre quatre sièges, qui
ont produit 557.000 tonnes en 1898. À
Les mines d'Albi, dont l'exploitation ne date que de 1886,
exploitent, par an, en moyenne, 100.000 tonnes de charbon
gras à longue flamme, tenant 30 à 32 0/0 de matières vola-
tiles. Ce charbon est employé pour la forge, la fabrication du
gaz et du coke. La production des mines d'Albi tend à
augmenter (143.000 tonnes en 1898).
Bassin houiller de l'Hérault. — Le bassin houiller de
MB ES his Tir
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 357
l'Hérault contient sept concessions dont les quatre princi-
pales ont été réunies par la Société de Graissessac. Les
trois autres sont exploitées par la Compagnie houillère de
l'Hérault.
Le charbon extrait est anthraciteux, maigre et demi-gras,
et sert à la fabrication de la chaux et des briques; il est
aussi employé pour le chauffage domestique et la fabrication
du coke.
Les mines de (Graissessac produisent annuellement
200.000 tonnes de houille environ (195.753 tonnes en 1898).
Bassin du Cantal. — Dans les mines de Champagnac, dans
le Cantal, on exploite de la houille grasse maréchale propre
au chauffage industriel et domestique.
Production annuelle, 80.000 tonnes de houille. et
30.000 tonnes d'agglomérés.
Bassin du Puy-de-Dôme. — La Société de la Haute-Loire
exploite dans quatre concessions situées à la limite du Puy-
de-Dôme, entre Sainte-Florine (Haute-Loire) et Brassac
(Puy-de-Dôme), une houille tenant de 17 à 24 0/0 de matières
volatiles, employée pour le chauffage domestique, la forge et
divers usages industriels ‘180.000 tonnes par an environ).
Les houillères de Saint-Éloy exploitent dans le Puy-de-
Dôme un charbon flambant à très longue flamme tenant de
36 à 40 0/0 de matières volatiles, employé dans les brasseries,
les fabriques de porcelaine, etc. {environ 250.000 tonnes
par an). à
La Compagnie de Commentry-Fourchambault exploite, près
de Brassac, trois concessions qui fournissent annuellement
environ 80.000 tonnes de houille grasse, demi-grasse et
maigre au moyen de quatre puits d'extraction. |
Des recherches sont faites actuellement par diverses
Sociétés, pour retrouver le prolongement du bassin, au
sud-ouest.
Bassin de la Creuse et de la Corrèze. — Le bassin houiller
de la Creuse et de la Corrèze renferme un certain nombre
de lentilles houillères.
Le plus important des gisements de la région occidentale
est celui d’Ahun, dans la Creuse. On y exploite des houilles
maigres et demi-grasses, propres à la cuisson de la chaux,
358 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
des ciments et de la porcelaine, au chauffage domestique et
à la fabrication des agglomérés.
La production est d'environ 200.000 tonnes de houille et
de 60.000 tonnes d'agglomérés par an.
Bassin de la Haute-Saône. — On peut citer encore les mines
de Ronchamp (Haute-Saône), qui s’enfoncent sous des grès
rouges permiens. Il est possible que le terrain houiller de
Ronchamp aille rejoindre en profondeur le bassin de Sarre-
bruck. On exploite, à Ronchamp, trois veines principales,
mesurant ensemble près de 10 mètres de charbon (121.490 t.
en 1898). Une autre concession de houille exploitée par la
même Compagnie dans la Haute-Saône, celle d'Eboulet, a
produit 95.451 tonnes en 1898.
Gisements du massif-armoricain. — Dans l’ouest de la
France il existe quelques lambeaux houillers, peu impor-
tants d’ailleurs.
Normandie. — On connaît, en Normandie, ceux de Littry
dans le Calvados et du Plessis dans la Manche, qui appar-
tiennent au stéphanien supérieur. Les couches y sont recou-
vertes en stratification concordante par des sédiments de
l'époque permienne. Elles ont été exploitées sur une lon-
gueur de 1.500 mètres et une largeur de 300 mètres.
Busse Loire. — Dans la Mayenne et la basse Loire, les gise-
ments de combustibles contiennent généralement des anthra-
eites et ont été étudiés au début de ce chapitre.
A l'ouest du bassin de la basse Loire, on trouve, dans les
concessions de Languin, de Montrelais-Mouzeil et des Touches,
des houilles qu'on a souvent assimilées aux anthracites;
mais des analyses faites à l'École des mines de Paris ont
permis de les classer parmi les houilles grasses.
Leur teneur en matières volatiles est, en effet, de 20 à
28 0/0. Mais ces charbons sont généralement assez chargés
en cendres (10 à 30 0/0) et ne pourront être exploités avan-
tageusement qu'après un traitement dans des lavoirs à
charbon.
Il existe encore en France un certain nombre de petits
bassins, dans la Nièvre (Decize), l'Aude, etc.
La production totale de la houille, en France, à été,
en 1896, de 28.750.500 tonnes ; en 1898, la production à été
NE
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 359
de 30.172.000 tonnes, dont 20 millions de tonnes environ
ont été fournies par le Nord et le Pas-de-Calais.
En 1880, la France ne produisait que 19 millions de tonnes
de houille.
GISEMENTS HOUILLERS DE LA GRANDE-BRETAGNE
La Grande-Bretagne produit annuellement environ 200 mil-
lions de tonnes de houille, alors que le monde entier ne
produit que 660 millions de tonnes environ. C'est donc le
pays de la houille, par excellence.
On peut diviser la Grande-Bretagne en cinq zones princi-
pales de production, pour les combustibles minéraux :
La zone du Nord ou de l'Écosse:
La zone du Nord-Est ou de Newcastle ;
La zone du Centre et de l'Ouest, Lancashire, Derbyshire,
Yorkshire, Staffordshire, etc. ;
La zone du Sud-Ouest, ou d Pays de Galles du Sud ;
Les gisements houillers de l'Irlande.
On étudiera successivement chacune de ces régions :
Bassin du Nord ou d'Ecosse. — On trouve, dans l'étage car-
bonifère, en Ecosse, la succession suivante, en partant de la
surface :
50 mètres de grès rouges et d’argiles de Bothwell;
350 mètres de terrain houiller supérieur, ou flat-coal
(avec grès, schistes, argile et minerai de fer ou black-bandi),
contenant onze veines de houille, mesurant ensemble une
puissance de 12 mètres environ ‘le black-band est du minerai
de fer carbonaté qui fournit les fontes d'Écosse si estimées).
Lits de schistes avec minerai de fer, dit slaty-band;
110 mètres de grès de Roslin ou Moor Rock;
90 mètres de calcaire (calcaires de Garnkirk);
Terrain houiller inférieur (avec schistes et black-band),
contenant dix-sept couches de houille reconnues avec une
puissance totale de 16 mètres de charbon;
160 mètres de calcaire de Gilmerton ;
Grès calcifère.
La constitution de cet étage est sensiblement différente
369 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de celle des autres bassins carbonifères delaGrande-Bretagne.
Les gisements houillers de l'Écosse sont divisés en quatre
bassins séparés par des pointements dévoniens. Ce sont les
bassins de Glascow ou de la Clyde, d'Edinburg, du Fifeshire
et de l’Ayrshire. Les exploitations se font actuellement entre
160 et 300 mètres de profondeur.
La houille d'Ecosse a une couleur d'un noir rougeâtre et
elle renferme des veines mates d'aspect schisteux; elle est
plus tenace que celle de Newcastle. Elle donne environ
70 0/0 de gros morceaux.
Les couches de houille ont toutes, en Écosse, une puissance
supérieure à 0,60; l’une d'elles atteint, dans le Fifeshire,
6 mètres d'épaisseur ; une autre, le Great-Seam, se poursuit
sur 20 kilomètres, avec une puissance constante de 2,50.
Entin le houiller inférieur renferme la veine dite parrot-
coal, qui fournit la houille à gaz appelée cannel-coal et le
boghead (Voir le chapitre des Hydrocarbures).
La puissance moyenne des veines est de 0,75 à 1 mètre;
elle est très favorable à une exploitation économique du
gisement. En dehors du cannel-coal, la production de
l'Écosse en houille grasse est d'environ 27 millions de
tonnes, dont 5 millions environ sont exportés par Glasgow
et Edimbourg, 7 millions de tonnes seulement en 1854.
Bassin houiller de Newcastle ou du Nord-Est. — Le bassin de
Newcastle appartient à la partie supérieure du système car-
boniférien anglais. On peut rappeler, à ce propos, les prin-
cipaux termes dont se compose, d'après M. Hull, la série
carboniférienne en Angleterre.
Ce sont, en descendant:
Le terrain houiller supérieur (Upper coal measures), avec
argiles, brèches, grès rougeûtres, lits calcaires et veines
de houille généralement minces (Newcastle et Lancashire);
Le terrain houiller moyen (Middle coal measures), avec
argiles, schistes, grès jaunes et veines de houille nombreuses
(bassins du centre et Pays de Galles du Nord);
Le terrain houiller inférieur (Lower coal measures), avec
schistes et couches de houille à toit siliceux dur (Ganister)
(bassin du Centre-Sud);
Le Millstone grit, avec dalles, schistes, grès grossiers et
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 361
quelques minces veines de houille (bassins du Centre et
Pays de Galles) ;
Série d Yoredale, schistes et grès le en profondeur,
par des schistes foncés et des calcaires terreux (Centre) ;
Calcaire carbonifère massif, avec intervalles de grès et de
schistes {s'étendant à peu près à la base de tous les bassins
anglais).
Les principaux districts du bassin de Newcastle sont le
Durham et le Northumberland à l'est; on peut rattacher à
ce bassin le district du Cumberland qui s'étend à l’ouest,
contre le canal du Nord.
Le bassin de Newcastle est sillonné par de nombreuses
failles (slip troubles) et par un grand nombre de dykes
basaltiques (whin troubles); au voisinage de ces dykes, les
couches ont subi des altérations profondes. L’étendue du
bassin est de 2.000 kilomètres carrés environ.
Le combustible extrait est un charbon gras à longue
flamme, un peu bitumineux, qui est employé comme charbon
à gaz (gaz coal), comme charbon à coke (coking coal), comme
charbon à vapeur (steam coal), quand il n’est pas trop collant,
et quelquefois aussi comme charbon pour foyers domestiques
(house hold coal), lorsqu'il est bien dur et qu'il laisse peu de
cendres en brülant.
Les houilles les plus riches en gaz sont fournies par les
couches supérieures, au sud du bassin (Durham), tandis que
les houilles à vapeur se rencontrent plutôt au nord (Nor-
thumberland). On compte dans le bassin plus de soixante
couches de houille, dont une vingtaine sont fructueusement
exploitables et présentent une puissance totale moyenne
de 18 mètres.
La production du bassin de Newcastle dépasse annuelle-
ment 40 millions de tonnes, dont 10 millions environ sont
exportées par les ports de la Tyne (Newcastle) et par Sun-
derland, Hartlepool, etc. La production n'était que de
16.500.000 tonnes en 1854.
Bassins houillers du Centre et de l'Ouest. — Les bassins
houillers du Centre comprennent le Lancashire, le Der-
byshire, le Staffordshire, le Nottinghamshire, le Yorkshire, le
Leicestershire, le Pays de Galles du Nord, etc.
362 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
On y rencontre le houiller moyen, le houiller inférieur et
le millstone grit.
Ce bassin a une superficie de plus de 2.000 kilomètres
carrés. Il plonge légèrement vers l'est où il est recouvert
par les formations triasiques; la chaîne Pennine, formée par
un soulèvement du calcaire carbonifère, sépare le bassin en
deux parties. A l'ouest de cette chaîne, la série carbonifère
affleure. La houille produite est de la houille grasse, qui sert |
au chauffage des foyers domestiques, à la fabrication du coke
et à celle du gaz. On y trouve aussi de la houille sèche
employée pour la métallurgie. Ces houilles sont très peu
exportées, par suite de l'éloignement des côtes.
Les couches sont très nombreuses, peu inclinées, épaisses
de 0®,75 à 12,50 et souvent grisouteuses. Dans le Staffordshire
on rencontre la plus puissante des veines de houille exploitées
dans la Grande-Bretagne : c'est le Thick coal, dont l'épaisseur
moyenne est de 9 mètres. La production annuelle est d'environ
87 millions de tonnes pour les districts houillers du centre.
Bassin houiller du Sud-Ouest. — Le bassin du Sud-Ouest ou
s de Galles du Sud comprend les districts de Clamorgan-
shire, de Monmouthshire, de Pembrokeshire, de Camartenshire,
de Somersetshire, de Gloucestershire, etc., que l’on a déjà
étudiés en partie, à propos de l'anthracite.
La zone houillère y est limitée, au nord, par une arête de
terrains siluriens et dévoniens ; elle comprend une série de
vallées dirigées du nord au sud. Le bassin à une superficie
de 2.500 kilomètres carrés environ. Sa partie centrale a été
soulevée par un pli anticlinal qui s'étend de l’est à l’ouest
entre Risca et Swansea, de telle sorte que les couches de
houille profondes de la partie centrale ont été remontées
près de la surface, ce qui facilite leur exploitation.
On extrait de la région centrale une houille très dure qui
est le type du combustible pour la production de vapeur, et
qu'on appelle houille de Cardiff, du nom de son principal
port d'exportation.
La partie occidentale du bassin contient de l’anthracite et
des charbons anthraciteux. La région Nord fournit du charbon
de forge, que l'on retrouve aussi le long de la lisière sud
avec d'excellents charbons à coke.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 363
La partie orientale du bassin donne une houille assez
riche en bitume, intermédiaire entre les houilles pour forge
et les houilles demi-grasses.
La production du bassin du Sud-Ouest dépasse annuelle-
ment une moyenne de 32 millions de tonnes. Le prix
moyen de vente a été de 17 francs par tonne en 1899 (char-
bon à vapeur, première qualité, sur bateau); il avait été
également de 17 francs en 1890, mais il était descendu jus-
qu'à 12 francs en 1893.
Irlande. — En Irlande on trouve les formations carboni-
fériennes, avec un peu de houille, dans le calcaire carboni-
fère, à Tyrone et à Antrim, vers le Nord; dans les comtés
de Tipperary et de Castlecomer, on rencontre le terrain
houiller inférieur avec quelques mines de houille, et, en
dessous, les formations du millstone grit. Le houiller moyen
et le houiller supérieur n'existent pas en Irlande.
La production de la houille, en Irlande, à atteint
130.000 tonnes en 1898.
Recherches vers Douvres. — Il y a quelques années, un son-
dage entrepris près de Douvres, à l'extrémité sud-est de
l'Angleterre, a recoupé quelques veines de houille dont la
découverte a ouvert des horizons nouveaux à l'hypothèse
d'un raccordement possible entre les gisements houillers du
sud de la Grande-Bretagne et le bassin franco belge.
Jusqu'à présent aucun indice nouveau n’est venu éclairer
d’une facon précise cette hypothèse, bien que de nombreux
forages aient été exécutés pour arracher au sol, dans celte
région, ses secrets et ses richesses.
La production totale des combustibles minéraux en Grande-
Bretagne à été de 198.487.000 tonnes en 1896, représentant
une valeur de 1.429.754.000 francs. En 1897, la production
totale de la Grande-Bretagne s’est élevée à 205.353.100 tonnes,
et la valeur de la houille s’est accrue considérablement à
partir de 1898, à la suite d'une grève prolongée des mineurs du
Pays de Galles. La production n'était que de 150 millions de
tonnes en 1880.
364% GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GISEMENTS HOUILLERS DE LA BELGIQUE
Le bassin franco-belge a été étudié plus haut, à propos
des gisements houillers du Nord de la France; le bassin
belge en forme le prolongement vers l’est, en se relevant un
peu, de sorte que lä houille vient généralement y affleurer
sans morts-terrains, ce qui a singulièrement facilité l'exploi-
tation et a évité les recherches longues et coûteuses qui ont
retardé si longtemps la mise en exploitation du bassin fran-
çais. Les houillères de Belgique ont été divisées administrati-
vement en trois districts : Hainaut, Namur et Liège, qui sont
loin d’avoir tous trois la même importance, le premier étant
de beaucoup le plus considérable et produisant 15 millions
de tonnes par an, alors que le district de Liège n’en produit
que 5 millions, et celui de Namur, 1/2 million environ.
La bande houillère s'étend en Belgique sur une longueur
est-ouest de 170 kilomètres et sur une largeur de 10 kilo-
mètres environ. Les couches ont été déhouillées à partir
de leur affleurement, et la moyenne actuelle du niveau d’ex-
ploitation en Belgique est de 600 mètres environ. Quelques
puits ont une profondeur qui dépasse 1.000 mètres. Il s'ensuit
que le bassin belge tend à s'épuiser, et, en tout cas, en
admettant que le terrain houiller ait une épaisseur de
2 à 3.000 mètres, il est certain que l'exploitation devient de
jour en jour plus difficile et plus coûteuse.
Disrricr pu HaixauT. — Le district du Hainaut se divise en
trois parties : Borinage, ou couchant de Mons, Centre et
Charleroi.
i° Mines du Borinage. — En suivant le gisement houiller
belge à partir de la frontière de la France, on rencontre
d'abord, dans le district du Hainaut, le bassin appelé Bori-
nage, au couchant de Mons. Ce bassin renferme surtout des
charbons flambants, dits flénus, du nom d'une localité à
l'ouest de Mons. On y recoupe aussi des veines de charbons
à coke et demi-gras. Quant aux charbons à courte flamme,
ils sont très rares dans cette région.
Le Borinage compte dix-huit concessions-en exploitation.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 365
Les principales sont :
Grand-Hornu : 242.000 tonnes en 1897. Le charbon est
du flénu sec employé pour métallurgie, navigation, fours à
gaz et verreries ; |
- Produits : la production a été de 520.800 tonnes, en 1897,
de flénu sec et demi-sec, de charbons à gaz et de charbons
gras à longue flamme ;
Rieu-du-Cœur, dont le nord vient d’être repris par une
Compagnie française qui espère y retrouver en profondeur
le beau faisceau demi-gras qui vient d'être reconnu par le
puits des Produits, près de Jemmapes. La production du
Rieu-du-Cœur à été de 476.000 tonnes en 1897 {charbon sec
et gras à gaz);
Levant du flénu : 705.000 tonnes en 1889 et 497.400 tonnes
seulement en 1897.
La production totale du Borinage ou bassin de Mons a été
de 4.536.610 tonnes en 1896 et de #.341.170 tonnes en 1897;
le prix de vente moyen à la mine, des gailleteries grasses,
était de 31 francs en 1890; il s’est abaissé à 22 francs en
1896, mais 1l atteignait 29 francs au début de 1900.
Les charbons flénus et à gaz, qui sont les plus voisins de
la surface, ont été les premiers exploités. Actuellement leur
extraction diminue beaucoup, et la production des houilles
demi-grasses et grasses à coke se développe, au contraire,
à mesure que les travaux deviennent plus profonds.
29 Mines du bassin du Centre. — Les mines du Hainaut
central produisent surtout des houilles demi-grasses; un
tiers de la production est représenté par les houilles à coke,
3 0/0 seulement par des houilles [flambantes. Les veines de
houille exploitées sont assez minces, 0,60 en moyenne;
mais elles sont assez rapprochées, et les étages d’exploita-
tion (400 mètres en moyenne) ne sont pas encore aussi
profonds que ceux du reste de la Belgique, de sorte que
le bassin du Centre est, en Belgique, celui qui à le plus
d'avenir. |
Sur vingt-six concessions accordées dans le bassin du
centre, vingt sont en exploitation. Les principales sont :
La Louvière et Saint-Vaast : 377.830 tonnes en 1897.
366 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Charbon gras à courte flamme (charbon dur), pour verreries,
coke et fines forges ;
Bascoup : 589.710 tonnes en 1897. Charbon demi-gras à
courte flamme, pour générateurs tubulaires et chauffage
domestique ;
Mariemont : 453.860 tonnes de charbon demi-gras à courte
flamme et de charbon gras à courte flamme ;
Ressair : 446.080 tonnes de charbon gras à courte flamme,
pour la fabrication du coke et pour les verreries et rec
La production totale du bassin du Centre a été de
3.370.616 tonnes en 1896 et de 3.376.640 tonnes en 1897.
3° Mines du bassin de Charleroi. — Les mines de Charleroi
forment l'extrémité orientale du bassin du Hainaut. |
On y exploite, à l’ouest de Charleroi, des couches à
courte flamme appelées demi-grasses pour usines et foyers
domestiques. Au sud de la Sambre, on trouve les houilles
grasses et maréchales (coke et forge); vers l’est et au nord,
on rencontre les couches de houille maigre et d'anthracite,
inférieures aux précédentes et étudiées plus haut au chapitre
des Anthracites. La profondeur moyenne des exploitations
est à peu près la même que dans le bassin de Mons.
Les principales exploitations sont celles de :
Aarcinelle-Nord : 445.350 tonnes en 1897, charbon gras
à longue flamme et à courte flamme et charbon demi-gras ;
Courcelles-Nord : 458.400 tonnes de charbon quart-gras,
employé pour chaudières à vapeur et chauffage domes-
tique ;
Grand-Conty : 139.300 tonnes de quart-gras, du type dit
de Gosselies, pour chauffage domestique et générateurs ;
Monceau-Fontaine : 589.200 tonnes de charbon demi-gras,
pour générateurs tubulaires et foyers domestiques ;
Sacré-Madame : 300.600 tonnes de charbons gras et demi-
gras ;
Charleroi (charbonnages réunis) : 493.800 tonnes de char-
bon gras à longue flamme et de demi-gras à courte flamme.
Le bassin de Charleroi à la spécialité des charbons pour
foyers domestiques.
Il à produit, en 1896, 7.527.250 tonnes de combustibles de
diverses catégories et 7.698.000 tonnes en 1897.
CR
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 367
Disrricr DE Namur. — A la suite et à l’est du bassin de
Charleroi, le gisement houiller se rétrécit et disparaît même,
au levant de Namur.
Le combustible exploité dans cette région se rapproche
des houilles de Charleroi; il est employé par les glaceries de
la région, les foyers domestiques, etc. Il est généralement
friable et donne une forte proportion de menu.
Les veines de houille, exploitées autrefois aux affleure-
ments, y sont reprises en profondeur depuis une vingtaine
d'années.
Sur trente-huit concessions accordées dans la province de
Namur, quatorze seulement sont exploitées.
Les principales sont :
Arsimont
Ham-sur-Sambre (140.000 tonnes, en 1897),
), Hasard
(120.000 tonnes), Falisolle (105.000 tonne
(95.000 tonnes), etc.
La production totale a été de 511.450 tonnes en 1896 et de
533.581 tonnes en 1897.
Districr pE Lièce. — C'est seulement vers Liège que le
bassin s'élargit.
Dans le bassin de Liège on exploite des houilles grasses
et demi-grasses donnant un bon coke, et aussi des houilles
maigres dans la partie nord du bassin. Sur les plateaux de
Herve on exploite des charbons demi-gras, spéciaux pour les
générateurs à vapeur.
Les couches reconnues sont au nombre de cinquante.
Leur puissance moyenne est de 0,40.
On pense que le terrain houiller doit avoir environ 2 kilo-
mètres d'épaisseur dans le centre du bassin; mais les
exploitations ne descendent guère qu'à 400 mètres Jusqu'à
présent.
Les charbonnages les plus importants sont :
)
Marihaye : 459.720 tonnes en 1897. Charbon à gaz, char-
bon gras à longue flamme, charbon gras à coke, charbon
demi-gras pour générateurs ;
Gosson-Lagasse : 324.000 tonnes en 1897;
Horloz : 409.913 tonnes;
Kessales-Artistes, à Jemeppe : 355.800 tonnes;
368 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Sclessin, à Ougrée : 325.600 tonnes ;
La Haye, à Liège : 349.250 tonnes.
La production totale du bassin de Liège a été de
5.256.191 tonnes en 1896 et de 5.533.747 tonnes en 1897.
Les bassins houillers de la Belgique, comme le bassin du
Nord de la France, ont été affectés par le ridement du Hainaut,
qui a repoussé la crête du Condros contre le bord méridional
du bassin de Namur ; maisles dislocalions postérieures qui ont
donné naissance à la faille Limite et au cran de retour {Voir
Bassin du Nord de la France) n'ont affecté que la partie
occidentale de la zone houillère, à partir de Charleroi jusqu'au :
Boulonnais.
La production totale des combustibles minéraux en Bel-
gique à été, en 1896, de 21.252.400 tonnes, représentant une
valeur de 40.402.000 francs. En 1898, la production a été de
22.088.000 tonnes. Elle était de 16.886.698 tonnes seulement
en 18S0.
GISEMENTS HOUILLERS D'ALLEMAGNE
Au-delà de la Meuse, le bassin franco-belge se relie au
bassin de la Westphalie par le gisement houiller souterrain
du Limbourg. Depuis quelques années, un certain nombre de
recherches et d'exploitations ont été entreprises dans le
Limbourg allemand et hollandais, et quelques-unes ont été
couronnées de succès.
Dans le riche bassin de la Westphalie on retrouve la com-
position du terrain houiller franco-belge, avec une régu-
larité beaucoup plus grande. Mais, à l'est de ce bassin, au
voisinage des massifs du Harz, de la Bohême et de la Saxe,
les terrains se modifient sans discontinuité apparente, et le
dépôt carbonifère cède la place à des assises argileuses ou
gréseuses. On retrouve bien, dans la Thuringe et dans la Saxe,
des dépôts houillers, mais ce n'est que vers les frontières
de la Russie, en Silésie, que le calcaire carbonifère reparait
avec une formation houillère régulière et abondante, qui se
dirige probablement vers l'important bassin houiller russe
du Donetz.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 369
Bassixs DE La WesrPHALIE. — Près de la frontière belge, et
dans le prolongement du bassin de Liège, on rencontre, en
Allemagne, les deux bassins houillers de la Wurm, près d’Aix-
la-Chapelle, et d’Eschweiler, sur l'Inde.
Gisements d’'Aix-la-Chapelle. — Ces bassins profonds, mais
parfois tourmentés, renferment des houilles à gaz, des
houilles grasses à longue flamme et des houilles demi-grasses.
Les houilles les plus maigres seules affleurent; les couches
plus grasses sont masquées, comme en Belgique et en France,
par le terrain crétacé.
Le calcaire carbonifère de la base débute, vers Aix-la-
Chapelle, jusqu'à Dusseldorf, par un calcaire cristallin qui
devient dolomitique en hauteur, où il est surmonté par les
schistes alunifères du culm (schistes à posidonies).
Le houiller de base qui repose sur ces schistes est formé
d'un grès stérile (flützleerer sandstein), équivalant au millstone
grit d'Angleterre.
Les couches de charbon, assez régulières, qui se trouvent
dans le terrain houiller productif, fournissent annuellement,
dans la région d’Aix-la-Chapelle, 1 million et demi de
tonnes.
Gisements de la Ruhr.— Le bassin de la Rubhr, relié au bassin
franco-belge par les gisements de la Wurm et de l'Inde, en
forme le prolongement au nord-est. Il s'étend dans la pro-
vince de Westphalie et dans la province Rhénane. Les ter-
rains de base sont sensiblement les mêmes depuis Dussel-
dorf jusqu’à Iserlohn; mais, à l’est de ce point, un échange
complet se produit entre le culm et le calcaire carbonifère :
il consiste tout d’abord en intercalations de schistes siliceux
et alunifères dans le calcaire ; peu à peu le calcaire dispa-
raît, mais les schistes qui le remplacent renferment encore
des espèces dinantiennes [Sfreptorhynchus (orthis) crenis-
tria et Cladachonus Michelini|.
La formation houillère qui surmonte ces terrains de base
semble avoir une épaisseur de 2.500 mètres; elle renferme
cent trente-deux couches de charbon, dont soixante-quinze
sont exploitables et mesurent ensemble une puissance de
près de 80 mètres.
Le bassin de la Rubr est beaucoup plus régulier que le
GÉOLUGIE. 24
370 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
bassin franco-belge; les couches de houille y sont moins
bouleversées et bien plus économiquement exploitables. Le
bassin a la forme d'une lentille longue de 100 kilomètres,
du nord-est au sud-ouest, et large, en son milieu, de 35 kilo-
mètres environ.
Dans les gisements de Westphalie, les couches du centre
et du sud sont assez fortement plissées, et il est à noter que
les failles que l'on rencontre dans cette région coupent les
veines suivant des angles très aigus et contrairement à la
règle de Schmidt, qui est presque toujours vérifiée dans le
bassin franco-belge.
Dans la région de Dortmund on exploite des veines grasses
à longue flamme, correspondant à celles des faisceaux
de Bruay et de Marles (Voir Bassin du Nord de la France):
dans la région de Bochum, au sud-ouest, on exploite un fais-
ceau gras à gaz, analogue à celui de Lens et de Liévin; et
enfin, à l’ouest, vers Essen, on exploite des charbons gras de
forge que l’on peut assimiler à ceux de Douchy, de Denain
et d’Anzin. Les charbons maigres affleurent au sud du bas-
sin, le long de la Rubr.
La production annuelle du bassin de la Rubr atteint
environ 40 millions de tonnes, alors qu'elle n'était que de
23 millions de tonnes en 1881. ;
D'après les études du D' Runge, le bassin westphalien
contiendrait une richesse houillère que l'on peut évaluer à
30 miliiards de tonnes.
{1 milliards de tonnes jusqu'à 700 mètres;
7 milliards de tonnes entre 700 et 1.000 mètres;
12 milliards detonnes au-dessous de 1.000 mètres.
Bassix D'OSNABRUC&. — Au nord-est de Dortmund, près
d'Osnabruck, on retrouve un lambeau houiller qui est
exploité à Piesberg et à Ibbenburen et qui produit environ
250.000 tonnes par an.
Bassix DE HANOVRE. — En s'éloignant vers l'est, on ren-
contre un gisement de houille exploité au sud de la ville de
Hanovre, à Deister et à Osterwald. Ce gisement appartient au
terrain wealdien et produit près de 800.000 tonnes par an.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 371
Bassin pE SAARBRUCK. — Dans le Palatinat, au sud des pro-
vinces Rhénanes et de la chaîne du Hunsrück, on exploite
autour de Saarbruck, Saarlouis et Ottweiler, un gisement
houiller assez important, qui produit près de 9 millions de
tonnes par an. Le bassin occupe une superficie de 3.000 kilo-
mètres carrés environ. Les veines plongent de 15° en moyenne
vers le sud-ouest et sont formées de charbons maigres,
demi-gras et gras à longue flamme. La flore des couches de
Saarbruck se rapproche de celle des charbons à gaz de
Grenay (Pas-de-Calais).
On estime que le bassin renferme encore 14 milliards
de tonnes de houille, dont 3 milliardsau-dessus de 700 mètres
de profondeur, et qu’il mesure 6.000 mètres de profondeur,
avec 164 couches de houille, dont 77 exploitables repré-
senteraient une puissance de 70 mètres environ.
De nombreux sondages ont permis de retrouver le pr do
gement du bassin, au sud-ouest de la Saar, dans la Lorraine
annexée.
Il est probable qu’on retrouvera un jour, vers le Rhin, des
gisements houillers se rattachant aux formations de Saar-
bruck.
Les charbons de Saarbruck, très riches en matières vola-
tiles, ne donnent, par calcination, que 50 0/0 de coke; on
emploie cependant une assez grande quantité de menus
pour faire du coke. Le reste de la production est employé
pour la métallurgie et les industries locales. Le charbon de
Saarbruck se vendait en moyenne 13 fr. 50 à la mine en 1890;
le prix de la tonne est descendu à 11 fr. 80 en 1895; il est
remonté à 43 fr. 30 à la fin de 1899.
Les principales mines sont celles d’Heinitz, 1.200.000 tonnes;
de Kôünig, 800.000 tonnes; de Gerhard-Luisenthal, 700.000
tonnes ; etc.
Bassixs DE LA FRANCONIE. — A l’est du Palatinat, entre la
Franconie et la haute Bavière, il existe plusieurs bassins
houillers, auxquels le ,voisinage de la ville de Munich a
donné une certaine importance. On peut citer ceux de Penz-
berg, de Unter-Freissemberg et de Miesberg, qui produisent
annuellement environ 1 million de tonnes de houille.
Bassin DE La SAxE. -— Le centre de l'Allemagne contient
372 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
quelques gisements de houille, outreles bassins lignitifères,
que l’on examinera plus loin. La formation carboniférienne
franco-belge, qui disparaît à l’est de la Westphalie, ainsi
qu'on l’a indiqué plus haut, se retrouve en Saxe, où le culm
représente tantôt l'assise des ampélites de Chokier, tantôt
le calcaire carbonifère proprement dit.
Le carboniférien est généralement constitué dans cette
région par des grès et des conglomérats.
En certains points, il renferme des lits de houille, comme
à Ebersdorf, à Potschappel et à Hainichen près de Dresde et
des mines de Freyberg; ailleurs, il est surmonté de gîtes
houillers, comme à Plauen et à Zwickau-Chemnitz. Les mines
de Plauen ont une production assez faible : 600.000 tonnes
environ ; quant à celles de Zwickau, elles atteignent près de
4 millions de tonnes. Le bassin de Zwickau s'étend sur
30 kilomètres de long et 10 de large.
BAssiN DE LA BASSE-SILÉSIE. — Le bassin de la Basse-Silésie
est situé près de Waldenbourg, non loin de la frontière de
la Bohème et de la Saxe; son développement a été favorisé
par la facilité d'écoulement de ses produits, à cause du voisi-
nage de la région industrielle très active de l'Oder et de la
proximité de l’importante ville de Breslau.
Le culm, qui se présente en Saxe sous un facies spécial,
se retrouve en Basse-Silésie. Il renferme des couches conte-
nant des fossiles du calcaire carbonifère. Ainsi on y ren-
contre des couches de calcaires à Productus giganteus, qui
indiquent un dépôt marin littoral. La Basse-Silésie renferme
31 veines, tenant ensemble 40 mètres de charbon.
Le terrain houiller de la Basse-Silésie comprend deux fais-
ceaux de couches : les couches de Waldenbourg, qui appar-
tiennent à la partie supérieure du culm,dontelles contiennent
encore la flore, et, au-dessus, les couches de Schatzlar,
qui correspondent au westphalien. La production de la
Basse-Silésie est d'environ 4 millions et demi de tonnes de
houille en Saxe, et de 3 millions et demi en Prusse.
Bassix DE LA HauTe-SiLésie. — Le bassin de la Haute-Silésie
est le plus important de l'Allemagne après le bassin de la
Rubr. Il est situé au sud-est de l'Allemagne, à cheval sur la
Hongrie et la Russie, de sorte qu'on exploite les mêmes
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 373
couches de houille dans trois pays différents. La superficie
exploitable reconnue est de 5.600 kilomètres carrés environ.
Le culm atteindrait, dans la Haute-Silésie, une épaisseur
de 14.000 mètres, d’après M. Stur. Le terrain houiller qui
repose sur le culm a pris également un développement con-
sidérabie. On y compte, dans la partie occidentale de la
Silésie et en Moravie, 10% couches de houille mesurant
ensemble 154 mètres de houille. On rencontre, à la base, les
couches d'Ostrau(Moravie), qui contiennent des spécimens de
la flore du culm, dont elles représentent la zone supérieure;
au-dessus on trouve les couches de Schwadowitz, qui repré-
sentent le sommet du westphalien, et ïies couches de
Radowenz, qui appartiennent au stéphanien.
Dans la Pologne russe, vers Dombrowa, on rencontre une
veine de houille principale de 20 mètres de puissance (houille
demi-grasse à longue flamme, impropre à la fabrication du
coke). Près de la frontière de la Prusse, cette couche se
divise en deux, par l’interposition d’un lit de schistes; le
charbon devient plus gras et peut fournir du coke. À mesure
qu'on avance vers l'ouest, les couches se divisent de plus en
plus, et leur puissance totale augmente rapidement.
A 15 kilomètres à l'ouest de la frontière russe, on
recoupe déjà cinq couches principales, donnant ensemble
près de 30 mètres de houille.
Cette houille est employée à la fabrication du coke dans la
Silésie centrale, entre Zabrze et Beuthen; elle est utilisée
pour la métallurgie du fer et du zinc, et elle entre en grande
partie dans la consommation de la ville de Berlin.
La production du bassin de la Haute-Silésie est de
17 millions de tonnes environ en Allemagne ; elle atteint
près de 26 millions de tonnes au total, réparties entre
l'Allemagne, la Russie et l’Autriche-Hongrie.
La production totale de l'Allemagne a été, en 1897, de
91.007.600 tonnes de houille.
GISEMENTS HOUILLERS DE RUSSIE
La Russie contient trois bassins houillers principaux :
celui du Donetz, celui de Moscou et celui de l'Oural.
be ELA ONE
- 374 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Bassin pu DoxETrz. — Le bassin du Donetz peut être consi-
déré comme le prolongement de celui de la Haute-Silésie,
en passant par les gisements de la Pologne, à Milowicé,
Zagorzé et Dombrowu, et, en se continuant en profondeur vers
Niemcé et Slawkor; il possède une flore qui caractérise le
facies habituel du westphalien moyen.
La houille, maigre et anthraciteuse à la base et plus
grasse en hauteur, où elle donne jusqu'à 74 0/0 de coke
vers Makéevsk, se trouve au contact de schistes à Spirifer
mosquensis et est surmontée par des argiles, des psammites,
et des calcaires à fusulines. A la base de la cuvette houillère,
se trouve un calcaire à Productus giganteus et en dessous
des grès, des conglomérats et des schistes. Le bassin du
Donetz, qui s'étend dans le gouvernement d'Ekaterinoslaw,
entre le Don et le Dniéper (gisements de Nikitskoïié, de
Korsounsk, de Nerovka, de Mikhaïlovka, de Bielaïa, de
Makeevsk, de Lissitchansk, etc.), contient environ 22.000 kilo-
mètres carrés de terrain houiller où l’on à déjà reconnu
plus de deux cents veines de houille de bonne qualité.
Bassix DE Moscou. — Le bassin de Moscou s'étend entre la
partie sud du gouvernement de Nijni-Novogorod et la
région d'Arkhangel en traversant les gouvernements de
Riazan, Toula, Moscou et Olonetz. C'est le bassin carboni-
férien le plus vaste de la Russie ; il renferme des couches
de houille exploitables dans sa partie inférieure : les veines
de charbon se trouvent intercalées dans des grès et des
sables quartzeux avec lits calcaires à Productus giganteus.
Elles renferment de 10 à 40 0/0 de cendres, sont parfois
très pyriteuses et se rapprochent souvent plus, comme com-
position, du lignite que de la houille.
Le houiller du bassin de Moscou appartient à la base du
westphalien et à la partie supérieure du culm dont on
retrouve la flore dans les couches de houille aux environs
de Kharkoff. Les principales exploitations sont celles de
Malevka, de Novoselebnoé, de Mouraevnia et de Tchoulkow.
BAssix DE L'OuraL. -— Le bassin de l'Oural est formé du
même système de terrains, contenant à la base quelques
couches de houille à allures irrégulières et en chapelet. Ces
couches sont recouvertes, dans la partie profonde du bassin,
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 375
par 1.500 mètres de calcaires fétides à silex, de couleur
foncée, surmontés par le calcaire moscovien brun et gris
avec silex. L'ouralien de la partie supérieure est masqué
en certains points par les couches d’Artinsk à ammonitidés,
que leur flore semble rattacher à la base du permien.
Les gisements principaux sont ceux de Lounwa, de Gou-
lakha, de Korchounowsk et d’Ilimsk, le long de la Tchousso-
waia et entre Perm et Ekaterimbourg, et ceux d’Egorchinsk
et de Fadinsk, sur le versant oriental de l’Oural.
Il existe de plus, en Russie, quelques petits gisements
houillers, à Thwiboule, près de Kutaïs, au sud du Caucase et
à Samara, près de Stavropol, entre le Caucase et le Volga.
La Russie a produit, en 1897, 8.235.000 tonnes de houille,
contre 7.750.000 tonnes en 1896 et 4.272.000 tonnes seulement
en 1885. Depuis quelques années, l’industrie minière et métal-
lurgique se développe d’une façon considérable en Russie,
et de nombreuses recherches permettent d'espérer que de
nouvelles richesses houillères pourront être mises en exploi-
tation et faciliter l'éveil industriel de ce grand pays.
GISEMENTS HOUILLERS D ESPAGNE
En Espagne, la formation houillère est peu abondante.
On trouve quelques gîtes houillers dans les Pyrénées, à
Sare, près d'Ibantelli, et à la descente de la Rhune. Ces
gites appartiennent à la partie supérieure du stéphanien.
Il existe aussi quelques gisements houillers à Belmez et à
Villa-Nueva près de Cordoue et près de Peñarroya dans la
province de Badajoz. Dans la province de Ciudad-Real, se
trouve un autre bassin houiller, à Puertollano; ce bassin
été déposé dans une dépression des terrains siluriens. Il doit
correspondre, d’après les végétaux fossiles que renferment
ses couches, à la tête du stéphanien.
L'Espagne n'a produit que 1.883.500 tonnes de combus-
tibles en 1897. Elle est en progression, puisqu’'en 1880 sa
production n’atteignait que 850.000 tonnes.
316 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GISEMENTS HOUILLERS D'AUTRICHE-HONGRIE
En Autriche-Hongrie, la houille est assez rare, et les
combustibles minéraux que l’on rencontre sont principale-
ment des lignites de diverses qualités, sauf en Bohême, en
Silésie autrichienne, en Moravie et en Galicie où se trouvent
des exploitations houillères dont on a parlé à propos des
bassins de la Haute et de la Basse-Silésie.
La métallurgie est réduite, dans certaines régions de
la Hongrie, à employer pour la production de la fonte, des
hauts-fourneaux au bois ou d’avoir recours aux houilles de
la Silésie ou de la Bohême.
Cependant, dans le Banat, on trouve de bons gisements
de houille liasique et primaire propre à la carbonisation.
La production de la houille, en Autriche-Hongrie, a été
la suivante en 1898: Bohème, 4.043.394 tonnes; Silésie,
4.548.344 tonnes; Moravie, 1.509.378 tonnes; Galicie,
794.132 tonnes; et Basse Autriche, 51.871 tonnes; soit, au
total, 10.947.119 tonnes, dont 1.650.000 tonnes ont été trans-
formées en coke.
AUTRES GISEMENTS D EUROPE
On peut citer encore en Europe, comme pays producteurs
de houille : la Suède, qui a produit, en 1896, 225.848 tonnes
de combustibles minéraux, près de (othembourg.
Quant à l'Italie, elle renferme quelques schistes à végé-
taux avec des conglomérats renfermant des veines minces
de charbon, en Toscane et en Sardaigne.
En Turquie, on a aussi reconnu quelques lambeaux houil-
lers sur les bords de la mer de Marmara et de la mer Noire.
En Roumanie, il existe des gisements de houille anthraci-
teuse, à Skela, à Drägoesti et à Larga-Stancesti, et de houille
ligniteuse (schwarzkohle), à Brandüsa, à Piscu-en-Bradi, à
Bacau, à Buzeu, à Putna, etc.
—
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 37
GISEMENTS HOUILLERS D'ASIE
Il est probable que la mer carboniférienne allait de l’'Oural
jusqu'au Pacifique, en passant au-dessus de la région de
l'Himalaya, car on retrouve dans l’Asie centrale la flore du
culm.
GISEMENTS DE L'ASIE-MiNEURE. — A Héraclée ou Eregli, sur
la côte méridionale de la mer Noire, on vient de reprendre,
il y a quelques années, l'exploitation d'un petit gisement
houiller qui avait été exploité activement à l’époque de la
guerre de Crimée.
GISEMENTS DE LA CHINE. — La mer carboniférienne recou-
vrait la Chine et s'étendait jusqu’au Tonkin, en passant par
les provinces de Chan-Si et de Hunan. Dans ces provinces,
on retrouve, au-dessus du calcaire marin, des bassins houil-
lers qui, par leur flore, correspondent à l'étage stéphanien.
Ces bassins donnent de la houille propre à faire du coke
métallurgique, de même que quelques gisements situés au
nord de Shanghaï, vers le cours supérieur du Yong-Tse-
Kiang et dans la province de King-hua.
Les gisements houillers de la Chine occupent une surface
qu'on peut estimer à 500.000 kilomètres carrés ; mais ils
sont à peine exploités.
GISEMENTS DU Tonkix. — Au Tonkin, le ailes repose sur
le calcaire carbonifère, à la base duquel on retrouve des
grès dévoniens visibles aux environs de Thaï-Nquyen.
Les gisements exploités à Kebao, Hongay et Dong-Trieu
fournissent un combustible maigre anthraciteux générale-
ment friable, dont la teneur en matières volatiles augmente
à mesure qu'on s'éloigne de la mer (matières volatiles = 8 à
12 0/0; cendres — 2 à 4 0/0). L'exploitation de ces gise-
ments n a pas, jusqu'à présent, donné de très bons résultats,
par suite des difficultés qu'on éprouve à se procurer la main-
d'œuvre; cependant Hongay a produit, durant ces dernières
années, une centaine de mille tonnes par an, et les char-
bonnages du Tonkin semblent appelés à devenir prospères;
grâce au développement rapide de notre colonie d’Extrême-
Orient.
78. GÉOLOGIE APPLIQUÉE
A Thaï-Nquyen, la houille est un peu plus grasse et plus
dure; elle n’est pas encore exploitée, les gisements de cette
région n’en étant qu'à la période des recherches. À Yen-Bay,
on trouve une houille oxygénée, à longue flamme, donnant
un coke friable, impropre à la métallurgie. Près de la fron-
tière nord-est du Tonkin, il existe, à Pak-hoï, un charbon
flambant d'assez bonne qualité.
GISEMENTS DU JAPON. — La houille que l’on trouve au Japon
est bitumineuse et de formation géologique relativement
récente; elle est sujette à la combustion spontanée. Les
principaux gisements sont ceux de l'ile Kiousiou qui four-
nissent 87 0/0 de la production totale du Japon (mine de
Müke). La production du Japon, qui était de 2 millions de
tonnes en 1888, a atteint 6 millions de tonnes en 1897.
GISEMENTS DE L'INDE. — Il existe encore en Asie des gise-
ments de combustibles minéraux qui s'étendent à l'ouest de
Calcutta jusqu'aux plaines du Gange, au nord, dans l'Inde :
3.909.581 tonnes en 1897, valant 12.309.845 francs. Tous les
gisements d'Asie sont,en somme, peu connus, et leur produc-
tion est assez peu considérable : 9 millions de tonnes au total
en 1896.
GISEMENTS HOUILLERS D'AFRIQUE
En Afrique, on ne peut guère citer que les gisements
houillers du Zambèze (22 0/0 de matières volatiles et 18 0/0
de cendres), qui s'étendent aux environs de Téte, le long du
Muaraze, et qui contiennent la flore du stéphanien d'Europe,
ceux de la côte du nord-ouest de Madagascar qui semblent
assez importants et qui renferment une houille de bonne
qualité et ceux de la colonie du Cap et du Transvaal, qui
prennent une certaine importance par suite de la mise en
exploitation des gîtes aurifères du Transvaal. La production
de la houille au Transvaal a atteint 1.907.808 tonnes en 1898,
représentant une valeur de 16.875.000 francs. La production
n'était que de 548.000 tonnes en 1893.
=
FE
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 379
GISEMENTS HOUILLERS D'AMÉRIQUE
AMÉRIQUE DU Norp. — L'Amérique du Nord comprend trois
grands bassins houillers : celui de la Nouvelle-Écosse, ou du
Canada, celui des Apalaches et celui de l'Illinois.
Bassin de la Nouvelle-Écosse. — Le bassin de la Nouvelle-
Écosse comprend 1.000 mètres de terrain houiller supérieur ;
1.200 mètres de houiller moyen (coal measures) et 1.500 mètres
de grès et schistes (millstone grit) reposant sur les calcaires
de Windsor. Les formations houillères se rapprochent beau-
coup de celles de l'Angleterre; elles s'étendent dans le
Nouveau-Brunswick, le Canada et la Colombie britannique. Le
gisement du Nouveau-Brunswick semble se prolonger à
Terre-Neuve, où l’on a observé plusieurs couches de houille.
La production du Nouveau-Brunswick a été de 7.000 tonnes
en 1897. La Colombie britannique a produit, la même année,
896.980 tonnes, valant 13.242.810 francs, et la Nouvelle-
Écosse, 2.500.000 tonnes.
Bassin des Apalauches. — Le bassin des Apalaches s'étend
en Pennsylvanie et dans le Tennessee, V' Alabama et la Virginie.
Il renferme principalement des anthracites et des houilles
anthraciteuses et, dans la région occidentale, des houilles
bitumineuses (15 couches donnant ensemble 12 mètres de
houille).
Il a été étudié au chapitre des Anthracites.
La production de ce bassin en tonnes de 903%K,2 de com-
bustibles minéraux, etla valeur moyenne en francs ont été :
En 1897 En 1899
—— a
tonnes francs tonnes francs
Pensylvanie......... 54.454.655 3 35 13.563.800 3 40
HeHMÉSSeC un, 2.902.300 3 90 2.163.900 % 00
Miibana ts 9.868.300 Æ 40 7.559.000 Æ 75
ICO RARE 1.418.700 3 10 1.387.000 3 20
Virginie occidentale. 13.762.100 3 25 19.000.000 2 95
Bassin de l'Illinois. — Le bassin dit de l'Illinois se trouve
dans la grande vallée du Mississipi. Il s'étend dans l'Illinois,
380 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
l’Indiana et le Kentucky, et se prolonge à l’ouest dans le
Missouri, le Texas, l'Arkansas, le Nebraska et l'Iowa. Ce bassin
contient une épaisseur de 400 mètres de terrain houiller
productif séparé en deux grandes assises: upper coal mea-
sures (avec huit couches de houille) et lower coal measures
(avec neuf couches de houille), par le calcaire de Carlinville
et de.Shoalcreek. Chacune des deux assises contient des
intercalations de calcaire marin fossilifère, en lits de
10 mètres environ. Ces lits, au nombre de neuf, dans les
lower coal measures, et de treize dans les upper coal
measures, renferment une faune marine, constante de la
base au sommet de la formation; les schistes houillers, au
contraire, renferment une flore qui varie des sigillaires aux
fougères.
La production en tonnes de 907*,200 des principales
mines du bassin de l'Illinois et la valeur moyenne en francs
ont été :
En 1897 En 1899
À tonnes francs ones OUR
HUNOISLE SR EEE 20.072.800 3 60 23.434.400 . 3 95
Endana;. 22 4.228.100 1 60 6.305.600 4 50
Kenmiuckve =. 72" 3.283.800 3 70 4.160.000 3 65
Missouri... 2.429.400 5 50 3.191-80028 5508
Héxas eue 599.000 8 05 935.840 8 05
Arkansas....... 826.300 5 05 943-0007 67
IE MERS E 4.560.000 5 60 9.400.000 5 75
ORTOLS ANT 15.000.000 3 80 14.967.000 # »
Bassin des montagnes Rocheuses. — Le calcaire, qui se trouve
seulement en intercalation dans le bassin houiller de l'Ih-
nois, finit par occuper, dans le Missouri etle Nebraska, presque
toute la hauteur de la formation houillère, Dans cette région,
les veines de houille deviennent moins nombreuses et
diminuent de puissance.
Enfin, en avançant vers l’ouest, dans la région des mon-
tagnes Rocheuses, on ne peut plus distinguer les caleai,es
intercalaires houillers de ceux du carbonifère.
On trouve, en résumé, dans la région occidentale des États-
|
|
|
1
+ él ne ie
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 381
Unis, autour des montagnes Rocheuses, les mêmes dépôts
calcaires marins que dans l'Oural et dans l’Asie, tandis que la
région orientale des Etats-Unis se rattache aux bassins
-houillers et aux sédiments côtiers de l'Europe occidentale.
La production, en tonnes de 907K8,200, des principales
exploitations de la région des montagnes Rocheuses et la
valeur en francs ont été les suivantes :
En 1897 En 1899
"© À TE — —
tonnes francs tonnes francs
Golorado-::-:..: 3.501.600 6 70 4.768.531 GLS
Californie....... 61-5008.41%20 100906 47/0
ÉRÉSONs.: 5402 111.000 11 60 78.400 15 60
LT ANRT 506.500 6 » 882.496 9 »
Washington..... 1.489.800 11 15 1.400.000 10 »
Montana: .:...": 1.603.200 8 95 1.400.000 7 40
Wyoming....... 2.744.500 6 25 3.600.000 6 25
Les houilles de l'Amérique du Nord sont généralement
bitumineuses. Le Colorado, comme la Pensylvanie, renferme
des anthracites; mais l'exploitation annuelle de ces houilles
au Colorado n'est que de 35.000 tonnes environ, alors qu'elle
dépasse 50 millions de tonnes en Pensylvanie.
La production totale de la houille aux États-Unis a été de
170.410.000 tonnes métriques en 1899.
AMÉRIQUE DU Su». — Dans l'Amérique du Sud, la formation
carboniférienne est très peu développée. L’étage inférieur
est représenté par des grès sans fossiles. On retrouve cepen-
dant la flore du culm dans la République Argentine.
On peut citer les exploitations du Chili, d’où l’on a extrait,
en 1896, 208.100 tonnes de houille. Ces exploitations sont
donc loin d'être comparables à celles de l'Amérique du Nord.
GISEMENTS HOUILLERS D OCÉANIE
En Océanie, on connait des gisements houillers dans les
iles Malouïnes (Falkland) et dans la Nouvelle-Zélande (provinces
de Nelson, Canterbury, Olago et Auckland); la houille bitu-
mineuse de bonne qualité est facile à exploiter.
RE TA pe À Er 0e BE Ve QE ee ie PA A NUE ce PONS TE INC
382 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
AUSTRALIE. — En Australie, on trouve dans la Nouvelle-Galles
du Sud un bassin houiller correspondant à l'étage stépha-
nien avec une série marine et des veines de houille interca-
lées; ce terrain est surmonté par les couches de Newcastle,
avec une flore spéciale à genres marins, sans sigillaires ni
lepidodendrons.
Dans la colonie de Victoria, le carboniférien est repré-
senté par les grès d’Avon à Lepidodendron-Australe dans la
partie inférieure. Dans le Queensland, il est représenté par
des grès à Bornia radiata et Lepidodendron- Veltheimianum.
Les grès du culm y sont surmontés par des grès à Productus
Cora.
Le charbon de la Nouvelle-Galles du Sud est de très bonne
qualité; celui du Queensland est friable, mais donne de bon
coke.
Le tableau ci-après donne, pour l’année 1896, la production
de l'Australie en combustibles minéraux (tonnes de 907k5,200),
ainsi que sa valeur en francs :
Tonnes Frances
Nouvelle-Galles du Sud.. 3.972.068 28.132.025
Queensland ess res rs 311.032 3.814.675
Sie ECS RUES 44,286 433.830
NAGLORIR: SN San. Re De 230.187 2.845.300
Western Australia ....... 15.095 163.325
PRODUCTION DE LA HOUILLE DANS LE MONDE ENTIER
Le monde entier a produit, en 1896, 538.400.000 tonnes de
houille, savoir :
Europe, 350.000.000; Asie, 8.250.000; Afrique, 1.500.000;
Amérique, 174.000.000 ; Océanie, 4.650.000.
En 1885, c'est-à-dire environ dix ans auparavant, la pro-
duction totale du monde entier avait été seulement de
391.000.000 tonnes :
Europe, 285.000.000; Amérique, 100.650.000; Austra-
lie, 3.650.000; Asie, Afrique et divers, 1.700.000.
La superficie houillère reconnue dans les diverses régions
de la terre serait, d'après Amstead, de 414.000 kilomètres
: LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 383
carrés. Plus récemment, Levasseur a porté à plus de 700.000 ki-
lomètres carrés la superficie probable des terrains renfer-
mant de la houille. Cette superficie, selon nous, en tenant
compte des découvertes faites depuis l’époque de cette
évaluation de M. Levasseur, dans diverses régions (Trans-
vaal, Tonkin, Russie, etc.}, doit être approximativement
de 1.300.000 kilomètres carrés, savoir :
Chine et Japon, 520.000; Amérique du Nord, 500.000;
Indes, 90.000; Russie, 70.000; Grande-Bretagne, 23.000;
Allemagne, 10.000; France, 5.000 ; Divers, 82.000.
384 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
III. — LIGNITES
Caractères physiques et chimiques. — Le lignite, du mot
latin lignis (bois), est un combustible intermédiaire entre la
houille et la tourbe. Il est formé de couches d'une matière
jaunâtre, brune ou noirâtre, à cassure conchoïdale, ou d'une
substance terreuse mate d'un brun jaunâtre, dont l'aspect et
la texture diffèrent suivant l'époque de sa formation. Sa
densité varie de 0,5 à 1,25. ;
Ce combustible ne fond pas, et ses fragments ne s'agglu-
tinent pas, comme cela arrive pour les houilles grasses. En
brûlant, il donne une flamme longue avec de la fumée et
une odeur piquante se rapprochant un peu de celle du
caoutchouc brûlé. La combustion se fait un peu comme pour
la braise, c'est-à-dire que la flamme apparaît avant même
que le lignite ne soit entièrement rouge, ce qui provient
d'un dégagement de gaz à une faible température. Lorsque
la flamme est éteinte et que le lignite se trouve recouvert
d'une cendre blanchâtre, il continue à brüler, contrairement
à ce qui se passe pour la houille.
Le lignite se fendille facilement à l'air lorsqu'il a été exposé
à la chaleur du soleil et s'altère à l’air humide, en perdant
une partie de ses propriétés. Par distillation il fournit du
gaz, du bitume, des huiles lourdes et de l’eau acide, et il
laisse un résidu charbonneux inconsistant. Ce combustible
contient généralement du soufre (de 1,5 à 7 0/0).
Les lignites ont la composition élémentaire suivante :
Carbone, 57 0/0 à 80 0/0: Hydrogène, 4 0/0 à 8 0/0; Oxy-
gène et azote, 12 0/0 à 37 0/0.
Le lignite est souvent chargé en eau {jusqu'à 55 0/0). Il
tient en général de 2 à 20 0/0 de cendres. Il peut être agglo-
méré, mais après dessiccation seulement. L'agglomération
est un moyen avantageux d'utiliser les lignites facilement
pulvérulents.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 385
Géogénie. — Les lignites doivent leur existence à la végé-
tation si abondante de l’époque tertiaire et de la fin de l’ère
secondaire, favorisée et par la douceur de la température et
par l'humidité de l’air et du sol. Les végétaux etles mousses
qui tapissaient la surface des vallées se sont trouvés noyés
et entrainés par des inondations successives, avec des bran-
chages et des troncs déjà décomposés qui, peu à peu, se
sont accumulés dans certaines basses vallées, ou dans des
estuaires. Ils ont été recouverts par des sables et des argiles
ou des cailloux roulés, lorsque les mouvements du sol ont
provoqué l’affaissement des terrains.
Des lits de végétation, dont la puissance pouvait atteindre
parfois plusieurs centaines de mètres, se sont trouvés ainsi
ensevelis, et, lorsque de nouveaux mouvements du sol ont
provoqué le relèvement de ces couches au-dessus du niveau
des eaux, il s’est produit une dessiccation lente et un écrase-
ment des végétaux, dont la texture s’est peu à peu modifiée
sous l'action de la chaleur et de la compression.
C’est ainsi que se sont formés les lignites que l’on exploite
aujourd'hui et qui n'ont pas encore subi, comme la houille,
une dessiccation ni une transformation complètes. On les
rencontre sous divers aspects, selon leur état de carboni-
salion plus ou moins ancien.
DIVERSES VARIÉTÉS DE LIGNITES. — On peut les distinguer en
lignite bitumineux, lignite noir, lignite brun et lignite xyloïde.
Lignite bitumineux. — Les lignites gras ou bitumineux
tiennent Jusqu'à 8 0/0 d'hydrogène; ils se ramollissent et se
gonflent par la combustion. Tous les autres lignites, au con-
traire, se fendillent et souvent même se réduisent en pous-
sières nécessitant des grilles spéciales pour l'utilisation
dans les générateurs.
Lignite noir ou Schwarzliohle. — Les lignites de formation
ancienne (ère secondaire et base du tertiaire) ont un aspect
noirâtre et une texture bien compacte. Ils constituent ce
qu'on appelle le schwarzkohle ou encore le lignite sec, qui
développe 5.500 à 6.009 calories; ce sont ceux qui se
rapprochent le plus de la houille (sèche à longue flamme).
Dans l'éocène et la base de l’oligocène, on trouve géné-
ralement des lignites moins complètement formés (gianz.
GÉOLOGIE. 93
386 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
x
kohle ou pechkohle) qui développent de 4.500 à 5.500 ca-. FER
lories. Ils ont un aspect brun noirâtre et une cassure
brillante et conchoïdale.
Lignite brun ou Braunkohle. — Les lignites proprement
dits, qui sont aussi les plus répandus dans la nature, sont les
lignites bruns (braunkohlen), qui appartiennent générale-
ment aux formations oligocène et miocène. Ils donnent de
2,500 à 4.500 calories. Ils contiennent en grande quantité
des feuilles de graminées, des mousses, des aiguilles de
conifères, des grains de pollen, des diatomées, des débris
d'insectes et des spicules d’éponges. Les éléments ligneux
y existent sous forme de rameaux brisés, altérés il est vrai,
mais encore parfois visibles au microscope. Le braunkohle
a un aspect brun rougeûtre et une cassure terne, en général
conchoïdale, bien que quelquefois irrégulière ; à cette caté-
gorie, se rattachent les lignites dits terreux, à cause de leur
aspect pulvérulent etterne. On les emploie généralement en
les agglomérant avec ou sans braï, après les avoir séchés.
Lignite æyloïide ou ligneux. — Dans les lignites de for-
mation plus récente (pliocène et base du quaternaire), la
texture fibreuse est très visible, et il est même quelquefois
possible de déterminer la nature des végétaux d’où ils pro-
viennent. Ces combustibles, dits lignites xyloïdes ou bois
fossile, crépitent au feu comme du bois. [ls sont d’une couleur
brun jaunâtre et parfois noirâtre. Leur densité est très
faible :0,5 à 1.
GISEMENTS DE LIGNITE EN FRANCE
En France, les gisementslignitifèresles plus importants sont
ceux de la Provence, exploités à Fuveau dans la vallée de l'Arc.
Bassin des Bouches-du-Rhône. — Ces gisements, qui ont été
longtemps considérés comme appartenant à la base de
l’éocène, font en réalité partie de la tête du crétacé (danien}
et surmontent le sénonien. Les couches à lignites que l'on
rencontre à Beausset, à la Cadière, à Gardanne, à Trets et à
Fuveau reposent sur des bancs de calcaires lacustres et
marneux remplis de petites coquilles blanchätres et sont
recouverts par des calcaires marneux très peu fossilifères.
= À Fuveau et à Gardanne, on compte dix-sept couches de
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 387
lignite, dont sept sont fructueusement exploitables et
mesurent de 1 mètre à 1,50 de puissance chacune. Ces
veines sont séparées par des bancs stériles de 8 à 60 mètres
d'épaisseur.
Les couches sont formées d’un lignite sec, dur, noir et
résistant, à cassure lisse et peu brillante; ce combustible
tient un peu de soufre et s'altère facilement à l'air ; il brûle
avecune longue flamme fumeuse. Il donne du coke friable.
L'exploitation est rendue assez difficile par les infiltrations
d'eau très abondantes que l'on doit pomper continuelle-
ment pour arriver jusqu'au lignite. On enlève, en moyenne,
30 mètres cubes d’eau par tonne de combustible.
D'un autre côté, la présence du soufre dans le lignite favo-
rise les échauffements et les incendies souterrains dans les
parties où la circulation de l’air est insuffisante.
Les couches de Fuveau, bien qu affectées de nombreux acci-
dents locaux, présentent une continuité remarquable.
La production du bassin de Fuveau a atteint 415.000 tonnes
en 1890 et 450.316 tonnes en 1898. Les prix de vente de ces
lignites étaient les suivants en 1898 :
Gros ou roches, 17 fr. 25 à 18 fr. 25; grelassons, 10 francs
‘à 14 francs; terre grosse, 9 francs à 10 fr. 50; terre fine,
4 fr. 50 à 6 francs; poussiers, 1 fr. 50 à ? francs.
Les prix sont en progression marquée sur ceux qui étaient
pratiqués il y a quelques années.
Gisements du Gard. — À Saint-Paulet, près du Pont-Saint-
Esprit dans le Gard, on trouve des gisements de lignite dans
les grès verts de la série supra-crétacée.
La formation fluvio-marine de Saint-Paulet, puissante de
40 mètres, renferme des grès, des marnes, des sables et
des calcaires avec des couches d'argile à lignites; elle est
surmontée de 5 à 10 mètres de bancs à Ostrea columba et à
Ostrea flabella.
Dans le Gard, huit mines de lignite étaient en exploitation
en 1898 : celle de Saint-Julien-de-Peyrolas (13.046 tonnes
en 1898), celle de Barjac (2.543 tonnes en 1898), celle de
Gaujac (2.505 tonnes en 1898); etc. Ces lignites sont employés
pour le chauffage domestique, pour les usines de produits
réfractaires et pour les magnaneries de la région.
383 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements des Causses. — Dans le bassin des Causses, qui
touche à celui du Languedoc, on exploite des lignites àla
Cavalerie et à la Liquisse, dans l'arrondissement de Millau.
Ces lignites font partie du bathonien de la série médiojuras-
sique. À la base on rencontre un calcaire marneux gris clair,
avec traces de lignite pourri. Au-dessus, on trouve des.
lignites dans l'argile, recouverts de calcaires marneux à
faune saumâtre.
Gisements du Lot et de la Dordogne. — Près du massif cris-
tallin du Rouergue, sur les bords du Lot, des cours d’eau
ont apporté dans la mer bathonienne les débris de la végé-
tation continentale qui ont formé des dépôts lignitifères.
. À Cadrieu, le lignite a été rencontré au milieu de calcaires
et de marnes feuilletées.
A Borrèze (Dordogne), le bathonien supérieur renferme un
horizon à végétaux terrestres, avec des lignites formés dans
des couches lithographiques et coralligènes.
Dans le Sardalais (Dordogne) on exploite des lignites
appartenant à la base du crétacé et reposant en stratification
transgressive sur le Jurassique (3.882 tonnes en 1898).
Gisements du Dauphiné. — Dans le Dauphiné, à Saint-Didier-
en-Dévoluy, on trouve un gisement de lignite appartenant à
l'éocène. La formation de Saint-Didier comprend, à la sur-
face, des sables ferrugineux, des argiles bigarrées, et, en
dessous, des marnes à lignite, reposant sur des grès verdätres
à empreintes végétales. Près de La Tour-du-Pin (Isère), dans
la concession de Ratassière, on exploite un lignite se rappro-
chant de la variété xyloïde (en 1898, 157 tonnes vendues au
prix de {5 francs la tonne).
Gisements divers en France. — À Manosque (Basses-Alpes),
on exploite un lignite gras bitumineux assez rare en France
(33.269 tonnes en 1898). Dans l'Ain, on rencontre des gise-
ments de lignite xyloïde.
Dans le Soissonnais on exploite un lignite pyriteux et ter-
reux reposant sur une argile plastique et gypsifère. Ce
lignite forme une couche de 2 à 4 mètres et est exploité pour
la fabrication de l’alun et de la couperose.
Aux environs de Paris, à Sérincourt, on connait des
lignites éocènes, entre la craie et le calcaire grossier. Près
Re run 2
nr — 4
2 = _.
2 4
24
A
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 389
de Nanterre, on trouve une couche de lignite dans le banc
vert du calcaire grossier.
Dans l'Aisne et dans l'Oise, on trouve dans les sables du
Suessonnien, des couches de lignite mélangé à de l’argiie,
du calcaire et du sable, qui constituent ce qu'on appelle des
cendrières et qui sont utilisées en agriculture ‘gisements de
Noyons, de Muirancourt, etc.).
On connait également quelques gisements lignitifères
appartenant au trias (Wasselonne, Soultz-les-Bains, diverses
localités du Var, etc.).
La production totale des lignites en France a été, en 1896,
de 439.448 tonnes, valant 3.884.690 francs.
Le tableau ci-dessous indique quelles sont les exploita-
tions lignitifères de la France, avec leur production en 1898
(d'après le Journal officiel du 17 mars 1899) :
Tonnes
Re Fuveau {Aix](Bouch.-du-Rhône et Var) 450.316
= Manosque ‘Basses-Alpes).........,... 33.269
(G83.385 tonnes) | Pa Cadiere (Nan) 2. La 1. cs (inexploité)
: Bagnols, Orange, etc. (Gard, Vaucluse). 17,516
César \ Banc-Rouge, Vagnas (Ardèche)...,... (inexploité)
(21.233 tonnes) | Barjac et CES Gard EE ere 2.548
Re cames (Nancluse). =... 1.376
Mantoue (Hérault) 2.2. pete (inexploité)
one ( Gouhenans (Haute-Saône)............ 8.895
Fe me = dGemonual (Haute-Saône)... (inexploité)
no ni Norrop (Nasges)a. ru: ue. 186
Millau et Trévézel (Aveyron, Gard)... 5.314
| Le Sardalais (Dordogne)............. 3.882
Estavar (Pyrénées-Orientales)........ 1101
Sun-0 3
SEA co Larquier, Orignac, Sainl-Lon (Landes,
. Hautes-Pyrénées). ................ (inexploité)
EGGaunette (Hérault) 2e 210
Mir Cal) Cr Re 20
CE Tour-du-Pre-(isere = ete 157
Hautlerives (Drôme). 7.1: ET : 183
Haur-Raôxe | Montélimar (Drôme)................. (inexploité)
(6.140 tonnes) era, -Douvres (Ain, Jura (inexploité)
Chambéry (Savoie ee 5.800
Entrevernes (Haute-Savoie)........... (inexploité)
YONNE (ra : 1
SRE TOY (YORMENTS RE a ee ce 11
PORAL Sema 932.095
Ne Me Ps ee tb te Men M MU
Se
QT +
390 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GISEMENTS DE LIGNITE EN SUISSE
En Suisse, près de Lausanne, on trouve une mollasse à
lignite surmontant une mollasse rouge dans l'aquitanien
(oligocène).
La mollasse lignitifère se retrouve à Rivaz et à Monod, dans
le canton de Vaud. On la rencontre aussi dans les cantons
de Saint-Gall et d'Appenzell où elle couronne les bancs de
nagelfluh du Kronberg et du Stockberg, qui forment la base
de l’aquitanien.
De plus, on rencontre, en Suisse, des gisements intergla-
ciaires formés entre deux périodes de progrès des glaciers
des Alpes. Ces gisements contiennent des lignites feuilletés,
brillants, en couches puissantes, intercalées dans le glaciaire
aux environs de Zurich, notamment à Utznach, à Dürnten, à
Wetzikon, etc. On retrouve encore dans ces lignites, d’après
M. Heer, des restes de pin des montagnes, de sapin, d'if, de
noisetier, etc., et d’essences essentiellement tempérées.
GISEMENTS DE LIGNITE EN ALLEMAGNE
En Allemagne, la production des lignites forme un contin-
gent important de l'exploitation des combustibles minéraux.
Les dépôts lignitifères de l'Allemagne du Nord ont été
formés durant l'ère tertiaire : une grande partie, dans la
période oligocène, bassins de Cologne, de la Saxe, de Bran-
debourg et de la Thuringe ; le reste, dans la période miocène,
bassins du Siebengebirge, de Neuwied, de Limburg-sur-Lahn,
du Wester-wald (burdigalien), de la Wetteravie, du Vogelsge-
birge et de la Poméranie (tortonien). Les gisements sont tan-
tôt lenticulaires, tantôt sous forme de couches de 3 à 6 mètres,
avec des renflements atteignant 30 mètres, comme au
Meissner, 50 mètres, comme à Zittau, 56 mètres comme au
sud de Frechen, et 89 mètres, comme près d'Horrem.
Dans la Thuringe, aux environs de Halle, où se irouvent
les exploitations de lignite les plus importantes d'Allemagne,
la formation repose directement sur les terrains porphy-
_—
F # se
Je 52 “as
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 391
riques. Le lignite se trouve intercalé dans des couches géné-
ralement meubles de galets quartzeux roulés, de sables
siliceux et de schistes argileux gris souvent fossilifères, Il est
surtout formé de conifères et de cupressinées. Sa texture et
sa composition sont très variables.
C'est généralement du braunkohle que l’on rencontre en
Allemagne; on exploite cependant à Weissenfels une variété
de lignite hydrocarburé appelée pyropissite, qui est employé
pour la fabrication de la paraffine. En allant de l’ouest à l’est,
on rencontre d'abord, en Allemagne, les gisements ligniti-
fères des provinces rhénanes, vers Bruhl, entre Bonn et
Cologne. Ces gisements appartiennent aux formations oligo-
cènes du golfe Rhénan; on les connaît sur une longueur
de 25 kilomètres et sur une largeur moyenne de 5 kilo-
mètres. On y exploite un lignite terreux assez friable, qui
sert au chauffage des générateurs sur des grilles à gradins.
Ce lignite est employé aussi pour la fabrication des briquettes
sans addition de brai, par simple compression, après broyage
et dessiccation partielle. Sa teneur en eau est ramenée avant
la compression, de 50 0/0 à 15 0/0.
Les briquettes de lignite constituent presque exclusivement
le chauffage domestique de la région de Cologne. La couche
de lignite exploitée a une allure en chapelet et varie de
quelques mètres à une cinquantaine de mètres de puissance ;
on l’exploite à ciel ouvert, avec un prix de revient exces-
sivement faible. Ces gisements, qui produisaient environ
120.000 tonnes de lignite en 1880, ont atteint une produc-
ton de 586.000 tonnes en 1890, et, en 1898, de 2.666.743 tonnes
de lignite brut, représentant une valeur marchande de
7.721.009 francs.
Plus à l’est, les exploitations principales de lignites sont
groupées autour du massif de l’Erzgebirge et de la Thuringe.
On peut citer, parmi les principaux pays producteurs du
lignite
La Haute-Hesse, 225.000 tonnes par an; et la Hesse,
265.000 tonnes ;
Les vallées de l'Erzgebirge dépendant du royaume de Saxe,
865.000 tonnes;
Le Brunswick, 600.000 tonnes ;
392 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le Brandebourg, aux environs de Francfort-sur-l'Oder,
4.000.000 de tonnes ;
La Thuringe et les environs de Magdebourg, 10.000.000
tonnes environ par an.
La Silésie prussienne, dont les gisements, qui s'étendent de
Gorlitz à Liegnitz, entre la frontière de la Bohême et l’Oder,
produisent 450.000 tonnes de lignite par an, et la Prusse,
dont les gisements, situés au nord de Posen, près de Brom-
berg, fournissent une trentaine de mille tonnes de lignite
par an.
La production totale de l'Allemagne en lignites a été,
en 1897, de 29.432.432 tonnes, représentant une valeur de
82.895.510 francs.
GISEMENTS DE LIGNITE EN AUTRICHE-HONGRIE
En Autriche-Hongrie, il existe de nombreux gisements de
lignite d'autant plus appréciés que la houille est peu abon-
dante dans le centre et le sud de ces contrées.
Gisements de Transylvanie. — Dans la partie orientale de
la Hongrie, en Transylvanie, on trouve un gisement de lignite
schwarzkohle, dans la vallée de la Zsily. Les exploitations de
Petroszany y fournissent un lignite qui est très apprécié et
qui se rapproche, en somme, beaucoup de la houille.
C’est un gisement aquitanien oligocène, comprenant plu-
sieurs couches de combustible, d'une puissance totale de
31 mètres, au milieu de grès, de schistes et de psammites
avec lits calcaires.
Gisements divers d'Autriche-Hongrie. — Dans le sud de la
vallée de la Gail, on exploite les gisements de Laibach et de
Villach, au milieu de calcaires et de schistes, avec une flore
et des lignites semblables à ceux de Petroszany.
Au sud-ouest de Leoben, les gisements de Fohnstof, près
de Judenburg, appartiennent à la base du tertiaire. Leur sal-
bande supérieure contient des conglomérats que M. le conseil-
ler des mines Fætterle croit pouvoir ranger dans le murzthale.
Ils fournissent un schwarzkohle de très bonne qualité.
Au pied du massif de la Kor-Alpe on trouve des couches
lignitifères de glanzkohle et de braunkobhle, dans l’oligocène
EST à
fMéales Lido i nl .u)
>
et le miocène inférieur, à Brennberg , à Vortsberg, à Koflach
et à Wies.
A Eibeswald et à Sotzka, on rencontre des lignites dans des
terrains supposés éocènes par M. le géologue Frantz-Ritter
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 393
von Hauer.
Dans la baie tertiaire de Graz, on rencontre des couches
de braunkobhle et, en profondeur, de glanzkohle, qui viennent
affleurer au-dessus des terrains cristallins encaissants, près
des bords de la baie, entre des couches à cérithes et des con-
glomérats miocènes, à Thalheim-Schreibersdorf, à Hartberg et
aux environs de Freidberg, Mariasdorf, Grafendorf, Kroisbach,
Pingqau, Sinnersdorf, Ayka, Ostrau, Szabalis et Sankowitz,
ainsi qu'à Trifail, dont les exploitations ont une assez
grande extension.
A Trifail (Styrie), la couche exploitée a une puissance de
20 à 25 mètres. Elle est affectée de quelques plissements
sans importance. Elle fournit un combustible donnant de
4.090 à 4.500 calories et contenant 10 à 15 0/0 de cendres.
A Thalheim, près de Pinkafo, la principale couche recon-
nue à une puissance de 4 à 7 mètres en deux sillons, dont le
sillon principal situé au mur mesure de 3 à 5 mètres. Ce
gisement contient un braunkohle qui donne à peine 3.000 ca-
lories en affleurement, mais qui, en profondeur, dépassera
probablement 4.000 calories. On a rencontré dans le voisinage
de Thalheim des affleurements qui semblent appartenir à
des couches que l’on pourra retrouver en profondeur à
Thalheim et qui seraient formées de glanzkohle. Les couches
de Thalheim plongent au Sud-Ouest, sous un angle de 12°
environ. L'exploitation, actuellement à son début, ne donne
que quelques milliers de tonnes par an. Les couches de
Thaleim, d'après M. Briart, appartiennent au miocène supé-
rieur.
Dans la vallée de la Murz, le leithakalk du néotertiaire ren-
ferme des couches lignitifères à Leoben, Parschlag, Krug-
lach, etc.
Dans le Tyrol, à Hwring, il existe un dépôt lignitifère qui
a dû se former dans une baie saumâtre de l’oligocène, dont
les rives étaient couvertes d’une végétation analogue à celle
des swamps de la Louisiane. Les lignites y sont intercalés
44 de pbs 22 CRE VOCR Emi, URCR L0T PE rnR 2 TRES VE . UT Lt) de 27% ASE AT-ON ER $
39% GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans des marnes marines accompagnées de couches calcaires.
En Bohême, à Dux, le dépôt lignitifère exploité doit être
rattaché à la période éocène; il s'étend entre les contreforts
du sud de l’Erzgebirge et le Mittelgebirge, sur plus de 100 ki-
lomètres de longueur, entre Eger et Bæœmisch-Kæmnitz, et
sur 8 kilomètres de largeur en moyenne. La principale couche
exploitée a une puissance variant entre 10 et 20 mètres avec
des renflements locaux atteignant 40 mètres. Elle est formée
de lignite gras bitumineux. Elle est généralement assez peu
inclinée, mais est affectée de quelques plis avec dressants.
Le lignite repose directement sur le terrain crétacé de
base, sauf en certains points où il est en contact avec des
pointements de gneiss. Le combustible affleure en quelques |
points; mais généralement les terrains de recouvrement |
atteignent 100 à 300 mètres d'épaisseur. Il existe, de plus,en
Bohême, quelques gisements de lignite xyloïde.
Les lignites de ces divers gisements sont vendus à des
prix qui varient suivant leur qualité et suivant leur éloigne-
ment des pays importateurs de houille (l'Autriche importe
environ pour 50 millions de francs de combustibles).
La production de l’Autriche-Hongrie à été, en 1896,
de 22.656.265 tonnes de lignite, ayant valu ensemble :
121.750.935 francs, soit une valeur moyenne de 5 fr. 40 par
tonne, en comptant les lignites des diverses qualités dont
les prix varient de 3 fr. 50 à 15 francs partonne.
En 1898, la production de lignite a été de 21.083.362 tonnes,
dont 17.375.180 pour la Bohême, 2.509.001 pour la Syrie et
le reste pour la Haute-Autriche, la Carniole, la Styrie, etc.
On a fabriqué environ 58.000 tonnes de briquettes de lignite,
vendues 11 fr. 50 la tonne en moyenne.
»*
GISEMENTS DE LIGNITE EN ESPAGNE
On rencontre, dans le nord de l'Espagne, des argiles
ligniteuses à la base des terrains de la série infracrétacée, 4
notamment dans la province de Santander. Les exploitations ee
y sont peu importantes.
Dans la province de Téruel, à Utrillas, il existe un dépôt
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 395
de lignites alternant avec des couches marines appartenant
au rhodanien.
A Alcoy, on trouve des lignites à hipparion contemporains
du tortonien de Concud, dans le miocène. Il existe aussi
quelques gisements de calcaire marneux à lignites dans le
danien, et des couches lacustres lignitifères dans le campa-
nien du nord de l'Espagne.
Les exploitations de l'Espagne ont pr oduit en 1896 :
55.413 tonnes de lignite, valant 301.305 francs.
GISEMENTS DE LIGNITE EN ITALIE
L'Italie ne renferme pas de gisements houillers. Les seuls
combustibles minéraux qu'on y exploite sont les lignites
xyloïde, brun ou bitumineux, et la tourbe. Les principaux
gisements de lignites xyloïdes de l'Italie sont les suivants :
San-Giovanni-Valdarno (province d’Arezzo). — A San-Gio-
vanni, on trouve dans des argiles de la fin du pliocène;
23 mètres de couches de lignites alternant avec des lits
argileux; le sillon supérieur, de 14 mètres de puissance,
est seul exploitable. Le combustible, extrait en partie à ciel
ouvert, est utilisé pour générateurs; on l’emploie aussi pour
alimenter les locomotives qui desservent la mine. La pro-
duction annuelle est de 150.000 à 200.000 tonnes. La mine de
San-Giovanni est entourée d’un certain nombre de mines de
moindre importance (Monte-Termini, Francolini,Tegolaia,etc.).
On estime que le bassin renferme encore plus de 30 mil-
lions de tonnes de lignite exploitable, en tenant compte des
pertes occasionnées par les incendies dans les mines.
Spoleto (province de Perugia). — Le bassin de Spoleto
appartient au pliocène; il renferme un banc de lignite de
5 à 7 mètres, employé pour des fonderies et pour l’aciérie
de Terni (mines de Morgnano et de Sant'Angelo).
On estime que ce bassin renferme encore 10 millions de
tonnes de lignite exploitable.
Leffe (province de Bergame). — A Leffe, il reste encore
5 millions de tonnes de lignite xyloïde environ à exploiter.
Castelnuovo (Massa Carrara). — 1 million 1/2 de tonnes de
lignite exploitable.
Casino (Sienne). — A Casino, l’on rencontre une couche
de lignite de 2 mètres, entre des argiles marneuses miocènes
et des sables pliocènes. Exploitation en partie souterraine
avec un puits de 12 mètres et un autre de 26 mètres.
Ligliano (Sienne). — Exploitation par puits de 30 mètres à
50 mètres : 4 millions de tonnes encore exploitables.
Udine. — Vers Udine, à San-Daniele, on rencontre des
liguites xyloïdes pliocènes, en couches minces de 0,60
environ. Ce gisement s'étend depuis la Vénétie, à travers la
province de Trévise jusqu'en Autriche, à Schalthal.
Le lignite xyloïde d'Italie renferme de 1.400 à 2.800 calo-
ries (lignite sortant de la mine), 20 à 40 0/0 d’eau, 2 à 10 0/0
de cendres, de 0,20 à 3 0/0 de soufre.
La production totale annuelle est de 350.000 tonnes par
an pour le lignite xyloïde en Italie; on estime qu'il doit en
rester environ 70 millions de tonnes à extraire, sans compter
les parties inexploitables ou insuffisamment reconnues.
Les principaux gisements de lignites brun, noir et bitu-
mineux de l'Italie sont les suivants :
Monte Pulli (province de Vicence). — Le gisement de Pulli,
dans la commune de Valdagno, renferme sept couches de
lignite, dont quatre exploitables, dans des calcaires nummu-
litiques éocènes, reposant sur un tuf basaltique. On en
extrayait, durant ces dernières années, environ 20.000 tonnes
par an. Le gisement est presque épuisé aujourd'hui.
Ce gisement est entouré par quelques lentilles de lignite
à Zorencedo, Monteviale, Monte-di-Malo, etc.
Le lignite de Pulli est un lignite bitumineux dont les couches
alternent avec des lits de schistes bitumineux d'où l'on
extrait de l'huile minérale et de la benzine:
Monterufoli (province de Pise). — Lignite brun miocène
exploité par un puits de 110 mètres et par des galeries, entre
une argile noire reposant sur de la serpentine et des con-
glomérats de calcaire siliceux. Tonnage reconnu exploitable:
200.000 tonnes.
Murlo (Sienne. — Lignite schisteux miocène, à fracture
non conchoïdale (30.000 tonnes par an), employé pour chau-
dières à vapeur et fours à chaux hydraulique. La chaux
Laser"
"ta
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 397
est fournie à ces fours par le banc de calcaire blanchätre
sur lequel repose le lignite.
Tatti et Montemassi (Grossetto). — Lignite noir, brillant,
compact, à cassure conchoïdale, employé pour les généra-
teurs, les locomotives de la Sudbahn, etc. Le gisement,
appartenant au miocène supérieur, repose sur de la serpen-
tine et du gabbro; il renferme une couche de 6 à 8 mètres de
ligaite et, en dessus, une autre couche de 1 mètre inexploitée.
Le puits d'exploitation, profond de 440 mètres, a rencontré
la première couche à 115 mètres et la seconde à 125 mètres.
En dessous, il à recoupé, sous des calcaires fétides, des
couches de combustible noir, se rapprochant de la houille.
Le gisement de Tatti et Montemassi paraît renfermer
-encore plus de 6 millions de tonnes de lignite exploitable.
Agnana (province de Reggio-Calabria). — Lignite noir gras,
éocène, en trois faisceaux de couches de 0,20 à 1,50, peu
exploitable à cause des fractures qui sillonnent le gîte
(700.000 tonnes reconnues).
Cadibona (Gènes). — Deux bancs de lignite de 0,75 et de
2m ,50. Lambeau de formation miocène reposant sur les roches
cristallisées. Gisement peu exploitable et, en partie, épuisé.
Garbenne et Coppellette (Cuneo). — Lignite brun et bitu-
mineux. Ce gisement a produit jusqu'à 100 tonnes de lignite
par jour et a alimenté une fabrique d’agglomérés et une
verrerie. Il est abandonné aujourd'hui.
Sardaigne. — A Gonnesa, en Sardaigne, on trouve des
lignites alternant avec des bancs de calcaire et d'argile
éocène. À Bacu-Abis, on trouve douze couches de bon lignite
avec un peu de soufre et 11 0/0 de cendres, donnant 5.800 calo-
ries. On exploite quatre de ces couches, de 0,75 à 1,10
de puissance. Les autres gisements de Sardaigne sont Terras-
de-Collu, Caput-Acquas, etc.
On estime que la Sardaigne peut contenir, à elle seule,
{4 millions de tonnes de lignite. Elle renferme aussi quelques
couches minces de lignite noirâtre jurassique, reposant sur
des poudingues et des calcaires quartzeux et recouvertes par
des calcaires magnésiens et marneux.
Le lignite brun, exploité en Italie, appartient générale-
ment au miocène et possède un pouvoir calorifique de 3.000
PTE PP MR EU EL RE ED IR LR ns 37 RU PRES
_ 398 Æ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
à 4.300 calories ‘rendement : 1/3 de celui de la houille). I]
-se vend de 4 à 5 francs la tonne, pour le menu, et de 12 à
14 francs pour le gros. Le lignite noir ou bitumineux possède
un pouvoir calorifique de 4.300 à 5.800 calories et donne un
rendement de 50 à 66 0/0 de celui du charbon de Cardiff. Il
se vend de 6 à 7 francs la tonne pour le menu et de 14à
17 francs pour le gros, selon l'éloignement des ports d'impor-
tation de charbon anglais.
La production des lignites bruns et noirs atteint à peine
50.000 tonnes par an. Le tonnage reconnu exploitable est de
8 millions de tonnes, sans compter les gisements de la
Sardaigne. De nombreuses études ont été faites, notamment
par M. Toso, ingénieur en chef des Mines à Florence, pour
l'emploi des lignites d'Italie, à la fabrication des agglomérés
et du coke; le coke un peu résistant ne peut être obtenu
avec ces lignites qu'à condition qu'ils soient desséchés et
mélangés à de la houille demi-grasse dans la proportion de
50 0/0 environ.
GISEMENTS DE LIGNITE EN ALGÉRIE
L'Algérie ne s'est pas montrée jusqu'à présent bien riche
en gîtes de combustibles minéraux. En dehors des gisements
à peu près inexploitables de houille anthraciteuse à Fedj
M'zala, près de Constantine, et de lignite à Bou-Saada,
on ne connaît que le gîte lignitifère de Marceau près de
Gouraya, à une vingtaine de kilomètres du port de Cherchell.
— Le lignile se rencontre à Marceau dans le miocène supé-
rieur (sahélien. Il a été déposé à l'embouchure d’un ancien
estuaire qui recevait ses eaux de l'ouest, et qui était limité
au nord et au sud par deux bandes de terrains éruptifs.
Le iignite est intercalé dans des sables sous forme de
lentilles allongées. On à reconnu à Marceau trois couches
principales présentant ensemble une puissance utile de
» mètres. Le lignite exploité est noir mat, compact, à
cassure parallélipipédique, avec filets brillants; il tient
31 0,0 d'eau et 13 0/0 de cendres. Son pouvoir calorifique est
de #.200 calories environ; on peut estimer à 350.000 mètres
cubes le volume de lignite exploitable reconnu à Marceau.
À
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS FN C309
GISEMENTS DE LIGNITE EN AMÉRIQUE
Dans le Colorado, ainsi que dans le Wyoming et dans
les contreforts orientaux des montagnes Rocheuses, on
trouve un gisement lignitifère très important appelé groupe
de Laramie ou Lignitic group.
Les lignites de cette région appartiennent à la tête du
crétacé et sont recouverts par des couches éocènes.
En Colombie, on a trouvé des gisements de lignite, à Santa-
Fé de Bogota, dans le crétacé.
Dans le sud du Chili, entre Topocatina et Magellan, on a
trouvé du lignite dans les formations tertiaires, à Lota,
Lebu, etc.
GISEMENTS DIVERS DE LIGNITE
On peut citer encore : les gîtes lignitifères de la Grèce:
20.018 tonnes, en 1897, valant 200.000 francs ;
Ceux de la Turquie, 9.525 tonnes en 1896-1897 ;
Ceux de la Roumanie, dans les formations du Sarmatien,
entre Sévérin et Toscani (Margineanca, Sotanga, Doicesti),
70.090 tonnes par an depuis 1878;
Ceux du Portugal, 8.090 tonnes en 1896, représentant
une valeur de 91.530 francs ;
Ceux de la Bosnie, 22 718% tonnes en 1896, valant
1.174.185 francs ;
Ceux de la Russie, gouvernements de Kiew (mine d'Ekate-
rinopol, de Volhyme (mine de Gebiak), de Minsk (mine de
Mazire , elc.;
Ceux de la Norwège (ile d'Ando), du Danemark et de la
Suède ;
Ceux de l'Islande (gisements du Vapna-Fiordur et d’Avam-
mur) ;
Ceux du Turkestan (gisements de Kouldja et Sir-Daria) ;
Ceux du Japon, 15.000 tonnes en 1891 ;
ue de Victoria Australie), 5.908 tonnes en 1896, valant
53.525 francs.
de PLAT À à D ER RÉ en dpt
_
400 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
IV. — TOURBE
Propriétés physiques et chimiques. — La tourbe est une
substance combustible, d'un brun noirâtre. Elle est pro-
duite par la décomposition de petits végétaux aquatiques,
qui se développent dans des eaux calmes et peu profondes.
Ce combustible représente le premier degré de décompo-
sition des végétaux, tandis que l’anthracite en serait le der-
nier degré. On peut presque toujours reconnaître dans la
tourbe la nature des plantes qui l'ont formée. |
La structure de la tourbe est fibreuse ou papyracée dans
les parties supérieures des dépôts, tandis qu'elle est plutôt
compacte et limoneuse dans Les parties inférieures. Son tissu
est ligneux et spongieux. Sa
densité est de 1 environ.
La tourbe brûle facilement
avec une flamme courte, en
dégageant une odeur caracté-
ristique ressemblant un peu à
celledesherbessèches brülées.
Dans le matras, elle dégage
Pic 00e SBlbe de touthe, les produits volatils du bois
en conservant sa forme, sous
un volume réduit des deux tiers environ. La tourbe renferme
de 2 à 10 0,0 de cendres et 60 à 75 0,0 d'eau, lorsqu'elle vient
d'être extraite. Séchée à l'air, elle tient encore 20 0,0. d'eau
en moyenne.
Sa composition élémentaire est la suivante : Carbone, 55
à 65 0,0; hydrogène, 4 à 8 0/0; oxygène, 25 à 36 0/0 ; azote, 1
à 2 0/0.
Elle présente cette composition, cendres déduites, lors-
qu'elle est débarrassée complètement de l'eau hygrométrique,
après dessiccation à 110°. Par distillation, on obtient avec la
tourbe à peu près les mêmes produits qu'avec le bois (acide
pyroligneux, paraffine, ammoniaque, etc.'; l'acide acétique
cependant y est moins abondant.
‘
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 41
Usages. — La tourbe n'est, en somme, qu'un médiocre
combustible, et on ne l'emploie que dans les contrées où
manquent houille, lignite et bois. On l'utilise en briquettes
séchées au soleil ou comprimées; quelquefois on l’emploie
après carbonisation, sous forme de coke.
Les fibers végétales qui composent la tourbe conservent
une partie de leur eau, même après dessiccation; et après
compression, elles reprennent presque toute l’eau aban-
donnée. C’est pourquoi les briquettes de tourbe éclatent sur
les grilles et sont difficilement utilisables, On peut remédier
à cette difficulté en égouttant sommairement la tourbe, puis
en la réduisant à l’état de pulpe, ce qui détruit les fibres
végétales. La tourbe peut alors se sécher et se condenser
sous un volume quatre fois moindre.
La tourbe, ne contenant ni soufre ni phosphore, pourrait
être employée comprimée, pour la fabrication d'un fer de
qualité supérieure et aussi pour les fours électriques et pour
la fabrication du carbure de calcium. Mélangée à de la
houille, la tourbe condensée diminue notablement la quan-
tité de fumée dégagée par celte dernière.
Dans certains pays elle sert à la couverture et même à
la construction des chaumières, et elle est quelquefois utili-
sée comme une sorte de selle qui s'adapte sur le dos des
chevaux, grâce à sa grande flexibilité. Soumise à la distilla-
tion sèche, la tourbe fournit des produits qui peuvent servir
à l’éclairage, comme les huiles de schiste. Elle tient, en
moyenne, 15 0/0 d'huile brute, avec 40 0/0 de charbon de
tourbe et 35 0/0 d'eaux ammoniacales. La tourbe condensée
donne par tonne #00 mètres cubes d’un gaz sans soufre et
d'un pouvoir éclairant {rès élevé.
Le pouvoir absorbant et désinfectant de la tourbe est assez
considérable ; on l'utilise pour divers usages hygiéniques.
La tourbe séchée est employée pour les litières des che-
vaux et pour le sol des logements humides (Russie et Alle-
magne du Nord). La tourbe qui a été desséchée gonfle très
fortement lorsqu'on l'imbibe d’eau. On utilise cette propriété
pour l'étanchéité des canaux et des étangs, en bouchant les
fissures avec de la tourbe.
Certaines tourbes mousseuses contiennent des fibres gros-
GÉOLOGIE. 26
402 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sières qu'on a cherché à utiliser pour la fabrication de tissus.
Enfin les cendres de la tourbe contiennent du sulfate et du
phosphate de chaux et sont quelquefois employées pee
l'amendement des terres.
Géogénie. — Les tourbières existent dans les parties basses
des continents, en dehors des régions tropicales ; il n'existe
pas de tourbières en dessous du quarante-cinquième paral-
lèle ; leur principale zone de développement est le cinquante-
sixième parallèle ; une chaleur trop élevée hâterait la décom-
position des végétaux avant que leur transformation en
tourbe ne soit commencée.
La tourbe se forme dans les régions recouvertes d'une
couche d'eau assez faible pour que les plantes puissent
prendre racine et assez calme pour que les substances anti-
septiques, résines, gommes, acide ulmique, acide gallique,etc.,
ne soient pas entraînées trop. rapidement. Ces substances
préservent les végétaux d'une trop brusque décompo-
sition.
En général, les tourbières sont formées de plusieurs sortes
de plantes. A la base, on constate la présence de sphaignes
ou mousses d'eau très abondantes, avec feuilles verdätres,
brunes ou blanchâtres. Ces plantes se développent par la
partie supérieure et finissent par mourir par la racine.
Elles relèvent ainsi le niveau du solet, par suite, diminuent
l'épaisseur de la couche d'eau superficielle.
Sur ces terrains rendus moins aquifères et recouverts
d'un feutrage de sphaignes, se développent des mousses, des
jones, des saules nains, etc.
Ces plantes meurent à leur tour, et le sol exhaussé se
recouvre de végélaux appartenant à des terrains moins
humides, mélampyres, prêles, etc., puis saules, bouleaux, etc.
divers végétaux forment des couches qui se renou-
vellent constamment. Dans certaines régions, la végétation
des sphaignes est tellement touffue que le niveau des eaux
se trouve soulevé au-dessus de ces plantes et donne nais-
sance à d'autres dépôts aquatiques plus élevés que le niveau
moyen du sol. On compte que la tourbe peut croître de 02,30
à 3 mètres par siècle. On a pu calculer approximativement
la rapidité de croissance de la tourbe, d'après des pièces de
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 403
monnaie ou des ustensiles divers, qu'on a retrouvés à diverses
profondeurs dans des couches de tourbe.
Le phénomène de la formation de la tourbe a dû commen-
cer à la fin du tertiaire ; il s’est surtout développé dans le
quaternaire et continue encore de nos jours dans un grand
nombre de régions, ce qui a permis de mettre quelques
tourbières en coupe réglée comme des forêts.
GISEMENTS DE TOÛURBE
Les plus anciennes tourbières connues sont celles de
Dirten et d'Utznach, en Suisse. La couche exploitée a près de
4 mètres de puissance; mais elle a dû être fortement compri-
mée, ainsi que l'indiquent les troncs d'arbres aplatis qu’on y
rencontre. Elle repose sur une assise de limon surmontant la
molasse. La couche est recouverte, à Utznach, par le dilu-
vium de la seconde période glaciaire, et à Dirten, par des
cailloux roulés et du sable contenant des ossements d’Ele-
phas primigenius.
En France, il existe de nombreuses tourbières :
Les principales sont celles de la vallée de la Somme, dont
l'établissement a coïncidé avec le retour du régime humide,
interrompu pendant l’âge du renne.
Il existe aussi des gisements de tourbe dans les vallées de
l'Ourcq, de l'Essonne, du Thérain, de l'Aisne et de l'Oise.
Dans le Jura, on trouve des tourbières sur des pentes assez
raides et dans des parties élevées ; cela tient à ce que le sol
est continuellement humecté par des suintements qui sont
retenus par les mousses aquatiques et les sphaignes qui se
développent même sur les hauteurs.
Les plateaux granitiques à faible pente, entourant le Pla-
teau Central de la France, renferment aussi un certain
nombre de tourbières, ainsi que les départements de l'Isère
(Morestel, Bourgoin), de la Loire-[Inférieure (Montoire), de
la Manche (Carentan), de l'Ariège (Vicdessos), etc.
La production annuelle de la tourbe en France varie de
225.000 à 300.000 tonnes en moyenne.
On trouve aussi de la tourbe sur le Blogsberg, le mont le
404 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
plus élevé de la Saxe, et sur le Broken, le sommet le plus
haut du Harz. La Bavière produit annuellement 500 000 tonnes
de tourbe environ.
On peut citer encore les tourbières de la Flandre, de la
Hollande (aux environs de Rosendal et de Rotterdam) et de
l'Allemagne du Nord, pays bas et marécageux. Dans lAlle-
magne du Nord, on rencontre de nombreux dépôts de tourbe,
en Westphalie, en Hanovre, en Prusse et en Silésie.
En Irlande, plus d'un million d'hectares sont couverts de
tourbières qui appartiennent à la dernière phase de l'époque
pleistocène, ainsi que le montrent les restes de mégaceros
hiberniens trouvés à la base de quelques couches de tourbe.
Cette espèce de cerf, éteinte aujourd'hui, caractérise les
premiers développements de la civilisation néolithique.
En Islande, les gîtes de tourbe sont également très répan-
dus. Ils sont d'un grand secours aux habitants pour le chauf-
fage, ainsi que pour la construction des cabanes.
En Lithuanie se trouvent des tourbières qui se sont suré-
levées peu à peu, jusqu'à une quinzaine de mètres de hau-
teur, par suite de la vigueur de la végétation.
La Hamme renferme aussi quelques tourbières surélevées,
mais dans lesquelles le renflement à été produit par des
infiltrations d'eau qui ont formé des nappes liquides au-des-
sous d'une croûte de tourbe plus ou moins puissante.
On trouve des tourbières dans différentes parties du
Danemark, de l'Italie, de la Russie (Néva, Finlande), du Canada
(Ontario), des îles Malouines, etc. En Italie, on exploite la
tourbe à Codigoro, près de Ferrare : 10.000 tonnes par an, à
Orentano et à Santa-Croce-Sull Arno (5.000 tonnes), dans la
province de Florence, ainsi que vers Udine à San-Daniel,
Majano, etc. (8.000 tonnes par an, et dans la province de
Brescia, à Iseo, Timolino et Provaglio (9.000 tonnes par an);
on en trouve aussi près de Turin (Trana, Avigliana, Bol-
lengo, etc.), près de Milan (Renate, Casale-Litta', près de Côme
Varano, Mombello, Valganna, etc., etc.) L'extraction annuelle
en Italie ne dépasse guère 40.000 tonnes.
Résumé sur les combustibles minéraux. — Si l’on consi-
dère la composition des divers combustibles minéraux que
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 405
l'on vient de passer en revue; anthracite, houille maigre,
houille demi-grasse, houille grasse, houille sèche, lignite
sec, lignite xyloïde et tourbe, on voit que l'analyse élémen-
taire indique une augmentation de richesse en carbone, à
mesure que le combustible est plus ancien, tandis que la
teneur en oxygène diminue depuis la tourbe jusqu'à l’an-
thracite (de 36 jusqu'à 3 0/0).
De plus, on peut constater que la proportion de carbone
fixe, qui est de 90 à 94 0/0 pour l’anthracite, descend jusqu’à
55 0/0 environ pour la tourbe, tandis que les matières vola-
tiles s'élèvent de 6 0/0 pour l’anthracite, jusqu'à 45 0/0 pour
la tourbe. On voit donc que plus un combustible est ancien,
plus il est appauvri en matières volatiles.
La densité de ces combustibles, bien secs et débarrassés de
leurs cendres, s'abaisse continuellement de l’anthracite jus-
qu'aux combustibles fossiles les plus récents. Le pouvoir
calorifique ne dépend pas seulement des proportions de car-
bone et d'hydrogène, mais aussi de la constitution intime
du combustible et, s'il augmente de la tourbe (1.800 à
3.000 calories) jusqu'à la houille demi-grasse (9.300 à
9.600 calories), il diminue ensuite jusqu'à l’anthracite
(9.000 calories). :
Quant à la valeur marchande de ces divers combustibles,
elle dépend non seulement de la catégorie à laquelle appar-
tient chacun d'eux, mais encore de la dureté et de la teneur
en cendres, et surtout de la rareté de chaque combustible,
relativement au lieu et aux conditions de son emploi.
BIBLIOGRAPHIE DES COMBUSTIBLES MINÉRAUX
1857. Gruner, Bassin anthracifère du Roannais. — Description
géologique du département de la Loire (Imp. Nat.).
1867. E. Dormoy, Topographie souterraine du bassin houiller de
Valenciennes (Imprimerie Impériale, Paris).
1871. Hartt, La faune carboniférienne du Missouri(Neues Jahrb.,p.63).
1873. Dawson, Le carboniférien de la Nouvelle-Écosse et du Nou-
veau-Brunswick (Geol. Survey of Canada, Montreal).
1815. Stache, Elude géologique du carboniférien dans la vallée de
la Gail (Neues Jahrb, p. 991.
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
76. Nordenskjoeld. Formation carboniférienne du Spitzberg
(Geol. Mag., p. 16 et 63).
. L'abbé Boulay. Le terrain houiller du Nord de la France et
ses végétaux.
11. Toula, La flore houillère des Alpes-Orientales (Nerh. d. k. k.
g. R., n° i4. p. 240).
18. Derby. Le car boniférien au Missouri (Neues Jahrb., p. 663).
79. L'abbé Boulay, Élude de la flore houillère des Vosges (Bul-
letin de la Société historique nationale de Colmar).
2. Barrois, Recherches sur le carbonifère des Asturies et de la
Galice (1882).
. Stur. Les graphiles de Pressnitz en Syrie (Jahrb., k. k. g. R.
XXXHIL, p. 189).
. Zeiller, La flore du bassin du Zambèze, massif houiller de
Téte (Annales des Mines, novembre-décembre).
. Urbain et Stanislas Meunier. Les combustibles minéraux
(Encyclopédie chimique de Frémy.t. 11, chez Dunod).
. À. Olry, Étude du bassin houiller de Valenciennes, dépar Le-
inent du Nord (chez Quantin, Paris).
. Toso, Étude sur les lignites d'Italie (Revue des Mines d'Italie).
91. Potanin in Venukow, Le carboniférien en Mongolie (Neues
Jahrb., IT, p. 462).
. Steinmann., Formation carboniférienne au Brésil (Americ.
Naturalist, octobre).
. Bertrand, Le bassin houiller de Valenciennes (Annales des
Mines, 1°° volume, 6° livraison, p. 569, 635).
5. Chapuy, Constitution du midi du bassin houiller de Valen-
ciennes (Annales des Mines, livraison d'août).
3. A. Soubeiran, Bassin houiller du Pas-de-Calais (Baudry).
98. Dusaugey, Efude du gisement de lignile de Marceau (Alge-
rie) (Bulletin de la Société de l'Industrie minérale, 3° série,
t. XIE, p. 501).
. H. Charpentier, Étude sur les lignites de Hongrie, Thalheim-
Schreibersdorf (édité chez Alcan-Lévy, Paris).
. Delas, Les lignites du Sarladais (Bulletin de la Sociélé de
l'Industrie minérale, 3° série, t. XIIT, p. 605).
Barrois, Le bassin carbonifère de la Basse-Loire et du Mor-
bihan (Annales de la Société géologique, n° 11, p. 2179).
Bureau. Les anthracites de la Basse-Loire,de la Vendée et du
Poitou (Bulletin de la Société géologique de France, 2° série,
XIT, p.163). — Le système carboniférien en Espagne (Bulletin
de la Société géologique de France, 2° série, XXIII, p. 846).
Gosselet, Étude du bassin houiller du bas Boulonnais.— L’Ar-
denne belge. — Esquisse géologique du Nord de la France)
Grey, Terrain houiller de la colonie du Cap (Géologie sociale,
London, XXVII. p. 49).
H. Charpentier, Rapport sur les gisements lignitifères des
Provinces Rhénunes (Brochure imprimée chez Haver-
mans, à Bruxelles, 1899).
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 407
Nikétin, Composition du système carboniférien en Russie
(Mémoire Com. Géol. Russe, V).
Potier, Bassin carboniférien du Reyran (contre l'Esterel
(Bulletin de la Société géologique de France, 3° série).
De Reydellet, Bassin houiller de Ciudad-Real (Bulletin de la
Société géologique de France, 3° série, INT, p. 160).
408 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
HYDROCARBURES
Les hydrocarbures ou carbures d'hydrogène sont très
abondants dans la nature à l’état libre: on les trouve aussi
mélangés ou chimiquement incorporés à des roches.
On distingue les hydrocarbures gazeux (gaz naturels d'Ita-
lie, d'Amérique, etc.), les hydrocarbures liquides (huiles de
naphte et pétroles d'Amérique, du Caucase, de Roumanie, de
Galicie, etc.),les hydrocarbures visqueux (bitumes) et les kydro-
carbures solides, libres ou mélangés à des roches (asphaltes,
schistes bitumineux, ambre, ozokérite, bogheads, etc.).
On décrira ci-dessous les principaux gîtes d'hydrocarbures,
en suivant cette classification.
I. — HyDpROCARBURES GAZEUX
Les hydrocarbures gazeux se rencontrent partout où se
décomposent des matières organiques et souvent dans les
régions où se produisent des phénomènes volcaniques.
Gaz des marais. — Dans les eaux stagnantes, on voit con-
tüinuellement se former, à la surface, des bulles de gaz qui
coutiennent, outre de l'acide carbonique, de l'hydrogène pro-
tocarboné et, parfois, de l’azote et de l'oxygène. Ces dégage-
ments proviennent de la décomposition de végétaux au fond
des eaux. Ils constituent ce qu'on appelle le gaz des marais
(C2H*).
Grisou. — Ce même gaz se rencontre, avec une composi-
tion un peu différente, dans les mines de houille où les végé-
taux, ainsi qu'on l’a vu plus haut, ont subi une décomposition
et-une transformation complètes. Il y est connu sous le nom
de grisou.
Gaz combustible. — D'autre part, les salses, les volcans de
boue et les gisements de pétrole laissent dégager un gaz
hydrocarburé qui est presque exclusivement formé de gaz
des marais et de bicarbure d'hydrogène ou gaz oléfiant (C*H*).
Ces divers hydrocarbures gazeux sont éminemment com-
bustibles.
|
# LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 409
Le gaz des marais s'enflamme parfois spontanément à l'air
et produit le phénomène bien connu des feux follets.
Le grisou s'enflamme malheureusement trop souvent dans
les exploitations houillères et produit des explosions épou-
vantables en faisant parfois de nombreuses victimes.
Les salses et les volcans de boue donnent quelquefois
naissance à des jets de gaz qui, enflammés, forment ce qu'on
appelle des fontaines ardentes.
Enfin les régions pétrolifères laissent souvent dégager des
jets de gaz très considérables, qui s’enflamment au contact
d'un foyer ou d’une lampe et qu'il est très difficile d’éteindre.
Usages. — Ces derniers hydrocarbures gazeux sont les
seuls qui soient utilisés industriellement.
Ils sont employés pour le chauffage domestique, le chauf-
fage industriel et l'éclairage.
Le prix de revient, à puissance égale, n’est que le cinquième
de celui du charbon; mais les difficultés de transport de ces
gaz à de grandes distances limitent leur emploi à leur lieu
de production et aux régions voisines, susceptibles d’être
reliées au lieu de dégagement par une canalisation étanche.
Gisements. — En France, des dégagements de carbure d'hy-
drogène gazeux, peut-être en relation avec un gisement
pétrolifère, ont pu être captés et utilisés pour l'éclairage à
Châtillon, dans la Haute-Savoie, et à Nyons, dans la Drôme.
En Hollande, on a découvert, il y a une quinzaine d'années
à Oudendyjk, sur la ligne d'Amsterdam à Enkhuisen, dans
des puits artésiens, à la profondeur de 30 mètres environ,
des gaz hydrocarburés qui sont recueillis maintenant, dit-on,
dans des cloches recouvrant les réservoirs d’eau, et utilisés
par les habitants pour leur éclairage et leur chauffage.
En Italie, dans l'Émilie, près de Sassuno, des fontaines
ardentes ont été utilisées autrefois pour le chauffage et
l'éclairage {Barigazzo, Porretta, etc.).
En Chine, dans la province de Setchouan, les gaz naturels,
qui se rencontrent à faible profondeur, sont utilisés pour le
chauffage depuis plusieurs siècles.
En Amérique, c'est seulement depuis 1820 qu'on a songé
à utiliser les hydrocarbures gazeux, dont l'existence était
cependant connue depuis longtemps.
10 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les gisements de la Pensylvanie occidentale et du Canada
donnent des quantités considérables de gaz. Les premiers
essais d'éclairage furent faits à Fredonia et à Barcelona
(lac Érié) ; depuis, Leechburg, Murrayville et Pittsburg ont
employé les gaz naturels pour l'éclairage et pour le chauffage
domestique et industriel (générateurs, verreries, chaux,
briques, fours à puddler, etc.).
Une soixantaine de Compagnies de gaz fournissaient,
en 1887, environ 50 millionsde mètres cubes d'hydrocarbures
gazeux remplacant 30.000 tonnes de houille; mais, depuis
cette époque, un grand nombre de forages se sont taris et
la production a beaucoup diminué.
Les gaz hydrocarburés exploités en Amérique contiennent
environ 70 0/0 de protocarbure d'hydrogène, 1 0/0 de bicar-
bure, 20 0/0 d'hydrogène, 5 0/0 d'hydrure d'éthyle et de faibles
quantités d'oxygène, d'acide carbonique et d'oxyde de carbone.
Les gisements de gaz, concentrés autour de Pittsburg
(Pennsylvanie) et de Findlay (Ohio), se retrouvent au Canada
dans la vallée du Suint-Laurent, entre Québec et Montréal.
Les puits riches se trouvent sur les lignes anticlinales des
plissements du terrain. Ils sont en relation avec les pétroles
de ces régions, dans le carbonifère inférieur (Pensylvanie},
dans les calcaires (Findlay, Ohio); dans le silurien inférieur
(calcaires de Trenton, schistes d’Hudson-River, grès de
Mediana à Louisville, Trois-Rivières, Maisonneuve, etc.).
BIBLIOGRAPHIE DES GAZ NATURELS
1876. Smith, Puits de gaz en Pensylvanie (Annales de Chimie et de
Physique, 5° série, t. VIII, p. 566: Bulletin de la Société
de Physique et de Chimie, 1877, n° 3).
1885-1886-1887-1888. Obalski, Rapport sur les gaz combustibles du
Canada (contient une bibliographie antérieure).
1889. Obalski, Sur l'épuisement des qaz à Pittsburg (Nature, 28 dé-
cembre).
Fouqué et Gorceix, Étude sur les gaz inflammables (Annales
des Sciences géologiques, t. 1).
3
s.
*
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 411
IT. — HYDROCARBURES LIQUIDES (PÉTROLE)
Propriétés physiques et chimiques. — Les hydrocarbures
liquides sont connus sous les noms d'huile minérale, de pétrole
ou de naphte.
Tels qu'ils se rencontrent à l’état naturel, les pétroles
sont des mélanges de diverses combinaisons de carbone et
d'hydrogène, d'où leur nom général d'hydrocarbures.
Les pétroles sont tantôt épais et sirupeux, tantôt fluides et
légers.
Ils sont facilement reconnaissables à leur odeur caracté-
ristique et à leur couleur jaune verdätre, passant quelquefois
au brun goudronneux, mais avec un reflet toujours verdâtre.
Ils sont très facilement inflammables.
La densité du pétrole varie de 0,765 à 0,970, selon le lieu
d'origine.
Le pouvoir calorifique du pétrole varie de 9.950 à
10.800 calories.
Peu soluble dans l'alcool, soluble dans l’éther et les huiles
essentielles, le pétrole a, comme composition chimique,
80 à 85 0/0 de carbone, 1! à 3 0/0 d'oxygène et 12 à 15 0/0
d'hydrogène.
Il est constitué principalement par des “hydrocarbures de
la série forménique de la formule C2H?2+
Le gaz des marais, CH', est le premier de cette série.
Usages. — Les plus importantes applications du pétrole
sont l'éclairage, le graissage et le chauffage. On ne citera
que pour mémoire les usages médicinaux, désinfectants, etc.,
du pétrole et de ses dérivés.
Depuis quelques années, le pétrole et les huiles minérales
lourdes ont trouvé un débouché important dans le chauffage
des automobiles et des générateurs soit à l’état liquide, soit
à l'état pulvérisé (procédés Adolphe Seigle, Holden, etc.).
Pour convenir à l'éclairage, les huiles de pétrole doivent
être bien fluides, afin de pouvoir s'élever dans les mèches
des lampes par capillarité. Pour le graissage, au contraire,
elles doivent être visqueuses, afin de ne pas être dispersées
autour des organes à lubrifier.
412 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les huiles de pétrole, avant d’être employées à leurs
divers usages, doivent être traitées par distillation et débar-
rassées des impuretés qu'elles peuvent contenir.
La partie des huiles brutes qui, à la distillation, se volati-
lis’ au-dessous de 150°, constitue l'essence de pétrole, la
benzine et l'éther de pétrole (D — 0,720 à 0,760), qui sont
employés pour la teinturerie et divers autres usages. Entre
159 et 300°, les parties volatilisées constituent les huiles
limpantes bonnes pour l'éclairage (khérosènes, D — 0,760
à 0,875). Ce qui passe au-dessus de 300° est employé comme
matière lubrifiante et comme combustible (astakis et mazouts:
pouvoir calorifique, de 33 0/0 plus élevé que celui de la
houille; vaporisation — 16,2 d'eau par kilogramme de
mazout). |
Les résidus de la distillation sont des goudrons visqueux
et noirâtres qui donnent, au rouge, des carbures éthyléniques
et des carbures pauvres en hydrogène.
Après ces diverses opérations, qui se font dans de grandes
cornues sphériques, il reste au fond du récipient un coke
boursouflé noir et cassant.
Sainte-Claire Deville et d'Engler ont observé, à la suite
d'un grand nombre d'expériences, que les huiles brutes les
plus prepres à la fabrication du pétrole d'éclairage, sont
aussi les plus légères. Ce sont principalement celles que
l’on recueille dans l'Italie septentrionale, la Pensylvanie,
la Galicie, la Virginie occidentale, la Circassie et l'ile de
Java.
Les huiles de pétrole du Hanovre, du Caucase et de l’Alsace
donnent de meilleurs rendements au-dessus de 3002 et, par
suite, sont plus avantageusement employées pour la fabrica-
Hion des produits lubrifiants.
Géogénie. — De nombreuses hypothèses ont été imaginées
au sujet de la formation et du mode de gisement du pétrole.
Elles peuvent se réduire à trois principales : origine orga-
nique, origine chimique, origine volcanique.
Chacune de ces hypothèses est applicable à un certain
nombre de gisements pétrolifères, mais est inadmissible
pour les autres.
Il est impossible de se faire une opinion exacte sur l’ori-
se
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 413
gine et les conditions d'exploitabilité d'un gisement pétroli-
fère, si l'on a limité ses observations à un champ d’exploita-
tion restreint, et ce n'est qu'après avoir étudié un grand
nombre de gisements, dans des contrées différentes, que
nous avons pu déduire de nos observations personnelles et
_des recherches de praticiens, de géologues et de chimistes,
une théorie pouvant s'appliquer aux diverses formations
pétrolifères.
La similitude des huiles minérales exploitées dans les
diverses parties du globe confirme la possibilité d’une origine
semblable pour toutes ; les différences de densité ou de
composition qui sont observées entre les pétroles des diverses
contrées ninfirment pas plus cette théorie unique, quoi
qu'on en ait dit, que les différences que l’on trouve dans la
composition ou la densité des diverses houilles (de la houille
maigre à la houille sèche) ne détruisent la théorie d’un
mode de formation identique pour les houilles de toutes
les contrées.
Selon nous, on doit admettre pour les pétroles une origine
chimico-organique, que l’on peut expliquer en reprenant en
partie chacune des principales théories émises jusqu'à ce jour.
Formation chimico-organique. — Les hydrocarbures
doivent probablement leur origine au dégagement des gaz et à
la formation des sels d'origine interne, qui ont métamoiï-
phisé les dépôts organiques, si considérables, durant cer-
taines époques géologiques.
Ceux de ces dépôts qui se sont trouvés dans des régions où
les fractures de l'époque tertiaire ne se sont pas fait sentir
ou n'ont pas été profondes, ont donné de l’anthracite, de la
houille ou du lignite (Voir le chapitre des Combustibles
Ininéraux).
Ceux, au contraire, qui ont été affectés par des boule-
versements profonds à l'époque des éruptions et des disloca-
tions tertiaires, ont été transformés par les émanations, en
hydrocarbures, pétroles, schistes bitumineux, asphaltes, ete.
L'existence de régions volcaniques, près de certains gise-
ments de pétrole, a donné naissance à l’hypothèse de la
formation volcanique des hydrocarbures; mais ce voisinage
s'explique par la simple raison que les volcans se sont pro-
&14 | GÉOLOGIE APPLIQUÉE
duits, comme les hydrocarbures, le long des fractures pro-
fondes qui ont amené au jour les roches éruptives, les déga-
gements gazeux et les filons métallifères.
L'époque tertiaire qui à été admise par quelques auteurs,
comme l’époque de formation des carbures d'hydrogène, n’a
été, dans certains cas, que la période de leur arrivée au
jour. Il est probable que quelques gisements de pétrole,
considérés comme tertiaires, d’après les terrains où on
les rencontre, sont, en réalité, originaires de terrains
beaucoup moins récents, et que le tertiaire n’est que le
réceptacle d'hydrocarbures plus anciens qui se sont fait
jour à travers des failles et des fissures profondes. Ces car-
bures d'hydrogène ont dû venir, à l'état de gaz, se conden-
ser dans des couches supérieures plus froides ; quelquefois
même ils se sont élevés à l’état liquide sous la pression des
gaz qui les accompagnaient, ou simplement par suite de leur
faible densité et de leur tendance à monter toujours au-des-
sus des couches aquifères.
On peut se rendre compte du mode de formation des
pétroles, d’après ce qui se passe actuellement, sur une moins
vaste échelle, il est vrai, dans les zones littorales au voisinage
de marais salants : les animaux de la zone littorale, poly-
piers, seiches, poissons divers, qui se trouvent au contact des
eaux-mères provenant, par des fissures, des marais salants
naturels (lesquels contiennent des chlorures, iodures, bro-
mures, etc.) peuvent, en effet, produire de l'huile minérale
par la décomposition lente de leurs matières organiques
grasses.
Au laboratoire on obtient, d'ailleurs, des huiles minérales
(très oxygénées, il est vrai, par distillation, sous pression, de
cette même matière. Les amas de végétaux ont pu donner un
résultat analogue, au contact de divers sels d'origine interne;
il est également possible que, dans certains gisements, des
dégagements de carbures et d’acétylures minéraux aient
rempli exceptionnellement le rôle des matières organiques
dans la formation des hydrocarbures.
Supposons qu'aux époques où la faune et la flore étaient
le plus abondantes, une fracture du sol ait provoqué l'irrup-
tion de chlorures, d’iodures et de gaz d'origine éruptive,
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 4145
près d'un littoral, dans un lac ou une mer intérieure. Les
poissons détruits par ces dégagements se sont accumulés au
fond de l’eau, etil s’est formé une agglomération de matières
organiques qui, avec le temps, à produit un dépôt d'hydro-
carbures dans cette sorte de laboratoire interne ; ce dépôt a
été successivement recouvert par des sédiments plus récents
et, notamment, par la vase argileuse et imperméable qui a
été entraînée le long de la même fracture que les dégage-
ments gazeux. La couche de vase imperméable à favorisé
l'accumulation de quantités considérables d'hydrocarbures,
en empêchant leur dégagement en gaz ou en huile, au fur
et à mesure de leur formation, et en retenant au fond
les poissons qui, décomposés, auraient eu tendance à
remonter à la surface de l’eau.
Les principales réactions chimiques qui ont pu provoquer
la formation des hydrocarbures sont les suivantes :
Combinaison des sels provenant des fractures cosmiques,
avec les gaz (ammoniac et acide carbonique), dégagés par la
putréfaction des matières organiques. Cette combinaison à
dû retenir les gaz et éviter l'agitation de la vase protectrice
en lui conservant ainsi son imperméabilité.
D'autre part, les sulfates de chaux et de magnésie en pré-
sence des gaz dégagés, ont fourni le soufre et l'hydrogène
sulfuré nécessaires aux diverses réactions. C'est ce qui
explique la présence presque constante de gisements impor-
tants de sel, de soufre et même de gypse à moitié décomposé,
près des formations hydrocarburées.
Les dépôts d'huile minérale ont pu se former ainsi
dans les terrains les plus divers, micaschistes (Vénézuéla),
silurien (Canada), dévonien et carbonifère (Pensylvanie),
houiller (Virginie), trias (Caroline du Sud), crétacé et éocène
Colorado, Galicie, Hanovre), tertiaire inférieur (Caucase),
pliocène (Californie, Italie). Ils sont répartis le long des
fractures profondes de la croûte terrestre, généralement au
voisinage des chaînes de montagnes, qui ont été formées
en même temps que les grandes fractures ; ils sont, par
suite, souvent en relation avec les grands cercles du réseau
pentagonal.
416 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
HYPOTHÈSES DIVERSES IMAGINÉES SUR LA FORMATION
DES HYDROCARBURES
La théorie qui vient d'être exposée se trouve confirmée
à la fois par les observations et les hypothèses de la plupart
des auteurs qui ont étudié la question des hydrocarbures.
Rappelons que les théories les plus connues et les plus
admissibles sont les suivantes :
La formation chimico-inorganique : Daubrée, Crafts, Ber-
thelot, Mendéléef, Byasson, Cloez, Landolph, Friedel, ainsi
que la plupart des chimistes admettent cette théorie ;
La formation volcanique, origine exclusivement interne en
relation avec les grands cercles du faisceau pentagonal : de
Chamcourtois, Sainte-Claire Deville, Humboldt, Fuchs, Fon-
cou, de Launay et la plupart des géologues théoriciens ;
Et enfin la formation chimico-orqanique, qui réunit Îles
conditions les plus générales des deux autres hypothèses :
P. Wall, J.-P. Leslev, D° Hunt, Gauldrée-Boileau, Lap-
parent, Fotterlé et la plupart des ingénieurs spécialistes et
praticiens.
C'est à cette dernière théorie que nous nous sommes
rallié, en y introduisant quelques modifications que nos
observations personnelles sur un grand nombre de gise-
ments pétrolifères nous ont amené à présenter.
Recherche du pétrole. — On rencontre généralement le
pétrole emprisonné à l'état d'imprégnation, dans des couches
perméables, entre des assises argileuses ou compactes et
imperméables.
Les roches imprégnées sont principalement les grès poreux,
et quelquefois les schistes, les calcaires et les marnes.
Les couches pétrolifères exploitées se rencontrent surtout
dans les terrains plissés et brisés ; il est évident que l'on ne
peut connaître que par le plus grand des hasards les
couches imprégnées d'hydrocarbures qui s'étendent hori-
zontalement, masquées par une assise imperméable et puis-
sante. |
Dans les régions plissées et fissurées, au contraire, les
D
or
Pau -
me
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 417
hydrocarbures signalent leur présence par des suintements
qui arrivent à la surface à travers les cassures du sol.
Ces suintements peuvent avoir été produits soit par une
émanation gazeuse qui serait venue se condenser à la sur-
face, soit par un dégagement liquide.
Les indices d'huile minérale se rencontrent dans les
ravins où le sol a été dénudé par les pluies, et surtout à la
surface des ruisseaux et des flaques d'eau où les hydrocar-
bures, en quantité même très faible, produisent une irisa-
tion tout à fait semblable à celle du fer. Les irisations des
hydrocarbures se distinguent de ces dernières en ce qu'elles
ne se séparent pas en fragments, mais au contraire s'élirent
et se déforment lorsqu'on les agite avec un bâton.
Les zones de concentration de l'huile minérale se ren-
contrent vers le sommet des selles anticlinales, et les points
les plus favorables pour rechercher le pétrole se trouvent
dans les vallées anticlinales, telles que A, B (fig. 100), au
voisinage de plis synclinaux.
Lorsque, par suite de poussées latérales, les formations pé-
trolifères (couche [) sont sou-
levées, déformées et affectées
de plis et de cassures, le pé-
trole se trouve comprimé dans
les plis synclinaux (MN), et,
par suite de sa tendance à
s'élever, il vient s'accumuler
vers le sommet des plis anti-
clinaux voisins. Il monte ainsi Fi. 100.
le long des fissures produites, Schéma d'un gisement pétrolifère.
jusqu'à ce qu'il rencontre
des terrains perméables dans lesquels il s ‘emmagasine
(couche II).
On doit donc rechercher, parmi les points où les suinte-
ments de pétrole se produisent, ceux qui sont le plus voi-
sins des selles anticlinales ; mais il est souvent fort difficile de
bien déterminer ces selles, des érosions ultérieures ayant
pu leur donner une apparence de vallée.
Dans la figure ci-dessus, le point C, où l’on pourrait trouver
des traces de pétrole, donnerait des puits stériles du moins
GÉOLOGIE. 21
418 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
jusqu'à une grande profondeur. Les points A et B, au con-
traire, seraienth ien choisis pour l'établissement d’un forage.
La direction générale des plissements et des failles pétroli-
fères est, dans son ensemble, parallèle au système de
soulèvement qui a donné naissance à ces accidents.
Dans l'Amérique du Nord, les zones pétrolifères riches
sont disposées en bandes rigoureusement parallèles à la
fracture du Saint-Laurent. En Galicie, elles sont parallèles à
l'axe des Carpathes, en Italie aux Apennins, etc.
Les points les plus riches en pétrole sont ceux qui se
trouvent à la rencontre de deux failles : la principale, paral-
lèle au soulèvement général de la région; la secondaire,
transversale, formant souvent avec l'autre un angle
de 90°.
Ce n’est qu'avec une grande expérience et la connaissance
de divers indices locaux qu'on peut éviter en partie les
recherches infructueuses qui grèvent tant d'exploitations
pétrolifères. Quelques premiers sondages heureux dus au
hasard entraînent trop souvent les exploitants à se priver
du concours d'un ingénieur spécialiste pour déterminer
l'emplacement des autres forages. La facilité des découvertes
du début de quelques exploitations et les magnifiques
résultats qu'on a quelquefois obtenus sans difficultés ont
été ainsi la cause des insuccès et des déboires si fréquents
dans cette industrie qui pourrait être cependant très rému-
nératrice.
Sondages de recherches. — Jusqu'en 1878, on faisaitencore
en Europe (Galicie, Italie, etc.) l'exploitation du pétrole au
moyen de petits puits carrés de 4 mètre de côté, creusés à
la main. Les puits ne dépassaient pas une centaine de
mètres de profondeur et ne permettaient pas d'atteindre les
couches pétrolifères inférieures. Ce procédé a été aban-
donné à cause des nombreux accidents (éboulements et
asphyxie causée par les émanations d'hydrocarbures) sur-
venusaux ouvriers qui travaillaient dans les puits.
Le pétrole s'accumulait au fond et était recueilli au
moyen de seaux descendus à l’aide d’un treuil.
Aujourd'hui, le pétrole est exploité au moyen de forages à
faible diamètre, qui sont approfondis Jusqu'à ce qu'ils
ONE SANTE TNT I REP
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 419
fournissent, soit par pompage, soit par jaillissement naturel,
de l'huile minérale en quantité appréciable.
Le plus souvent, il arrive que les sondages sont arrêtés à
la rencontre d’une fissure des terrains supérieurs (terrains [IV
de la figure ci-dessus, par exemple). Cette fissure donne du
pétrole pendant un certain laps de temps; mais le pompage
finit par entraîner du sable et de l'argile, qui viennent obs-
truer la faille et aveugler la venue pétrolifère.
Faute de diamètre initial suffisant, il est, la plupart du
temps, impossible d'approfondir alors le forage, et on doit
l’'abandonner improductif avec son matériel de tuyaux qu'il
est généralement difficile d’arracher.
On recommence alors, à côté du précédent, un sondage
analogue, qui est également arrêté avec un diamètre insuffi-
sant, à la première fissure de terrains imperméables, qui
fournit de l'huile.
Bien rares sont les exploitants assez prévoyants ou entre-
prenants pour commencer un forage avec un diamètre suffi-
sant, en vue d'atteindre de grandes profondeurs.
Cela tient le plus souvent à ce que les sondages sont entre-
pris comme forages de recherches et ne deviennent qu'éven-
tuellement des forages d'exploitation. Si la recherche semble
couronnée de succès et laisse suinter un peu de naphte,
immédiatement on installe une pompe et on arrête le fon-
çage.
Un ingénieur prévoyant devrait, au début d’une exploita-
tion sérieuse et avant d'établir les nombreux puits de pom-
page que nécessite le pétrole, entreprendre un sondage de
recherches, qui, à très grand diamètre au début, 0",65 au
minimum, serait susceptible d’être poussé très loin. A
chaque venue pétrolifère recoupée, le foncage devrait être
suspendu durant huit ou quinze jours ; la puissance de la
venue serait exactement calculée, sa profondeur soigneuse-
ment notée. Un tubage étanche aveuglerait alors la venue
d'huile, et le fonçage serait repris jusqu’à la rencontre d’une
nouvelle trace de pétrole. On arriverait ainsi à bien con-
naître la puissance des venues pétrolifères aux divers
niveaux, et on aurait chance d'atteindre en profondeur des
terrains donnant en abondance de l'huile minérale, jaillis-
420 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sante le plus souvent. — Les forages subséquents seraient
alors entrepris avec des données sérieuses, et l’on éviterait
la période ruineuse des tâtonnements.
Nous insistons sur les grandes dimensions à donner au
diamètre initial des sondages, car il faut prévoir la néces-
siter de télescoper le trou en cas de rencontre de terrains
ébouleux, ou de venues d’eau à aveugler, sous peine de voir
le pétrole retenu dans les fissures des terrains ou dans les
couches perméables, par la pression de l’eau qui envahirait
le forage.
On évitera d'employer, pour les recherches du pétrole, les
nouveaux procédés de sondage à courant d'eau, qui ont
l'avantage d'aller très vite, mais qui masquent souvent les
venues pétrolifères recoupées.
Les sondages de recherches, profonds de plus de 100 mètres,
doivent être faits avec moteur à vapeur, chauffé, si l’on peut,
au moyen des gaz dégagés par les couches pétrolifères. Un
réservoir placé à l'abri du feu recevra l'huile pompée ou jail-
lissante.
La figure 101 indique la disposition d’un derrick (instal-
lation de sondage).
Cenéreteur Jorcomobie ou fixe
= : SALE A COOE Sont
Æeservorr 4 petrols
Fi6. 101. — Installation d'un sondage pour la recherche du pétrole.
Historique du pétrole. — Le pétrole était connu des Grecs
et des Romains, ainsi que l’indiquent Hérodote, Pline et
divers auteurs; mais son emploi était très limité. Pline
#
À
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 421
signale cependant l'utilisation des huiles d'Agrigente pour
l'éclairage, sous le nom d'huile de Sicile; plus tard le feu
grégeois, composé de bitume, de poix et de pétrole, futemployé
pour la destruction des navires des Sarrazins par l'ingénieur
syrien Callicinus. -
Les sources de l'Inde fournirent au xvin* siècle un peu de
pétrole à l'Europe; celles de la Galicie ont servi depuis le
commencement du xix° siècle, jusqu'en 1878 presque uni-
quement au graissage des roues des chariots.
Enfin en 1858, le colonel Drake découvrit en Amérique à
Titus-Ville, dans la vallée de l'Oil-Creek près d’Oil-City, des
sources de pétrole jaillissantes, et, depuis cette époque, des
recherches sérieuses furent faites dans diverses contrées.
Les recherches du Canada, de la Virginie, de la Caroline,
du Colorado et de l'Ohio, en Amérique, et celles de l’Alsace,
de la province de Parme, de la Galicie, de la Roumanie et
du Caucase, en Europe, furent les premières couronnées de
succès.
L'exploitation rationnelle des gisements du Caucase et de
la Galicie ne date que de 1879, et l'industrie du pétrole s’y
développera à mesure que l'usage des huiles minérales se
généralisera pour le chauffage et pour la production de force
motrice, surtout si le rendement des puits de pétrole en
Amérique commence à diminuer comme cela semble se pro-
duire par l'épuisement des couches exploitées.
En 1899, la production du pétrole brut dans le monde
entier a atteint environ 20 millions de tonnes.
GISEMENTS DE PÉTROLE EN EUROPE
Fraxce. — En France on ne connaît pas de gisements de
pétrole exploitables.
Hérault (Gabian). — Des recherches ont été faites à Gabian
(Hérault), où il existe dans les terrains tertiaires des suinte-
ments d'hydrocarbures liquides ; mais ces recherches faites
principalement par galeries en partant des suintements
observés, n'ont donné aucun résultat appréciable.
L'huile recueillie à Gabian possède une couleur brun foncé
FLE
RE TR TPE reg. 0e NS ES PT ARE PTE
422 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
et une odeur désagréable : elle est utilisée pour des usages
médicinaux (affections de la gorge).
Limagne (puits de la Poir). — Dans la Limagne, des écoule-
ments de bitume très liquide, au puits de la Poir, près de Pont-
du-Château, ont donné l'idée à quelques exploitants de
rechercher en profondeur si l’on ne trouverait pas dans les
arkoses de la base du tertiaire, au milieu des sables et des
marnes oligocènes, un réservoir de pétrole d'où proviendrait
le bitume de la surface. |
Vers 1896, un sondage a été poussé à 1.000 mètres de pro-
fondeur environ près de Clermont-Ferrand. Ce forage, entre-
pris avec un système allemand à courant d'eau pour chasser
les boues du trépan, a rencontré des émanations gazeuses
assez vives, mais n a donné aucune trace d'huile minérale. Il
est probable que le gite pétrolifère qui a donné naissance au
bitume de la surface doit être en grande partie oxydé actuel-
lement et transformé en bitume et en asphalte, car on
n'en trouve aucun indice dans les eaux minérales chaudes du
pays qui sont amenées cependant par des fissures pro-
fondes en relation avec les diverses formations géologiques
de la région.
Landes (Bastennes, Gaujeac). — Dans les Landes, on fait
actuellement des recherches au moyen de sondages profonds
au voisinage de filons de quartz et d’ophites, près des gise-
ments bitumineux de Bastennes, à (raujeac, dans un poin-
iement éocène. Le sondage de Gaujeac, jusqu'à 300 mètres,
n'a rencontré que quelques traces huileuses qui peuvent
provenir de poches de bitume enfermées dans des calcaires,
comme on en rencontre à la surface. |
Cependant non loin de là, à Bastennes, d'importants gise-
ments de sables bitumineux, qui ont été exploitésil y a une
cinquantaine d'années, font supposer qu'il a dû exister en
profondeur une formation d'huile minérale importante dont
iout ou partie se serait transformé en bitume, par oxyda-
tion en arrivant au voisinage de la surface du sol.
Les recherches faites à Gaujeac et dans les derniers con-
ireforts des Pyrénées vers Dax ont pour but de reconnaitre
s'il reste dans cette région quelque réservoir pétrolifère non
oxydé et exploitable.
“n
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 423
La découverte d'un gisement pétrolifère important en
France nous permettrait de n'être plus tributaires de l’Amé-
rique et de la Russie, pour ce produit dont nous consom-
mons annuellement environ 250.000.000 kilogrammes. L'im-
portation du pétrole en France n’atteignait que 58.000.000 kilos
en 1888 ; elle a donc quadruplé en dix ans.
Irazte. — Les gisements d'hydrocarbures en Italie sont
répartis dans trois zones bien distinctes :
1° L'Italie du Nord avec les gisements de l'Emilie /pro-
vinces de Parme, de Milan, de Bologne, etc.);
20 L’[talie du Centre (Abruzzes, Terre de Labour, entre la
province de Rome et celle de Caserte) ;
3° L'Italie du Sud avec la province de Naples, la Basilicate
et la Sicile.
1° Région de l'Emilie. — Dans le nord de l'Italie les couches
pétrohfères se trouvent le long de plissements parallèles aux
Apennins, au Nord de la chaîne, au contact des affleurements
du miocène avec ceux du pliocène.
La ligne pétrolifère suit une direction sensiblement cons-
tante de N.120°0.; les zones riches se trouvent à l’intersec-
ton de cette ligne de fracture parallèle aux Apennins, avec
une série de failles secondaires dirigées N.30°0.
Les principaux gisements de l'Emilie sont, en allant du
nord-ouest au sud-est :
Rile dell Ollio, près de Rivanazzano, d'où l’on a extrait
quelques barils de pétrole par des forages de 100 à
400 mètres ;
Montechino, dans la province de Plaisance, où l’on recueille
une huile blanche à reflets azurés ;
Velleia, à 28 kilomètres au sud de Plaisance ; c’est la plus
grande exploitation de l’Emilie ; on y a foré près de soixante
puits. L'huile extraite est légère; on la mélange avec des
huiles d'asphalte des Abruzzes, dans l’usine de Fiorenzuola ;
Salso-Maggiore et Salso-Minore (province de Parme), où
quelques forages ont donné du pétrole à une faible profondeur;
Miano de Medesano, Neviano dei Rossi, Savigno, Sassuno*
Monterenzio renferment des traces de pétrole; quelques tra-
vaux y ont été entrepris; mais, exécutés sans méthode ni per-
sévérance, ils n’ont donné que des résultats insignifiants ;
42% GÉOLOGIE APPLIQUÉE
l'huile de cette région tenait 41 0/0 de benzine incolore,
45 0/0 de pétrole lampant, 6 0/0 d'huile lubrifiante et 8 0/0
de paraffine.
Au sud de cette bande pétrolifère, se trouvent quelques
gisements alignés suivant la même direction que les précé-
dents, parallèlement aux Apennins. Parmi les gisements de
cette seconde ligne pétrolifère, on peut citer ceux de Roma-
naro (province de Modène), Monte-Forte, près de Barigazzo,
Riola, Casale, Porretta, Sassonegro (province de Bologne), où
l'on trouve des traces de pétrole et des dégagements gazeux
inflammables; mais aucune recherche sérieuse n'a été effec-
tuée en vue de retrouver en profondeur le pétrole d’où pro-
viennent ces dégagements hydrocarburés.
La production du pétrole dans l'Emilie atteint 3.000 tonnes
environ par an.
20 Italie centrale. — Les Abruzzes. — Dans les Abruzzes, la
vallée de la Pescara (province de Chieti) renferme des gise-
ments hydrocarburés qui doivent être contemporains de
ceux de l'Emilie. Il est possible que la zone pétrolifère se pro-
longe sans interruption en profondeur entre Bologne et Chieti.
Les principaux gisements d'hydrocarbures, connus dans les
Abruzzes, sont : Tocco di Casauria, Manoppello, San Valentino,
Letto Manoppello, Rocca Morice, Valle Romana, Colle d'Oro et
Serramonacesca. On a extrait de Tocco un pétrole noir, très
dense et d'une odeur forte, qui donnait 1/3 d'huile lampante
et 2/3 d'huilé lourde chargée en soufre, avec une densité
de 0,910 à 0,980.
L'huile de Letto Manoppello était sensiblement plus légère.
Aujourd'hui on fait quelques travaux de recherches dans les
Abruzzes où un certain nombre de concessions ont été accor-
dées. À Colle d'Oro et en quelques autres points, l'huile
recueillie est très pure. Il est possible qu'on rencontre au-
dessous des asphaltes des Abruzzes un gisement pétrolifère
fructueusement exploitable.
En 1894, les Abruzzes ont produit 20 tonnes d'huile bitu-
mineuse légère, provenant des forages, et # tonnes d'huile
bitumineuse lourde provenant des sources, représentant en
tout une valeur de 6.000 lires.
Province de Caserte. — Dans la région occidentale de l'Italie
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 425
centrale, on rencontre des gisements d'hydrocarbures dans
les vallées du Liri et de l'Amaseno entre les massifs volca-
niques des provinces de Caserte et de Rome. Ce voisinage a
conduit certains auteurs à assigner une origine volcanique
aux pétroles de cette région.
Les gisements les plus connus sont ceux de San Giovanni
Incarico où l'on à foré un certain nombre de puits de
recherches, dont quelques-uns ont donné du pétrole jail-
hissant vers 100 et 200 mètres. Un des sondages, poussé
Jusqu'à 400 mètres, n'a plus donné que des gaz. A Castro
dei Volsci, on rencontre quelques dégagements bitumineux
au milieu de calcaires en contact avec une couche de lignite.
Il est possible qu'en profondeur on découvre un gîte pétro-
lhifère en relation avec les bitumes et les asphaltes de Castro.
A Ripi, près de Ceccano, on à recueilli un peu de pétrole
dans des couches pliocènes.
On a extrait, dans la province de Caserte, 64 tonnes de
pétroles en 1881, valant 12.840 lires; en 1890, la production
était tombée à 23 tonnes, valant 5.083 lires. Actuellement,
la production est insignifiante.
3° Italie méridionale et Sicile. — A Monte-Calvo, situé au
nord-est de Naples, à une vingtaine de kilomètres à l’est
de Bénévent, on a reconnu, au voisinage d'affleurements
éocènes importants, quelques indices de la présence du
pétrole ; mais les recherches effectuées n’ont donné que du
bitume en petite quantité. À Frigento (province d’Avel-
lino), une série de recherches ont fourni quelques barils
d'huile minérale, tenant 65 0/0 d'huile lampante, 30 0/0
d'huile lubrifiante et 5 0/0 de résidus. On rencontre aussi
quelques traces d'hydrocarbures dans la Basilicate sur des
affleurements éocènes et miocènes.
En Sicile, on a trouvé de l'huile bitumineuse à Agrigente,
et actuellement on exploite dans la province de Girgenti,
et surtout entre Callanissetta et Syracuse, des gisements
d'asphalte qui semblent provenir d'imprégnations pétro-
lifères que l’on retrouvera peut-être en profondeur.
La production totale de l'Italie a été, en 1896, de
2.524 tonnes de pétrole brut valant 644.470 francs. et
2,134 tonnes de pétrole raffiné valant 1.480.735 francs.
426 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ALLEMAGNE. — On trouve du pétrole dans le Hanovre où
il s'est formé dans le trias et au-dessous : à Limmer (pétrole
dans des sables néocomiens), à Vorwohle (asphalte dans le
Jurassique, Jura blanc); à Kænigsen, près de Colle, à Adesfe
et à Oberg, près de Peine et à Ælheim (pétrole dans les grès ter-
tiaires et jurassiques). Dans le Brunswick, il existe, à Wintjen-
berg et à Holzmunden, des gisements d’'asphalte importants
(Jura blanc) formant le prolongement des gîtes pétrolifères
du Hanovre. On a trouvé aussi du pétrole aux environs de
Carlsruhe (duché de Bade..
Alsace. — On rencontre en Alsace, au voisinage de gîtes de
sel et de sources salines (chlorures, bromures), des grès et des
sables bitumineux tertiaires à Pechelbronn, en veines de 0,80
à 4 mètres {avec grisou) ; des asphaltes existent dans les cal-
caires d'eau douce de Lobsann en couches de 1 mètre à
22,50 alternées. Ces bitumes et ces asphaltes sont accompa-
gnés de pyrite de fer. Enfin, depuis quelques années, la
région de Pechelbronn produit du pétrole provenant de
puits jaillissants. Les premiers sondages profonds datent
de 1883 (M. Lebel).
On peut encore citer les gîtes pétrolifères de Schwabweiller
sur le Bas-Rhin. :
La production de l'Alsace, en 1896, a été de 18.834 tonnes
métriques. Quatre nouveaux puits donnant de 50 à 120 barils
ont été ouverts en 1897.
L'Allemagne a produit en 1897, en tout, 23.303 tonnes de
pétrole valant 1.745.555 francs.
AUTRICHE-HONGRIE. — Galicie. — On trouve du pétrole Le long
du versantnord des Carpathes, en Galicie, à New-Sandec, Dukla,
Roriwne, Krosno, Kroscienko, Potok, Ropianka, Sanok, Lodyna,
Steinfels, Bandrow, Schodnica, Boryslaw, etc. Le pétrole est con-
centré dans les fractures, comme en Amérique et en Russie,
au voisinage des crêtes des plis anticlinaux, dans des grès
tendres à hiéroglyphes, intercalés entre les schistes néoco-
miens inférieurs de Ropianka et les grès de Libutza, au-
dessous des schistes éocènes à mélinite et des argiles mio-
cènes. Les selles pétrolifères productives sont larges de 50 à
300 mètres, selon les régions. A Boryslaw, le pétrole est
associé, dans des argiles salifères (saltztongruppe), à de
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 427
. l'ozokérite qui renferme du gypse et du sel; on rencontre,
dans ce même gisement, de la galène, de la blende, de la
calamine et du soufre.
Le pétrole que l’on pompe est mélangé d’eau et doit subir
une décantation. En profondeur la densité diminue et le ren-
dement augmente (50 0/0 d'huile lampante en moyenne).
Le débit moyen, rapporté au nombre total des puits et des
sondages, est faible (250 kilogrammes par jour). La faiblesse
de la moyenne de production des forages en Galicie tient au
grand nombre de puits et de sondages stériles creusés au
hasard. La Galicie compte au total près de 2.000 sondages
et 1.150 petits puits carrés creusés à la main. Il existe cepen-
dant des forages, comme à Potok, entre Rowne, Bobrka et
Krosno, qui ont recoupé à de faibles profondeurs (50 à
100 mètres) des couches pétrolifères jaillissantes fournissant
des centaines de barils par jour (1.500 barils de 150 kilo-
grammes environ par jour, pendant plusieurs mois).
La moyenne de rendement d'un puits productif foré
sur l’une des lignes de fractures dirigées parallèlement à la
chaîne des Carpathes, est de 50 à 10 barils par jour pendant
une année ou deux, 5 barils par jour pendant cinq ans,
puis { ou 2 barils pendant quelques années encore. La
profondeur moyenne des couches exploitées jusqu'à ce
jour est de 250 à 500 mètres. Il est probable que les forages,
poussés jusqu à 600 ou 800 mètres et même au-delà, donne-
ront un rendement plus considérable.
L'exploitation du pétrole en Galicie ne date guère que de
1878 et est faite en grande partie au moyen de sondages
canadiens (tiges en bois et trépan primitif); quelques son-
dages récents ont été faits avec des tiges en fer et des trépans
à chute libre. Avant 1878, on n'avait creusé que des petits
puits carrés de 1 mètre de côté, à faible profondeur.
A l'extrémité orientale de la chaîne des Carpathes, en
Bukoiwine et particulièrement à Kolomea, à Sloboda et à
Sergie-Putilla, on rencontre des traces très probantes de la
présence du pétrole (D — 0,823 à 17° C. d’après Engler).
Des recherches importantes sont entreprises dans cette
région.
La production de l'Autriche dépasse 3 millions de quin-
et,
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
taux métriques (300.000 tonnes) de pétrole léger, riche en
paraffine (D — 0,770 à 0,870), valant de 7 à 12 francs par f
baril. — Les exploitations de la Galicie s'étendent sur une ÿ
bande longue de 500 kilomètres et larg de 30 kilomètres |
environ.
Roumanie. — Les gisements de la Roumanie se trouvent,
comme ceux de la Galicie, à l'extérieur de la courbe formée
par le plissement de la chaîne des Carpathes; mais cette
chaîne ayant la forme d'un U, dont les branches sont dirigées
au nord-ouest et au sud-ouest, les gisements pétrolifères
de Roumanie se trouvent au sud-est des Carpathes; ils ont
dû être amenés au jour par la même poussée que ceux de
Ja Galicie. | <
En Roumanie, les pétroles (densité — 0,810, en moyenne)
sont localisés, le long des Carpathes, dans les fractures du
Salzthongruppe (couches gypseuses néogènes en relation avec
des gisements de sel). L'industrie du pétrole commence à se
perfectionner dans ce pays par l'introduction des méthodes
américaines. Les centres de production, situés surtout dans
le terrain à paludines, sont Tergowitz, Kampina, Dimbovitza,
Baicoi, Prahova, Buzeu, Monesti, etc.
La production longtemps faible, à cause du manque de
moyens de transport et de l'imperfection des méthodes
d'exploitation, atteint actuellement environ 16.000 wagons de
10.000 kilogrammes par an, qui se vendent seulement
de 200 à 400 francs par wagon, à cause du développement
rapide de l'extraction et de la difficulté de trouver des
débouchés, faute de moyens de transport. Il existe en Rou-
manie 175 exploitations, 70 avec sondages productifs, et
56 sondages sans production ou épuisés, 882 puits à la
main productifs, et 586 puits sans production ou épuisés.
Les puits sont peu profonds : ils ont servi à exploiter le
niveau pétrolhfère supérieur, situé entre 70 et 110 mètres de
profondeur. Les sondages plus récents servent à l'exploita-
tion du second niveau reconnu, situé à 300 mètres en-
viron.
Russie. — On trouve des gisements dé pétrole dans les 3
terrains tertiaires supérieurs, tout le long du Caucase {Bakou
dans la presqu'ile d'Apchéron sur la Caspienne, Grosny,
Taman dans le Kouban, près de la mer Noire, Kertsch en
Crimée, etc.) et dans le Jurassique (Koutaïs). .
Bakou. — Les gisements de Bakou sont connus depuis la
plus haute antiquité (Temple du feu). Depuis la suppression
du monopole de l'Etat (1801-1877), la construction du
chemin de fer transcaucasien (Batoum à Bakou) et des
pipe-lines, les sociétés d'exploitation de pétroles russes (Nobel,
Rothschild, etc.) font une grande concurrence aux pétroles
américains.
Les principales exploitations se trouvent au milieu du
plateau central de la presqu'île d’Apchéron (Swrakhany,
Sabountchi, Balakhany, Souvakhany) dans des couches per-
méables, sables ou grès oligocènes (ou néogènes comme à
Sabountchi). Il n’y a aucune régularité dans les couches, qui
sont à des profondeurs très variables. On constate actuelle-
ment dans les exploitations une tendance générale à l’appro-
fondissement des puits par suite de l'épuisement des réser-
voirs supérieurs. On distingue, comme en Amérique, les puits
jaillissants (flowing wells) et les puits ordinaires, où l’on
puise le naphte (pumping wells). On sonde à la tige ou à
la corde; les puits, qui ont de 0,23 à 0,38 de diamètre, sont
tubés en tôles de 5 millimètres. Le tube supérieur (en fonte)
est muni d'un chapeau de fermeture; mais souvent le jet
des flowing wells est assez puissant pour chasser le tubage
hors du puits. Il vient beaucoup de sable avec le pétrole, ce
qui use rapidement les tubages. Quand les puits cessent de
Jaillir, on extrait le pétrole avec des pompes ou avec des
seaux, fixés à des cäbles enroulés sur les bobines de petites
machines d'extraction; le jaillissement est souvent inter-
mittent, il s'arrête et reprend après curage. Les puits durent
environ deux ans, avec un débit de 5 tonnes en moyenne;
quelques forages ont un rendement énorme, au moins pen-
dant quelques mois; mais les productions énormes sont dan-
gereuses surtout à cause des incendies. La fameuse fontaine
des Ingénieurs russes {août 1887) donnait 500 tonnes par
jour avec un Jet de 60 à 80 mètres de hauteur qui entrainait
beaucoup de sable et de gaz; elle produisit des dégâts consi-
dérables sur les terrains avoisinants, parce qu’on ne put la
fermer qu'au bout de six semaines,
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 429
430 SE GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Le pétrole russe, dont la densité est de 0,820 en moyenne,
est transporté par des pipe-lines à Bakou, où on le distille
dans des chaudières de 16 tonnes, avec brassage à la vapeur ;
on transporte le pétrole au moyen de navires-citernes (tank
steamers), que l’on remplit avec des pompes et que l’on vide
ensuite de même dans des wagons-citernes ou dans les
grands réservoirs des ports de mer (Hambourg, Amsterdam,
Anvers, etc.) Les mazouts, ou huiles lourdes, sont très
employés en Russie par la marine et par les chemins de
fer pour le chauffage des chaudières et des locomotives.
Taman. — Les pétroles du Kouban (Taman, Caucase occi-
dental), également connus depuis fort longtemps, sont
exploités surtout depuis 4883. Ces pétroles sont situés dans
le tertiaire (du miocène au pliocène), sur le versant nord de
l’arête centrale du pays. Il existe, dans la région, de nom-
breux volcans de boue. Le principal centre d'exploitation
est Illsi (Iskaïa), où l'on trouve trois niveaux que l’on
exploite par des puits de 30 à 150 mètres, avec tubages per-
forés. |
La durée de rendement d'un forage est de quatre mois au
minimum, avec une production moyenne de 3.500 à 4.000
litres par Jour. La densité varie de 0,865 à 0,960 : on a ins-
tallé, posée sur le sol, une pipe-line pour 4.250 hectolitres
par jour, avec relais de pompes, d'Ilskaïa jusqu'à Novor-
rossisk sur la mer Noire, où il y a d'immenses réservoirs
de dépôt.
La production du pétrole, en Russie, a été de : 7.056.330
tonnes en 1895. valant 57.454.000 francs.
En 1697, le port de Batoum a expédié les quantités sui-
vantes de pétrole russe : |
Pétroles bruts et résidus...... 11.247.820 gallons
Huiles de graissage......... ... 34.012.645 —
— d'éclairaseste ns . 39.246.950 —
Pétrôles rafinés ee 248.649.825 —
(Un gallon mesure 4lit,543.)
En 1899, la Russie a produit environ 100 millions d'hecto-
litres de pétrole brut.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 431
AUTRES GISEMENTS PÉTROLIFÈRES EN EUROPE. — Les autres
gisements pétrolifères que l’on rencontre en Europe sont
moins importants et moins connus.
En Angleterre, certaines houillères du Lancashire et du
Shropshire, ainsi que les tourbières de Down-Holland près
d'Ormskirch, sur la côte nord de la Mersey, renferment du
pétrole et des sources de bitume, mais en quantités insuffi-
santes pour alimenter une exploitation industrielle.
En Espagne, on trouve quelques suintements de pétrole,
particulièrement aux environs de Cadix, à Conil, et dans la
région de Grazalema.
En Portugal, on exploite l'huile minérale dans le crétacé
(district du Leira), non loin de Monte-Real.
En Dalmatie et en Albanie, on connaît des gisements
pétrolifères, ainsi que dans l’île de Zante et à Nymphaum.
En Croatie, des gisements existent aux environs d’Agram
(Koprenitz), mais n’ont pas d'importance industrielle.
GISEMENTS DE PÉTROLE EN ASIE
Chine. — En Chine il existe de nombreux gisements de
pétrole ; mais ils sont peu exploités; les Chinois recueillent
simplement l'huile minérale, qu'ils rencontrent dans les puits
qu'ils forent pour exploiter le sel.
La province de Setchouan renferme plusieurs milliers de
ces puits; dans la province de Chan-Si, il existe d'impor-
tantes traces de pétrole avec dégagement de gaz combustible
(Ho-tsing — puits à feu); une Compagnie française s’est
formée pour exploiter les gisements de cette région.
Japon. — Au Japon il existe des exploitations de pétrole
dans plusieurs districts, Près de Nagaoka, 60 puits de 180
à 450 mètres de profondeur ont donné, en 1894 et en 1895,
environ 1.200 hectolitres par jour ; mais leur production s’est.
abaissée depuis lors à 409 hectolitres. La plupart des puits
ont, au Japon, un débit lent et peu abondant. Le pétrole
japonais est, en général, peu éclairant et doit être mélangé
avec de l'huile américaine. Une raffinerie pouvant traiter
320 hectolitres par jour a été construite à Nagaoka Les
432 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
autres districts pétrolifères sont ceux d'Idzumosaki et d'Ama- :
semaki, connus depuis l’an 615 après Jésus-Christ, dans la
province d'Echigo. La profondeur des puits varie de 120 à
720 mètres ; leur débit est faible. Au Japon, les autres régions
pétrolifères sont celles de Migohoji et de Kusodzu, où l’on
compte près de deux cents puits d'exploitation.
Le Japon a produit, en 1895, 270.000 hectolitres de
pétrole.
Iles de la Sonde. — A Java il existait, en 1897, dans les dis-
tricts de Lidah, de Sourabaya, de Koetéi et de Panolan, une
soixantaine de puits ; quelques-uns ont un débit journalier
de 2.400 barils. À Sumatra, des sociétés récemment consti-
tuées exploitent des gisements pétrolifères dans les rési-
dences de Samarang et de Palembang.
Indes. — Aux Indes, la Burmah Oil C° exploite les
gisements de la Birmanie supérieure. Les anciens puits, à
Arracan et à Kodaung, dans le district de Yenangyoung sur
l'Iraouaddy, avaient 150 mètres de profondeur et donnaient
de 5 à 20 barils par jour; ces puits ont atteint 300 à
360 mètres. A Yenankyet (15 kilomètres de Padang), égale-
ment sur l'Iraouaddy, la Société des pétroles de Burmah a
ouvert 25 puits de 300 mètres environ, donzant de 15 à
20 barils par jour. Cette société possède, près de Rangoon,
deux raffineries pouvant traiter ensemble plus de 6.000 tonnes
de pétrole par mois. Dans la Birmanie inférieure on trouve
du pétrole dans le district d’Assam, à Pathar, à Digboi et à
Makum, où la Assam Railways and Frading C° a ouvert de
nombreux puits.
Il existe aussi des gisements de pétrole au nord-ouest de
l’'Hindoustan, dans le Pendjab; mais l'éloignement de cette
province, la difficulté des communications et le climat ont
empêché la mise en exploitation de ces pétroles.
La production du pétrole aux Indes a atteint 15.057.094 gal-
lons de 4lt543, en 1896, représentant une valeur de
1.193.350 francs.
Perse, Asie Mineure et Palestine. — La Perse renferme plu-
sieurs gisements pétrolifères, dont quelques-uns ont été
cités par Hérodote : on peut noter ceux d'Ardericca, près de
Suze, de Herbuck et de Tuzkurmeti, au sud d’Arbela, sur le.
#4
À : 2 RE
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 433
plateau d'Iran près de Burr, dans la vallée de Jérabi, et à Chu-
sistan.
Dans la Judée et dans l'Arabie Pétrée, on rencontre aussi
des manifestations pétrolifères. Enfin, les formations asphal-
tiques de la mer Morte doivent être en relation avec un gise-
ment pétrolifère, voisin de la chaîne des monts du Khorassan
qui relie la région pétrolifère de l'Himalaya à celle du
Caucase.
On peut citer aussi les gisements de Zaho dans le Kurdis-
tan, près de Bagdad, et ceux de Mossoul dans la vallée du
Tigre.
GISEMENTS DE PÉTROLE EN AFRIQUE
Égypte. — En Afrique, on a trouvé du pétrole dans
quelques terrains de l'Égypte, au pied du mont Djebelzeit,
près du canal de Suez, et dans la presqu'ile de Samsah,
au sud de Suez. Les recherches entreprises dans ces gise-
ments n'ont donné lieu, jusqu à présent, à aucune exploi-
tation.
Algérie. — Il existe aussi quelques gisements pétrolifères
en Algérie dans l'arrondissement de Mostaganem (province
d'Oran), sur le versant du Dahra : celui d’Aïn-Zeft, découvert
il y a une vingtaine d'années et exploité depuis 1895 à l’extré-
mité de la plaine du Chéliff, entre la mer et le chemin de
fer d'Oran à Alger (profondeur du niveau pétrolifère
— 400 mètres); celui de Lhillil, à 70 kilomètres de Mosta-
ganem, exploité depuis 1898. Le premier niveau pétrolifère
y a été rencontré à une cinquantaine de mètres de profon-
deur. L'huile extraite a une densité de 0,790 et renferme
71,5 0/0 d'huile lampante. Le pétrole semble se trouver dans
des marnes calcaires, avec bancs de grès intercalés.
Congo. — Il existe au Congo quelques sources de pétrole
oxydé, dans la province d’Angola, sur le Bas Ogooué, sur les
bords du lac Isanla, et dans la région de Fernand Vaz.
Aucune recherche sérieuse n'a été faite dans ces régions
qui mériteraient cependant d’être étudiées avec soin.
Afrique Australe, — On assure qu'il existe dans la région
GÉOLOGIE. 28
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
du Cap, près de Rainbow Flake, des traces de pétrole, avec
dégagement de gaz inflammables. Nous n'avons pas pu
vérifier cette indication.
GISEMENTS DE PÉTROLE EN AMÉRIQUE
Les pétroles d'Amérique se trouvent dans des terrains
d'âge divers, affleurant le long des chaines de montagnes:
terrains anciens (permocarbonifère, dévonien, silurien) de
l'Ohio, de la Pensylvanie et du Canada le long des Alleghanys;
pliocène de la Californie; crétacé du Colorado et du Névada
le long des Montagnes Rocheuses. Les nappes de pétrole sont
emmagasinées sous pression dans des réservoirs souterrains
d'où elles jaillissent vers le sol quand on vient à percer les
couches imperméables supérieures. Les gisements de pétrole
de la Pensylvanie, de l'Ohio et du Canada sont les plus
importants de l'Amérique.
AMÉRIQUE DU NORD. — Pensylvanie. — En Pensylvanie, les
gisements sont concentrés à l’est et au sud de Pittsburg,
notamment dans le bassin de l’Alleghany, affluent de l'Ohio
(districts de Crawford, de Bradford, de Forest, de Venango, de
Warren. de Parker, d'Armstrong et de Butler). On trouve le
pétrole dans des couches de schistes régulières, mais partout
plissées, depuis le dévonien de Portage Chemung jusqu'au
houiller de Pensylvanie, le long de la chaîne des Alleghanvys.
La formation pétrolifère paraît appartenir au permien; mais
elle a été amenée au jour par un soulèvement du début du
tertiaire qui a provoqué un mouvement de bascule avec relè-
vement vers l’est. La Pensylvanie avait été affectée aupara-
vant par un soulèvement post-carbonifère suivi d'une éro-
sion et d'un dépôt de terrains triasiques en discordance sur
le permien. Le trias a été recouvert, après une érosion
jurassique, d'un dépôt crétacé qui masque ces diverses for-
mations.
Près de Pittsburg, il existe trois niveaux de sables et de grès
pétrolifères, séparés par des couches de 100 mètres de schistes
argileux stériles; le troisième niveau 200 à 400 mètres de
profondeur environ) est le plus productif. Les grès pétrolifères
de Butler appartiennent à l’anthracifère inférieur; ils sont
«à
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 435
moins riches que les grès dévoniens de Venango, de Warren
et de Mac Kean. Partout les parties inclinées des plis sontles
moins favorables pour les recherches.
Tantôt le pétrole jaillit, tantôt il faut le pomper. On le
transporte au moyen de tuyaux de 0,15 de diamètre, résistant
à 140 kilogrammes de pression par centimètre carré, qui tra-
versent des États entiers (ligne de Rixford à Williamsport
— 168 kilomètres) et dans lesquels des pompes refoulent le
pétrole.
La Pensylvanie avait produit, en 1889, 35 millions de barils
provenant surtout du troisième niveau pétrolifère. Aujour-
d'hui la production a sensiblement diminué, et un dixième
des puits foncés est stérile. Le forage des trous est géné-
ralement fait par le système de sondage à la corde, que l’on
peut employer facilement, grâce au peu d'inclinaison des
terrains. On peut compter qu'un puits productif dure deux
ans, en donnant 1.500 litres d'huile par vingt-quatre heures. Le
pétrole pensylvanien est verdätre et donne à la distillation
70 à 85 0/0 d'huile lampante. Les propriétaires des terrains
pétrolifères touchent un droit variant de 10 0/0 à 50 0/0 de
l'huile extraite et une indemnité de 1.000 à 5.000 francs l’acre,
suivant les districts.
Le pétrole de Pensylvanie à une densité de 0,800 à 0,825.
Californie. — En Californie, les puits de Los Angeles (mio-
cène de la Sierra Nevada) ont produit, en 1897, 1.070.000 ba-
rils ; les puits moyens débitent de 5 à 50 barils de 159 litres
par jour; les meilleurs puits donnent 75 barils.
Texas. — On a découvert du pétrole dans le Texas, à
500 mètres de profondeur; la qualité de l'huile est intermé-
diaire entre celles des huiles de la Pensylvanie et de l'Ohio.
Ohio. — Dans l'Ohio (Washington Duck creek) on trouve
du pétrole aux environs de Mecca (comté de Trumbull, dans
le Washington, et près de Balden (comté du Lorrain).
Tennessee, Kentucky, Illinois, Michigan, Colorado. — Les
autres gisements des Etats-Unis, les plus importants, sont
ceux de Columbiana, de Slippery-Rock, de Smith’s-Ferry, de
Montirello (pétrole lourd employé comme lubrifiant), de la
rivière du Cumberland (rendement considérable), de Chicago,
de Saint-Louis (pétrole très dense), de Canon City, dans
436 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
le Colorado (argiles schisteuses crétacées très riches, en
pétrole), etc.
Aux États-Unis, la production de pétrole, en 1897, en barils
de 159 litres, a été :
Ohio (Lima excepté). |
vo des Apa- New-York.......... 34.724.700 barils
ACRÉS eee Pensylvanie ........ |
Virginie occidentale. |
Ghio/(district de Lima seul} 5: 15.307.376 —
CAO RIe = re RE me re 1.070.000 —
Colorado rer mere RAS 650.000 —
mana À. RS RS RE EN STE E 4.353.138 — :
RANSAS EE CR ue nie Co COR 90.000 —
YONNE Au done de a To 15.000 —
Arena M CR ee 8.000 —
soit un total de 8.938.696.026 litres représentant un poid
de 7.972.579 tonnes et une valeur de 224.024.810 francs.
Canada. — Les pétroles du Canada, légers (D — 0,795) et
de couleur sombre, sont accumulés dans des calcaires silu-
riens ou cambriens (d'âge mal déterminé) surmontés par
des schistes, le long d'un pli anticlinal voisin de Dereham.
Ils contiennent beaucoup de débris de mollusques et de crusta-
cés. Le centre des exploitations se trouve dans le comté de
Lambton, principalement près de Petrolia sur le territoire
d'Enniskillem. L'huile est recueillie entre 80 et 150 mètres
de profondeur, dans des couches de schistes et de marnes
appelées soapstone dans le pays. Le pétrole du Canada est
mélangé d'eaux sulfureuses; l'odeur qui s'en dégage a été un
obstacle à son exploitation, pendant longtemps; aujourd'hui
le raffinage permet de l'employer pour l'éclairage.
Au Canada, la province d'Ontario a produit 608.490 barils
en 1897; les principaux districts producteurs sont, avec ceux
de Petrolia (Ontario), ceux de Gaspé Basin (Québec) et des
provinces du nord-ouest. — La production totale du Canada
a été, en 1897, de 709.857 barils de pétrole brut valant
5.057.730 francs. |
Les puits du district de Rootenay dans la Colombie britan-
|| Nés LE TT EURE dd
| LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 437
nique prennent beaucoup de développement ainsi que ceux
de la vallée de Mackenzie dans le territoire du nord-ouest.
Mexique et Terre-Neuve. — On connaît encore en Amérique
des gisements pétrolifères à Oaxaca (Mexique), et le long de
la mer, à Terre-Neuve, où l’on recueille de l'huile de très
bonne qualité.
Antilles. — Aux Antilles il existe des fontaines de pétrole
dans l'ile de Cuba, à l’est de la Havane, à Casualidad. L'huile
jaillit de fissures qui se trouvent dans la serpentine.
L'ile de Saint-Domingue renferme du pétrole, près d’Azua,
le long de la rivière Agua Hediondo (Stinking-water).
AMÉRIQUE DU SUD. — De même que les gisements pétroli-
fères de l'Amérique du Nord longent les Alleghanys (Pen-
sylvanie, Virginie, Illinois, Tennessee, Kentucky, etc.) et
les Montagnes Rocheuses (gisements de la Sierra Nevada,
Californie, Névada, Colorado, Mexique); ceux de l'Amérique
du Sud sont concentrés le long de la Cordillière des Andes,
depuis le Vénézuéla jusqu'au Chili, en s'étendant dans la
Colombie, le Pérou et la Bolivie.
Depuis quelques années de nombreuses recherches ont
été entreprises le long des Andes sur la côte du Pacifique.
Il est certain que la découverte de centres d'exploitation
importants, sur les bords de l'Océan Pacifique, créerait une
concurrence redoutable pour les pétroles de Pensylvanie qui
sont grevés de frais de transport considérables pour atteindre,
par chemin de fer, les contrées occidentales de l'Amérique;
mais les gisements pétrolifères des Andes se trouvent en
général dans des contrées très accidentées et peu fréquen-
tées, dépourvues de population ouvrière et nécessitent des
dépenses considérables pour être mis en exploitation
(créalion de voies de communication,de maisons d'habitation,
transport desappareils de sondage et des matériaux de cons-
truchion au milieu de terrains bouleversées et à de grandes
distances, installation de ports ou de quais d'embarquement
sur le Pacifique, achat de bateaux-citernes, etc.), et jusqu'à
présent les tentatives d'exploitation n’ont pas donné les résul-
tats qu'on est en droit d'espérer dans une région où le pétrole
existe en abondance et souvent à de faibles profondeurs.
Vénézuéla. — Les gisements pétrolifères des Antilles se
438 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
continuent à partir de l'île de la Trinité, dans le Vénézuéla,
le long de la chaine de Caracas qui va rejondre, au lac
Maracaïbo, la branche nord-est de la Cordillère des Andes.
Il existe quelques gisements pétrolifères qui semblent
présenter une certaine importance, à l'ouest du lac Mara-
caïbo dans l'État de Zulia, à Encontrado (district de Colon).
Les imprégnations pétrolifères se trouvent dans les grès
dévoniens, à une profondeur de 300 à 400 mètres, et pro-
bablement aussi dans le calcaire silurien (limestone) que
l’on rencontre, comme en Pensylvanie, à la base du dévonien.
Plus près du lac Maracaïbo, on rencontre entre le Rio-Teca
et le Rio-Zulia, un banc sableux d'une cinquantaine de
mètres de longueur, qui laisse jaillir du pétrole par diverses
fissures. Les habitants du pays emploient ce pétrole pour
s'éclairer, pour graisser les roues de leurs voitures et pour
goudronner leurs bateaux.
Pérou. — Le Pérou contient de grandes quantités d’hydro-
carbures, principalement dans les terrains tertiaires de sa
partie septentrionale, entre la Cordillière des Andes et
l'Océan Pacifique ; on peut évaluer la superficie des terrains
pétrolifères du Pérou à plus d’un million d'hectares, répar-
iis le long d'une bande de 250 kilomètres de longueur et
de près de 100 kilomètres de largeur, entre le cap Blanc et
le Rio-Tumbez, depuis l'Océan jusqu'aux monts d'Amotape.
Cette région renferme des argiles parfois bitumineuses, avec
des veines de gypse; on y rencontre deux niveaux pétroli-
fères : l’un, à 60 ou 80 mètres de profondeur, est connu à Grau
et à Tucyllal; l'autre, entre 200 et 300 mètres, est exploité à
Zorrito ; il a été recoupé également à Grau et à Tucyllal. Il
est probable qu'en profondeur on rencontrerait encore
d’autres horizons pétrolifères.
Bolivie. — Le sud de la Bolivie renferme des gisements
pétrolifères qui paraissent importants, mais qui sont peu
connus. À Plata, à Cuarazuti et à Piguerenda, le pétrole coule
en ruisseaux de 2 mètres de largeur et de 02,20 de pro-
fondeur. Aucune exploitation sérieuse n’est venue jusqu'à
présent explorer ces gisements, et il est difficile de se pro-
noncer sur leur avenir.
Dans la République de l'Équateur et dans la République
2
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 439
Argentine,on retrouve destraces d'hydrocarbures quiindiquent
une certaine continuité dans la bande pétrolifère des Andes.
L'étendue considérable des terrains imprégnés d'hydro-
carbures dans l'Amérique du Sud permet d'espérer que
l'on trouvera dans ce pays des ressources abondantes en
pétrole.
GISEMENTS DE PÉTROLE EN OCÉANIE
Australie. — On peut citer en Australie les gisements du
nord-est de Jéricho en Tasmanie, et ceux de la Nouvelle-
Galles du Sud à Narrabem, près de Sydney, où le pétrole est
accompagné d'un dégagement abondant de gaz.
Nouvelle-Zélande. — En Nouvelle-Zélande, on connaît les
gisements de Manutahi et ceux de Waiapu sur la côte ouest
de la région d’Auckland. Le pétrole de la Nouvelle-Zélande
se recueille à une profondeur de 200 à 300 mètres et fournit
70 0/0 environ d'huile lampante.
BIBLIOGRAPHIE DU PÉTROLE
1870. Fouqué et Gorceix, Recherches sur les sources de qaz inflam-
mables des Apennins el des lagoni de la Toscane (Annales
des Sciences géologiques, t. I, p. 1).
1870. Baumbauer, Recherches sur les huiles du pétrole dans les
Indes et l'Orient (Monileur scientifique, p. 53).
1871. Byasson, Sur l’origine du pétrole (C. R., t. LXII.
1872. Dupaigne, Le Péfrole, son histoire, sa nature (Paris, in-18).
1872. Fuchs et Sarazin, Sources de pétrole de Kampina (B. S.G.,
PSC, 0-1, p- 254).
1871. Mendeléeff, Sur l’origine du pétrole(B. S.C. P., t. I; Revue
scientifique de la France et de l'Étranger, 2° série, 1° année).
48711. Henry, Sur le pays de l'huile dans l'Amérique du Nord
‘Industrie minérale; Comptes Rendus, août).
1817. Bidou, Gisement des bilumes, pétroles, etc.,des provinces de
Chieti el de Frosinone, et traitement à Letto-Manoppello (in-
4°, à Sienne).
18717. Weil, Travail analytique et industriel fait sur un pétrole
d'Égypte (Moniteur scientifique, t. VII, p. 295).
1818. Henry, Note sur le pays de l'huile de l'Amérique du Nord
(Bulletin de la Société de l'Industrie minérale, 2° série, t. VII,
p. 135, Saint-Etienne).
phtet "4 es ans à dé sr: SEAT S AL ORe © CS TN D re ce NN ET TI RP TR
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
. Coquand, Pétrole de Taman (B. $S. G., 3° série, t. VI, p. 86).
. L. Favre, Gisements de bitume de Lobsann et de Pechelbronn
(Bulletin de la Société des Sciences naturelles, t, XI, p. 122,
Neufchâtel).
. Schützenberger, Recherches sur les pétroles du Caucase (Bul-
letin de la Société de chimie, P- nr
. Tournier, Les pétroles de Bakou (Nature, novembre, p. 38).
. Nobel frères, L'industrie du pétrole à Bakou (Saint-Péters-
bourg, chez Trenké).
. Syroczinski, Pétroles de Galicie (Revue universelle de Liège).
. Le Bel, Nofice sur les gisements de pétrole de Pechelbronn
(Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Coimar,
année 1885, p. #45).
. Stewart, Les pétroles du sud-est de la Russie (Annales de
Cuyper, t. XXT).
. Piedbœuf, Gisements pétrolifères de l'Europe centrale (Revue
universelle de Liège. t. XI).
. Deutsch, Lepélroleetsesapplications.1vol.in-8°, chez Quantin.
2. A. Leproux, Etat actuel de l'industrie du naphte dans la pro-
vince d'Apschérou (Annales des Mines, 9° série, t. Il, p.117).
. J. de Launay, Découverte de terrains pétrolifères dans la
Limagne (Génie civil. t. XXIT, p. 102).
. De Clercy, L'industrie des pétroles en Galicie (Génie civil,
t. XXII, p. 149).
3. G. Chesneau. L'industrie des huiles de schiste en France et
en Ecosse (Annales des Mines, 9° série, t. LIT, p. 617).
3. L.-D. Launay, Les richesses minières de Cuba (Bulletin des
Annales des Mines, 9° série, t. IL, p. 548.
. A. Clavier, Le Pétrole de Zante (Grèce), chez Barlatier et Bar-
thelet (Marseille).
. De Longe, Les Gisements de pétrole au Pérou (Génie civil,
t. XXVI, p. 167).
. Riche et Roume, L'industrie du pélrole aux Etats-Unis
(Annales des Mines, 9° série, t. V, p. 61).
. Redwood Holloway and Others, Trealise on the geographical
distribution and geological occurence of petroleum and
natural gas, etc. (Griffin and C*, London).
. A. Evrard, Les recherches de pétrole dans la province d'Oran
(Génie civil, t. XXXIII, p. 235).
1. F. Miron, Les huiles minérales (pétroles. schistes, etc.). 1 vol.
Masson, Paris.
. Pantukotf (traduction Kouindjy), L'industrie du naphte en
Galicie (Bulletin de la Société d'Encouragement, juillet,
p. 870 à 878).
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 441
III. — HYDROCARBURES VISQUEUX
Il est rare de rencontrer les hydrocarbures visqueux
(bitumes) à l'état pur; ils sont la plupart du temps mélangés
à des terres dont on doit les débarrasser.
Bitume, propriétés et usages. — On donne le nom de
bitume à des carbures d'hydrogène visqueux, renfermant,
outre le carbone et l'hydrogène, de l'azote, du soufre et de
l'oxygène : ce sont des pétroles condensés ou oxydés au con-
tact de l'air (le bitume de Judée ne contient cependant pas
d'oxygène). On emploie le bitume pour la fabrication des
vernis, du caoutchouc industriel, des couleurs {les couleurs
au bitume ont l'inconvénient de noircir à l’air). On introduit
généralement 7 à 8 0/0 de bitume dans les asphaltes. On
appelle pissasphalte un bitume glutineux et sableux.
Gisements. — On trouve les bitumes, mélangés à des
terres : filons nets du lac de Brai, de la Havane, de Ritchie en
Turquie, de la mer Noire, de la Judée, et nappes interstrati-
liées de Guaracaro (Trinité), du Kurdistan, de Senelitza
(Albanie), ou mélangés à des sables : Bugey, Chamalières et
Lussat en Auvergne, Chézery et Seyssel dans l’Ain et Bas-
tennes dans les Landes, d’où on les à extraits par simple
lavage à l’eau chaude. Ces derniers gisements n'ont qu'une
faible importance industrielle et sont d’ailleurs en partie
épuisés. Les calcaires et les schistes bitumineux n'’aban-
donnent le bitume que par une distillation ou un traitement
chimique,
France. — Sables bitumineux de l'Ain. — On trouve, dans le
département de l’Ain, des imprégnations bitumineuses, soit
dans les sables qu’on lave pour extraire le bitume simplement
mélangé, soit dans les calcaires kimmeridgiens auxquels la
matière bitumineuse s'assimile pour former un corps spécial
(asphalte). Citons les concessions de sables bitumineux de
Chézery, les gisements de Confort, de Pyrimont-Seyssel (Voir
le chapitre de l’Asphalte), d'Orbagnoux (calcaires kimmerid-
giens à texture schisteuse contenant 4 0/0 de bitume) et de
Saint-Champ-Chatonod (teneur : 8 0/0). On trouve aussi du
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
bitume dans le Puy-de-Dôme, où il suinte près de Clermont-
Ferrand, au puits de la Poix, à travers une pépérite
basaltique. — La production des bitumes et des matières
bitumineuses a été, en France, de 225.784 tonnes en 189,6,
valant 1.740.935 francs.
A Lussat et à l'Escourchade (Puy-de-Dôme;, on a trouvé des
amas bitumineux au milieu de sables arkosiques bréchi-
formes. A Lussat, les sables tenaient 7 à 8 0/0 de bitume
qu’on extrayait par lavage à l'eau bouillante ; on obtenait de
l'huile minérale par distillation. A la Bourrière, il existe un
gisement de nodules à 10 0/0 de bitume, disséminés dans des
argiles. A Malintrat, le bitume suinte d'une roche pépéritique.
GISEMENTS DIVERS EN EUROPE. — On connaît, en Europe,
quelques autres gisements de bitume : en Portugal, à
Granja, près de Monte-Real:; en Russie, près de Sisran
(Volga), etc. Enfin on trouve, en Albanie, à Selenitza, au
milieu de grès et de poudingues (pliocène supérieur), du
bitume noir brillant compact homogène très combustible
en amas lenticulaires avec étranglements et renflements épais
de 3 mètres, ou en brèches bitumineuses, dans des couches
d'argile grise compacte, entre les argiles bleues et les grès.
On y trouve aussi des stockwerks bitumineux constitués par
des argiles grises, contenant une infinité de filets ramifiés,
et des amas-couches réguliers avec nerfs de grès. L’allure du
gite fait supposer que le bitume s’est répandu par des fissures
du sol, dans les réservoirs supérieurs où s'est concentrée la
matière bitumineuse.
AsiE.— Bitume de Judée. — On recueille le bitume de Judée,
sur les bords de la mer Morte, où viennent s’échouer les
fragments qui flottent à la surface de la mer ; on suppose que
ce bitume est apporté de la profondeur par des sources ther-
males débouchant au fond du lac.
Lors des tremblements de terre, d'énormes masses de
bitume montent à la surface.
Les autres gîtes bitumineux de la Judée sont : ou des filons
bréchiformes au milieu de calcaires crétacés, ou des asphaltes
imprégnés qui s'étendent entre la mer Morte et les sources
du Jourdain (Wady-Sebbeh, Wady-Mahawat, Nebi-Musa,
Hasbeya, Tibériade).
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 443
À Wady-Sebbeh, on trouve des calcaires dolomitiques
imprégnés de bitume et traversés par un torrent.
A Wady-Mahawat, près du gîte de sel de Djebel Usdom, le
bitume, imprégnant des calcaires crétacés et des poudingues
adossés à ces calcaires, coule en stalactites.
Le gîte de Nebi-Musa, plus important, fournit un bitume
bleu noir imprégnant des calcaires crétacés, blancs, crayeux,
très fossilifères (inocérames, pectens, etc.).
Le gite d'Hasbeya, analogue au précédent, est moins riche
(bitume brun).
Kurdistan. — Parmi les gîtes sédimentaires de bitume,
on peut citer ceux du Kurdistan, en couches de 02,20 dans
des lits d'argile.
AMÉRIQUE. — Bitume de la Trinité. — On peut distinguer
dans l’île de la Trinité, située le long de la côte du Vénézuéla,
le gisement miocène du lac de Brai, d'allure filonienne,
où le bitume affleure à la surface du sol, et les couches plio-
cènes de Guaracaro.
1° Lac de Brai. — On trouve, au milieu des terrains mio-
cènes (calcaires, schistes, conglomérats, argiles), occupant
l’ouest de l’île, à 40 kilomètres au nord de Port of Spain, le
gisement bitumineux du lac de Brai (Pitch-Lake). Ce lac est
formé de bitume solide, bien que légèrement plastique,
parcouru par des ruisseaux pleins d’une eau sulfureuse
colorée. Le bitume paraît arriver au jour par deux ou trois
points d'émission, sans que le fait ait été nettement vérifié.
Le gîte de bitume est affermé par l’État pour 75.000 francs à
une Compagnie qui extrait par an 16.000 tonnes de bitume
rougeâtre à l’état brut (densité, 1,3); on épure cette matière
par fusion ou par dissolution dans de l'huile de schistes bitu-
mineux.
20 Le gite de Guaracaro, dansle district du mont Serrat, est
situé dans des terrains argilo-marneux, compris entre deux
falaises tertiaires érodées ; le bitume de Guaracaro ne donne
que 9,5 0/0 de cendres (au lieu de 47 0/0 au lac de Brai).
Solide et dur à la température ordinaire, il fond à 300
(D = 1,33); il contient 10 0/0 de soufre, 1 0/0 d'azote et
2 0/0 d’eau.
On connaît encore, en Amérique, les bitumes de Cuba
LE,
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
situés autour de Casualidad à l’est de la Havane, associés à
des serpentines (Guanabacoa, Bajurabayo, Banes); les gîtes
filoniens de Ritchie (Virginie occidentale), d'Hillsborough
(comté d’Albert dans le Nouveau Brunswick), recoupant des
grès et des schistes houillers et les gîtes sédimentaires du
Vénézuéla à Rio-Tara (pliocène), et de la Colombie.
IV.— HYDROCARBURES SOLIDES INCORPORÉS À DES ROCHES
Les hydrocarbures solides, incorporés à des roches, se
distinguent en schistes bitumineux et en asphaltes selon
qu'ils imprègnent des schistes ou des calcaires.
Schistes bitumineux. — On donne en pratique le nom de
pyroschistes ou de naphtoschistes à des schistes qui donnent
par distillation un goudron analogue au bitume, alors que les
schistes bitumineux proprement dits renferment des bitumes 4
tout formés qu'on extrait par un traitement à la benzine. 4
A part les schistes bitumineux du Mansfeld, que l’on traite 4
pour cuivre, et ceux d'Idria, qui donnent du mercure, les
schistes bitumineux fournissent en général des huiles de
_ schistes par distillations successives dans des cornues verti-
cales, avec traitement à l'acide sulfurique et à la soude.
Les schistes bitumineux sont employés pour la fabrication 4
des huiles de schiste et du gaz d'éclairage.
GISEMENTS EN FRANCE. — Autun (Saône-et-Loire). — Le
bassin d’Autun forme une dépression limitée par une cein-
ture de terrains anciens (orthophyres et tufs du culm,
granulites et gneiss) s'étendant entre Epinac, Verrière et
Igornay.
Cette cuvette est remplie par le houiller et le permien
représenté par des schistes bitumineux et des grès rouges. Les
schistes bitumineux se divisent en trois étages :
1° L'étage inférieur (concessions d'Igornay, de Lally et de
Saint-Léger-du-Bois), à la base duquel existe une couche
schisteuse (75 mètres) associée à des calcaires magnésiens et
renfermant trois bancs bitumineux exploités (3 mètres, 17,80
et 22,50 d'épaisseur; rendements d'huile brute : 4,50 0/0,
PRET TERRE DETENTE RENE 7 s
a de mit
dote ME de à td à: L pat AN
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 445
4,25 0/0 et 3,75 0/0 en volume). On y trouve la faune
permienne; mais la flore est nettement houillère ;
29 L'étage moyen, riche en bois silicifié et nettement per-
mien (concessions de la Comaille, du Ruet, de Dracy-Saint-
Loup, des Abots, etc.), formé de grès renfermant, dans le haut
et au centre, des couches minces de schistes bitumineux et,
à la base, une autre couche très importante (grande couche :
rendement, 5 à 9 0/0); on y rencontre quatre lits de schistes,
séparés par des barres d'argile blanche de 0,01 à 0,03
d'épaisseur;
3° L'étage supérieur schisteux (Millery, Surmoulin, Haute-
rive), très riche en bois silicifié, qui renferme des couches
minces de schistes bitumineux et une couche de boghead
de 02,25, exploitée pour gaz d'éclairage ; le gaz fourni a un
pouvoir éclairant double de celui du gaz ordinaire.
Ce bassin n'est exploité qu'à une faible profondeur jusqu'à
présent (60 mètres environ).
Buxières (Allier), — Il existe, près de Buxières-la-Grue, un
bassin permien, limité par desterrains anciens, qui comprend,
à la base, des schistes bitumineux (rendement, 5 à 70/0) repo-
sant sur une formation houillère et recouverts par des grès
et des schistes noirätres avec silex noir et calcaire fétide.
Le tout est surmonté par l'étage des grès de Bourbon (grès
blancs, argiles colorées) et par celui des grès rouges. On
trouve aux environs de Buxières un grand nombre de pois-
sons fossiles.
Les centres principaux d'exploitation sont : Buxières et
Saint-Hilaire (concessions des Plamores, de la Sarcelière, de
Buxières, de la Courolle et de Saint Hilaire).
Saint-Amand (Cher). — Dans le lias, on peut citer les
couches à poissons avec schistes bitumineux de Suint-Amand.
Menat (Puy-de-Dome). — On trouve à Menat un dépôt
lacustre miocène renfermant des schistes bitumineux noiï-
ràtres, feuilletés, qui donnent du noir animal par calcination
en cornues, et des cendres, utilisées comme tripoli, quand
on les calcine à l'air libre. |
On trouve aussi, en France, des schistes bitumineux dans
le Var (Fréjus), dans la Vendée (Vouvant), dans l'Ardèche
(Vagnas), etc.
446 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ALLEMAGNE. — On connaît en Allemagne les schistes bitu-
mineux houillers et permiens de Rokonitz, Weissig, Pilsen
et Kladno (Saxe et Bohême), et ceux du zechtein marin du
Mansfeld (schistes bitumineux cuprifères très riches en
poissons) dont il a été parlé au chapitre du Cuivre. On
exploite des schistes bitumineux liasiques à Reutlingen
(Wurtemberg).
Il existe aussi des gisements de schistes bitumineux à
Domanick sur la Petschora (Oural), appartenant au dévonien,
à Steyerdorf (Banat), appartenant au lias, en Italie, au
contact des lignites du Vicentin et du Véronais, et en Amé-
rique (pyroschistes à graptolites) dans le silurien inférieur
d'Utica, sur les bords de l’'Hudson et du lac Huron, et dans le
dévonien à Genessee et à Athabasca, ainsi qu'en Australie,
dans les couches supérieures du terrain carbonifère de la
Nouvelle-Galles du Sud.
BIBLIOGRAPHIE DU BITUME ET DES SCHISTES BITUMINEUX
4810. Lartet, Essai sur la géologie de la Palestine, etc. (Annales
des Sciences géologiques, t. I, p. 5).
4810. Jules Jaffre, Recherches sur les huiles minérales de Buxières
(Comptes Rendus, t. XIX, n° 12).
1875. Mongel, Nofe sur les gisements de bilumes fossiles des envi-
rons de Zaho (Kurdistan) (Annales des Mines, p. 85).
18717. Lartet. Exploration géologique de la mer Morte (chez Arthur.
Bertrand).
4880. Aymard, Schisles bitumineux d'Autun (Comptes Rendus de la
Sociélé de l'Industrie Minérale, p. 171).
1888. De Launay, Terrain permien de l'Allier (Bulletin de la Société
géologique, 3° série. t. XVI, p. 298).
1888. De Launay. Schistes bitunineux de Buxières (Revue scienti-
fique du Bourbonnais).
4892. De Morgan. Pétrole et biluine de Kondé-Chirin (Perse)
(Annales des Mines, 9° série, t. I, p. 221).
Hydrocarbures imprégnant des calcaires. — Asphalte. —
L'asphalte est un calcaire brun imprégné de matières bitu-
mineuses, dont la dureté croit en raison inverse de la tempé-
rature. La chaleur réduit ce calcaire en une poussière qui,
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 44T
comprimée dans un moule et refroidie, reprend sa dureté
première. Cette propriété est utilisée pour le pavage des
chaussées : l'asphalte broyé en poudre très fine est étendu
tout chaud sur un lit de béton de ciment, puis pilonné et
comprimé au rouleau. On emploie aussi le mastic asphal-
tique obtenu en chauffant de l'asphalte avec 70/0 de goudron
de schistes bitumineux. Ce mastic est coulé en pains de
25 kilogrammes; il est ensuite mélangé et chauffé avec
10 0/0 de bitume de la Trinité et 6 0,0 de sable de rivière,
puis étendu sur un lit de béton pour recouvrir les chaussées
ou les trottoirs.
GISEMENTS EN FRANCE. — Seyssel. — On exploite à Pyrimont,
sur les deux rives du Rhône entre Bellegarde et Seyssel, des
couches horizontales superposées de calcaires urgoniens
imprégnés de bitume. Les calcaires sont surmontés de sables
verts (molasse marine) également imprégnés de bitume, avec
brèche à galets d’asphalte à la base; dans ces sables, on
observe une alternance de bancs verts et de bancs noirs.
Auvergne. — Les principaux gites d'Auvergne sont ceux
de Pont-du-Château et des Roys, près de Clermont-Ferrand où
l’on exploite des calcaires bitumineux, appartenant à l'oligo-
cène (calcaire à Helir Ramondi) ; la teneur varie de # à 12 0/0
et augmente en profondeur.
Ardennes. — Il existe aussi des gisements de calcaire
asphaltique aux environs de Givet, dans les Ardennes; on les
exploite en blocs que l’on vend 60 francs le mètre cube ;
ils sont employés comme matériaux de construction.
Gard. — On trouve dans le Gard deux bancs d’asphalte
éocène très chargé de bitume, aux Fumades, à Saint-Jean-
de-Marvejols et au Mas-Chabert. La production de l’asphalte
en France a été de 17.717 tonnes, en 1896, valant
151.315 francs.
Suisse. — Le canton de Neufchâtel (Suisse) renferme de
nombreux gisements de calcaires bitumineux dont quelques-
uns sont pauvres (Saint-Aubin, Vallorbes, Chavamay, Orbe).
Les plus importants sont : celui des Epoissats, celui de Saint-
Aubin, celui de Noraigue et surtout celui du Val Travers qui
est exploité activement depuis vingt ans. Au Val Travers,
l’urgonien est représenté par le calcaire jaune inférieur à
F
Æ
:
:
RER TT
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
échinodermes et par le calcaire à caprotines riche en bitume,
situé au contact de marnes aptiennes, qui le séparent de
calcaires glauconieux aptiens légèrement imprégnés. Le
calcaire à caprotines a une teneur de 8 à 12 0/0. A Saint-Aubin,
c'est le calcaire à échinodermes qui est riche en bitume; le
bitume se trouve dans une fissure du calcaire oolithique
inférieur, aux Epoissats, et dans le bathonien, à Noraigue.
Italie. — On rencontre des gisements d'asphalte en Italie,
dans les Abruzzes, dans la province de «la Terre de Labour »
et en Sicile.
Les gisements des Abruzzes les plus importants sont ceux
de Tocco-de-Casauria,de Lettomanoppello, de San Valentinoet de
Rocca Morice, où l’on exploite, à ciel ouvert, un banc de calcaire
asphaltique de 30 mètres de puissance, dans le tertiaire. Il
existe d’autres couches plus profondes; mais leur exploita-
tion nécessiterait des travaux très coùteux relativement au
prix de la matière à extraire.
La roche de Rocca Morice donne 5 0/0 de bitume. Le prix
de revient d’une tonne d’asphalte est de 9 francs environ.
Les Abruzzes ont produit, en 1874, 7.600 tonnes de roche
asphaltique valant 11 francs la tonne.
Dans la « Terra di Lavoro », on connaît les gisements
d'asphalte de Monticello et de Castro dei Volsci.
En Sicile, on exploite l’asphalte dans le miocène, près de
Raguse à Tabuna, Leporino, Mafita et Materazi. L’extraction
a atteint, en 1894, 52.400 tonnes vendues 23 francs la tonne
(exploitation par galeries et piliers abandonnés).
Allemagne. — Les principaux gisements d’asphalte de
l'Allemagne sont ceux du Hanovre (jurassique), de la West-
phalie (crétacé) et de l'Alsace (tertiaire). Production :
61.552 tonnes en 1896, valant 566.740 francs.
Russie. — En Russie, à Lisran, il existe des calcaires tenant
jusqu à 30 0/0 de bitume, et des sables bitumineux. La produc-
tion de l’asphalte en Russie à été de 160.544 tonnes en 1894.
Autriche-Hongrie. — En Autriche-Hongrie, on exploite de
l’asphalte à Seelfed (jurassique), à Hæring (tertiaire); dans le
Tyrol, etc... La production de l'Autriche-Hongrie à atteint,
en 1894, 4.548 tonnes d’asphalte.
{mérique. — Dans l'île de Cuba on rencontre en abon-
+
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 449
dance de l’asphalte dans la baie de la Havane. Cet asphalte,
connu sous le nom de « chapapote », est très apprécié.
Dans la Californie, dans l'Utah et dans le territoire indien,
on exploite aussi un peu d'asphalte.
BIBLIOGRAPHIE DE L’ASPHALTE
1869-1870. Jauard, Description géologique du Jura Vaudoïs et Neuf-
châtelois (Berne). — Etudes sur l'asphalte et sur le bitume au
val Travers dans le Jura et la Haute-Savoie.
1880-1881. Pommerol, Age des tufs bitumineux et basultiques de la
Limagne (B. S. G., 3° série, t. 1X, p. 282, Paris).
1888. Malo, L’asphalle.
V. — HYÿprOCARBURES SOLIDES LIBRES
Les deux principaux hydrocarbures solides que l’on trouve
non incorporés à des roches sont l’ambre jaune ou succin
et l’ozokérite.
Ambre. — L’ambre jaune ou succin est une résine fossile
employée pour la fabrication de colliers, de tuyaux de pipes,
de fume-cigares et de fume-cigarettes.
Le succin brûle avec flamme et fumée en répandant une
odeur de résine. Il est électrisé par simple frottement.
Gisements de la Baltique. — On trouve de l’ambre en Alle-
magne, le long du littoral de la Baltique entre Memel et
Kônigsberg (Samland), dans des couches de sables glauco-
nieux (1,50 environ) de l’éocène supérieur, recouvertes de
sable glauconieux stérile (23 mètres), d'argile, de sable et de
lignite oligocène. L’ambre qui contient de nombreux insectes
(myriapodes, arachnides) est extrait par lavage. La produc-
tion est de 125.009 kilogrammes par an en moyenne.
Russie. — On trouve, en Courlande, le prolongement des
gisements de la Prusse orientale. La production y est de
2.000 kilogrammes par an, environ.
Sicile. — Les environs de Catane et les marnes tertiaires
de Gianetta (Sicile) produisent de l’ambre fluorescent.
On trouve aussi de l’ambre en petits grains dans les for-
GÉOLOGIE. 29
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
mations ligniteuses des environs de Paris, à Soissons (Aisne),
à Genvry (Oise), etc., dans les lignites lacustres du Gard, à
Mézérac et à Carsan, dans les lignites de Lobsann, en
Alsace, etc. |
La production totale de l’ambre dans le monde entier ne
dépasse pas 200 tonnes par an.
Ozokérite. — L'ozokérite (ou ozocérite, appelée aussi
paraffine naturelle ou erdwach) est un pétrole solidifié vert
brun, jaune ou rougeâtre, possédant une odeur aromatique
particulière; sa cassure est conchoïdale. L'ozokérite, qui
contient de 32 à 50 0,0 de parañffine, sert à fabriquer la cire
minérale (cérésine) qui tend à remplacer la cire d'abeilles et
la gutta-percha.
Le principal gisement d'ozokérite est celui de Boryslaw, en
Galicie. On a trouvé de l'ozokérite à Truskawice, Starunia,
Diwiniacz, en Galicie, à Slanick en Moldavie, à Urpeth en
Angleterre, à Libisch en Moravie, dans l'île Tscheleken (Cau-
case), dans l'Emilie (Italie) et dans l’Utah (Amérique).
Le production annuelle de l'ozokérite dans le mondeentier
varie de 15.000 à 20.000 tonnes, valant en moyenne 500 francs
la tonne.
Galicie. — À Boryslaw, on exploite des filons d'ozokérite
de 0,01 à 4 mètres, dans des schistes et des grès miocènes
bitumineux. L'exploitation est gênée par des dégagements
gazeux et des suintements de pétrole. En profondeur, l’ozo-
kérite diminue de consistance et semble tendre vers le
pétrole liquide.
L'ozokérite fondue, distillée et blanchie à l'acide sulfurique
ou au sulfure de carbone, donne de la cire blanche, ou cire
minérale.
Un syndicat possède la plupart des puits, dans les districts
de Boryslaw, Truskawice, Dwiniacz et Starunia. On comptait
en Galicie, à la fin de 1896, quarante-quatre mines donnant une
production de 7.200 tonnes, au moyen de trois cents puits.
La composition moyenne de l'ozokérite de Boryslaw est la
suivante : :
Huile légère, 6 0/0; huile lourde, 32 0/0; huile paraffine,
55 0/0: impuretés et matières diverses, 7 0/0.
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 451
Moldavie. — A Slanick (Moldavie), on exploite l'ozokérite
dans des grès bitumineux, non loin de couches de houille
et de sel gemme.
Caucase. — On trouve à Tscheleken (Caucase) l'ozokérite
en grains, dans des sables et des argiles pétrolifères.
Italie. — Dans les terrains tertiaires qui s'étendent au
Nord des Apennins, dans la région pétrolifère de l’'Emilie, on
a trouvé quelques gisements d'ozokérite. Les plus importants
sont situés dans la province de Bologne, près de Savigno.
L'ozokérite y existe en affleurements, associée à du
pétrole et intercalée dans des bancs de marne et de calcaire
qui ont été amenés au jour à travers l'argile écailleuse.
C'est de l'ozokérite blanche, pure et cristalline (hatchettina).
Au Mont-Falo, près du ravin de Lavina, on trouve aussi de
l'ozokérite déposée en grumeaux et en lamelles sur les
roches voisines de la surface, à peu de distance de failles
qui livrent passage à des émanations d'hydrocarbures.
Amérique. — En Amérique (Utah), on exploite une ozoké-
rite brun foncé formant une couche de 6 mètres d'épaisseur
sur 30 kilomètres de large et 100 kilomètres de long, dans
des bancs de craie.
BIBLIOGRAPHIE DE L'OZOKÉRITE ET DE L'AMBRE
3810. Ecploilation de l'ambre en Prusse (Annales de Cuyper,
t. XXVIE, p. 413).
1871. Heurteau, Sur lepétrole et l’ozokérile de Galicie (An.des Mines).
1884. Hassemplug, Sur l’ozokérile (Annales de la Société géologique
du Nord, t. XI, p. 253, Lille).
1885. Siroczinski, Revue universelle de Liège.
1887. Rateau, Sur l’osokérile de Boryslaw (An. des Mines, p. 141).
1888. Balen, Sur l'ozokérile de Boryslaw (Annales des mines, p.162).
1888. Przibilla et Syroczinski, Sur l’ozokérite de Boryslaw (Cuyper,
AY %p. 16).
1894. J. de Glerey. L'industrie de l’ozokérile en Galicie (Génie civil,
t. XXIV, p. 106).
\ LIRE
452 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
HYDROCARBURES HOUILLERS
On peut classer parmi les hydrocarbures solides le cannel-
coal et le boghead, qui se trouvent généralement au milieu de
gisements houillers; les premiers sont employés comme
combustibles; ce sont, en réalité, des charbons très chargés
en hydrocarbures; les bogheads sont plutôt des schistes bitu-
mineux. Les schistes bitumineux houillers portent quelquefois
le nom de cannel-coal quand leur teneur en cendre est faible.
Cannel-coal. — Le cannel-coal (de candle-coal, mot à mot
charbon-chandelle) est ainsi appelé à cause de sa richesse
en gaz qui permet de l’allumer facilement, comme une
chandelle.
Une tonne de cannel-coal fournit 330 mètres cubes de gaz.
Le cannel-coal a été formé par des débris végétaux, où
dominent des fructifications de cryptogames, des spores de
fougères, des grains de pollen, etc... Ces restes divers, plus
ou moins désorganisés, sont réunis par une substance
amorphe qui paraît avoir joui d'une certaine fluidité. Les
principaux gisements connus sont ceux de Commentry et du
Lancashire.
Boghead. — Le boghead forme des couches de quelques
centimètres à 1 mètre, dans le terrain houiller; il se ren-
contre depuis l'étage du culm jusque dans le permien.
C'est un charbon noir, à cassure conchoïdale, élastique
sous le choc et difficile à pulvériser.
Les bogheads sont très recherchés à cause des huiles et du
gaz très éclairant qu'ils donnent à la distillation. Le gaz du
boghead aun pouvoir éclairant triple de celui du gaz ordinaire.
Ce combustible est formé d'algues microscopiques houilli-
fiées, dont l'espèce varie avec le gisement.
Gisements d'Ecosse. — Le bassin houiller écossais est carac-
térisé par la présence de certaines couches très riches en
matières volatiles, formées : les unes, de cannel-coal com-
bustible tenant 86 0/0 de carbone, qui donne des cokes
compacts, plus ou moins boursouflés; les autres, de bogheads,
schistes bitumineux, servant à la fabrication des hydrocar-
bures {goudrons, naphtaline, etc.).
_ 1x Fifi Pt
- LR
sl
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS 453
Les hydrocarbures houillers d'Écosse, exploités à Torbane-
Hill, Boghead, etc., atteignent une production annuelle d’en-
viron 5 millions de tonnes; mais l'importation des pétroles
d'Amérique et de Russie tend à faire disparaître d'Écosse,
l'industrie des schistes bitumineux et, d'autre part, le perfec-
tionnement de l'industrie du gaz rend de plus en plus difficile
la vente du cannel-coal, qui, de 40 francs la tonne, en 1890,
est tombé à 20 francs en 1895.
Gisements divers. — On trouve du cannel-coal, en haies à
Commentry, où il tient 7 à 12 0/0 de cendres.
On en rencontre aussi dans le bassin de l'Illinois, dans le
Kentucky. La production du cannel-coal aux États-Unis a
atteint 56.500 tonnes en 1897; le prix de vente était, en
moyenne, de 18 fr. 75 par tonne.
On trouve du boghead à Commentry; on en rencontre
également dans le sud du Pays de Galles, où il renferme
des Reinschia australis, sortes d'algues microscopiques houil-
lifiées. On exploite aussi du boghead en Nouvelle-Ecosse,
à Fraser et à Hillsborough, et en Russie, dans le bassin de
Moscou où les bogheads du culm renferment des algues
rameuses (Cladiscothallus).
Les gisements de boghead et de cannel-coal sont, en somme,
assez rares, et la production de ces matières est relative-
ment restreinte.
CHAPITRE V
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE
En dehors des produits artificiels, tels que les engrais chi-
miques, les scories basiques, etc.,un grand nombre de miné-
raux sont employés en agriculture à l'amendement des
terres, pour leur rendre l'azote ou l'acide phosphorique
enlevé par les végétaux, ou pour leur procurer les éléments
dont elles peuvent être dépourvues. Pour qu'un corps puisse
être employé à ces usages, il faut qu'il soit répandu en
grandes quantités dans la nature, qu'il soit exploitable à peu
de frais, et que ses éléments soient parfaitement assimilables
à ceux du sol à enrichir. Les phosphates et les nitrates sont
les minéraux, utiles à la culture, qui remplissent le mieux ces
conditions.
PHOSPHORE ET PHOSPHATES
Emplois du phosphore et de ses composés. — Outre son
emploi à l’état de phosphore blanc ou rouge pour la fabrica-
tion des allumettes, le phosphore est utilisé, sous forme de
phosphate de chaux, pour la déphosphoration des fontes
peu phosphoreuses et pour la métallurgie du cuivre (procédé
Manhès) et du nickel. Mais l'application du phosphore la plus
étendue est actuellement son emploi en agriculture, pour
restituer au sol l'acide phosphorique enlevé par les végétaux
ou pour fournir de l'acide phosphorique aux terres qui en
manquent. On trouvera, dans les traités spéciaux d’agrono-
mie, les détails relatifs à l'application pratique du phosphate
de chaux ou des superphosphates à l'amendement des terres.
4
qe.
ee
4
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 455
Les phosphates employés dans l’industrie ou dans l’agricul-
ture sont : les phosphates de chaux naturels, que l’on ren-
contre en abondance dans un grand nombre de terrains, et
les phosphates artificiels, que l’on obtient par le traitement
des os et surtout que l’on extrait des scories métallurgiques
de déphosphoration (qui tiennent 17 0/0 d'acide phosphorique
en moyenne).
Au point de vue commercial, l’état de division et l’état
chimique des phosphates ont une grande importance. Plus
le phosphate est divisé, plus son assimilation est facile et
complète ; aussi emploie-t-on des moulins pour moudre les
phosphates en farine aussi fine que possible. La richesse
d'un phosphate en acide phosphorique s’évalue en phosphate
tribasique, soluble dans le citrate d’ammoniaque, l'acide
citrique étant considéré comme analogue aux acides conte-
nus dans les racines des plantes.
Les phosphates qui contiennent du fer et de l’alumine en
quantité notable sont dépréciés, car les phosphates de fer et
d'alumine sont insolubles dans le citrate d’ammoniaque; de
plus, le fer et l’alumine provoquent la transformation des
superphosphates en phosphate bicalcique insoluble.
Les phosphates sédimentaires sont les plus solubles dans le
citrate ; les phosphorites (ou phosphates à texture cristalline,
spéciaux aux gites filoniens) le sont moins; enfin les apatites
(ou phosphates cristallisés spéciaux aux roches éruptives) en
poches ou en filons sont presque insolubles.
GISEMENTS
Les gisements de phosphate de chaux peuvent se diviser
en trois catégories, selon leur mode de formation :
1° Gites sédimentaires. — Les gîtes sédimentaires sont les
plus importants : ils fournissent des phosphates en nodules.
La gangue d'argile, de glauconie, de sable ou de calcaire est
éliminée par lavage; mais ces phosphates, dont la teneur
varie de 20 à 60 0/0, contiennent des impuretés (silicates de
chaux, d’alumine et de fer). Les gîtes dans lesquels on trouve
ces nodules (30 à 40 kilogrammes par mètre carré) sont
456 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
très étendus (Ardennes, Argonne, Auxois, Caroline du Nord,
HuSSLe, EiG--.):
On exploite beaucoup, aujourd'hui, les craies phosphatées
pauvres que l'on enrichit par lavage et au milieu desquelles
on trouve des poches de sables phosphatés très riches, tenant
jusqu'à 37 0/0 d'acide phosphorique (Beauval dans la Somme,
Hardivilliers dans l'Oise).
20 Gisements dans les roches éruptives. — On trouve le phos-
phate de chaux à l'état d’apatite, soit concentré en masses
importantes dans les amphibolites, soit sous forme de cris-
taux isolés dans les gneiss, les micaschistes et les trachytes.
Ces gites sont peu nombreux (Canada, Norwège, Espagne);
ils n'ont qu'une importance secondaire, bien que les apatites
contiennent 70 0/0 de phosphate tribasique soluble et soient
très pures; mais il est impossible d'isoler mécaniquement
l'apatite, du quartz, ou de l’amphibole auxquels elle adhère.
De plus, les gites sont peu étendus et ne sont susceptibles
que d'une exploitation toujours restreinte.
3° (risements en filons, amas ou poches. — Les gisements en
filons contiennent du phosphate de chaux à l'état de phos-
phorite, souvent très riche en phosphate tricalcique et mé-
langé à du quartz rubanné ; dans les amas et les poches,
l'assimilation a été favorisée par des phénomènes de disso-
lution, et le mélange de phosphorite et de quartz porte le
nom de terre phosphatée. On trouve exceptionnellement
l'apatite en tilons à odde-garden, en Norwège. D'ailleurs, il
faut, dans les recherches, tenir compte de ce que les gîtes
de cette catégorie sont étendus et riches surtout aux affleu-
rements ; le quartz augmente rapidement en profondeur, et
l'appauvrissement en minerai est, en général, très rapide, ce
qui limite beaucoup la durée du gisement. On ne peut donc
en proposer l'exploitation que s’il existe un certain nombre
de filons à proximité les uns des autres, comme, par exemple,
dans le Quercy, le Nassau et la province de Cacérès.
1° GÎTES SÉDIMENTAIRES
Le phosphate est aussi abondant que l'oxyde de fer dans
les terrains sédimentaires. Les couches de nodules phosphatés,
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 457
qui se sont déposées le long des rivages des anciens bassins
marins, sont souvent très riches en coquilles fossiles autour
desquelles le phosphore s’est concentré; certains dépôts de
craie phosphatée sont dus à la phosphatisation d'os, d’écailles
et d’autres débris de poisson et de moules de foraminifères.
Quant au phosphore, il proviendrait soit de la décomposition
de corps d'animaux, soit de sources thermales, soit de la
dissolution de l'apatite des roches éruptives.
En passant en revue les gisements de phosphate de chaux
sédimentaires connus, dans les divers pays, on insistera
particulièrement surles gisements français, dont quelques-uns
ont une réelle importance.
(risements sédimentaires de phosphate en France. — On trouve,
en France, des gisements de phosphate dans la plupart des
étages géologiques.
Carbonifère. — Dans le carbonifère on a trouvé le phos-
phate de chaux à l’état de rognons,associé à du fer carbonaté
lithoïde, dans les argiles etles schistes argileux de Fins(Allier).
Trias. — On a signalé aussi la présence de nodules phos-
phatés dans les grès bigarrés (trias inférieur) du Var à Poujet
et à Fréjus, et de coprolithes, dans le trias de Lunéville.
Lias. — Le lias est très riche en phosphates, qui ont donné
lieu à des exploitations importantes sur plusieurs points du
terriloire français.
On connaît dans une partie du Morvan, entre Semur et
Avallon (Auxois), sur une superficie de 5.000 hectares, des
bancs de nodules phosphatés de 40 centimètres d'épaisseur,
que l’on a rencontrés dans les assises inférieures du lias
moyen et dans le lias inférieur (zone à Ammonites Buclilandi).
Ces nodules concrétionnés sont cimentés par un limon ferru-
gineux provenant de la décomposition du calcaire à gryphées :
arquées du lias inférieur. Leur teneur en phosphate est de
60 0/0 en moyenne (soit 16 0/0 d'acide phosphorique). L’exploi-
tation se fait à ciel ouvert. La production annuelle était
de 20.000 tonnes en 1880; elle a été de 10.000 tonnes seule-
ment en 1890. Le prix de revient d’une tonne de phosphate,
abatage, transport, traitement des nodules et frais généraux
compris, est de 55 à 60 francs, et le prix de vente, qui était
autrefois de 100 francs. est descendu, dans ces dernières
458 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
années, à 60 ou 70 francs, par suite de la concurrence.
Des gisements analogues existent dans le calcaire à
gryphées arquées dans la Haute-Marne, à Chalindrey ; dans la
Meurthe-et-Moselle, à Neufchâteau et Tomblaine, et dans les
Vosges, à Saudoncourt.
Dans la Haute-Saône, aux environs de Pomoyet de Vitrey,
on exploite à ciel ouvert deux lits de nodules phosphatés, d'un
blanc jaunûâtre, atteignant jusqu'à 30 centimètres d'épaisseur;
ces lits sont situés immédiatement au-dessus du calcaire à
gryphées arquées. Les nodules, qui contiennent 30 0/0 d’acide
phosphorique, sont séchés au soleil, puis au four, et moulus.
Sinémurien. — Dansle Cher, le sinémurien contient égale-
ment des nodules phosphatés à Germigny, gisement analogue
à celui qui est exploité à Argenton, dans l'Indre. Dans ce der-
nier département, on exploite, près de Neuvy-Saint-Sépulcre,
des nodules appartenant soit à la base du lias supérieur (zone
à Amimonites communis), soit aux couches moyennes (zone à
Ammonites radians de Thouars et de Saint-Maixent), soit aux
couches supérieures (zone à Ammonites opalinus). Le phos-
phate riche est blanc et poreux; la couche a une épaisseur de
15 à 20 centimètres et fournit de 60 à 100 kilogrammes de
nodules par mètre carré de découvert.
Jurassique. — Les phosphates du jurassique sont inexploi-
tables, à cause de leur état de dissémination (bajocien du Cal-
vados et de l’Anjou, oxfordien de la Nièvre et du Cher, kim-
meridgien du Calvados, etc.). ;
Crétacé. — Le crétacé est riche en phosphates ; cependant
les gisements du néocomien et de l’aptien sont très peu impor-
tants (nodules à 15 0/0 d'acide phosphorique dans les sables
à lignites de Fouchères, dans l'Aube).
Dans l’albien, au contraire, on exploite en France les phos-
phates des sables verts, de la base au sommet, ainsi que ceux du
gault et de la gaize. dont les affleurements entourent le bassin
de Paris et se retrouvent dans le Pas-de-Calais et le pays de
Bray.
Dans les Ardennes et la Meuse, les sables verts, formant
une couche horizontale, sont exploités sur beaucoup de
points (Montréville, Neuvilly, Dombasles, Grandpré, Saulce,
Monclin, etc.). Les exploitations, qui datent de 1855, se font
8
»
>
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 459
soit à ciel ouvert, soit en galeries. Les rognons compacts et
grisâtres forment un et quelquefois deux bancs de 10 à
20 centimètres, dans les sables, qui ont de 20 à 50 mètres
d'épaisseur; la teneur moyenne est de 18 0/0 d'acide phos-
phorique. Dans la Meuse, le poids du mètre cube de nodules
lavés est, en moyenne, de 1.500 kilogrammes, avec un
rendement à l’hectare qui varie de 800 à 1.300 tonnes.
La production des Ardennes est de 10.000 tonnes par an
environ, et celle de la Meuse, de 1.000 tonnes seulement.
Dans la Drôme et dans l'Ardèche, les nodules de l’albien
forment une série de lits assez minces au milieu des sables
verts (Saint-Paul-des-Trois-Châteaux, Clansayes, Saut-de-
l'Eque). Les nodules des sables verts du Bas-Boulonnais
(Fiennes, Audicthun), aujourd'hui abandonnés, produisaient,
avant l'ouverture des gisements concurrents de ia Somme et
de la Belgique, 20.000 tonnes par an environ.
On exploite depuis 1877, à Pernes, en Artois, à la base de la
craie glauconieuse, des phosphates noduleux en couches de
10 centimètres à 1 mètre. Ces couches reposent sur un lit
d'argile (gault) et supportent un banc de sables verts glau-
conieux, qui sont eux-mêmes recouverts par une marne
compacte, équivalent local de l'argile glauconieuse du tour-
tia. Le minerai, très recherché, est poreux et friable ; il con-
tient 27 0/0 d'acide phosphorique, de la potasse et de l'azote.
La production était, dans ces dernières années, d'environ
15.000 tonnes. Le gisement, étendu de plus de 200 hectares,
doit contenir encore près de 400.000 tonnes de phosphate.
Turonien. — Les nodules du turonien ne sont pas exploités
en France, parce qu'ils sont ou pauvres ou peu abondants. On
les rencontre dans la Sarthe, à Connerré (haut turonien) et
au Mans; on en rencontre aussi à la Ferté-Bernard, dans les
Ardennes, à Maure (base du turonien), et dans le nord, à
Lezennes, près de Lille.
Sénonien. — On exploite, depuis 1886, de très nombreux
gisements sénoniens de phosphate de chaux dans lés dépar-
tements du Pas-de-Calais (Auxi-le-Château, Bachimont, Hara-
vesnes, Buire-au-Bois, Orville, Nœux), de la Somme (Doullens,
Beauquesne, Beauval, Terramesnil, etc.), de l'Oise (Hardivilliers)
£t de la Sarthe (Dissay, Saint-Paterne, Chäteau-du-Loir). On
460 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
insistera seulement ici sur le gisement type de Beauval.
A Beauval, M. le géologue Mesle découvrit, en mai 1886,
des sables phosphatés à 78 0/0 de phosphate de chaux, rem-
plissant des cavités, ou tapissant les parois de poches en
forme d'entonnoirs plus ou moins réguliers, creusés dans la
craie supérieure, à la base de la craie à Belemnitella quadrata
et au-dessus de la craie à Micraster coranguinum (santonien) ;
les minerais sont recouverts d'une argile à silex rougeûtre.
L'argile provient de la dissolution des parties calcaires de la
craie argileuse à silex, qui surmontait la craie à Belemnitella
quadrata.
L'action de l'acide carbonique des eaux superficielles sur le
carbonate de chaux a enrichi la matière phosphatée, qui s’est
déposée dans les dépressions créées par l'érosion des couches
crayeuses. Quant à l'origine de la craie phosphatée, elle est
très discutée. Les phosphates sableux riches de Beauval
contiennent 40 0/0 d'acide phosphorique.
Les gisements d'Orville et d'Hardivilliers sont tout à fait ana-
logues à celui de Beauval.
La production des phosphates de chaux naturels, en
France, a atteint 568.000 tonnes en 1898, représentant une
valeur de 15 à 16 millions de francs.
(Grisements sédimentaires de phosphate en Belgique (Ciply). —
Le gîte très connu de Mesvin-Ciply, découvert en 1874, con-
siste en une masse de craie brunâtre grossière, stratifiée en
bancs réguliers ; le banc de craie contient, sur une hauteur
de 5 à 12 mètres, une infinité de grains bruns arrondis, de la
grosseur d’une tête d'épingle et constitués par du phosphate
et du carbonate de chaux, avec oxyde de fer et matières orga-
niques. Ces grains forment environ 75 0/0 de la craie brune,
qui tient de 25 à 30 0/0 de phosphate tribasique.
La craie brune phosphatée de Ciply est recouverte par un
cailloutis d'épaisseur variable à nodules phosphatés brunâtres
avec ciment calcaire (poudingue de la Malogne), qui se trouve
dans les poches creusées à la partie supérieure de la craie
brune ; quelques-unes de ces poches sont remplies d’un sable
brun ferrugineux tenant 60 0/0 de phosphate tribasique et
provenant d’un enrichissement local par les eaux, comme à
Orville. Le poudingue de la Malogne est recouvert par un
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 4G1{
calcaire friable, blanc jaunâtre, peu phosphaté (tuffeau de
Ciply..
Le tout repose sur la craie à Belemnitella micronata. La
craie de Ciply, qui ne tient, au maximum, que 30 0/0 de phos-
phate tribasique, subit un enrichissement à 50 0/0 dans
des usines de lavage. L'installation d'une de ces usines, pou-
vant traiter 200 tonnes par jour, coûte environ 100.000 francs.
La craie brute revient, rendue à ces usines, à 1 fr. 50 par tonne.
Le sable, après traitement, vaut de 20 à 40 francs par tonne.
Gisements sédimentaires de phosphate en Allemagne. — On
exploite, aux environs de Weilbourg et de Limbourg, dans le
Nassau, sur les bords de la Lahn, des nodules phosphatés
d'origine thermale, disséminés dans des schistes argileux
(kramenzel inférieur), qui s'étendent au-dessus de dolomies
et de calcaires dévoniens. Le minerai se trouve à l’état
d'imprégnation dans les schistes (5 0/0), comme à Eckholshau-
sen, ou dans des poches du calcaire à stringocéphales (comme
à Cubach), ou dans un limon tertiaire ayant une épaisseur de
8 à 10 mètres (comme à Frauenfels). Ces derniers gisements
sont les plus importants; ils proviennent de la concen-
tration des rognons existant dans les schistes et les calcaires.
Les rognons bruns venant des schistes tiennent 50 à 55 0/0 ; et
les rognons blancs ou roses des calcaires, 70 0/0 de phos-
phate.
On trouve aussi en Allemagne des phosphates appartenant
au carbonifère, dans les argiles noires schisteuses de
Sprockhôrel (Ruhr) et dans les argiles à limonite de Baelen
(Limbourg), qui surmontent le calcaire carbonifère.
Gisements sédimentaires de phosphate en Russie. — La Russie
possède d'immenses gisements de phosphate de chaux, dont
l'importance commerciale pourra devenir considérable à un
moment donné.Les uns (zone orientale), qui se rapportent aux
grès verts ou aux sables glauconieux de l’albien, consistent
en nodules, dalles ou roches, recouverts par les steppes et
répandus dans les gouvernements de Tambow et de Saratow, et
à Sparsk; la teneur en phosphate tribasique varie de 30 à
50 0/0; le rendement à Tambow atteint 60.000 tonnes à
l'hectare.
Les autres gisements (zone centrale) se rapportent à la
craie glauconieuse (cénomanien); le phosphate s’y trouve en
nodules gris, bruns ou noirs, en dalles ou en blocs (Samorod)
qui servent pour le pavage et l'empierrement des routes, et
dont les boues, répandues sur les champs, produisent un
excellent effet.
Ces gisements couvrent une zone longue de 600 kilomètres
et large de 150 kilomètres, au sud-ouest de Moscou, dans les
gouvernements d'Ürel, de Koursk et de Woronège, à Roslawl,
Briansk, etc. Le rendement atteint 25.000 tonnes à l'hectare,
et la teneur en acide phosphorique varie de 15 à 30 0/0.
On peut citer encore les gisements jurassiques des gouver-
nements de Nijni-Novgorod, de Kiew, ceux de Grodno, de la
Podolie, de Yaroslaw, etc.
La Podolie renferme aussi des nodules de phosphate dans
les schistes siluriens des bords du Dniester. Ce gisement est
d'ailleurs peu important au point de vue industriel.
La Russie a produit, en 1895, 6.327 tonnes de phospho-
rites, valant 93.420 francs. En 1893, la production avait
atteint 13.706 tonnes.
Gisements sédimentaires de phosphate en Angleterre. — On
trouve du phosphate de chaux dans les grès siluriens de
Llanfyllin (North Wales), à l'état de nodules noirätres concré-
tionnés, tenant 30 0 0 d'acide phosphorique et réunis par un
ciment dont la teneur est de 15 à 20 0/0.
Le grès vert inférieur, le gault et le grès vert supérieur
(néocomien anglais ou weald} renferment, dans les comtés de
Sussex, de Bedford et de Cambridge, à Sandy, Ely, etc., des
bancs de nodules phosphatés verts, avec nombreux fossiles.
Les phosphates de Suffolk, très durs et contenant beaucoup
d'oxyde de fer, sont exploités au-dessus de l'argile de Londres
{London Clay.
La production, autrefois très importante, n'était plus que
de 2.032 tonnes en {897.
{risements de phosphate en Portugal et en Suisse. — Parmi
les autres gisements de phosphate en Europe, on peut citer
ceux de Monte-Real (Portugal), dans le néocomien inférieur.
On trouve aussi du phosphate en Suisse (Appenzell,
Vaud, etc.), dans l’albien.
Gisements sédimentaires de phosphate en Tunisie. — IN existe,
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 463
entre la mer Méditerranée et le Sahara, deux bandes phos-
phatées très étendues : l'une traverse le sud du Tell et
quelques hauts plateaux, l’autre se trouve dans la région de
l'Aurès, de Tébessa et de (rafsa. Ces deux bandes, qui se
relient d’ailleurs entre elles, marquent les rivages de la mer
suessonienne (éocène inférieur). Les calcaires phosphatés
de la base du suessonien recouvrent des marnes ou limons
argileux noirs imprégnés de sel et de gypse, avec silex carac-
téristiques, qui contiennent des nodules phosphatés.
La formation phosphatée est recouverte, dans le sud de la
Tunisie, par un calcaire à lumachelles ostréennes, quelquefois
sensiblement phosphaté (17 0/0 d'acide phosphorique). Ce
calcaire est remplacé dans le nord par une puissante forma-
tion de calcaires nummulitiques.
Dans le sud, le terrain phosphaté est redressé et enchässé
entre de hautes murailles; dans le nord, au contraire, les bancs
sont horizontaux.
Les principaux gisements tunisiens sont ceux de Gafsa, qui
s'étendent sur 50 kilomètres de longueur,avec une puissance
de 50 à 60 mètres ; la teneur du minerai brut, en phosphate
tribasique, est de 57 0/0 environ; le cube des calcaires les
plus riches représente 5 millions de tonnes de phosphate
enrichi par lavage. On ne tient pas compte, dans ce tonnage,
des marnes et des parties calcaires ayant une teneur infé-
rieure à 50 0/0 de phosphate tribasique.
Ces gisements, situés à 250 kilomètres de la mer, ont été
rendus exploitables par la création du port de Sfax et par la
construction d'une voie ferrée qui relie Sfax à Gafsa.
Les autres gisements intéressants de la Tunisie sont ceux
de Djebel-Jellabia et de Djebel-Sehib (52 0/0), à 30 kilomètres
au sud de l'Oued-Seldja (Gafsa), de Djebel-Nasser-Allah (45 0/0),
au sud-ouest de Kairouan; de Thala et de Guelaat-es-Senam
entre Tebessa et Tunis, où le calcaire à nummulites forme
une immense table rectangulaire à pans verticaux ayant
50 mètres de hauteur. On peut citer encore les gites de Sidi-
Ayet dans la vallée de l'Oued-Siliana, à 55 kilomètres de la
ligne de Tunis à Ghardimaou; ceux de Kef et de Teboursouk
sur la rive droite de la Medjerdah.
On doit noter aussi l'existence de filons d’apatite ou de
46% GÉOLOGIE APPLIQUÉE
phosphorite concrétionnée, aux environs de Tunis et à
Zaghouan (Vieille-Montagne).
Gisements sédimentaires de phosphate en Algérie. — Les gise-
ments algériens de phosphate appartiennent à l'éocène
inférieur; ils se relient sans discontinuité à ceux de la
Tunisie; on les retrouve, au sud, près de ceux de Djebel-
Seldja ; au centre, près de Tébessa, ils font suite à ceux de
Guelaat-es-Senam ; au nord, on les rencontre près de
Soukahras, à la suite de ceux de Ghardimaou, sur la haute
Medjerdah. Ces derniers se poursuivent du côté de Constan-
tine, de Sétif, d'Ain-Fakroum, de Bou-Arreridj, de Mont-Sila
(Bordj-R'dir), de Birin, au sud de Boghari dans la province
d'Alger.
On trouvera sur ces gisements, à la fin de ce chapitre, des
indications bibliographiques complètes.
On se bornera à rappeler ici que les gisements aujourd'hui si
connus de Tebessa, dansla province de Constantine, présentent
la succession suivante de couches : marnes noires ostréennes
à la base, puis alternance de calcaires tendres à lits siliceux
et de bancs de phosphates, enfin calcaires cristallins durs
à nummulites, dont l'épaisseur atteint 120 à 150 mètres.
Les phosphates, friables et de couleur grise, sont exploités
en bancs dont la puissance varie de 2 à 6 mètres; la catégorie
pauvre dose de 58 à 63 0 0 de phosphate tribasique ; la caté-
gorie riche en tient de 63 à 69 0/0. Les trois principaux exploi-
tants sont : 1° la Société Crokston, qui exploite par galeries
le plateau du Dyr, et dont les chantiers sont reliés à la ligne
ferrée de Tebessa-Soukahras par un câble aérien ; 2° la Com-
pagnie Jacobsen, qui exploite un prolongement du Dyr
appelé Djébel Kouif; les couches y atteignent 6 mètres de
puissance, et l'absence du manteau de calcaire nummulitique
sur une partie des couches permet d'exploiter à ciel ouvert.
Un embranchement de 30 kilomètres relie les chantiers à la
gare de Tebessa ; 3° la Compagnie française des phosphates
de Tebessa, qui exploite à ciel ouvert, à 7 kilomètres au nord
de Tebessa, à Ain-Dibba, Chabet et Ouissen, les rejets du
Djebel-Dyr, au moyen d'un embranchement de 9 kilomètres
à voie étroite aboutissant à Youks-les-Bains.
La production de l'Algérie, qui avait été de 64.260 tonnes
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 465
de phosphates, valant 1.15#.440 francs en 1894, est montée
à 165.738 tonnes en 1896, valant 2.504.525 francs; elle a
atteint 227.000 tonnes en 189% et 269.500 tonnes en 1898,
valant 5.390.000 francs.
L'Algérie a exporté, en 1897, par le port de Bône :
207.082 tonnes de phosphates, dont 96.547 provenant des
exploitations de la Société Crockston; 82.145 de celles de
la Société des phosphates de Constantine, et 28.390 de
celles de la Société française des phosphates. La Société des
phosphates de Tocqueville à embarqué 20.102 tonnes à
Bougie, en 1897.
Gisements sédimentaires de phosphate aux États-Unis. —
Les trois principaux centres d'exploitation de phosphates
sédimentaires aux Etats-Unis sont la Caroline du Sud, la Flo-
ride et le Tennessee. L'Ohio et la Caroline du Nord renferment
aussi quelques gisements de phosphates, mais beaucoup
moins importants.
Caroline du Sud. — Les nodules phosphatés miocènes de la
Caroline du Sud proviennent de l’action des eaux superti-
cielles sur les calcaires éocènes très phosphatés de Wicksburg,
_ Limon sableux
>
Fic. 109. — Coupe verticale d'un gisement de phosphate de la Caroline du Sud
(d’après Davies).
qui s'étendent le long de la côte est de l’Atlantique. Une
grande partie du calcaire ayant disparu, les phosphates enri-
chis et désagrégés par les eaux ont été entraïnés dans un
estuaire peu profond, pendant la période miocène et ont
formé des dépôts argilo-sableux. On distingue les minerais
GÉOLOGIE. 30
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dits landrocks, exploités en carrière, et les riverrocks, extraits
des rivières par draguage.
La teneur en acide phosphorique varie de 25 à 30 0/0.
La production du phosphate dans la Caroline du Sud, qui
était de 590.000 tonnes en 1890, est descenil'iie à 515.734tonnes
en 1895 et à 339.000 tonnes en 1897.
Floride. — Les gisements de phosphate de la Floride sont
exploités depuis 1890.
Les grands gîtes se trouvent dans la partie occidentale de
la presqu'ile ; on y a exploité le phosphate, en masses régu-
lières et sans stratification, dans les calcaires éocènes fissurés
par les mouvements du sol, ou en bancs horizontaux dans
des calcaires miocènes.
Les gisements fournissaient du minerai dur (hard rock; en
ros blocs (boulders) de plusieurs tonnes, tenant jusqu'à
15 0 0 de phosphate tribasique, entourés de terre phosphatée
tendre à 60 0/0 (soft rock). L'emploi d'excavateurs a permis
d'extraire des morceaux de dimensions moindres et de
reprendre des gîtes abandonnés dont on lave les produits.
L'importance de ces gisements a toutefois beaucoup diminué,
et la plus grande source actuelle de phosphate en Floride
est la formation pliocène, composée de marnes et d’argiles
jaunes ou blanchätres, où l’on trouve des lits de nodules et
de graviers phosphatés, tantôt dans le fond des vallées et des
rivières (river pebble), tantôt sur de vastes surfaces en dehors
des vallées (land pebble).
Les land pebbles, dont la grosseur varie entre celle d'un
poiset celle d'une petite noix, sont contenus dans des couches
de { à 10 mètres; ils s'exploitent à ciel ouvert au moyen de
dragues ou d’excavateurs, ou bien encore par la méthode
hydraulique, très en faveur aux États-Unis ; mais ils doivent
subir un lavage.
Les river pebbles forment des bancs de 4 à 6 mètres de
puissance dans le lit des rivières, dont les bords sont occupés
par des forêts impénétrables ; ils sont exploités au moyen de
bateaux portant des dragues suceuses (20 à 80 tonnes par
jour); on les crible et on les débarque sur la rive où on les
calcine.
La Floride a exporté, en 1897, 355.000 tonnes de phos-
1 GQ
_:Sié EE
eue
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 467
phates; mais la baisse des cours a fait beaucoup de tort
aux exploitations.
La production, qui était de 354.327 tonnes en 1892, a
atteint 558.990 tonnes en 1894 et 449.000 tonnes seulement
en 1897.
Tennessee. — On a trouvé en 1892, dans le Tennessee, au-
dessous des schistes dévoniens de Chattanooga, des nodules
de phosphate, séparés, par des schistes noirs, d’une couche
de 1! mètre de phosphate’'en roche, reposant sur des calcaires ;
la teneur en acide phosphorique est de 30 0/0. L'exploitation
a lieu à ciel ouvert ; les chantiers sont reliés par des embran-
chements au Tennessee-Midland et au Nashville and Ten-
nessee.
La production du Tennessee, qui était de 17.384 tonnes
en 1894, est montée à 42.911 tonnes en 1896, et à 123.000 tonnes
en 1897.
L'Ohio a produit, en 1897, 2.000 tonnes seulement de phos-
phate ; et la Caroline du Nord, 7.000 tonnes.
Les Etats-Unis ont produit en 1897, au total, 920.577 tonnes
de phosphate, représentant une valeur de 13.591.200 francs.
29 GÎTES DANS LES ROCHES ÉRUPTIVES
On trouve l’apatite en cristaux microscopiques, quelquefois
visibles à l'œilnu,comme minéral de première consolidation,
dans un grand nombre de roches éruptives, notamment dans
les granites de Pargas, en Finlande, dans les granulites
stannifères (la Villeder, Montebras), dans les kersantites de
Bretagne, les minettes du Morvan, etc. L’apatite de ces gise-
ments est inexploitable. :
Espagne (Cap de Gate). — Cependant on trouve au Cap de
Gate, à l'extrémité sud-est de l'Espagne, une roche à pâte
rouge trachytique contenant de nombreux cristaux d’apatite
jaunes ou vert clair, exploitables, avec une teneur moyenne
de 15 0/0 de phosphate et de 8 à 10 0/0 de potasse.
L'Espagne à produit, en 1895, 1.040 tonnes de phosphates
valant 10.405 francs, en comptant les phosphates filoniens.
Norwège. — Entre Langesund et Arendal, sur la côte sud-est
468 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de la Norwège, il existe des gisements constitués par des
venues filoniennes d’apatite cristallisée par voie ignée, en
relation avec le gabbro: l’apatite est accompagnée de mica
noir, d'amphibole et d’enstatite sans quartz ni feldspath
(oddegarden), de mica noir et d'amphibole (Ravneberg) ou
d’amphibole seule (Kragerd).On trouve l’apatite accompagnée
de feldspath à Valle, ou de quartz, à Akeland, Oestre,
Kjôrrestad, etc.
A Oddegarden, près du port de Langesund, l’apatite est en
relation intime avec le gabbro à wernérite (dipyrdiorite)
dans des terrains siluriens (schistes, gneiss, etc.). On trouve,
indépendamment de cette roche spéciale, de la granulite et
de la porphyrite, postérieures à la venue de l'apatite. Les
filons ont des inclinaisons variant de la verticale à l'horizon-
tale, et des épaisseurs très différentes, même dans un seul
filon (20 centimètres en moyenne). Les filons renferment, en
même temps que de l'apatite (40 0/0), de la hornblende, de
l’enstatite et du mica noir (50 0/0). Le remplissage est assez
irrégulier ; mais on constate presque toujours la présence de
lits de mica noir à petits feuillets, au toit et au mur du filon.
On a constaté des zones d’'enrichissement à l'intersection
des filons verticaux et des filons horizontaux ; les premiers
sont antérieurs aux seconds.
La Norwège, qui avait produit 11.119 tonnes d'apatite
en 1890 (valeur — 1.350.945 francs), n'en à plus produit
que 2.086 en 1894, avec une valeur de 183.600 francs.
Canada. — Au Canada, dans les provinces de Québec
(Ottawa) et de Ontario, on trouve des lentilles d’apatite très
riches, disséminées irrégulièrement dans des pyroxénites
et des cipolins, avec wernérite, calcite et fluorine. à
Le minerai, vert ou rouge, est cristallisé ou sableux ; il ne
contient ni fer ni alumine, et sa teneur atteint 85 à 95 0/0 de
phosphorite; la seule impureté est le fluorure de calcium.
L'extraction a lieu par tranchées ou par puits peu profonds;
les principales mines sont : Emerald-Mine, North-Star-Mine,
Little-Rapid-Mine, Phosphate of Lime, etc.
La production, qui a été de 6.224 tonnes en 1894 (valeur:
205.830 francs), est tombée, en 1897, à 824 tonnes valant
19.920 francs.
. HER
ne
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 469
3° GÎTES EN FILONS, AMAS OU POCHES
Les filons de phosphate, à épontes imperméables, ren-
ferment du quartz dont la proportion augmenteà mesure qu'on
s'enfonce; il en résulte un appauvrissement graduel et
rapide de ces gîtes en profondeur. Dans les gîtes à épontes
perméables, il y a eu dissolution des calcaires par les eaux
acides et formation de poches où se sont déposés des amas.
Certains amas filoniens se sont développés dans des excava-
tions creusées par les eaux de la surface ; mais ces poches
filoniennes sont limitées; elles s'appauvrissent en phosphorite
en profondeur, et on ne trouve plus, vers le fond, que de la
terre phosphatée.
Gites filoniens de France. — Dans le Quercy, région située à
la limite des départements du Lot, du Tarn-et-Garonne et du
Lot-et-Garonne, les phosphates remplissent les crevasses du
; calcaire oxfordien des plateaux (Causses). Ces crevasses sont
ou des fentes ou des entonnoirs, ayant de 40 à 100 mètres
de profondeur et s’amincissant toujours vers le bas. Les phos-
phates riches sont au contact des calcaires; le centre des
poches est rempli par de l'argile ou de la marne (terre phos-
phatée). Le minerai, qui est une roche grise ou blanche,
tient en moyenne 60 0/0 de phosphate tribasique (maximum
80 0/0). Les principaux centres d'exploitation sont Lamandine,
Carjac, Pendaré, Caylus et Saint-Antonin.
La production des phosphates des Causses, qui était de
30.000 tonnes en 1886 (valeur : 960.000 francs), a beaucoup
diminué depuis cette époque.
A Bozouls, dans l'Aveyron, on trouve le phosphate de chaux
à l'état de rognons à structure concrétionnée, dans un basalte,
et dans les tufs et les conglomérats qui l'entourent. On attri-
bue à ces phosphorites une origine hydrothermale
(rites filoniens divers en France et en Algérie. — On peut
citer encore les phosphorites filoniennes du Gard, qui ont un
gisement analogue à celui des Causses (Lirac, Saint-Maximin,
lavel, Quissac), celles de l'Hérault (Montagne de Cette) et celles
de l’'Oranais (Djebel-Toumaï, Djorf-el-Amar, auprès de Nédro-
muh, entre Nemours et Lalla-Marnia); on trouve ces dernières
ST PET = m7
450 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
dans des filons-poches ouverts au milieu de calcaires com-
pacts (lias moyen ou inférieur); leur teneur est de 35 0/0
d'acide phosphorique en moyenne. Elles sont recouvertes
d'une carapace superficielle formée de calcaire et de phos-
phorite cimentés par de l'argile rouge.
Gites filoniens d'Espagne (Estramadure). — Les filons de
l'Espagne méridionale et du Portugal occupent une zone de
120 kilomètres de longueur et de 60 kilomètres de largeur.
Les filons de Zarza-la-Major (Espagne), qui se trouvent
dans des granites, sont très irréguliers ($ centimètres à
3 mètres) ; ils contiennent de la phosphorite et du quartz;
le granite est altéré au contact du minerai.
A Logrosan, quatre filons de même direction recoupent les
schistes amphiboliques cambriens et pénètrent dans des gra-
nites anciens où ils s'amincissent en se chargeant de quartz.
Le principal filon (Costanza), dont la teneur est de 65 0/0 à
l'affleurement, s'appauvrit à 50 0,0 à 30 mètres de profondeur ;
la longueur exploitable était de 1 kilomètre, et la puissance
variait de 2 à 11 mètres. L'exploitation est abandonnée.
À Cacérès (calcaires dévoniens), la perméabilité des épontes
a donné lieu à la formation d'’amas considérables. On y trouve
quatre filons de phosphorite cristalline riche avec une cer-
taine proportion de quartz augmentant en profondeur; ces
lilons recoupent des schistes argilo-micacés surmontés par
des calcaires cristallins. Les filons, qui présentaient des élar-
gissements remarquables le long de la surface des schistes,
ont été exploités jusqu’à 105 mètres de profondeur et aban-
donnés à cause de venues d’eau considérables, dues à la dif-
férence de perméabilité des calcaires et des schistes.
A Belmes, on trouve un gisement où le phosphate a rem-
placé, par substitution hydrothermale, le calcaire carbonifère.
Les autres gisements sont, pour l'Espagne : Ceclavin, filons
dans le granite; et pour le Portugal, Marvao et Portalègre
{Alemtejo), également dans le granite.
BIBLIOGRAPHIE DES PHOSPHATES
1872. Guillier, Sur les couches à phosphate de chaux découvertes
dans la craie de la Sarthe (Bulletin de la Société de Géo-
logie, 2° série, t. XVII, p. 157).
1875.
1878.
DD 107.
| 1879.
1879-
1879.
1880.
1884.
1884.
1884.
188%.
1885.
1885.
1886.
1888.
1888.
1889.
100
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 471
Collenot, Du phosphate de chaux de l'Auxois (Bulletin de la
Sociélé de Géologie, 3° série, t. V, p. 671).
Brylinski, Rapport sur les phosphates de chaux de la Caro-
line du Sud (Société de Géologie de Normandie, t. IT).
Daubrée, Phosphorites du Quercy (Bullelin de la Société de
Géologie, 3° série, t. LIT, p. 399).
. Rey-Lescure, Sur les phosphalières du Tarn-el-Garonne,
(Bullelin de la Société de Géologie, 3° série, t. 11, p. 398).
Nivoit, Sur les phosphales de chaux de Ciply (Comptes Ren-
dus, t. LXXIX ; Cuyper, t. XXXNIII, p. 236).
P. Guyot, Sur deux gisements de chaux phosphatée dans les
Vosges (Comptes Rendus, t. LXNXXVII, p. 333, Paris).
Badoureau, Chaux phosphatée de l'Estramadure (Société cen-
trale d'Agriculture, t. XXXVIII, p. 80).
Wickersheimer, Note sur un gîle de phosphate de chaux silué
près de Cette (Annales des Mines, T série, t. XVI, p. 283,
Paris).
1880. Jeannol, Note sur la présence des phosphaltes dans le
lias des Ardennes et de la Meuse (Annales de La Société de
Géologie du Nord, t. VIII, Lille).
Petermann, Note sur la phosphorile de Cacérès (Annales de
la Société de Géologie de Belgique, t. VI, Liège).
Nivoit, De l'acide phosphorique dans les lerrains de transi-
tion et dans le lias des Ardennes (Bulletin de la Société de
Géologie, t. VII, p. 357).
Lasne, Sur la composition des phosphates des environs de Mons
(Annales de la Société de Géologie du Nord,t. XVII, p. 141,
Lille).
Dieulafait, Origine el mode de formation des phosphates «de
chaux dans les lerrains sédimentaires (Comples Rendus,
t. XCIX, p. 813, Paris). |
Delvaux, Découverte de gisements de phosphate de chaux
appartenant à l'élage Yprésien (Annales de la Société de
Géologie belge, t. XI, p. 279, Liège).
Jeanjean, Notice géologique el agronomique sur les phos-
phates de chaux du département du Gard (in-8°, Nimes).
De Grossouvre, Etude sur les gisements de phosphate de
chaux du Centre de la France (Annales des Mines, mai-
juin, et Bulletin de la Sociélé de Géologie).
Douvillé, Phosphates du Cher (Bulletin de la Société de Géo-
logie, 3° série, t. II, p. 103).
Stanislas-Meunier, Les Phosphates de Picardie (La Nature,
n° 712, p. 113, Paris).
Cornet, Les Gisements de phosphate de chaux de la craie de
Mézières (Annales de la Sociélé de Géologie de Belgique,
t. XV, Liège).
Thomas, Sur les gisements de phosphate de chaux de l’Algé-
rie (Comples Rendus, t. CVI, p. 379, Paris).
Stainier, Etude géologique des gisements de phosphate de
1895.
1896.
1897.
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
chaux du Cambrésis (Mémoires de la Société de Géologie de
Belgique, t. XVI, p. 3, Liège).
. Eugène Risler, Carte géologique et statistique des gisements
de phosphate de chaux exploités en France (Paris).
. Ladrière. Sur les dépôts phosphatés de Montay et de Forest
(Nord) (Comptes Rendus, t. CVII, p. 960).
. Gosselet, Les gîtes de phosphate du Nord de la France (Bul-
letin de la Société de Géologie de Belgique, t. WI, p. 287,
Bruxelles).
. Lasne, Terrains phosphatés des environs de Doullens (Bulle-
tin de la Société de Géologie, 3° série. t. XVIII, p. 441).
. Cayeux. Sur le crétacé des environs de Péronne (Annales de
la Société de Géologie du Nord, t. XVII, p. 227).
. Thomas, Gisements de phosphale de chaux des hauts plateaux
de la Tunisie {Bulletin de la Société de Géologie, 2 mars)-
. De Mercey, Sur les gîtes de phosphate de chaux de la Picar-
die (Bulletin de la Société de Géologie, 3° série, t. XIX,
p. 854).
2. Munier-Chalmas. Origine des phosphates de la Sonme (Bulle-
tin de la Société de Géologie, 21 mars)
. Jacob, Nofe sur les gisements de phosphate de chaux du pla-
teau de Chéria dans le cercle de Tébessa (Annales des
Mines, 9° série, t. VIIL, p. 231).
. Ficheur, Efude géologique sur les terrains à phosphate de
chaux de la région de Boghari, province d'Alger (Annales
des Mines, 9° série, t. VIII, p. 248).
5. Ficheur et Blayac, Notice sur les lerrains à phosphate de
chaux de la région de Sidi-Aissa, province d’Alger (Annales
des Mines, 9° série, t. VIII, p. 281).
J. Blayac. Lambeau suessonien de Birin (Annales des Mines,
9e série, t. VIIE, p. 290).
V. Watteyne, la Floride el ses Phosphates (Revue universelle
des Mines et de la Métallurgie, 5° série, t. XXXIII, p. 306).
L. Chateau, Les Gisements de phosphate de chaux dans les
provinces de Constantine et d'Alger (Mémoires de la Société
des Ingénieurs civils de France). |
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 473
AZOTE (NITRATES)
L'azote, ou nitron, qui constitue un des éléments fonda-
mentaux de la nourriture des végétaux, est employé sous
forme de nitrate de soude pour l’agriculture. Il sert aussi
sous cette forme dans la préparation de certains explosifs.
Les nitrates de soude sont employés en quantités considé-
rables pour fournir à la terre l'azote que l’air ou les fumiers
ne suffisent pas à lui procurer.
On peut citer aussi, parmi les utilisations industrielles de
l'azote, celle de l’azotate de chaux contenu dans certaines
terres nitrées, que l’on emploie, en Amérique notamment,
pour la fabrication de la poudre et celle de l’azotate de potasse
ou salpêtre et de l'azotate d'’ammoniaque employés pour la
fabrication d'explosifs.
19 TERRES NITRÉES
On trouve dans les pays tropicaux, et en particulier dans les
déserts de l'Amérique du Sud, de vastes dépôts de terres
nitrées très riches, dont l’origine est attribuée soit à l’action
de l'électricité atmosphérique, soit à l'oxydation de résidus
d'animaux antédiluviens ou d'animaux vivants.
Vénézuéla. — Au Vénézuéla notamment, les riches terres
nitrées dont les indigènes se servent, depuis de longues
années, pour la fabrication de la poudre, proviennent de
l'action du ferment nitrique, sur l'azote des dépôts de déjec-
tions et de cadavres d'oiseaux de mer ou de chauves-souris;
ces dépôts ou guanos, se trouvent réunis en quantités consi-
dérables dans des régions d’étendue parfois très restreinte,
notamment dans les cavernes des Cordillères.
La transformation des matières azotées en nitrates est très
active, gräce à la température élevée et régulière qui règne
dans cette contrée; les pluies étant très rares, le nitre formé
n'est pas entraîné dans le sous-sol, comme dans nos régions.
La nitrification, s’opérant au contact du sol calcaire, donne
naissance à du nitrate de chaux.
RS
SEPT Ve ve M EE 4 TN RUE ME. CR |
74 _ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
. La teneur des terres nitrées en nitrate de chaux s'élève,
surtout au voisinage des cavernes remplies de déjections
d'animaux, à plus de 35 0/0.
Ceylan. — A Ceylan, on trouve, dans des roches calcaires
renfermant du feldspath, des cavernes servant de refuge à
des chauves-souris ; les parois de ces antres sont couvertes de
nitre qu on détache au moyen d'un pic, en même temps que
la partie superficielle de la roche délitée. La composition
de ces roches salpêtrées est la suivante :
AZOtate, de potisse ee Re Et 2,4
Azôtate de-Masnésies = Lee LR
Ste dés CRAUX: 5 PT AR Re 0,2
Carbonaäie-de Char REA Re 26,5
LT RER RE em Re 9,4
Résidus: Sableuxs : SUR RR LOOEe 60,8
100,0
Gisements divers. — Dans les Indes, dans le Bengale, en
Arabie, en Egypte, en Perse, en Chine, en Espagne, etc.,
de vastes étendues de terres se recouvrent d’efflorescences
peu épaisses de salpêtre, que l’on ramasse, après la saison
sèche, pour les traiter en vue de la production du nitrate de
potasse.
20 NITRATE DE SOUDE
PROPRIÉTÉS ET COMPOSITION. — Le nitrate de soude, à l’état
pur, est un sel blanc qui cristallise en rhomboëèdres trans-
parents anhydres. La grosseur des cristaux dépasse rarement
celle d'un pois; ces rhomboëdres tronqués ressemblent à
des cubes, d’où le nom de salpêtre cubique. Le nitrate de
soude possède une saveur àâcre et fraîche; il est déliques-
cent, et l'eau à 15° peut en dissoudre 84 0/0 de son poids.
Sous l'action de la chaleur il fond, puis se décompose.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 475
Il est essentiellement formé d'acide azotique et de soude
(NaO, AzOÿ) et contient :
A
5€
53 (correspondant à : azote. 16,47)
Les nitrates du commerce sont toujours mélangés d’une
certaine proportion d'impuretés; ils sont ordinairement
brunâtres et légèrement humides.
Les produits commerciaux contiennent, en général, de 94à
970/0 de nitrate pur. On peut admettre, comme moyenne, le
chiffre de 95,50, correspondant à 15,7 0/0 d'azote.
La quantité d'impuretés contenue dans les sels commer-
ciaux ne dépasse pas 5 à 6 0/0.
Le nitrate de soude, par lui-même et par les impuretés
qui l’accompagnent, est très hygrométrique; les sacs dans
lesquels on l’expédie s'’imprègnent de sa dissolution; etil
est arrivé quelquefois que ces sacs vides, mis en tas, se sont
enflammés ; aussi doit-on conserver le produit dans des ma-
gasins secs et bien clos.
Falsifications. — Le nitrate de soude contient souvent de
grandes quantités de chlorure de sodium ou de sulfate de
soude, qu'on y a laissés dans le cours de la fabrication ou
qu'on a introduits après coup. L'apparence extérieure ne
suflit pas pour reconnaitre les produits adultérés; seul le
dosage de l'azote, dont la teneur doit être supérieure à 15 0/0,
garantit contre les fraudes.
GISEMENTS, — L'agriculture et l’industrie emploient surtout
le nitrate de soude ou salpêtre du Chili, dont il existe de
vastes gisements dans l'Amérique du Sud, sur les côtes du
Pacifique, au voisinage de l'Équateur. Le Pérou, le Chili et la
Bolivie renferment des gisements dont l'exploitation, qui
remonte à 1825, est très active aujourd'hui. Les produits
étaient, à l’origine, expédiés principalement du Chili, d’où le
nom de salpêtre du Chili, qui leur a été conservé.
Les principaux gisements se trouvent dans les déserts de
Pampa-Negra (province de Tarapaca) (Pérou) et d’Acatama
(Bolivie).
Pérou. — Le plateau de Pampa-Negra, dans la province de
| = Ve L'ÉMRREE"E
1 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Tarapaca, situé à une altitude moyenne de 1.000 mètres
au-dessus du niveau de la mer, est limité à l’est par les
Andes et, à l'ouest, par une chaîne de montagnes côtières
formées de granite, de porphyre et de trachyte. Ces gise-
ments sont caractérisés par l'absence des phonolithes, qui
recouvrent les autres parties du plateau. Sur le versant
oriental, s'étendent d'immenses gisements de salpêtre
‘environ 116.000 hectares:,connus sous le nom de calicheros ou
sulitrales, qui occupent les hauts plateaux au milieu du désert.
Bolivie. — Les gisements du désert d’Acatama (Bolivie) sont
placés dans des conditions identiques.
Dans les calicheros, le nitre forme des amas irréguliers et
discontinus dont l'épaisseur, quelquefois très faible, peut
atteindre 5 mètres, mais ne dépasse pas 1 mètre en général.
Le minerai est ordinairement recouvert d'une couche de
sable et d'un ciment d'argile (costra); en certains points, il
existe plusieurs couches superposées. Les diverses variétés
de calicheros offrent des aspects différents; leur richesse est
plus ou moins grande, suivent leur teneur en chlorure de
sodium ; leur dureté et leur coloration sont également va-
riables. Les parties cristallisées, qui sont plus faciles à exploi-
ter, sont aussi les plus riches; les parties dures sont d’une
extraction plus difficile et contiennent plus de chlorure de
sodium.
L'origine de ces gisements a été attribuée tantôt à l'élec-
tricité atmosphérique, tantôt à la nitrification de produits
azotés d'origine animale ou végétale.
On a vu plus haut, à propos des terres nitrées, que les
déjections d'oiseaux et de chauves-souris, réunies dans cer-
taines localités par millions de mètres cubes, ont fourni
l'azote dont la transformation en acide nitrique s'est effectuée
sous l'influence du ferment de la nitrification, au contact de
sols calcaires; il en est résulté des terres très riches
en nitrate de chaux. L'intervention du sel marin, abon-
dant dans les gisements et dans les terrains avoisinanits, a
opéré une double décomposition du nitrate de chaux, qui a
produit du nitrate de soude et du chlorure de calcium ; grâce
à sa déliquescence, ce dernier sel s'est enfoncé à l’état liquide
dans les profondeurs du sol et a ainsi été éliminé. Le nitrate
Xi
L:
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 477
de soude, mélangé de chlorure de sodium en excès, est resté
dans les couches superficielles.
Le nitre ne paraît pas s'être formé dans les endroits ou
on letrouve; en effet, la matière animale nitrifiée abandonne
de grandes quantités de phosphate, dont l'absence prouve
que le nitre dissous par les eaux s'est concentré par évapo-
ration dans les gisements actuels à une certaine distance des
centres de formation.
La teneur des caliches en nitrate de soude varie de 20 à
80 0/0; on n'exploite en général que les parties contenant au
moins 40 0/0 de nitrate de soude. Ces caliches renferment,
outre le chlorure de sodium (15 à 4C 0/0), du sulfate de soude,
extrêmement abondant dans certains gisements du Chili, et
des matières terreuses, des sels de chaux et de magnésie, etc.;
enfin, de petites quantités d'iode qu'on y trouve à l’état d’io-
dates prouvent l'intervention d'éléments marins.
On trouve, dans les mêmes régions, des gisements de nitrates
beaucoup plus riches en potasse et dont, par suite, la valeur
est plus grande. Ces produits contiennent, en moyenne,
60 0/0 de nitrate de soude et 30 0/0 de nitrate de potasse
tenant 15 0/0 d'azote et 16 0/0 de potasse. Certains nitrates de
potasse de Bolivie contiennent très peu de sels de soude.
Chili. — Les caliches du Chili sont ordinairement beau-
coup moins riches que ceux du Pérou.
Pour exploiter le caliche, dont la dureté exige l’abatage
à la mine, on perce la couche au moyen d'un trou de sonde
pouvant recevoir une forte charge de poudre grossière
(mélange de nitrate de soude, de charbon et de soufre), brû-
lant lentement. La masse, soulevée sans projection et divisée
en gros morceaux, est ensuite concassée et débarrassée des
fragments terreux. Les morceaux sont traités par l’eau
bouillante, qui dissout une grande partie des nitrates ; ceux-
ci se déposent par refroidissement sous forme de cristaux,
tandis que le sel marin, aussi soluble à froid qu'à chaud,
reste en dissolution. On obtient ainsi, du premier coup, un
produit titrant 90 à 95 0/0 de nitrate pur. Les sels, cristal-
hisés au soleil, sont mis en sacs pour être expédiés ; ils sont
transportés à dos d'âne aux ports d'embarquement (Iquique,
pour la région du centre).
418 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
L’exportation du salpêtre du Chili, dont la découverte
remonte à 1825, a été, pendant longtemps, très peu élevée ;
elle atteignait par an:
LAURE COEUR LIENS ES REA 1.000 tonnes
En 18a0,-elle atteignait. 2.00 26.009 —
Entre 1860 et 1870, elle était restée
IAIÉTIBULE Dr NT me done ae 100.000 —
En 1875, l'exportation approchait de 300.000 tonnes.
De 1880 à 1890, elle a oscillé autour de 500.000 tonnes.
En 1893, elle atteignait 947.023 tonnes, valant 196.069.565
francs.
En 1895, elle s’est élevée à 1.220.427 tonnes, avec une
valeur de 227.642.550 francs.
Enfin, en 1897, l'exportation a atteint 1.380.000 tonnes.
On évalue généralement la quantité de nitrate de soude
existant dans les gisements du Chili, à 73 millions de tonnes.
Avec l'extraction actuelle, ces gisements pourraient être
épuisés dans une cinquantaine d'années.
Pays d'importation. — L'Amérique emploie une partie des
nitrates de soude qu'elle produit; mais sa consommation est
de beaucoup inférieure à celle de l’Europe; elle n'atteint pas
ordinairement le dixième de sa production totale. L'Amé-
rique, en effet, exploite un sol vierge qui ne nécessite pas,
en général, l'apport d'engrais azotés.
L'Europe, au contraire, a de grands besoins en engrais
chimiques et particulièrement en azote. C’est elle qui emploie
la presque totalité du nitrate exporté du Pérou. Les centres
d'importation les plus importants sont: Liverpool et Londres
pour l'Angleterre, Hambourg pour l'Allemagne, Dunkerque
pour la France, Anvers pour la Belgique, Rotterdam pour
les Pays-Bas. D'autres ports en reçoivent des quantités rela-
tivement peu élevées.
Prix des nitrates. — Les prix des nitrates de soude ont
beaucoup varié depuis que l'emploi de ces produits est devenu
général; ils dépendent de l'importance des stocks sur le
marché européen et de l'importance de la demande.
Après être monté jusqu'à 51 francs les 100 kilogrammes,
SE Srédude : Gad l'un à
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 479
en 1870, le prix est graduellement redescendu à 36 francs
environ, en 1876. IL s'est maintenu entre 30 et 36 francs
jusqu’à l'année 1883. A partir de ce moment il a fléchi cons-
tamment.
Le prix moyen, à Dunkerque, n'était plus que de 23 francs
en 1885, et de 20 francs environ en 1896. ”
1871.
1885.
1885.
1886.
1881.
1890.
1890.
1894.
BIBLIOGRAPHIE DES NITRATES
Gormaz, Salpétres el quanos du désert d’'Atacama.
Müntz et Marcano, Formation des terres nitrées dans les
régions tropicales (Comptes Rendus, 6 juillet 1885).
Berthelot, La firation de l'azote atmosphérique (Revue scien-
tifique).
Favier, L'Azote et le Phosphore (Revue scientifique du 18 juil-
let 1886).
Dehérain, Sur la valeur des engrais et particulièrement sur
la valeur des phosphates el dessels ammoniacaux (Revue
Scientifique du 2 avril).
Grandeau, De l’emploi du nitrate de soude en agriculture.
Winogradski (Annales de l’Institut Pasteur, avril et mai).
A. Gauthier, Sur la genèse des nitres et des phosphales natu-
rels (Annales des Mines, 9° série, t. V, p. 5).
480 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
PIERRE A CHAUX (CHAULAGE)
En dehors des phosphates et des nitrates, un certain
nombre d'autres minéraux sont employés sous diverses
formes à l'amendement des terres, bien que dans des propor-
tions plus modestes.
Parmi ceux-ci, on peut citer,en premier lieu, la pierre à
chaux.
Outre son emploi dans la construction, la chaux est encore
d'une réelle utilité en agriculture. La chaux est nécessaire
dans les terrains privés de l'élément calcaire ou qui con-
tiennent trop d'acide carbonique, comme les terres tour-
beuses. Dans les terrains argileux, la chaux agirait, d'après
M. Liebig, en séparant la silice de l’alumine ; la silice à l’état
naissant pourrait alors être absorbée par les racines des
végétaux.
Quand on introduit dans le sol, de la chaux calcaire, l'opé-
ration s'appelle chaulage; elle s'appelle marnage quand elle
est faite avec du calcaire mélangé d'argile, c'est-à-dire de la
marne.
Saupoudrée sur les plantes, la chaux détruit les œufs et
les larves des insectes nuisibles.
Pour les gisements, voir le chapitre des Culcaires.)
MARNE (MARNAGE)
La marne est un calcaire argileux qui se distingue par
un caractère spécial : le calcaire et l'argile y sont mélangés
d'une facon si intime qu'il serait impossible de l’imiter par
des procédés mécaniques. On met cette propriété en lumière
en attaquant à l'acide un peu de marne placée sous l’ob-
jectif d'un microscope ; l'effervescence produite par l'attaque
du calcaire se manifeste autour des moindres grains, et le
résidu d'argile est formé de grains si fins que les plus forts
_
"0 Je
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 481
grossissements ne permettent pas d'en apprécier les dimen-
SIOnS.
C’est à cause de ce mélange intime que les marnes se
délitent comme le calcaire et bien mieux que les calcaires
argileux. Les marnes sont blanches, grises, bleues, vertes,
rouges, brunes ou noires. Elles offrent aussi des colorations
bigarrées de vert et de brun, ou de rouge et de jaune.
Elles servent à la fabrication de briques et de poteries gros-
sières; mais leur principale application est le marnage, c’est-
àa-dire l'amendement des terres destinées à la culture. Les
marnes agissent d'abord par leur teneur en calcaire et aussi
par la forte proportion d'éléments organiques qu'elles con-
tiennent généralement.
Les marnes se rencontrent en abondance dans la nature ;
il en existe des dépôts considérables en amas, en couches ou
même en filons. Leurs gisements sont les mêmes,en général,
que ceux des argiles et des calcaires, qui ont été étudiés au
chapitre des Minéraux employés à la construction.
PIERRE A PLATRE (PLATRAGE)
Le plâtre, qui a été étudié avec les pierres à plâtre, dans le
chapitre 11, est aussi très employé comme engrais. Son action
sur les végétaux, mise en évidence au xvim° siècle, a été
d'abord bien exagérée. Le plâtre est aujourd'hui à peu près
réservé (comme engrais) aux plantes fourragères sur les-
quelles il a une influence considérable : luzerne, trèfle, sain-
foin, et aussi colza, lin, chanvre, etc.; ces plantes prospèrent
par le plâtrage ; mais les céréales n’en ressentent, quoi qu’on
en ait dit, aucun effet appréciable.
SABLE CALCAIRE
Parmi les minéraux calcaires, employés en agriculture, on
peut encore citer les sables calcaires.
Lorsque ces sables sont fins et tendres, et surtout lorsqu'ils
renferment des débris de polypiers ou de coquilles, ils
sont utilisés pour l'amendement des terres.
GÉOLOGIE. 31
= . 2 RS ET LEE CENTRE
= «
482 : ._ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les faluns de la Touraine sont éminemment propres à cet .
usage.
SABLE GLAUCONIEUX
Les sables glauconieux sont utilisés aussi pour l’agri-
culture.
_ On les étale sur le sol comme amendement. La glauconie
qu'ils contiennent se décompose et fournit de la potasse aux
terres arables.
En Amérique, cet emploi des sables glauconieux est assez
répandu.
ARÈNE GRANITIQUE
Le sable qu'on rencontre souvent à la surface des massifs
de granite altéré (arènes granitiques) donne des pouzzo-
lanes qui sont employées en agriculture, en raison des alcalis
et du phosphate de chaux qu'elles apportent aux terres
arables. L'action de ces arènes granitiques est d'autant plus
forte que la décomposition des granites est plus avancée.
ARÈNE DIABASIQUE
La diabase qui est une roche éruptive grenue formée d'’ar-
gile et de feldspath donne, en se désagrégeant, une arène
diabasique très appréciée en agriculture et qui sert aussi
comme pouzzolane. Elle introduit dans le sol la chaux et la
magnésie dont il peut avoir besoin. Elle est utilisée pour cet
usage en Bretagne notamment, et à Domfront dans l'Orne.
Les variétés très feldspathiques sont les plus estimées,
surtout lorsqu'elles contiennent du phosphate de chaux.
TALCSCHISTE
Dans le Valais, on étend dans les vignes des morceaux de
talcschistes auxquels on donne le nom de brisés; mais leur
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS L'AGRICULTURE 483
action paraît surtout physique ; ils conservent l'humidité du
sol et renvoient sur les raisins les rayons de soleil.
AMPÉLITE
L'ampélite (de aursho<, vigne) est un schiste carburé
appelé aussi schiste graphiteux, mélangé de matières char-
bonneuses qui lui donnent une couleur noire.
On l'utilise pour la fabrication de l’alun ; on en fait aussi
des crayons de charpentier; mais son usage principal et le
plus ancien est l'amendement des vignobles, d’où vient son
nom.
L'’ampélite active la végétation des vignes en leur fournis-
sant du sulfate d’alumine et du sulfate de fer produits par
l’efflorescence de cette roche à l'humidité.
On trouve des ampélites dans le silurien de la Bretagne et
des Pyrénées, et dans le terrain houiller.
CENDRES NOIRES
Les lignites terreur, appelés aussi cendres noires, con-
tiennent parfois une forte proportion de pyrites, qui s’oxydent
facilement à l'air. Ils sont alors employés en agriculture
comme engrais. Ils peuvent aussi servir à la préparation du
sulfate d'alumine. 11 en existe un gisement assez important
près de Soissons.
Enfin le chlorure de sodium et les sels de potasse, qui
seront étudiés dans le chapitre suivant, sont également très
employés en agriculture.
ét % :
, p:
CHAPITRE VI
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES
(Chimie, pharmacie, teinturerie, arts industriels, etc.)
Le chapitre vi comprend l'étude des principaux miné-
raux qui sont employés dans les industries diverses et qui
ne peuvent entrer dans aucune des catégories comprises
dans les autres chapitres de cet ouvrage.
Il traite notamment des minéraux utilisés pour les
industries chimiques ou pharmaceutiques, la teinturerie,
la céramique, les arts décoratifs, ete.
Quelques minéraux, tels que ceux du bismuth et du cobalt,
bien qu'ils soient des minerais métalliques, ont été compris
dans ce chapitre, car ils ne sont généralement pas utilisés
pour la préparation des métaux dont les minerais ont été
étudiés au chapitre 111 de ce Traité.
ARSENIC
Propriétés physiques. — L'arsenic est un corps solide,
cassant, doué d'un éclat métallique gris de fer; chauffé dans
une cornue de verre, il ne fond pas, mais se sublime vers
300°, et sa vapeur se condense en cristaux rhomboédriques
sur les parois supérieures de la cornue. En le chauffant dans
un tube en verre scellé à la lampe, on obtient de l'arsenic
fondu en un liquide transparent. La densité de ce corps est
de 5,7.
Propriétés chimiques. — Exposé à l'air, l'arsenic se ternit
et se couvre d’une poussière noire ; il se volatilise en répan-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 485
dant une forte odeur alliacée, lorsqu'il est projeté sur des
charbons ardents, et sa vapeur, en s’oxydant, se transforme
en acide arsénieux. Il devient d’abord phosphorescent quand
on le chauffe dans l'oxygène, et à une température plus éle-
vée il brûle avec une flamme verdâtre.
Il brûle avec une flamme blanche, en formant du chlorure
d'arsenic, quand on le projette en poudre dans un flacon de
chlore.
Il se combine avec le chlore, le brome, le soufre, et avec
la plupart des métaux. Chauffé dans une cornue avec de
l'acide azotique, l'arsenic s’oxyde et se change en acide
arsénique.
Usages. — L'arsenic est un poison violent; mais c'est à
l'état d'acide arsénieux, et surtout d'acide arsénique, qu'il
devient un toxique redoutable.
On prépare, avec l'arsenic réduit en poudre, un papier
appelé tue-mouches, dont le nom indique l'usage. Ce papier
étant humecté avec de l’eau, l’arsenic produit de l'acide
arsénieux ; son emploi est donc dangereux. Il en est de
même, du reste, de la plupart des préparations arsenicales.
Alliages.— L'arsenic entre dans la composition de l’alliage
du tain des miroirs de télescopes (arsenic, platine, cuivre et
étain). 2
Fondu avec partie égale de cuivre, il constitue le cuivre
blanc, dont on fabrique, en Allemagne, des ustensiles
d'ameublement et des objets de décoration.
On désigne aussi, sous le nom de cuivre blanc, un métal
des Chinois appelé pack-fong, ou toutenague, qui est un alliage
d'arsenic, de cuivre et de nickel.
C'est à l'addition de 2 à 3 millièmes d’arsenic qu'est due la
forme sphérique des grains de plomb de chasse.
Acides, — L’acide arsénique sert dans la fabrication des
toiles peintes, pour faire des enlevages; il est employé dans
la fabrication du rouge d’aniline.
A faible dose, c’est un remède contre l'asthme.
L'acide arsénieux, appelé aussi oxyde d’arsenic, arsenic
blanc, ou mort-aux-rats, est connu dans le commerce sous
le simple nom d’arsenic et est employé dans les arts, dans les
manufactures de toiles et de papiers peints, dans la fabrica-
486 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tion du verre, dans la préparation de l’orpiment artüficiel,
du vert de Scheele, du vert de Mitis et de celui de Paul
Véronèse ; il sert aussi à détruire les rats et les souris.
L'acide arsénieux est utilisé à faibles doses dans une foule
de préparalions pharmaceutiques. Il entre dans la liqueur
de Fowler, la liqueur de Pearson, la pâte caustique du Frère
Côme ou de Rousselot, la pâte arsenicale de Dubois, les
pilules asiatiques. Il est surtout usité comme antipériodique
dans le traitement des fièvres intermittentes.
Sulfure. — Le protosulfure d’arsenic, désigné sous le nom
de réalgar, orpin rouge, arsenic rouge, rubis arsénieux,
poudre rouge de volcans, s'emploie en peinture; mais il
altère les couleurs blanches du plomb. :
Les artificiers s’en servent pour produire les brillants feux
blancs, dits feux indiens ou feux chinois.
Iodure. — L'iodure d'arsenic est employé en médecine.
Minerais. — Bien que l’on rencontre de l’arsenic natif,
dans quelques filons, le principal minerai d'arsenic est le
mispickel, où sulfo-arséniure de fer (Fe.As.S), couleur blanc
d'argent, fusible sur le charbon, soluble dans l'acide azo-
tique ; il est fréquemment un peu aurifère et contient de #5
à 15 00 d'arsenic. Parmi les minéraux qui renferment de
l’arsenic, on peut encore citer le réalgar (As.S), la nickeline
(Ni. As), le cobalt gris (Co.As.S) etle nickel gris. I faut d’ailleurs
noter que, pour beaucoup de minerais, pour la pyrite, par
exemple, la présence de l'arsenic est une cause de dépré-
cialion, par suite des difficultés de leur traitement. On
recueille une certaine quantité d’arsenic dans des chambres
de condensation placées à la suite des fours de grillage où
l'on fait passer les minerais de nickel, de cobalt ou d'argent
et les pyrites arsenicales.
Principaux gisements. — Angleterre. — La mine de Green-
hill, dans le Cornwall, et le Devon Great Consols Copper Mine,
dans le Devonshire, fournissent des mispickels contenant
430/0 d'arsenic, que l'on extrait par grillage et sublimation.
Le principal centre de production de l'arsenic, en Angle-
ierre, est le Cornwall.
La production totale de l'Angleterre avait été, en 1894, de
4.878 tonnes de produits arsenicaux valant 1.215.350 francs.
na” |
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES #87
En 1897, la production, sensiblement constante, était de
4.232 tonnes.
Les pyrites arsenicales exploitées en Grande-Bretagne
atteignaient 3.341 tonnes, valant 95.575 francs, en 1894.
En 1897, la production des pyrites arsenicales a atteñnt
13.347 tonnes.
Allemagne. — Autriche-Hongrie. — On traite également
des mispickels à Joachimsthal, en Bohême. Dans le Harz et
surtout à Freiberg, l’on trouve du sulfure d’arsenic et du
mispickel et aussi de l’arsenic natif à 4 0/0 d'argent. L'usine
de Freiberg fournit, chaque année, en moyenne, 1.000 tonnes
de produits arsenicaux (882 tonnes en 1896). Le réalgar et
l’'orpiment se rencontrent fréquemment à Nagyag, à Felso-
banya et à Tayoba, en Transylvanie.
L'Allemagne a produit, en 189%, 2.906 tonnes de minerai
d'arsenic. En 1896, sa production a atteint 3.691 tonnes.
Les produits arsenicaux d'Allemagne ont atteint, en 1897,
un tonnage de2.9$9tonnes,avec une valeurde 1.354.745 francs.
Scandinavie. — Outre les pyrites arsenicales cobaltifères de
Skutterud (Norwège), on peut citer les mispickels de Falun
et ceux de Gladhammar, qui accompagnent les minerais de
cobalt. |
Gisements divers. — L’arsenic natif se trouve encore à
Sainte-Marie (Lorraine francaise), en Sibérie et aux États-
Unis à Jackson et Haver-Hill. Dans la vallée de Gistain (Pyrénées
espagnoles), certains minerais de cobalt sont accompagnés
d'oxyde d’arsenic; on trouve, à Oviedo, du réalgar accom-
pagné de cinabre.
L'Espagne a produit, en 1896, 271 tonnes de produits
arsenicaux, représentant une valeur de 135.500 francs.
On trouve encore de l’arsenic, sous forme de sulfure, dans
la Turquie d'Asie, en Chine et au Japon.
La production du Japon a été, en is; de 7.343 kilo-
grammes d'arsenic.
L'arsenic dans les sources thermales. — Héinconn de sources
thermales contiennent d’assez fortes proportions d’arsenic ;
celle de Saint-Nectaire (Puy-de-Dôme) donne lieu à des
dépôts de réalgar.
488 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
BISMUTH
Propriétés physiques. —- Le bismuth est un métal
blanc jaunâtre, dur, cassant, de structure lamelleuse, qui
fond à 264 et se volatilise au rouge blanc. Il augmente de
volume en se refroidissant et forme alors de beaux cristaux
rhomboédriques que l’on peut mettre à nu, en décantant la
masse avant solidification complète. Ces cristaux sont cou-
verts d'une pellicule irisée d'oxyde. La densité du bismuth
est de 9,82, Sa chaleur spécifique est de 0,03084. Il est très
mauvais conducteur de la chaleur et de l'électricité.
Propriétés chimiques. — Inaltérable à l'air froid, le bis-
-muth, à température élevée, brûle avec une petite flamme
bleue, en émettant des fumées jaunâtres et en donnant de
l’'oxyde. Il décompose très lentement les acides sulfurique et
chlorhydrique, mais il se dissout rapidement dans l'acide
azotique.
Usages. — L'industrie n'emploie le bismuth qu'en alliages
remarquables par leur fusibilité, d'autant plus grande que la
proportion de ce métal y est plus élevée.
Alliages. — Les plus connus de ces alliages sont : l’alliage
de Newton (huit parties de bismuth, cinq de plomb et trois
d'étain),, qui fond à 940,5; — l'alliage appelé métal fusible
de Darcet (deux parties de bismuth, une de plomb, une
d'étain , qui fond à 93°; — l'alliage de Wood (sept parties de
bismuth, deux d'étain, deux de cadmium), qui fond à 65°.
On se sert de ces alliages pour clicher des médailles et
pour faire des rondelles fusibles de sûreté pour chaudières à
vapeur. Les dentistes les emploient pour le plombage des
dents.
Chlorure. — Le chlorure de bismuth sert à la préparation
du blanc de fard (blanc de perle) et entre dans la confection
de la cire à cacheter.
Sels. — Le sous-nitrate est le principal composé du bismuth
employé en médecine. Ce sel entre aussi dans la prépa-
ration des fards.
Minerais. — On trouve le bismuth natif accompagné de
tellure, de sélénium, de soufre et surtout d'arsenic; le prin-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 489
cipal minerai du bismuth est la bismuthine ou sulfure de
bismuth (Bi?$3), couleur gris de plomb. On peut citer, en
outre : la bismuthite (hydrocarbonate de bismuth H?2Bi$CO’2,
vert jaunâtre et amorphe); l'eulytine (silicate de bismuth
BS#O!"®), cristallisée en petits cristaux tétraédriques pyra-
midés.
Gisements.— Les minerais de bismuth, dont la gangue est
le quartz (quelquefois la calcite ou la barytine), se trouvent
dans des filons de fracture (Saxe) ou dans des amas de con-
tact (Banat) recoupant des granites (Meymac dans la Corrèze
et Wittichen dans la Forêt Noire), ou des gneiss et des
schistes cristallins (Erzgebirge). Le bismuth est, en général,
associé à l'or (Resbanya), à l'argent, au plomb, au cobalt et
au nickel (Schneeberg, Joachimsthal en Bohême), au fer, au
cuivre et à l’étain (Cobar et Chorulque en Bolivie, presque
au sommet des Andes) ou à l’étain seul (Bohême, Tasmanie).
France. — Meymac. — On a exploité autrefois à Meymac
Corrèze) un filon quartzeux recoupant des granites porphy-
roïdes, dans lequel le bismuth natif, accompagné de bismu-
thine et surtout de bismuthite avec du bismuth oxydé, a
remplacé, en profondeur, les minéraux de l'affleurement
(wolfram, mispickel). Le bismuth natif contenait, d’après
M. A. Carnot, qui a découvert le gisement, 99 0/0 de bismuth
pur.
Allemagne. — À Schneeberg (Saxe), on trouve le bismuth
natif avec de la bismuthine et de la bismuthite, dans des
filons cobaltifères recoupant des roches anciennes. Ces
minerais accompagnent l'argent et le plomb à Anneberg et
à Johanngeorgenstadt, l'argent et le cobalt à Wiftichen (Forêt
Noire), le fer, le nickel et le cuivre du dévonien à Schutzbach
(Siegen). :
Autriche-Hongrie, — On trouve le bismuth dans les filons
argentifères de Joachimsthal (Erzgebirge), à Cziklova dans le
Banat, et dans les tellurures d'or et d'argent de Resbanya
(Transylvanie).
La production de l'Autriche, en 1894, a été de 570 tonnes
de minerai de bismuth, représentant une valeur de
31.907 fr. 40.
Scandinavie. — En Scandinavie, on peut citer les mines de
490 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Bleka et de Gzellebach (Norwège) et de Fahlun (Suède) : bismuth
avec or natif, quartz, pyrites, etc.
Amérique. — Outre les mines de San-Antonio-del-Potrero
Grande (Chili) et de Morococa (Pérou), les principales mines
de l'Amérique du Sud sont celles de la Bolivie (Chorulque, à
5.600 mètres d'altitude, Oruro, Tazna, à 5.100 mètres d'altitude,
Guaiana, Potosi). Le bismuth (23 à 30 0/0) est associé à du fer
et à du cuivre. A Chorulque, les filons sont au contact de por-
phyres et de schistes dévoniens ; à Tazna, les filons recoupent
les schistes; on y trouve de l'étain.
Dans l’Amérique du Nord, le bismuth accompagne l'or et
le tellure (Virginie, Georgie, Caroline du Nord), ou le tungs-
tène (Lane dans le Connecticut). Les calcaires siluriens du
Colorado contiennent de puissants filons de bismuth.
On a fait, en 1897, quelques découvertes nouvelles de mine-
rai de bismuth dans l'Utah et dans le Colorado.
Australie. — En Australie, on trouve le bismuth associé à
l'or (Queensland ou dans les alluvions stannifères, ou encore
en filons, comme à Silent Grove, Glen Innes, Elsmore dans la
Nouvelle-Galles du Sud et au mont Ramsay dans la Tasmanie.
Les minerais de Tenterfield contiennent 60 0/0 de bismuth
avec du molybdène et de l'or; ceux de Cobar contiennent
seulement 2,50 de bismuth avec du cuivre.
BIBLIOGRAPHIE DU BISMUTH
1874. Métallurgie du bismuth (Annales de Chimie et de Physique,
EN D 4290):
1874. A. Carnot, Découverte d’un gisement de bismuth en France
(Annales de Chimie et de Physique et Comptes Rendus,
19 janvier).
1874. Valenciennes, Métallurgie du bismuth (Annales de Chimie et
de Physique).
1876. Domeyko, Gisements de bismuth au Chili (Annales des Mines,
p. 1, 10 et 15).
1877. Sur les minéraux de bismuth de Bolivie (Comptes Rendus).
1883. Godefroy, Encyclopédie chimique, t. III, 13° cahier, 1°° partie)-
1894. Wiener, Mines de bismuth, d’antimoine et d'argent d'Oruro en
Bolivie (Annales des Mines, 9° série, t. V, p. 511).
1897. P.-L. Burthe, Nofe sur les travaux de recherches exécutés à
Meymac (Annales des Mines, 9° série, t. XII, p. 5).
Ts à 57
Er - :
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 491
COBALT
Propriétés chimiques et physiques. — Le cobalt est un
métal gris clair, dur, cassant et peu malléable, dont la densité
est de 8,6.
Ses propriétés physiques et chimiques ont de nombreuses
analogies avec celles du fer; mais il est inaltérable à l'air
à froid et ne s oxyde qu'au rouge; sous ces divers rapports,
il se rapproche encore plus du nickel que du fer.
Usages. — Le métal pur est encore trop rare et d'un prix
trop élevé pour qu'il puisse avoir un emploi industriel étendu;
il sert comme alliage pour les instruments d’optique. Ses
composés sont utilisés comme matières colorantes.
Alliages. -—- Le cobalt communique une certaine dureté au
bronze, auquel on l’allie quelquefois pour faire des coussi-
nets. Toutefois, même employé en faibles proportions, il
rend le cuivre difficile à travailler.
Oxyde. — L'’oxyde de cobalt sert à colorer en bleu le
verre et la porcelaine. Purifié, il est employé pour la pré-
paration de l’azur de qualité supérieure.
Chlorure. — Le chlorure de cobalt, comme le chlorure de
nickel, sert à préparer une encre sympathique. Les carac-
tères tracés avec cette encre apparaissent en bleu lorsqu'ils
sont chauffés.
Sels. — Le cobalt trouve sa véritable application industrielle
dans la préparation d’un silicate double de potasse et de
cobalt, avec lequel on fabrique le smalt ou azur, appelé aussi
bleu de cobalt, employé pour la peinture sur porcelaine.
Le bleu le plus beau est celui d’Eschel, qui sert aussi pour
azurer le linge.
Le bleu Thénard, qui s'obtient en calcinant ensemble un
mélange d’alumine et de phosphate de cobalt, est plus opaque
et couvre mieux que l’azur.
En calcinant ensemble un mélange rer de zinc et de
phosphate de cobalt, on obtient un vert très solide appelé
vert de Rinnmann.
492 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Minerais. — On peut diviser les minerais de cobalt en
deux catégories :
1° Les minerais non oxygénés;
20 Les minerais oxygénés.
1° Minerais non oxygénés. — Les principaux minerais non
oxygénés sont le cobalt natif, la jaipurite ou sulfure de
cobalt {CoS), teneur — 65 0/0 de cobalt; la smaltine, arséniure
de cobalt souvent ferrifère (CoFeAs?), teneur — 28 0/0; la
chloantite, arséniure de cobalt et de nickel (CoNiAs?), teneur
de 0 à 28 0/0; la skutterudite (CoAs?), teneur — 21 0/0; la
cobaltine, arsénio-sulfure de cobalt (CoAs.S), teneur — 35,5;
le glaucodot, arsénio-sulfure de cobalt et de fer (CoFeAs.S).
2° Minerais oxygénés. — Les principaux minerais oxygénés
sont l’hétérogénite (CoÿOT + 6Aq), teneur — 57 0/0; l'éry-
thrine — Co (As0)? + 8Ag, teneur — 29,5 0/0, et l’asbolane,
minerai noir contenant du cobalt et du manganèse, qui
rentre dans la catégorie des wads.
Gisements. — On a vu plus haut l’analogie qui existe
entre le nickel et le cobalt au point de vue de leurs pro-
priétés. Cette analogie se retrouve dans les gisements, qui
sont la plupart du temps à la fois cobaltifères et nické-
lifères; ils se présentent soit sous forme d'inclusions dans
les péridotites, les serpentines et les paléopicrites avec mine-
rais oxydés superficiels {paléopicrite de Dillenburg dans le
Nassau, tenant de 0,16 à 0,67 de nickel, associé à du cobalt,
du cuivre et du bismuth), soit à l’état de sulfure et d’arsénio-
sulfure en contact avec les gabbros oulesdiorites (gîtes de la
Nouvelle-Calédonie et de Dobsina en Hongrie), soit encore sous
forme de remplissage dans des filons complexes souvent
argentifères.
Allemagne. — Le cobaltse présente parfois à l’état de smal-
tine et de mispickel cobaltifère, associés à des sulfures
(chalcosine, phillipsite, etc.) avec gangue de barytine ou de
calcite dans des filons-failles (rücken) recoupant des schistes
cuivreux. On rencontre des gisements de ce genre au Mans-
feld (Gerbstadt sangerhaüser) et au Thuringerwald (Riechels-
dorf), où la smaltine est accompagnée de cobaltine et de
chloantite. A Gluchsbrunn et à Camsdorf, on trouve la smal
tine et la cobaltine dans les grès blancs du mur, et le cobal
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 493
oxydé noir, dans les calcaires du toit. Dans la Hesse, à Bie-
ber, les micaschistes et le zechstein renferment des filons et
des nids de cobaltine et de smaltine avec bismuth natif, etc.
On trouve dans les granites et dans les gneiss de l’Erzge-
birge saxon (Schneeberg, Marienberg, Annaberg et Joachimsthal)
des filons à gangue quartzeuse ou barytique; ces filons sont
peu puissants et s’appauvrissent en profondeur; ils con-
tiennent de la smaltine, de la nickeline et du bismuth
natif, associés à des minerais d'argent (argent rouge, argv-
rose, argent natif).
La production de l'Allemagne a été, en 1894, de 4.524 tonnes
de minerai de cobalt avec nickel et bismuth. En 1897, la
production est tombée à 3.356 tonnes, avec une valeur de
1.457.595 francs.
Espagne. — On trouve des oxydes noirs de cobalt à 15 0/0
en filons dans le trias (dolomies) et dans le calcaire carboni-
fère aux confins des provinces de Leon et d’Oviedo. A Gis-
tain, province de Huesca, on a exploité des arséniosulfures
de nickel et de cobalt à 12 0/0 de cobalt, avec gangue de cal-
cite, dans des filons peu étendus, situés au contact de schistes
siluriens et de calcaires dévoniens en relation avec des
porphyres. On peut citer encore les minerais de cobalt
de Guadalcanal (Andalousie) et ceux de la Sierra Cabrera
(milliérite et nickéline, dans le calcaire carbonifère.
Angleterre. — On a exploité autrefois, dans le Cornvall, le
cobalt associé au bismuth (Gwennap) ou au cuivre (Wheal
Trugo). Aujourd'hui, on exploite encore des oxydes noirs de
cobalt en grains (à 1 0/0 de cobalt) accompagnés d'oxyde de
fer et de manganèse, dans des poches de calcaire carbonifère,
à Voel Hiraddog, dans le Flintshire.
Russie. — En Russie, on connaît les gisements de cobalt
de Nijni-Taguil (Oural) et de Daschkessan près d'Ielisawetpol
‘Caucase), où l’on trouvele cobaltdans des lentilles au milieu
de magnétite.
Scandinavie. — Norwège. — Le principal gîte de Norwège est
celui de Skutterud, au nord de Drammen, où l’on exploite,
depuis plus d’un siècle, du cobalt gris souvent cristallisé, à
33 0/0, et de la cobaltine à 6 ou 7 0/0. Ces minerais sont
mélangés à des sulfures de fer et de cuivre à l’état d’impré-
49% GÉOLOGIE APPLIQUÉE
gnations lenticulaires au milieu de quartzites, de schistes
amphiboliques et de micaschistes. On trouve là des fahl-
bandes cobaltifères analogues à celles de Kongsberg et aux
brandes de Schladming; la puissance de ces fabhlbandes varie
de 100 à 200 mètres, sur plusieurs kilomètres de longueur.
Ce sont des gisements anciens traversés par des filons de
granulite.
La production de la Norwège a été, en 1890, de 2.600 kilo-
grammes de cobalt métal, représentant une valeur de
36.450 francs.
En 1893, cette production s’est élevée à 5.000 kilogrammes,
valant 81.000 francs. |
Suède. -—- Près de la mer Baltique, à Tunnaberg, au sud de
Nyküping, on a exploité des nids de cobaltine à 37 0/0, avec
pyrrhotine, smaltine et pyrite de cuivre; le gisement se
trouve dans un banc de calcaire saccharoïde, au milieu des
gnelss gris.
A Gladhamar, au sud de Westerwik, le cuivre et le cobalt
sont associés dans des couches ramifiées, que l’on trouve
dans des leptynites, sur une longueur de 2 kilomètres; les
principales mines sont celles de Bonde (cobalt, nickel, blende
et galène), Svensk, Odelmark (cobalt blanc et sulfure de
cobalt). On peut citer encore, en Suède, les mines de Vehna
près d’Orebro, celles de Knut et la mine Baggen.
La production de l’oxyde de cobalt, en Suède, a atteint
1.580 kilogrammes en 1894.
Indes. — On trouve aux Indes de nombreux gîtes de
cobalt dans les mines de cuivre de Rabai et de Bagor; le
minerai exploité dans ces mines est de la cobaltine, qui sert
à la coloration en bleu des émaux d'Orient.
Afrique. — On exploite du cobalt en veines lenticulaires
au contact d'un porphyre et d’une dolérite, au Transvaal
(fleuve Oliphant).
États-Unis. — Aux États-Unis, on exploite les gîtes de
Finksburg, Mineral Hill (Maryland), de Chatam (Connec-
ticut), etc., quise trouvent au milieu de micaschistes, et ceux
de la Motte (Missouri), de Camden (New-Jersey) et ceux du
Colorado, situés dans les rhyolites.
La production du cobalt, aux États-Unis, a été, en 1896,
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 495
de 5.817 kilogrammes d'oxyde, valant 86.570 francs, et, en
1897, de 8.754 kilogrammes valant 164.050 francs.
Nouvelle-Calédonie. — La Nouvelle-Calédonie produit, en.
même temps que du nickel, une certaine quantité de cobalt.
En 1894, elle a produit 4.112 tonnes de minerai de cobalt,
associé au manganèse dans des vasques argileuses, ce qui
représente une valeur de 287.840 francs.
En 1895, la production à été de 4.823 tonnes dé minerai
de cobalt.
Les exploitations de cobalt les plus importantes de la
Nouvelle-Calédonie sont celles de Nakety, de la baie d'Uqué,
de la baie Laugier et de l'ile Belep.
Le minerai exploité est un oxyde manganésifère, dont la
teneur en cobalt n'est que de 5 0/0 environ.
Gisements divers. — A Markirch (Vosges) et à Schiltback
(Forêt Noire), on trouve des gisements analogues à ceux
de la Saxe. A Rewdansk, près d'Ekatérinenbourg (Oural), on
exploite des filons quartzeux, contenant du cobalt associé
à du nickel et à du bismuth (Schladming en Styrie, le val
d'Annivier dans le Valois, le pas de Paschietto sur la Sarda,
et Cruvin dans le Piémont).
BIBLIOGRAPHIE DU COBALT
1876. Læw, On the erupt rocks of Colorado (Geological Survey,
p- 269).
1881. Mallet, On Coballile and Danaile from the Khetri mine
(Records of the Geological Survey of India, t. XIV, p. 190;
Calcutta).
1882. Le Neve Foster, On the occurence of Cobalt ore in Flint-
shire (Trans. R. G. S. of Cornwall).
1888. Schmidt, Neues Jahr. f. Min., p. #5.
=
«©
CC
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
POTASSIUM ET SELS DE POTASSE
Propriétés physiques. — Le potassium est un métal d'un
blanc d'argent éclatant, se ternissant rapidement à l'air.
Solide, cassant à 0°, mou et malléable comme la cire à 15°, il
fond à 62,5 et distille au rouge en émettant des vapeurs de
couleur verte.
Propriétés chimiques. — Le potassium s’oxyde à froid
dans l’air sec et s’altère rapidement dans l’air humide, en se
couvrant d’une couche blanche d’hydrate alcalin et en
s'échauffant jusqu'à pouvoir s'enflammer, s’il est en lames
minces.
Chauffé au contact de l'air, il brûle avec une flamme vio-
lette. Son extrême altérabilité oblige à le conserver dans de
l'huile de naphte.
Usages. — Le potassium, en raison de sa grande affinité
pour l'oxygène, est employé pour la réduction d'un grand
nombre de composés oxygénés, tels que les acides carbo-
nique, borique et silicique, etc. Dans les laboratoires, il sert
à l'analyse de plusieurs gaz composés contenant de l'oxygène,
ainsi qu à la décomposition de l’eau. La violence avec laquelle
ce corps réagit rend son maniement dangereux et lui fait
préférer le sodium, dont l'équivalent est plus faible et le prix
moins élevé.
Composés. — Hydrate de potasse. — Potasse caustique. — Le
corps, appelé dans le commerce potasse à la chaux, et en
médecine, lorsqu'il est coulé en bâtons, pierre à cautères, est
un caustique énergique qui ramollit la peau et la dissout peu
à peu. On l'utilise pour établir des cautères, et, dans les
laboratoires, il est employé pour précipiter les oxydes inso-
lubles.
Pentasulfure de potassium. — Le pentasulfure, appelé foie
de soufre,est employé en médecine. On l’administre en bains,
sous le nom de bains de Barèges artificiels, pour le traite-
ment des maladies de la peau.
Chlorure de potassium. — Ce chlorure est employé dans
l'industrie pour la fabrication de l’azotate de potasse. Il sert
2%. Soft
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 497
également à préparer le sulfate de potasse. L'agriculture
l'emploie avantageusement comme engrais pour la culture
des céréales.
Bromure de potassium. — Le bromure est utilisé en méde-
cine contre les fièvres, la migraine, et comme sédatif du
système nerveux.
Iodure de potassium. — L'iodure est très employé en méde-
cine dans le traitement des maladies scrofuleuses et syphi-
litiques.
_ On l’emploie aussi en photographie.
Cyanure de potassium. — Le cyanure est employé en
grandes quantités dans la galvanoplastie.
Carbonate de potasse. — Le carbonate de potasse est la
potasse du commerce. Il est employé à l’état brut pour la
transformation de l'azotate de chaux en azotate de potasse.
Raffiné, il sert à la fabrication de la verrerie de Bohême, de
la cristallerie et des verres d'optique; il entre dans la prépa-
ration du bleu de Prusse, des cyanures et des silicates.
Rendue cautique, sa solution sert au blanchiment des toiles,
au dégraissage des tissus, au nettoyage du bois des planchers
et des peintures sur le bois et sur les murailles; elle entre
aussi dans la fabrication des savons mous, de l’eau de javel
et du chlorate de potasse.
Sulfate de potasse. — Le sulfate est utilisé pour la prépa-
ration du carbonate de potasse et pour celle de l’alun.
Azotate de potasse. — L'azotate, appelé aussi nitre ou
salpêtre, est surtout employé pour la fabrication de la poudre,
et entre dans la plupart des mélanges usités pour les feux
d'artifice.
Chlorate de potasse. — Le chlorate entre, comme le sel
précédent, dans la composition des feux employés en pyro-
technie,; il forme des poudres qui sont trop brisantes pour être
employées dans les armes de guerre, mais qui sont utilisées
dans les mines. Il sert à la fabrication des allumettes à phos-
phore amorphe et il entre aussi dans la pâte des allumettes
sans phosphore. Il sert à la confection des amorces. Enfin,
en médecine, on l’administre en solution ou en pastilles
contre les affections de la bouche et de la gorge.
Hyposulfite de potasse. — L'hyposulfite est employé comme
GTOLOGIE. 32
…. > COPIER ATOS, NT RD LS EE pe A Te
Ë RE |
498 GÉOLOGIE APPLIQUEE
décolorant et désinfectant énergique. Il entre dans la compo-
sition de l’eau de javel.
Silicate de potasse ou verre soluble. — Les bois et les tissus
imprégnés d’une dissolution bouillante de silicate de potasse
se consument lentement et sans flamme, si on les allume.
Cette précieuse propriété a été mise à profit dans quelques
théâtres pour empêcher la propagation des incendies.
La même dissolution peut être employée pour la conser-
vation des statues et des ornements taillés dans les pierres
tendres, ainsi que pour la réparation, par le collage, du’
marbre, de la porcelaine et même des verres et des cristaux.
La pâte résultant d’un mélange à froid de craie en poudre,
délayée avec une dissolution de silicate de potasse, constitue
un excellent ciment hydraulique, qui adhère fortement à la
surface des pierres.
Minerais. — On trouvera ci-dessous la liste des principaux
minerais de potassium que l’on rencontre à l'état naturel.
Ces minéraux complexes coexistent dans les gisements, avec
des composés de métaux alcalins et alcalino-terreux, et
peuvent difficilement être séparés les uns des autres.
1° Polyhalite. — Sulfate triple de chaux, de magnésie et de
potasse hydraté [(Ca.Mg.K?) 0.S05--1/2h20|.
20 Carnallite. — Chlorure double de magnésium et de
potassium (K.CI,Mg.Cl?,6H°0); on y trouve du cæsium, du
rubidium et du thallium.
3° Kaïnite. — Mélange de sulfate de magnésie et de
chlorure de potassium hydraté (KCI + 2Mg0.S03 + 6H0O;:.
& Sylvinite. — Chlorure de potassium pur (KCI); on y
trouve du rubidium et du cæsium.
5° Schôünite. —- Sulfate double de potasse et de magnésie
(KO.SO3 Mg0O.S0$ + 6H0O).
Gisements. — Laissant de côté les composés du potassium
tirés des végétaux et des matières animales par incinéra-
tion et lessivage {potasse d'Amérique et de Russie), on étu_
diera le célèbre gisement de Stassfurt, en Allemagne, qui
fournit, avec les eaux de marais salants (procédé Balard) une
quantité considérable de produits potassiques et magnésiens.
On a parlé, au chapitre précédent, des gisements d’azotate
de potasse du Pérou ; on ne reviendra pas ici sur cette étude.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 499
Gisements de Stassfurt. — Les minerais de potassium se
trouvent associés au chlorure de sodium et à divers autres
minéraux, dans les mines de sel de Stassfurt (Allemagne).
Le célèbre gisement salifère de Séassfurt-Anhalt se trouve
dans la partie supérieure du zechstein, entre Magdebourg et
Halberstadt, au nord du Mansfeld. Le sondage de Sperenberg,
près de Potsdam, est parvenu, dans ce gisement, à une pro-
fondeur de 1.270 mètres, sans rencontrer le mur d'une couche
de sel atteinte à 90 mètres de profondeur.
Le bassin de Magdebourg-Halberstadt est constitué par des
grès, des calcaires et des schistes bitumineux qui appar-
tiennent au permien (zechstein supérieur). A Stassfurt, au-
dessous d'une couche de sel récent et de schistes bitumi-
neux avec calcaires oolithiques bitumineux (rogenstein), on
trouve une couche de gypse et d’anhydrite; puis on traverse
trois zones de sel gemme chargé de sulfates et de chlorures
(170 mètres). On arrive enfin, en profondeur, au sel gemme
pur ancien (qui à plus de 330 mètres d'épaisseur). En
quelques points les couches se succèdent moins régulière-
ment; certaines d’entre elles disparaissent dans des acci-
dents.
Zone profonde. — Groupe du sel gemme. — On n'a pas
atteint le mur de la zone profonde, qui est composée de sel
gemme pur (densité : 2,16), contenant, à Stassfurt, 97 0/0 de
chlorure de sodium avec de minces filets d’anhydrite, et de
l’'hydroboracite; le sel gemme pur est incolore; on le trouve
en masses compactes, cristallines, non stratifiées. On ren-
contre, comme variétés, le sel fibreux et le sel gemme coloré
en jaune par du chlorure de fer. On trouve, dans la masse,
des carbures d'hydrogène gazeux inflammables.
La présence de cristaux d’anhydrite en veines souvent
bitumineuses rend ce sel impropre aux usages domestiques
malgré sa pureté.
À la surface de cette zone, on trouve des aiguilles d'hydro-
boracite.
Zone de la polyhalite. — La zone moyenne renferme de la
polyhalite et du chlorure de magnésium (35 mètres de puis-
sance). On passe insensiblement de la première zone, dont la
partie supérieure renferme déjà du sel très magnésien déli-
500 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
quescent et amer, à la seconde zone, où la polyhalite rem-
place l’anhydrite. La polyhalite, en petites couches de 2 à
3 centimètres d'épaisseur, est grise (D — 2,62). L'anhydrite
et la polyhalite représentent 7,3 0/0 de la masse du sel
impur (91 0/0 de NaCl), qui est inutilisable, de même que la
polyhalite, d'où l’on ne peut pas extraire le sulfate de potasse
{30 0/0).
Zone de la kiésérite. — La zone supérieure contient de la
kiésérite (25 mètres de puissance) (MgOSO3 HO). A la base
de cette zone, on trouve du sel magnésien, puis de la kiésérite
qui, plus haut, se mélange à de la carnallite; enfin, au dessus,
on trouve des rognons de stassfurtite. La kiésérite, en couches
de 25 à 30 centimètres d'épaisseur, alternant avec les couches
de sel gemme, est ou amorphe, ou cristallisée (prismes cli-
norhombiques); elle est à demi transparente et d'une cou-
leur grisâtre; elle ternit à l'air, puis devient déliquescente et
se transforme en epsomite (sulfate de magnésie hydraté).
Zone supérieure. — Le groupe supérieur est le gisement
principal des minerais de potasse ; il contient de la carnal-
lite avec de la kaïnite et de la sylvinite (42 mètres). La car-
nallite, ou kalisalz (D — 1,68), est un chlorure double de
potassium et de magnésium à texture grenue ; elle est blanche
et transparente à l’état pur; mais elle est, en général, colorée
en jaune ou en rouge brique. On la trouve en couches stratifiées
(2 mètres au maximum), qui alternent avec le sel gemme et
la kiésérite. Elle se dédouble en présence de l'eau, et le
chlorure de magnésium se dissout seul. On trouve, dans la
carnallite, de l’oxyde de fer, du rutile, de la boracite, de
l'alun, de la pyrite et de l’anhydrite en cristaux microsco-
piques. La carnallite est accompagnée d'autres minéraux,
parmi lesquels on peut citer : 1° la kaïnite, employée comme
engrais potassique, substance jaune, transparente (D — 2,143),
qui est fréquente surtout dans la mine d’Anhalt et qui se
dédouble à l’air humide en chlorure de magnésium et en
sulfate double de magnésie et de potasse; — 2° la sylvine
(chlorure de potassium), que l’on trouve à Anhalt en rognons
et à Stassfurt en druses (D — 2); — 3° la stassfurtite, sel
double de borate de soude et de chlorure de magnésium,
que l'on trouve en cristaux cubiques ou en rognons de
pa
die
EG
di #8 _Ù
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 501
plusieurs kilogrammes, entourés de sel gemme et de tachy-
drite; — 4° la tachvdrite (chlorure double de calcium et de
magnésium), très déliquescente et très soluble, qui est une
carnallite dans laquelle le calcium est substitué au potassium.
-- Enfin, à la partie supérieure (toit) du gisement, au-dessus
des argiles salifères de l’anhydrite et du gypse, on trouve une
puissante couche de selgemme,elle-mêmerecouverte d’argiles
salifères, avec du sel gemme impur coloré, et parfois avec
de la glaubérite.
Dans le Traité des gites minéraux de MM. Fuchs et De Lau-
nay, l'on trouvera, exposée en détail, la théorie de la genèse
du bassin de Stassfurt, d'après Dieulafait, Bischof et Ochsenius.
-On peut admettre que la formation du bassin est due à l’éva-
poration lente d’une immense lagune, restée longtemps en
communication avec la mer par un canal étroit, qui a amené
des quantités énormes de chlorure de sodium (analogie avec
la mer Caspienne et les étangs du delta du Rhône). La ferme-
ture accidentelle, puis la réouverture du canal, combinées avec
l'érosion des falaises argileuses, servent à expliquer Les dépôts
de sulfate de chaux et la formation des argiles salifères. En
réalité, on ne peut qu'émettre, sur cette formation, une série
d'hypothèses vraisemblables, appuyées sur des observations
pratiques et sur des expériences de laboratoire ; le mécanisme
véritable de la formation du bassin res e jusqu’à présent énig-
matique.
Produits de Stassfurt. — Le sel gemme de Stassfurt, étant
mélangé d'anhydrite,est surtout vendu pour les usages indus-
triels (Fabriksalz), pour le bétail (Vichsalz) et comme engrais
(Leckstein).
La kaïnite, qui renferme de la potasse, sert d'engrais. On en
extrait du sulfate de potasse.
Le hartsalz (mélange de sylvinite, de kiésérite, de sel gemme
et d'anhydrite) est vendu comme engrais.
La carnallite sert à l'extraction du chlorure de potassium
et à la fabrication du sulfate de soude.
Les résidus de triage sont vendus comme engrais ou
comme réfrigérants.
La kiésérite est vendue, en général, à l’état de mélange
avec la carnallite.
LE dE 26 TT Em ed ST EL és «ef gt
D
=
502 _ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
L4
… La stassfurtite fournit de l'acide borique et du borax. Des
eaux mères traitées par le chlore, on extrait du brome.
Les engrais potassiques de Stassfurt, riches en sel marin,
employés à la dose de 200 à 300 kilogrammes par hectare,
sont d’un bon effet, pourvu qu'ils soient débarrassés du chlo-
rure de magnésium, qui est dangereux pour la végétation.
L'Allemagne est à peu près le seul pays producteur de la
potasse extraite de gisements minéraux. La Russie et l’Amé-
rique en produisent de grandes quantités, mais qui sont
extraites du lessivage des cendres de bois.
Production de Stassfurt. — Kaïnite, 995.821 tonnes valant
17.481.020 francs.
Autres sels de polasse, 950.367 tonnes valant 15.099.240 fr.
BIBLIOGRAPHIE DU POTASSIUM
1865. De Selle, De La saline de Stassfurt (Cuyper, t. XVII, p. 34).
1865. Fuchs, Mémoire sur Stassfurt (Annales des Mines, 6° série,
t VIH:
1872. Exploitation d'un gisement de chlorure de potassium à Kalut
en Galicie (Cuyper, t. XXXI, p. 174).
1888. Janet, Sur le traitement industriel des sels «de Stassfurt
(Annales des Mines, 8 série, t. XIV, p. 479).
Be. D AO matter Dirt) À Ç Pod PRET ess 2
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 503
SODIUM
Propriétés. — Le sodium est un métal blanc et brillant
comme l'argent, mais dont l'éclat s’altère rapidement à l’air
humide, par la formation d’une couche blanche et terne
d'hydrate de soude. A la température ordinaire, il est mou et
malléable comme de la cire; au-dessous de 0°, il durcit et
devient cassant. Sa densité est de 0,970. II fond à 95°,6 et
distille au rouge vif.
Il cristallise en octaèdres quadratiques ; à une température
élevée, il brûle avec une flamme jaune caractéristique, en
donnant du protoxyde et du peroxyde de sodium. Le sodium
est bon conducteur de la chaleur et de l'électricité; ses réac-
tions sont moins énergiques que celles du potassium, etil est
plus facile à manier que ce métal.
Usages. — On emploie le sodium comme réducteur dans
la métallurgie de l'aluminium et du magnésium et dans la
préparation du bore et du silicium.
La soude caustique, ou hydrate de soude, est employée dans
la fabrication des savons. Elle ramollit la peau et la dissout.
On la désigne sous le nom de soude à la chaux ou soude à
l'alcool, suivant son mode de préparation.
Production du sodium métallique. — On produit le sodium
métallique principalement aux États-Unis, dans les usines
hydro-électriques de la Niagara Electro-Chemical C°, à Nia-
gara Falls; en Angleterre, à Oldbury (Aluminium C°); et dans
trois usines allemandes dans lesquelles on emploie le pro-
cédé électrolytique Castner. Le prix du sodium métallique,
à New-York, variait de 4 à 5 francs la livre anglaise de
450 grammes, en 1897. Pour de grosses commandes, on
traitait à 2 fr. 60.
Alliages. — Au-dessus de 3009, le sodium absorbe l’hydro-
gène et forme avec lui un alliage (Na2H), mou à la tempéra-
ture ordinaire, plus fusible et plus brillant que le sodium.
Avec le mercure, le sodium forme un amalgame appelé
amalgame de sodium, très employé comme réducteur en chi-
mie organique.
RU
PES >
50% -— : _ GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les alliages de potassium et de sodium sont extrêmement
fusibles. |
Le sodium peut encore former des alliages avec l’antimoine,
l’arsenic, le bismuth, l'étain, le fer et le plomb.
Gomposés. — Chlorure de sodium (sel). — Le chlorure de
sodium est un des corps les plus répandus dans la nature; il
existe, en couches abondantes dans le sein de la terre (sel
gemme), ou en dissolution dans les sources salées et dans
l'eau de mer (lacs salés, marais salants). Il est employé dans
la préparation des aliments et pour la conservation des
viandes et autres denrées. On l’emploie aussi en agriculture
et pour l'élevage des bestiaux.
L'industrie en consomme de grandes quantités pour la
fabrication de l’acide chlorhydrique, du sulfate et du car-
bonate de soude, pour le vernissage des poteries et des
grès, etc.
Hypochlorite de soude. — En mélangeant, à équivalents
égaux, de l’hypochlorite de soude et du chlorure de sodium,
on obtient la liqueur de Labarraque, analogue à l’eau de Javel
et utilisée, de même que ce produit, comme désinfectant et
comme décolorant.
Carbonate de soude. — Les carbonates impurs ou soudes
du commerce sont désignés, suivant leur provenance, sous le
nom de soudes naturelles ou de soudes artificielles.
Les soudes naturelles proviennent de l’incinération des
plantes marines {salicornes, salsola, barilles), qui contiennent
de la soude, combinée à des acides organiques. Sous l’action
de la chaleur, les cendres de ces végétaux à demi fondues se
transforment en une masse brune, qui contient de 15 à 25 0/0
de carbonate de soude sec.
Les soudes artificielles qui, aujourd'hui, ont presque entiè-
rement remplacé les soudes naturelles, sont préparées soit
d’après le procédé Leblanc (sulfate de soude, craie et char-
bon chauffés ensemble), soit d'après le procédé à l'ammo-
niaque.
Le carbonate de soude est employé à l’état brut dans la
fabrication de la verrerie commune. Raffiné, il sert à la
fabrication des glaces et de la verrerie fine. Les cristaux
de soude servent dans le blanchiment, dans la teinture,
| ssh CS PR NN TR 7
cal -
“
"
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 505
“dans la préparation des sulfites et des hyposulfites de
soude, dans la transformation de l’acide borique en borax.
Rendue caustique par la chaux, la soude brute est employée
à la fabrication des savons durs.
Bicarbonate de soude. — Le bicarbonate de soude, qui
existe dans certaines eaux minérales (Vichy, Carlsbad, etc.)
et que l’on peut préparer en faisant passer un courant
d'acide carbonique sur des cristaux de soude concassés en
fragments, est utilisé en médecine contre la gravelle et
diverses autres affections; il facilite les digestions acides. Il
est employé pour la préparation de l'eau de Seltz par les
particuliers.
Sulfate de soude. — I] existe, en Espagne, de vastes mines
de sulfate de soude naturel. On trouve aussi ce sel dans
certaines eaux minérales et dans les eaux-mères des marais
salants.
On prépare le sulfate de soude artiticiellement, en décom-
posant le chlorure de sodium par l'acide sulfurique. On
l’'emploie pour la fabrication de la soude artificielle et pour
celle du verre ordinaire. On s’en sert en chimie et en méde-
cine.
Hyposulfite de soude. — L'hyposulfite de soude est un
réducteur énergique, qui dissout le chlorure, le bromure et
l'iodure d'argent, propriété à laquelle il doit son emploi en
photographie.
Borate de soude. — Le borate de soude fondu dissout les
oxydes métalliques; on s’en sert pour opérer la soudure
des alliages d’or ou d'argent et pour enlever les oxydes qui
se forment sur les surfaces à souder.
On l'utilise pour reconnaître, à l’aide du chalumeau, la
nature du métal que contient un oxyde. Il est employé pour
la fabrication de certains verres, pour la peinture sur porce-
laine et pour l’émail de la porcelaine anglaise.
Arséniate de soude. — L'’arséniate de soude est utilisé en
médecine contre les fièvres intermittentes et les maladies
scrofuleuses. La liqueur de Pearson est formée de 5 centi-
grammes d'arséniate neutre de soude pour 30 grammes d’eau.
Minerais. — Le sodium existe en grande quantité dans la
nature, sous forme de sel gemme (chlorure de sodium) et
RL DR I TT ET LOT RE SSL RL T 1 AT D UE CN ER PTT
506 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
d'azotate de soude ; on le trouve aussi à l’état de cryolite ou
fluorure double d'aluminium et de sodium (Voir le chapitre
le l'Aluminium).
On connaît encore les minerais de sodium suivants :
Le glaubérite, sulfate double de soude et de chaux ;
Le boraz, ou borate de soude, qui sert surtout à l'extraction
du bore et de l'acide borique, et le sesquicarbonate de soude
{2Na0.3C0? + 3H0) ou natron. On peut citer aussi, malgré
sa rareté, la gaylussite, carbonate de soude et de chaux que
l’on trouve surtout en Amérique (Nevada, lac Maracaïbo).
On ne s'occupera ici que du sel gemme, de la glaubérite
et du natron.
SEL GEMME
Usages. — Le sel gemme est indispensable à la vie de
l'homme et des animaux. De plus, il sert d'engrais, et il a des
applications industrielles importantes pour le tannage des
peaux, le vernissage des poteries et surtout pour la fabri-
cation du carbonate de soude par les procédés Leblanc et
Solvay. Le sel pur est réservé à l'alimentation. Le sel
industriel, de même que celui qu'on donne aux bestiaux,
est dénaturé par mélange avec de la naphtaline, de l’absinthe
ou de l’'oxyde de fer, pour éviter l'impôt considérable qui
frappe le sel propre à l'alimentation.
On laissera de côté l’industrie des marais salants, qui
fournit en France une grande partie du sel consommé (salines
de l'Ouest, de la Provence et de l'Algérie), pour étudier
uniquement le sel gemme des étages géologiques, que l'on
exploite soit comme un minerai ordinaire, par abatage en
blocs (Wieliczka, en Galicie, Maros Ujvar et Marmaros, en
Hongrie), quand le terrain est solide, soit par dissolution, en
traçant au préalable des galeries dans la couche (Salzkam-
mergut). Enfin on peut encore faire un sondage dans les
couches salifères, y introduire de l’eau et pomper l’eau salée
(Lorraine, Cheshire, Se-Tchouan).
Gisements. — Les gisements de sel se sont formés par
l’évaporation de lagunes maintenues pendant longtemps en
MINERAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 507
communication avec la mer par un canal étroit. Ce phéno-
mène a pu surtout se produire lors de plissements et de dis-
locations qui ont déplacé les eaux sur la surface des con-
tinents.
Quand il y a évaporation d'eau de mer, il y a d’abord dépôt
de gypse ; aussi trouve-t-on le sel au-dessus de couches de
gvpse; on rencontre des gisements de sel principalement
dans les terrains contemporains des dislocations qui ont mis
les minerais métalliques en mouvement : cambrien (Chine),
silurien (Indes et Amérique du Nord), permo-trias (Russie,
Tyrol, Lorraine, etc.), miocène (Carpathes), époque actuelle
(Caspienne, Algérie et Chotts de Tunisie). C’est également
D Sn COR Te © Lx 6h OS AR ER DS re" Le re LS DA PR, DA | LE à ste AS, ff
PRE A DT DCR SUN PS NT ET +
dans ces terrains que l’on rencontre les gisements d'hydro- :
carbures, souvent au voisinage du gypse et du chlorure de
sodium, et cette décomposition de l’eau de mer est un des
facteurs de la formation des pétroles. Nous avons pu étudier
tout particulièrement, et même découvrir et exploiter, dans
diverses contrées, un certain nombre de gisements de pétrole ;
nous avons été ainsi amené à présenter, dans le chapitre
des Hydrocarbures, une explication de ces phénomènes qui
ont été Jusqu'ici incomplètement étudiés, et au sujet desquels
de nombreuses hypothèses ont été imaginées. Cette question
est une des plus passionnantes de la géologie, à cause de
l'obscurité qui entoure les conditions si diverses de forma-
tion, de dépôt et de déplacement des hydrocarbures, et aussi
à cause des emplois multiples de ces produits dans l’indus-
trie moderne.
Les sources thermales salées empruntent leur salure aux
couches qu'elles traversent; un grand nombre de géologues
prétendent même que le sel à été déposé, dans les terrains
où on le trouve, par des sources chlorurées. Il se peut que
certains gisements de sel aient été formés de cette façon ;
mais les phénomènes actuels, très nets et parfaitement cons-
tatés, de l’évaporation des mers, et la nature de la plupart des
gisements de sel rendent peu probable cette dernière hypo-
thèse, au moins dans un grand nombre de cas.
Les principaux gisements connus sont décrits ci-dessous
successivement d'après leur situation géographique : France,
Europe, Asie, Afrique, Amérique.
508 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
— Gisements de sel en France. — Lorraine. — Le tableau ci-
dessous rend compte de la succession des couches salifères
du keuper en Lorraine, près de Nancy, dans les vallées de
la Meurthe et du Sanon :
Marnes. argiles bariolées...,... ES |
Bancs de dolomié jaune............. Keuper supérieur.
Giypsenon-saliere ss nee
GES AA IMICACÉ RCE PR RTS RES | Keuper moyen.
Dhlônie restent en een re |
Couches ChHArhonneuSesS PR eee , Keuper inférieur.
Lentilles de gypse sans sel gemme..
Dolomie inférieure poreuse.......... |
Muschelkalk.
On y exploite des couches lenticulaires de sel, aplaties,
régulières et peu inclinées, séparées par des bancs d'argile
gypseuse salée et réparties en deux niveaux : le niveau
supérieur, qui est le seul exploité, comprend à Varangeville
onze couches de sel (63 mètres), dont une de 20 mètres d'épais-
seur, et quatre seulement à Einville-au-Jard (10 mètres au
total; le sel, grisâtre et translucide, contient un peu d’ar-
gile et d'anhydrite; les couches n'affleurent nulle part; elles
diminuent rapidement de puissance vers l'est et le sud-est
et se raccordent probablement au nord avec celles de Dieuze
et de Vic. Les principales mines sont celles de Rosières et de
Saint-Nicolas à Varangeville, de Saint-Laurent à Eimville où
l'on exploite par chantiers souterrains à piliers abandonnés.
Dans les autres mines (Pont-de-Saint-Phlin, les Aulnois,
la Madeleine à la Neuveville, Dombasle, Portieux, etc.), on
exploite par dissolution. Les tubages perforés des trous de
sonde mettent en communication les couches de sel avec
diverses nappes d’eau douce; ils se remplissent d’eau salée
marquant 21 à 25° Baumé (240 à 320 kilogrammes de sel
par mètre cube), que l’on pompe, et d'où l'on extrait le sel par
évaporation dans des poêles en tôle de 82,00 >< 20,00 ><0,50;
l'eau trouble et chargée de gaz est d'abord décantée dans des
bassins de repos, puis elle est traitée par la chaux, qui pré-
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 509
cipite l'oxyde de fer. ainsi que le chlorure de magnésium
qui rendrait le sel déliquescent.
Les terrains s’éboulent peu à peu par suite des vides inté-
rieurs créés par cette méthode d'exploitation, qui les réduit
à l’état de boue.
Les quatorze salines de la région et les deux soudières où
l'on fabrique le carbonate de soude, ont produit environ
100.000 tonnes de sel gemme et 150.000 tonnes de sel
raffiné en 1885. La production du carbonate de soude était
de 77.000 tonnes en 1885. En 1898, ces exploitations ont
fourni 304.000 tonnes de sel brut ou raffiné; en y ajoutant
la quantité de sel tenue en dissolution dans les eaux salées
consommées pour la fabrication directe de la soude, on
arrive à un total de 550.000 tonnes de sel pour cette
région.
Angleterre. — Le gisement salifère du Cheshire, situé dans
le voisinage de Liverpool, est le plus important du monde
entier. On exporte le sel, comme lest, par les nombreux
navires qui partent de Liverpool pour chercher des charge-
ments de coton et d'autres matières aux Indes, en Amérique
ou en Australie. On fabrique aussi, en Angleterre, une
grande quantité de carbonate de soude avec le chlorure de
sodium extrait du Cheshire.
Le gisement, situé dans le keuper inférieur et le keuper
moyen, comprend, à Northwich, deux couches de sel gemme
de 25 mètres de puissance chacune : {op bed, ou lit supérieur
(49 mètres de profondeur), et bottom bed, ou lit inférieur
(84 mètres de profondeur). Ces deux couches sont séparées
par des marnes dures, sur lesquelles on asseoit les cuvelages
des puits. Entre la couche supérieure (fop bed) et la couche
des marnes dures et imperméables (flag) qui la surmonte,
circule une nappe d’eau qui dissout le sel du top bed.
L'eau pénètre par les affleurements, comme dans le bassin
de Paris. Il y avait, autrefois, des sources salées jaillissantes
que l'on obtenait en percant les flags; mais le trop grand
nombre des forages a diminué actuellement la charge des
eaux.
La couche de sel a une superficie de 32: >< 24km ef une
épaisseur moyenne de #5 mètres, dont 25 situés au-dessus de
510 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
la mer sont exploitables. Il y a donc près de 40 milliards de
tonnes de sel en réserve dans cette région.
L'exploitation se fait, en général, par dissolution; cepen-
dant on exploite en certains points le bottom bed par mines
souterraines (méthode des piliers abandonnés), en réservant
1 mètre de plancher et 18 mètres de plafond; les 6 mètres
de hauteur exploités sont partagés en deux étages de 2 et
de 4 mètres, abattus l’un au pic et à la mine, le second
(étage inférieur) à la mine seulement.
L'exploitation par dissolution se fait au moyen de puits, par
lesquels on épuise la nappe d'eau salée (10 à 100 mètres); la
saumure, à 25 0/0 de sel, est évaporée dans des poêles de
8m >< 20 mètres. L'épuisement est fait par des Compagnies
qui possèdent des pipe-lines en fonte ou en bois, et qui
livrent la saumure aux usines, moyennant un prix déter-
miné au mètre cube. L'exploitation par dissolution produit
dans le Cheshire des effondrements et des excavations
considérables, qui ruinent les propriétaires de champs et
d'immeubles ; mais les exploitants sont protégés par la loi
anglaise contre toute réclamation.
Il existe également des couches de sel gemme dans le
Durham (keuper, et au sud de la Tyne, ainsi qu'en Irlande
(keuper de Carrickfergus..
La production de la Grande-Bretagne a été au total, en
1897, de 1.934.039 tonnes de sel représentant une valeur de
45.522.450 francs. En 1894, elle avait atteint 2.271.687 tonnes,
représentant une valeur de 19.090.725 francs.
Espagne. — On exploite à ciel ouvert par tranches hori-
zontales, près de Cardona, un gisement de sel rougeûtre,
constitué par un plateau éocène que coupe la vallée du
Cardonero, affluent du Llobregat. On peut citer encore le
gite de Caparosa, couche de sel de 12,60, entre le gypse
et l'argile; celui de Posa, près de Burgos, et les salines
de San-Fernando (200.000 tonnes) et de Fuente Piedra
300.000 tonnes), dans le sud de l'Espagne.
La production du sel, en Espagne, a été, en 1892, de
682.634 tonnes et, en 1897, de 508.606 tonnes valant
5.796.470 francs. k
Roumanie. — Le mouvement de recul (époque du schlier)
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 511
de l’ancienne Méditerranée qui couvrait autrefois une grande
partie de l'Europe centrale, a laissé, le long des Carpathes,
en Roumanie, ainsi queen Transylvanie et en Galicie, des
dépôts considérables d'argile salifère gris bleu, provenant de
lagunes restées en communication avec la mer.
Les argiles salifères de Roumanie (argiles rougeûtres,
schistes gréseux ou argileux, micacés) appartiennent au
salzthon-gruppe, qui comprend des couches à paludines
pétrolifères recouvertes par des grès et des sables à con-
géries (pliocène inférieur). Les collines renfermant ces
couches surplombent la plaine d'alluvions du Danube et
sont dominées par des montagnes de grès. Les schistes
gréseux micacés renferment du sel, du soufre et du gypse.
Les gites, de forme lenticulaire, ont subi des plissements
complexes et sont répartis sur trois lignes de plissements ;
ils sont exploités par grandes galeries; les principales mines
sont: Slanic, Doftana, Tirqu-Ocna, Grandes-Salines, Kampina,
Telega, Baïcoï, etc.
Transylvanie. — Les gisements de Transylvanie sont
répartis dans une zone orientée nord-sud, parallèle aux plis-
sements des schistes crétacés et primitifs.
À Maros-Ujrar, où le gîte a une apparence éruptive, on
trouve, dans des argiles tertiaires non fossilifères, un sel très
pur (99 0/0 de sel), contenant des traces d’anhydrite, de gypse
et de carbures d'hydrogène. Les parois argileuses ont une
surface polie comme une glace, et la masse saline augmente
de largeur en profondeur, en même temps que les couches
d'argile se rapprochent de l'horizontale. Les autres mines prin-
cipales de cette région se trouvent à Parayd, à Dees et à
Visakna.
On exploite, aujourd'hui, en creusant dans le sel d’im-
menses chambres rectangulaires, éclairées à l'électricité
(les anciennes chambres avaient la forme de cloches). A cet
effet, on mène des galeries qui ont 2 mètres de hauteur sur
110 à 120 mètres de longueur, et 11 mètres à 15 mètres de
largeur; puis on élargit en menant des galeries transversales
à droite et à gauche des premières. Quand on atteint
45 mètres de largeur, on attaque les parois en réservant des
piliers de 6 à 8 mètres entre les chambres et en enlevant le
TN OT TRES GO DE ed ME et Ds LS 2e NE TE I
512 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sel par tranches horizontales de 0®,25 >< 1,00 >< 2%,00, que
l’on débite en morceaux de 40 à 50 kilogrammes.
Le groupe des salines de Marmaros, aux confins de la Galicie
et de la Bukowine, appartient à une bande salifère continue,
parallèle à la Theiss. La couche de sel qui renferme les fos-
siles du schlier (faune méditerranéenne miocène), et dont
‘épaisseur dépasse 150 mètres, est surmontée d’argiles noires
bleuâtres (40 mètres); ces salines, déjà connues du temps des
Romains, sont réparties en trois groupes autour de Marmaros,
Szlatina, Ronaszek et Szukatak.
(ralicie. — Les salines de Wieliczka et de Bochnia, en Galicie,
sont situées au nord des Carpathes et font suite à celle de
Marmaros. Le gisement, exploité depuis plusieurs siècles, a
une étendue de 3.000 à 4.000 mètres en longueur et en lar-
geur; il comprend deux formations superposées :
1° La partie inférieure avec trois groupes de couches bien
stratifiées sur près de 150 mètres (fossiles marins); on exploite
les couches à partir de 1,10 d'épaisseur. Le sel comprend
trois variétés : le sel alimentaire (szybikersalz), à 99 0/0 de
sel pur et 1 0/0 de gypse, le sel industriel (spizasalz) conte-
nant du sable, et le sel vert ou gris verdâtre (grünsalz), dont
on emploie la partie la plus pure ;
20 La partie supérieure non stratifiée, où les couches
argileuses miocènes contiennent des amas irréguliers de sel
gemme atteignant souvent 50 mètres de puissance.
On recueille, outre le sel gemme, des argiles plus ou moins
salées, telles que le zuber, qui contient jusqu'à 50 0/0 de sel;
on exploite, comme à Marmaros, par grandes chambres ; on
dépile par tranches successives de 22,20 de haut avec piliers
abandonnés, et on ne prend qu’une tranche sur deux pour
obtenir plus de sécurité, la mine étant située sous la ville de
Wieliczka.
Tyrol et Salzkammergut. — Ve Salzkammergut renferme
des gisements salifères triasiques importants, exploités
depuis le vire siècle, et situés dans le keuper inférieur, en
relation avec des couches marines de dolomie et de calcaire,
Les gisements sont surmontés, au nord des Alpes, par des
marbres colorés (niveau de Saint-Cassian), de 300 mètres
d'épaisseur. Au sud, les tufs de porphyre augitique, avec
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 513
marnes, sont recouverts par des dolomies (dolomies du
Schlern). Les amas de sel, colorés en rouge ou en noir et
mélangés d'argile, sont tantôt verticaux, tantôt horizontaux
(lentilles). Les principales mines sont celles d'Hallein, d'Hall-
stadt, d'Ausse, etc. On les exploite par dissolution, en faisant
séjourner de l’eau, successivement, pendant trois semaines,
dans plusieurs chambres souterraines superposées, d'où l’on
enlève d'abord des blocs de sel en réservant des piliers.
(Voir, pour les détails de cette industrie, le Traité d'exploita-
tion des mines de M. Haton de la Goupillière, et le Traité de
géologie appliquée de MM. Fuchs et de Launay, t. 1, p. 480 et
481).
La production du sel à été, au total, pour l'Autriche-Hon-
grie, de 492.795 tonnes en 1897, comprenant 250.000 tonnes
environ de sel provenant des marais salants de la Dalmatie
et de l'Istrie.
Russie. — Le dévonien renferme, en Russie, des sources
salées accompagnées de gypse et de naphte : salines de
Senoska (mer Blanche), d'Ouske-Lousk et de Vladitchensk, dans
le gouvernement d’Arkangelsk.
Les salines du gouvernement de Perm, le long de la
Kama (Deduckhine, Lenvensk, Ousolié, Solikamsk, Béresnine),
exploitées depuis le vr° siècle, sont situées dans le zechs-
tein, de mème que celles de Thosma et Ledengsk (gouverne-
ment de Vologda) et de Seregowsk, sur la rivière Vym.
La production des salines du zechstein russe dépasse
200.000 tonnes.
La production de la Russie a été de 1.347.352 tonnes de
sel, en 1896, valant 15.130.000 francs.
Région de la mer Caspienne. — Les eaux du bassin de la.
mer Caspienne se réunissent dans des lacs sans écoulement,
qui s’évaporent complètement en été; un certain nombre de
ces lacs sont permanents, leur masse d’eau étant très considé-
rable. Les principales régions où il existe des groupes de
lacs sont les bords de la mer Noire (Kouialnic, Kissbourn et
Hadjibei), production 50.000 tonnes par an, et les bords de la
mer d'Azov (Jasensk, Tamane, Otchouessk); dans la Crimée, il
existe des marais salants près de Perekop, Eupatoria, Theo-
dosia, etc.; enfin, dans les environs d’Astrakan, on trouve sur
GÉOLOGIE. 33
DE GÉOLOGIE APPLIQUÉE
les bords du Volga, plus de 2.000 lacs; les plus importants
sont ceux d'Eltone (23.000 hectares), dont on exploite les
couches inférieures les couches récentes sont amères), et
celui de Baskountchak (18.000 hectares), qui s'évapore en
été, et qui fournit près de 100.000 tonnes de sel gris par
an.
Algérie. — Sur la route d'Alger à Laghouat, au sud de
Boghar, on trouve le gîte du Rhang-el-Melah, constitué par un
massif crétacé cénomanien conique, dû sans doute à une
éruption. Ce massif s'élève dans une plaine d’alluvions: au
centre se trouve un amas de sel très pur, à profil déchi-
queté, ressemblant à des ruines. L'Oued-Melah délave les
affleurements et dépose, sur ses bords, une quantité de sel
considérable. Le cube du gisement est évalué à 250 millions
de tonnes.
Province d'Oran. — Le lac d'Arzew près d'Oran (1.500 hec-
tares) recoit, dans la saison des pluies, les eaux qui se sont
chargées de sel en lavant les terrains environnants; en été,
il se dessèche, et on recueille à la pelle une croûte de sel
de 02,35 environ, dont la partie inférieure est très blanche.
L'Algérie à produit, en 1896, 19.658 tonnes de sel et, en
1897, 23.222 tonnes valant 390.000 francs.
Indes. — On recueille, dans l'Inde, un sel rouge impur
fourni par des lentilles interstratitiées dans le silurien (sal-
tranges du Pendjab indien, sur la rive orientale de l'Indus.
Au sud de Peshawar, sur la rive occidentale de l'Indus
Pendjab), on exploite des gisements de sel (éocène ou trias)
qui se présentent sous forme d’amas en concordance avec
l’'éocène et surmontés de gypse et de grès à nummulites. Les
affleurements, très, puissants, forment des collines et des
falaises blanches ou grises (60 mètres), à Brhadur-Khel.
La production du sel aux Indes est, en moyenne, de
1.000.000 de tonnes par an (937.388 tonnes en 1897).
Perse. — Les gisements de sel de la Perse se rattachent,
comme ceux de l'Europe centrale, à la phase du tertiaire
connue sous le nom de schlier. Les principaux sont ceux de
l'Albur (miocène), près de Nichapur, où on recueille, par la
méthode des chambres, du sel dont la couleur varie du
blanc au noir; on exploite aussi du sel dans des grès et des
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 515
marnes tertiaires aux environs du golfe Persique (Larak,
Hormuz, Pohal, Hameran, Jabel, etc., etc.).
Se-Tchouan (Chine). — Dans la partie orientale de la
province chinoise du Se-Tchouan, au nord du Yunnam,
il existe une région appelée le pays du Feu (Fou Choen);
les sources salées y sont alignées au nord d’une chaïne
de montagnes carbonifères et sont associées à des hydrocar-
bures ; elles proviennent de plissements et de fractures pro-
fondes du cambrien. On exploite par puisage, au moyen de
sondages à la corde qui ont de 300 à 600 mètres et même
parfois 1.100 mètres de profondeur; les sources, rarement
jaillissantes, fournissent souvent du pétrole mêlé à l’eau
salée et des gaz combustibles que l'on emploie pour évaporer
l'eau du sel.
La production annuelle du sel dépasserait, dit-on, 800.000
tonnes en Chine.
Amérique. — On exploite, en Amérique, des sources salées
associées à du gypse dans le silurien supérieur (Syracuse,
Salina, Ohio). Citons encore les sources et les lacs salés du
Mississipi, du Kentucky, de la région des Lacs salés et du
Nevada. Dans ces mêmes régions, ainsi que dans l'Utah,
l'Orégon, la Californie et le Canada, on trouve des lacs salés
qui donnent du sel par concentration. Ce sel est employé
principalement par l’industrie des mines d’or (chloruration).
La plus grande partie du sel produit aux États-Unis pro-
vient de l'exploitation des sources salées, au moyen de
pompes. Il existe une mine de sel gemme à la Louisiane, deux
dans le Kansas (Kanapolis), et-un groupe de mines (Lehigh,
Livonia, Greigsville), exploitées par une seule Compagnie,
dans l'ouest de l'État de New-York, à Geddes, au sud de
Syracuse (Genesee et Wyoming Valleys).
Les États-Unis ont produit, en 1897, 2.000.000 tonnes de sel.
Au Canada, on a produit, en 1896, 39.880 tonnes de sel
valant 848.465 francs et, en 1897, 46.584 tonnes valant
1.128.650 francs.
516 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
NATRON
Parmi les autres minéraux du sodium, on étudiera le
natron et la glaubérite.
Le natron est du sesquicarbonate de soude {2Na0,3C0?
+ 3 HO). Il a été longtemps employé pour produire la
soude du commerce. Il peut servir pour la fabrication du
verre. Le natron se trouve dans le Fezzan et en Égypte
(Afrique), à Lagunella (Vénézuéla,, dans le Wyoming, dans
le Churchill County (Nevada) et en Californie. On en a trouvé
récemment un dépôt dans le district d’Alfar (État de Sonora,
Mexique), près du golfe de Californie; ce minerai contient
76 0/0 de carbonate et 5 0/0 de sulfate de soude.
Gisements du Wyoming. — Dans le Wyoming, les princi-
paux gisements de natron sont ceux des groupes de Natrona
County (Morgan Independance, Rock et Gill), de Carbon County
(Bothwell et Rankin), d'Albany County (Union Pacific, Downey
et Roch Creek). Ces gisements tertiaires ou triasiques couvrent
une superficie d'environ 480 hectares et représentent au
moins 425.000 mètres cubes. Malheureusement, l'exploitation
est enrayée par le manque de moyens de transport; il est
certain que ces districts prendront une grande importance,
quand les capitaux s'y porteront.
GLAUBÉRITE
La glaubérite (sulfate double de soude et de chaux) con-
tient 45 0/0 de sulfate de soude anhydre; elle peut être
employée pour la fabrication du carbonate de soude et du
verre.
Gisements d'Aranjuez (Espagne). — Elle se trouve en couches
puissantes dans le miocène, aux environs d'Aranjuez, à Cien-
Pozuelos, en Espagne. Le minerai, surmonté d'argiles rouges
et grises et de calcaires d'eau douce, est exploité, à flancs
de coteaux, par piliers abandonnés; on traite le minerai
par dissolution dans de grandes excavations creusées dans
l'argile, et on recueille dans des cristallisoirs à fond bitumé
la solution chargée de sulfate de soude; ce sel se dissol-
SE à he € pe a d, © OR ee e. à + à ie
7 :
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 517
vant le premier, il ne reste plus, comme résidu, dans les
excavations, que du sulfate de chaux.
Le manque de combustible rend ditiicile le séchage du
sel qu'on utilise dans les savonneries de Séville. On ne peut
pas l'exporter, à cause des frais de transport.
La production est de 10.000 tonnes environ par an.
Autres gisements. — On trouve également du sulfate de
soude pur, en Espagne, à A/canadre, vallée de l'Ebre et à
Andosilla, près de Burgos. Il existe aussi des gisements de
glaubérite au Chili, au Pérou et dans le Colorado, en etflo-
rescences sur le bord des lacs salés.
BIBLIOGRAPHIE DU SODIUM
1862. Keller, Sur l'exploitalion de l’argile salifère et le traitement
du sel dans le Salzkammerqut (Annales des Mines, 6° série,
EE; p: 1).
1572. Boué, Sur Les giles de sel de Valachie (Bulletin de la Société
de (Géologie, 2: série, t. XXIX).
1874. Boué, Sur Les giîiles de sel de la Roumanie (Bulletin de la
Sociélé de Géologie, 3° série, t. III, p. 52).
1874. Coquand, Sur l'âge des sels gemmes de la Moldavie (Bulletin
de la Société de Géologie, 3° série, t. II, p. 365).
1871. Lartet, Sur les dépôts salifères des Pelites Pyrénées, de la
Haute-Garonne el de l'Ariège (Mémoires de l'Académie des
Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 8° série,
t. V, p. 260).
1877. Grad, Mines de Wieliczka (Sociélé d'histoire naturelle de
Colmar, p. 259).
1851. Duboul, La mine de sel gemme de Cardona dans la Haulte-
Catalogne (Bulletin de la Société Hispano-Portugaise, t. I,
n° À).
1881-1882. Labat, Observalions sur les mines de sel gemme el sur
les eaux salées de Salzburg (Bulletin de lu Société de Géolo-
de série, LX, p.265; Paris).
1386. Pellé, Les salines de Roumanie (Annales des Mines, 8° série,
t..X, p.270).
1888. Gruner, Industrie du sel dans le Donetz.
1891. Coldre, Salines du Se-Tchouan (Annales des mines, 8° série,
t. XIX, p. 441).
1891. Calderon, Sur la concomilance du sel gemme et de la
malière organique dans les mêmes gisements (Bulletin de
la Sociélé géologique de France).
1597. Buttemback, Les dépôts salins des plaines du nord de l’Alle-
magne (Revue universelle des Mines el de la Métallurgie,
5° série, t. XXXX, p. 31).
518 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
SOUFRE ET PYRITES
Propriétés physiques. — A la température ordinaire, le
soufre natif est un corps solide, d'un jaune citron, insipide
et inodore. Par le frottement il s’électrise négativement et
répand une odeur spéciale. Il est insoluble dans l’eau; mais
il se dissout facilement dans la benzine, dans les huiles essen-
tielles et surtout dans le sulfure de carbone.
Le soufre cristallise en prismes ou en octaèdres. On obtient
la forme prismatique en laissant cristalliser par refroidisse-
ment le soufre fondu. La forme octaédrique est obtenue en
laissant évaporer à froid une dissolution de soufre dans le
sulfure de carbone. En cristaux prismatiques, le soufre fond
à 117, etsa densité est de 1,96 à 1,99. En cristaux octaédriques,
il fond vers 1139, et sa densité est de 2,7. |
À 4409, il entre en ébullition et distille ; ses vapeurs, con-
densées dans un récipient froid, reproduisent le soufre ordi-
naire jaune citron. Le soufre est mauvais conducteur de la
chaleur et de l'électricité; une faible chaleur, celle de la main,
par exemple, produit dans ce corps une dilatation superti-
cielle, qui détermine la séparation des cristaux peu adhérents,
indiquée par des craquements appelés cri du soufre. Un mor-
ceau de soufre, soumis brusquement à une température éle-
vée, se casse aussitôt.
Propriétés chimiques. — Chauffé au contact de l'air, le
soufre devient phosphorescent ; vers 200° à 250°, il s'enflamme
et brûle avec une flamme bleue. Il brûle vivement dans
l'oxygène et produit de l'acide sulfureux en se combinant
avec ce gaz.
Il est électro-positif vis-à-vis de l’oxygène, du chlore, du
brome et de l'iode, et il joue le rôle d’électro-négatif vis-à-vis
du phosphore, du carbone, de l'hydrogène et des métaux. II
s'oxyde lentement, et se transforme en acide sulfurique au
contact de l'acide azotique concentré, en ébullition.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 519
Usages.— Le soufre est employé, à l'état brut, pour la pré-
paration de l'acide sulfureux, de l'acide sulfurique et du
sulfure de carbone.
Le raffinage, qui consiste à vaporiser et à condenser dans
un récipient le soufre débarrassé, par une première fonte,
des matières terreuses et autres qu'il contient à l'état brut,
donne le soufre en canons et en batons et la fleur de soufre.
Le soufre raffiné entre dans la composition de la poudre de
chasse des feux d'artifice, du mastic de fer et dans la fabri-
cation des allumettes. Il sert pour la vulcanisation du caout-
chouc et pour la prise des empreintes de médailles, etc.
La fleur de soufre est employée au soufrage des vignes
envahies par l'oïdium, jusqu'à 150 kilogrammes de soufre par
hectare de vigne, et, en médecine, c'est un remède contre
les maladies de la peau.
Composés du soufre. — Parmi les composés du soufre
employés dans l'industrie, on peut citer :
L'acide sulfureux, qui sert au blanchiment des étoffes, de
la paille, etc., et qui est employé comme désinfectant.
L'acide sulfurique, où huile de vitriol, qui sert à la prépara-
tion de divers acides volatils, des aluns et des sulfates.
L'acide sulfurique, par réaction sur le sel marin, donne, en
même temps que de l'acide chlorhydrique, du sulfate de
soude, employé à la fabrication de la soude artificielle.
Le bisulfure de carbone, qui sert pour la vulcanisation du
caoutchouc et pour la destruction du phylloxera (combiné
avec le sulfure de potassium), et qui est employé aussi pour
retirer le suint, des laines, et les corps gras, de tous les résidus
qui peuvent en contenir.
Minerais.— Les deux principaux minerais de soufre sont :
1° Le soufre natif, provenant soit des émanations volcaniques
(solfatares), soit de couches interstratifiées dans le zechstein
de Russie (permo-trias), dans les calcaires tertiaires (Alais,
Apt, Sicile, Padovic en Croatie),ou dans les marnes miocènes
(Murcie, Romagne, Grèce) ;
20 La pyrite de fer. qui abonde dans la nature (Chessy,
Sain-Bel, etc.).
520 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ÏJ. — GISEMENTS DE SOUFRE NATIF
La plupart des gisements de soufre natif se : rencontrent
dans des terrains tertiaires (France, Italie, Grèce, Espagne).
En Russie, on connaît des gisements permiens.
Ilse produit encore du soufre, à l’époque actuelle, dans les
solfatares.
France. — En France, on exploite le gisement tertiaire de
Manosque, où le soufre semble avoir été produit par l’action
des lignites sur des eaux imprégnées de sulfate de chaux.
Il existe aussi en France une mine de soufre dans le Vau-
cluse, dans des marnes tertiaires. La production annuelle
variait, dans ces dernières années, de 3.000 à 6.000 tonnes.
Le soufre du Vaucluse est utilisé, en Algérie, pour le trai-
tement de la vigne.
Espagne. — A Lorca, près d’Aguilas, on exploite des marnes
solfifères du miocène supérieur, qui se présentent en couches
de 5 mètres de puissance environ, avec quelques amas de
soufre. La production de Lorca, qui était de plus de
20.000 tonnes en 1860, est tombée, dans ces dernières années,
à 4 ou 5.000 tonnes seulement; elle tend encore à diminuer.
Près de Cadix et de Teruel, il existe d'autres gisements
de soufre, d'où l’on extrait quelques milliers de tonnes
par an:
En 1896, la production de l'Espagne à été de 26.204 tonnes
de soufre brut, valant 227.165 francs, et de 1.800 tonnes de
soufre raffiné valant 180.020 francs.
Grece. — On exploite, dans le tertiaire, les marnes gypseuses
solfifères de Milo, de l'isthme de Corinthe et de Kamalaki
(Grèce). La Grèce a produit, en 1897, 358 tonnes de soufre
raffiné, valant 57.590 francs.
Russie. — En Russie, on connaît les gisements tertiaires
de Tzarkow (Pologne), où le soufre se rencontre dans des
couches de marnes de 5 à 13 mètres, tenant 10 0/0 de soufre
à la partie supérieure, et 50 0/0 en profondeur.
On trouve des gisements permiens de soufre, en Russie, à
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 521
Sukéevo notamment (Volga), dans des calcaires et des marnes
du zechstein.
En Russie, il y à trois groupes de gisements de soufre non
encore exploités, au nord-est du Caucase : le premier
s'étend jusqu'à la ville de Petrowsk, sur la Caspienne, le
long de la chaine de Salatan et Gimry; le second se trouve
au sud de Petrowsk, dans le Daghestan, et le troisième est
situé au sud de Grosny.
Italie. — Sicile. — Les gisements de soufre natif de la Sicile
sont de beaucoup les plus importants. Ces gisements, qui
paraissent d’origine sédimentaire, s'étendent au sud de la
chaine centrale des monts Madoine, entre Girgenti et le mont
Etna, sur une longueur de 150 kilomètres et sur une largeur
de plus de 50 kilomètres du nord au sud. On y trouve des
couches et des amas importants de minerai de soufre, à la
partie supérieure du miocène.
Les gypses, et les calcaires magnésiens, imprégnés de
soufre, et les bancs d'argile schisteuse noire (tufi) ou de grès
fins micacés (arenazzol), reposent sur une assise de tripoli et
de marne siliceuse et sont recouverts par des couches plio-
cènes (calcaires blancs marneux à foraminifères, marnes,
sables et grès). Le soufre est toujours accompagné de cal-
caire et de gypse. É
Le minerai, qui contient le soufre amorphe en veinules, est
un calcaire renfermant en moyenne 24 0/0 de soufre (exacte-
ment le rapport des équivalents du soufre et du carbonate de
chaux). Le minerai, pour être d’un traitement facile, ne doit
pas contenir trop de gypse.
Les terrains qui contiennent du soufre (solfares) renferment
également du pétrole, du bitume, des asphaltes et des hydro-
carbures gazeux (grisou), ainsi qu'on l’a vu au chapitre des
Hydrocarbures. Les principales mines (solfatares) sont les
mines de Santa-Teresa, San-Paolo, Juncio-Stretto, Giordano -
province de Caltanissetia), exploitées par puits, à 160 mètres
de profondeur ; Muglia, Virdilio, Falsirotta-Favara, Licata,
Racalmuto-Pernice (province de Girgenti), où le bitume coule
dans les galeries; Lercara, Colle-Croce, Sartorio (province de
Palerme); Agira, Torcetta, Gianguzzo, Assoro, Raddusa (pro-
vince de Catane). La puissance des couches varie de 2 à
FE GÉOLOGIE APPLIQUÉE
15 mètres, et la profondeur des exploitations atteint jus-
qu à 160 mètres.
Malgré l'abondance du minerai, l'industrie du soufre en
Sicile est peu prospère, à cause du morcellement trop grand
de la propriété; les gîtes sont gaspillés, mal exploités par
des propriétaires manquant d'argent; les mines sont louées
pour des laps de temps très courts, à des prix qui repré-
sentent 25 0/0 du produit brut. On exploite sans méthode
nette, par galeries étroites (piliers abandonnés). Les acci-
dents sont fréquents ; le rendement des piqueurs est faible,
et, dans la plupart des mines, on sort le minerai à dos
d'homme ; les porteurs sont appelés carruzzi; il faut de
deux à trois carruzzi pour remonter au jour la production
journalière d'un seul mineur (1.500 kilogrammes), travaillant
à une profondeur de 50 mètres environ. On manque de
pompes pour épuiser les mines, qu'on abandonne, si l'on
rencontre une venue d'eau trop forte.
On fondait autrefois le minerai en meules ou calcaroni
(entre 115 et 160°,, en en sacrifiant une partie, qui servait de
combustible. Aujourd'hui, on emploie des hauts-fourneaux
ou des fours à vapeur d’eau (Ruiz Gil. Les calcaroni avaient
l'inconvénient de diminuer le rendement, déjà très faible, et
de produire une quantité considérable d'acide sulfureux, qui
détruisait la végétation environnante.
On transporte le soufre aux ports d'embarquement au
moyen de mulets et de charrettes. Il y a sept qualités de
soufre ; les plus chères sont le soufre en fleurs et le soufre
raftiné en canons.
La production de la Sicile qui était, en 1888, de
322.000 tonnes de soufre, valant 21.500.000 francs, s'est élevée,
en 1892, à 374.000 tonnes, valant 35.000.000 francs, soit une
valeur moyenne de 90 francs par tonne de soufre.
Le prix de revient du soufre est de 50 francs par tonne, en
moyenne. La production de 1892 a été obtenue au moyen de
1.373.065 tonnes de minerai, dont le prix de revient à la
mine était de 5 francs environ. L'exportation a atteint, cette
même année, 327.362 tonnes de soufre (France, Amérique
du Nord, etc.).
En 1896, une Société anglo-sicilienne a été organisée en
+
1
4
3
<
>
;
[
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 523
Sicile, par un groupe de banquiers anglais et italiens, pour
acheter la production entière des mines de soufre.
En 1897, la Sicile a exporté 410.538 tonnes de soufre, dont
118.137 aux États-Unis et 84.895 en France.
Romagne. — En Romagne (Italie), on exploite également à
Cesena, près de Rimini, des lentilles de soufre un peu bitumi-
neux, interstralifiées dans des marnes tertiaires (épaisseur —
{ à 3 mètres). Le minerai impur contient du sulfate et du
carbonate de chaux (teneur en soufre — 22 0/0). On le traite
au four à chaux, en brûlant du minerai comme combustible.
Production annuelle : 20.000 tonnes environ, valant
120 francs la tonne.
Province de Rome. — Dans la province de Rome, la mine
de Latera, exploitée par la Société civile des soufres romains,
a produit, en 1892, 129 tonnes de soufre d’origine probable-
ment volcanique, valant 80 francs par tonne. La mine de
Scrofane a donné également un peu de soufre natif, trouvé
dans les fissures d'un silicate d’alumine, calciné par les
laves et tenant 13 0/0 de soufre.
Province de Naples. — La province de Naples (Pouzzoles,
au pied du Vésuve) a produit, en 1892, 22.668 tonnes de
soufre,représentant une valeur de près de 2millions de francs.
Le soufre est, dans cette province, d'origine volcanique,
comme dans la province de Rome.
L'Italie a produit au total, en 1896, avec la Sicile,
426.353 tonnes de soufre brut, valant 55 francs la tonne, en
moyenne, et 71.072 tonnes de soufre raffiné, représentant
une valeur de 5.992.235 francs.
Islande. — En Islande, on rencontre de nombreuses sources
sulfureuses dans la région volcanique voisine de Reykjavik.
Ce sont ou des solfatares ou des volcans de boues (maccalubes)
rejetant une eau noircie par le sulfate de fer.
Mexique. — Les principales solfatares connues sont celles
du volcan du Popocatepelt, au Mexique, qui produisent, par
jour, une tonne de soufre brut (82 à 87 0/0 de soufre pur),
provenant du dépôt des vapeurs du volcan sur le bord des
orifices de sortie (respiradores).
Au Mexique, la Mexican Sulphur C° à commencé à
exploiter des dépôts de soufre à 38 kilomètres de l’embou-
524 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
chure du Rio-Colorado, sur la côte de la basse Californie. On
a découvert des dépôts de soufre près du pic d'Orizaba. Ceux
du Popocatepelt ne sont exploités que pour la consomma-
tion locale, faute de moyens de transport.
IT. — PyrITES DE FER
On a étudié plus haut quelques gisements de pyrites, très
importants, que l’on exploite pour cuivre (Rio-Tinto, San-
Domingo, Rôros, Fahlun, le Rammelsberg, Agordo, etc.), ou
pour zinc (Ammeberg), et où l’on abandonne le soufre. Les
pyrites abondent dans la nature; on ne décrira ici que les
visements exploités en vue de la fabrication de l'acide sul-
furique (Chessy, Sain-Bel, Saint-Julien-de-Valgalgques, le
Soulier, etc.).
Une bonne pyrite doit être exempte d’arsenic; sa gangue
doit être pauvre en calcaire etne doit pas contenir de fluorine.
Gisements de Chessy et de Sain-Bel (Rhône).— Le gisement de
Sain-Bel se compose en réalité de deux gîtes : celui de Chessy,
sur la rive gauche de la Brévenne, affluent de la Saône, et
celui de Sain-Bel,ou de Sourcieux, sur la rive droite de cette
rivière.
Le gîte de Chessy (10 kilomètres de longueur) est formé
par des filons de pyrite de quelques
mètres de puissance, dans des schistes
argilo-siliceux (cambrien).
Toute l'activité de l'exploitation est
concentrée aujourd'hui à Sain-Bel. Ce
gite est coupé en deux par un pointe-
ment de gneiss. Au nord de cette bar-
rière, on distingue trois groupes de
Fig.103.— Plan schematique : : | ,
du gisement de Chessy- filons dans les micaschistes (chlorito-
Sain-Bel. À . Sn
schistes) : l’un, à l’ouest, avec deux
tilons d’une puissance totale de 10 mètres, avec cuivre et
blende; un, au centre, qui contient du sulfure de fer pur
{masse du Pigeonnier, 20 mètres de puissance) à gangue de
silice et de sulfate de baryte; l’autre, à l’est, qui compte
+
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 525
deux filons fournissant du minerai impur (filons Marcet et
Francisco). |
La partie sud du gîte comprend un filon conique très
étendu et très puissant (25 à 40 mètres d'épaisseur, 500 mètres
de longueur, 120 mètres de hauteur), composé de sulfure de
fer pur très friable, à gangue siliceuse ; ce filon est appelé filon
tendre, par opposition à un filon voisin dit filon dur, moins pur
que le précédent (5 à 10 mètres). Les minerais de Sain-Bel,
qui ne contiennent ni chaux, ni arsenic, sont traités dans les
usines de la Société de Saint-Gobain, propriétaire des con-
cessions.
Les gisements du Rhône, dont la masse est évaluée à
10 millions de tonnes, fournissent la presque totalité de la
production du soufre en France, production qui à été, en 1895,
de 9.720 tonnes.
Gisements du Gard. — Les gisements du Gard sont moins
importants que ceux du Rhône. A 7 kilomètres d'Alais, à
Saint-Julien-de-Valgalques, la pyrite, recouverte d'un chapeau
de fer hydroxydé, est exploitée à ciel ouvert et par puits,
dans l’oolithe inférieure.
Le minerai, qui s’'appauvrit en profondeur, est d’une dureté
moyenne; il a pour gangue de la chaux carbonatée et du
fluorure de calcium, et se rencontre près d’un calcaire à
encrines.
Au Soulier, on exploite un filon de minerai à 40 0/0, dans la
dolomie infraliasique, et des amas à teneur variable dans le
triassupérieur ; la gangue est défavorable (calcaire magnésien).
Gisements de l'Ardèche. — Dans l'Ardèche, à Soyons, on
exploite, par galeries, des amas de pyrite dure en rognons
avec gangue argilo-siliceuse. Ce minerai, interstratitié dans
le trias, contient de l’antimoine, de l’arsenic et du fluorure
de calcium.
On importe, en France, des pyrites provenant des mines
de Theur et Védrin (Belgique), de Vigsnaes (Suède), de Bilbao
(Espagne). Des gîtes, non exploités, ont été reconnus à Vic-
Dessos, Olur, Miclos (Ariège) et à Framont (Vosges).
Gisements divers. — Au Japon, les mines de l’île de Yeso ont
produit, en 1896, 16.213 tonnes de soufre, dont 7.992 tonnes
ont été exportées par le port de Hakodate.
526
Le D rm RU ee hi EN ne Eee
GÉOLOGIE LOUE
La pyrite exploitée dans les divers autres pays a donné
en 1896 : pee les États-Unis, 2.843 tonnes de soufre; pour
l'Allemagne, 2 263 tonnes; pour la Hongrie, 138 nes. et
pour la Suède, 77 tonnes.
La production du soufre dans le monde entier a atteint,
en 1896, 460.749 tonnes.
1888.
1892.
1894.
1895.
1897.
1898.
BIBLIOGRAPHIE DU SOUFRE ET DES PYRITES
. Brunfaut. De l'exploitation du soufre (Lefèvre, Paris).
. Ch. Ledoux, Mémoire sur les mines de soufre de Sicile (Annales
des Mines, 1° série, t. VII, p. 1).
. G. Bruzzo, Les mines de soufre de Lercara en Sicile (Annales
de Cuyper.t. XXX VIII. p. 567).
16. Aimé Girard et Morin. Efude des pyrites employées en France
(Annales de Chimie ef de Physique. 5° série, t. VID).
. Paul Manthés, Gisements de pyrile des environs d’Alais.
x
11. Petithbon. Note sur la formation du soufre à Calamaki, en
Grèce (Liège).
19. Gascogne. Les Dépôts de soufre d'Islande. Soufre des Topets
près Apt (Vaucluse) (Revue de Géologie : Annales des Mines,
1°série, tXVEE D. 289)
. Mottura., Formation sulfifère de la Sicile (Bullelin de l'Indus-
trie minérale, 2° série, t. X, p. 141).
La crise du soufre en Sicile (Annales de Cuyper, p. 303).
Spezia, Sull' origine del solfo nei giacimenti (Condeletti.
Torino).
L. Bidou. Le soufre en Italie (Génie civil, t. XXIV, pp. 315
et 590).
Production du soufre au Japon (Génie civil, t. XXVIL, p. 31).
Gounot, Contribution à l'étude de la formation du soufre en
Ifalie (Virzi à Palerme).
Note sur les conditions de vente des soufres de Sicile (Bulle-
tin des Annales des Mines, 9° série, t. XIII, p. 317).
++" pésidd A.
SR .
;
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 527
MAGNÉSIUM ET MAGNÉSIE
PROPRIÉTÉS. --- Le magnésium est un métal qui accompagne
presque toujours le calcium avec lequel il à beaucoup d'ana-
logie; mais il est moins fréquent. Les principaux minéraux
qui renferment du magnésium sont : la dolomie qui tient
environ 20 0/0 de magnésie, le péridot, les amphiboles, les
pyroxènes et la giobertite. Les eaux marines tiennent de la
magnésie en dissolution.
Usages. — Le magnésium métallique n’est guère utilisé
que sous forme de fils ou de lamelles qui produisent en
brûlant une lumière très vive. — La magnésie est employé
comme garniture réfractaire de creusets et de soles; elle
absorbe et retient l'acide phosphorique et rend de grands
services pour la métallurgie des minerais de fer phos-
phoreux.
Elle est employée aussi dans la verrerie, dans les sucreries,
dans les fabriques de papier à pâte de bois, dans l'apprèt des
étoffes et dans la fabrication des eaux minérales artificielles.
On obtient le magnésium, surtout sous forme de magnésie,
en évaporantsoit des eaux-mères qui contiennent du chlorure
de magnésium comme celles de Stassfurt, soit de l’eau de mer
ou des eaux minérales contenant du sulfate de magnésie
(Pullna, Hunyadi-Janos); mais ces procédés coûtent très cher.
L'attaque de la dolomie par l’acide sulfurique donne des
magnésies impures ou pulvérulentes.
Gisements. — Enfin on exploite des gisements de carbo-
nate de magnésie ou giobertite (MgOCO?). Minéral translu-
cide, brun jaunûtre, infusible, soluble dans les acides), que
l’on trouve en Italie, en Silésie (Grochau), en Styrie (Krau-
bath et Oberdof), au Canada et en Eubée (Mandoudi), et d’où
l'on extrait de la magnésie caustique.
Eubée. — À Mandoudi (Eubée), on a exploité, dans des
schistes talqueux et magnésiens, deux filons très puissants
528 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de giobertite, le filon du Cerf et le filon Kalamaki. La région,
qui contient des serpentines, est parcourue par des eaux
thermales très magnésiennes. Le minerai contient #7 0/0 de
magnésie. L'exploitation, qui avait lieu en galeries, est arré-
tée aujourd hui.
SILICATE DE MAGNÉSIE (ÉCUME DE MER)
La magnésite, ou écume de mer, est un silicate de magné-
sie hydraté dont la densité varie de 0,8 à 1; elle sert à fabri-
quer les pipes et autres articles pour fumeurs ; on la tire de
l'Orient où l’on en trouve des gîtes dans des roches en
général très dures. Les principales mines connues sont celles
d'Eski-Scheir (Kemikli, Karadjouk, Sarisu, Nemli, Sare-Sou) en
Asie Mineure, d'Añgora en Caramanie, et celles de la Grèce,
de la Bosnie et de la Moravie.
BIBLIOGRAPHIE DE LA MAGNÉSIE
4871. Bender, 4{gglomérés magnésiens (Bulletin de la Société de
Chimie, t. XV, p. 42).
4874. Gorceix, Tertiaire de l'ile d'Eubée (Bulletin de la Société de
géologie, 3° série, t. Il, p. 401).
1883. Rigaud, Nofe sur les emplois industriels de la magnésie.
. Pin fete LITRES, és ich 7
Lil a à LE ns
È
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 529
STRONTIUM ET STRONTIANE
Usages. — Le strontium (métal grisâtre et brillant) est uti-
lisé, sous forme de strontiane (oxyde de strontium), pour la
fabrication du sucre par le procédé Dessaux, concurrem-
ment avec la chaux, la magnésie et la baryte.
Minerais et gisements. — Les minerais du strontium sont
la strontianite (carbonate de strontium Sr0O.CO?, transparent,
translucide, jaunätre, soluble dans les acides) et la célestine
(sulfate de strontium SrO.SO0, transparent, translucide, bleu
ou rougeätre, inattaquable aux acides).
STRONTIANITE. -— Le principal gîte de strontianite est celui
d’Ahlen, en Westphalie, où l'on trouve des filons très ramifiés,
longs, mais peu profonds, dans des argiles marneuses. On
peut citer aussi les filons, peu importants d’ailleurs, de stron-
tianite de l'Ardèche, du Gard et de la Lozère, et ceux de
Strontian (Écosse), de Braunsdorf (Saxe), de Warwick (New-
York), etc.
A Girgenti (Sicile), la strontianite existe en lentilles et en
filets minces dans des marnes du miocène supérieur.
On trouve encore de la strontianite à Montmartre (Paris), à
Saint-Béat (Haute-Garonne), à Conilla (Espagne), à Kingston
(Canada), à Frankstown (Pensylvanie), etc. Un géologue
allemand en a découvert un gisement, en 1880, à Put-in-Bay
(Ohio).
CÉLESTINE. — La célestine, plus répandue dans la nature
que la strontianite, se trouve surtout dans les marnes ter-
tiaires, où elle est accompagnée de gypse et de soufre natif.
On en trouve en Sicile principalement, et aussi au Rouet, à
Condorcet, près de Nyons (Drôme),où le minerai, pur et très
blanc, se rencontre dans un filon plombeux avec blende, au
milieu des marnes oxfordiennes, ou quelquefois en veines
avec calcite (talcschistes du toit); on le rencontre aussi dans
des boules géodiques de marne {célestine fibreuse).
GÉOLOGIE. 34
| GÉOLOGIE APPLIQUÉE
BIBLIOGRAPHIE DU STRONTIUM
. De Lapparent, Sur l'âge des marnes strontianifères de Meu-
don (Bulletin de la Société de Géologie, 3° série, t. I, p. 593).
. Lachat, Sur le filon de célestine de Nyons. dans la Drôme
(Annales des Mines, t. XX, 6° livraison).
. Gayon et Blarez, Sur l'emploi des sels de strontiane en méde-
cine (Comptes Rendus).
. Michel. Sur quelques ininéraux de Condorcet, dans la Drôme
(Bulletin de la Société de Minéralogie, 11 février).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 531
BARYUM ET BARYTE
Usages. — Le baryum, métal ressemblant au strontium,
est utilisé principalement comme sulfate de baryte (procédé
Kuhlmann), dans la préparation des papiers de tenture et
dans la peinture à la détrempe.
Il est aussi employé pour la falsification de diverses
substances blanches, à cause de la densité élevée de la baryte,
qui permet d'augmenter leur poids à peu de frais.
Minerai et gisements. — Le seul minerai de baryum exploité
est la barytine (sulfate de baryte BaO,S0?). Transparent,
translucide, jaune brunâtre, insoluble dans les acides, que
lon trouve comme gangue des filons de plomb, ou bien
associé au quartz et à la fluorine dans des filons de divers
âges. La barytine est inconcessible, et c’est le plomb qui sert
de prétexte aux demandes de concession (Brioude, Aurouze,
Massiac, en France). A part les gîtes de Freiberg, où l’on.
trouve la barytine en grande quantité (Voir le chapitre du
Plomb), on peut citer le filon de barytine pure de Fleury
(Belgique), situé dans le calcaire carbonifère. Ce gîte, qui est
très irrégulier, est estimé à 200.000 tonnes. On doit citer aussi
la barytine de l'Ariège (calcaires dévoniens de Castelnau,
grès bigarrés de Bouich, calcschistes liasiques de Caumont).
On trouve également de la barytine à Almaden (Espagne),
à Dufton (Cumberland), dans le Staffordshire et le Derbyshire,
à Hatfield (Massachusetts), dans le Connecticut, en Pensyl-
vanie, dans la mine d’or d'Eldrige (Virginie), au Kentucky, au
Canada et au Nouveau-Mexique.
La production de la barytine a atteint, en Angleterre
en 4893, 21.509 tonnes, valant 376.475 francs, et aux États-
Unis, 24.781 tonnes, en 1897, valant 546.320 francs.
BIBLIOGRAPHIE DU BARYUM
1868. Mussy (Annales des Mines, 6° série, t. XIV, p. 5179).
1879, Revue de Géologie (Anuaales des Mines, 6° série, t. XVII, p. 132).
ST A PURE 27 OS NE
532 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
L'ALUMINE ET SES COMPOSÉS
En dehors de la préparation de l'aluminium (voir chapitre
des Minerais métallifères), les composés de l'alumine sont
employés à divers usages industriels.
BauxiTEe. — La bauxite, qui sert à la préparation de l'alu-
minium, est employée aussi comme argile réfractaire, et l’on
s’en sert pour la fabrication de l'alun et du sulfate d’alu-
mine.
ALUMINE PURE. — L'alumine pure, qui a beaucoup d'’affinité
pour les matières colorantes, forme la base de la fabrication
des laques.
SULFATE D'ALUMINE. — Le sulfate d'alumine sert pour la
préparation des papiers et des étoffes. — L'Allemagne en a
produit, en 1896, 20.553 tonnes valant 1.815.730 francs;
et l'Italie, 2.390 tonnes valant 205.100 francs.
ALUN
On donne dans le commerce le nom d'aluns à des sul-
fates d'alumine, de potasse et d'’ammoniaque (KOSO3
_L A1203,3S0 3 24H0 ou AzH‘0,S03 — A1203,3S03 — 24H0),
employés dans la papeterie, la mégisserie, en teinture,
en médecine (comme astringent et comme caustique);
on emploie aussi les aluns pour clarifier les liquides, les
suifs, etc. On peut produire l'alun soit en traitant du kaolin
ou de la bauxite par l'acide sulfurique et en y ajoutant du
sulfate de potasse, soit en grillant des schistes alumineux
pyriteux (Picardie, Suède, Belgique) ; l'acide sulfurique pro-
duit par le grillage forme du sulfate d'alumine, auquel on
ajoute du sulfate de potasse. | |
ALUNITE. — Enfin, on trouve en Italie, et en Hongrie, une
pierre naturelle insoluble : l’alunite [KO.SO3 -L 3 (APO3.S0*)
— 6H0], qui est un sous-sulfate d’alumine et de potasse.
a 0 ol À, pm tt, MÉUO ÉRSRRT AR RER
ile : ù l
de -
»
|
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 533
Pour la transformer en alun, on calcine l’alunite, puis on
lessive le produit et on l’additionne de sulfate de potasse.
L'alunite est un corps cristallin blanc (densité — 2,75),
qui se trouve dans des trachytes en Hongrie, dans le Caucase
et à la Tolfa dans la campagne de Rome.
Gisement de la Tolfa. — Les Romains faisaient venir l’alu-
nite d’Asie Mineure et ne connaissaient pas le gîte de la
Tolfa, découvert en 1453, dans les trachytes, au nord de Civita-
Veechia; l’alunite y est souvent accompagnée de kaolin. Les
filons ont de 4 à 15 mètres de puissance et forment
quatre groupes ; la couleur du minerai varie du blanc au
rouge, suivant la couleur du mica contenu dans le trachyte.
On calcine l’alunite après pulvérisation, et on l'attaque
ensuite par l'acide sulfurique, puis on ajoute du sulfate de
potasse et de l’acide sulfurique. On recueille ainsi 2 tonnes
d’alun cristallisé en employant : 1.000 kilogrammes d’alunite,
200 kilogrammes de sulfate de potasse et 1.000 kilogrammes
d'acide sulfurique. La production diminue, d’abord parce que
le gîte s'épuise, et aussi parce que l’on obtient maintenant,
au moyen de la kaïnite de Stassfurt, du sulfate de potasse
naturel, qui donne de l’alun contenant moins d'acide sulfu-
rique que l’alun provenant de l’alunite.
La production de l'alunite a été, en 1896, en Italie, de
6.000 tonnes seulement; cette production avait été de
200.000 tonnes en 1891.
Il existe d’autres gisements d’alunite, à Montioni(Toscane),
au Mont-Dore et sur les versants du pic du Sancy (Auvergne),
ainsi qu'à Musay et à Bereghszasz, en Hongrie (production :
171 tonnes, en 1896, valant sur place 8.550 francs) à Milo, à
Nevis et à Argentiera (archipel grec), et dans les masses
trachytiques, au voisinage de volcans actifs ou éteints.
BIBLIOGRAPHIE DE L’ALUN
1848. Coquand, Sur les alunières de la Toscane Frs’ des Mines,
Serie, LAN D--01).
1848. Revue de Géologie (Annales des Mines, 1° série, t. XVII,
p. 116 et 290).
1880. Vialla (Bullelin de l'Industrie minérale, 2° série, t. IX, p. 199).
1886. Guyot, L’Alunite (Cuyper, Bulletin, t. XI).
534 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
ARGILES
Les argiles sont des silicates d’alumine hydratés. L'argile
pure (Al203,2Si02 L 2H0) est blanche, compacte, douce au
toucher et peu fusible; calcinée, elle absorbe rapidement
l'eau et happe à la langue ; elle est plastique, c'est-à-dire
qu'elle forme avec l’eau une pâte liante, qui se pétrit et se
faconne facilement, mais qui, à la chaleur, se contracte et se
fendille.
Les argiles proviennent de la décomposition du feldspath,
silicate double d’alumine et de potasse (KO,A1203,6S10?) qui,
sous l'influence prolongée de l’eau, se dissocie en silicate
de potasse soluble, en silice et en silicate d’alumine. Dans
la pratique, on distingue les argiles d’après leurs propriétés :
en argiles plastiques, argiles smectiques, argiles figulines,
ocres et kaolins.
ARGILE PLASTIQUE. — Les argiles ordinaires contiennent,
outre de la silice et de l’alumine, de petites quantités
d'oxyde de fer et de manganèse, ainsi que de lachaux etdes
alcalis ; elles sont souvent mélangées de sable et de calcaire.
Elles sont colorées en jaune, en rouge ou en vert, et sont
d'autant plus fusibles qu'elles contiennent plus de chaux ou
d'oxyde de fer. Les argiles plastiques, en général assez pures,
sont douces et onctueuses au toucher; elles forment avec
l'eau une pâte liante et durcissent, sans fondre, scus l’in-
fluence de la chaleur. On les emploie pour la fabrication
des poteries et des briques réfractaires; mélangées avec
deux parties de plombagine, elles servent souvent à faire
des creusets à fondre l'acier [Breteuil (Eure), Angleur (Bel-
gique), etc.|
Quand les nuances de l'argile sont dues à des matières
organiques, elles s'atténuent par la cuisson; mais des traces
d'oxyde de fer l'empêchent d'atteindre le blanc du kaolin-
Les argiles plastiques bien réfractaires sont rares en France”?
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 535
on en trouve à Forges-les-Eaux, en Normandie, à Bollène, près
d'Avignon, à Cahors, etc. Quant aux argiles communes, eïles
sont si répandues qu'on ne peut pas en indiquer les gi-
sements.
ARGILE SMECTIQUE (terre à foulon). — Les argiles smectiques,
moins pures que les précédentes, forment avec l’eau une
päte peu liante et fondent à une température élevée ; elles
prennent bien l'huile et servent pour le dégraissage et le
foulonnage des draps ; dans l’eau, elles se délitent en une
poudre fine, aussi quittent-elles facilement les étoffes.
pierre à détacher de Montmartre, terre à foulon d’Issoudun
dans l'Indre et de Villeneuve dans l'Isère, argiles smec-
tiques de Reigate (Angleterre), de Styrie, etc.|.
ARGILE FIGULINE (terre glaise). — Les argiles figulines ( Vanves,
Vaugirard) contiennent beaucoup de chaux (5 à 6 0/0) et
d'oxyde de fer, ce qui les rend très fusibles; elles servent
aux sculpteurs (terre glaise) pour les maquettes et sont
employées aussi à la fabrication des poteries grossières, des
briques, des tuiles et des terres cuites.
OCRES JAUNE ET ROUGE. — Quand l'argile est très ferrugi-
neuse, elle n'est plus du tout réfractaire ; l'oxyde de fer
hydraté la colore en jaune ; le peroxyde la colore en rouge.
Elle constitue, suivant les cas, l’ocre jaune ou l’ocre rouge
(sanguine ou rouge de mars) utilisés en peinture. On trouve
des ocres de bonne qualité contenant 35 0/0 de peroxyde
de fer dans l'Yonne et des argiles ocreuses à Sienne (terre de
Sienne).
Les argiles peuvent être calcaires, ce qui n'empêche pas
leur emploi dans les arts céramiques; mais, quand la pro-
portion de calcaire dépasse 50 0/0, on n’a plus qu'un calcaire
argileux dont les propriétés plastiques disparaissent.
KAOLIN
Le kaolin est une argile pure, qui est la base de la fabri-
cation de la porcelaine. Il était connu anciennement des
Chinois ; il fut découvert en Saxe, en 1710, près de Meissen
(Manufacture royale de porcelaine). En France, on ne
découvrit le kaolin qu'en 1760, quatre ans après la fonda-
536 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tion de la manufacture de Sèvres. Le kaolin de Saint-Yrieir
fut découvert en 1768. Pour la fabrication de la porcelaine,
on mélange le kaolin avec du feldspath fusible (dégraissage),
du quartz et de la chaux, et l'on glace (couverte) avec du
feldspath quartzeux pur ou mélangé de quartz.
On tire le kaolin des gisements francais suivants: les
Colettes (Allier), Coussac, Marcognac, Cubertafou, dans le
Limousin, près de Saint-Yrieix, les Eyzies (Dordogne), Decize
(Nièvre), etc.
On importe des kaolins anglais de Saint-Austell pour la
fabrication des produits secondaires. La Chine renferme
d'abondants gisements de kaolin, dans des pegmatites.
Ces divers gisements peuvent se diviser en deux caté-
gories :
1° Les gisements dans les granulites stannifères : les
Colettes, Saint-Yrieix, Saint-Austell (Cornouailles) ;
2° Les gisements stratifiés (Decize, les Eyzies).
1° GISEMENTS DE KAOLIN DANS LES GRANULITES
Gisement des Colettes (Allier). — Le gîte de kaolin des
Colettes est situé dans de la granulite environnée de mica-
schistes stannifères (cassitérite contenant de la lithine et
de la turquoise). Le feldspath de cette granulite est trans-
formé en kaolin au contact des filons de quartz très nom-
breux qui la recoupent. On exploite en tranchées ; la roche
est lavée à l’eau courante, puis dans des bassins de décanta-
tion où le kaolin se dépose en dernier ; on le passe au tamis
très fin, pour enlever les dernières paillettes de mica qui ont
échappé au lavage et à la décantation.
Région de Saint-Yrieix (Coussac). — Les veines de kaolin
des environs de Saint-Yrieix se trouvent dans des filons de
granulites (pegmatite) encaissés dans des micaschistes (quel-
quefois dans des leptynites ou des diorites). Outre le kaolin
pur, on rencontre, à Saint-Yrieix, la granulite sablonneuse
(feldspath décomposé), qui contient des grains très fins de
quartz et de feldspath, la granulite entièrement décomposée ou
caillouteuse (kaolin mélangé de quartz et de mica blanc), la
LACET NT
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 537
granulite à demi décomposée, que l'on broie avant de la
vendre, et la granulite non décomposée (caillou à émail).
Les filons de pegmatite de Saint-Yrieix se divisent en
deux groupes : celui de Coussac et celui de Marcognac-Bois-
Vicomte (abandonné).
A Coussac, les principales carrières sont celles de Saint-
Bonnet, de la Londe, de Grand-Bois, de Sainte-V'alérie et de
Saint-Antoine. Le kaolin brut est broyé à la meule ; puis la ma-
tière sortant de la meule est filtrée et séchée ; on la mélange
ensuite à d'autres matières pour obtenir la barbotine.
Le kaolin pur de Saint-Yrieix se vend environ 10 francs
les 100 kilogrammes. — Les granulites décomposées se
vendent seulement de 2 à 5 francs les 100 kilogrammes.
29 GISEMENTS SÉDIMENTAIRES DE KAOLIN
Gisements de la Nièvre {Decize). — On exploite dans la Nièvre
des sables, dits «sablons », formés de quartz en grains empâtés
dans de l'argile kaolinique (15 à 25 0/0); on lave les sablons
pour en extraire l'argile; ces sables sont interstratifiés, en
couches de 4 à 5 mètres, entre des grès micacés avec argiles
rouges (trias), et des calcaires hettangiens.
Les principaux points où ces sables sont exploités sont
Vaux, Decise, Chantenay, Azy-le-Vif, etc.
Caleare silicieux
F1c. 104. — Coupe schématique du gisement de kaolin des Eyzies.
Gisements de la Dordogne (les Eyzies). — On exploite dans
la Dordogne des amas de kaolin compact, blanc et très fin,
PER
538 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sans retrait, qu'on emploie pour la papeterie et pour la fabri-
cation du savon. :
Ces amas remplissent des poches au milieu de sables
micacés ferrugineux très fins, reposant sur le calcaire des
Eyzies,notamment à Queylou ; le banc de sable est surmonté
en certains points, par du calcaire siliceux dur.
La production du kaolin,en France, a été la suivante
en 1895 :
AMOR ETS ne TN RE Sr 18.000 tonnes
CLOUS SENTE TR ET Je 2.400 —
DOrdONE AR INR NE ES 1.680 —
DÉômme- ste teneur Re 6100
INÉÉVRE NET RS NE RES. 10.200 —
Haute-Vienne 212 Eee 7.000 —
Portal sise 45.380 tonnes
Gisements divers. — On peut citer aussi, en Thuringe, des
gisements de kaolin plus ou moins blanc et plus ou moins
tin, à Martinrode, à Eisenberg et à Weissenfels.
Il existe, en outre, divers autres gisements de kaolin peu
importants ou inexploités, dans les Landes, les Ardennes, la
Lombardie, l'Amérique (Ottawa), etc.
BIBLIOGRAPHIE DU KAOLIN
1874. Schlæsing, Sur la constitution des argiles et kaolins (Comptes
Rendus, t. LXXIX, pp. 376 et 473).
1877. A. de Lapparent, Kaolins du Lot-et-Garonne, de Lombardie,
de Thuringe; Kaolinisation (Revue de (Géologie, Annales des
Mines, 1° série, t. XIII, p. 364).
1SS0-1881. Fontannes, Terrains des environs de Bollène (Bulletin de
la Société de Géologie, 3° série, t. IX, p. 438).
1888. L. de Launay, Le kaolin des Colettes dans l'Allier (Bulletin
de la Société de Géologie, p. 1669).
1889. Hinstin, Nofice sur les kaolins de l'Allier et les blancs de
‘ Meudon (Bibliothèque de l'École des Mines de Paris).
1891. Journal officiel de juillel. Discussion à la Chambre des tarifs
de douane sur le kaolin.
‘1898. Kaolin des Colettes (Bulletin de l'industrie minérale de Saint-
Etienne, t. XI, p. 441).
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 539
CRYOLITE
La eryolite est aussi un composé de l'aluminium; sa for-
mule est : 6NaF1 + Al F6.
On la rencontre en masses lamellaires, clivables : c’est un
corps généralement blanc de neige, quelquefois jaune
rougeûtre ou même noir.
La cryolite est employée pour la fabrication de la soude
et pour la préparation des lessives alcalines dans les savon-
neries. On a vu plus haut qu'elle servait aussi à la prépa-
ration de l'aluminium.
(xisements d'Evigtok. — Les mines d’Evigtok, dans le Groen-
land, sont situées par 68°10 de latitude Nord et 48°10 de
longitude Ouest, dans le fiord d’Arksut; elles appartiennent
au Gouvernement Danois, qui les afferme à une Compagnie
dont le siège est à Copenhague; l'exportation des minerais
en Amérique est monopolisée par la Pensy'yania Salt
Manufacturing C°, de Philadelphie. La mine est exploitée à
ciel ouvert sur 90 mètres de longueur, 45 mètres de largeur
et 36 mètres de profondeur. On extrait deux qualités de
minerai : l'une à 99 0/0, l’autre à 92 0/0 ; l’exploitation se
fait d'avril à novembre (140 ouvriers). On expédie les mine-
rais de qualité inférieure (10.500 tonnes en 1897), à Philadel-
phie, et les autres à Copenhague. L'extraction totale a été de
13.000 tonnes en 1897.
NT
Les autres gisements de cryolite sont ceux de la Californie
(inexploités) et de Miask (Oural).
Le prix de la cryolite, en France, est d'environ 600 francs
par tonne. |
MICA
On donne le nom de micas à diverses substances alumi-
neuses, qui offrent de grandes analogies dans leurs carac-
tères extérieurs, mais dont la composition chimique présente
des dissemblances notables.
ps à
540 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Les principales variétés sont la muscovite, la biotite et la
lépidolite, qui contiennent toutes trois de fortes proportions
d'alumine avec silice, oxyde ferrique, magnésie, chaux et
potasse.
Le mica se présente en petits cristaux ou en grandes
feuilles transparentes, ayant jusqu'à plusieurs mètres carrés
de surface, inaltérables à l’eau et au feu.
On emploie le mica à de nombreux usages en métallurgie,
et on en fait des lanternes, des écrans, etc.
Outre les gisements de la Norwège (pegmatites de l’île de
Quen) et de la France (Tulle, Saint-Yrieix), les principaux gîtes
de mica sont ceux de la province de Québec (Canada), d’où
l’on tire la muscovite (mica très blanc). Les mines de Ville-
neuve et Leduc (Ottawa) fournissent du mica en cristaux, dans
des pegmatites dures, et du kaolin très blanc. Dans les mines
Jonquière et Berthier-Maisonneuve, le mica est accompagné
de quartz et d'émeraude, soit avec molybdénite, soit avec
grenat et samarskite.
Il existe aussi des gisements de mica aux Indes, à Ochotzk
(Sibérie), etc.
La production du mica a été aux Indes, en 1897, de
450.000 kilogrammes ; aux États-Unis, elle a été, en 1898, de
49.800 kilogrammes de mica en feuilles valant 458.000 francs,
et de 3.200 tonnes de mica en petits fragments valant
199.000 francs; et au Canada, en 1898, de 250.000 kilo-
grammes, valant 410.000 francs.
(Voir, sur les micas, le Rapport de M. Obalski sur la pro-
vince de Québec (18S6).:
ÉMERI
L'émeri est de l’alumine colorée en noir par de l’oxyde
de fer ; on l’emploie, mélangé à de l’eau ou à de l'huile, pour
polir ou user les verres et les métaux (toile et papier
d'émeri).
L'émeri se rencontre à Éphèse (Gumuch Dach) et à Aperathos
dans l'ile de Naxos (Grèce), dans des calcaires et dans des
dolomies saccharoïdes; il contient 80 0/0 d’alumine, #4 0/0
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 541
de fer et 3 0/0 de silice. Aux États-Unis, l'émeri de Chester
(Massachusetts) se présente en un banc de 1 à 3 mètres
d'épaisseur sur 7.000 mètres de longueur, dans des schistes
talqueux. On connaît encore le gite d'Ochsenkopf (mica-
schistes), en Saxe; celui de Ronda, en Espagne; celui de
Kulah, près de Smyrne, etc. |
[Voir une étude sur l'émeri de Naxos (Annales des Mines,
t. I, p. 604, et t. II, p. 609, 1852).]
Il existe encore d’autres composés de l’alumine, tels que
la tourmaline, employée en physique pour les expériences de
polarisation des rayons lumineux; le feldspath-orthose,
silicate d'alumine et de potasse employé comme couverte ou
émail pour les porcelaines ; et divers autres minéraux d’un
emploi très restreint, dont le cadre de cet ouvrage ne
permet pas d'aborder l'étude. Quelques-uns cependant seront
passés en revue au chapitre des Pierres précieuses.
542 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
AMIANTE
L]
L'amiante est une amphibole à base de chaux et de magné-
sie,exempte d’alumine ; elle se présente en fibres malléables
à éclat soyeux, blanches, grises ou vertes, infusibles, sauf
au chalumeau, et insolubles dans les acides.
On distingue deux sortes d'amiantes : le chrysolite et la tré-
molite. On emploie l'amiante, qui est incombustible, pour
faire des joints de machines, des filtres, des isolants pour
l'électricité, etc.
Le principal gisement se trouve dans les serpentines de la
province de Québec, qui renferment un chrysolite soyeux
très fin et très estimé.
Dans le Saint-Gothard, le val Trémola fournit de la trémolite.
BIBLIOGRAPHIE DE L’AMIANTE
18117-18178. De Konink, Asbeste d'Ollré (Annales de la Société de
Géologie de Belgique, t. V, LXXXIITI, Liège.)
1887. Annales des Mines, p. 149.
1888. Obalski, Rapport sur le Canada. :
1890. La Nature, du 13 décembre 1890.
SABLES QUARTZEUX
Dans le chapitre des minéraux employés pour la construc-
tion, on à étudié, parmi les roches siliceuses meubles, les
sables quartzeux, au point de vue de leur emploi pour la
confection des mortiers; les sables quartzeux sont aussi uti-
lisés en grandes quantités dans les verreries et dans les
fonderies.
SABLE DE VERRERIE. — Suivant le degré de blancheur que
l’on veut obtenir dans la fabrication des verres blancs et des
glaces, on introduit dans les bains des proportions variables
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 543
de sables quartzeux blancs, très fins (tamis 25), qui doivent
ne pas contenir d'oxyde de fer.
Gisements de Nemours (Seine-et-Marne). -— Les sables les.
plus purs sont ceux de Nemours, Jusqu'à présent sans rivaux,
qui sont employés dans les verreries, les glaceries et les cris-
talleries principales de la France et de l'Étranger.
Les carrières de Nemours produisent actuellement par an
plus de 150.000 tonnes de sables, dits sables de Fontaine-
bleau.
La composition moyenne de ces sables est la suivante :
SMIC EAN E). CET COST API POELE S RATS 98,7
141 TITI TERRES RER MERE CSSS EU ARRET RUES 0,80
LR RE STE ER 9 ET RE EP 0,03
Magnésie. +64" A CO VÉTRS se traces
LL DRLS 0 OR ON TS RER RE es 0,03 à 0,00
Pau dercombinaison. 520... 1.1. 0,40
MORE TE MIE Led 100,00
Les couches inférieures ne contiennent pas de fer; elles
conviennent à tous les usages de la cristallerie, de la verre-.
rie et de la glacerie, ainsi que les sables des gisements beau-
coup moins importants de Rilly-la-Montagne (Marne).
SABLE DE FONDERIE. — Les couches supérieures, qui con-
tiennent des traces de fer provenant de l'infiltration des eaux
superficielles, sont exploitées pour le service des usines de
fonderie (confection des moules dans lesquels on coule le
bronze, la fonte et l'acier).
Gisement de Fontenay-auxr-Roses. — Le sable de fonderie
doit être un peu argileux. Celui qu'on exploite à Fontenay-
aur-Roses jouit d'une grande réputation, à cause de sa
plasticité, qu'il doit à la présence de matières organiques.
CRAIE ET BLANC D’ESPAGNE
La craie est un calcaire très pur, de couleur très blanche
el de faible résistance à l’écrasement.
NÉ RE PER LA ETS PE TT, PR EST TNT ST Te PM A ST EDP
D 7 - - = Ne 3 4
544 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Elle appartient presque uniquement à l'étage sénonien,
qui a recu le nom d'étage de la craie blanche. |
Usages. — Taillée en bâtons allongés, elle sert de crayon
pour les ardoises ; on l'emploie aussi à la fabrication du
blanc d'Espagne. Pour cela, la roche est écrasée et délayée
dans l’eau, pour permettre à la craie de se séparer des impu-
retés qu'elle contient ; la craie est ensuite moulée en forme de
pains et séchée à l'air. Le blanc d'Espagne est utilisé pour la
peinture à la détrempe, la préparation des couleurs, le net-
toyage des vitres et de l’argenterie, la fabrication du mastic
de vitrier, etc. :
Gisements. — Le blanc d'Espagne porte encore, dans le
commerce, les noms de blanc de Bougival, blanc de Meudon,
blanc de Dieppe, blanc de Champagne ou de Troyes, qui
indiquent suffisamment les endroits où la craie est exploitée.
ALBATRE CALCAIRE
L'albâtre calcaire est un marbre à texture fibreuse, dia-
phane et d'une blancheur éclatante; il vient de Grèce et
d'Italie. |
Les anciens tiraient de l’Asie Mineure, de la Syrie et de
l'Égypte, l'atbâtre oriental, dont les raies rappellent celles de
l’agathe.
Gisement d'Ysser (Oran). — On exploite aujourd'hui, près
d’Ysser, dars le département d'Oran, un albâtre auquel on a
donné le nom impropre d’onyx d'Algérie; il a une texture
rubannée, et ses veines sont vertes, rouge vif, jaune d'or ou
brunes. Il résiste bien à l'action de l'air ; mais, comme il est
assez tendre, on s'en sert surtout pour faire des objets d'art,
coupes, coffres, etc., en le mariant au bronze.
SCHISTE COTICULAIRE
Le schiste coticulaire est une pierre très dure, dont on se
sert pour aiguiser les rasoirs. On le connaît aussi sous le
nom de novaculite (de novacula, rasoir). Au Canada, on
en trouve une espèce particulière, colorée en rouge par le
Pa sd
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 545
peroxyde de fer, que les Indiens appellent pierre à calumets,
et dont ils se servent pour faire des pipes et autres objets.
SCHISTE GRAPHIQUE
Le schiste graphique, ou alunifère, est un schiste assez noir
pour servir à la confection des crayons de charpentier ; on le
rencontre dans le silurien de la Bretagne et des Pyrénées et
dans le terrain houiller. Sous le nom d’ampélite (4uz:h0:,
vigne), il sert, depuis un temps immémorial, à l'amende-
ment des vignobles. On l'utilise aussi pour la fabrication de
l'alun.
TERRE D'OMBRE
On trouve, dans les gisements lignitifères des environs de
Cologne, exploités comme combustibles minéraux, ainsi
qu'on l’a vu au chapitre des Carbures, une certaine variété de
lignites friables, terreux, onctueux au toucher, d'une den-
sité voisine de 1 et d’une couleur brun clair, qui a reçu le
nom de terre de Cologne ou terre d'Ombre. Cette variété de
lignite est utilisée comme couleur.
GÉOLOGIE. 3%
RE M PE AS A Pi ee ne en on ee à Dee CM PE MU LE NC Ne NE NO SIN
AIDE 5 >
à
546 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
SOURCES THERMOMINÉRALES
Définition. — Les sources thermominérales sont des
sources d'eau dont la température est sensiblement plus
élevée que celle du point de leur apparition au Jour.
La chaleur qu'elles possèdent et quelquefois l'action de
phénomènes volcaniques leur permettent de contenir des
minéraux en dissolution. L'emploi des eaux minérales en
médecine facilite dans certaines maladies l’absorption de
diverses matières, fer, arsenic, etc., qui seraient difficilement
assimilables, prises sous une autre forme.
Formation des sources minérales. — Filons. — Le jaillis-
LA PE ES =
SAXxXXXX =
Fi6. 105. — Coupe verticale schématique d'une source thermominérale.
sement des sources chaudes minérales est provoqué par un
phénomène analogue à celui des éruptions volcaniques.
Les eaux minérales arrivent souvent au jour à travers des
fissures du sol, tandis que les eaux des sources ordinaires
sont généralement amenées le long d'une couche imper-
méable, par infiltration dans un terrain perméable.
To É PERS
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 547
Un certain nombre de sources thermominérales déposent,
sur les parois des fissures qui leur livrent passage, une partie
des principes minéraux qu'elles contiennent. L'examen de
quelques-uns de ces dépôts à fait connaître nettement le
mode de formation des filons métallifères, qui proviennent,
pour la plupart, de sources chaudes abondantes et très char-
gées en minéraux.
Les sources thermominérales sont très nombreuses dans
les régions où l'écorce terrestre est le plus disloquée ; l’acti-
vité de ces sources est d'autant plus grande que les disloca-
tions du sol sont plus récentes. Lorsque les sources miné-
rales sont en relation avec des phénomènes volcaniques, elles
peuvent présenter l'apparence de volcans d’eau, et constituent
alors ce qu'on appelle des « geysers ».
Les eaux minérales proviennent de cavités ou de couches
perméables profondes (EG), dans lesquelles se sont accumu-
lées, par infiltration, les eaux de la surface (DK) (fig. 105).
Ces eaux sont soumises à une température d'autant plus
élevée que leurs réservoirs sont plus profonds. Elles sont
ensuite poussées de bas en haut, de F en A, B, C, par la pres-
sion des vapeurs dégagées, ou même simplement par la pres-
sion de la colonne d’eau d'infiltration, si le point d’'émergence
A, ou griffon, se trouve dans une vallée, alors que les eaux
d'infiltration proviennent d’une montagne (DK).
Caractères d'une source thermominérale. — Lorsqu'on à
à étudier une source thermominérale et à en examiner les
conditions d'exploitabilité, on doit envisager son débit, sa
composition et sa température; ilest utile de bien étudier
aussi les conditions climatériques de la région où l’on doit
capter la source, ainsi que l'aspect et les ressources du pays,
et la possibilité d'y installer une station thermale.
Débit. — Le débit d'une source est le volume d’eau qu'elle
est susceptible de fournir en vingt-quatre heures.
On doit indiquer à quel niveau ce débit a été observé, car
le rendement d’une source augmente en raison inverse de
l'altitude du point d’'émergence.
Le débit augmente avec le nombre de puits forés autour
de la source; mais l’accroissement n'est pas proportionnel
548 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
.
au nombre de puits, le rendement de chaque puits diminuant
sensiblement quand le nombre des forages augmente.
_ On peut encore augmenter le débit en tubant la source, ce
qui diminue le frottement de l'eau sur les terrains tra-
versés. Chaque source thermominérale a un débit constant et
indépendant des variations météorologiques ; mais le débit
est très variable d'une source à une autre; les unes sourdent
en petits filets à peine exploitables ; les autres, au contraire,
s’élancent en puissants torrents d'eau chaude. On peut citer,
par exemple :
Les eaux de Cauterets (Hautes-Pyrénées), qui débitent
300 mètres cubes par vingt-quatre heures;
Alors que celles de Royat (Puy-de-Dôme) donnent
1.300 mètres cubes par vingt-quatre heures.
Celles de Bourbon-l'Archambault (Allier) donnent
2.400 mètres cubes par vingt-quatre heures ;
Et celles de Teplitz (Croatie) donnent 15.000 mètres cubes
par vingt-quatre heures.
Composition des eaux. — Les eaux thermominérales ren-
ferment principalement du carbone, àl'état d'acide carbonique
libre et quelquefois à l’état d'hydrocarbures, des carbonates
alcalins, du soufre, du sulfure d'hydrogène et des sulfates,
de la soude, de la chaux, de la magnésie, de l'oxygène, de
l'hydrogène (geysers), du chlore, de l'iode et du chlorure
de sodium, du fer, du lithium, du cuivre, du zinc, etc.
Ces eaux sont diversement colorées : soit en rouge, lors-
qu'elles contiennent du sesquioxyde de fer, soit en jaune,
lorsqu'elles renferment de l'argile. Elles sont parfois opa-
lines (dépôt de soufre), bleuâtres ou verdâtres.
Température des eaux. — La température des eaux ther-
males varie avec la profondeur de leur dépôt; mais le degré
géothermique varie sensiblement d’un lieu à un autre.
Ainsi, dans les terrains volcaniques, on ne deit descendre
que de quelques mètres pour trouver une élévation de tem-
pérature de 1° C. En Toscane, tous les 13 mètres, on gagne
1° (13 est alors le degré géothermique). A Grenelle, le degré
géothermique est de 312,90.
Des expériences récentes, faites dans des sondages pro-
fonds, ont montré que le degré géothermique n'est pas
Fr.
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 54%
toujours constant en un même lieu, et qu'il augmente assez
rapidement à mesure qu'on s'enfonce sous terre. E
Il est donc difficile de déduire, de la température d'une
source, la profondeur de laquelle elle provient.
Parmi les sources thermales connues, quelques-unes
atteignent jusqu'à 80° à leur sortie de terre.
Hammam-Meskoutine (Algérie) atteint........ 956
PAIE ASUS... 0 Li cum ee ste 81°
LIRE 2 RACE pe RE ARE RER ere OS
Here. 212 à ou 59°
L LE TEL TIRE Re ie ER TR CP CR REP ERA LE 450
nana e à eue 9 one) S 439
LISLF & HAE DR nt REP EE 39°
Captage des sources. — Selon la disposition des terrains
et l'importance des sources, le captage est fait par différents
procédés.
On peut faire une galerie à flanc de coteau, comme à
4
LA
Gilesnowodsk (Caucase), jusqu'aux cassures qui ont donné
naissance aux suintements.
Si les griffons sont visibles, et s'ils se trouvent dans un ter-
rain solide, on les entoure d’un mur en béton, lié d’une façon
étanche à la roche ; on forme ainsi un réservoir où l’eau vient
s'accumuler, et qu'on peut recouvrir d'une toiture pour évi-
ter le mélange avec l’eau de pluie.
Lorsque l’eau suinte d’une fente de rocher, recouverte
d'alluvions, il est nécessaire
de rechercher la fente et
d'aller rejoindre la roche au
moyen d'un puits, comme à
Bourbon-l Archambault, à Né-
ris, etc. (fig. 106).
Lorsque les griffons sont F6. 406. — Captage d’une source
très nombreux et disséminés fonspePA rte
dans une vallée, on peut recouvrir le fond de la vallée avec
une couche de béton et couper le thalweg par des murs verti-
caux, ainsi que l'ont fait les Romains à Plombières, où des
550 . GÉOLOGIE APPLIQUÉE
trous ont été ménagés en des points convenablement choisis
pour la sortie de l'eau. La même disposition se retrouve à
Luchon.
On peut aussi faire reposer la couche de béton sur pilotis,
afin d'éviter la détérioration du béton par les alluvions du
fond, ainsi que cela s’est fait à Bourbonne-les-Bains.
On a quelquefois déterminé une pression hydrostatique
capable de favoriser l'arrivée de l'eau, en recouvrant les
terrains avoisinant les griffons par une nappe d'eau superfi-
cielle, au milieu de laquelle on ménage un tube d'accès pour
l'eau thermominérale.
À Enghien-les-Bains, l'eau des griffons sort au milieu d'un
Jac dans les boues du fond. On a desséché le lac et on a
établi au milieu une cuve en bois avec garnissage étanche en
mousse. Le fond du lac à été recouvert d'un lit de silex angu-
Jeux, recouvert par une feuille de plomb dont il est séparé
par de la mousse ; ce lit forme filtre pour les eaux minérales.
Le tuyau d'appel ne va pas jusqu'au fond; il est percé de
irous dans sa partie inférieure, en dessous de la feuille de
plomb, pour livrer passage aux eaux minérales filtrées.
luyau aappel
des eaux rmnergle:
F16. 107. — Captage des eaux à Enghien.
Lorsque l’eau minérale se trouve en nappe, on la rejoint
au moyen d'un puits étanche, afin d'éviter le mélange avec
l’eau de la surface. Ce procédé a été employé à Saint-Yorre.
Quand les sources sont captées, on est souvent gêné par
les gaz qui s'accumulent, comme à Châtel-Guyon, dans les
.
LA
MINÉR AUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 591
réservoirs et dans les appareils hydrothérapiques. On remédie
à cetinconvénient en ménageant, au-dessus de chaque griffon,
un tuyau qui sert spécialement au dégagement des gaz.
Lorsque les eaux captées se trouvent à une température
trop élevée pour être employées immédiatement, on peut les
laisser séjourner à l'air, si elles ne renferment pas de gaz
susceptibles de se dégager ; on peut aussi faire circuler les
eaux dans un réseau de tubes passant dans un réservoir
d'eau froide.
Quand les eaux thermominérales ont un ralentissement
dans leur débit, cela peut provenir de ce que les fissures
d'arrivée des eaux ont été peu à peu obstruées par des
matières sableuses ou argileuses entrainées par la source.
L'introduction d'une cartouche de dynamite à une certaine
profondeur, au voisinage des fissures d'accès suffit souvent
alors pour rétablir-le débit primitif.
Ce procédé est employé avec succès en Amérique pour
activer les venues pétrolifères, qui diminuent pour les mêmes
raisons que les venues hydrothermales.
PRINCIPALES SOURCES HYDROTHERMOMINÉRALES. — Les sources
hydrothermominérales sont très répandues sur la surface de
la terre. On en compte 1.027 exploitées, rien qu'en France.
Ces sources se trouvent généralement au voisinage de régions
montagneuses, où les terrains ont été profondément plissés
et lissurés. Elles ont, sous ce rapport, une grande analogie
avec les sources d'hydrocarbures qui se rencontrent près des
fractures profondes de la croûte terrestre, ordinairement le
long de chaînes montagneuses importantes.
FRraxce, — En France, on trouve des sources minérales
près du Plateau Central, dans le massif montagneux de l’Au-
vergne, dans les Pyrénées, les Alpes et le Jura.
Les principales sources minérales de la France sont celles
de Plombières, Vichy, Vals, Bourbonne, le Mont-Dore, Enghien,
La Bourboule, Royat, Bagnères, les Eaux-Bonnes, Vittel, Contrexé-
ville, Aix-les-Bains, etc.
Sources de Plombières. — Les sources de Plombières sortent
du granite où elles traversent des veines de quartz et des filons
de spath-fluor. Elles sont alignées suivant une zone de
fractures N.-E.-S.-0.
552 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
La température des diverses sources varie, à Plombières,
de 16 à 70°. Les sources les moins chaudes renferment un
hydrosilicate d'alumine provenant des filons minéraux de la
région et donnant à l’eau une apparence savonneuse.
Les eaux de Plombières sont alcalines et chargées de
fluorure de calcium et de silicate d’alumine {environ 3 déci-
grammes de matières étrangères par litre d'eau).
Les Romains avaient capté ces sources au moyen d'un
recouvrement de béton formé de grès bigarré et de briques
sans sable avec un ciment de chaux. Ces divers matériaux -
ont été métamorphisés par l'eau minérale et ont formé des
silicates d'alumine et de chaux et du carbonate de magnésie.
La transformation du béton qui s'est accomplie à Plom-
bières, et qui a été étudiée par M. Daubrée, a pu évidemment
se produire dans des proportions plus considérables en
d'autres lieux et dans des circonstances un peu différentes
et elle peut servir d'explication à l'origine de certaines for-
mations géologiques.
En 1857, les sources de Plombières donnaient un débit
assez faible par suite des dégradations survenues aux travaux
anciens, et on dut les rechercher au moyen de galeries en
direction, qui ont permis de rejoindre les griffons et d'aug-
menter le débit des eaux. |
Sources de Bourbonne-les-Bains. — Les sources de Bour-
bonne sortent d'argiles bariolées de la partie supérieure du
grès bigarré et doivent provenir de failles en relation avec
le pointement granitique de Châtillon-sur-Saône.
Elles contiennent par litre environ 7 grammes de chlo-
rures, de bromures, de sulfates de chaux et de magnésie, de
carbonates de chaux, de fer et de manganese, et des traces
d'iode, de cuivre, de soufre et d'hydrogène sulfuré.
La température des eaux est de 60° environ. Le captage a
été fait au moyen d'une couverture de béton sur pilotis.
En nettoyant le fond du puisard établi sur le principal grif-
fon de Bourbonne, en 1874, on a retiré 4.700 pièces de mon-
naies romaines et gauloises en or, argent et bronze. Une
partie de ces médailles avaient été décomposées par l’eau
minérale, et on a retrouvé, dans le puisard, des fragments de
grès et de silex agglomérés par une pâte à éclat métallique,
_ ils
2
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 553
avec de la chalcosine, de la chalcopyrite et diverses espèces
minérales formées aux dépens du bronze des monnaies et
de nombreux objets retrouvés dans le puisard. Les espèces
minérales formées à Bourbonne, par le métamorphisme des
divers métaux sous l'action des eaux thermales, ont été étu-
diées spécialement par M. Daubrée, qui a assimilé leur for-
mation à celle des filons métallifères.
Sources minérales diverses. — En dehors des sources miné-
rales de la France, il en existe un grand nombre dans les
diverses contrées :
En Algérie, on connaît celles de Hammam-Meskoutine
(Constantine) : débit — 24.000 hectolitres par vingt-quatre
heures; température — 95°, Ces eaux sont chargées en sels
calcaires ;
Dans le Nassau, les eaux de Selfz, chargées en acide car-
bonique ;
En Bohéme, celles de Carlsbad, qui donnent, par an,
600 tonnes de carbonate de soude, 10.000 tonnes de sulfate
de soude, du carbonate de chaux et du chlorure de sodium ;
Dans le Caucase, les eaux de Gilesnowodsk, exploitées par
galeries à flanc de coteau ;
En Galicie, les eaux iodées d’Ivonicz, au contact de forma-
tions pétrolifères importantes ;
A Ischia, les eaux thermales sont en relation intime avec
des phénomènes volcaniques, ainsi qu'à l’île de la Réunion
et au Mexique.
Dans le voisinage de lamer Morte, à Zara, les eaux sortent
très chaudes entre deux coulées de basalte ; à Callirhoë, elles
sortent près d'une coulée de lave, avec traces de soufre et.
d'alun ; et à Emmaüs, les eaux, contenant de l'hydrogène sul-
furé, sont en relation avec un épanchement basaltique.
En Italie, à San Filippo, près de Rome, les eaux thermales
ont déposé, en vingt ans, une couche de travertin de 9 mètres.
d'épaisseur.
À Sedlitz et à Epsom, lon rencontre des sources salines.
contenant des sulfates de magnésie et de soude et du chlo-
rure de sodium, etc., etc.
PR TRES PU Me Se
554 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GEYSERS
Les geysers sont des sources thermales très actives qui
jaillissent, poussées avec violence par les gaz et la vapeur
d'eau formés dans les couches profondes où la température
est très élevée.
L'échappement des eaux et de la vapeur est intermittent,
en général.
L'explication de l’intermittence des geysers est la suivante:
Explication de l'intermittence des geysers. — Supposons
une source thermale dont le griffon se trouve en A {fig. 108);
elle s’écoulera régulièrement sans phénomène particu-
lier, si rien ne vient troubler sa marche. Mais, si elle est
en relation, par des fissures telles que DB, avec des vapeurs
chaudes provenant de couches
<< profondes, ces vapeurs, au
Et lieu de se dégager librement
7 comme elles pourraient le
SN ER NN faire par des fissures commu-
QE N niquant avec lasurface du sol,
RER s'accumulent en EB, au con-
RER R tact de la colonne d’eau AC,
À qu'elles tendent à soulever;
XV
&.
elles échauffent l'eau de B jus-
qu'à l’ébullition, et, lorsque
leur tension est suflisante,
elles soulèvent de 1 à 2 mètres
cette eau qui, en arrivant
en F, où la température d’ébul-
lition est inférieure, se vola-
tilise brusquement et projette, en À, une gerbe bouillante
avec une partie des vapeurs de DE.
La période et l'intensité des projections varient avec la posi-
tion des fissures telles que EB, la température des gaz et
les dimensions de la cheminée AB.
Fic. 108. — Coupe théorique d'un geyser.
}
"
', à
Û î :
*
(4 46
béer
À
F »
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES 555
On trouve, dans l’eau des geysers, des silicates alcalins,
des carbonates, et quelquefois du fer et du manganèse ; 26
dégagements gazeux sont formés de vapeurs a et
d'acide carbonique.
Les principaux pays où l'on rencontre des geysers sont :
l'Islande, la Nouvelle-Zélande, V Amérique du Nord, les Acores.
L'Islande est la région des geysers la mieux connue.
Les plus importants geysers d'Islande sont :
Le Grand-Geyser, au nord-ouest de l’Hecla, entouré d’un
cône de 70 mètres de diamètre et de 10 mètres de hauteur,
comme un volcan.
La température de l’eau est, à la surface, de 80°, et, à
22m,50 de profondeur, de 127° avant les éruptions et de
122° après.
Les intervalles des éruptions sont de trente heures, en
moyenne, et leur durée est de dix minutes. Le volume d'eau
rejeté à chaque éruption est de 160 mètres cubes environ.
Près du Grand-Geyser, on trouve le Sfrokkr, geyser moins
important, et divers autres plus petits.
La Nouvelle-Zélande renferme aussi un grand nombre de
geysers, près du volcan de Tongarvio.
L'Amérique compte un certain nombre de geysers plus
importants que ceux de l'Islande et de la Nouvelle-Zélande.
Le principal geyser est celui du Géant, qui donne des jets
d'eau de 60 mètres de haut; on le trouve dans le parc de
Yellowstone dans les montagnes Rocheuses, près d'un massif
éruptif, Parmi les autres, on connaît surtout la Ruche d’Abeilles
(gerbes de 70 mètres) et le Vieux-Fidèle (gerbes de 40 mètres
toutes les heures).
Dans les Acores, on trouve des geysers dans l’île de San-
Miquel.
On doit noter que la puissance des geysers va toujours en
diminuant, ce qui semble indiquer un ralentissement dans
l’activité des phénomènes cosmiques, ou tout au moins une
obstruction ou une solidification des fissures profondes de
la croûte terrestre.
“4
4
90
GÉULOGIE APPLIQUÉE
BIBLIOGRAPHIE DES SOURCES THERMOMINÉRALES ET DES GEYSERS
. Jacquot,
Daubrée, Eaux souterraines anciennes et modernes.
Elie de Beaumont, Notes sur les émanations volcaniques et
mélallifèr es (Bulletin de la Société géologique de France,
2sene,t. AV; p:1972):
De Lapparent, Géologie, 1° volume, p. 455 et RTE
Nivoit. Géologie appliquée, t. 1, p. 95.
Truchot, Annales du Club alpin, 10° année. 1884 (Sources
thermominérales).
Voisin, Annales des Mines, 7° série, t. XVI, p. 488 (Sources
thermales de Vichy).
De Gouvenain, Comptes Rendus de l'Académie des Sciences,
t. LXXX, p. 1297 (Sources de Bourbon-l’ Archambault).
L.Lartet, Bulletin de la Société géologique de France, 2° série,
t. XXII, p. 719 (Sources thermales au voisinage de la mer
Morte).
Des Cloizeaux, Annales de Chimie et de Physique, 3° série,
t. XIX (Geysers d'Islande).
Labonne, Comptes Rendus de la Société géographique, 1886
(Geysers d'Islande).
Fouqué, Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, t. LXXXI
(Sources geysériennes des Acores).
Stanislas-Meunier, Lithologie pratique, 1872, p. 117 (Geysers).
Geological Survey of the terrilories, reports for 1871, 1872,
18178 (Geysers d'Amérique).
American Journal, 3° série, t. XXVI, p.241 (Geysers du Yellow-
stone).
. Schweitzer, À report on the mineral waters of Missouri
Fe survey of Missouri).
es Eaux minérales de France (Baudry).
CHAPITRE VII
MÉTAUX RARES
L'ARGENT ET SES MINERAIS
Propriétés physiques. —— L'argent est un métal d’un blanc
très pur, qui acquiert un vif éclat par le poli. Il est assez
mou, très ductile, très malléable et doué d’une grande téna-
cité.
On peut l'étirer en fils très fins et le réduire en feuilles
n'ayant pas plus de 2 millièmes de millimètre d'épaisseur.
Sa densité est 10,47. Il fond à 1.000° et se volatilise vers 1.500°,
en émettant des vapeurs bleues. Parfaitement pur et à l’état
liquide, il peut dissoudre jusqu’à vingt-deux fois son volume
d'oxygène. Au moment où le métal commence à se solidifier,
une partie du gaz occlus se dégage brusquement en soule-
vant la couche déjà prise, et forme, en projetant du métal,
une sorte de champignon à la surface. On dit alors que l'ar-
gent roche. On extrait le reste du gaz dissous dans largent,
par le vide à la température de 500 à 600°. L'argent est très
bon conducteur de la chaleur et de l'électricité. Sa chaleur
spécifique est de 0,037.
Propriétés chimiques.— Ce métal ne s’oxyde pas à l'air, à
la température ordinaire. Il se combine directement avec la
plupart des métalloïdes.
Il décompose à froid l'acide azotique et l'acide bromhy-
drique. Il n’agit sur l'acide sulfurique que lorsque celui-ci
est concentré et bouillant, et il n'attaque l'acide chlorby-
drique que vers 550°.
Au contact de l'acide sulfhydrique, l’argent noircit, même
à la température ordinaire. Il attaque rapidement cet acide
à 590°.
y
DS GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Alliages. — L'argent s'allie avec plusieurs métaux, tels que
le cuivre, le platine, l'or et le mercure. Combiné au cuivre
dans certaines proportions, il conserve sa couleur et acquiert
une plus grande dureté.
L’alliage employé pour la fabrication de la vaisselle d'ar-
gent est au titre de 950 millièmes d'argent et de 50 millièmes
de cuivre. Pour les monnaies d'argent, on emploie un alliage
qui est, pour les pièces de 5 francs, de 900 millièmes d’argent
et de 100 millièmes de cuivre ; et pour les pièces division-
naires de 2 francs et au dessous, de 835 millièmes d’argent
et de 165 millièmes de cuivre.
Pour les objets de bijouterie, le titre de l’alliage est fixé
à 800 millièmes. |
La soudure pour alliage d'argent au titre de 950 millièmes
est composée de 66,66 0/0 d'argent, 23,33 0,0 de cuivre et
10 0/0 de zinc.
Le plaqué ou doublé d'argent sur cuivre se fait avec un
alliage au titre de 900 millièmes. Enfin on pratique quelque-
fois l’argenture de divers métaux, du bois, du carton et du
papier, en faisant adhérer à ces substances de l'argent en
feuilles.
MINERAIS DE L'ARGENT
On peut diviser les minerais d'argent en deux catégories :
les minerais d'argent proprement dits et les minerais com-
plexes où l'argent accompagne le cuivre, le plomb, l'or, etc.
Minerais d'argent proprement dits. — Les principaux mi-
nerais d'argent proprement dits sont : l'argent natif, les
minerais sulfurés, l'argent noir, l'argent rouge, les chlorures
et les bromures d'argent, etc.
L'argent natif se rencontre au Konsberg, au lac Supé-
rieur, etc.
L'argyrose est un sulfure d'argent (AgS) (Mexique, Chili,
Pérou, Comstock); l'acanthite est aussi un sulfure d'argent
(Freiberg); la stromeyérine et la jalpaïle sont des sulfures
d'argent et de cuivre.
L'argent noir est un sulfoantimoniure dont les types prin-
MÉTAUX RARES 559
cipaux sont : la polybasite (Ag5SSbS6), tenant de 72 à 74 0/0
d'argent (Freiberg, Przibram, Schemnitz, Mexique, Nevada) ;
la psaturose ou stéphanite (Ag*SbS*), tenant 68 0/0 d'argent
(Comstock, Zacatecas, Przibram).
L'argyrythrose ou pyrargyrite est un argent rouge antimo-
nial (Ag®SbS®), tenant 69 0/0 d'argent (Andreasberg, Schem-
nitz, Przibram, Chanarcillo au Mexique), et la proustite est un
argent arsenical (Ag’AsS*), tenant 65 0/0 d'argent (Chanar-
cillo).
Les chlorures, bromures, etc., sont des minerais de surface
que l’on trouve dans les parties hautes des filons. Ils com-
prennent : l'argent corné ou cérargyrite (AgCI) ; la bromar-
gyrite (AgBr); l’embolite, chlorobromure d'argent; l’iodar-
gyrite (Ag.T).
Minerais complexes. — Les principaux minerais com-
plexes sont la galène (0 à 0,72 0/0 d'argent) et surtout les
cuivres gris (tétraédrites tenant jusqu'à 29 0/0 d'argent).
Les pyrites de cuivre et la blende sont moins argentifères.
Enfin on trouve l'argent associé à l’or, surtout dans les tellu-
rures, tels que la petzite, tenant 40 0/0 d'argent au Colorado
et en Californie, la calavérite tenant environ 3 0/0 d'argent,
et la hessite tenant jusqu’à 63 0/0 d'argent, mais très peu
d'or.
Gisements. — Pour faciliter l'étude des gîtes d'argent,
nous les diviserons en trois catégories :
1° Filons contenant des minéraux d'argent proprement
dits ;
2° Gîtes de cuivre gris argentifère ;
3° Gites de blende, de galène et de pyrites de cuivre argen-
tifères dont la plupart ont été étudiés dans le chapitre 11.
1° MINERAIS D'ARGENT PROPREMENT DITS EN FILONS
GISEMENTS DE LA FRANCE. — Chalanches et le Grand-Clos (Isère).
— On a exploité autrefois à Chalanches (Isère) des filons
complexes, au-nombre de six, recoupant des calcaires juras-
siques et contenant des minerais de cobalt et de nickel avec
de la stibine argentifère, du chlorure et du sulfate d'argent.
Ces filons sont assimilables à ceux de la venue argentifère
récente de Freiberg.
560 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
À Grand-Clos (Isère), on a également exploité des filons
de galène argentifère recoupant les gneiss (fig. 109).
Fic. 109. — Filons argenlifères de Grand-Clos.
La Croix-aux-Mines (Vosges. — La mine de la Croix-aux-
Mines, découverte en 1315, fut exploitée activement pendant
plusieurs siècles. On vientde reprendre,en 1899, l'exploitation
abandonnée depuis la Révolution.
On y a trouvé de la galène argentifère, des minerais d’ar-
gent proprement dits et, en quelques points, un mélange de
galène et de cuivre gris argentifère. La gangue est un détri-
tus de granite décomposé, quelquefois avec schistes, stéa-
tite, quartz et hématite.
Le filon principal est orienté N.N.E.-S.S.0. et incliné
vers l’est ; il recoupe des gneiss métamorphisés par les gra-
nites. Il se poursuit sur une longueur de près de 5 kilomètres,
avec une puissance de 30 à 40 mètres.
Sainte-Marie-aux-Mines (Alsace). — On doit rattacher à ce
isement français de la Croix-aux-Mines celui de Sainte-Marie
itué sur le versant oriental des Vosges.
On y trouve, dans des filons recoupant les gneiss, de l’ar-
gent natif, de l'argent rouge, du cuivre gris et du cobalt. Ces
mines ont été exploitées dès le x° siècle sur des longueurs
considérables et jusqu'à une grande profondeur. Elles sont
actuellement l'objet de travaux importants.
[el
€
nn (
le
+ JE ‘y Gr
LA Di
MÉTAUX RARES 561
Giromagny (près Belfort). — Au sud de ces minesona exploité,
à diverses reprises, à Giromagny, entre Belfort et le Ballon
d'Alsace, de la galène argentifère, habituellement disposée
en colonnes riches, avec quelques minerais d'argent propre-
ment dits (filons Saint-Louis, Solgat, Pfenningturm), et du
cuivre gris avec de la pyrite cuivreuse (filon Saint-Daniel)
Vialas (Lozère). — Il y a lieu de citer aussi les mines de
Vialas, déjà étudiées au chapitre du Plomb. On y rencontre
des filons argentifères à gangue de calcite et de barytine,
renfermant aussi de la galène argentifère.
La production de l'argent métal, qui avait été, en
France, en 1894, de 96.955 kilogrammes, d'une valeur de
10.665.030 francs, est tombée, en 1896, à 70.479 kilogrammes,
valant 7.964.125 francs. Elle est remontée, en 1898, à
80.000 kilogrammes environ.
EsPAGxE (Guadalcanal). — En Espagne, les principaux gise-
ments d'argent filonien se trouvent à : Guadalcanal, Cazalla,
Hien de la Encina, Sierra de Almagrera. La mine de Guadal-
canal (près de Séville), exploitée par les Carthaginois, a été
reprise au milieu du xvi° siècle et en 1768, puis abandonnée.
On y trouvait de l'argent sulfuré, de l'argent rouge et de
l'argent natif, avec gangue spathique. En certains points,
on y rencontrait des pyrites cobaltifères avec de l'argent
sulfuré et rouge en filons très ramifiés et rejetés à une faible
profondeur par une faille argileuse. À Cazalla, près de Gua-
dalcanal, on a exploité des minerais d'argent arsenicaux et
de l’argent rouge en mouches dans dela blende, avec gangue
de barytine; le minerai trié contenait de 5 à 6 kilogrammes
d'argent à la tonne.
Hien de la Encina. — A Hien de la Encina, dans la sierra
de Guadalajara, trois filons principaux recoupent des gneiss
et des micaschistes (argent natif, argyrose, chlorures et bro-
mures avec quartz, barytine et sidérose).
Sierra de Almagrera. — On à étudié au chapitre 11 de ce
Traité, les gites espagnols de galène argentifère de Linarès et
de Carthagène; mais il existe aussi en Espagne des filons de
galène argentifère (0,0036 à 0,005 de teneur en argent) avec
sulfures, arséniures, sulfo-arséniures et chlorures d’argent,
pyrites et minerais de cuivre ; ces filons, à gangue de baryte
GÉOLOGIE. 30
RÉ RE PR QU ne 2 dés “ge ©,
: Er €
562 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
mi
et de calcite, recoupent les schistes argileux et les mica-
schistes cristallins de la Sierra Almagrera. À Cabezo de las
Herrerias, l'argent natif est associé à des minerais de fer
recoupant des trachytes (mines de Autrevida et de Milagro de
Guadalupe).
La production de l'argent en Espagne a été de 229.000 ki-
logrammes en 1898, valant 21.718.930 francs.
SARDAIGNE (Sarrabus). — L'exploitation active des mines du
Sarrabus (Sardaigne), près de Campidano, ne remonte
qu'à 1870, bien que la mine soit connue depuis le commence-
ment du xvi® siècle. On exploite des filons irréguliers,
mais très nombreux, qui sont parallèles aux strates est-ouest
des schistes et des quartzites de cette région; ces filons
comportent une venue plombeuse et une venue argentifère
plus récente correspondant à des réouvertures des filons.
Les filons récents, dont l'épaisseur varie de quelques centi-
Giovanni Bonu For Pigu
EE arte tres riche en argent ES Perse tres niche <{ chargée de galene
Fic. 110. — Coupe ouest-est des mines du Sarrabus (d'après M. Traverso).
mètres à près de 2 mètres, renferment de la barytine, de la
calcite, de la fluorine, de la galène riche avec argent natif,
du chlorure d'argent (à l'affleurement), de l’argyrose en
cristaux ou en filaments, de la stéphanile (surtout en pro-
fondeur), de la pyrargyrite et de la proustite. Les parties
riches forment des amas irréguliers ou des colonnes comme
à Kongsberg. Parmi ces amas, on peut citer celui de Sarci-
lone (82,00 X 5,00 X 0,06), trouvé dans un filon stérile
aux affleurements; le minerai de cet amas, avec gangue de
calcite, tenait jusqu'à 30 0 0 d'argent.
La production de l'argent, en Italie, a atteint 45.313 kilo-
MÉTAUX RARES 563
grammes en 1897, ce qui représente une valeur de 4.355.000
francs.
Norwëce {Kongsberg).— Le gisement de Kongsberg (étendue
du district — 400 kilomètres carrés environ), exploité depuis
le commencement du xvnr siècle, est encore aujourd’hui très
important. Les filons de calcite et d'argent natif y recoupent
des gneïss et des schistes cristallins et présentent des enrichis-
sements à la rencontre des zones d’imprégnations pyriteuses
appelées fahlbandes (zones heureuses) et composées de sul-
fures (pyrites de fer et de cuivre). L’imprégnation est surtout
forte dans le gabbro et dans les schistes micacés. Il existe à
Kongsberg huit fahlbandes dont les deux principales sont
l'Overberg (puissance : 300 mètres) et l'Underberg (puissance :
60 mètres).
Ces fahlbandes paraissent dues, d'après Kjérulf et Dahll, à
la pyritisation, par des venues sulfurées, des roches schis-
teuses cristallines de Kongsberg plissées et comprimées lors
du soulèvement des gabbros et des granites. Les roches spon-
gieuses (schistes) ont été imprégnées; et les roches compactes
(gneiss) ont résisté à cette action. Les fractures de Kongsberg
ont une direction est-ouest et plongent verticalement; la puis-
sance des filons atteint au maximum 0,20; les zones argen-
tifères forment des colonnes dans ces filons.
L'Overberg, la seule région encore florissante, comprend
une trentaine de mines et environ deux cent cinquante
filons. Les deux seules exploitations prospères aujourd’hui
sont Kongensgrube (650 mètres de profondeur) et Hülfe-
Gottes.
Le minerai exploité est de l'argent natif, en petites veines
ouen cristaux isolés, et du sulfure d'argent amorphe, accom-
pagné de chaux carbonatée spathique.
On rencontre, en profondeur, des zones d’enrichissement
alternant avec des zones pauvres.
Les mines des districts de Vinoren et de l'Underberg sont
abandonnées aujourd’hui. ;
La production de la Norwège a été de 4.720 kilogrammes
d'argent en 1897, soit une valeur de 453.650 francs.
SuEne (Sala). — Dans les gisements de galène argentifère
de Sala, en Suède, on rencontre aussi de l'argent natif
564 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
et du sulfure d'argent. On traite le minerai par le sulfate
de cuivre dans une dissolution d'hyposulfite de soude, et on
obtient de l'hyposulfite double d'argent et de soude qu'on
attaque par le sulfure de sodium ; on recueille ainsi du sul-
fure d'argent avec une certaine quantité d'or et de mercure.
La production de l'argent, en Suède, a atteint, en 1897,
2.218 kilogrammes valant 213.195 francs.
Saxe (Himmelfahrt). — On a étudié, à propos du plomb,
les champs de filons de la Saxe et de la Bohême, et on y a
signalé les minerais d'argent en relation avec une venue
calcaire ou dolomitique postérieure à la venue quartzeuse;
on à cité, à Freiberg, la mine de Himmmelfahrt qui ren-
ferme, dans un amas d'une cinquantaine de mètres, de l’ar-
gent natif, de l'argent rouge antimonial et arsenical, et de
l'argent sulfuré en relation avec une dolomie récente. On y
trouve aussi des druses d'argent rouge dans l'edlequartz.
Annaberg. — L'argent rouge et l'argent sulfuré ou natif se
trouvent encore, avec de la dolomie, à Annaberg (Noir le
chapitre du Plomb).
BonËÊue (Joachimsthal). — On connaît aussi, à Joachimsthal
(en Bohème), des gisements argentifères à gangue dolomi-
tique, dans les micaschistes. Les minerais exploités sont de
l'argent natif et de l'argentite (sulfure d'argent) à l’état d’im-
prégnations ; ils sont souvent disposés en colonnes isolées.
La production totale de l'argent, en Allemagne, à été,
en 1898, de 480.578 kilogrammes, valant 45.578.740 francs.
HoxGRie (Schemnitz, Kremnitz).— Les mines de Schemnitz,
situées au nord de la Hongrie, au sud-ouest des monts Tatra,
sont exploitées depuis la plus haute antiquité. Elles fournissent
des minerais d'argent proprement dits (argent natif, argy-
rose, polybasite, argent rouge), des minerais de cuivre argen-
tifère, des galènes argentifères et des pyrites argentifères.
Les filons, à gangue de quartz, sont en relation soit avec
des grünsteins ou propylites, qui sont des andésites amphibo-
liques miocènes, soit avec des syénites et des schistes anciens.
Les filons, encaissés dans les propylites, sont dirigés S.-0.-
N.-E. et sont formés d'un ensemble de fentes très rami-
fiées; ils renferment des minerais en colonnes enrichies aux
points de rencontre; la gangue est quartzeuse; les autres
MÉTAUX RARES 565
filons, beaucoup moins ramifiés, ont un remplissage de cal-
cite. |
Les filons en relation avec les propylites (Schemnitz et
Windschach) forment en réalité des groupes de fentes occupant
quelquefois une largeur de 40 mètres; le remplissage est
formé de silice (quartz, améthiste, jaspe et simople); les par-
ties riches en argent sont accompagnées de calcite et de
quartz hyalin.
Les filons encaissés dans les syénites (Hodritsch, Eisenbach)
sont moins importants: ils forment des veines puissantes
contenant des minerais d'argent avec calcite ou quartz. Il y
a souvent altération des roches encaissantes sous l'influence
d'émanations solfatariennes, comme au Comstock (Voir plus
loin).
A Kremnitz, on exploite des filons argentifères et aurifères
(pyrites avec psaturose, argyrose, cuivre gris, etc.), dans des
propylites encaissées dans des trachytes gris.
La production de la Hongrie a été, en 1897, de 26.790 kilo-
grammes d'argent, valant 2.575.355 francs.
AMÉRIQUE. — Nevada(Comstock).— Le filon argentifère décou-
vert par le mineur Comstock, en 1859 {Comstock lode), dans
le district de Washoe (Nevada), estlong de 7 kilomètres; c’est
un des plus grands filons connus : il a produit plus de
2 milliards d’or et d'argent, grâce à la découverte de bonanzas
d'une richesse considérable. Les trois principaux centres
d'exploitation sont ceux de Gold Hill, de Virginia et d'Ophir.
Le Comstock lode est un filon de quartz situé au contact
des diorites du mont Davidson et d’un grand filon de dia-
base, au-delà duquel on trouve un massif d'andésite amphi-
bolique. Entre la surface et l'étage de 300 mètres, le filon
s'élargit considérablement et forme un V dont l'ouverture,
est orientée vers la surface. Les branches du V sont consti-
tuées par du quartz pauvre; l’intérieur renferme un mélange
de quartz métallifère, d'argile, de fragments de roches
et de calcite. Ce remplissage a été produit par la chute
des roches encaissantes dans la fracture du filon. Au-dessous
de 360 mètres, le filon se réduit à une fente à parois
parallèles de 20 mètres de puissance. On trouve, disséminés
dans ce filon : de l'argent sulfuré (argentite), de la galène
566 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
riche, de l'argent rouge avec argent et or natifs; au contact
de la diorite, les minerais aurifères dominent et le quartz est
très argentifère. Dans la région centrale, près de Virginia
City, le filon présente, en coupe transversale, l'aspect indiqué
par la figure 111.
ts Conso dated Virgima
IÈÈÏhÏY]'hJVUJoONh[ Op
NNENNSN
Mnere1
Fi. 111. — Coupe du gite de Comstock (d’après Becker).
On a trouvé au Comstock de nombreuses bonanzas, c'est-
à-dire d'énormes lentilles irrégulières formées par des
massifs altérés de la roche encaissante devenue spongieuse,
argileuse et injectée de minerai; les bonanzas de surface
contiennent de l'argent natif et des chlorures ; les bonanzas de
profondeur fournissent des sulfures, des sulfo-antimo-
niures, etc. (argyrose, stéphanite, polybasite, proustite, pyrar-
gyrite, tétraédrite). Les plus célèbres sont les bonanzas de
Crown-Point (54 millions de francs de 1870 à 1873), de Potosi
(75 millions ; valeur du minerai, 400 à 620 francs la tonne) et
d'Ophir (213 millions; valeur du minerai, 600 à 4.000 francs:
MÉTAUX RARES | 567
la tonne). Les bonanzas sont épuisées ; mais elles ont donné
1.300 millions d’or et d'argent. Malheureusement, même dans
les grandes mines (Consolidated, Virginia, California, Ophir,
Chollard, Potosi, etc.), les travaux sont rendus impossibles,
au-delà de 450 mètres, par suite de l’abondance des eaux et
de la température très élevée qui règne dans les fronts de
taille. On a cependant construit un tunnel de drainage et
d'aération de 7 kilomètres, qui débite 5 millions de mètres
cubes d’eau par an; la température est néanmoins de 49° à
450 mètres, et atteint 60° à 670 mètres. On arrose les fronts
de taille à l’eau froide; et, dans les chantiers profonds (800 et
900 mètres), on distribue 20 kilogrammes de glace par homme,
-aux ouvriers qui, malgré tout, ne peuvent travailler que
trois heures de suite. La température élevée est due à des
sources très chargées d'hydrogène sulfuré, qui atteignent
76° et proviennent de phénomènes volcaniques. Le remplis-
sage du filon, qui date de l’époque miocène, est dû à des éma-
nations solfatariennes, qui ont précédé et suivi l’arrivée des
andésites.
Nevada (Austin). — On peut encore citer, dans le Nevada, les
filons d'Austin, à 138 kilomètres de Battle Mountain. Ce
sont des veines de quartz très minces (0,25 à 0,45 dans les
parties riches), au milieu des granites; les minerais sont la
proustite, la pyrargyrite, l’argyrose, la polybasite, la stépha-
nite, avec abondance de chlorures et de bromures d’argent, à
la profondeur de 25 mètres (teneur moyenne : 0,004 à 0,005);
la gangue est du quartz, avec silicate rose de manganèse.
On trouve aussi de l'argent natif et des sulfures à Silversand-
stone, dans des trachytes triasiques du comté de Washington.
Le Nevada a produit, en 1897,46.650 kilogrammes d’argent,
valant 4.484.250 francs.
Le comté de Washington a produit, la même année,
7.548 kilogrammes d'argent, valant 725.795 francs.
Montana (Butte City). — Depuis que le Comstock lode
s’'appauvrit et devient difficile à exploiter, les mines d’argent
et de cuivre du district de Butte-City (Montana) ont pris une
importance considérable; on y exploite des filons conte-
nant soit des galènes avec sulfures d'argent à gangue de
quartz et de silicate de manganèse (mines de Lexington,
568 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Granite-Mountain, Moulton, etc.), soit des filons à gangue man-
ganésifère (Blue-Bird), soit des filons de cuivre argentifère
(Anaconda). La Société française des mines de Lexington
exploite deux filons, dans cinq concessions : Lexington,
Atlantic, Wild-Pat, Allie-Brown et Mill-Site. Les mines les
plus productives du Montana sont celles de Granite-Moun-
tain et de Blue-Bird.
La production du Montana a atteint, en 1897, 522.791 kilo-
grammes, valant 50.245.560 francs.
Colorado (Leadville). — Au Colorado, l'important gisement
de Leadville renferme des filons de galène argentifère à
gangue quartzeuse; on y rencontre aussi des minerais d'ar-
gent proprement dits et quelques sulfosels d'argent.
La teneur des minerais y varie de 0,002 à 0,008.
La production du Colorado a été, en 1897, de 661.745 kilo-
grammes d'argent, valant 63.611.135 francs.
Mexique. — Les riches mines d'argent du Mexique : le
Carmen, Catorce, Real-del-Monte, Pachuca, Guanajato, Chihua-
hua, Zacatecas, Fresnillo, exploitées par les Espagnols dès la
conquête 1520), avaient beaucoup diminué d'importance, par
suite du prix élevé du mercure et du sel, surtoutau moment
des guerres civiles et étrangères. Depuis quelques années,
le Mexique a repris sa place comme producteur d'argent, et
il vient immédiatement après les États-Unis.
D'une manière générale, les filons d'argent du Mexique
sont en relation avec des diorites, qu'ils recoupent, et sont, à
leur tour, recoupés par des trachytes de venue postérieure.
Cependant, en certains points (San-Francisco de Morelos et la
Sonora\, les filons sont concentrés dans des trachytes.
Au Mexique, il existe une succession bien marquée et
constante dans l’ordre des minerais contenus dans un filon.
On y constate cependant des bonanzas ou zones riches,
comme dans beaucoup de filons, bien qu'ici ces zones
paraissent localisées à une profondeur à peu près constante.
On trouve la succession suivante, en partant de la surface:
4° argent natif avec oxydes de fer ou de manganèse et gangue
de quartz carié; 2° bromures et chlorures d'argent avec
argent natif et oxydes de fer et de manganèse (zone peu
riche ; 3° argent sulfuré prédominant avec sulfure antimonié
É
*
|
.
3
MÉTAUX RARES 569
noir (zone très riche, bonanzas); 4° argent antimonié sulfuré
noir, puis argent rouge; 5° minerais cuivreux, blende, pyrite
de fer et quartz, à 450 ou 500 mètres.
La zone moyenne est la plus riche, et on arrive sûrement
à un appauvrissement en profondeur. L'existence des chlo-
rures aux affleurements, que l’on retrouve à Leadvilie, à
Huelgoat, au Chili et au Pérou, s'explique par l'existence de
lagunes salées, dont le sel provient, par lavage, des terrains
volcaniques qui abondent dans le pays. Les minerais d'argent
du Mexique sont toujours accompagnés d’un quartz cristallin
violet, qui prédomine. On trouvera ci-dessous quelques
détails sur les principaux gisements mexicains.
Mines du Carmen (Sonora mexicaine). — Le district du
Carmen, longtemps troublé par les incursions des Apaches,
est redevenu prospère. On y exploite surtout les filons à
gangue purement quartzeuse du Carmen, qui recoupent les
trachyles verdâtres de la Sierra-Madre.
Les plus importants sont Santa-Maria (filon d'incrustation
net, tantôt unique, tantôt en veinules) et Puertecito. Leur
orientation est nord-est-sud-ouest (1602); leur remplissage
est très complexe (proustite, argyrose, polybasite riche en
arsenic et en antimoine, avec galène et pyrite de cuivre).
L'argent est associé avec un peu d'or. |
Catorce. — À Catorce, des filons de diorite et de porphyre
amphibolique (toscas) traversent un pli anticlinal de cal-
caires, de marnes et de schistes.
Ces filons ont +.000 mètres de longueur et 10 mètres de
puissance. Le principal est le filon San-Aqgustin, rempli de
minerais poreux et cristallins très variés.
Chihuahua. — Les principales mines du district de Chi-
huahua sont celles de Santa-Eulalia et de Batopilas, qui ont
produit plus d’un milliard d’argent.
Fresnillo et Zacatecas. — Les districts de Fresnillo et de
Lacatecas renferment plus de cinquante filons d'argent,
recoupant un conglomérat rouge à ciment argileux, avec
fragments de syénite. On y distingue trois catégories de
minerais : 4° CoLorapos (argent natif, chlorures, bromures)
ou minerdis d'affleurements à gangue de quartz rouge ;
2° Necros à gangue de quartz (argent sulfuré, arséniures,
570 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
antimoniures); 3° AZULAQUES, minerais consistant en impré-
gnations des terrains encaissants (minerais particuliers au
district de Fresnillo).
Les minerais de Fresnillo sont pauvres, mais très
abondants. A Zacatecas, où la zone riche commence à
30 mètres de profon#eur, le filon {a Veta-Grande a produit
pour plus de 3 milliards d'argent.
A ———————
La Bufi El angel
La Mesa HR 26207 ner É & sata Grande
Fi. 112. —- Coupe du gîte argentifère de Zacatecas, d’après M. Laur.
Pachuca et Real del Monte. -- Les mines de Real del Monte
et de Pachuca, autrefois très riches, ont donné lieu à des
découvertes de bonanzas considérables (Veta-Madre de Real
del Monte). On y trouve de l'argent natif avec 0,2 0/0 d’or et
de l’argyrose avec gangue de quartz.
Guanajuato. — Le célèbre filon de Veta-Madre, du district
de Guanajuato, recoupe un conglomérat rouge avec des frag-
ments de syénite et des schistes talqueux injectés de diorite
(rocaverde); ce filon, orienté nord-ouest-sud-est, présente un
pendage de 45° vers le sud-ouest; il est rempli d'or et d’ar-
gent natifs et d’argyrose avec argent rouge et cuivre gris. La
gangue est du quartz avec sidérose et fluorine.
On a trouvé, en 1701, dans ce filon, une bonanza de
150 mètres de large {mine de Valenciana), qui a fourni pour
plus de 1.500 millions d'argent.
Cette mine, ainsi que celle de Rayaz du même district,
est encore exploitée aujourd'hui. :
On peut citer encore, au sud du Mexique, les mines de Zacual-
pan, de Guadalupe del Oro, de Sultepec, de Temascaltepec, etc.
(filons Capulin, Pascual, Concepcion, Veta Nueva, etc.).
La production du Mexique a été, en 1897, de 1.681.212 kilo-
grammes, valant 161.500.398 francs.
Pérou.—- Les mines du Pérou ont fourni des quantités consi-
MÉTAUX RARES 571
dérables de minerais d'argent très riches, provenant des pro-
vinces de Cajamarca, de Choca et surtout des fameuses mines
de la montagne du Cerro de Pasco qui ont produit plus de
2 milliards d'argent. Le Cerro de Pasco présente la même
succession de minerais que les mines du Mexique. Ces
minerais sont, à partir des affleurements : 1° les pacos ou
cascajos, minerais rouges tenant environ 500 grammes à la
tonne; 2° les bronzes, minerais contenant des pyrites de fer et
de cuivre; 3° les pavonados, sulfosels donnant de 8 à 10 kilo-
grammes d'argent à la tonne; #° les minerais plombeux
donnant de 4 à 5 kilogrammes à la tonne. On trouve dans
les pavonados, de la tétraédite très riche ‘malinowskite),
tenant 25 kilogrammes à la tonne. La gangue est quartzeuse ;
les minerais forment des veines ou des colonnes comme
au Mexique; mais les bonanzas portent ici le nom de tajos.
La production du Pérou a été, en 1897, de 58.368 kilo-
grammes d'argent, valant 5.605.065 francs.
République Argentine. — Japon. — On peut citer aussi les
filons argentifères à gangue quartzeuse de la République
Argentine (Cerro de Famatina et Cerro de Cacheuta), et ceux
du Japon : filons de quartz argentifère de l’île de Sado et des
provinces d'Ugo (Innaï) et de Tajima (Ikuno).
La production de ces dernières contrées a été, en 1897, pour
la République Argentine, de 10.210 kilogrammes d'argent,
valant 982.540 francs; et pour le Japon, de 78.009 kilo-
grammes d'argent valant 7.497.900 francs.
Australie. — En Australie, on découvrit, en 1883, dans le
district de Silvertown (Nouvelle-Galles du Sud), le fameux
filon de Broken -Hill, où le minerai tient 1.275 grammes d'ar-
gent à la tonne. Malgré le prix élevé du combustible (coke
à 137 francs en 1890) et de la main-d'œuvre, cette mine a
donné jusqu'à 100 francs de bénéfice par tonne de minerai.
Les terrains encaissants sont des gneiss, des quartzites, des
micaschistes et des talcschistes en relation avec des porphyres,
des diorites et des eurites. Le filon, orienté nord-est-sud-
ouest, est incliné vers le nord-ouest; sa puissance varie de
10 à 30 mètres. Il existe sur les affleurements, un chapeau de
fer; la succession des minerais, étudiée spécialement par
M. Pélatan, est la même qu'au Comstock dont on retrouve
572 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
les lentilles d’enrichissement sous forme de poches de
chlorure, de chlorobromure et d'iodure d'argent riches
(Kaolin-Ore et Garnet-Ure). Ces sels imprègnent des feldspaths
kaolinisés, avec petits grenats.
On trouve de la galène avec argyrose dans la même pro-
vince, à Bathurst, à Copper-Hill et à Pell-Wood.
Les sulfures et les chlorures, de teneur variable, sont
exploités dans les filons de Boorook.
La production de l'argent en Australie, en 1897, a été de
500.097 kilogrammes, valant 48.066.985 francs.
20 CUIVRES GRIS ARGENTIFÈRES
Les cuivres gris (panabase, tétraédrite) contiennent sou-
vent une très forte proportion d'argent, qui atteint 30 0/0
dans les cuivres gris d’'Habacht (Freiberg), et 9 0/0 dans
ceux de Clausthal (Harz). On a déjà décrit, au chapitre du
Cuivre, un certain nombre de gîtes du Mexique, du Harz, etc.;
on étudiera ici ceux de la Bolivie, du Chili et du Pérou.
Bolivie. — La Bolivie contient les mines fameuses de
Potosi, d'Oruro et de Huanchaca, près d'Antofagasta.
L'exploitation active des mines de Potosi, qui date de 1571,
a déjà produit plus de 6 milliards d'argent, malgré l'abandon
de plusieurs mines. Les filons, au nombre de 60, recoupent
un porphyre quartzifère formant un dyke au milieu de phyl-
lades siluriens dans lesquels les filons s'appauvrissent (Veta-
Mendieta, Veta-Rica, Veta-Estana). Le remplissage est formé de
pacos, puis de mulatos et de negrillos avec une gangue quartzeuse
et, en certains points, avec de la cassitérite. La teneur, qui
atteignait autrefois 3 et même 5 0/0, a beaucoup diminué.
A Oruro, entre la Paz et Potosi, on trouve, dans un gise-
ment analogue, de l'argent rouge et de la psaturose avec
cuivre gris argentifère, stibine et cassitérite; c'est ce dernier
minerai qui est surtout exploité aujourd'hui.
La région d'Huanchaca renferme des mines encore acti-
vement exploitées par une Compagnie française. Les filons y
recoupent des trachytes décomposés compris entre des andé-
sites et un tuf d'andésite avec poudingue. Le filon principal
MÉTAUX RARES 518
(est-ouest), qui a une puissance de 1 à 3 mètres, est reconnu
sur 1 kilomètre de longueur et 500 mètres de hauteur. On
y a rencontré trois colonnes riches : Clavo de Uyuni, Clavo de
Delfina, Clavo de Julia. Le remplissage, barytique dans le haut,
est quartzeux en profondeur. On trouve surtout, à Huanchaca,
du cuivre gris tenant jusqu'à 10 0/0 d'argent, de la galène
(2 kilogrammes d’argent à la tonne), de la blende (1 kilo-
gramme d'argent à la tonne), avec argyrose, argyrythrose,
chalcopyrite, etc. On traite sur place les minerais tenant
de 5 à 10 kilogrammes à la tonne; les minerais d’une teneur
supérieure sont vendus pour l'exportation; les minerais les
moins riches sont réservés pour un traitement ultérieur.
La production de la Bolivie a été, en 1897, de 326.584 kilo-
grammes d'argent, valant 31.389.750 francs.
Les mines de Huanchaca ont produit, à elles seules,
262.930 kilogrammes d'argent. En 1896, elles n’en ont pro-
duit que 76.450 kilogrammes, et ont perdu, cette même
année, plus de 4 millions. Cette perte est due à des venues
d'eau énormes qui ont limité la profondeur des travaux à
105 mètres. De plus, la teneur en argent est tombée de 6 kilo-
grammes, en 1891, à 2 kilogrammes par tonne, en 1896.
Chili. — Les principaux gîtes d'argent du Chili: Chañar-
cillo, Tres-Puntas, Caracoles, Guantajara, se trouvent sur le
versant oriental de la Cordillère de la côte. Ces gîtes postjuras-
siques, à gangue de calcite, sont encaissés dans des calcaires
et sont en relation avec des diabases et des mélaphyres
pyroxéniques dont les dykes déterminent des zones d’enri-
chissement dans le sens vertical. Les filons se rétrécissent
en profondeur, en même temps que la teneur du minerai
diminue. Dans le groupe occidental des gisements, le long
de la côte, les chlorures riches dominent; dans le groupe
oriental, on trouve surtout du sulfure d’argent, de la galène,
des sulfo-arséniures de fer, de nickel et de cobalt. La suc-
cession des minerais en profondeur est sensiblement la
même qu'au Mexique. Aux affleurements se trouvent Îles
metales calidos, qui s'unissent facilement au mercure et qui
sont constitués par l'argent natif en parcelles ou en masses
(reventones), les chlorures (pacos), les bromures et chloro-
bromures (plata verde), accompagnés de cérargyrite, de
574 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
bromite, d'embolite et d'arquérite (amalgame d'argent). Après
les metales calidos viennent les metales frios qui comprennent
les sulfures (mulatos), les sulfoarséniures et sulfoantimo-
niures (negrillos); les principaux sont la proustite (rociclair),
l’argyrose (plomo-ronco), la polybasite et l’argyrythrose. Les
gisements les plus importants sont ceux de Chañarcillo et
de Caracolès.
Gîte de Chañarcillo. — Le gîte de Chañarcillo, relié à
Copiapo par un chemin de fer de 80 kilomètres, est encaissé
dans des calcaires avec nappes de diabases et de mélaphyres
pyroxéniques (panisso-verde). On y exploite, depuis 1832, trois
tilons : Descubridora, reconnu sur 1 kilomètre et demi de lon-
4
gueur, Colorada (2 kilomètres), Candelaria (800 mètres). Au
voisinage des filons, des couches de calcaires (mantos pinta-
dores) sont imprégnées de minerais d'argent sur 10 mètres
de largeur de part et d'autre; il existe des zones très riches
(20 à 350 kilogrammes d'argent par tonne) à l'intersection
des mantos pintadores avec les filons de diabase (chorros).
Gite de Caracolès. — La mine de Caracolès, découverte
en 1870, est située au nord-est d’Antofagasta sur le Pacifique,
à 2.750 mètres d'altitude, dans le désert d’'Atacama. Les filons
verticaux, de 0,50 à # mètres d'épaisseur, ont une gangue de
barytine et de calcite, et sont encaissés dans des calcaires
jurassiques, contenant de nombreux gastropodes fossiles
(caracolès = coquilles). Les principales mines sont : Descada,
Diaz et Rivière.
En 1817, le Chili a produit, au total, 151.500 kilogrammes
d'argent valant 14.061.030 francs.
Pérou. — A Recuay (Pérou), il existe deux groupes de
tilons (E.-0. et N.-S.) de cuivre gris argentifère (pavonados),
avec galène argentifère, pyrites, bournonite et argent rouge.
Ces filons recoupent des strates jurassiques avec mélaphyres
intercalés. On exploite maintenant surtout la galène argen-
tifère, que l’on ne savait pas traiter autrefois dans les Andes,
où l’amalgamation des cuivres gris était le seul procédé
connu pour la produetion de l'argent. Les deux filons prin-
cipaux sont orientés est-ouest; ce sont : le Collaracua et le
Taruos (6 kilogrammes d'argent à la tonne et une forte pro-
porlion de plomb).
MÉTAUX RARES 57%
La production de l'argent au Pérou à été indiquée plus
haut à propos des minerais d'argent proprement dits.
3° GALÈNES, BLENDES ET PYRITES ARGENITFÈRES
On a parlé, aux chapitres du Plomb, du Zinc et du Cuivre,
des gisements compris dans cette catégorie. On se bor-
nera à rappeler ici les gîtes de galène argentifère de Pont-
péan (teneur en argent : 800 grammes à 1 kilogramme par
tonne de minerai) et de Pontgibaud (teneur en argent : 1 kilo-
gramme par tonne de minerai), en France;
Celui de Bottino (teneur : 500 grammes par tonne de mine-
rai), en Italie ;
Celui de Montevecchio (teneur : 700 grammes par tonne de
minerai), en Sardaigne;
Ceux de Mazarron, de Linarès (teneur : 200 grammes par
tonne de minerai après un premier enrichissement) et de la
Romana (5 kilogrammes par tonne de plomb produite), en
Espagne ;
Ceux de Freiberg, Schneeberg, etc., en Saxe;
Ceux de Przibram et de Mies, en Bohême;
Ceux de Saint-Andreasberg et de Claustha!, dans le Harz;
Celui de Sala, en Suède (teneur : 6 kilogrammes par tonne
de plomb produit;
Celui d'Eureka (carbonate de plomb, dans les calcaires
siluriens, tenant 850 grammes d'argent et 50 grammes d’or
par tonne de minerai fondu), dans le Nevada ;
Le gisement de Bingham (galène à 1 kilogramme d'argent
à la tonne, dans l’Utah;
Et enfin les gisements de pyrite de cuivre argentifère du
Mansfeld (tenant # kilogrammes d'argent par tonne de
cuivre produite).
PRODUCTION DE L'ARGENT DANS LES DIVERSES PARTIES DU MONDE
La production de l'argent dans les diverses contrées a été,
pour 1897, de 5.576.532 kilogrammes ayant une valeur totale
976
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
de 535.491.705 francs et se décomposant comme suit :
1867.
1875.
HUrOpe.- 2. ec 739.722 kilogr. d'argent
ASIE So obanciee 78.009 —
Amérique du Nord... 3.660.602 _
Amérique du Sud... 598.102 —
HSE 2e ce 500.097 =
BIBLIOGRAPHIE DE L'ARGENT
Mines d'argent de Potosi (Cuyper,t. XXII, p. 421).
Zeiller et Henry. Mines de Schemnitz en Hongrie (Annales
des Mines, 1° série. t. II. p. 307).
1874-1875. Simonin, Mines d'argent aux États-Unis(Revue des Deux
Mondes).
5. Fuchs et Mallard, Rapport inédil sur les mines d'Aqua-Amarga
(Vallenar). |
Domeyko, Mines d'argent du Chili (Comptes Rendus, p. 83,
445: Annales des Mines, p. 1#).
. Rolland, Mémoire sur les mines de Kongsberqg (Annales des
Mines, T° série, t. XI, p. 301).
Fuchs, Rapport sur les mines de Carmen (dans la Sonora
mexicaine), de Malacate et de San-Francisco (Morelos).
Friedel (Sardaigne), Journal de voyage manuscrit à l'Ecole
des Mines.
Lastarria Washington, L'Industrie minière au Chili.
L. de Launay. Histoire de l'industrie minière en Sardaigne
(Annales des Mines).
Pelatan., Mines de Broken-Hill en Australie (Génie civil, 7 fé-
vrier).
De Launay. Les minerais d'argent de Mils (Dunod).
Effére, Les Mines du Goldberg au moyen âge (Génie civil).
O. Haupt. La Mine de Huanchaca et l'avenir de l'argent (Paris).
Babu. Gîte d'argent de Broken-Hill dans la Nouvelle-Galles
du Sud (Annales des Mines, 9° série, t. IX. p. 315).
MÉTAUX RARES 511
OR
Propriétés physiques et chimiques. — L'or est un métal
qui, pur et à l’état compact, paraît d’une belle couleur jaune
orange ; 1l semble rouge lorsqu'il a réfléchi plusieurs fois la
lumière. Si on place une mince feuille d’or devant la lumière
du jour et si on l'examine par transparence, elle paraît verte.
L'or est le plus malléable et le plus ductile de tous les
métaux ; on peut le réduire en feuilles minces de 1/10000 de
millimètre d'épaisseur par le battage, et on produit, par
étirage à la filière, des fils d'or dont 1 kilomètre pèse 3 déci-
grammes. L'or est mou, offre peu de ténacité et manque
d'élasticité et de sonorité. Il fond à 1.250°, et le métal en
fusion paraît vert bleuâtre. En se volatilisant, il célore la
flamme en vert. Il possède la propriété de se souder à lui-
même. La densité de l'or fondu est de 19,26; elle atteint
19,50 par le laminage. Sa chaleur spécifique est de 0,03244.
L'or est bon conducteur de la chaleur et de l'électricité.
Inaltérable à l'air, à toutes les températures, et inatta-
quable à froid par les acides sulfhydrique, sulfurique, azo-
tique et chlorhydrique isolés, l'or est attaqué, même à froid,
par le chlore et par le brome ; ilse dissout dans l’eau régale.
L’arsenic et l’antimoine se combinent avec lui à une tempé-
rature élevée. L’or se dissout dans le mercure à toutes les
températures.
Usages. — L'or est un métal trop mou pour être employé
à l’état pur par l'industrie; on l’allie au cuivre et à divers
métaux pour augmenter à la fois sa dureté et sa fusibilité.
Alliages. — Les monnaies et les bijoux d’or sont des
alliages d'or et de cuivre.
L'alliage des monnaies est fixé au titre de 900/1000.
L'alliage des médailles contient 916/1000 d’or et 84/1000 de
cuivre.
GÉOLOGIE. 37
LAPS
2e LS
LAS On
18 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
L’alliage est de trois titres pour la fabrication des bijoux
9201000, 820 1000, 7501000. C'est ce dernier titre que l’on
utilise le plus dans la bijouterie courante. La tolérance au-
dessus et au-dessous du titre légal a été fixée à 2/1000 pour
les monnaies et les médailles, et à 5/1000 pour les bijoux.
Composés. — Le chlorure double d'or et de sodium est
employé dans le traitement de diverses maladies.
La dissolution du sesquichlorure d'or dans l’éther, dans
l'alcool, dans l’eau et dans les huiles essentielles, constitue
ce qu'on appelle l'or potable.
L'or fulminant est une poudre grise obtenue au moyen de
l’hydrate de sesquioxyde d’or mis en présence de l'ammo-
niaque. Cette poudre, dangereuse à manier, détone violem-
ment soit par le choc, soit quelquefois par le plus léger frot-
tement, soit même spontanément.
Le composé appelé pourpre de Cassius, employé dans la
peinture sur porcelaine et dans la coloration des verres en
rose et en grenat, s'obtient en faisant agir une dissolution
faible et neutre de sesquioxyde d'or sur de la grenaille ou sur
des lames d’étain, ou encore sur une dissolution à équiva-
lents égaux de protochlorure ou de bichlorure d’étain. D'après
M. Debray, ce composé serait une laque formée de bioxyde
d'étain hydraté, colorée par de l'or pulvérulent.
Dorure. — La dorure a pour objet de recouvrir d'une
couche d'or plus ou moins épaisse, pour leur donner une
couleur riche et brillante et les préserver de l'oxydation, des
objets d'ornement et des pièces d'orfèvrerie. On dore les
métaux, les bois, le carton, etc.
La dorure au mercure, qui n’est plus employée que très
rarement, à cause des dangers d'intoxication qu'elle présente,
consiste à frotter les objets à dorer, après décapage, avec
une brosse en fils de laiton trempée dans de l’azotate de
sous-oxyde de mercure, puis avec une autre brosse enduite
d'un amalgame composé de 1 partie d'or et de 8 parties de
mercure ; on chauffe les pièces; le mercure se volatilise, et
l'or reste adhérent au métal.
La dorure au trempé s'exécute en trempant pendant
quelques minutes la pièce à dorer bien décapée, dans une
dissolution bouillante, composée de 1 partie de chlorure d'or,
CR NÉ Le
MÉTAUX RARES 579
de 7 parties de carbonate de potasse et de 130 parties d’eau.
Pour la dorure galvanique, l'objet à recouvrir d’or (cathode),
vigoureusement décapé et déroché, est fixé au pôle négatif
d'une pile et plongé dans un bain formé de 1 partie de cya-
nure d'or, de 10 parties de cyanure de potassium et de
100 parties d'eau. Le pôle positif (anode) est formé d'une
lame d'or, qui se dissout au fur et à mesure que l'or du bain
se dépose sur la pièce.
Minerais. — L'or est surtout exploité à l’état d'or natif : en
général, l'or natif contient d’autres métaux rares avec les-
quels il forme des alliages, tels que l’électrum (alliage d’or et
d'argent contenant environ 20 0/0 d'argent), la porpézite
(alliage d'or et de palladium), la rhodite (alliage d'oret de
rhodium, contenant environ 40 0/0 de rhodium), et l’aura-
malgame (amalgame de mercure et d’or, contenant jusqu’à
60 0/0 de mercure.
En dehors de l'or natif, pur ou à l’état es on n’a
guère à citer, comme minerais d'or, que les tellurures d’or,
qui se rencontrent surtout au Colorado et en Transylvanie et
dont les principaux sont :
1° La sylvanite (tellurure d’or et d'argent [(Au.Ag)?Teë]
tenant de 25 à 30 0/0 d'oret dontles variétés sont le schrifterz,
le weisstellur ou gelberz (8,5 0/0 d’antimoine et 14 0/0 de
plomb), et la millerite (49 0/0 de plomb).
29 La calavérite, tellurure d’or et d'argent (TAuTe? + AgTe?),
tenant environ 40 0/0 d'or ;
3° La krennérite, tellurure d'or et d'argent (AuAgTe?),
tenant de 25 à 29 0/0 d’or ;
4° La nagyagite, minerai mal défini, d'or, de cuivre et de
plomb, avec soufre, antimoine et tellure, contenant de 6 à
42 0/0 d'or (sulfotellurure) ;
5° La petzite, tellurure d’or et d'argent (Au?Te + 3Ag?Te),
contenant environ 25 0/0 d’or;
6° La coloradorite, qui est un tellurure de mercure auri-
fère.
D'autre part, la pyrite de fer est fréquemment aurifère
de même que le mispickel, et plus rarement la galène.
En général, la classification des minerais d’or s'établit sur
une base beaucoup plus importante, au point de vue indus-
580 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
triel, que la composition chimique : c'est la facilité plus ou
moins grande avec laquelle l'or peut être isolé soit par
lavage à la batée ou au sluice (or des placers et des parties
supérieures des filons de quartz), soit par amalgamation
(pyrites des quartz aurifères); les parties profondes des
filons de quartz donnent, en général, des minerais qui
échappent à l'amalgamation, et que l'on doit concentrer et
traiter ensuite par fonte plombeuse ou cuivreuse, ou bien
par une méthode chimique (grillage et chloruration, lixivia-
tion, etc.).
Les minerais d'or et d'argent sont extrêmement difficiles
à traiter et sont souvent abandonnés pour cette raison;
quant aux tellurures d'or, on les concentre en les mélan-
geant avec d'autres minerais d'or.
Bien que l’on trouve dans les terrains anciens un certain
nombre de gisements aurifères importants, on ne peut dé-
finir d'une facon précise l’âge exact des venues de ce métal.
En effet les gisements des alleghanys, ainsi que les itacolu-
mites aurifères du Brésil, appartiennent au terrain primitif
(huronien) ; ceux de Sibérie, au silurien ; les poudingues du
Transvaal, au dévonien, etc. A côté de ces gisements anciens,
d'autres très importants sont de l'époque tertiaire; tels sont
les trachytes aurifères du Dakota (blackhills), les trachytes
de la Nouvelle-Zélande, les gisements de la Hongrie et la
plupart des gîtes californiens.
Gisements. — On peut distinguer trois catégories princi-
pales de gisements : |
4° Les gisements dans les filons au voisinage des roches
mères, telles que les granites de la Californie, les trachytes
du Comstock et de la Hongrie, et les diorites de l'Amérique
du Sud. Ces roches contiennent encore parfois des traces
d'or en inclusion; mais c'est assez rare, et généralement
l'or inclus dans les roches est inexploitable ;
20 Les gisements d’alluvions de la Guyane, de la Californie,
de l'Australie, etc. (placers);
3° Les gisements sédimentaires tels que ceux des conglo-
mérats dévoniens du Transvaal (rares).
On ne peut rien dire de précis au sujet de la limite
d'exploitabilité des gisements : tel gîte pourra être exploité
MÉTAUX RARES #81
jusqu'à une teneur de 10 et même de 7 grammes, tandis que,
dans une autre région, les difficultés du traitement ou la
cherté de la main-d'œuvre, du combustible, etc., forceront
l'exploitant à adopter une teneur limite beaucoup plus
élevée.
On peut affirmer cependant, comme pour beaucoup de
filons métallifères, que la diminution de richesse en profon-
deur est constante, et que l’on doit en tenir toujours le plus
large compte dans l'estimation de la richesse d’un gisement,
sous peine de s'’exposer à des déboires, si fréquents dans
l'exploitation des mines d’or.
41° FILONS D'OR
Cette première catégorie de gisements comprend les filons
à gangue quartzeuse avec minerais sulfurés en profondeur
et concentration aux affleurements, les filons contenant
des pyrites de fer, des chalcopyrites aurifères ou des galènes
aurifères, les filons de mispickel aurifère et les filons de
tellurure d’or à gangue généralement quartzeuse, qui con-
tiennent souvent de la pyrite de fer.
GISEMENTS FILONIENS D'EUROPE
Alpes Occidentales. — On exploite dans les Alpes quelques
filons de pyrite aurifère encaissés soit dans des gneiss à
grains fins (Gondo, en Suisse), soit dans des schistes tal-
queux du Piémont (val Toppa et Pestarena) près du Mont-
Rose, dans le val Anzasca : teneur, 13 à 17 grammes d'or
environ à la tonne. On peut encore citer les pyrites aurifères
de Gressoney, de Valtournanche, de Brissogne, etc. D’après
M. Becker, les filons les plus riches de l'Italie se trouveraient
dans les montagnes qui séparent la vallée de Gorzente de
celle de Ja Piotta; ils sont contenus dans des roches
serpentineuses à fissures parallèles remplies par une gangue
formée de fragments de cette roche, soudés par du quartz;
leur puissance est de 0,25, et leur richesse varie de 60 à
175 grammes d'or par tonne de minerai. Mais, d'après un cer-
LL: 7 " Dr DT GRR Ep ET ET IR) PIONEER
582 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
tain nombre d'essais faits dans la concession de Frasconi, la
teneur pratique serait un peu moindre. L'amalgamation
donne 25 grammes par tonne.
La production totale de l'or en Italie a été, en 1894, de
349 kilogrammes représentant une valeur de 1.260.285
francs, et, en 1897, de 316 kilogrammes seulement, valant
1.050.000 francs, y compris les alluvions exploitées dans les
rivières du Piémont.
Espagne. —- En Espagne, on exploite dans la province de
Guadalajara, près des célèbres mines d’argent de Hien de la
Encina, des filons de quartz aurifère à forte teneur en or,
mais dont la puissance très irrégulière rend l'exploitation
peu rémunératrice.
Dans la province de Tolède, il existe des filons quartzeux
tenant jusqu à 10 grammes d'or à la tonne (mine de la
Nava de Ricomadillo). Ces filons, qui ont été exploités par les
Romains, sont abandonnés aujourd'hui.
Grande-Bretagne. — Le district de Merionetshire, dans le
Pays de Galles, où l’on exploite également du manganèse,
renferme un certain nombre de filons de quartz aurifère
assez riche, tenant jusqu’à 1 once 25 d’or à la tonne (Gwyn-
fyndd, Clogau, Berkllhiwyd); on peut signaler encore les
veines de quartz aurifère du Cornouailles (dans les schistes
métamorphiques au voisinage de la granulite et celles de quartz
pyriteux aurifère de Ballymurtagh (Irlande). Les alluvions
de Ballinvalley (Irlande) et de Crawford (Écosse) contiennent
aussi de l'or.
La production de l'Angleterre a été, en 1895, de 13.478 tonnes
de minerai d'or représentant une valeur de 414.600 francs;
en 1897, l'Angleterre a produit seulement 42 kilogrammes
d'or valant 139.825 francs.
Autriche. — Il existe des exploitations de mines d’or en
Autriche près de Gastein (pyrite aurifère avec chalcopyrite
galène, dans les micaschistes), et à Brandholz (Fichtelge-
birge), où l'on trouve de la pyrite aurifère avec mispickel,
stibine et or natif. La production de l'Autriche n’a atteint
que 69 kilogrammes en 1896, avec une valeur de 247.282
francs.
Transylvanie (Hongrie). — On exploite, en Hongrie, des
MÉTAUX RARES 583
filons où le quartz aurifère est accompagné de sulfures
complexes et de pyrites, notamment à Vulkoy-Botes, Vôrüs-
patak, Nagybanya, de même qu'à Felsobanya et Kapnik, où
interviennent l'antimoine et l'arsenic (on étudiera plus
loin les filons tellurés de Nagyag et d'Offenbanya). Les
filons, répartis le loug de la courbure interne des Carpathes,
remplissent des fissures de retrait continues ou radiées.
A Vôrôspatak, l'or est disséminé dans un stockwerck; des
propylites altérées, encaissées dans des grès éocènes, sont
recoupées par des veinules contenant du quartz avec or
natif, pyrite, blende, cuivre gris et galène. À Nagybanya, les
filons, mal délimités et sans salbandes, recoupent des tra-
chytes amphiboliques ; on y trouve des pyrites aurifères, de
YULKOY
Ouest à Est
ŸS
à
ÿ
EÈ
38 BOTES
RE >
ÿ
SE
N
ù
Z
KK
NS 7
NS 7
Aù 17
7
,
Fi. 113. — Coupe Ouest-Est du gisement de Vulkoy-Botes.
la chalcosine, de l'argent rouge et du cuivre gris argentifère
sans autres sulfures. Les filons de Felsobanya, également
encaissés dans les trachytes, renferment de la pyrite et
de la galène aurifères avec blende, chalcopyrite, stibine
et réalgar. A Felsobanya, de même qu'à Kapnik, où le
gisement est analogue, le réalgar et la stibine dominent
quand le quartz manque (il manque totalement à Kapnik).
Tous les minerais sont traités soit par amalgamation près des
mines, soit dans l'usine de Zalathna, exploitée par le Gou-
vernement. À Zalathna, on extrait l’or et l’argent, des mine-
rais complexes et des schlichs.
La production de l'or en Hongrie a été, en 1894, de
58% GÉOLOGIE APPLIQUÉE
2.687 kilogrammes; en 1897,la production a été de 3.200 kilo-
grammes environ, y compris l'or provenant des filons tellurés
et des graviers aurifères trouvés dans quelques cours d’eau.
Norwège. — On a exploité à Bômmelô, en Norwège, des
filons de quartz aurifère, et à Eiswold, au nord de Christiania,
des filons de pyrite de fer et de chalcopyrite avec hématite
et or natif. 2
La Norwège n’a produit que 16 kilogrammes d’or en 1897,
soit 51.675 francs.
GISEMENTS FILONIENS D'ASIE
Oural. — A Berezowsk, près d'Ekatérinenbourg, dans
l’Oural, les filons de quartz aurifère sont en relation avec des
schistes chloriteux, des talcschistes et une roche particu-
lière : la bérézite (quartz, mica blanc et orthose), analogue aux
granulites stannifères.
L'exploitation est limitée à une faible profondeur
(#0 mètres) par l’appauvrissement des filons et souvent par
des venues d’eau considérables. La teneur est de 10 grammes
par tonne ; on lave, dans des sluices, les minerais bocardés
à Miask et sur le territoire des cosaques d’Orenbourg (sur
la rivière Ditachra).
La production de l'or en Sibérie et en Russie, y compris
l'or extrait des alluvions, que l’on étudiera dans la deuxième
partie de.ce chapitre, a été de 41.000 kilogrammes en 1895,
et, en 1897, de 32.408 kilogrammes représentant une valeur
de 107.692.750 francs pour tous les districts réunis de l’Oural,
de Tomsk, d'Irkoutsk, y compris les mines du Cabinet de
l'Empereur.
Indo-Chine. — On exploite dans l’Annam, non loim de
Tourane, à Bong-Mieü, des pyrites aurifères tenant environ
10 grammes d’or à la tonne. Ces gîtes, à remplissage de
quartz, sont interstratifiés dans des schistes cristallins diri-
gés nord-ouest et inclinés de 10° à 35° vers le nord.
Dans le bas Laos, à Rulheville, on exploite des filons de
pyrite contenant de l'or en grains parfois visibles. Ces gîtes
;
Æ
De -
MÉTAUX RARES 585
sont à remplissage de quartz, avec minéralisation de pyrite
et de galène aurifères.
Siam. — Dans le massif de Chantaboun, au Siam, on trouve
des gîtes aurifères filoniens. Près de la baie de Bang-ta-phan,
il existe aussi quelques gîtes filoniens aurifères à minérali-
sation de pyrite de fer, orientés nord-nord-est et encaissés
dans des schistes métamorphiques.
A Kabin, près de Pékim, on exploite des filons aurifères
donnant 5 grammes d’or à la tonne et dont la teneur
augmente en profondeur.
Péninsule Malaise. — Dans la partie orientale de la presqu'île
de Malacca, on trouve des filons aurifères exploités par la
Raub-Alian C° et la Punjon Mining C°, qui ont produit
622 kilogrammes d'or en 1895.
GISEMENTS FILONIENS DE L'AMÉRIQUE DU NORD
Californie. — Les filons aurifères de la Californie, qui ont
une grande importance (l’un d'eux, le Mother-Lode, peut être
regardé comme le plus grand filon connu), sont situés sur
le versant occidental de la Sierra Nevada, dans les comtés
de Placer, Butte, Eldorado, Mariposa, etc. La contrée est
traversée, par un certain nombre d’affluents du Sacramento,
sur les bords desquels ont été bâties des villes importantes
par les chercheurs d’or PPT Mariposa, Auburn, Placer-
ville, etc.).
Il existe en Californie deux faisceaux de filons de quartz
aurifère, dont l'épaisseur varie de 1 à 40 mètres et dans
lesquels l'or, accompagné de pyrites de fer et d’autres sul-
fures, se présente, près des affleurements, à l’état natif sous
forme de grains très divisés ; les sulfures apparaissent rapide-
ment en profondeur.
Le principal de ces filons est le Mother-Lode, faisceau de
veines reconnu sur plus de 150 kilomètres de longueur et
exploité en certains points jusqu’à 70 mètres de profon-
deur. Les fissures y sont en relation avec des schistes ardoi-
siers noirâtres ; le mur est constitué par des roches très
diverses (granite, diabase, serpentine, diorite). Le remplis-
586 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
sage est formé de quartz rubanné avec or natif et pyrite.
Ce filon est exploité dans les comtés d'Eldorado (mines de
Woodside, Taylor, Mount-Pleasant), de Placer (mines Crater,
San-Patrick, Auburn, Buckeye), de Nevada et de Butte. La plu-
part de ces mines fournissent de l'argent, surtout en pro-
fondeur. La teneur d'or est très variable: elle est de 150 à
400 francs par tonne, pour les quartz encaissés dans des
schistes à la mine de Taylor; elle descend à 38 francs pour
la mine de Gold-Blossom (comté de Placer).
On a fait, vers l’année 1897, beaucoup de prospections
heureuses en Californie, dans les districts de Kern-County,
de Fresno et de Madera. On a repris d'anciennes mines,
durant cette même année, dans le Tuolumne-County, le long
du Mother-Lode, et au nord d'Angel-Camp, où l'on a installé
un transport d'énergie électrique pour les exploitations de
la région.
La Californie a produit, en 1897, 22.849 kilogrammes d'or,
valant 75.000.000 de francs.
Arizona. — Dans l'Arizona, les deux mines principales sont:
la Pearce-Mine, exploitée par la Common-wealth Mining C°,
dans le comté de Cochise, et la Fortuna-Mine, dans le
comté de Yuma, à 21 kilomètres au sud de Blaisdell-Station.
La première renferme une veine de quartz aurifère exploitée
sur 120 mètres de long, à 90 mètres de profondeur; l’épais-
seur varie de 42,80 à 18 mètres. Le minerai ferrugineux
contient de l’or natif, du chlorure d'argent, du bromure
d'argent, etc. La teneur à la surface est de 2,5 d'argent pour
1 d'or; en profondeur, on a sensiblement { d'argent pour 1 d'or.
La production de l’Arizona, en 1898, a été de 4.200 kilo-
grammes, valant 14.000.000 francs.
Nevada. — La principale mine d’or du Nevada est la mine
de Lamar, dans le comté de Lincoln ; elle a produit, en 1897,
8.592.000 francs d'or. La mine a 420 mètres de profondeur
et produit par mois 9.000 tonnes de minerai, que l’on traite
par la cyanuration.
Dans les mines de Comstock et de Lyon, on fait beaucoup
de prospections intéressantes, jusqu'à plus de 900 mètres de
profondeur, qui promettent un développement de l'extrac-
tion de l'or dans cet État.
|
|
MÉTAUX RARES 587
Le Nevada, en 1897, a produit 4.572 kilogrammes d'or,
valant 15.000.000 de francs.
Orégon. — Les mines Eureka et Excelsior (comté de Baker)
traitent par concentration sans amalgamation, des pyrites
arsenicales contenant de l'or finement divisé; le même genre
de minerai est traité par cyanuration aux usines de North
Pole (Eastern Oregon Mining C°), après un grillage préalable
dans des fours Brückner.
La production de l'Orégon a été, en 1897, de 2 .064 kilo-
grammes d'or, valant 6.773.000 francs.
Dakota. — Dans le Dakota, la principale mine d’or est
celle de Homestake, où l’on exploite un filon de 150 mètres
de large, à une profondeur de 200 mètres. On peut citer aussi
les mines Father de Smet (Deadwood) et Caledonia.
La production du Dakota a été, en 1898, de 8.580 kilo-
grammes d'or, valant 28.600.000 francs.
La production totale de l'or aux États-Unis a été, en 1898,
pour les divers États, de 98.000 kilogrammes, Oise
une valeur de 325.000.000 francs.
Mexique. — Il existe au Mexique des filons de quartz auri-
fère et de galène argentifère à gangue de quartz et de calcite,
et des filons de phillipsite et de chalcopyrite aurifères. La
production, très considérable autrefois, a beaucoup dimi-
nué {mines de Guarisamey et de San-Juan-de-Rayas, etc.…).
Elle était encore, en 1898, de 12.300 kilogrammes d'or,
valant 41.000.000 francs.
Klondike. — Au Klondike, on a découvert récemment des
filons de quartz aurifère qui tiennent en moyenne 55 grammes
à la tonne, avec des poches riches, dont la teneur atteint
jusqu'à 200 grammes à la tonne. On assure que les filons
sont très nombreux et qu'ils s’enrichissent en profondeur.
Le Canada a produit, en 1897, pour 31 millions de francs
d'or et 5.758.446 onces d'argent, en grande augmentation sur
la production des années précédentes, par suite de la décou-
verte de l’or au Klondike (presqu'île d’Alaska), dans l'Ontario
et dans le nord du Minnesota. L’Alaska a produit, en 1897,
4.115 kilogrammes d'or, valant 13.500.000 francs.
588 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GISEMENTS FILONIENS DE L'AMÉRIQUE DU SUD
Brésil. — On rencontre, au Brésil (Minas-Geraes), soit des
filons de quartz aurifères avec minerais sulfurés, soit des
filons aurifères avec sulfures dominants (mispickel, pyrrho-
tine, bismuth}, soit encore des couches de grès imprégnés
de sulfures où le minerai d'or est accompagné de fer oligiste
provenant de la décomposition des pyrites.
Les filons de quartz aurifères recoupent des micaschistes,
notamment à Carapatos et à Caëté; le quartz grenu contient
de l'or visible; la richesse varie de 15 à 30 grammes par
tonne.
À Passagem (Ouro-Preto, province de Minas-Geraes), on
exploite un filon où les sulfures dominent, et qui est
encaissé entre des micaschistes et des itabirites; l'or y est
accompagné de mispickel, de galène et de bismuth. On peut
citer encore les mispickels aurifères de Pary, où un filon-
couche recoupe les schistes amphibolifères, ceux de Morro-
Velho, et les galènes argentifères avec quartz de Varado.
A Maquiné, près de Marianna, l'or s'est concentré en
veinules ou en grains dans des ocres et des itabirites renfer-
mant des masses d'oxyde de fer produites par des sulfures
décomposés. A Bugres, on trouve des argiles ferrugineuses
tenant 30 grammes d'or environ à la tonne. A San-Jouo-da-
Barra, les limonites ainsi produites tiennent de 25 à
250 grammes d'or à la tonne. |
La production du Brésil a été de 3.800 kilogrammes d'or
en 1898, représentant une valeur de 12.600.000 francs; sur
cette quantité, la province de Minas-Geraes a fourni 1.800 ki-
logrammes d'or fin. :
Vénézuéla. — Parmi les nombreux filons d'or que l'on a
trouvés dans la partie Nord de l'Amérique du Sud listhmes
de Panama et de Darien, Guyanes, Vénézuéla) un seul groupe,
celui du Callao, sur les bords de la rivière Yuruari (affluent
du Rio-Cuyuni), a eu une réelle importance. Le filon prinei-
pal, encaissé dans une roche dioritique bleuâtre très com-
pacte, est rempli de quartz gras très blanc veiné de noir
dans les parties riches, où l’on trouve également des mouches
À
#.
3
- MÉTAUX RARES 589
de pyrite. La diorite bleue décomposée donne, dans les sal-
bandes, une argile bleue appelée cascao. Le filon, dont l’épais-
seur varie de 0%,35 à 3 mètres sur une profondeur reconnue
de 220 mètres, contient, dans une cheminée centrale riche,
de l’or soit invisible, soit en taches ou en grains. La teneur
a varié de 75 à 160 grammes par tonne. Le gîte, dont l’exploi-
tation a donné au début de très beaux résultats, s’'appauvrit en
profondeur. On trouve, dans les environs de Callao, les filons
de Corinna et d' American Company,encaissés dans des schistes,
et le filon quartzeux de Chile, dans des schistes talqueux.
La production de l'or au Vénézuéla a été de 1.225 kilo-
grammes en 1897, représentant une valeur de 4.070.800 francs.
Chili. — Dans la province de Coquimbo, au voisinage de la
Cordillère des Andes (Chili), on rencontre un grand nombre de
filons dans des granites ou dans des schistes métamorphiques
formant des fractures nettes remplies de quartz et de pyrites
de fer ou de cuivre {teneur : 40 grammes d’or à la tonne).
On y rencontre aussi des veinules où l'or se présente en fila-
ments très ténus. L'exploitation est, en général, assez rudi-
mentaire.
On traite aussi, au Chili, des mattes de cuivre pour en
extraire l'or.
La production totale du Chili, en 1897, y compris l'or des
placers de Talca, de Alhue, Petorca, Tamayo et Inca, a été
de 2.118 kilogrammes, valant 7.037.720 francs.
Pérou. — Au Pérou, on peut citer les filons de quartz auri-
fère dans le granite de la région de la Costa (mines de Saint-
Thomas et de Montes-Claros).
Production en 1898, 310 kilogr., valant 1.030.000 francs.
Uruguay. — Les filons de quartz aurifère de Tacuarembo
(Uruguay) recoupent des terrains anciens (schistes chlori-
tiques, avec diorites siluriennes). Le quartz riche est blanc
d'albâtre et veiné de gris ou de bleu; il est quelquefois
vitreux; l'or y est accompagné de pyrite de cuivre et de
galène ; le rendement est de 100 grammes environ à la tonne
dans la partie supérieure des filons (filon San Pablo dans la
province de Santa-Ernestina).
La production de l’Uruguay a été, en 1897, de 214 kilo-
grammes, valant 723.000 francs.
RE A MED A mOn MS Te Druie LP À UE MU SU Eu IP NS ET ANA UT RUES
590 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Colombie. — En Colombie, on exploite des filons aurifères
à Cauca et à Antioquia.
Les filons de quartz aurifère rouge de Sardanilla (Empe-
rador Mining C° of Columbia) sont encaissés dans des quart-
zites.
La Colombie a produit, en 1897, 5.869 kilogrammes d'or,
d'une valeur de 19.500.000 francs, y compris l'exploitation
des placers de Cauca (El-Choco), de Porce et de Nechi.
GISEMENTS FILONIENS D'OCÉANIE
Australie. — On exploite, en Australie, outre les allu-
vions que l'on étudiera plus loin, un grand nombre de
stockwerks et de filons-couches, de 10 centimètres à 15 mètres
de puissance, avec colonnes verticales d'enrichissement.
Ces gîtes sont en relation avec des roches siluriennes ou
dévoniennes, avec des granites amphiboliques, des dykes de
diorite, etc. La teneur est très variable (6 à 36 grammes d'or
par tonne); mais on peut exploiter, en Australie, des filons
de quartz d'une teneur de 6 grammes à la tonne, tandis que,
dans d'autres régions aurifères, la teneur limite varie de
16 à 60 grammes.
La province de Victoria, qui est la plus importante au
point de vue des gisements aurifères,comprend plus de trois
mille filons, répartis dans les districts d'Arara, de Ballarat,
de Gipsland, de Beechirorth et de Sandhurst.
L'or est accompagné, dans ces gisements, de quartz, de
pyrite de fer, de cuivre gris, de blende et de calcite.
Dans la Nouvelle-Galles du Sud on exploite les mines
d'Hawkins-Hill, de Mitchell's-Creek, etc.
Dans le Queensland, les filons de Charters-Towers recoupent
des schistes siluriens et sont souvent en contact avec des
dykes de porphyre; les autres districts aurifères de cette
province sont ceux de Gympie, de Marengo et de Normanby.
La production de l'or en Australie, en 1896, a été la sui-
vante, en comptant les alluvions aurifères que l’on étudiera
plus loin : .
MÉTAUX RARES 591
Kilos valant
Nouvelle-Galles du Sud... 9.221 26.834.000 fr.
OGueenshnde ner 2419-0917: 66:043:6824
Tasmanie ........ HR Le 1.947 5.939.350 »
Mietoria:7::: LE EURE 1023.04428 8050375070
ENSEMBLE. .. 7. .:... 50.126. 169.310.785 fr:
La production, en 1898, s'est élevée à 93.732 kilogrammes
valant 311.472.000 francs.
Nouvelle-Zélande. — Dans la Nouvelle-Zélande on exploite
des filons-couches dans des schistes (quartz blanc, pyrite de
fer cuprifère et or naüf), et des filons dans des grès (quartz
et sulfures d’antimoine et d’arsenic, avec blende, chalco-
pyrite et cuivre gris).
FILONS TELLURÉS
On à énuméré, au début de ce chapitre, les principaux
minerais d'or tellurés. Les gisements les pius importants
se trouvent en Transylvanie et au Colorado.
Transylvanie. — Les filons tellurés de Transylvanie sont
exploités à Nagyag, à Offenbanya et à Rodna.
A Nagyag, les filons, variant de 0,01 à 2 mètres de
puissance, recoupent des trachytes amphiboliques, ou bien
sont disséminés dans des conglomérats. On y trouve de
l'or natif accompagné de nagyagite, de sylvanite, d'argent
telluré avec gangue de quartz et de jaspe. Dans les conglo-
mérats, la sylvanite domine avec le quartz et le cuivre gris.
L’appauvrissement en profondeur ne s’est fait sentir qu'à
partir de 400 mètres.
A Offenbanya, les filons de tellurures, très peu puissants
(02,025), recoupent des trachytes amphiboliques très méta-
morphisés. On y trouve de l'or natif et de la sylvanite avec
quartz, calcite, pyrite, galène, argent natif et argent rouge.
A Rodna, le gisement est le même; on trouve les amas
de pyrite de fer, de galène, de blende, de mispickel, argen-
tifères et aurifères, au contact d’andésites recouvrant des
schistes cristallins et des calcaires grenus.
Siam. — Dans le Siam on connaît un gisement de tellurure
nee ER RCE orne ES RS de nn ADS ns ee
592 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
d'or à gangue calcaire près de Nam-ko, dans le bassin du
Ménam.
Colorado. — On exploite au Colorado (comté de Boulder)
des filons de tellurures formant un système très étendu de
fractures avec remplissage de quartz; ces filons renferment
de la sylvanite, de la hessite et de la petzite avec blende,
galène et pyrite (mines de Magnolia et de Malvina). Les filons
ne sont avantageux à exploiter que sur de faibles épaisseurs,
de 02,01 à 0,06, et les minerais doivent subir un enrichisse-
ment par une préparation mécanique compliquée, avant
d'être traités dans les usines de la région.
La production du Colorado a été, en 1897, de 29.838 kilo-
grammes d'or valant 97.898.195 francs.
29 ALLUVIONS AURIFÈRES
ALLUVIONS AURIFÈRES D EUROPE
France. — On ne citera que pour mémoire les gise-
ments aurifères de la France. En dehors des filons de mispic-
kel aurifère de Bonnac, dans le Plateau Central, filons dans
lesquels on a fait quelques grattages, il y a peu d'années,
quelques filons détruits ont donné naissance à des alluvions
aurifères dans les vallées des rivières originaires des
Cévennes (Gardon, Ardèche, Hérault), des Pyrénées (Ariège,
Salat et Garonne) et des Alpes (Rhin, Rhône, Arve). Il est
certain que, dans l'antiquité, on a exploité l'or activement
chez les Gaulois, notamment dans le Rhin, d’où l’on en
retirait encore, vers 1850, surtout près de Carlsruhe, entre
Dazxland et Kehl.
Italie. — Les graviers des lits de la Doria, de la Sesia, de
l'Orco et d’autres rivières du Piémont contiennent de l'or
difficilement exploitable. On a tenté, sans grand succès,
d'exploiter aussi des falaises d'alluvions que l’on trouve dans
les contreforts des Alpes.
Espagne. — Dansles provinces espagnoles de Galice et de
Léon on trouve les graviers aurifères, et les conglomérats
du Rio-Sil et de la Duerna reposant sur des schistes siluriens
et sur des granites contenant des veines de quartz aurifère.
- Dpcadér PRES TS ‘dat
MÉTAUX RARES 593
Ces graviers, exploités dès l'époque romaine, contiennent de
l'or en pellicules très minces (60 grammes d’or à la tonne à
Cabrera et 150 grammes à Albano).
On a essayé d’exploiter à la lance hydraulique les allu-
vions du Cerro del Sol et de la Lancha, dans la vallée du
Genil (province de Grenade); leur teneur en or est de 05,5
au mètre cube.
ALLUVIONS AURIFÈRES D'ASIE
Sibérie. — Les placers de l'Oural sont exploités très active-
ment principalement sur le versant oriental; les alluvions
aurifères pléistocènes ont, en certains points, une épaisseur
exploitable de 1 mètre, sur 20 mètres de largeur et sur plu-
sieurs kilomètres de longueur. La teneur, qui varie de 05,5
à 2°,5 par tonne, est surtout élevée au contact des schistes
cristallins et des amphibolites. Les couches minces sont
exploitables jusqu'à 0£",5 par tonne, à condition de n'être
recouvertes que par une couche stérile très faible, ne néces-
sitant pas de transport éloigné pour les déblais.
Les principaux centres d'exploitation sont Berezowsk,
Bogoslovsk, Tchernoia, Nijni-Taguil, le territoire des cosaques
d'Orenbourg, etc. Les recherches doivent surtout porter
sur les anfractuosités des lits rocheux, dans les couches
inférieures desquels l'or est concentré, et sur les points
où les couches stériles ne sont pas trop épaisses (3 mètres
en moyenne.
La région de l’Alfai (montagne de l'or) comptait autrefois
de nombreuses exploitations. d'or et d'argent, notamment
dans le groupe de Kolivan, à Sméinogorsk (mines de plomb
argentifère). Ces mines, autrefois très productives, sont
aujourd hui en partie abandonnées.
C'est sur les bords des grands fleuves sibériens, l’Yenis-
seisk, la Lena, l'Amour, que s’est concentrée aujourd’hui
toute l'activité des exploitations. L'or des alluvions de
l’'Yenisseisk et de ses affluents, provient de veines de quartz
recoupant des granites et des micaschistes ; il est souvent
accompagné de magnétite et de zircon. On exploite aussi
GÉOLOGIE. 38
59% GÉOLOGIE APPLIQUÉE
les placers de Minusinsk et ceux d'Olekminsk, au confluent
de l'Olekma et de la Lena; enfin, on a découvert des gise-
ments importants dans la Transbaïkalie et dans la province
de l'Amour (Nertschinsk\..
En Sibérie, on a trouvé, en 1897, de nouveaux placers à
Apschoumoukau et à Ayau, sur la rivière Ditachra.
Inde. — Dans l'Inde, l'or des alluvions de Godavery et de
la Kistna provient de filons quartzeux et de chloritoschistes
d'âges divers. Les princip ales mines sont celles de la pro-
vince de Mysore, que les indigènes exploitent à la batée.
Le district de Colar compte de nombreuses mines, dont
les principales sont, avec celles de Mysore qui ont produit, en
1897, environ 12 millions de francs d'or, 110 0/0 de dividende
(42 puits, dont un de 500 mètres), celle d'Ooregum, qui a pro-
duit 5.250.000 francs en 1897 8 puits, dont un de 372 mètres),
celles de Nundydroog (5 puits, dont un de 372 mètres), de
Champion-Reef et de Coromandel. La teneur moyenne des
minerais du district de Colar était de 110 francs par tonne.
Les Compagnies de Mysore, de Champion-Reef et de Nun-
dydroog ont installé, au voisinage de leurs mines, de grands
ateliers de cyanuration. La production totale du district a
atteint 37 millions en. 1897, pour un capital autorisé de
65 millions.
Sumatra et Bornéo. — Les exploitations d’alluvions du
nord de Bornéo sont peu importantes. A Sumatra, on
exploite des filons quartzeux avec pyrites de fer et de cuivre,
à Mandehling et à Soupayang.
La production totale des Indes à été, en 1896, de 10.662 kilo-
grammes d'or, valant 24.758.470 francs.
Indo-Chine. — Il existe, dans le pays Khas, entre Rulheville
au sud, et la parallèle de Tourane au nord, une région
d'alluvions aurifères récentes, exploitées à la batée par les
indigènes.
On trouve aussi quelques gîtes d’alluvions aurifères dans
l'Annam.
Siam. — Les rois de Siam ont exploité longtemps les allu-
vions aurifères de Bang-ta-Pham, au nord-est de l’isthme
de Krä. Ces alluvions, situées au voisinage de gîtes filoniens
aurifères sans importance, sont formées par un gravier argilo-
MÉTAUX RARES 595
sableux aurifère de 0,30 à 0®,70 de puissance, recouvert par :
un lit stérile de terre et de sable de 3 mètres d'épaisseur.
L'exploitation, qui avait été continuée par une Société euro-
péenne, est abandonnée depuis quelques années.
Japon. — Au Japon, les gites d’alluvions du Transur, à For-
mose, sont exploités, paraît-il, par plus de trois mille ouvriers.
La production du Japon a été, en 1895, de 900 kilogrammes
d'or.
Chine. — En Chine, on commence à faire des recherches
dans le Chien-Chang, où l'on a découvert des alluvions auri-
fères et quelques filons dans les monts Ma-ha, entre Yueh-
Hsi et Mien-Ning.
ALLUVIONS AURIFÈRES D'AFRIQUE
Il existe en Afrique de nombreuses régions contenant des
alluvions exploitables ; mais, en général, le manque de main-
d'œuvre limite les exploitations. On connaît notamment les
alluvions de la Tunisie, à Sidi-Boussaïb, près de Carthage, où
l’on trouve des conglomérats aurifères avec fer titané et
magnétique, celles du haut Sénégal (Bambouk, Bambara,
Sangara dans le Soudan francais), celles des collines de
Farquah, sur la côte d'Or anglaise et celles du Rio Lombigo,
dans le royaume d’Angola, où les graviers aurifères de la
base contiennent, dit-on, 50 grammes d’or à la tonne.
ALLUVIONS AURIFÈRES D'AMÉRIQUE
Californie. — Les alluvions aurifères de Californie qui ont
donné lieu, vers le milieu du x1x° siècle, à un exode consi-
dérable de chercheurs d’or, sont des alluvions recouvertes
par des formations plus récentes.On peut les classer en trois
catégories : 4) alluvions des plateaux; b) alluvions des hautes
vallées ; c) alluvions modernes des vallées.
a) Alluvions des plateaux. — Les gîtes de plateaux se
trouvent, en réalité, dans les chenaux ou vallées des rivières
de l'époque pliocène (comtés de Placer, de Plumas, de
596 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Nevada, etc.) ; la présence de quartz aurifères et de serpen-
tines dans les roches qui encaissent ces chenaux est un indice
sérieux de la présence de l'or dans les alluvions, car les élé
ments des alluvions anciennes n'ont subi que des transports-
à faible distance. Il faut noter aussi que le poids des paillettes
et des pépites les a entrainées dans les anfractuosités du fond,
souvent schisteux, des rivières. Une coupe de ces terrains
montre à la base des galets bleuâtres, riches en or (blue gra-
vel), contenant une forte proportion de pyrite de fer cristal-
lisée en cubes très nets ‘épaisseur très variable). Au-dessus
de ces cubes, on trouve une seconde couche de galets rou-
geàtres, très riches (red gravel), et enfin, au-dessus, des
sables contenant un peu d'or très divisé (top gravel) et sou-
vent exploitables. Le tout est généralement recouvert d'une
forte épaisseur de lave, qui atteint, en certains points,
40 mètres. Les couches sont traversées par un grand nombre
de puits et de tunnels.
_b) Alluvions des hautes vallées. — Les alluvions anciennes
des hautes vallées {deep leads) présentent d'épaisses couches
de gravels, qu'on à abattues en partie par la méthode hydrau-
lique, après les avoir disloquées par des coups de mines. Les
jets d'eau employés débitaient plus de 6.000 mètres cubes à
l'heure, avec une vitesse de 50 mètres à la seconde; les boues
produites étaient réunies dans des tunnels placés à la partie
inférieure, et l'or y était amalgamé avec du mercure dans
des sluices: mais on a interdit, depuis 1886, l'emploi de la
méthode hydraulique, sur les plaintes des agriculteurs (bas-
sin de Yuba-River, du Tuolumne, etc.), parce que les débris
obstruaient le cours des rivières et recouvraient les terrains
cultivables. Le tonnage important qu'il reste à exploiter
devra être enlevé par une autre méthode.
Les points intéressants à explorer sont les coudes brusques
et les barrages des rivières où les matières pondéreuses se sont
déposées plus abondamment.
c) Alluvions modernes. — Les alluvions modernes (Shallew-
placers) sont peu exploitées, parce que les couches ne sont
pas régulières, comme dans les alluvions anciennes.
Les exploitations hydrauliques s'effectuaient ancienne-
ment au moyen de tunnels de plusieurs centaines de mètres
MÉTAUX RARES 597
_de longueur ; la consommation d'eau était parfois très élevée,
_à cause de la dureté des roches (10 à 40 mètres cubes d'eau
par mètre cube de gravel). Les principales mines étaient
situées à Smartsville (mines Pactolus, Blue-Gravel, Blue-
Point etc.), à North-San-Juan (Nebraska-Mine), à North-
Bloomfield, etc.
La production de la Californie a été indiquée plus haut, à
propos des gisements filoniens.
Dakota. — On peut citer aussi, en Amérique, les exploita-
tions d’alluvions aurifères de French-Creek, de Castle-Creek et
de Spring-Creek, dans le Dakota
Guyanes. — Le lit des rivières de la Guyane française, le
Maroni, la Mana, le Sinnamari, contient de l'or; il existe,
de plus, dans la Guyane, des alluvions modernes sur une
surface très étendue, et des filons encore peu connus du côté.
de Cayenne. Le pays est recouvert d'épaisses forêts qui
rendent les recherches fort difficiles; on trouve, comme en
Californie, dans des criques et des coudes formés par les.
rivières, les dépôts d’or qui se sont concentrés dans les
couches inférieures voisines du bedrock. Les principaux pla-
cers de la Guyane francaise sont Saint-Élie, sur le Sinnamari,
à 100 kilomètres de la mer, Dieu-Marie et Pas-Trop-Tôt.
Il existe également des placers dans les régions voisines
des limites de la colonie que l’on appelle le Contesté, et dans
les Guyanes anglaise et hollandaise,
Les Guyanes ont produit,en 1897, 6.122 kilogrammes d’or.
Des usines de traitement ont été installées à Arikaka-
Creek et à Mount-Everare, sur le Demerara. Les alluvions
aurifères de Carsowene, dans le Contesté brésilien, ont fourni,
en deux ans, pour 25 millions d’or. En 1897, la Guyane
hollandaise à fourni à elle seule 1.036 kilogrammes d’or.
ALLUVIONS AURIFÈRES D'AUSTRALIE
Les formations des placers australiens sont analogues à
celles des placers californiens. On trouve en effet, en Aus-
tralie, des alluvions récentes et des alluvions anciennes pré-
sentant les mêmes chenaux et les mêmes phénomènes d’en-
5938 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
richissement dans les schistes du fond (bedrock) qu’en Cali-
fornie ; de même, lesgraviers sont souvent recouverts d'épais-
seurs considérables de basaltes.
Les placers australiens ont été autrefois célèbres par la
grosseur de leurs pépites (pépite de 90 kilogrammes trouvée à
Ballarat) et ont donné lieu à des émigrations considérables
de chercheurs d'or. On a cité plus haut les principaux
districts aurifères d'Australie et leur production en 1896
et en 1897.
LOODDDLLL
Fi6. 114. — Coupe verticale d'un gisement aurifère de la Nouvelle-Galles du Sud.
Dans la Nouvelle-Galles du Sud, on drague la rivière Mac-
quarie avec des dragues à vapeur. Les mines de Broken-Hill
ont produit à elles seules, en 1897, avec 5.563 ouvriers,
44 millions de francs d'argent, d'or, de zinc et de cuivre.
Les principaux centres de production sont les districts
de Bathurst, de Lachlan, de Tumut et de Mudgee.
La Nouvelle-Zélande a produit, en 1897, pour 24 millions de
francs d'or. La Waïhi Gold Mining C° a extrait 39.564 tonnes de
minerai; d'autres mines moins importantes sont en activité
dans les districts de Coromandel, de Kuaotunu et de Great-
Barrier. Dans l'île du Sud il y a une cinquantaine de dragues
en activité dans le lit de la rivière Clutha (Otago).
Dans le Queensland, la mine de Mount-Morgan a traité, en
1897, 127.108 tonnes de minerai ayant donné 168.463 onces
d'or. Les nouveaux dépôts d'alluvions de Clermont ont fourni,
en 1897, 22.000 onces (une once-troy pèse 315",1035).
-africain soit conn'e depuis longtemps (plus de deux siècles),
MÉTAUX RARES 599
Les mines de la province de Victoria ont produit
822.632 onces en 1897. Le district de Bendigo (Sandhurst) a
produit 203.208 onces, et celui de Ballarat 75.816 onces,
Dans l'Australie occidentale, la production s’est élevée,
en 1897, à 19.000 kilogrammes d’or fin valant plus de 62 mil-
lions, provenant surtout des districts d’'Hannans et de Cool-
gardie. è
3° GISEMENTS D OR SÉDIMENTAIRES
Il existe d'importants gisements d’or sédimentaires pro-
venant soit du remaniement de terrains anciens très divers
(alluvions aurifères, grès et conglomérats aurifères du Trans-
vaal, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande), soit d'une
précipitation contemporaine du dépôtdes terrains; on trouve
en effet des pyrites aurifères en cubes très bien conservés,
qui se sont certainement formés sur place. On trouvera des
renseignements intéressants sur les théories relatives à la
formation de ces gisements dans le Traité des gîtes métal-
lifères, de MM. Fuchs et de Launay, et dans divers ouvrages
indiqués dans l’appendice bibliographique ci-après.
GISEMENTS SÉDIMENTAIRES DE L'AMÉRIQUE DU NORD
Alleghanys. — On trouve, le long de la chaîne des Alle-
ghanys, des gisements dans lesquels l’or est concentré soit
dans des schistes amphiboliques, comme à Randolff (Caroline
du Nord), ou dans des talcschistes, comme à Haile (district
de Lancaster, Caroline du Sud), soit encore dans des chlori-
toschistes feuilletés bleuâtres avec quartz et tétradymite (bis-
muth telluré), comme à Dahlonega (Georgie) et dans les
mines de Whitehall et de Tellurium (Virginie).
GISEMENTS SÉDIMENTAIRES DE L'AFRIQUE DU SUD
Transvaal, — Bien que la présence de l'or dans le Sud
l'exploitation des gisements du Transvaal, par des mineurs
australiens et californiens, ne remonte qu'à l’année 1873;
LP 47 US Dr. CNRS US CU DA, le .. pm nf w
rs Y ’ NE PS ET Mo e Sr.
3 gs Re s
600 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
à cette époque, on recueillait déjà de gros lingots dans le
district de Lydenburg, dont les gisements avaient été signalés,
en 1868, par le géologue Karl Mausch, le même qui avait
découvert, en 1864, ceux du Matabeleland. L'exploitation,
gènée par la guerre que les Boers eurent à soutenir en 1880
contre les Anglais, reprit avec plus de vigueur en 1884, date
de l'ouverture de la mine de Sheba dans le district de Kaap
et surtout en 1886,date de la découverte des gisements du
Withiratersrand, dont la production à atteint 270 millions
en 1897. La nouvelle guerre qui vient d'éclater entre les
Anglais et les Boers (octobre 1899) va arrêter pendant
quelques mois le travail aux mines du Transvaal; mais
il est probable que l'exploitation reprendra ensuite un
nouvel essor, soit sous l'administration des Anglais, soit
sous celle des Boers, si ces derniers arrivent à conquérir et
à assurer leur indépendance.
Les principaux centres d'exploitation actuels de l'Afrique
du Sud sont situés dans les districts du Witwatersrand (à
65 kilomètres au sud de Prétoria), de Kaap, de Schoonspruit,
Klerksdorp}, de Lydenburg, de Pelgrimrust et de Heidelberg.
Au nord du Transvaal, il existe, dans la Rhodesia, des exploi-
tations aurifères dans le Matabeleland, le Mashonaland, et à
l'est, dans le Zwazieland et le Charterland.
Le plus important de tous ces districts est le Witwaters-
rand (montagne des Eaux-Blanches).
Formations aurifères du Sud africain. — La partie méridio-
nale du continent africain est constituée par des plateaux
Karoo), formés de couches horizontales très épaisses dépour-
vues de fossiles marins, et dont l'âge varie, d'après le géologue
Suess, du permien à l'infralias; ces couches s'appuient en
stralifications discordantes sur des assises qui ont subi des
plissements et des érosions très caractéristiques et qui appar-
tiennent au silurien, au dévonien et au carbonifère. Au-
dessous, se trouvent des gneiss et des granites qui forment
la base de cette partie du continent africain. Les conglomérats
aurifères du Transvaal se trouvent dans les assises de terrains
anciens; les couches du Karoo renferment, en outre, d'im-
portants gisements de houille.
Ne pouvant décrire en détail, dans un cadre aussi res-.
"0 if d'Or nt en à,
>
-
= . MÉTAEUX RARES 601
treint, tous les districts aurifères de l’Afrique méridionale,
on se limitera, dans cet ouvrage à l'étude du Witwatersrand:;
ce que l’on en dira pourra s'étendre, à quelques détails
près, aux autres centres de production du Sud africain.
District aurifère du Witwatersrand. — Les gisements du
Witwatersrand s'étendent autour de Johannesburg, entre les.
montagnes d’où ils tirent leur nom et les montagnes d'Hei-
delberg. La coupe du plateau, située à 2.000 mètres d’alti-
tude, montre d'abord en surface des granites et des gneiss,
puis des quartzites alternant avec des schistes argileux et
des grès à magnétite et à fer oxydé, qui jouent ici le rôle du
chapeau de fer de Rio-Tinto. Les couches forment, entre
Johannesburg et Heidelberg, un fond de bateau qui a été
l’objet d’études toutes particulières.
Filons ou reefs. — Les quartzites forment le mur d’une
série de conglomérats composés d'éléments quartzeux sou-
dés par un ciment siliceux et dans lesquels se trouve l'or.
Ces conglomérats sont interstratifiés dans des grès et des
schistes fortement plissés et érodés. Les couches de conglo-
mérats portent le nom de reefs (tilons).
La série des reefs est très complexe, et leur richesse en
or est très variable : quelques-uns même sont stériles. En
s'élevant de bas en haut, la succession des reefs est la sui-
vante : Rielfontein-Reef (ou du Preez-Reef), Main-Reef (com-
posé de cinq couches : South-Reef, Middle-Reef, Main-Reef-
Leader, Main-Reef-Proper et North-Reef), Elsburg-Reef (ou de
Paaz-Reef), Bird-Reef (ou Monarch-Reef), Kimberley-Reef (ou
Battery-Reef) Black-Reef, Nigel-Reef et Buffelsdoorn-Reef. Le
principal reef est le Main-Reef avec ses cinq couches sur les-
quelles sont situées toutes les grandes mines (Robinson, Sim-
mer and Jack, Geldenhuis, City and Suburban, Crown-Reef,
Lanlaagte, Main-Reef, etc.).
Il est rare de trouver dans la même concession les cinq
couches du Main-Reef; beaucoup de concessions n’en pos-
sèdent que deux ou trois. L'importance de ces couches est
la suivante :
602 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Épaisseur Teneur à la tonne
South-Reef.......... 0%,20 à 1%,00 10 à 12 onces-troys
Middle-Reef......... 0®,140 à 0®,60 2 =
Main-Reeïf-Leader.... 0,15 à 02,60 2 à 6 —
Main-Reef-Proper.… 200 02 _
North-Reef.......... 20030 à 412 D0 0 8 41 —
Le district où les reefs offrent la plus grande régularité
est celui de Johannesburg. Aïlleurs les reefs sont discon-
üinus en direction, et on constate de nombreuses failles qui
amènent, dans le prolongement l’un de l’autre, des reefs
différents. Bien que ces reefs aient beaucoup d'analogie entre
eux, on arrive à dégager quelques caractères distinctifs qui
permettent de les reconnaître.
Ces caractères sont les suivants pour quelques-uns des
reefs principaux :
Black-Reef. — Masses de pyrites, teneurs très élevées, mais
très irrégulières ;
Kimberley-Reef. — Galets de fortes dimensions;
Bird-Reef. — Galets ayant la dimension d'un œuf d'oiseau
de petite taille ;
Main-Reef. — Galets arrondis de la dimension d’une noix:
Main-Reef-Leader. — Argiles avec veines de quartz:
South-Reef. — Veines minces de galets plats.
Par suite de la disposition des couches en cuvette, les
concessions sont, en général, très étroites dans le sens de
l'inclinaison, et les reefs passent rapidement d'une conces-
sion à une autre. C'est ce qui a conduit les propriétaires des
mines à envisager l'exploitation (d'abord regardée comme
désavantageuse) des parties profondes des reefs, parties
que l'on appelle des deep levels.
Les zones riches et pauvres alternent dans les reefs, sans
que l’on puisse assigner, à ces variations de teneur, des lois
précises.
L'or des conglomérats n'est visible à l’œil nu, dans le
minerai que très rarement, quand il est cristallisé. On peut
cependant voir au microscope de l'or libre en lamelles
minces dans le minerai.
La présence de l'or est un indice certain du voisinage de
MÉTAUX RARES 603
la pyrite de fer; mais la réciproque ne serait pas vraie.
On ne peut guère juger la valeur d’une mine d’or au
‘Transvaal que par une série de prises d'échantillons, avec
broyage en grand, car la teneur varie beaucoup d’un endroit
à un autre, et il est impossible d'apprécier ces variations
sans faire de nombreux essais de minerai.
On exploite l'or au Transvaal par puits inclinés afin de
rester dans la couche et de supprimer les travers-bancs inu-
tiles ; la solidité du toit réduit la dépense de bois à très peu
de chose; l’eau est maintenant suffisamment abondante, et la
houille du pays revient à 10 francs environ par tonne,
aujourd'hui, sur le carreau des mines. Les crises qui ont sévi à
plusieurs reprises sur les mines d’or du Transvaal proviennent
toutes de la rareté de la main-d'œuvre. Le nombre de per-
sonnes employées, en 1897, dans les mines d’or de l'Afrique
australe, était de 80.000 environ, dont 70.000 Cafres et Zoulous.
-Les travailleurs noirs sont difficiles à recruter et refusent de
travailler aux mines plus de cinq à six mois par an; il en
résulte que Le prix de la main-d'œuvre varie beaucoup et tend
à s'élever à mesure que le nombre des filons exploités
augmente.
Traitement du minerai. — Le minerai abattu est trié som-
-mairement, puis concassé et enfin broyé en poussière fine,
de manière à libérer l'or contenu dans le quartz et dans la
pyrite.
Ce mode de traitement du minerai est aussi celui qui peut
être employé pour les essais qu'aurait à faire un ingénieur
prospecteur ; il entre donc bien dans le cadre de cette étude.
Les concasseurs employés sont du type à mâchoires ou à
excentriques. Le broyage se fait hydrauliquement au moyen
de pilons dont le poids varie de 250 à 600 kilogrammes et qui
sont disposés par batteries de cinq. L'eau est fournie par des
retenues artificielles dont les barrages emmagasinent dans
les vallées les eaux des pluies. Le broyage à sec, imaginé
par M. Périer de La Bathie, permet de supprimer cette dépense
d’eau, qui a été, surtout au début des exploitations, une grosse
difficulté dans ce pays très sec; en même temps il permet
d'éviter la production des boues fines (slimes). Ces boues
entrainent 6 grammes d'or par tonne (pour les minerais de
604 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
30 grammes à la tonne aux essais) et représentent 20 0/0
du nombre des tonnes broyées.
Quant aux produits du broyage à sec, ils passent directe-
ment à la cyanuration, sans amalgamation.
Au début de l'exploitation des mines du Transvaal, on fai-
sait passer le minerai, au sortir du mortier, sur des plaques
de cuivre amalgamé où il rencontrait du mercure ; il se pro-
duisait un amalgame d'or représentant 60 0/0 environ de la
teneur totale du minerai.
Les résidus de l’amalgamation (tailings), tenant 35 à 45 0/0
de l’or des minerais, d'abord abandonnés, ont été plus tard
repris et soumis à une concentration dans des frues vanners ;
on obtenait ainsi des concentrés (pyrites tenant 6 0/0 de l’or
total), que l’on traitait par l’amalgamation ou par la chloru-
ration.
Aujourd'hui la cyanuration directe des minerais broyés
tient la plus large place parmi les méthodes de traitement.
Le principe de la méthode est de former un cyanure double
d’or et-de potassium dans des cuves (leaching vats) et de pré-
cipiter l'or par le zinc (Mac-Arthur-Forrest) ou par l'électro-
lyse sur des couples plomb et fer (Siemens et Halske). La
cyanuralion réussit bien, grâce à l'absence d'impuretés dans
les minerais du Transvaal, et cette méthode permet de reti-
rer 85 0/0 de l’or total. Grâce à ce procédé, on peut traiter les
tailings d’abord abandonnés, et certaines Compagnies ont
réalisé des bénéfices considérables, en achetant les slimes
riches des autres mines, pour les soumettre à la cyanuration.
Teneur des minerais du Transvaal. — La teneur en or des
minerais du Transvaal a varié, depuis 1890, de 48 fr. 95 à la
tonne jusqu'à 61 fr. 55.
En 1898, la teneur moyenne a été de 51 fr. 59
Quant aux frais de production de l'or, qui s’élevaient à
50 fr. 40 en 1890, ils sont considérablement réduits ; en 1895,
ils n'étaient plus que de 41 fr. 05, et, en 1898, de 35 fr. 50
par tonne de minerai.
Production de l'or dans le Sud africain. — Au Transvaal, il
a été produit, en 1898, au moyen de 5.260 pilons et avec
1.330.000 tonnes de minerai, 4.555.000 onces d’or, valant
77.500.000 francs.
MÉTAUX RARES 605
On a distribué, en 1898, 117.500.000 francs de dividende,
soit 16 francs par tonne broyée.
Le Witwatersrand a produit à lui seul, la même année,
4.295.609 onces d'or.
Les dividendes distribués l’année précédente, en 1897, au
Witwatersrand, avaient atteint 68.012.074 francs pour une
production de 252.880.050 francs d'or.
Madagascar.— Dans l’île de Madagascar, quelques explora-
tions sont effectuées dans les gisements aurifères récemment
découverts. L'exploitation de l’or à Madagascar a produit, en
1897, 602 kilogrammes d'or valant 2.000.000 francs.
PRODUCTION DE L'OR DANS LE MONDE ENTIER EN 1897
Au total, la production de l'or a été la suivante dans les
diverses parties du monde, en 1897:
Re Le neue 39.254 kilogrammes
ES Re Res ne 24.063 —
LTÉE EU ET ae 86.700 _—
Mmérique-du Nord... 110.000 _
Mhérique du:Sud .:..:..... 18.623 —
MÉÉHREE Raute, de 80.399 —
TOP he 0. 359.039 kilogrammes
représentant une valeur de 1.193.080.840 francs.
BIBLIOGRAPHIE DE L’'OR
1868. Debombourg, Étude sur les alluvions aurifères de la France
(Lyon).
1869. Whitney, Metallic wealth of the United States (New-York).
1815. Poszepny, Uber das vorkommen von gediegenem gold in den
Mineralschalen von Vôrüspatak (Jahrb. der k.-k. qgeol. Beichs.,
m1)
1876. V. Rath, Mines d’or de Vürospatak (Annales des Mines, 7° série,
t. XIIL, p. 400).
8. Daintrec, Nole on certain modes of occurrence of gold in
Australia (The Quarterly Journal of the Geological Society,
t. XXXIV, n°3, p.431).
18
|
_ 606
| 4878.
1880.
1880.
1881.
1882.
1884.
1884.
1886.
1888.
1890.
1891.
1892.
1893.
1893
1894
1896
1898
1898
1899
NT LR Ve Pen ne Us A M eh Aer de
= à 2
jé vs
GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Rolland, Tellurures d'or du comté de Boulder (Colorado)
(Annales des Mines, T° série, t. XIII, p. 159).
Del Mar, À history of the precious metals from the earlier
times to the present (London).
John Munday, Gold mines of the west of Sumatra (Mining
Journal, t. I, p. 132).
Fuchs, L'Or en Australie (Bulletin des Annales des Mines).
Foot, Goldfields of Mysore (Geol. surv2y of India, t. XV, n° 4).
Noguès, Gisement d'or en Andalousie (Comptes Rendus,
t.XOV IT, P- 760).
Desbans, Or à la Guyane francaise Me ie minérale, 2° série, |
&. XII, p. 217). 4
Gonnard, Sur les minerais aurifères des environs de Pontgi- 1
baud (Bulletin de la Société francaise de Minéralogie, t. X,
p- 243, Paris).
Causerie scientifique du « Temps» sur l'or de la Grande-Bre-
tagne, 11 janvier.
Laurent, Industrie de l'or dans l'Oural (Annales des Mines.
décembre).
Chaper, Notes sur Bornéo (Bulletin de la Sociélé de Géologie,
3° série, t. XIX, p. 871).
Bel, Les Mines d'or au Transvaal (Economiste français du
15 octobre).
De Launay. Découverte de nouveaux gisements d'or, à Cool-
gardie en Autriche (Annales des Mines).
Ferrand, L'Or de Minas-Geraes au Brésil (Ouro-Preto).
Becker. Goldfieds of the southern appalachians (Report of
the geological Survey).
De Launay, Les Mines d’or du Transvaal (Baudry à Paris).
Cumenge et Robellaz, L'Or dans la Nature (Dunod à Paris).
Ballivian et Zarco, EL oro en Bolivia (La Paz).
Collet, L'Or aux Indes-Orientales Néerlandaises (Kolff, éditeur
à Batavia).
T0
MÉTAUX RARES 607
PLATINE
Propriétés physiques. — Le platine est un métal d’un
blanc grisätre, dont la couleur rappelle celle de l'argent; il
est mou, très ductile et très malléable et il possède une téna-
cité considérable, qui égale presque celle du fer; comme
ce métal, il peut se forger et il a la précieuse propriété de
se souder à lui-même. Fondu, il à une densité de 21,15, qui
peut être élevée à 21,70 par le martelage. Il est assez bon
conducteur de la chaleur et de l'électricité (la résistance
électrique d’un fil de platine de 1 mètre de longueur et de
1 millimètre carré de section est, à 0°, de 0,1166 ohm).
La température de fusion du platine est voisine de
1.900°. On ne peut donc pas le fondre dans les four-
neaux ordinaires. On le fond facilement, et il se volatilise
même sensiblement, quand on l’expose, dans un creuset de
chaux vive, à la flamme d'un chalumeau à gaz hydrogène et
oxygène. Ainsi que l'argent, le platine fondu absorbe l’oxy-
gène et roche, s'il est refroidi brusquement.
Propriétés chimiques. — Très poreux, le platine à la pro-
priété d'absorber et d’occlure les gaz. La mousse, ou éponge
de platine, et surtout le noir de platine jouissent de pro-
priétés catalytiques remarquables ; ce dernier corps peut
absorber jusqu'à 740 fois son volume d'hydrogène (ou
250 fois son volume d'oxygène). Une pression de plus de
1.000 atmosphères serait nécessaire pour amener l'hydrogène
à une semblable contraction. Dans cette condensation, l'hy-
drogène cède au métal le calorique qui le maintenait dilaté ;
le platine devient incandescent et prendrait feu, en se com-
binant avec l'oxygène, si le gaz hydrogène continuait à
arriver. On se sert de cette propriété de la mousse de pla-
tine pour l'allumage automatique des becs de gaz.
A toutes les températures, le platine est inattaquable par
l'air, par l'oxygène et par les acides sulfurique, azotique et
chlorhydrique isolés; mais il se combine directement avec
le chlore, le soufre, le phosphore, l’arsenic, l’antimoine, le
L
608 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
bore et le silicium, ainsi qu'avec les métaux très fusibles. En
raison de ces affinités, on doit éviter de chauffer des usten-
siles de platine directement avec du charbon, car il se for-
merait, avec la silice des cendres, un siliciure de platine
fusible, et il se produirait des trous dans le métal.
Usages. — Le platine, très mou et encore plus ductile que
l'or, est peu utilisé à l’état pur. Mélangé à de petites quantités
d'iridium, métal auquel il est presque toujours associé dans
les mines, il devient dur, et sa ténacité est augmentée, ainsi
que sa résistance à l'action de la chaleur et des acides éner-
giques. [reçoit alors de nombreuses applications, énumérées
ci-dessous.
_Alliages. — Les ustensiles de laboratoire, tels que creusets,
cornues, capsules, tubes, etc., destinés à supporter de hautes
températures ou à contenir des acides énergiques, et les
alambics employés par l’industrie pour la concentration de
l'acide sulfurique, sont généralement construitsavec un alliage
de 90 0/0 de platine et 10 0/0 d'iridium.
Le fil de platine iridié est employé comme conducteur dans
les lampes à incandescence; il forme l'élément électro-positif
de diverses piles.
Les dentistes se servent, pour le plombage des dents, d'un
alliage appelé platine dur du commerce, formé de 95 0/0 de
platine et de 5 0/0 de cuivre.
Pour la fabrication des bijoux, on fait varier les propor-
tions des métaux suivant la nuance et les propriétés désirées;
ainsi, un alliage à poids égaux de platine et de cuivre est
ductile et possède la couleur et la densité de l’or; on emploie
aussi, en bijouterie, un alliage blanc composé de 35 parties
de platine et de 65 parties d'argent ou de 17,5 de platine et
de 82,5 d'argent; on fabrique des plumes inoxydables avec un
alliage de 4 parties de platine, 3 parties d'argent et 4 partie
de cuivre.
Un alliage de 1 partie de platine, de 100 parties de nickel et
de 10 parties d'’étain est utilisé pour fabriquer des ustensiles
de ménage.
Chlorure. — On emploie le chlorure de platine pour pro-
duire un dépôt de ce métal sur des objets, soit pour les
préserver de l'oxydation, soit pour les orner (platinisation).
+4
MÉTAUX RARES 609
Par les méthodes galvaniques, on platinise les objets en
fer, en acier et en cuivre (plumes en acier, pointes de para-
tonnerre, etc.). Une simple immersion dans un bain de chlo-
rure platinique recouvre le laiton et le bronze d’une couche
de platine protectrice.
Le chlorure de platine est aussi employé pour la prépara-
tion des papiers photographiques.
A l’état de tétrachlorure, le platine entre dans la compo-
sition de peintures sur verre et sur porcelaine.
Minerais. — Le platine se trouve à l’état natif, en grains et
quelquefois en pépites, associé avec les métaux de la même
famille (iridium, osmium, palladium, ruthénium, rhodium)
également très rares (mine de platine).
Le platine ferrifère, qui contient de 12 à 13 0/0 de fer, est
fortement magnétique.
Le platine polyxène est un alliage contenant du platine,
du palladium, du rhodium, du ruthénium et de l’osmium
avec du fer et du cuivre.
Les minerais de platine contiennent de l’osmiure d’iridium
en tablettes ou en grains très durs. Le platine est souvent
accompagné par de l'or, du fer chromé ou du titane.
Géogénie. — On trouve le platine etles métaux de la mine
de platine dans les alluvions en rapport avec des roches à
péridot plus ou moins transformées en serpentines (placers
de Nijni-Taguil); on l’a trouvé quelquefois aussi associé à l'or
dans des filons de quartz aurifère (Berezowsk, Amérique du
Sud, Colombie.
Les roches à péridot peuvent être regardées comme les
roches mères du platine, bien qu'il y ait des exemples de
roches serpentines non platinifères.
Gisements. — Le platine est un métal rare, dont la produc-
tion est assez limitée. Le principal pays producteur est la Rus-
sie (Oural).
On trouve aussi du platine en Colombie, au Canada, au
Congo (Rivière Uelle), dans la Nouvelle-Galles du Sud
(Fifield), à Bornéo, dans la Nouvelle-Zélande, etc.
Russie (Sibérie). — Le platine existe principalement sur le
versant oriental de l'Oural, à Nijni-Taguil, dans des sables
platinifères en rapport avec la péridotite et la serpentine; on
GÉOLOGIE. 39
610 GÉOLOGIE APPEIQUÉE
y a trouvé des pépites dont la plus grosse pesait 9K,5. Le
centre d'exploitation le plus important est Avrorinski, sur la
Martiane, où la couche platinifère, recouverte par 25 mètres
de terrains stériles, a 5 mètres de puissance, avec une teneur
moyenne de 6 grammes à la tonne.
_Les gisements abandonnés de Goroblagodatsk, sur les Dore
de la Toura et de la Barantcha, contenaient à la fois de l'or
et du platine ; ils reposaient sur du calcaire accompagné de
serpentine.
Aux sources de la Miass, dans les serpentines des monts
Narali, les sables aurifères sont assez riches en platine, ainsi
que dans la région de Miask.
A Berezowsk, on a trouvé du platine dans du quartz aurifère.
L'extraction du platine était, en Russie, en 1890, de
2.834 kilogrammes, représentant une valeur de 2.768.000 fr
En 1894, elle a atteint 5.209 kilogrammes,. valant
4.452.000 francs. |
Amérique (Colombie). — Dans la province de Choco et à
Barbacoas (Colombie), on a également trouvé, dans des tilons
de quartz aurifère recoupant des syénites, du platine associé
à de l'or natif et du fer chromé. Ces minerais contiennent
souvent du rhodium. La production du platine en Colombie
a atteint 364 kilogrammes en 1897.
Bornéo. — A Bornéo, le platine, accompagné d'osmiure
d'iridium et d'or, existe dans des alluvions en rapport avec
des roches serpentineuses.
Nouvelle-Zélande. — Le platine et l'osmiure d° iridiam ont
été découverts dans la rivière Tayaka, au voisinage de roches
à péridot. Ce gisement est analogue à ceux de l'Oural.
BIBLIOGRAPHIE DU PLATINE
1875. Daubrée, Association. dans l’'Oural, du platine natif à des
roches à base de péridot (Bulletin de la Société de Gore
S'esérie, CAR m1)
. 1SS1. Chaper, Note sur le nord de l'Oural (Bulletin de - Sociéle
de Géologie, 3° série, t. VIII, p. 130).
1890. Laurent, Sur l'industrie de l’or et du platine dans l'Oural
(Annales des Mines, novembre).
1892. Les gisements de platine de la Russie (Génie civil, t. XXI,
p. 323).
MÉTAUX RARES 611
VANADIUM
Le vanadium est un métal rare qui a été découvert au
commencement du xix° siècle.
Usages. — Il fut tout d'abord peu employé; ce n’est que
vers 4870 qu'il fut appliqué à la teinture en noir des cotons et
des laines.
Il rend plus brillantes les matières à teindre ; il fait ressortir
les dessins, et il empêche l'attaque des cardes métalliques.
Le vanadate d'ammoniaque sert à oxyder l’aniline, en pré-
sence du chlorate de potasse et de l’acide chlorhydrique, et à
le transformer en noir d’aniline.
Les sels de vanadium sont employés aussi dans la peinture
sur porcelaine.
Minerais et gisements. — Les principaux minerais du
vanadium sont la vanadinite, vanadate de plomb contenant
de 8 à 12 0/0 de vanadium, que l’on trouve dans le Nouveau-
Mexique et dans l’Arizona, ainsi que la descloizite, vanadate .
de plomb et de zinc contenant de 10 à 12 0/0 de vanadium;
la mottramite, vanadate de plomb et de cuivre que l’on trouve
en Angleterre (Arderly Edge et Mottram); ce minerai contient
environ 9 0/0 de vanadium. On peut encore citer, parmi les
minerais de vanadium, l’uranite de Joachimstal (Bohême), la
wulfénite de Bleyberg (Carinthie) et les résidus cuivreux du
Mansfeld, ainsi que divers minerais de fer (Mazenay, 1 0/0)
et des charbons anthraciteux du Pérou (Yauli), qui en con-
tiennent 0,45 0/0. Au Creusot, on fabrique par an 60.000 kilo-
grammes d'acide vanadique par le procédé Osmond Witz.
A Joachimstal, on extrait le vanadium des minerais d’urane
par le procédé Patera.
Le prix du vanadium tend à diminuer depuis l'application
du procédé Witz, qui a été inauguré en 1880. A cette époque,
le vanadate de soude se vendait encore de 80 à 100 francs le
kilogramme.
BIBLIOGRAPHIE DU VANADIUM
1880. Lallemand. L'urane et le vanadium à Joachimstal (Annales
des Mines, 7° série, t. XVII, p. 326). £
1881. Minéraux du Chili (Annales des Mines, 1881, p. 335).
1883. Dieulafait, Revue scientifique du 19 mai p. 613.
Il existe un certain nombre d’autres minerais de métaux
dits rares, tels que le cadmium, le zirconium, l'indium, le
gallium, le tantale, le palladium, l'iridium, Vosmium, le rho-
dium, le ruthénium, etc.; mais leurs gisements sont trop peu
étendus et leurs usages trop restreints pour qu'ils figurent
dans le cadre de cet ouvrage. Ils ne sont cités ici que pour
mémoire.
CHAPITRE VII
PIERRES PRÉCIEUSES, GEMMES
DIAMANT
Le diamant doit son nom à sa dureté (adauas, indomp-
table); c’est du carbone pur cristallisé. Il existe sous trois
états : diamant, carbon, boort.
4° DIAMANT PROPREMENT DIT
Propriétés. — Le diamant proprement dit se présente tou-
jours cristallisé, soit en octaèdres réguliers, soit en polyèdres
à vingt-quatre ou à quarante-huit faces, dont, le plus souvent,
les faces et les arêtes sont’ courbes et les faces régulière-
ment striées. Il existe, en outre, des formes hémiédriques, en
particulier le tétraèdre, ou certains cristaux dits à deux
pointes ou encore des formes maclées.
Les beaux diamants sont d'un blanc qui prend parfois des
reflets bleutés; ils sont d’une limpidité parfaite; certains
d'entre eux, d’une vive coloration rouge rubis, bleue ou
verte, sont aussi très estimés. Les diamants perdent beaucoup
de leur valeur lorsqu'ils ont une teinte grise ou jaunâtre
qui nuit à leur éclat.
Le diamant se présente généralement en cristaux très
petits (ceux dont le poids dépasse 1 gramme sont déjà assez
rares). Sa dureté dépasse celle de tous les minéraux connus;
sa densité est de 3,50 à 3,55; son indice de réfraction est
plus élevé que celui de tous les corps transparents, et, par
suite, le diamant présente, d’une facon presque absolue, le
phénomène de la réflexion totale; il s’imbibe en quelque
sorte de la lumière qu'il recoit; s'il est placé ensuite dans
614 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
l'obscurité, il rend une partie de cette lumière et produit
une faible lueur. Parfois même on rencontre des diamants
phosphorescents ou fluorescents.
Le diamant brûle sans résidu à une température très éle-
vée (courant d'oxygène ou courant électrique).
Usages. — Le diamant est très recherché pour la bijou-
_terie. Il sert aussi à faire des pivots pour l'horlogerie, des
pointes d'outils pour percer ou graver des pierres dures,
pour couper le verre, pour tourner les bords des verres de
montres, pour tréfiler l'or et l’argent, et pour travailler
certains métaux trempés.
Taille du diamant. — Avant d'être monté eh bijoux, le
diamant, pour produire tous les jeux de lumière qui le font
rechercher, doit être taillé. Les diamants de peu d'épaisseur
sont généralement taillés en roses; en ce cas, on utilise les
formes hémiédriques pour obtenir la base de la rose; les
diamants épais sont taillés en brillants.
& &
Fic. 115. — Diamants taillés.
Dans la rose, le dessous du diamant est plat; la partie
supérieure forme un dôme à vingt-quatre facettes. Dans le
brillant, la face supérieure plane, appelée la table, est entou-
rée de facettes obliques, et la partie inférieure ou culasse,
comprenant les deux tiers du diamant, forme une pyramide
dont les facettes correspondent à celles de la partié supé-
rieure. La taille en brillant à trente-deux facettes est aujour-
d'hui la seule employée pour les diamants réguliers. .
Pour tailler un diamant, on commence par le dégrossir, en
utilisant le clivage qu'il possède, parallèlement aux faces de
l'octaèdre et en suivant le fil de la pierre. Ensuite vient le
brutage, qui consiste à frotter deux diamants l’un contre
l’autre, ce qui produit de l'égrisé, ou poussière de diamant,
PIERRES PRÉCIEUSES 615
que l'on recueille; enfin on termine par le polissage qu!
s'opère sur une plate-forme d'acier animée d’un rapide mou-
vement de rotation et recouverte de poussière de diamant
humectée d'huile.
L'égrisé s'obtient aussi en pulvérisant les éclats qui pro-
viennent du dégrossissement des diamants taillés ou en
pulvérisant les diamants défectueux qui ne peuvent se tailler.
La taille diminue souvent de moitié le poids des diamants,
dont l'unité de poids est le carat qui pèse exactement 205 mil-
ligrammes. Les diamants taillés se vendent jusqu’à 300 francs
par carat, et leur valeur croît comme le carré de leur poids.
Gisements. — Les principaux gisements de diamants sont
ceux du Cap de Bonne-Espérance, ceux du Brésil, ceux des
Indes, etc.
(risements du Cap.— Les gîtes de diamants de la colonie du
Cap ‘cap de Bonne-Espérance) ont été découverts en 1867,
et leur exploitation a amené une population considérable
autour des principales mines de Dutoitspan, Bultfontein, Old-
de-Beers et Kimberley. Les diamants se trouvent amenés au
Jour dans une ophite bréchoïde accompagnée de bronzite
hydratée avec veines de calcite et de silice opaline. Cette
ophite remplit, comme une boue éruptive, des cavités, en
forme d’entonnoirs de 200 à 300 mètres, creusées à la sur-
face de plateaux dont l'altitude varie de 600 à 1.300 mètres
karoo moyen); ces plateaux sont constitués par des grès,
des argiles bariolées et des schistes noirs ou bruns recoupés
par des diorites et des mélaphyres. Les entonnoirs pro-
viennent probablement, d’après M. Daubrée, d’'explosions
d'hydrocarbures en profondeur, comme le font supposer
l'abondance du grisou et l'association du graphite au dia-
mant. Ces sortes de cheminées sont remplies de roches
bleues en profondeur (blue ground) et jaunes à la surface
(yellow ground), mélangées de débris de grès triasiques
dans le haut, d’ophites, de mélaphyres, de granites ou de
gneiss dans le bas, débris empruntés aux roches encaissantes
ou venus de la profondeur.
Les diamants, octaédriques ou dodécaédriques, sont jau-
nâtres et tiennent une forte proportion de boort; ils sont
accompagnés de grenats, de fer titané, de zircon, de to-
* plateaux après remaniement.
616 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
pazes, etc., minéraux arrachés aux roches traversées par
l'éruplion de la brèche serpentineuse,
Les quatre mines citées plus haut ontété réunies (de Beers
Consolitated C°\, et l'exploitation par tranchées etcäbles a été
perfectionnée parla création de puits (Kimberley : 400 mètres;
de Beers : 300 mètres), reliés au gîte par des travers-bancs.
Le minerai est abandonné à l'air pendant six mois, puis
détourbé à la main.
La production était de 1.500.000 carats en 1876, et de
2.800.000 carats en 1890: on avait extrait, au total, à cette
époque 43.000.000 de carats valant plus de { milliard de francs.
La teneur est de 3 carats au mètre cube pour les mines syndi-
quées de De Beers et de Kimberley. — Dutoitspan, qui a
fourni les plus beaux diamants, n'est plus exploité. C'est
de ce gîte qu'est sortie l'Etoile de l'Afrique du Sud (85 carats).
La production énorme a fait craindre à un certain moment
que les prix du diamant ne s'avilissent. Depuis 1889, la plu-
part des mines du Cap sont syndiquées, ce qui a permis aux
producteurs de relever les cours. Le diamant brut, qui valait
27 francs le carat en 1887, est monté à 40 francs en 1889.
Le prix de revient ressort à 35 francs le mètre cube, soit
en moyenne à 10 francs par carat extrait. Le prix de revient
est grevé par le coût élevé des matières premières et par les
vols de diamants, très fréquents dans les claims ou carrés
d'exploitation de 9%,45 de côté.
La De Beers Consolidated C° a produit en 1897 à De Beers
et à Kimberley 2.769.423 carats, en moyenne 1 carat 26 par
tonne de minerai. Les dépenses ont été de 33.264.975 francs.
Les recettes ont été de 93.052.475 francs ; le dividende distri-
- bué en 1897 a atteint 39.500.000 francs.
(Grisements du Brésil. — Les gisements les plus importants
du Brésil sont ceux de Diamantina, à 300 kilomètres au nord
d'Ouro-Preto (Minas-Geraes) ; on peut encore citer les gise-
ments de Bagagem, de Grao-Mogor, de Cincora et de Salabro.
Ces gisements se trouvent soit sur un plateau de 1.000 à
1.200 mètres d'altitude, soit dans les rivières qui y prennent
leur source; ces derniers gisements, à la fois aurifères et
diamantifères, proviennent de laconcentration des gîtes des
PIERRES PRÉCIEUSES 617
Les alluvions sont en relation avec des quartzites micacées
(itacolumites) que l’on trouve en place à Grao-Mogor, asso-
ciées avec des conglomérats quartzeux. Le diamant y est
accompagné de pyrite martiale et de martite.
Sur les plateaux, les diamants des itacolumites et des
conglomérats ont été concentrés dans un poudingue de
graviers et de terre rouge (gorgqulho) ; dans le lit des rivières,
les diamants se trouvent dans un mélange d'argile et de gra-
viers quartzeux (cascalho)avec des minéraux, tels que le rutile,
la brookite, l’anatase, etc. ; ils sont souvent concentrés dans
des poches (caldeirôes) formées par le remous des eaux. On
exploite en mettant le lit à sec et en lavant le cascalho à la
batée après détourbage et traitement au bac.
Les diamants du Brésil sont beaux, mais petits (4 carats en
moyenne). Le plus célèbre est l'Etoile du Sud (254 carats et
demi).
La production totale du Brésil est à peu près de 30.000 carats
par an.
Gisements des Indes. — Les fameux diamants des Indes
(le grand Mogol, le Régent, etc.), vendus sur le marché de
Golconde, provenaient de gisements exploités avant l’ère
chrétienne et dont la production actuelle est peu importante :
Randapoli près de Mazulipatam, Bellary, Karnul, Kadapah,
Sambalpur, Panna, Majgama, etc.
A Bellary, le diamant, associé à l'or, existe ions des grès
siluriens analogues aux itacolumites du Brésil et dans des
ravinements produits par les pluies sur un plateau de
schistes micacés recoupés par des filons de granulite rose à
épidote.
À Sambalpur, on trouve, amenés encore aujourd'hui par
es crues des rivières, des diamants provenant d’alluvions
anciennes.
A Panna, le diamant se trouve associé au saphir, au rubis
t à la topaze dans des graviers rouges d’alluvion, recouvrant
un conglomérat silurien lui-même diamantifère.
À Majgama, il existe une boue verte diamantifère analogue
à celle du Cap; mais les gisements sont peu importants et ne
peuvent être exploités que grâce au bas prix de la main-
d'œuvre des Indous.
618 | GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Gisements de Bornéo.— Les diamants de Bornéo se trouvent
dans des graviers ou des alluvions de rivières (Bandjer-
massin, fleuve Kapoeas). |
La production annuelle de Bornéo oscille aux environs de =
5.000 carats.
Gisements de l'Australie. — On a découvert en Australie des
alluvions diamantifères d’ailleurs peu importantes.
Nouvelle-Galles du Sud. — Dans la Nouvelle-Galles du Sud
on à exploité les mines de Boggy-Camp, à 25 kilomètres
x
de Tingha; la teneur y atteint 13 carats à la tonne; les
ré
diamants sont très blancs et de bonne qualité.
2° CARBON
Le carbon, carbonado, où diamant noir, se trouve principa-
lement au Brésil, en petites boules irrégulières amorphes et
noirâtres atteignant parfois la grosseur du poing.
Sa dureté est beaucoup plus grande que celle du diamant
proprement dit; mais sa densité est moindre. Il contient
un peu de cendres.
On emploie les diamants noirs, enchâssés à l'extrémité
d'outils en acier, pour travailler, sur des tours, les blocs de
porphyre destinés à former des colonnes ou des vasques. On
s'en sert aussi pour creuser des trous de mines dans les roches
dures. Ce sont des diamants noirs qui sont employés pour les
sondages au diamant.
Leur valeur atteint 25 à 40 francs par carat.
3° BOORT
Le boort, ou diamant concrétionné, que l’on rencontre dans
tous les gisements de diamants dans la proportion de 2 à 5 0/0,
esttranslucide, mais non transparent. Il se présente en boules
cristallines sans trace de clivage et ne peut être taillé. Il est
moins pur que le diamant proprement dit. Sa dureté étant
supérieure à celle du diamant, on en fait de l’égrisé pour le 24
polissage des diamants. 4
PIERRES PRÉCIEUSES | 619
GEMMES QUARTZEUSES
Le quartz (silice pure) se présente à l’état cristallisé ou à
l’état amorphe.
Le quartz hyalin, ou silice cristallisée, se distingue en
différents types selon sa couleur et sa pureté.
CRISTAL DE ROCHE (CAILLOU DU RHIN)
Le cristal de roche est du quartz hyalin incolore et lim-
pide.
On l’emploie en optique et dans l’orfèvrerie.
Les plus beaux cristaux viennent du Saint-Gothard, du
Tyrol, de Madagascar (mont de Befoure), etc. On trouve aussi
dans le Rhin du cristal de roche roulé, appelé caillou du Rhin.
AMÉTHYSTE
L'’améthyste est du quartz hyalin violet. On la rencontre
sous forme de cristaux isolés ou groupés et quelquefois
sous forme de galets.
Elle est employée en joaillerie pour faire des bagues, des
colliers et des broches.
On la trouve dans des filons métallifères (Hongrie et Tran-
sylvanie), dans des fentes de roches cristallines anciennes
(Oural, Tyrol); on en trouve une belle variété au Brésil.
Au Vernet, près d’'Issoire, on exploite par galeries un filon
de quartz améthyste au milieu de sables aquifères dont les
eaux génent parfois l'exploitation; ce filon donne de très
beaux cristaux d'améthyste dont quelques-uns atteignent de
grandes dimensions.
CALCÉDOINE (AGATE, ONYX ET CORNALINE)
La calcédoine est du quartz moitié cristallin, moitié
amorphe.
a RE .” ce = LR ES DA Un DETE L h
620 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
Elle porte le nom de cornaline quand elle est rouge, et
d'onyr ou d'agate quand elle présente des zones concentriques
le diverses couleurs.
Elle est employée pour faire des vases, des cachets, des
camées et aussi des mortiers pour porphyriser des matières À
dures. $
Les plus beaux gisements de calcédoine sont ceux de l'Inde. 1
Barotch, près de Nimondra). On en exploite aussi en Sibérie
Nestchinsk et Kolivan), en Chine, dans l'Uruguay, en Egypte,
en Saxe, en Islande, dans le Tyrol, etc. — En France, on en ren-
contre dans les tufs tolcaniques de Pont-du-Château(Limagne).
Les agates du commerce viennent en grande partie d'Ober-
stein dans le Palatinat.
JASPE (PIERRE DE TOUCHE
Le jaspe est du quartz amorphe (silex) impur et opaque.
Il renferme des matières argilo-ferrugineuses.
Il présente des colorations variées et vives qui le font
employer pour la fabrication d'objets d'ornement et pour
les mosaïques (Florence).
On le rencontre à l'état de rognons dans les calcaires du
trias et de la craie.
La pierre de touche est un jaspe noir; elle doit sa coloration
à la substance charbonneuse qu'elle renferme. Sa cassure
présente des petites aspérités qui usent les métaux qu'on
frotte sur sa surface. Quand on veut reconnaïtre si un objet
est en or, on le frotte sur la pierre de touche et on attaque,
par l'acide azotique, les parcelles métalliques qu'il laisse sur
la pierre. Si ces parcelles disparaissent, c'est qu'elles ne pro-
viennent pas d'un objet en or; si elles blanchissent, c'est que
l'or contient un alliage.
OPALE
L'opale est de la silice hydratée; on la distingue en opale
noble, irisée, transparente, translucide et laiteuse ; en opale
PIERRES PRÉCIEUSES 621
de feu, compacte, jaune ou rouge, translucide et vitreuse :
et en opale commune, grise, compacte et peu translucide.
L'opale noble, qui est très fragile, se taille, généralement,
pour cette raison, en formes sphériques, pour la Joaillerie.
On trouve en Hongrie de très belles opales nobles connues
dès le temps des Romains, dans des trachytes et des tufs
trachytiques (Gerwenitza). Les opales du Mexique (Zimapsan,
Queretaro, Lucretaro) sont très chatoyantes. |
Les mines d'opale de White Cliffs, dans la Nouvelle-Galles
du Sud, ont pris un grand développement et occupent
400 ouvriers. Elles produisent pour 625.000 francs de pierres
par an, en moyenne. On a trouvé de très belles opales en
Nouvelle-Zélande dans la vallée de Tairua, dans la presqu'île
de Cape-Colville, ainsi qu'au Mont-Somers et dans la vallée
d'Ohinenuri.
L'opale commune, ou résinite, se trouve en grandes quantités
dans les filons métallifères de Freiberg, ainsi que dans la
serpentine de la Bohéme et dans les roches amygdaloïdes de
l'Islande et des îles Feroë.
La ménilite -est une opale commune que l’on trouve en
rognons dans les marnes du gypse, notamment à Ménil-
montant (d'où lui vient son nom), à Montmartre, en Galicie
dans les formations pétrolifères, etc.
L’opale de feu se rencontre en nodules au milieu de
conglomérats trachytiques, au Mexique (Villa-Seca).
622 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GEMMES ALUMINEUSES
L'alumine existe dans un grand nombre de gemmes, soit
à l’état d’alumine pure ou hydratée, soit sous forme de phos-
phate, soit sous forme de silicates simples ou complexes.
L'étude de ces derniers fera l’objet d'un paragraphe ultérieur.
CORINDON (SAPHIR, GEMMES ORIENTALES ET RUBIS)
Le corindon est de l’alumine à peu près pure; il renferme
parfois un peu de chaux et d'oxyde de fer. Sa densité est
de 4.
Le corindon est une pierre incolore cristallisée dans le
système rhomboédrique, en prismes hexagonaux souvent
striés. :
Lorsqu'il est coloré en bleu, il porte le nom de saphir;
coloré en jaune, il constitue la fopaze orientale; en pourpre,
l'améthyste orientale ; en vert, l'émeraude orientale.
Le rubis est de l’alumine colorée en rouge par du chrome.
MM. Sainte-Claire Deville, Ebelmen, Friedel et Stanislas-
Meunier ont reproduit du corindon artificiellement par
quatre procédés différents. MM. Frémy et Verneuil ont obtenu
des rubis en traitant l’alumine par le fluorure de baryum et
le carbonate de potasse à 1.350°. Des traces de bichromate de
potasse donnaient la coloration rouge.
Gisements. — Le rubis, le saphir et les gemmes orientales,
se trouvent soit dans des granulites comme aux Indes, dans
le Kachemire, en Chine et dans l'Oural, soit dans des dolomies
comme au Saint-Gothard et aux Etats-Unis, soit surtout dans
des alluvions de rivières.
Parmi ces derniers gisements, on peut citer ceux de
Ceylan qui renferment des gemmes dans des poches, au
milieu de dépôts d’alluvions, formés de galets de granite, de
PIERRES PRÉCIEUSES 623
gneiss, etc., cimentés par de l'argile. Les saphirs de choix
viennent d'Ava et de Péqu. En Sibérie, on peut citer les mines
de Kornilowsk où l'on trouve du corindon, des rubis, des
saphirs et des topazes orientales.
TURQUOISE
La turquoise est un phosphate d’alumine hydraté trans-
parent et d'une belle couleur bleue. Cette pierre, propre
à la joaillerie, a son principal gisement en Perse; les tur-
quoises de la Silésie et de Montebras (Creuse) sont inutili-
sables.
L'odontolite, ou fausse turquoise de l'Oural, est un phosphate
de chaux coloré par de l'oxyde de cuivre.
Les turquoises de Perse (Nichapour) se trouvent dans un
massif de brèche trachytique cimentée par de l’oxyde de fer;
cette brèche recoupe le tertiaire. L'exploitation se fait par
fouilles à la surface du sol ou par puits et galeries; les mines
principales exploitées par le Gouvernement Persan sont Abd-
our-Rezagi, Kerbelai, Kerim, Der-i-Kouh, etc.
Les plus belles pierres sont les engouchteris (pierres pour
bagues) qui se vendent à la pièce; les barkhanehs, dont il existe
quatre catégories, se vendent au kilogramme (3 à5.000 francs, si
elles appartiennent aux deux premières catégories) et s’ex-
portent en Europe; les autres sont utilisées par la joaillerie
indigène. Les arabis sont les turquoises les moins estimées.
D’autres gisements se trouvent dans la vallée du Mezara au
Sinaï; dans le Turkestan, non loin de Samarkand, la tur-
quoise à été exploitée dès les temps les plus reculés dans la
limonite.
La turquoise pure et d’un bleu clair parfait est très rare;
mais les turquoises tachées, verdâtres et opaques se trouvent
en assez grandes quantités. Elles sont appréciées surtout en
Orient.
624 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
GEMMES SILICATÉES
TOPAZE
Les topazes (silicate d'alumine fluoré —3AISi—+ APFI) sont
jaunes (Brésil) ou rouges. On leur donne une teinte brûlée
en les chauffant dans un bain de sable ou de cendres.
On trouve la topaze soit dans les granulites (Alabaschka
près d'Ekaterinenbourg dans l'Oural, monts Adun-Tschilon
dans la Sibérie, monts Iniens, Rozena, en Moravie, Mourne-
Mountains en Irlande), soit dans les filons stannifères
(Altenberg, Zinnwald, Geyer). A Boa-Vista (Brésil, province
d'Ouro-Preto), on trouve des topazes et des euclases {silicate
de glucine) avec des émeraudes, dans des schistes micacés.
Les alluvions diamantifères de Minas-Geraes et les sables
aurifères de Sanarka, de Ceylan, fournissent également de
très belles topazes. Les pegmatites contiennent souvent des
cristaux microscopiques de topaze (Montebras).
ÉMERAUDE
L'émeraude(silicate de glucine et d'alumine — Al.Si2-GI.Si)
est une pierre verte transparente très estimée en joaillerie;
elle se taille en table avec facettes à l'entour et au-dessous.
On la trouve soit dans les granulites et les gîtes stannifères:
pegmatites de la Vilate et de Chanteloube dans la Haute-
Vienne, de l'ile d’Elbe, des monts Altai dans la Sibérie,
d'Ehrenfriedersdorf en Saxe, et de Schlaggenwald en Bohême,
soit dans les micaschistes : rivière Tokowoia et mont Sabara
en Sibérie, Mourne-Mountain en Irlande, soit encore dans
les calcaires, à Muso et à Bogota dans la Nouvelle-Grenade,
dont les superbes émeraudes, très fragiles à la sortie de
la mine, durcissent à l'air.
L'émeraude renferme des inclusions aqueuses avec de
PIERRES PRÉCIEUSES 625
l'acide carbonique, et sa genèse se rapproche de celle des
minéraux de la famille de l'étain.
Les plus belles émeraudes proviennent de la Nouvelle-
Grenade. -- En France, près de Limoges, on trouve de grands
cristaux d'émeraude striée et opaque, ou béryl noble, qui existe
aussi en assez grande quantité dans l’Oural, dans l’île d’Elbe,
en Irlande et au Brésil.
LAZULITE
La lazulite, appelée aussi lapis lazuli, est un silicate
d'alumine qui renferme du soufre, de la chaux et de la
soude. Elle possède une belle nuance bleu d’outremer;
des cristaux de pyrite de fer et de spath calcaire s’y dessinent
souvent en jaune d’or et produisent un très joli effet. On
l’'emploie dans l’ornementation et la joaillerie.
On trouve le lapis dans des]roches granitiques au lac
Baïkal (Sibérie), au Thibet, au Chili et en Chine.
Cette pierre, broyée, sert aussi à la fabrication du bleu
d'outremer.
JAIS
Le jais, ou jayet, est un lignite d'un noir brillant, suscep-
tible de prendre un beau poliet ne présentant aucune trace
d'organismes végétaux ; il est employé en bijouterie et vaut
de 30 à 40 francs le kilogramrme.
On le trouve à Whitby (Yorkshire), en poches dans des
schistes alumineux (lias).
On trouve également du jais en France, dans l'Aude, où
les gisements sont à peu près épuisés (Peyras, Suinte-Colombe,
La Bastide), en Espagne (Asturies, Galice, Aragon), en Saxe
(Wittemberg) et en Prusse, avec de l’ambre jaune.
Il existe encore un certain nombre d’autres gemmes, mais
leur emploi est très restreint, et leur examen ne présente que
peu d'intérêt au double point de vue géologique et indus-
triel, qui a été envisagé pour l'étude des divers minéraux
utiles, dans ce Traité de Géologie et de Minéralogie appliquées.
GÉOLOGIE. 40
626 GÉOLOGIE APPLIQUÉE
BIBLIOGRAPHIE DES DIAMANTS ET DES PIERRES PRÉCIEUSES
1874. Dieulafait, Diamant el pierres précieuses (Bibliothèque des
Merveilles, Hachette).
1874 Desdemaines Hugon, Les champs diamantifères du Cap
(Comptes Rendus,t. LXXVIT).
1877. Stanislas-Meunier, Sable diamantifère de Dutoitspan (Comptes
Rendus, t. LXXXIV).
1879. Fouqué et Michel Lévy, Sur les roches accompagnant le dia-
mant dans l'Afrique australe (Bulletin de la Société minéra-
logique de France).
1819. Chaper, Sur les mines de diamant de l'Afrique australe (Bul-
letin de la Société minéralogique de France, n° T).
1819. Chaper, Sur quelques faits observés dans le massif de l'Oural
(Bulletin de la Société de Géologie, t. VII).
1879. Schafautz, Découverte du diamant en Bohéme (Comptes Ren-
dus, t. LXX).
1880. Jannetaz, Diamants el pierres précieuses (Revue des Deux
Mondes, 15 août).
1881. Gorceix, Topazes d'Ouro-Preto (Bulletin des Annales des Mines
et Annales da Escola de Minas de Ouro Preto).
1882. Gorceix, Sur: Les giles diamantifères de la province de Minas-
Gerues au Brésil (Bulletin de la Société de Ge 3° série,
t. X, p. 134,-Paris)
1883. Gorceix, Gisement de diamants de Grao-Mogor (Bulletin de la
Seciélé de Géologie, 3° série, t. XI).
1884. De Bovet, Note sur une exploilalion de diamants près de
Diamantina (Annales des Mines, 8° série, t. V).
1884. Chaper. De la présence du diamant dans une pegmalite de
l'Hindoustan (Comptes Rendus).
1885. Moulle. Sur les mines de diamant de l’Afri ique du Sud
(Annales des Mines, 8° série, t. VIT).
1885. Gorceix., Nole sur l’itacolumite (Bulletin de la Société de Géo-
logie, 3° série, t. XIII, p 272, Paris).
1886. Chatrian, Sur le gisement de diamants de Salabro (Brésil) (Bul-
letin de la Société française de Minéralogie, t. IX, p. 302,
Paris).
1886. Boutan, Le diamant (Dunod). Les {opazes de Boavista (p.134).
1888. Toqué, Etude sur les lurquoises de Nichapour (Annales des
Mines, p. 56%).
1889. Szabo, Les mines d'opale en Hongrie (Bulletin de l'Association
française pour l'avancement des sciences).
4889. Boutan, Sur les mines de diamants du Cap.
lt À
+.
PIERRES PRÉCIEUSES 627
1890. Daubrée. Sur les explosions de Gaz expliquant la formation
des cheminées diamantifères (Comptes Rendus, février, dé-
cembre 1390, et Bullelin de la Sociélé de Géologie, 1891).
1890. Berthelot. Les carbones qgraphitiques (Comptes Rendus,
20 janvier).
1892. Chaper, Les mines de diamant de l'Afrique centrale (Revue
scientifique).
1893. Reunert, Les mines de diamant du Cap (traduit de l'anglais
par J. de Montmort, impr. Dejussieu à Autun).
1897. L. de Launay, Les diamants du Cap (in-$°, 227 pages, Bau-
dry. Paris).
_ Copland, Étude sur les agates (Bulletin de la Société géologique.
tome XII, p. 669",
rt
"
Classification des roches ignées
Roches acides
TABLE DES MATIÈRES
PREMIÈRE PARTIE
DE MINÉRALOGIE ET DE PALÉONTOLOGIE
RERO RQ ne PSS RS etes ects a rue
CHAPITRE I
PHÉNOMÈNES ACTUELS
4 1. — Agents géologiques externes
dela phrase
LE TEE BIENNE RER RER RE
PRIMES EAU COUTANTES. LES Mr 7 Line
ELU CON CAEN CRE MEME ARR ee ne
AP RRRIQUE des CAUX: 220 de ne eu ae
Mehon des “organismes ..:.... 1.1: et eue ce
4 2. — Agents géologiques internes
ERMOHIERESVOICAMIQUES. . : 2 ur deu 10 du
Phénomènes thermaux
4 3. — Explication des phénomènes éruptifs
CHAPITRE II
FORMATION DE L'ÉCORCE TERRESTRE
? 1. — Roches ignées
Dre pren eee vla eee tels oleleterie nti/ele ie es iles cle els elolole eos
D CO OI CONTE I I NOOMTICOM EC ANNONCE RE AC NO OIL TO CUS
PRÉCIS DE GÉOLOGIE GÉNÉRALE AVEC ÉLÉMENTS
© © 1 Cr à Co NN
1%
530 TABLE DES MATIÈRES
2 12. — Roches sédimentaires
4 3. — Roches métamorphiques
? 4. — Filons
è 5. — Minéralogie et cristallographie
Tableau des minéraux quartzeux; leurs caractères, leur
Tableau des minéraux silicatés (silicates alumineux) : ; leurs
CALAGIÈTES.. 7: HR case moines e om en Ce Eco ENRES
Tableau des minéraux silicatés ( silicates peu ou point alumi-
neux), leurs caractères. See rm
Tableau des minéraux calcareux ; leurs caractères, leur em-
DEN EEE ee NT Pen sr at De mer ee ce OI
CHAPITRE III
? 1. — Principes de la chronologie géologique
Age des terrains sédimentaires
Waedes roches ÉTUPDIINES:. 227 RTE RE SRE
Disposition des terrains formant l'écorce terrestre
ere eus eee
2 2. — Grandes divisions géologiques
Terrain primitif
Ere primaire ou paléozoïque.............. EN S f RE
Ere secondaire ou mésozoïque...... MNT here RENE
Ere tertiaire ou néozoïque........... PR RP: |
Fre-quaternaire (pleistocène):::.2 22.5... ue Re
Tableau résumé de la chronologie géologique.............. :
34
38
46
47
59
65
71
73
TABLE DES MATIÈRES 631
DEUXIÈME PARTIE
GÉOLOGIE APPLIQUÉE PROPREMENT DITE
CHAPITRE I
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. — ÉTUDE D'UN GISEMENT
Pages.
Mhehdelascologie appliquée rene nee T5
Influence de la géologie sur les conditions d'existence des
Hommes dansiles diverses: contrées ennui 76
Géologie appliquée à l'étude d'un gisement................. 16
Préparation d'un voyage d’études minières................. 17
MÉTÉO HE Fer Chester nn dem some 18
SO SE A ne me om mia dope dat ste ea neo ala on S 18
Emplacement et nombre des trous de sonde............... 19
OR nan er en ce an O0 Det dan 80
Me RG DI DS IQUE es nn nm Ne ete ce ue de 2 cie de 81
LDC ETET MEN EE ee a a 82
BEM COSTA DhIQUe re. CR ARR es 82
RO ET ER RD D een de esarate ht Roue 83
Recent personnel. RH ne chui 85
Considérations économiques. — Prix de revient........... 84
LES, C'EST TE AR RS PO PE PE Ru 84
Essais sur place. — Laboratoire de voyage.......,......... 86
LES ES GO EE Re te RE te 81
Divisions de ce Traité de Géologie appliquée. .............. 90
D LION IV ETS RS cmd alé cer es 90
On AO DÉC. be dure de dinde dune 92
OMS Idées CRADIHTES Hu. hui ornc sd rcouer 92
CHAPITRE II
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION ET ROCHES EMPLOYÉES
DANS LES TRAVAUX PUBLICS
Éaraetéres généraux des roches: #6, un: 95
I. — Roches éruptives ou ignées
: [4
CRE TUE SEE aa ae res es niige pese A à 96
A. — Granites employés dans la construction......... 97
PÉOLOSIMC ZE 2e ele Re ee ES 98
632 TABLE DES MATIÈRES
Pages
Ééptynitess TUNER. ITS 208 AOC CREER 99
SYÉMITE.. ne Dies diese vue eee D EEE 99
DIOFIÉE. 522. TER RE. RC CCC EEE 100
Kersantite 225. SR RE LUE INR ERP 100
ÉUPROLIIE LS 5e FREE tre CI. Ce CPE 100
B. — Granites employés dans les travaux publics...... 100
CG Granites POUF pavages 7. 0. 100
Pegmatite set. ever ec CCLRELLE 100
Hyatomieté..5 5". 51 R RS RTE CORRE FrAUE
Minette::5 2. te NTIC DER DEEE 101
Feldspath (pétrosilex):.2-2. 9.0 eee 101
D>=—"Granites pour meules. +0 RER 102
E. — Roches granitiques réfractaires. ................. 102
Gneissetimicaschistes > re RER 102
DalCSChIStes. AE SERRE SR MERE EEE 102
ROCRES pPORPIYNIQUES ES, TRS AL es es ep EE 103.
Porphyre feldspathique;2 27. etes ee SSRTRRE 103
Porphyre quartiiféte SSI RS CEE 104
Porphyre pyrOxéniIque: Lee nt ee ee 104
Porphyre-amphibohique.; N£r Re RENE 103
SÉTPEUÉINES Le ste où Sresanre names nat De COUR CREER 105
ÉTAPES SR LR NE SRE UE. CLOUD EREEC EEE 106
Roches -volenniques Ou laves EME SEE Re RER 107
Trachytes (ponce, phonolite, obsidienne)............... 107
Basalte San. ce «deco TT CE ECS 108
FN EPP MERE RE RE MS ST dd. 109
Il. — Roches sédimentaires
Roches calcaires. — Caractères généraux................... 110
A Pierres 4 Date er. Er eee CRE 11
Calcaire compact in RAT. SOS ER 113
ThAVECORE RER ER RSR EE Pr 113
Liais-et eDqnart..: 225 02 RES 114
Caleaire carbonifère.: 1." MR. HCN PRE 114
Calcaire à entroques.......... SR - - AE
Galcarre oplithique 72007 DR ER 115
Calcaire grossier. = 72 CORRE ec EEE 115
Fuf. calcaire; 2 PR RER er CPE 116
Craie:tufeau.;...2 605 PSE SERRE 116
PB. =— Marbres. 5 RS TR LE NT RERO R CE CEE 117
Marbre blanc.f::. 7.2.2 eee PRE 118
Marbre noir. 5%... 01. LS CERTA 119
Marbre gens. mire RS 120
Marbre jaune ;...:5%,4.90 ENS EREEe 121
TABLE DES MATIÈRES 633
Pages
MR DIEU en nimes die da nier ne cat SU Te ln 121
MAS DFC POUCES. + see don ee van 122
Marbres composés (campan, portor, cipolin)....... 122
LT SUIS RS RE ER Rd 123
Marbres brèches (brèche antique, petit antique,
brechedAlep;brocatelle):: 25:24... 123
C. — Pierres à chaux, à ciment et à plâtre............. 124
LOTIR UE OUR SPORE ER Ne 00 125
LATERR LT A EL Re Re 126
CARRE AA PNÉSION 2 LE rue 126
Eypstodpierre a plaire. 257. nie ee 126
PAT OR nee es nette cle em di SO De 128
RAYURES Res NI dre dass Denon en 129
Bibliographie des calcaires, du marbre, de la chaux, etc.... 130
RES SITICEUSES 2 Re due ein nues PR 131
Roches siliceuses compactes.................. Lo ol
SA D SRE ER RE A ETS GEO A 131
MEUMÉPOE EEE Le ne denied 132
RARE Re LU à 0 CE ne ne AIO 2 CASE SIA 133
PoskesSihceuses A9 10MÉRÉeS TR ne le 134
BRÉCHES nn Ne NÉ à nn ue ee ie 134
PROS nue di D nan nee ee Us DR 134
SION à VA OR ES RE DR en er PARTIS Ne AUS EC 135
CES DIS ARTE RE An ue don Vie don eee 136
PRIWAGRC 7 de LES Dos ee no ete 136
res homer ee RE ere eee 131
RP ICAlGAMIOLE 27 Te RON ae aa es en 137
MR RO RO PR Nr MON ie nel sn ee 137
TR PORT PE 2 PERTE DO PR PR EL Et TEE Te ES 137
Roehessdiceuses meubles. 20h. ice 137
AIO QUE AE UN AE nes dans re otanimes sense 137
EN OD PÉ 2 ire MN onde D en en dis ete 138
Roclessaraleuses 5... D A PR DD RS DS Eee 139
RTE DAMES due ce nie se eine sem doc ile ns 139
RSR nn en dede ends ere este RS DES 140
Inconvénients des terrains argileux pour les construc-
HORS EL ee en oi yen rie Mie ee 140
Bibhosrapme del aroile ES ren. ere 141
HS ER ESNRR RREE NE A D TN 153 0 ETAT
A PDIS ES D nee me UE ee une ou Die Le SEAL
634 TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE III
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LA MÉTALLURGIE
Le fer et ses minerais
Pages.
DEUDRIELES DRVSIQues Es 7 2. Cr LE nc 147
Bropriétés-chimiques "5.250010 CORRE 148
Minerdis-du Teri... 11... esenter eco LEE 149
fisements des-mineérais de fer. =... 02322 150
I. Gites de fer en inclusion dans les roches............. 151
Gites /decontact-27 720 re S- ECERE 151
IT Gîtes filoniens proprement dits’ 5.72 . 452
IN Gites siratilormes "st" EE RCE 154 &
Bibliographie dufer: SR SR eee 170 =
Le cuivre et ses minerais
Propriétés physiques et chimiques, usages................. 173
ABUS EL Re nan EU vante 0 Due TE OR EEE 175
CDEMPOSES dUCUIVrE. 222. acute. OU TE RUE 175
Minerais:duCUIVTe = 55e NU ISINIRS UE EEeS 175
HÉBERGE 0 PTE PP EREEE 176
fisements des.minerais de CUIVrE.: . :: Me. CR 171
Gites meorporés à la roche... 270. eee 177
He GHesslomens: En LT ASUS nca eo 179
ueFilons de'chaleppyrite.: 572 Ne SR See 179
b. Amas de pyrite de fer cuivreuse .... ........... 187
ésGuivre natifs Tien re CT 22 CSL TE 194
dFilonsidé ciVre gris SUR Ne te 197
IN. Gîtes de départ ou de contact St... 198
IV.-Gisements ‘sédimentaires..:22-<22. .. 17200020 201 =
V-Schistes bitumineux ‘eupriféres5.-... 220272 204
Prixidufeuivre #5 LB TS SE TRE: CRE 205
Bibliographie du cuivre. ::..1.:5, 00e... 206
Le plomb et ses minerais
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages.. 208 Es
Minerais du plomb. 7,280: SIRET RER #
RÉQRÉRIE 2112000 RÉ EC RE
Gisements des minerais de plomb
TABLE DES MATIÈRES | 635
ï Pages
1'Eops et-champs de fractures... 1.1 211
IL. Gisements dans les calcaires avec phénomènes de
SA AUONNP RER ee de Re A 0 ES 226
PH Gisements-sédimentaires:. 1.4 2eme 231
Prix des minerais de plomb.......,...... RE e 233
heeophierduiplompin. M ie ed ins 234
Le zinc et ses minerais
Propriétés physiques. — Usages. — Alliages............... 236
DARADOS CS IE ZINC ES RE. SD Ton M as cm 237
RES EU ZONE AS nee nues deu cnrs 237
Gisements des minerais de zinc et géogénie................ 238
MOOD du zinc... ue. diese lus cou 251
L’étain et ses minerais
Propriétés physiques et chimiques. — Usages.............. 253
RS CR Re anus nee dde ae ec inter de cu 254
MDIDOSÉ Se LE AE ee Sn he es ce cou 255
Minerars delete"; PR ee Me Ne Re 255
iseméntsides nmirrerais d étain. < 222.4: doter 256
Gites stannifères d'inclusion et gites filoniens............... 256
PES dalUViOnS SLANMIIÈTESS MT Pere, Ad reduce 265
Bo Sraphiede Étant a Re eee 265
Le nickel et ses minerais
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages.. 266
nos non Re OR dan a ren ee 267
LES OT RP OO DD ne 261
Géogénie et gisements des minerais de nickel.............. 268
Le SRE ER eo ro 269
HD Pyrites magnétiques -nickélifères 0... 272
IN Arsémures efrsulfures-deé nickel... 275
ÉRFUGERE Dore RP PR Re 271
Le manganèse et ses minerais
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages.. 2178
Composés principaux du manganeése: :.......2...1..,..0. 2718
Minerais du manganèse.............. ais diese ane 279
ÉD ee ea nue uit ne ee 219
Gisements des minerais de manganèse.....,...,............ 280
É Gites filoniens’ PT ER D NE 280
MEME SE SÉIIENTAITES 2 enr nue 28%
M -Gies dé ConCentralion 1 20,2 need 286
636 TABLE DES MATIÈRES
Chrome et fer chromé
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Composés.
Minerais- di Chrome 51.227 ee: date CORRE
Gépoéme el oisSementss 10:20 2eme ere ec
Bibliographie du chrome..." 0 Le
L’antimoine et ses minerais
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages..
Gomposés de l'antimoine:. 2... MER ER CREERES
Mancrais de lantimoimme 27572 02 0e LT
HéopenIe-el DISCIRONEIS. 2 LE. ce CCE
RATE SATIORMIERS TT ES RTS ir RE D ee
11: Giles: Sédimentaires:25. DE IE TI URL NES
Aluminium
Propriétés physiques et chimiques. — Usages..............
RE SP Re PE 0 à 0 —
Minerais de Falaminium: 1507 ..1e 0 CRE
(aisements dé’Daamite.:5 5252. es 2t-e CCR
Misements de cryoHLe: 1422400. 20, TT ER CREER
Bibhosraphie de laluminium:.7::15 0. 22 Re
Le mercure et ses minerais
Propriétés et usages, alliages et composés.................
Minerais du mercure. 2e Neue. 2 IN RER
REDON ER EE NES AS NE CU POUR DEPURE
PISCMENRES ne Te moae pi eue Don er WE L : Ve ELLE
Bibliosraphie- du mercure 2557 er A Re
CHAPITRE IV
LE CARBONE ET SES COMPOSÉS
COMBUSTIBLES MINÉRAUX ET HYDROCARBURES
Graphite
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. .............
Gisements dn graphitez *..:.. 7 mor Es
TABLE DES MATIÈRES 637
Pages
I. Gisements dans les roches éruptives cristallines ..... 321
II. Gisements dans les gneiss et les micaschistes ...... 322
III. Gisements dans les terrains anciens............... 323
Bibliaeraphie di franhiles...............:............ 323
COMBUSTIBLES MINÉRAUX
LETTRE LE NE SRE PRE ee 324
Rapidité de la formation des dépôts de combustibles....... 324
I. — Anthracite
Propriétés physiques et chimiques de l'anthracite. —
NAS es o à ai ge de à one oiele ne las sie 326
AS PAMGHES 1 ARR LAGIE 22 Là 22 D dénes dar ue a)
Éropétes de MenouHIes Sn eue a ee ee 334
opposition de houle. ne au eue. an 334
Diverses variétés de houille, leurs propriétés, leurs usages. 335
Classification de la houille par grosseur.................... 341
Bcrnents dé HoLe encens a ant ee ee 342
Production de la houille dans le monde entier.............. 382
II. — Lignite
Garaetères physiques et chimiques.....:.:............... 964
RM O is niiee RC 385
Dares varié tesde HbnMdess en M ra 385
DE ET RC NS OR 386
IV. — Tourbe
Propriétés physiques et chimiques.........:..,............ 400
RTE RE 0 OT D DR 401
ÉD ee ne ne ca Mine ee 0 402
TEE ON OR RC Re en ee 403
Résumé sur les combustibles minéraux..................... 404
Bibliographie des combustibles minéraux.................. 405
HYDROCARBURES
I. — Hydrocarbures gazeux
A MES OA, enr De oi dit à ai A on 408
a Ru Me Dr EU 408
638
=
Il. — Hydrocarbures liquides (pétrole) Fe
Propriétés physiques et chimiques. — Usages des hydrocar- a:
Prune HQUMeS.. ere orour ce DS LÉ ER ER 411 AE
ÉDITER er D nu 0 - 412 DE
Formation Chimico-organique.:. 1... 200 415
Hypothèses diverses sur la EURE des hydrocarbures. . 416
Recherche du DÉIOICER IE Sr PR RE Te Re ne. 416
Sondages de recherches............. RL UN RE ES Free + OMIS
Historique du pétrole.....: RS Re - 4007 TES
ÉisSements du DÉLPOIe. SR A RS ES ARTE 421 ne
Bibliographie du pétrole... PR dre tn en EC 43 :
III. — Hydrocarbures visqueux (bitume) |
Le bitume. — Ses propriétés. — Ses usages................ 441
fisements" du DiTOmES EN NES: RO ARR 441
IV. — Hydrocarbures solides incorporés à des roches
Hcustes-DITUMINEUX. +. ARENA Re 44%
Gisements de schistes bitumineux... DÉRARTATÉEMES RE er - 444
Bibliographie du bitume et des schistes bitumineux SH UÉURSS 446
LETTRES PRE PRE Re Re 446
Péements dasphalte see: ete ne Rte RUN ARR 447
Piobographie de l'asphaHe "70 .. ReeR 419
V. — Hydrocarbures solides libres
ANTON ES RE RE RES TR Ne
Mrokénes LS RETIRE - PE. : NUS EERRE
Bibliographie de l'ambre et de l'ozokérite.. ............,..
Hydrocarbures houillers
Cannel-coal
mes en. e = + © sis ee eee oje ns 'e © » eue es, me = »'= pe us en «se
Boghead
So eresseseecvcre nas ee: v'etprle sc; à Casse teipo rer pepe ton
3° Gites en filons
Propriétés et composition
Falsifications
Marne (marnage)
Pierre à plâtre (plâtrage
Sable calcaire
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE V
MINÉRAUX EMPLOYÉS EN AGRICULTURE
Phosphore et phosphates
Emploi du phosphore et de ses composés.........,........
Ee-mients du phosphate de chaux... #1. tit...
D NE SSCTMMONÉRITESS. . Le in area vu ae
2 Gîtes dans les roches éruptives
ss
eee sos. » © © 0, 0.0 + 9 le © ee els ee ° e) o-erere te oies ee
e-otpce nee eo sleis etes: elofr © e ef fs). eo ss ee sln ets se se» ele
CC CC
sons sons sonores.
CPR
CCC CCC
«ses e1ate.e se » + se 0e et ep le, ele, oies te site e 9-0 0e)» ol els-le;e
CC CC
J'atolale to os ep ses 0 0e = o1e eroetete:ehelese + = 1e). .e
soir eloretnprler ch" nters{els tn le ntele alerte este ehe@pho se ete; n|leteloliefel ee
sms see see ee ee
“helesa ohele sr ini vue etaleie als iate sie | =Eeliele;sifoliee pteiale,e id (ele (etes
Halo aistote etes se ee Ptotis (sh eteleteisleole ee ere es eee s'pieiele. es
PTE TNT RARES RERO EC TUE CR le ee
Arène diabasique
Talcschiste
Ampélite
Cendres noires
oloueneiete.o + ps lola tete es ee » s/# elerese is .e eo lotus los je sp etes ee
pince liarole siatris cletdiete pre dielke ter s dress is er elieidte ie \sle-s pie, Leupie ec) er se
nn nn sn ms msn ss ee es
CHAPITRE VI
MINÉRAUX EMPLOYÉS DANS LES INDUSTRIES DIVERSES
(CHIMIE, PHARMACIE, TEINTURERIE, ARTS INDUSTRIELS, ETC.)
Arsenic
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages et
ÉHADOSÉS TE SRE DL TT la es fe Dani Re dés lee LES
Minerais de l’arsenic
Gisements.,..... ne een Mr pr NS NOR à
487
486
486
PERTE Re
SAR
; ES re
TABLE DES MATIÈRES
Bismuth
| Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages et
composés... RE Es Pr CE, STD: oc c SET ÉRELE SE
Minerais du bismuth............... eee A
CISEMENIS ER rte ad = RE RE RP e- - - LE
Bibliographie du bismuth............,....... — ARLES
5 Cobalt
* Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages et
110 LHMPOSÉS 55 -. CNE Sr ce RE 491
D Minerais du cobalt... ... A . 492
15h GISEMENTS. 2: 2.275202 522 eee de CEE 492
558 Bibliographie du cobalt............. FE 15 75e TERRE LE RR 495
Potassium et sels de potasse
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — conpess _ 496
Minerais du potassium. ::-.2..-...2.. 2. DRE 498
“74 Gisements........... PRE PRES CUS PRE PS | 498
“+ Bibliographie du potassium... 2... 502
=: Sodium
E: Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages.. 503.
ni ÉMIDOSÉS 5e 22 de 20e ue LOC TE CORRE ie 2188 2CÈERES
ne. - Minérais du Sodium... + "ie Aa RE
“4 FFT IT RES ET EEE > ASS EPSTEORIEE 5H DEN EUE
L- Hases du sel gemme =... 70e RL
E- Esements ent ein rRS LOST .s UE
=. DIURRT SERRE RE RE Ce 2 sa 5222 OC COEE <: DER
c PMU DETUP ES SELS TRE de de ne Lee 8 De ce LEE SEC IUT
=, PMiblographie du sodiam.. "1.42 348 3 SAC
—# Soufre et pyrites
# Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Composés. 518
4 MRÉTRIS Eee a nus OL CRC LES RE
No: I. Gisements de soufre natif..................... ‘152-270 ER
à IE Pyrtes:de fér Tr 7e RE A 524
à Bibliographie du soufre et des pyrites............. RE
Magnésium et Magnésie
Propriétés. — Usages et gisements.............. 5 == eee
Silicate de magnésie (écume de mer)............. # - :
Bibliographie de la magnésie. 222
TABLE DES MATIÈRES
Strontium et strontiane
Usages, minerais et gisements.....,.......... PT
Bibhosraphrer de la strontiane..:....,......4...
C0
Baryum et baryte
pes minerais et gisements... ......../.... 0".
Bibliographie du baryum....... SR NS AA
L’alumine et ses composés
22 PR HE TO DER RE PR EE PNA A PPS
Émhosraphiende Lalun ie... certe
LL RIE TS PRE AE € CRC Enter TE APT À
AS UIQUe 2. ne... ne ane drones
Argile smectique
Kaolin
Mica
Amiante
Bibliographie de l'amiante
Sable de verrerie
Craie et blanc d’Espagne
Usages et gisements
Albâtre calcaire.
EE A DITES UE uma da eine Re ee
Terre d'ombre
ER TONNERRE ns CM OT D
Formation des sources thermo- note Re te Aer
Caractères d'une source thermo- Loose PAS RER
Débit
GÉOLOGIE.
os stresse tes. 00e. ©
DT LE EN OS Re ER
RE UM TC LITONSE A. hier oh oise
Bibliographie du kaolin. : ; : ; ie : se Le 2e i : < Der, k
PTE LÉ PRET MR EPS EMeS Pan NE
ns ss ns ss eos 00000 6e
CR
ts ses sets tes se
A EE EN ET Des os da dune dus
Né en
CO 7]
950500900999 69959.e,,
0.5:
ee.
0.
..s...,
.
....
0e
2...
CCC EC
99°,
641
031
TABLE DES MATIÈRES
Composition. — Température des eaux.................... AE
Daptoneides SOMTCRSE eee sec DCE He
Principales sources hydrothermominérales................
COISOIS LE I) it nn NN RE à = CEE A
Bibliographie des sources thermo- minérales et des geysers.
CHAPITRE VII
MÉTAUX RARES re
_ L'argent et ses minerais te
Propriétés physiques et chimiques. — Alliages............. BÉT CRE
Minerais-de l'argent: 4. RU RTE. SR ER 558
ISeMENES 5 Era nce-r Same res note » ce CLR 559 RS
4° Minerais d'argent proprement dits, en filons......... 552
Do Ciivres gris argentifères) 1.22. .ete DER en
3° Galènes, blendes et pyrites argentifères............. 15 +220
Bibliographie del'argent 97:16. SSSR ERrE 516 SE
L'or È
Propriétés physiques et chimiques. — Usages. — Alliages.. 517 à
DAMIPOSÉS 22 NAN CS ETS MM CE LUE: D SOA RER 518 -eS
DOTUEE UNSS 22 mass none einem e SU ee A EE 578 È
Mineraisidé TOP ES. RECRUE DE OC CRC EC REEE 51964
ÉSCMERTS 1. heu ere cheb des sucer pe Ce CE RER 580
1P2RUOnS LOT. 2. sue sope esse fs lip eee CREER ESS
BON S IPIHIRES Tu ac end RE D Tr - 591
MAIuvidns auriféres.. 1220000 + SE Re 592 :
3 Gisements d'or sédimentaires.:7.2:.722.. 6200 599 É
Pibloeraphie de l'or ti ee HR SUSEURE 605 g
Platine ;
Propriétés physiques et chimiques... ....:......:....:.. . 7 6012208 ë
Hsases du platine: : 1:50: 6er CS, URSS . 608 :3
ÉDIMPROSÉS. LL 4 20 SU A PR NE TOR OR. RIRES 608
Minerais du platine et géogénie.. .. . 2402. MARS
Gasements 1,252. CDS
Bibliographie du platine... ...,.22 22 28 CR
Vanadium
Usages du vanadiam ie... {use RES LE
Minerais et gisements............., SR un Stone ER |
Bibliographie du vanadium.....:...:... 12:
TABLE DES MATIÈRES 643
/ CHAPITRE VIII
PIERRES PRÉCIEUSES, GEMMES
Diamant
Pages.
PE DL Oprement ON. ET rene de das cames ne 613
Des Hamanl 7eme sensuel 614
er de diamants. ss ei uen mien me 614
BAS CROSS MR RS. eee ces ouai 615
Rs | ete on te non ess uen 618-
ADONTE. ie. A A OC ART DENT OU D A Ne ES 618
Gemmes quartzeuses
Pashalderoche (callou/du Rhin)... ii. tu. 619
2 TT ÉTRNSRERRRERR Re PE one 619
Calcédoine (Agate, onyx et cornaline)....:......:.:..,..... 619
Jaisne (pierre de touche). 22.11.72... re ce ee 620
PR ns ea lens connut Ne A rat ee 620
Gemmes alumineuses
Corindon (saphir, gemmes orientales et rubis) ............. 622
LS DT ER RE A EE ER Et 623.
Gemmes silicatées
L'ITTTE ES ROAD PRO HE ne PE OPEE S RCE e 624
Le ILE TAN TRE PRISE ETES RS le ne 0 AU no ie 624
D ai ne ane den concis no es ce es 625
LI TL TEE RER NP OR OT PRO PE ta 625
Bibliographie des diamants et des pierres précieuses....... 626
Tours, imprimerie Deszis FRÈRES, 6, rue Gambetta.
Æ
|
G
Ï&
4 , %.
' Fa SR k | 2e lee Re.» F4 - JR 2 /
; —————